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sur 2530 notes
Underground Railroad est donc l'histoire d'une fuite. Pas n'importe quelle fuite, mais une fugue pour la liberté, qui transparaît clairement comme un besoin viscéral. Car oui, les premières pages du roman nous confrontent très brutalement à la vie quotidienne dans le quartier des esclaves d'une plantation de coton. On le comprend très vite, Cora et les autres n'y vivent pas, ils y survivent. Ils survivent à une vie de travail acharné, inhumain et épuisant, à la cruauté des maîtres et contremaîtres, à des conditions de vie misérables, mais aussi à une vie dans une communauté à la violence exacerbée. Premier malaise pour le lecteur, celui d'être spectateur d'une telle négation d'humanité et de la débauche d'une violence absurde, mais qu'on sait pourtant avoir malheureusement existé. Un fantôme du passé qu'on ne doit pas oublier.

Colson Whitehead fait d'ailleurs de son roman un mélange de fiction et de documentaire. L'écriture est un peu journalistique : si elle n'est pas dénué d'émotions et de profondeur, la plume reste tout de même celle d'un reportage. C'est un peu déconcertant parfois, car on voudrait en tant que lecteur se rapprocher encore un peu de Cora et des autres personnages. J'ai eu la sensation parfois d'avoir sous les yeux des personnages porte-paroles, sorte de prétextes à un fiction documentaire plutôt qu'à de vrais héros de roman. Cependant, et Maned Wolf en parle elle aussi ici dans sa chronique, c'est un parti pris. L'efficacité du récit est là pour souligner la fuite et l'insécurité permanente de Cora, qui finalement, n'a jamais le temps de vivre. Ce roman est une sorte d'histoire fantastique documentaire, emplie de métaphores pour aborder les nombreuses facettes d'un pan de l'histoire extrêmement sensible. L'Underground Railroad, par exemple, ce réseau d'aide clandestin aux esclaves en fuite, est véritablement matérialisé en chemin de fer : personnellement, j'ai trouvé cela très habile. La métaphore de la liberté est donc matérialisée, et donne à cette fuite des allures d'odyssée. Une quête de la sécurité, avec ses multiples épreuves qui viennent dynamiser un récit à la chronologie parfois un peu déconcertante en raison des nombreux souvenirs qui viennent hanter les personnages.

En réalité, je trouve ce roman difficile à chroniquer. C'est une histoire belle et cruelle. Cruelle parce que le sujet est dur, inhumain : j'insiste sur cet aspect, mais avec ce livre, on se confronte à nouveau à la négation d'humanité d'hommes et de femmes à qui on a tout pris. Tellement tout pris qu'on se dit que c'est si illégitime, si affreux que cela en devient absurde : pourtant, si la forme est fictionnelle, on le sait, le fond n'est que trop vrai. Quand j'étais enfant, j'avais pris une claque avec La Case de l'Oncle Tom. Underground Railroad m'en donne une autre. Une belle histoire aussi, parce qu'en contraste de toute cette cruauté, il y a le désir de liberté et d'amour de Cora, son intensité, ses espoirs. Lorsque Cora s'interroge, on s'interroge avec elle. Et je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais je trouve que c'est une bonne chose, de s'interroger. Bref, pour ma part, j'ai énormément aimé cette lecture, qui m'a remuée malgré un style assez factuel : je maintiens donc, c'est une claque.
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Le décor - une plantation de coton en Géorgie au début du XIXème siècle - est aussi rapidement et efficacement planté que le personnage principal enraciné, dans une généalogie flétrie par l'esclavage. Après sa grand-mère Ajarry, et sa mère Mabel après qui elle gardera une rancoeur pour s'être enfuie sans elle, Cora (qui aurait pu naître de la plume de Toni Morrison) subit la violence extrême de ses maîtres blancs et l'absence de solidarité qui règne dans la communauté d'esclaves dans laquelle le lecteur est immergé. Elle accepte un jour de s'enfuir avec un autre esclave, Caesar. Malgré le chasseur d'esclaves Ridgeway à leurs trousses, ils empruntent le fameux Underground Railroad, le "chemin de fer" clandestin, qui était un réseau de routes clandestines utilisées par les esclaves noirs américains pour rejoindre le Nord, avec l'aide des abolitionnistes.

