Pyrène, c'est la nervosité incarnée. Inspecteur d'événements paranormaux pour les chemins de fer, il est appelé un soir à intervenir sur le terrain. C'est ainsi qu'il va découvrir sa binôme : John, une sorcière inexpressive au bras emplâtré suite à un malencontreux accident de brossage de dents et accompagnée d'un chat noir qu'elle tient en laisse. Tous trois sont alors bien loin de s'imaginer jusqu'où le train S144 va les mener… (Et le train non plus, d'ailleurs !)
Avec cette novella d'urban fantasy loufoque, préparez-vous à embarquer pour une lecture mettant en avant ce que l'absurde a de plus vrai. Il y a bien des façons de dénoncer les choses et de travailler les sujets sensibles. Dans
L'Étrange Cavalcade du Train S144, Weggen use d'un style qu'il qualifie lui-même de “mélancolico-déluré”. Or, il le manie si bien que le résultat aboutit à une vraie forme de génie.
Le mélange entre monologue dramatique, métaphores saisissantes et situations burlesques pourrait paraître indigeste. Cependant, le dosage si parfait de chaque élément fait au contraire de ce “tout” une oeuvre aussi marquante que savoureuse.
Anxiété, autodépréciation, dépression, isolement, misère sociale, comportements autodestructeurs, déclencheur d'émétophobie, dépendance affective, dysphorie de genre, harcèlement, intentions suicidaires, sexisme, validisme, transphobie… Chaque sujet porteur de messages est travaillé avec puissance et engagement. Toutes les phrases de ce petit livre ont une symbolique très forte qui résonne à travers nous. J'ai eu l'impression de retrouver un bout de moi à travers tous les personnages. Je me suis reconnue dans l'anxiété de Pyrène, dans la pathologie du chat, dans le complexe d'infériorité du train et même dans cette description de John faite par Pyrène : “Tu sembles être le genre de personne à accepter tout le monde tel qu'il est, car le contraire te demanderait trop d'efforts de toute façon.” Or, je n'imagine même pas l'impact que peut avoir ce livre sur des personnes encore bien plus concernées que moi.
148 pages, on pourrait penser que c'est peu. Pourtant, je vous assure que cela suffit à en dire beaucoup. Je m'incline et bien sûr, je vous le recommande vivement.