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4,15

sur 1545 notes
Je crois bien ne m'être jamais sentie aussi mal à l'aise pour écrire un avis. Non pas que le roman ne m'ait pas plu, bien au contraire, mais simplement parce qu'il est d'un tel niveau que je ne me sens pas du tout à la hauteur de l'exercice.
Je vais toutefois faire de mon mieux.

Pour commencer, si vous avez l'intention de lire ce roman et que vos connaissances historiques sont faibles, il va vous falloir réviser. Je pense très sincèrement qu'il est indispensable de bien connaître le cadre historique dans lequel évolue Zénon pour comprendre cette oeuvre un minimum. le récit se déroule au XVI ème siècle en pleine période de la Réforme, l'Europe connaît l'explosion de plusieurs formes nouvelles d'interprétation des Ecritures, les critiques violentes envers l'Eglise catholique, les moeurs scandaleuses de son Clergé, aboutissent à des contestations et à l'émergence du protestantisme, du calvinisme et d'autres doctrines. Théologiens, philosophes participent activement à un débat d'idées dont la diffusion au sein des masses populaires est facilité par le perfectionnement des techniques d'imprimerie. L'Eglise catholique sent le danger et prend des mesures : concile de Trente, censure, Inquisition, parlements, et tribunaux dits « d'exception » engagent la Contre-Réforme et font la chasse aux « dissidences ».
Marguerite Yourcenar place principalement son histoire aux Provinces-Unies ( une partie du Nord de la France actuelle, Belgique et Pays-Bas). Si les noms de Charles Quint, Duc d'Albe, Gueux de mer, des comtes d'Egmont et Hornes ne vous disent rien, vous risquez d'être rapidement perdu.
Je suis très contente d'avoir eu la question des guerres de religion à étudier pour le capes il y a quelques années. Sans ces connaissances, tout me serait resté affreusement obscur. Je pense en particulier à l'épisode de Münster que Marguerite Yourcenar fait revivre par sa plume bien que nos sources historiques ne nous permettent pas de savoir dans le détail ce qu'il s'est passé.

C'est donc un cadre historique très précis et très complexe qui accueille le personnage principal Zénon. Zénon est un esprit libre de l'époque s'intéressant et touchant à de nombreux domaines comme la médecine, les sciences techniques, l'astronomie, l'alchimie etc… Il concentre en lui nombre des traits de personnages ayant réellement existé et dont Yourcenar s'est inspirée : Erasme, Ambroise Paré, Léonard de Vinci, Paracelse… Marguerite Yourcenar s'amuse parfois à faire de Zénon un visionnaire rêvant à des progrès techniques qui permettraient à l'homme d'évoluer dans les airs et sous la mer et, à l'instar de ceux qui l'ont inspirée pour la création de son personnage, elle lui attribue des idées très modernes.
On retrouve donc en Zénon un peu de tous ces esprits éclairés qui ont marqué l'époque moderne.

L'oeuvre au Noir se découpe en 3 parties. La première s'attache à relater l'histoire de la famille de Zénon, on apprend aussi certaines choses sur Zénon lui-même mais uniquement par ouï-dire, on l'aurait vu à tel ou tel endroit. Sa réputation est déjà faite, on le soupçonne de nourrir des idées subversives et de sympathiser avec l'ennemi « mahométan ». Zénon voyage beaucoup et cette première partie est liée à cette époque de sa vie : l'errance au cours de laquelle il se forge son esprit et acquiert de solides connaissances. Il côtoie les plus grands en tant que conseiller ou précepteur.
Puis Zénon décide de se fixer. Il rentre à Bruges, sa ville d'origine. Ayant publié des écrits contrevenant à l'ordre établi, Zénon est recherché et doit donc utiliser une personnalité d'emprunt. Il se réinvente une vie et décide de consacrer son temps à soigner les malades et les plus pauvres au sein d'un établissement ecclésiastique. Des évènements feront que Zénon sera démasqué.
La troisième partie est alors consacrée à son procès et son séjour en prison.

Tout au long du roman, Marguerite Yourcenar analyse les mentalités de l'époque à travers l'esprit critique de Zénon. Elle le fait rencontrer des personnages tantôt tolérants, tantôt obtus. S'ensuivent alors de savoureux dialogues. Savoureux par le style, par le sens, bien qu'il ne soit pas toujours évident d'en saisir toutes les subtilités. le texte est truffé de références bien précises et certainement pas anodines, références à la mythologie, à la Bible, à des écrits des penseurs de l'époque. Lorsque comme moi, on a une culture assez pauvre dans ces trois domaines, c'est assez frustrant …mais pas gênant. Pas gênant parce que, sur le coup, on ne s'en aperçoit pas. Mais c'est une fois ma lecture achevée et ayant effectué quelques recherches que je suis tombée sur un document précisant toutes ces références et que je me suis alors rendue compte de tout ce qui m'avait échappé. C'est pourquoi je pense qu'une relecture s'impose. de plus, de nombreux thèmes sont abordés, tolérance, liberté d'expression et de culte, homosexualité, torture, l'innovation scientifique et ses conséquences, le pouvoir, l'inégale répartition des richesses... Et on se rend compte que les questionnements de l'époque ne sont pas si éloignés des nôtres. Ce qui en fait un texte étonnamment contemporain par certaines des problématiques soulevées.

