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Henri Sée (Traducteur)
EAN : 9782847346169
493 pages
Tallandier (01/10/2009)
3.67/5   9 notes
Résumé :

Comment vit-on en France à la veille de la Révolution ? Arthur Young, avec son célèbre Journal de voyages, offre au lecteur une peinture saisissante de l'état économique, social et politique du pays à la fin de l'Ancien Régime. Au cours de sa traversée à cheval du royaume, entre 1787 et 1789, le voyageur anglais fréquente tous les milieux, des auberges à la cour de Versailles en passant par les t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici un livre d'un observateur britannique affuté. A ne pas lire comme un roman, mais à découvrir doucement, date par date, pour voir la france de la fin des années 1780 à travers l'oeil exercé d'un anglais voyageant en France pour étudier le système productif agricole. Dit comme ça, cela parait complètement rébarbatif. Mais non. Il observe la société française dans son ensemble, toutes les populations, le fonctionnement féodal, les impôts, les maisons, la fréquentation des routes, l'état des auberges...

Reprenons.
Nous sommes donc fin XVIIIe. La société aristocratique et parisienne de l'époque servait de modèle dans les milieux policé de l'Europe des Lumières. Mais ce n'est pas du tout ce qui intéresse notre auteur. Il venait, dit-il, "persuadé de l'importance qu'il y avait à connaitre la situation réelle de la France, la condition des fermiers, les pauvres...et une centaine d'autres questions d'importance politique''. Son voyage est minutieusement préparé, il a des lettres d'introduction auprès des notables dans les régions, les sociétés d'agriculture...
Il fait un premier voyage en 1787, il revient en 1789, et est témoin des révoltes annonçant la révolution. Bien que ses voyages soient minutieusement préparés, il ne néglige aucune occasion de se renseigner sur sa route, partout il discute et questionne, éveillant parfois la méfiance des villageaois. Il analyse ce qu'il voit par rapport à ce qu'il connait: l'Angleterre et son système politique déjà capitaliste, le Norfolk et son agriculture. La révolution technique agricole anglaise et la révolution politique et sociale en France sont donc en arrière-plan, se croisent, et dans son esprit les deux sont liés: les grands propriétaires du royaume n'avaient pas su selon lui prendre la tête d'un mouvement de rénovation de l'agriculture.
Ses observations et analyses sont très précieuses car il croise des observations de mille petits détails souvent révélateur des réalités sociales, et de plus, comme il est étranger au royaume, il peut s'abstraire des tensions de l'époque.
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Moi j'aime bien, je ne sais pas trop pourquoi. C'est un journal de bord (voyage de 1787, de 1788, de 1789) qui n'a rien de palpitant ni de sensationnel, c'est assez répétitif (notre anglais curieux des différences entre son pays et la France nous rend compte de ce qu'il a mangé dans telle ville, de combien il a payé telle auberge pour lui et pour son cheval, combien de lieues il a parcouru, avec qui il a parlé etc). Je crois que cela m'aurait autant intéressée même si les dates de ces voyages avaient été plus anodines. de temps en temps j'y découvre des détails de vie quotidienne dont je ne soupçonnais pas l'existence. Sa philosophie économico-politique est pleine de bon sens et il met souvent le doigt sur des dysfonctionnements de l'organisation sociale propre à l'ancien régime.