L'intensité du roman doit beaucoup à l'idée brillante de son auteur de représenter physiquement un réseau qui, dans les faits, aurait permis à 100 000 esclaves de s'échapper.

On voyage ainsi aux côtés de Cora et de Caesar à travers la Caroline du Nord, du Sud, le Tennessee et l'Indiana pour découvrir avec horreur le ...
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Underground Railroad a reçu le prix Pulitzer et le National Book Award et en le lisant, on comprend vraiment pourquoi. Colson Whitehead déploie une intrigue qui touche le lecteur au plus haut point et ne le laisse pas indemne. Difficile de parler d'une telle lecture quand elle vous marque à ce point et vous laisse anéanti, à bout de souffle une fois la dernière page tournée.

L'auteur nous plonge au coeur de la Géorgie dans la plantation des frères Randall. Ils possèdent des esclaves noirs, beaucoup d'esclaves pour cueillir notamment le coton dans les champs. Cora est l'une d'elle. Elle est esclave de mère en fille depuis deux générations. Sa mère Mabel a réussi à s'enfuir sans se faire prendre. Elle est la seule à ce jour à avoir réussi cet exploit. Un jour, Caesar, un nouvel esclave, propose à Cora de s'enfuir à bord du légendaire train clandestin et souterrain qui emmène les esclaves en terre libre, au Nord…

Colson Whitehead donne un souffle épique à son roman. On suit l'échappée de Cora qui s'enfuit avec Caesar et qui va traverser plusieurs états: l'Indiana, le Tennessee, la Caroline du Sud. A ses trousses, il y a le chasseur d'esclaves Ridgeway qui ne laisse jamais tomber sa proie. Il prend comme un affront personnel la fuite de Cora, fille de Mabel, la seule à lui avoir échappé. A travers les états esclavagistes, Cora va tenter de trouver sa place et de survivre.

La lecture de ce roman prend le lecteur aux tripes. Colson Whitehead déploie une langue où la violence de l'homme blanc contre l'homme noir est à son paroxysme. Des vies sont brisées, anéanties d'un seul claquement de doigt. Les noirs sont des objets qu'on troque, qu'on vend, qu'on casse, qu'on viole. Certains passages m'ont donné la nausée mais Colson Whitehead se contente juste de dire la vérité, de la montrer. C'est une partie de l'histoire de l'Amérique qui s'est écrite dans le sang et la douleur. D'abord le massacre des Indiens puis la traite des noirs enlevés de leur Afrique natale. Des « corps volés travaillant une terre volée »: voilà la phrase qui pourrait résumer ce roman.

C'est violent, effrayant mais aussi brillant. On s'attache à Cora, l'héroïne qui fuit la plantation et qui verra mille exactions, mille horreurs devant ses yeux à l'image de ces routes maudites où les cadavres des noirs pendent aux arbres sur des kilomètres. Dans une Amérique en proie encore aujourd'hui aux violences raciales, il est nécessaire, je pense, de lire de tels livres qui nous ramènent à la racine des choses.

Underground Railroad est un roman bouleversant qui m'a touchée, émue. Je pense encore aux mots de Colson Whitehead, à Cora, à tous ceux qui ont été mutilés, violés, tués…. Un roman magistral.
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Avant la guerre de sécession dans une plantation de coton de Georgie, Cora, une jeune esclave abandonnée par sa mère qui a réussit à s'échapper, subit la cruauté et la terreur de la famille Randall. Dans cet environnement hostile, Caesar lui tend la main : un révélateur et un inspirateur qui lui fait prendre conscience de l'évidence, il faut fuir.

