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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Et si Nietzsche avait rencontré le Docteur Breuer à Vienne dans les Années 1880 et avait essayé de le soulager de son désespoir... n'auraient-ils pas tous les deux inventé la psychanalyse ?

La relation imaginaire entre ces deux génies bien réels est assez savoureuse : à tâtons, ils se dissimulent et se dévoilent tour à tour, comme dans un grand jeu de dupes. Entourés, conseillés ou manipulés par d'autres personnalités comme Freud ou Lou Salomé, ils évoquent dans leurs longues conversations l'amour, la mort, la solitude, l'oeuvre, la douleur, la liberté, mais aussi le sexe ou les migraines...

Il est des livres qui nous donnent de l'énergie et l'envie de faire et de découvrir plein de choses. 'Et Nietzsche a pleuré' a été pour moi l'un de ceux-là : j'ai cherché sur le web des infos sur Lou Salomé et Josef Breuer, je voudrais me plonger dans le Zarathoustra de Nietzsche et pourquoi pas commencer une psychanalyse... Rien que pour ça, je suis contente de ma lecture.

En outre, elle a été très agréable en elle-même, grâce aux dialogues souvent brillants, aux anecdotes amusantes et à l'ambiance viennoise désuète. L'alternance des points de vue (Nietzsche, Breuer, Freud, Max, Lou...) et des modes de narration (discussions, extraits de correspondance, journaux intimes, récits simples, rêves et transes) rend l'ensemble tout à fait passionnant.

Challenge Pavés de Gwen21 14/xx
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Lu dans le cadre du Challenge ABC

Nous voici à Vienne en automne 1882, à l'aube de la psychanalyse. Ceci est une fiction, mais dont les personnages ont existé : la jeune et fatale Lou Salomé force la main du Dr Josef Breuer, éminent médecin, pour qu'il s'occupe du « cas » de Friedrich Nietzsche. Celui-ci a une santé fragile, pour ne pas dire précaire, tant physiquement que mentalement, et, ce qui complique les choses, un caractère qu'on qualifierait aujourd'hui d'imbuvable. Son état inquiète son entourage, qui met secrètement au point un stratagème consistant à amener Nietzsche à consulter le Dr Breuer de sa propre initiative.
La partie d'échecs mentale peut alors commencer entre ces deux esprits brillants, Breuer feignant le désespoir pour amener Nietzsche à se confier, mais se prenant à son propre jeu. On observe l'un mettant en place « in vivo » les bases de la « cure par la parole », l'autre testant les prémices de sa pensée philosophique. Qui manipule qui, qui est le cobaye ? Lequel guérira l'autre ?

A la recherche d'un roman dont le nom de l'auteur commencerait par Y (pour le Challenge ABC de Babelio), voilà que je tombe à la librairie sur les livres de I. Yalom. Au hasard, je choisis Et Nietzsche a pleuré. Je l'ai entamé avec un peu d'appréhension, craignant que les considérations sur la philo et la psychanalyse ne soient trop ésotériques pour la commune mortelle que je suis.
Fi donc de ces alarmes inutiles ! A mon grand étonnement, ces pages se sont révélées tout à fait lisibles, et même réellement captivantes. Ce n'est sans doute pas idéal pour une lecture de plage ou de métro (surtout si dans votre wagon se trouve un groupe de scouts en partance pour le camp ou un violoneux écorchant « La chanson de Lara »), mais l'analyse et les descriptions psychologiques sont fines et intelligentes (le contraire serait un comble, l'auteur étant psychiatre). Ce livre m'a interpellée à plusieurs reprises (cf les citations que j'en ai extraites), d'autant plus que je suis en pleine phase de réorientation professionnelle. Il m'a renvoyé sa question centrale, celle du libre choix de sa propre vie. Il m'a permis aussi d'aborder la pensée de Nietzsche d'une façon non rébarbative, d'explorer le fonctionnement tortueux du mental.
Au final, c'est drôlement intéressant (même si l'humour n'est pas si présent que ça), au point de me donner envie de lire d'autres livres de Yalom. C'est une lecture largement abordable, sauf si les mots « philosophie » ou « psychanalyse » provoquent chez vous larmes et hystérie…