Je n'aime pas du tout les choix de l'éditeur: j'aurais largement préféré des notes de bas de page plutôt que de perdre du temps à fouiller à la fin des 3 récits à quel village au juste correspond celui de la note 132 du second voyage par exemple, c'est même tellement chiant que l'on s'abstient le plus souvent d'aller à la pêche à la bonne note car un chiffre correspond à 4 possibilités en général...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il est impossible de justifier les excès du peuple quand il a pris les armes; il s'est certainement laissé entraîner à des cruautés, et il serait inutile de prétendre nier des faits trop clairement établis pour pouvoir être mis en doute. Mais est-ce vraiment au peuple qu'il faut tout imputer? Ou bien à ses oppresseurs, qui l'ont si longtemps tenu dans l'esclavage? Celui qui accepte d'être servi par des esclaves, et des esclaves mal traités, doit s'avoir qu'il place sa propriété et sa vie dans une toute autre position que celui qui préfère les services d'hommes libres et bien traités; celui qui festoie à la musique des gémissements de ses victimes ne doit pas se plaindre si, au moment de l’insurrection, ses filles lui sont ravies et mises à mort et ses fils égorgés. Quand des crimes de ce genre se produisent, on les doit imputer à la tyrannie du maître plus qu'à la cruauté du serviteur. On peut appliquer ces considérations au paysan français.
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[...]

Pour juger équitablement la Révolution française, il convient de considérer attentivement les maux de l'ancien gouvernement. Quand on aura touchés du doigt, et quand on aura compris l'étendue et l'universalité de l'oppression sous laquelle le peuple gémissait - oppression qui l'écrasait de toutes parts - il sera difficile d'essayer de soutenir que la révolution n'était pas absolument nécessaire pour le bien du royaume. Aucun contradicteur ne peut raisonnablement s'élever contre cette assertion : les abus devaient être à coup sûr et efficacement réformés, et cette réforme ne pouvait se faire sans l'établissement d'un nouveau système de gouvernement. Si la forme de celui qu'on a choisi était la meilleure, c'est une autre question tout à fait différente; mais que le détail, que j'ai ci-dessus exposé, des énormes abus auxquels le peuple était soumis exigeât un grand changement, c'est ce qui est assez évident.
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Il est impossible de justifier les excès du peuple quand il a pris les armes; il s'est certainement laissé entraîner à des cruautés, et il serait inutile de prétendre nier des faits trop clairement établis pour pouvoir être mis en doute. Mais est-ce vraiment au peuple qu'il faut tout imputer ? Ou bien à ses oppresseurs, qui l'ont si longtemps tenu dans l'esclavage ? Celui qui accepte d'être servi par des esclaves, et des esclaves mal traités, doit savoir qu'il place sa propriété et sa vie dans une toute autre position que celui qui préfère les services d'hommes libres et bien traités; celui qui festoie à la musique des gémissements de ses victimes ne doit pas se plaindre si, au moment de l'insurrection, ses filles lui sont ravies et mises à mort et ses fils égorgés. Quand des crimes de ce genre se produisent, on les doit imputer à la tyrannie du maître plus qu'à la cruauté du serviteur.
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26 mai - J'avais passé si peu de temps en France que tout y était nouveau pour moi. Tant que nous ne sommes pas accoutumés aux voyages, nous avons un penchant à tout dévorer des yeux, à tout admirer, à chercher du nouveau même là où il est ridicule d'en attendre. J'ai été assez niais pour espérer trouver des merveilles jusque ici inconnues de moi, comme si une rue de Paris se pouvait composer d'autres choses que de maisons, et les maisons d'autres choses que de briques ou de pierres, comme si les habitants, parce qu'ils ne sont pas Anglais, devaient marcher sur la tête. Je me déférai de cette naïveté aussi vite que possible, et je porterai mon attention sur le caractère et les dispositions de la nation. Cela conduit tout naturellement à saisir les petits détails qui, parfois, les dévoilent le mieux: tâche difficile, et sujette à beaucoup d'erreurs.
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Dans un voyage à l’étranger, l’une des choses les plus amusantes, c’est l’occasion que l’on a d’observer la différence des usages dans les différentes nations, en ce qui concerne la vie de tous les jours. Dans l’art de vivre, le reste de l’Europe a en général considéré les Français comme ayant fait les plus grands progrès ; aussi leurs mœurs ont-elles été plus imitées et leurs usages plus adoptés que ceux d’aucune autre nation. Sur leur cuisine, l’opinion est unanime ; quiconque en Europe veut avoir une bonne table se fait servir par un cuisinier français ou par quelqu’un d’expert en cuisine française.
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