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3,83

sur 2329 notes
Tout le talent de Virginia Woolf s'exprime dans cette oeuvre. Largement inspiré des pensées et sentiments de l'auteur, ce roman nous invite à découvrir un nouveau visage de Londres...
Celui de l'après-guerre.
Partant du personnage de Mrs Dalloway, l'oeuvre s'élève rapidement et cherche à atteindre l'infini... A travers les sentiments, les consciences et les regrets, c'est une exploration en profondeur de l'âme humaine qui s'offre à nous, un voyage tissé dans les désordres apparents du soi en intéraction avec le monde...
Mais la toile de fond, sourde et menaçante se déploie en arrière plan, tout comme la souffrance découvre ses dentelles noires... Une oeuvre délicate et intemporelle...
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Nous voici à Londres, la fin de la guerre, la volonté d'oublier, de passer à autre chose. Mrs Clarissa Dalloway est mariée à Richard qui la laisse libre de ses mouvements, ce qui n'est pas si fréquent à l'époque. Et nous allons suivre les déambulations de cette femme d'une cinquantaine d'année, bourgeoise qui reçoit le soir même chez elle, une réception comme elle les aime, elle qui fait tout pour plaire, très dépendante du « qu'en dira t-on ».
Pas de chapitre ici, un flot continue qui correspond au vagabondage de cette journée où l'on passe sans différence d'un personnage à l'autre, de Peter, l'amoureux transi qui revient des Indes, en passant par la fille de Clarissa, Elizabeth, ou Septimus, soldat revenu de l'enfer de 14-18 mais qui ne s'en remet pas.
C'est une lecture exigeante parce que j'avoue qu'au début, enfiler les personnages et les situations, à la suite, sans un souffle, m'a déconcerté, fatiguée. Et puis Clarissa est tout sauf sympathique en étant aussi superficielle.
Mais il y a l'écriture et la finesse des observations, alors au fur et à mesure, j'ai été prise, happée et j'ai continué avec plaisir de flâner dans ce Londres, des parcs ou des salons d'hôtels privés.
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Lecture ou relecture ? Je sais que j'ai lu « Les Heures », de Mickaël Cunningham (passionnant comme son adaptation filmique) mais je ne suis pas sûre d'avoir lu « l'original ». Une révélation en tout cas, un livre sur rien (ou presque) dans un style magistral, qui rend compte des sensations et des émotions les plus ténues. On devine l'hypersensibilité de l'autrice dans son talent à restituer les moindres vibrations, la densité de la lumière ou la fraîcheur éclatante de ce matin de juin. le roman retrace la journée de Clarissa, une femme londonienne qui organise une réception pour le soir, et qu'il va recroiser l'homme qu'elle avait renoncé à épouser des années plutôt. Journée rythmée par l'horloge de Big Ben, pour un roman qui s'intéresse non seulement à Clarissa, mais aussi à une foule d'autres personnages qu'elle croisera. Notamment le personnage de Septimus, hanté par la folie et dont le destin tragique obscurcit cette journée. Un livre qui m'a fait songer à Proust, mais aussi à « La Conversation amoureuse », à mon sens le meilleur roman d'Alice Ferney.
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Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=sb6zsuWifbM

L'intrigue de Mrs Dalloway se déroule en Angleterre, dans les années 20. On suit la journée de Mrs Dalloway, Clarissa de son prénom, qui souhaite tenir une soirée où elle réunirait le beau-monde de Londres. Alors que Peter, son ancien amant vient rompre sa quiétude, la focalisation se met à virevolter d'un personnage à l'autre, donnant une voix aussi bien à Miss Kilman, la domestique dévote, à Septimus, un homme dévoré par les souvenirs de la grande guerre qu'à Richard Dalloway, l'époux bien falot qui donne son nom au roman.

