Une corporation aux plans troubles et aux moyens illimités d'un côté, une organisation secrète qui cherche à rétablir la vérité de l'autre : dans Lever de Soleil, le postulat de base est binaire.
Sans surprise, Incop Transgene représente tout ce qu'il y a de plus détestable dans le capitalisme : un affolant manque d'éthique, une impunité inquiétante et un large éventail d'outils problématiques.
Le nom de la collection (Futurs incertains) est plus qu'adapté à cette situation qui a des allures de catastrophe imminente. Pour Izia, le complotisme est un moyen de reprendre le contrôle de sa vie
(et ironiquement, de le perdre).
Pourtant, l'organisation dont elle fait partie,Verita (nom également porté
par un grimoire à l'influence néfaste dans Dr Who. Coïncidence ou discret
clin d'oeil de l'autrice ?), a également son lot de secrets bien gardés.
Izia ne sera que la dépositaire de l'un de ces secrets, sans pour autant connaître la finalité des plans de Veritas (sont-ils louables, éthiques ? Là est toute la question, dont la jeune femme prend petit à petit conscience).
Ce n'est qu'en découvrant le contenu de ce qui a été exhumé dans le désert et en n'ayant d'autre choix que d'apprendre à le connaître que la jeune femme se libère progressivement de tout ce qu'elle a appris jusqu'à là.
En effet, la prisonnière d'Incop Transgene échappe à toutes les normes en vigueur ; ses désirs sont ceux d'un autre temps et elle compte bien imposer ses propres règles.
Habituée à ce qu'on lui montre de la déférence, de l'attention, la captive insiste jusqu'à ce qu'Izia, affaiblie par le départ de sa partenaire et la rechute dans la drogue qui l'a suivi, cède à son influence.
Les illustrations réalisées par Anako, placées à la fin de Lever de Soleil, capturent de façon réaliste l'apathie et l'enfermement d'Izia. le slow, sa drogue, est ce qui lui permet de faire face à une nouvelle journée, de dépasser ses limites. La détenue d'Incop Transgene, renommée Will par la jeune complotiste, la libère de cette dépendance, seulement pour la faire glisser vers une nouvelle addiction. Si sa présence peut être nourricière, elle est également imposante.
En cela, j'ai trouvé que le développement de leur relation est intéressant ; Will est l'extrême opposé d'Izia. Cette dernière incarne une présence lunaire, renfermée sur elle-même, dans un univers limité par un amoncellement d'objets hétéroclites qui lui permettent de maîtriser son environnement.
Cependant, Will n'est pas le genre de personne à qui ont dit non et Izia a pour seul désir celui d'être guidée (Cette absence la souffla. Il restait bien un vide. Une béance avide qui ne demandait qu'à être de nouveau remplie.). Seulement, même avec ce type de relation, les oppositions sont bien gérées.
C'est là que l'abus de faiblesse aurait pu être le plus problématique mais l'autrice s'en tire plutôt bien : Izia reste consciente de la nature de Will et son abandon repose sur de multiples facteurs, ce qui le rend moins awkward qu'il aurait pu l'être en d'autres circonstances.
C'est que la nature de Will est spéciale : les amateur·ices de mythologie devraient trouver leur compte dans Lever de Soleil.
J'ai trouvé que cette thématique était abordée de façon assez glaçante, ce qui donne un charme certain à la novella de
Noémie Wiorek. J'ai regretté qu'elle soit aussi courte ; certains personnages auraient gagné à être plus présents.
La qualité des parutions des Editions YBY constitue toujours une agréable découverte et, pour moi qui suis féru de mythologie, Lever de Soleil a été une petite gourmandise glaçante.
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