Un dernier mot concernant le titre :
L'oeuvre au noir est la première étape du processus alchimique censé aboutir au Grand Oeuvre c'est-à-dire à la pierre philosophale apportant immortalité et permettant de transformer les métaux en or. Ce processus compte 4 étapes : l'oeuvre au noir, l'oeuvre au blanc, l'oeuvre au jaune et enfin l'oeuvre au rouge.
L'étape de l'oeuvre au noir « désigne dans les traités alchimiques la phase de séparation et de dissolution de la substance qui était, dit-on, la part la plus difficile du Grand Oeuvre. On discute encore si cette expression s'appliquait à d'audacieuses expériences sur la matière elle-même ou s'entendait symboliquement des épreuves de l'esprit se libérant des routines et des préjugés. Sans doute a-t-elle signifié tour à tour ou à la fois l'un et l'autre. » (tiré des notes de l'auteur)
Tout le roman illustre parfaitement, à travers Zénon, l'acception symbolique de la définition de l'oeuvre au noir donnée par Marguerite Yourcenar.

L'oeuvre au Noir est donc une lecture très exigeante et qui nécessite un solide bagage culturel. C'est une oeuvre très riche, magnifiquement écrite, qui décrit parfaitement toute une époque et ses mentalités et qui m'aura donné du fil à retordre pour écrire cette chronique. Néanmoins, ça en valait la peine tellement cette oeuvre m'a éblouie par ses qualités littéraires et son érudition.

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Quelques bouquins avalés à la hâte avaient forgé mon orgueil et je me targuais d'érudition. Je me croyais armé pour défier Marguerite Yourcenar. Avec son "look" de paysanne du terroir, elle n'impressionnait pas le jeune coq que je suis en littérature.

Il m'avait quand même fallu élever un peu le regard avec Mémoires d'Hadrien, et mesurer du même coup l'ombre que répandait sur mes certitudes la dimension de son auteure. Mais soit, cette ouverture sur l'antiquité m'avait mis du baume au coeur. N'était-ce pas une « période dorée » comme le disait elle-même Marguerite à Bernard Pivot dans un entretien en son refuge américain.

C'est avec Zénon, le héros de L'Œuvre au noir, que j'ai poursuivi mon bras de fer avec le monstre d'érudition. Au gré des chapitres, j'ai partagé la vie d'errance de l'alchimiste. Lui pourchassé par l'obscurantisme d'une religion qui n'admet ni concurrence ni contradiction, moi par les mêmes démons que ceux qui m'ont conduit sur les chemins de l'école buissonnière.

Je me rends compte très vite que Marguerite Yourcenar a placé la barre très haut. Elle a en outre convoqué dans cet ouvrage tant de célébrités des temps anciens qui me sont inconnues, que la solitude m'étreint dans ce monde surpeuplé. Pas étonnant que je ne perçoive que froideur chez les contemporains de Zénon. Il faut dire aussi que, convaincus d'une foi qui nous est aujourd'hui étrangère, ils sont capables d'avancer vers le bûcher avec moins de trouble que moi vers le siège du dentiste.

Zénon rêve de liberté. Celle-là même qui nous fait aujourd'hui récuser les lois de la nature. Philosophe, il trouve dans la sagesse compensation à sa privation. C'est un grand observateur de son temps. Son point de vue donne à Marguerite Yourcenar prétexte à développer le sien propre sur cette époque intraitable envers qui oserait avancer que la terre tourne autour du soleil.

Alchimiste, il croit à l'immanence de la matière, la transmutation du plomb en or. Malgré les efforts de la science pour nous convaincre du leurre, ce rêve insensé nous est resté. Mais les jeux de hasard se sont substitués au plomb dans une alchimie encore plus subtile dont on connaît le bénéficiaire.

Médecin, Zénon redevient réaliste. La plus grande qualité de l'époque pour un tel praticien étant le fatalisme, en la maladie il détecte une raison supérieure, en la souffrance une punition. Quand pour nous le refus de la douleur est devenu une exigence.

Humaniste, il regrette cependant ce que les hommes font de leur vie. Les espoirs qu'il tire de son idéalisme forcené sont battus en brèche par une religion qui gouverne les esprits en ce XVIème siècle en Europe. Il lui récuse néanmoins le monopole de la vérité : "Je me suis gardé de faire de la vérité une idole, préférant lui laisser son nom plus humble d'exactitude".

Seul un personnage fictif pouvait regrouper autant de qualités pourtant parfois difficiles à faire cohabiter dans le même esprit. Il est construit sur mesure et donne ainsi à Marguerite Yourcenar le champ pour développer ce que son esprit foisonnant peut concocter afin de faire passer son message.