La première raison qui me pousse à vous parler de ce roman sont
les apparences avec cette scène d'ouverture, quand elle va chez le fleuriste et qu'on voit la dichotomie de l'humain : comment la cohue, le vacarme de la rue se corsète, que les vêtements des gens qu'elle croise sont détaillés dans leur blancheur, dans leur mise en forme, quelque chose de très structuré qui a pourtant du mal à enfermer le débordement ; et donc un sentiment de ridicule nous frappe : celui de les voir déguisés, comme si des animaux porteraient des queues de pie et des chapeaux haut de forme, pour mieux cacher leur bestialité.

Cette course aux apparences est bien mise en relief par le personnage de Septimus, qui souffre de schizophrénie, et qui nous interroge : qui sont les plus fous, ceux qui se soumettent à ce bal des convenances, ou ceux qui s'en extraient, qu'elles qu'en soient les raisons ? Ce personnage permet de souligner la médiocrité et l'autosatisfaction bourgeoise. A qui on nie la souffrance, et même la différence, car nul ne voudra voir sa douleur, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. le médecin dit lui-même qu'il « n'avait rien d'inquiétant mais qui ne se sentait pas très en forme » en parlant de lui, autruche comme les autres. Septimus, on peut supposer que c'est la guerre qui a précipité sa maladie. En effet, il parle à un ami mort « un type gentil, pas bavard ; [qui] s'était fait tuer à la guerre ». On pourrait dire aujourd'hui qu'il souffre d'un stress post traumatique sévère. Cette guerre qui est peut-être le porte étendard du désir de maintenir les apparences de l'empire britannique, désir qui brise les hommes, donc intimement ou nationalement. Guerre qui est aux hommes, ce que le mariage est aux femmes, d'après Lucrezia celle de Septimus. Une perte de soi et de ses repères.

Ce qui me permet de faire la transition avec la seconde raison de lire Mrs Dalloway qui est la charge contre le mariage

Le désir de spontanéité des femmes, symbolisé par Sally, son amie téméraire est brimé par le mariage.. Si l'héroïne est une femme de cinquante-deux ans, ce qui est assez rare pour être souligné, elle est au sommet de sa vie et regarde la montée avec nostalgie, l'acmé avant la descente. Et cette mélancolie a quelque chose d'immature aussi, cette angoisse existentielle, où l'on sent que d'une certaine manière, elle est encore dans l'illusion qu'elle a les cartes en mains, qu'il est encore possible de faire machine arrière. Un emblème de cette aristocratie agonisante de l'entre deux guerres. Car elle disparait dans le rôle de Mrs Dalloway, oubliant la Clarissa qu'elle est. « le sens de l'intérêt général, de l'Empire britannique, de la réforme des tarifs douaniers, la mentalité des classes dirigeantes, tout cela avait déteint sur elle, comme c'est bien souvent le cas. Alors qu'elle était deux fois plus intelligente que lui, il fallait qu'elle voie les choses par ses yeux à lui – un des drames de la vie conjugale. ».

On voit dans cette extrait la virtuosité de la langue. Il faut s'arrêter un instant pour en parler. Que ce soit l'emploi du discourt indirect libre qui a le don de nous mettre dans la confidence sans rompre la narration, les envolées poétiques à certains passages que ce soit quand c'est Peter qui parle, avec la force des répétitions, son style est très vivant, en mouvement, parait simple et spontanée mais est très construit.

C'est un roman sur les limites entre les êtres. Dans sa manière de passer d'un personnage à l'autre, de dévoiler son intériorité et ses pensées secrètes, on s'aperçoit que c'est un livre qui montre les fossés entre les gens, et aussi les non dits. En effet, elle est l'une des pionnières de l'écriture en « flux de conscience » de ce début de siècle, qui délaisse la narration classique pour s'intéresser à la pensée du personnage, dans ce qu'elle a de décousu, de digressif, ce qui permet aussi des innovations en termes de style.

Pour en revenir aux limites, que ce soit un fossé social comme entre Mrs Dalloway et sa bonne Mrs Kilman, les deux se pensant supérieures de l'autre, la première pour son statut social, la seconde pour son éveil religieux. Ou un fossé au niveau du langage, car aucun ne pourra exprimer ses sentiments de manières limpides, chacun espérant que l'autre comprendra ses intentions, sans jamais les expliciter. Bref, un roman entre des personnes inadaptées à la communication et donc à la clarification. Chaque personnage est seul, perdu dans ses pensées et ses fantasmes de grandeur. Une manière de ne pas perdre la face et voir l'ampleur des dégâts : ils sont à la moitié de leur vie, insatisfaits des choix qu'ils ont fait et inaptes au bonheur.