Lien : https://voyagesaufildespages..
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La psychanalyse et la philosophie seraient-elles les deux réponses essentielles à la compréhension du monde, à la compréhension de notre monde intérieur ?
J'ai découvert Irvin Yalom au détour d'un livre qui d'entrée de jeu n'aurait pas retenu mon attention ou serait resté muet à mon univers.
C'était : la méthode Schopenhauer, un livre qui m'a été donné de façon fortuite, j'en ai commencé la lecture sans rien en attendre, presque avec un certain ennui.
Oui, la philosophie pour moi, rimait avec cette classe de terminale sans fin et ce bac littéraire.
Irvin Yalom, est un homme très fort et passionnant, il sait intéresser ces lecteurs, les immerger dans le monde des idées, de la philosophie et de la psychanalyse en nous contant la vie des philosophes.
Après la méthode Schopenhauer, j'ai dévoré le cas Spinoza qui naturellement m'a conduit à ce titre: Et, Nietzche à pleuré.
S'inspirant de personnages réels, se campant dans cette Vienne tourbillonante et foisonnante des années 1880.
Il nous convie à des échanges, certes fictionnels mais tellement vraisemblables entre le docteur Breuer, l'un des fondateurs de la psychanalyse et le grand philosophe Nietzche, via des personnages exceptionnels comme Lou Andrea Salomé et le jeune Sigmund Freud.
Un débat passionnant sur la vie, la mort, le destin, le pouvoir s'instaure entre les deux hommes. D'ailleurs, qui soigne qui ?
La philosophie sombre et lucide de Nietzche ou la psychanalyse naissante de Breuer.?
En tout cas, on est séduit par ce roman, on se prend à rêver que tous ces gens sont nos " amis" et somme toute nous parle des mystères de la vie qui nous attirent tant.
En 2015, un film documentaire est sorti sur Irving Yalom qui s'appelle : La thérapie du bonheur, certainement disponible en dvd.
Une révélation sur Irving Yalom qui se livre en toute simplicité sur son expérience de psychothérapeute, sur les interrogations existentielles de la vie. Irving Yalom avec sa voix grave nous transporte, nous inspire et nous offre littéralement ce que peut-être la thérapie du bonheur.
A voir sans aucun doute, quand aux livres d'irving Yalom, ils sont tous à dévorer à pleines dents.
Admirative de cet homme, qui a su me faire découvrir les portes de la philosophie sans jamais m'ennuyer.
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Irvin Yalom, un écrivain américain professeur de psychiatrie, est coutumier des fictions mettant en scène un géant de la philosophie. Bien avant le problème Spinoza, que j'ai lu et apprécié il y a quelques années, il avait publié ce livre au drôle de titre : Et Nietzsche a pleuré. de quoi s'agit-il : d'un roman historique ou d'une chronique sur un épisode particulier de la vie de Friedrich Nietzsche ?

Ce n'est ni l'un ni l'autre. Dans sa postface, l'auteur cite André Gide, pour qui un roman est « de l'histoire qui aurait pu être ». Et Nietzsche a pleuré est le récit d'une rencontre, en 1882, entre le philosophe et un éminent médecin viennois nommé Joseph Breuer. Une rencontre qui aurait pu avoir lieu, mais une rencontre fictive, imaginée par l'auteur.

Avant tout, je voudrais dissiper les inquiétudes que pourraient susciter le nom de Nietzsche et la réputation d'hermétisme que traîne son oeuvre. La lecture du livre est facile et captivante. J'y reviendrai, mais pour l'instant, transposons-nous dans le contexte. Vienne, capitale de l'Empire austro-hongrois, est alors une grande ville moderne. Ses intellectuels et ses scientifiques, parmi lesquels de nombreux Juifs, rayonnent sur l'Europe en dépit d'un antisémitisme très ancré.

Joseph Breuer est un médecin réputé, à Vienne et au-delà, pour la pertinence de ses diagnostics. C'est un grand bourgeois quadragénaire, marié et père de famille, qui, bien qu'athée, observe quelques traditions juives. Il a aussi mené des expériences d'hypnose sur l'hystérie – le cas d'Anna O. –, sur lesquelles se fondera plus tard un jeune médecin ami de la famille, un certain Sigmund Freud, qui bâtira sa légende de père de la psychanalyse.

