On ne présente plus
Joëlle Wintrebert dont les textes ont été plusieurs fois primés. Sa novella nous transporte dans un assez proche futur où le monde s'est relevé d'une terrible pandémie en prenant conscience de ses erreurs écologiques et de certaines des terribles inégalités qui y règnent. Tout n'est pas parfait, mais la pollution a baissé, les usines sont contrôlées, les humains respirent…
Au milieu de cela, un acteur bien particulier « PROTEÛS » qui a joué un rôle important dans cette évolution.
« le Don des Chimères » nous présente un peu de l'histoire de plusieurs femmes : Surya qui a génétiquement créé les chimères, ces étranges animaux marins hybrides dont la peau présente des propriétés extraordinaires, une peau que l'on récupère à chaque mue. Surya a travaillé pour Proteûs, mais a quitté le groupe, ne souhaitant plus travailler avec lui. Idunn, biologiste émérite, au sein du groupe, va être envoyée auprès de Surya pour la ramener et trouver le moyen que ses peaux de chimères soient de nouveau utilisées.
Un rôle qui lui déplaît, mais qu'elle n'a pas les moyens de refuser, parce qu'elle a besoin de gagner sa vie pour protéger sa fille Thilde, placée loin d'elle à cause de ses difficultés et de son autisme.
Nous baignant dans la Méditerranée, mais aussi dans la richesse et l'opulence, mélangeant une pointe de thriller, une autre de fantastique et univers SF, voilà une histoire où les destins s'emmêlent et s'entrecroisent. Soulevant mille et questions quant à nos capacités à dépendre d'une technologie de pointe souvent intrusive dans nos corps mêmes, quant à notre avenir écologique et humain, quant à nos manipulations du monde et de la vie elle-même, on se laisse emporter dans la vague de ces deux femmes en conflit et dans le tourbillon de ces animaux fantastiques et mythiques. Emporter jusqu'à avoir le coeur serré, jusqu'à ressentir une réelle émotion lorsque la jeune Thilde est confrontée à ces chimères…
Notons que les chimères de Joëlle ne sont pas celles que nous connaissons au coeur des océans.