Et c'est donc des personnes vieillissantes qui observent les briques de leur vie lors de cette apogée qu'est censée représenter la soirée de Clarissa, et qui symbolise plutôt tous leurs renoncements. Et quand on voit la manière dont elle est tiraillée entre son amie Sally, son ancien amour Peter qui lui rappelle tous les plaisirs de sa jeunesse et de l'autre côté son mari et les lady Bruton et autre lady Bradshaw symbole de ses obligations et de son ambition qui paraissent bien vaines, on ne peut que penser à cette phrase de Bukowski que j'ai entendu récemment : « le problème est que nous cherchons quelqu'un pour vieillir ensemble, alors que le secret est de trouver quelqu'un avec qui rester enfant ».

Lien : https://www.youtube.com/watc..
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J'ai du mal à expliquer pourquoi je relis régulièrement ce livre, ces « vingt-quatre heures de la vie d'une femme » qui ne vit rien d'extraordinaire… le livre tient entièrement par le style. On est pris dans un flux, un courant à peine perceptible qui nous entraîne d'une phrase à l'autre, d'un personnage à un autre, et on glisse avec Clarissa Dalloway au fil de cette journée, ses menues actions, ses rencontres. Ce qui fait la particularité du style de Woolf est l'usage du discours indirect libre : on voit le personnage de l'extérieur, et puis, sans accroc, dans un glissement, on est à l'intérieur de ses pensées, puis on sort à nouveau de sa tête, on écoute une conversation, on suit une action, on se retrouve dans la tête d'un autre personnage, etc. Si on accroche à ce style, si on est pris dans le courant, on le lâche plus le roman jusqu'à la dernière phrase.
Il faut préciser qu'il y a de l'action dans ce livre, plus qu'on ne le dit parfois ; pas du côté de Clarissa, mais autour d'elle. L'intrigue secondaire la plus poignante est celle où on voit un jeune homme sombrer dans la schizophrénie. Woolf, qui connaissait bien la psychose, montre l'évolution de ce personnage avec finesse et empathie. La frivole Clarissa se montre d'ailleurs bien plus bouleversée par son suicide que ne l'est son médecin.
Comme l'ont dit d'autres lecteurs, il y a sans doute un moment dans la vie où on est prêt à lire Mrs Dalloway. Si vous n'accrochez pas, rangez le livre au fond d'une étagère ; vous le retrouverez un jour, et peut-être serez-vous, cette fois, emporté par le courant de son style.
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En pleine préparation de la réception qu'elle organise chez elle le soir même, Clarissa reçoit la visite d'un ancien ami, Peter. C'est l'occasion pour elle de faire le point sur sa vie. Elle nous partage ses souvenirs, ses choix, ses espoirs, ses amours… Clarissa est très douée pour la vie mondaine ; elle sait s'y intégrer, accorde beaucoup d'importance à l'image qu'elle renvoie, ainsi qu'à l'échelle sociale à laquelle elle s'élève. Tout le monde se demande pourquoi elle a choisi d'épouser le député Richard. Elle-même, d'ailleurs, se questionne sur la tournure qu'aurait pris sa vie si elle avait accepté d'épouser Peter. Comparée à son amie Sally, qui ne se soucie guère des convenances, on se demande si Clarissa n'aurait pas oublié de vivre…

Roman introspectif, il ne faut pas attendre de cette lecture qu'elle soit parsemée d'actions. L'intrigue se contente de peu, l'essentiel se trouvant dans la psychologie et les réflexions des personnages. Ce n'est donc pas un roman qui se lit facilement, il n'est pas particulièrement abordable. J'ai d'ailleurs la sensation d'être passée en grande partie à côté, de ne pas l'avoir lu au moment adéquat. Néanmoins, j'y ai vu le chef d'oeuvre dont tout le monde ne cesse de parler. J'ai également été charmée par l'écriture de Virginia Woolf, que j'ai trouvée très poétique. Je prévois déjà de relire cette oeuvre dans les années à venir !
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Je suis une fervente admiratrice de la plume de Virginia Woolf. Je possède nombre de ses ouvrages et c'est une auteur que j'aime autant pour sa vie en tant que femme que pour ses romans de toutes sortes.