Friedrich Nietzsche est encore quasiment inconnu. Il est malade, souffre de migraines foudroyantes, de nausées épouvantables, de crises de cécité. C'est un homme desséché, solitaire, sauvage, pathologiquement misogyne. Son désespoir, abyssal, est à l'origine de ses malaises. Il travaille jusqu'à l'épuisement à une théorie philosophique qui, selon lui, ne pourra être comprise avant un siècle. Elle est fondée sur une quête absolue de la vérité, une élévation de la pensée, supposant de renoncer à toute emprise sentimentale, synonyme de faiblesse coupable.

La rencontre entre Nietzsche et Brauer est organisée par Lou Salomé, une jeune femme russe d'une grande beauté, dont l'aura plane sur le livre. Elle est fascinée par l'esprit de Nietzsche et voudrait qu'il soit soigné par Brauer, dont elle connaît la réputation. Lou Salomé s'illustrera plus tard par ses talents de poétesse et de psychanalyste. Elle sera aussi la muse du célèbre poète allemand Rainer Maria Rilke. Pour l'heure, elle a vingt-et-un ans et un aplomb étonnant. Elle aura chamboulé la tête des deux principaux personnages.

Breuer se laisse convaincre de soigner les tourments de Nietzsche, à l'insu du plein gré du philosophe, pourrait-on dire. Après une première rencontre au cabinet du médecin, les deux hommes ont plusieurs entretiens, se découvrent progressivement. Mais malgré les tentatives discrètes et rusées de Breuer, Nietzsche ne livre pas les secrets qui le rongent. C'est Breuer qui en arrive à s'interroger sur lui-même ; des obsessions personnelles remontent à la surface et le plongent dans l'angoisse.

S'engage alors entre les deux hommes une relation de la dernière chance, pour l'un comme pour l'autre…

Les échanges prennent une tournure dramaturgique, une sorte de joute verbale, un jeu d'échiquier virtuel entre les deux protagonistes. L'un pourrait-il mettre l'autre échec et mat ? Avec quelles conséquences concrètes ? Les discussions sont passionnantes, l'incertitude est suffocante.

Il ne faut toutefois pas se leurrer et prendre l'ouvrage pour une initiation à la philosophie nietzschéenne ou à la future psychanalyse freudienne. Les dialogues sont prodigieux, les personnages sont tous exceptionnels, mais les conclusions de la double « cure par la parole » suscitent le doute ; les obsessions amoureuses des deux hommes semblent ridicules. Ce serait si facile !

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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« Et Nietzsche a pleuré » relate l'histoire d'une rencontre qui aurait pu avoir lieu en 1882 entre le philosophe Friedrich Nietzsche, encore inconnu du grand public, et Joseph Breuer, médecin viennois reconnu, un des fondateurs de la psychanalyse. Cette rencontre, imaginée par Irvin Yalom, explore les relations entre deux personnages en plein doute existentiel, à travers des rencontres et des lettres qui illustrent de manière vivante les débuts de la psychothérapie et de la psychanalyse.

Nietzche traverse une crise profonde car il sort d'une relation platonique courte et tumultueuse avec une jeune femme, Lou Salomé. Breuer, qui fait partie de la bourgeoisie conservatrice de Vienne, mène une vie rangée et se réfugie dans le travail quand le reste ne va pas bien. Progressivement Breuer ressent la profondeur de son désarroi, l'accepte et s'en remet à Nietzsche pour l'aider à en sortir et à se libérer des contraintes sociales qui pèsent sur lui.

Irvin Yalom introduit la psychanalyse et l'inconscient au coeur de l'intrigue. Il ne pouvait imaginer une rencontre entre Nietzsche et Freud car ce dernier était encore trop jeune, aussi va-t-il recourir à Joseph Breuer pour se mesurer à Nietzsche. le lecteur assiste à une partie d'échecs entre un patient peu ordinaire et son expérimenté médecin. Mais en réalité qui soigne qui ? Et que soigne-t-on ? La relation Thérapeute/Patient ou Ecoutant/Ecouté s'inverse progressivement. Il s'agit « d'une cure par la parole ».

