Il n'est en effet jamais trop tard puisque
Anne Youngson publie ce premier roman à l'âge de 70 ans. Total respect pour cette opiniâtre et talentueuse mamie puisque son coup d'essai est également un coup de maître.
Tina n'a pas oublié le Professeur Glob qui en 1964, lui a dédié ainsi qu'à 13 autres collégiennes, son ouvrage Les hommes des tourbières, après la découverte de l'Homme de Tollund en 1950 au Danemark. Aujourd'hui âgée de 60 ans, Tina se penche sur son passé et par l'intermédiaire du musée de Silkeborg écrit au Professeur Glob. Mais ce dernier étant décédé puisqu'il aurait 104 ans, c'est Anders Larsen, le nouveau conservateur qui lui répond.
Avec lenteur et pudeur, une relation épistolaire s'établit entre Tina, l'anglaise enlisée dans une vie de paysanne depuis que très jeune elle a dû épouser le père de l'enfant qu'elle attendait, sacrifiée par les exigences sociales de ses parents qui lui ont interdit d'avorter ou d'avoir un bébé seule, et Anders, le danois, archéologue fasciné par l'Homme de Tollund, qu'il étudie pour trouver comment un lointain passé peut éclairer le présent et permettre de trouver une place dans la chaîne humaine. Veuf, Anders mène une vie intellectuelle, austère et solitaire. Au-delà de leurs différences, Tina et Anders se trouvent des points communs. La plus grande partie de leur vie est derrière eux, mais ils sont encore à un âge où ils peuvent décider de modifier le cours des années restantes. Encouragés par la distance protectrice qui les sépare, ils sortent peu à peu de leur timidité pour échanger des confidences, évoquer des anecdotes de leur vie jamais révélées, des projets qui n'ont pas été réalisés, parler de leurs enfants, de leurs joies ou peines, des récoltes, de tricot ou de framboises ... le vide de leur vie actuelle, leur attirance réciproque peuvent-ils être comblés par un simple et facile voyage qui les réunirait ?
Quel beau roman doux-amer sur le temps perdu qui ne se rattrape pas, sur une tendre et saine amitié née tardivement entre deux personnes éloignées l'une de l'autre. Une grande et forte histoire, soutenue par une correspondance de haut niveau et des incursions archéologiques qui donnent envie de découvrir l'Homme de Tollund. Un épilogue émouvant qui laisse filtrer un peu de lumière... Que dire de plus ?
Il n'est jamais trop tard pour bien faire.