Quand j'ai vu que les éditions Tibert proposait une version illustrée de Mrs Dalloway, je n'ai pas hésité longtemps. C'est donc une relecture pour moi puisque j'ai lu cette oeuvre dans le cadre de mes études, il y a longtemps maintenant.

Mrs Dalloway est un roman magnifique mais peu facile d'accès. L'autrice nous narre une journée de la vie de Mrs Dalloway, depuis le matin jusqu'au soir de la réception qu'elle s'apprête à donner. Il ne se passe donc pas grand chose dans ce roman d'autant plus que la narration adoptée diffère des romans habituels. En effet, Virginia Woolf adopte le discours indirect libre, point de vue qui lui permet de pénétrer au coeur de la conscience ou devrais-je plutôt dire de la pensée du personnage.

On suit d'abord Mrs Dalloway, au matin puis dans les rues de Londres mais bien vite le lecteur navigue de conscience en conscience, de pensée en pensée: Mr Walsh puis Septimus, Rezia, Miss Kilman, … Chaque personnage nous livre ses pensées aussi le lecteur saute parfois du coq à l'âne. Les pages consacrées à Septimus m'ont beaucoup touchée car on y voit un homme, l'ombre de lui-même, après le retour du front. Comme Virginia Woolf elle-même, Septimus souffre de dépression nerveuse et l'on assiste à l'effondrement de cet homme que les médecins peinent à soigner. Quelles pages pleines de puissance qui se font l'écho de la souffrance de l'autrice elle-même!

Les illustrations de Nathalie Novi sont magnifiques. Les couleurs sont sublimes. Elle y rend hommage aux fleurs, aux oiseaux, à la nature toute entière donnant à ce roman un côté très anglais.

Cet ouvrage de Virginia Woolf apparaîtra ardu aux lecteurs novices mais la beauté des illustrations vaut la peine qu'on s'y penche un peu.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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D'un ennui qui m'a arrêtée.
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Une oeuvre très complexe, difficile à résumer. C'est une méditation sur le temps, le vieillissement, qui s'opère par de subtils va-et-vient dans le temps et par l'intervention de différentes consciences. le présent, le passé et l'avenir se mêlent au travers des souvenirs de l'héroïne et de ses attentes. A l'origine ce livre s'appelait "The Hours" titre repris au cinéma il y a quelques années dans ce film bouleversant qui évoquait la vie de Virginia Woolf.
Clarissa Dalloway est une femme de 52 ans issue de la haute société londonienne. Par une belle journée de la mi-juin 1923, elle organise une réception mondaine. Absorbée par l'organisation de cette soirée, ses pensées vont vers le passé (notamment, l'ouverture des portes-fenêtres lui rappelle la jeune fille qu'elle était à 18 ans), et notamment vers sa vieille amie Sally dont elle était éprise. Elle va recevoir la visite d'un ancien soupirant qu'elle a rejeté par le passé, préférant une union avec un homme moins possessif. Au fil du livre, la mise en relation de Mrs Dalloway et de son double narratif, l'ancien soldat des tranchées Septimus, prend plus d'ampleur. Ces personnages ne se rencontrent pas mais semblent souffrir d'un même type d'oppression sociale.
Une oeuvre très complexe et originale, qui présente un magnifique portrait de femme en accord avec les idées féministes de Virginia Woolf qui fut une des pionnières en ce domaine.
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Quand on pense à Virginia Woolf, on pense à Mrs Dalloway. Je ne dirais qu'une seule chose, je ne suis que subjectivité et affectivité pour ce livre,
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