Ancien psychiatre et psychothérapeute, Yalom imagine ce qui aurait pu être une collaboration intéressante et en dépit de quelques longueurs, on ne s'ennuie jamais dans ce roman qui sensibilise le lecteur aux prémices de la psychanalyse.
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C'est Umberto Éco, à qui on demandait si le succès du « Nom de la rose » l'avait surpris, et qui répondait patelin non, pas vraiment, il y a un public pour ce genre de livre. Un public d'honnêtes hommes/femmes, académiquement cultivés, manquant de temps ou de motivation pour élargir les horizons de leur savoir mais heureux d'entretenir les plates-bandes de leurs certitudes intellectuelles. A ceux-là, il sera beaucoup donné, et Irvin Yalom n'y sera pas pour rien.
C'est le deuxième livre de lui que je lis et, y'a pas, c'est bien foutu. Il imagine un Nietzsche précurseur de la cure psychanalytique et après tout, dans les deux cas, on retrouve bien cette exigence terrible de lucidité, cette volonté de fouailler là où ça fait mal pour devenir qui on est vraiment.
Et tandis que le docteur Breuer, devenu patient, apprend à se connaître, le lecteur révise plaisamment les fondamentaux nietzschéens. Alors « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort », O.K. « La mort de Dieu », je coche. « L'éternel retour », on y est. « Amor fati » et « Zarathustra » en combo final. C'est bien. On se souvient de sa terminale et on ne se fatigue pas trop.
Et bien sûr, Yalom finit par attraper Nietzsche à son propre jeu. le philosophe qui ricane des chrétiens, dénonçant leur moralité dictée par la seule faiblesse, doit finalement admettre que lui-même n'a érigé en vertu l'âpre solitude que faute d'avoir une vie sociale.
En fait, Nietzsche s'est menti à lui-même. Il rêvait d'être Dale Carnegie et d'écrire « Comment se faire des amis ».
Alors, si vous avez un neveu en classe prépa, offrez-lui ce roman, il vous en sera reconnaissant (Nietzsche est au programme). Si vous avez un ami en pleine crise de la quarantaine, achetez un deuxième exemplaire, parce que Nietzsche, selon Yalom, invente aussi le livre de développement personnel (avant de foutre en l'air votre mariage, ouvrez vos chakras et coloriez des mandalas avec Zarathustra).
Donc, Yalom fait le job et si, comme moi, vous tordez un peu le nez, rappelez-vous que c'est « Et Nietzsche a pleuré » que vous avez choisi de lire et pas « Le Gai Savoir ». On a les prophètes qu'on mérite.
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Imaginez une rencontre au sommet entre le philosophe Friedrich Nietzsche , le célèbre docteur viennois Joseph Breuer et son jeune ami le docteur Freud – les deux pères de la psychanalyse – et Lou Salomé, Muse sublime, intelligente et libre... la passion de Nietzsche.

Nous sommes dans les années 1880 à Vienne et Irvin Yalom nous fait vivre la naissance en direct de la psychanalyse.

Tout commence par ce fameux rendez-vous où Lou Salomé arrive à convaincre le docteur Breuer de soigner Nietzsche à ses dépens. Ce qui semble a priori contraire à la théorie de psychanalyse – soigner un malade contre son gré -, le docteur Breuer va le tenter. Il faut dire qu'on ne peut rien refuser à cette si flamboyante et si convaincante Lou … Et Nietzsche a de si violentes migraines que rencontrer l'éminent docteur ne peut que le soulager. Il accepte donc de lui parler de ses douleurs physiques mais en fait Breuer essayera de soigner ses douleurs psychiques. le médecin doit alors imaginer une toute nouvelle méthode de traitement, fondée sur la célèbre "cure par la parole" ainsi qu' un stratagème déconcertant : devenir le patient de Nietzsche en feignant une crise de désespoir similaire à celle du philosophe.

S'engage alors entre les deux hommes une longue conversation absolument captivante. D'une intelligence sans pareille, les dialogues enlevés sont ponctués d'extraits d'"Ainsi parlait Zarathoustra", "Humain, trop humain" et du "Le Gai Savoir", de la pensée philosophique de Nietzsche, mais aussi de ce qu'il aurait pu penser de la psychanalyse. C'est là que le livre est passionnant. La relation entre Joseph et Friedrich n'a jamais existé, et pourtant leurs échanges semblent parfaitement cohérents et réels ! On a l'impression d'assister à l'élaboration de la théorie psychanalytique, où le médecin passe subrepticement au statut de patient, et où se tisse un lien ambigu entre les deux. On découvre ainsi la pensée nietzschéenne de manière ludique, originale et divertissante. Les thèmes principaux, le couple, la mort, la fuite du temps, sont abordés avec talent et tout en subtilité.

