Savez-vous ce qu‘est un OLNI ? et bien c'est un objet littéraire non identifié et il me semble que «
Rorbuer » en est un. Il prend place aux larges des côtes norvégiennes. Un pêcheur, victime de la houle, tombe à l'eau et disparaît. L'équipage de son navire, de retour à terre, doit annoncer la mauvaise nouvelle et s'occuper du produit de leur pêche…
L'album se développe en 4 grandes étapes et autant de chapitres. Ceux-ci sont différenciés par des titre en norvégien « Torrfisk », « Misteltein », « Lysstraler » et « Fiskekongen » qui ne sont explicités qu'à la fin de l'album, dans un petit glossaire qu'on trouve sur le rabat de couverture. L'autrice ne nous donne pas d'explications dans sa bd muette. Elle nous plonge dans ‘l'inconnu et dans l'entre-deux.
En effet l'on pourrait qualifier «
Rorbuer d'album de « l'entre-deux » : comme sa couverture qui nous présente une aurore boréale, point de collusion entre la nuit et le jour, ou encore comme le titre qui désigne les habitations sur pilotis, abris de pêcheurs à la croisée des mondes terrien et aquatique. L'histoire flirte également sans arrêt avec la rencontre de deux mondes : le premier chapitre et son titre renvoient ainsi au séchage du poisson à l'air libre mais aussi à la cérémonie de libération des âmes. Entre deux également pour l'ouvrage qui se situe entre le documentaire et les folktales. Entre deux enfin des techniques :
Aurélie Wilmet manie feutres et crayons de couleurs, procède par aplats et garde les traits visibles, presque bruts ; elle n'utilise aucune gouttière entre ses cases « fondant » ainsi le gaufrier et transformant sa planche en toile abstraite.
Mais à force de jouer avec cet entre-deux, ne prend-elle pas le risque de l'entre-soi ? Cet album a quelque chose, certes, mais reste pour moi hermétique. Dommage …