Ballade de Lily-Jane...
Ça c'est l'histoire de Lily-Jane
Qu'à part ses parents personne n'a jamais pris dans ses bras
Ça vous étonne ?
Mais c'est comme ça
Elle avait d'L amour, pauvre Lily-Jane
Ouais, elle en avait des tonnes
Mais ses jours étaient comptés
11 automnes
Et 12 étés
Un petit animal, que cette Lily-Jane
Une adorable garçonne
Et si délicieuse enfant
Que je n'ai connue qu'un instant
Oh, Lily, Lily-Jane
Aimable petite conne
Tu étais la condition sine qua non
De leur raison
Mais tu n'pouvais pas savoir
Oh jolie p'tite Lily-Jane
T'as dégainé ton Kodak
Caché juste là sous la pile des Kérouac
L'instant parfait, clic clac
Lily-Jane explose
Dans un feu d'artifice de bonheur
Petite poussière de lune, petite araignée
parmi les étoiles
Un petit bijou que cette courte nouvelle d'
Isabelle Wéry, actrice, metteuse en scène et autrice belge dont je découvre la plume singulière et audacieuse. Ici elle donne la parole à Lily-Jane, pétillante gamine de douze ans qui vit aux États-Unis. Vendredi 13 juillet 1955 : c'est le grand jour tant attendu, Lily-Jane quitte sa maison et son confort matériel de Washington DC pour une nouvelle vie pleine de promesses et de surprises en Californie, à Big Sur, un périple de 2900 miles qu'elle va parcourir en voiture avec son père et sa mère...
Dès les premières lignes je suis tombée complètement sous le charme de l'écriture d'
Isabelle Wéry qui a indéniablement ce talent de réussir à insuffler de la joie là où semble-t-il va se jouer un drame terrible si on en croit le titre. L'exaltation, le ravissement, la verve de cette jeune américaine pleine de vie qui n'a pas la langue dans sa poche est à l'image de cette Amérique victorieuse que nous dépeint l'autrice, cette Amérique des années 50 dont l'optimisme paraissait alors inébranlable. La chute est remarquable.
Pas de flash forward
C'est là, à jamais
Dans la chambre noire de ton Kodak
De ta mémoire black sur white
Et quoique tu fasses
Ça te reviendra en flash back,
bordel
Jusqu'à ce que t'en claques