Ce livre érudit se lit très facilement… à travers l'écriture simple, précise et efficace d'Irvin Yalom, tout est parfaitement limpide. Je me suis laissée emporter par le rythme soutenu de ce huis clos sans la moindre difficulté, ni ennui. Nul besoin d'être féru de psychanalyse pour se laisser prendre. Il y a une sorte de suspense, on se demande à chaque instant ce qui va se passer et on ne lâche pas. C'est émouvant, ça nous interroge, nous bouscule, nous renvoie à nos propres faiblesses.

J'ai passé un très agréable moment à lire ce roman, j'appréciais de m'asseoir chaque jour en compagnie de ses personnages. Et même si je ne vais pas plonger dans les profondeurs de la philosophie "nietzschienne", je sais que je vais approfondir cette lecture par quelques documentaires. J'ai également envie de lire les autres titres d'Irvin Yalom dont "Mensonges sur le divan".

A la fin du livre, dans la postface et une note de l'auteur, Irvin Yalom explique comment il a eu l'idée de ce livre. Il dit également que des contacts avaient été établis entre ces deux hommes mais ils n'avaient pas abouti. Il a donc essayé d'imaginer ce qu'aurait pu être leur rencontre et cela a donné naissance à ce livre.

Un livre audacieux et passionnant à découvrir !


"Et Nietzsche a pleuré" vient de remporter le Prix "Saint-Maur en poche" du meilleur roman en juin 2010.

Un film a été tiré de ce livre en 2007, avec le même titre : "When Nietzsche wept".
Pour ceux et celles qui ont lu ce roman, vous pouvez voir la séquence finale en Vidéo, ci-joint.

Lien : http://www.youtube.com/watch..
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Dans la représentation mentale du monde où je suis enfermé, entre la réalité et la réalité fantasmée laquelle des deux m'impacte-t-elle le plus ? Quel prix suis-je prêt à payer pour ma liberté, et d'ailleurs qu'est-ce que la liberté ? En imaginant à posteriori, en faisant jaïllir du néant post mortem en quelque sorte, la rencontre plausible mais avérée non historique de Fredriesch Nietzsche et de Josef Breuer à Vienne en 1882, Irvin Yalom m'a emmené dans une ballade de l'impossible à la recherche de l'humain trop humain qui m'habite pour immanquablement déboucher sur les illusions perdues. Je ne regrette en rien de m'être quelque peu extirpé de ma rudimentaire caverne où je trouve habituellement un confort réducteur et trompeur. Mais comment garder une trace intacte de cette lecture éclairante et comment la partager ?

Plutôt que me concentrer sur le livre en lui-même, il me semble intéressant dans ce cas précis de décrire le décor dans lequel j'ai réalisé cette ballade. Je vais tracer un carré et placer aux coins quatre lectures récentes : Heisenberg et le principe d'incertitude, L'audace de vivre, Quand reviennent les âmes errantes, Le problème Spinoza. Au-dessus au milieu, à une certaine hauteur, je positionne Et Nietzsche a pleuré. Considérant chacun des coins comme un puissant projecteur, leurs faisceaux viennent éclairer la lecture en cours, mettant consciemment en lumière des associations de pensée avec mes lectures récentes. Le tout forme une pyramide facilement visualisable.
Il me faut encore placer à un niveau sous-jacent les souvenirs enfouis mais persistants de lectures plus anciennes préalablement déjà associés respectivement Comme un chant d'espérance, L'infini dans la paume de la main, Le Petit Prince, Quattrocento et sur la même verticale que Et Nietzsche a pleuré, à une profondeur d' à peu près six fois la hauteur de la pyramide supérieure des tas de souvenirs très enfouis donc et en apparence recouverts à jamais. Mais attention, ils peuvent parfois, par petites touches, subreptissement réapparaître dans des textes comme Cellule 252, turbulences poétiques en espace confiné. Il fait à l'évidence beaucoup plus sombre dans cette seconde pyramide inversée et aussi beaucoup plus malaisé de s'y promener par les étroits souterrains encore parfois appelés cheminées et aboutissant le plus souvent à une chambre mortuaire bien cachée.

