Fool Night, tome 4

Plongeant de plus en plus au coeur de la noirceur de cette société utopico-dystopique, Kasumi Yasuda ne nous prend pas pour des idiots et nous pousse à réfléchir sur les valeurs qu'on attend du vivre ensemble. Terrifiant mais puissant.

La série a définitivement pris un virage mi-thriller mi-critique sociale passionnant. C'est sombre mais terriblement fascinant. L'affaire que nous venons de vivre avec Ivy n'avait pas que pour but de nous faire suivre un serial killer mais de révéler plutôt les sombres secrets de cette société qui se cache un peu trop derrière un faux altruisme avec ses transflorés "volontaires". C'est parfaitement réussi.

Tandis que nos héros se font gentiment taper sur les doigts pour le rôle qu'ils ont joué dans la révélation au grand public de certains secrets, ils poursuivent également discrètement l'enquête et creusent les motivations d'Ivy, découvrant tout un système souterrain des plus effrayant impliquant le bidonville du coin : la ville précaire, comme elle se nomme. Cette plongée dans les noeuds sombres du système fut terrible et fascinante. Avec toujours autant de talent et de facilité, l'auteur nous prend par la main pour nous conduire à la rencontre de cette nouvelle société et ça fait mal.

Le canevas de l'histoire continue donc de s'agrandir et se complexifier, rajoutant de nouveaux personnages, de nouvelles victimes aussi et surtout de nouvelles dynamiques. On découvre ainsi combien cette transfloraison tant vantée est en fait un véritable marché avec sa part d'ombre, comme si chaque transaction honnête avait aussi sa contrepartie cachée au marché noir. Ce récit qui se fait par un mélange d'enquête de nos héros sur le terrain et de rencontre de nouveaux anonymes qui très vite ne le restent pas pour nous est frappant. On est assujettis à cette noirceur, captifs volontaires, incapables d'en sortir et souffrant devant les drames qui se nouent et se jouent. C'est terrifiant et profondément dérangeant.

Entre manipulation de l'opinion, secte communautaire propagandiste, trafics et drames humains qui nous touchent aussi bien charnellement que psychologiquement, Fool night fait un portrait bien sombre de ce dans quoi pourrait basculer une humanité toujours plus égoïste mais qui se voile et nous voile la face. C'est sombre, puissant, dérangeant et révoltant, vraiment le genre de SF d'anticipation avec lequel je me régale grâce à des héros qui osent aller au fond des choses et une mise en scène graphique marquante. Ne laissez pas ce titre rester dans l'ombre !
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Plein de mangaka ont publié de grandes séries sur leurs débuts, aussi il n'est pas totalement incongru de voir Yasuda construire un projet d'une grande ambition et d'une maîtrise très assurée pour sa première oeuvre. Sans revenir sur les excellents dessins, à cheval entre le manga et la franco-belge (ou plutôt le style italien) et qui installent une atsmosphère de polar redoutable dans les ombres et lumières, ce tome marque une forme de pause permettant le développement après la grande violence et l'action du précédent.

Le meurtrier disparu, l'équipe de l'Institut de transfloraison semble éliminer ses querelles pour affronter les conséquences des évènements: mis au pas par les forces de police, ils vont devoir enquêter pour comprendre qui était cet enfant devenu sanctiflore animé, ce qui va les amener à explorer l'univers des transflorés qui restait en coulisses jusqu'ici. Étirant un peu les relations entre Toshiro et Yomiko, l'auteur installe une situation insurrectionnelle alors que les anti-transfloraison multiplient les manifestations et agressions contre les tenants du système. Pas vraiment d'intrigue politique mais une tension qui élargit la focale qui restait jusqu'ici un peu interne au héros et à l'Institut. Et c'est une excellente chose qui donne une respiration en nous faisant voir du pays et de nouveaux protagonistes en généralisant des problématiques plus complexes que ce que l'Etat veut bien montrer.

Franchement novateur, ce manga s'installe comme une valeur sure de SF sociale tirant sur le polar. Kasumi Yasuda semble avoir énormément de choses à dire et à montrer dans sa besace et il est fort probable que l'on ne soit qu'au début d'une grande saga tant les potentialités ouvertes par son hypothèse sont grandes. Une des séries majeures à suivre actuellement, mon petit doigt me dit que cette série restera marquante…

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J'en suis désormais au quatrième tome de Fool Night, et comme toujours les sentiments à la lecture de ce quatrième volume sont confus. Il est certain que la découverte de la véritable identité d'Ivy à la fin du tome 3, m'avait amené à ressentir une forte empathie avec ce petit garçon devenu une arme meurtrière malgré lui. Au vu des éléments apportés dans le manga, c'est à présent la colère qui domine, puisqu'on en apprend plus sur la création ainsi que sur les motivations de l'enfant à avoir accepté ce sort injuste. Il passe donc du statut de tueur à celui de victime, même s'il reste responsable des atrocités qu'il a commises.

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