Recueil de poésie engagée par le prix Nobel de la paix 2010,
Liu Xiaobo.
L'auteur a survécu au massacre de la place Tian'anmen à Pékin, qui a eu lieu la nuit du 4 juin 1989 lors des manifestations pro-démocratiques.
Dissident condamné à 11 ans de prison en 2009 par le régime chinois pour "subversion", il est mort le 13 juillet 2017 sans avoir connu la liberté.
[ Source : https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/qui-etait-liu-xiaobo-dissident-chinois-et-nobel-de-la-paix-mort-apres-huit-ans-de-detention_2281971.html ]
Ce recueil est un vibrant et émouvant hommage aux "âmes mortes", ces innocents qui ont été tués, écrasés par les tanks ou par des tirs.
Tout le monde se souvient de cette image qui a fait le tour du monde, cet anonyme vu de dos, posté face à un tank.
"Qui donc est ce jeune homme pris par hasard en photo
Debout devant les tanks
Il lève le bras
Bouleversant le monde entier
Mais personne si ce n'est la gueule du canon
N'a pu voir son visage
Personne n'a connu
Son nom
Et plus tard beaucoup plus tard
Sa trace a totalement disparu
Le monde avait versé pour lui des larmes
Il n'avait plus le coeur qu'on vienne le chercher"
Liu Xiaobo leur dédie ces élégies, et évoque la souffrance constante qui le tiraille physiquement et mentalement depuis cette nuit d'horreur, lui mais aussi les familles des défunts, en particulier les mères.
La plupart de ces textes a été écrit en prison ou dans un camp de rééducation par le travail.
Il a écrit pour chaque anniversaire de ce 4 juin, du premier anniversaire jusqu'au vingtième.
Il a écrit la corruption,
il a écrit la cupidité,
il a écrit la surveillance,
il a écrit la peur,
il a écrit l'interdiction de se souvenir des morts,
il a écrit ses cauchemars qui le hantent,
il a écrit le temps qui passe,
il a écrit l'atrocité
il a écrit l'horreur avec intensité.
Le lieu du drame peut être détruit, reconstruit, pour masquer les traces des âmes mortes, mais ces âmes et leur combat pour la démocratie ne doivent pas être oubliées.