Que dire de plus sinon que l'auteur nous décrit un Nietzsche principalement cantonné dans la pyramide supérieure empreint de liberté et de lucidité mais coupé de son espace intérieur et un Breuer s'étant aventuré dans le labyrinthe inférieur d'une de ses patientes au risque de s'y retrouver enfermé. Encore un mot pour dire que de par mes précédentes lectures je n'ai pas été surpris des similitudes qu' Irvin Yalom souligne entre psychothérapie et philosophie. Le contraire serait étonnant, toutes deux étant issues du cerveau humain. J'en retire aussi une confirmation que l'enfer ce n'est pas les autres contrairement au dicton populaire. En lisant bien ce livre, je comprends que l'enfer (ou le paradis) c'est ici et maintenant et c'est aussi moi qui me le crée jour après jour. Au final, cette lecture certes me dépouille/me libère de certaines illusions mais ne m'a pas tué et donc, m'a rendu plus fort. Sur ce, je continue MON chemin sans vouloir pour cela tracer le VOTRE ni empiéter sur votre liberté. Puisse ce message être largement entendu et apporter la paix.
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Sous la plume d'Irving Yalom, même la psychologie de l'être le plus complexe vous paraît accessible. Nietzsche est introduit chez un grand psychiatre viennois, le docteur Josef Breuer grâce au stratagème de son ancienne amie, Lou Andréas-Salomé. Où nous découvrons le Vienne de l'art nouveau, les débuts de la psychanalyse avec Freud. le Dr Breuer,pris au jeu de son mensonge se retrouve psychanalisé par son patient, Friedrich Nietzsche, celui d'avant " Ainsi parlait Zarathoustra". Un portrait touchant et qui nous permet aussi, à nous, modestes lecteurs, de faire nôtre le "Deviens qui tu es", vaste et essentiel programme s'il en est: celui de toute une vie.
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Un roman qui se déroule à Vienne au XIXème siècle et qui met en scène des personnages illustres : Breuer, Nietzsche et Freud. L'auteur prend quelques libertés avec les faits puisque Breuer n'a jamais croisé Nietzche mais c'est pour notre plus grand bonheur.
Breuer, médecin généraliste reconnu par ses pairs, est sollicité par une belle jeune femme, plutôt délurée pour l'époque, afin qu'il intervienne auprès de Nietzsche, alors un obscur philosophe. Lou Salomé, inquiète de son état dépressif, demande de l'aide au médecin dont le travail auprès d'une patiente, Anna O., a fait grand bruit dans le milieu. Elle souhaite qu'il agisse en toute discrétion, sans que son ami sache qu'elle est à l'origine de la démarche.
C'est donc sur un mensonge que la rencontre se fonde. Nietzsche vient consulter Breuer, recommandé par son propre médecin, sans savoir que Lou Salomé qu'il a profondément aimée mais dont il rejette à présent l'affection, est à l'origine de ce premier rendez-vous.
La rencontre entre les deux hommes est le coeur du roman : Nietzche, philosophe génial méconnu, solitaire, épuisé par des migraines qui le tiennent alité, tourmenté par des maux physiques qui ne lui laissent aucun répit ; Breuer, médecin réputé, bien marié à une Mathilde parfaite, père de plusieurs enfants, est à un tournant de sa vie : il a 40 ans, se sent vieux, contraint dans un milieu bourgeois aux normes corsetées, toujours troublé par la sensualité de sa patiente Anna. O qui envahit ses nuits et peuple ses fantasmes.
Comment aider Nietzsche à se dévoiler, comment tenter avec lui une « cure par la parole » alors qu'il se dérobe chaque fois que Breuer tente d'évoquer sa relation avec Lou Salomé ? Pour l'empêcher de fuir, le retenir, le médecin va proposer un marché au philosophe : que ce dernier le guérisse des maux de l'esprit pendant que lui-même s'occupera de soigner les maux de son corps.
Voilà les deux hommes engagés dans une conversation où l'on voit peu à peu émerger ce qui deviendra la cure analytique. Avec beaucoup de pédagogie, mais aussi d'humour, Irvin Yalom s'emploie à expliquer les différents concepts, à mettre en scène les intuitions géniales de ses personnages, à illustrer une théorie plutôt complexe.
C'est un roman dont la lecture demande une attention soutenue, les dialogues sont savoureux mais exigeants, et qui plaira aux lecteurs intéressés par la psychanalyse – mais pas seulement. Et Nietzsche a pleuré aborde également la montée de l'antisémitisme en Autriche et les prémisses d'une ostracisation des juifs dans la société. C'est aussi une belle réflexion sur l'âge, le temps qui passe, les choix individuels – toutes ces questions qui taraudent chacun…
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