La première partie du livre, manière de monologue intérieur centré sur le personnage de
Mrs Dalloways est en tout point éblouissant comme un plan séquence qui s'attacherait, tant aux déplacements du personnage qu'a l'itinéraire, au cheminement de ses pensées.
Et de nouveau cette façon extraordinaire de faire cohabiter le plus prosaïque, le plus anecdotique d'avec le tragique, l'existentiel, jouant alternativement de la sécheresse du trait à la métaphore filée.
Malheureusement dés que le récit s'emploie à s'éparpiller sur un plus grand nombre de personnages, le plan séquence cède la place plutôt, à un travelling panoramique qui semble se contenter de survoler ce petit monde de la bourgeoisie londonienne et ne s'attacher qu'évasivement à ces interactions pour ne donner à voir le plus souvent qu'une vision justement bourgeoise et complaisante d'un irritant catalogue de futilités propre à cette classe autocentrée, gavée de privilèges.
Pourtant dés que la focale se concentre sur une individualité ou un couple de personnages, le trait s'affine et avec lui, de nouveau reprends, le mouvement gracieux entre l'intériorité et l'être-là du sujet.
La beauté singulière de l'écriture de
Virginia Woolf et peut être sa limite, tient à ce qu'
elle semble peu èlaborative mais initiée et directement innervée par le flux, le surgissement sans filtre de ses pensées avec tous ses méandres, d'où l'impression d'une écriture au fil de la plume qui produit un récit à la fois fluide et heurté, tout en rupture de rythme et de ton.