C'est l'histoire de l'esclavage portée par la diversité des personnages mis en scène et du réseau clandestin nommé Underground Railroad, que Colson Whitehead matérialise avec une justesse qui puise son originalité dans son imaginaire enfantin. Et l'on suit ainsi Cora de gare en gare, dans des trains tous différents, poursuivie par un terrifiant chasseur d'esclaves. Chaque État symbolise alors une forme de racisme, de discrimination entre les blancs et les gens de couleur, ou au contraire un havre de paix. Mais une chose est certaine, la liberté et l'égalité ne sont jamais définitivement gagnées donnant ainsi à ce roman une dimension très actuelle. Pour autant, Colson Whitehead évite le piège de la victimisation et nous laisse un message très positif sur la responsabilité de chacun d'être "éclairé" (le livre est un objet essentiel de ce roman) et de lutte contre l'obscurantisme.
L'histoire est haletante - il s'agit d'une vraie épopée avec ses ressorts narratifs, tout en se rapprochant du conte initiatique qui aurait pour voyageur la liberté, avec un message politique assumé.
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Si, comme moi, vous aimez les romans sous couvert de fond historique, vous allez adorer ce livre de Colson Whitehead qui mérite amplement son prix Pullitzer.

L'histoire démarre avant la guerre de Sécession, dans une plantation de coton en Georgie. Cora, seize ans, doit survivre au milieu de la violence des maitres et de la maltraitance de certains esclaves qui sont avec elles. Abandonnée jeune par sa mère, elle accepte de suivre ses traces aux côtés de Caesar et de s'enfuir avec lui en direction des Etats du Nord qui ne pratiquent pas d'esclavage.

Pour se faire, ils vont alors passer par des réseaux de trains souterrains qui vont les conduire à des rencontres bonnes ou mauvaises et à divers lieux, apaisants ou effrayants. Ces trains n'existaient pas à l'époque mais ils illustrent en revanche les réseaux clandestins qui venaient en aide aux esclaves. Malgré des touches d'optimisme et d'espoir, le quotidien des esclaves à cette époque était tout simplement monstrueux.

Entre la violence verbale et physique et le racisme prégnant, toute l'horreur de l'esclavagisme est ici dépeint avec beaucoup de réalisme. Je recommande.


