Voilà bien longtemps que traînait dans ma PAL
Mrs Dalloway, et il a fallu qu'un défi me pousse à l'en sortir. Je savais l'écriture de
Virginia Woolf assez particulière, et c'est peut-être pour ça que je ne m'étais encore jamais décidée à le prendre en main… C'est maintenant chose faite et, bien que ce ne soit pas un coup de coeur, je suis contente d'en avoir enfin fait la lecture.
Ne vous attendez pas à ce qu'il se passe beaucoup de choses. Car
Mrs Dalloway, c'est un flux de conscience qui s'étale en une journée et un peu plus de deux cents pages. Et c'est à peu près tout. le roman commence le matin, alors que Mrs Clarissa Dalloway va acheter des fleurs pour la réception qu'elle donnera le soir, et s'achève lors de cette même réception, après de nombreux flashbacks et divagations.
Quand je dis « flux de conscience », vous vous attendez à suivre les pensées de Clarissa –
Mrs Dalloway – tout au long du livre, non ? Que nenni ! On saute d'une personne à l'autre, parfois sans autre indice qu'un changement de genre… On trouvera en alternance première et troisième personne du singulier, et parfois, en plein milieu de la réflexion ou du souvenir d'un personnage, on passera à un narrateur omniscient qui nous racontera quelques bribes du passé. C'est une expérience assez déstabilisante, à certains moments il m'a fallu relire plusieurs fois la même phrase, voire le même paragraphe, pour savoir où est-ce qu'on en était…
de nombreux thèmes sont abordés par les différents personnages, allant de la politique à la place de la femme dans la société londonienne, du traumatisme de la guerre au fonctionnement de l'éch
elle sociale, ou encore au destin des colonies à travers le personnage de
Peter Walsh, ancien prétendant de Clarissa, qui vient à peine d'en revenir après plusieurs années de ce qu'on pourrait appeler un exil.
Je dirais également que Londres est un personnage du roman à part entière, ne serait-ce qu'à travers la présence permanente de
Big Ben, dont la sonnerie régulière scande le rythme de l'histoire au fil des pages, comme pour remplacer des chapitres inexistants (le roman se présentant sous forme d'une seule unité, à peine divisée en paragraphes). On se retrouve également submergé par les noms de lieux, de rues, de quartiers – Oxford Street, Harley Street, Westminster, Pimlico – souvent obscurs lorsqu'on ne connaît pas la ville (ce qui requiert par conséquent un certain nombre de notes de la part du traducteur, souvent les bienvenues pour conserver le fil d'un parcours…).
En bref, un roman intéressant par certains aspects mais qui me laisse un peu sur ma faim. Non que j'aurais aimé plus d'action – ce n'est pas ce que l'on peut chercher dans ce genre d'ouvrage – mais j'aurais aimé que les thèmes abordés soient plus développés, ou de manière plus claire. Car avec ces sauts de conscience, j'avais parfois l'impression de me perdre dans les méandres de Londres, et, si cela peut plaire à certains, ce ne fut pas pour moi une expérience positive.