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Le titre Underground Railroad fait référence au chemin de fer clandestin, une image pour désigner un réseau secret dont l'activité fut intense de 1820 à la guerre de Sécession de 1861 .Cette organisation mise en place par des sympathisants abolationnistes ,recouvrait des routes clandestines , des moyens de transport, des points de rencontre, des lieux d'accueil secrets. L'information était compartimentée pour plus de sécurité. Les déplacements se faisaient à pied, en chariot, rarement en bateau ou en train. On estime que plus de 100 000 esclaves ont utilisé ce réseau pour fuir les Etats du sud principalement vers le Canada. Et Colson Whitehead fait revivre ce système clandestin à travers l'odyssée de son héroïne, Cora.
Underground Railroad est un roman passionnant, très documenté, engagé. Colson Whitehead nous livre une fresque sur l'esclavage, la déshumanisation des esclaves, une situation très éloignée du mythe de l'esclave heureux dans sa plantation. Il narre à travers une fiction la naissance de l'affrontement entre esclavagistes du sud et abolationnistes du nord dans les années 1850.L'auteur nous fait percevoir les divergences qui secouent chaque groupe y compris dans les expérimentations démocratiques. L'histoire des Etats-Unis est une succession de dominations d'une communauté sur une autre. L'idéologie sur la mission du Blanc venu de l'Ancien Monde pour conquérir, bâtir et civiliser est mise à mal. le récit laisse entrevoir les ferments de la future lutte des Noirs contre les Blancs, on y lit le pouvoir et la menace de l'instruction : « Dès qu'ils sortaient de la plantation, les nègres apprenaient à lire, c'était un vrai fléau »;l'on trouve d'inévitables analogies avec la situation actuelle des migrants en Amérique.
Et l'histoire ?
Cora, fille, petite-fille d'esclave, ignore sa date de naissance (une chose importante seulement pour les Blancs). Abandonnée par sa mère, Mabel, elle vit en Géorgie sur la plantation de coton des frères Randall. Elle doit se battre quotidiennement contre les autres esclaves pour ses droits et subit une maltraitance croissante de ses maîtres. Caesar, un esclave arrivé de Virginie, convainc Cora de fuir avec lui par le chemin de fer clandestin. Ridgeway, un patrouilleur trop zélé va traquer Cora dans sa fuite en Caroline du sud, puis en Caroline du nord, au Tennessee, dans l'Indiana.
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Un roman d'une puissance rare sur un sujet sensible : l'esclavage. Ce roman permet effectivement de comprendre une partie de l'Histoire des Etats Unis à travers les pages sombres de l'esclavage des noirs. Les personnages en quête éperdue de liberté sont poignants ; leurs maîtres et les chasseurs de primes sont détestables à souhait. Sur le chemin de croix vers la liberté, Cora fera de nombreuses rencontres illustrant l'ambiguïté des américains sur le sujet. On embarque dans une symphonie de sentiments allant de la résignation à la révolte ; de l'espoir au désespoir ; de l'empathie à l'antipathie. Un vrai tour de force sur un sujet prenant qui nous laisse la tête pleine de réflexion une fois la dernière page refermée. PUISSANT !!!
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On court avec Cora, on se retourne pas, on arrête de respirer avec elle.
On court avec Cora, on s'enfuit de sa plantation de l'horreur.
On cherche au fond des masures des escaliers de rêve car sous la terre y'a la liberté, sous terre elle pourra s'envoler, sous terre il y a de l'air et elle pourra respirer.
On court avec Cora vers le train secret de l'espoir, le railroad qui serpente sous la caillasse.
On sait avec Cora ce que peuvent faire ces autres qui n'ont de but que la possession de l'autre jusque dans son âme , jusque dans son histoire, dans ses racines.
On Court avec Cora retrouver sa mère, celle qui a ouvert la voie vers ce chemin de fer libérateur.
On vole avec Cora grâce aux mots de Colson Whitehead tout en justesse, en déraison cruelle, en force aussi.
Et peu importe que ce soit écrit au propre ou au figuré, toutes les voies vers la liberté sont à ouvrir en dur ou en rêve.
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Un grand grand coup de coeur ! Rien que cela...
XIXème siècle - Territoires du Sud des Etats-Unis.
Cora est une jeune esclave, propriété d'un exploitant de coton comme sa mère et sa grand mère avant elle.
S'échapper? c'est le risque d'être reprise, et tuée ... pour l'exemple, comme tant d'autres...
L'auteur nous raconte le quotidien de l'esclave selon sa place, selon son sexe et sa mission, la violence et la cruauté des propriétaires blancs, les relations que les esclaves ont entre eux, les rancoeurs, les jalousies...
Jusqu'au jour où le coup de trop, la peur, la rencontre inespérée... Cora s'enfuit... mais la liberté a un prix et Cora l'apprend à ses dépens tout au long de sa cavale haletante.
Un seul objectif réel: Sauver sa peau et vivre un jour après l'autre.
Ce roman met aussi en valeur le rôle des abolitionnistes blancs qui risquent leur vie pour aider ces fuyards grâce à un réseau souterrain de chemin de fer, l'Underground Railroad.
Je recommande chaudement!
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Un beau livre, certes. Une belle écriture pour décrire le sort des noirs dans les plantations de coton sudistes et les tortures infligées par leurs propriétaires. Une belle idée aussi que de ce chemin de fer souterrain. On y croit. C'est sans doute l'essentiel. Mais pourtant... un léger sentiment de déception. Difficile d'en trouver des raisons précises mais je dirais que c'est lié à un certain manque de souffle ( j'ai dû me pousser pour finir certains chapitres...) , certaines longueurs et parfois des difficultés à comprendre les allers-retours ) et les flashbacks et sans doute un certain manque de profondeur des deux héros principaux.
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