S'il est vrai que la quête alchimique commence par l'introspection, L'Œuvre au noir m'a renvoyé à mes insuffisances. Voilà un ouvrage propre à redonner de l'humilité à qui voudrait se glorifier d'une culture qu'il n'a pas. Il s'en trouvera forcément détrôné au sortir d'un tel ouvrage. Je ne dirai pas que cette lecture m'a comblé de bonheur. Chaque page est si lourdement chargée d'autant de volumes ingurgités par son auteure pour en sculpter chaque phrase que mes frêles épaules ont ployé.

Me voilà dépité au sortir de mon empoignade. Une fois de plus je n'ai pu que mesurer la hauteur de la montagne dont le sommet se perd désormais dans les nuages. Me voilà renforcé dans ma conviction de persévérer pour combler ce que les dissipations de mes universités ont pu me faire accumuler de lacunes.

Le sourire malicieux figé sur le masque de celle que je voyais comme une paysanne du terroir m'a fait comprendre l'inégalité du combat. Quand tu ne peux pas abattre ton ennemi, embrasse-le. Marguerite, je t'aime un peu, beaucoup, à la folie. Même si tu es sévère avec mon pauvre discernement, je reste beau joueur.
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Intimidé, on peut l'être, devant un tel titre, assurément l'un des plus beau de la littérature française, peut-être le roman le plus éclatant de cette grande citoyenne du monde, dont Bruxelles conserve jalousement l'origine, à défaut de sa citoyenneté, malgré son emploi juste et remarquable du mot « couque »…

Marguerite Yourcenar n'a eu de cesse d'arpenter le monde, elle qui a si bien su se défaire de certaines convenances, pour mieux en embrasser d'autres, refusant obstinément de servir autre chose que la grande littérature, ne laissant dans les mémoires en mal de figure qu'une image floue et peu accessible, impossible à ériger comme symbole malgré sa grande liberté.

Sa langue d'une grande richesse apparait double : tout en embrassant les grands préceptes linguistiques de ses aînés, elle use parfois d'une syntaxe propre à des langues non-latines, déliant de longues propositions dont le sens ne viendra qu'une fois toutes étalées.

Sous prétexte du grand roman historique, elle en profite pour créer un inoubliable personnage littéraire, l'alchimiste Zénon, modèle de rigueur et de doute dans une époque propice aux délires religieux, double personnel et sûrement inconscient du Zéno d'Italo Svevo

La structure de l'oeuvre, sans cesse remaniée, donne lieu à une longue introduction explicative dans cette version Pléiade, amenant peut-être cette impression d'une oeuvre qui, à force de travail de son auteure, semble souffrir d'un petit manque de « fraîcheur », laissant navré l'auteur de cette critique devant ce sentiment qu'il arrive à s'expliquer sans bien réussir à le définir… Serait-il influencé par l'appareil critique au point d'y voir des failles qui n'existent pas ?
Toujours est-il que le roman semble parfois un peu morcelé, désincarné, quand à d'autres moments il étonne par la proximité qu'il arrive à établir avec une période si lointaine et chaotique, où le prix d'une vie humaine semblait si dérisoire face aux volontés pyromanes de ses ignobles dirigeants-gourous ; certains passages sont absolument saisissants d'empathie, tel son inoubliable épilogue, quand d'autres semblent figés dans une froide contemplation, la complexité de certaines phrases en partie responsable.

Mais que l'on ne s'y méprenne pas, la catégorisation « chef-d'oeuvre » ne souffre d'aucune contestation possible, et sa lecture ne s'avère au final pas si exigeante — contestant par là l'avis de certains lecteurs, sans doute réticents à prolonger une certaine concentration, effets délétères prouvés de l'utilisation des smartphone (*) — alors que résonne encore l'empreinte de cette poignée d'Homme qui, tout au long de l'Histoire, ont su refuser les injonctions d'un pouvoir éternellement corrompu par la veulerie et le mensonge.

(*) : vous n'y verrez là, je vous en prie, aucune malice de ma part, plutôt un simple constat corroboré par toutes les études d'impact un peu sérieuses sur le sujet (elles sont d'ailleurs plutôt en petit nombre, vu l'emploi à présent unanime et discriminatoire de ces engins) : ces objets détruisent littéralement la capacité d'attention et de concentration de leurs utilisateurs, et résister à leur usage enferme l'individu-rebelle dans une certaine solitude, rangé comme ermite ou marginal, son attitude critique balayée par une soi-disant contingence à la modernité…
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Quelle claque! Que dire d'un tel livre ? Que sa lecture est exigeante, qu'il faut avoir atteint une certaine maturité pour le lire ? (Amis professeurs de français ne le donnez pas à vos élèves de lycée par pitié!). Entre les références historiques et religieuses d'une part et d'autre part un style riche voire précieux, il faut un lecteur aguerri et courageux.
Mais enfin quel bonheur de lecture! Quel voyage initiatique merveilleux nous faisons avec Zénon dans sa recherche de la sagesse et de sa vérité. Je ne sais pas si l'alchimiste transmue véritablement la matière vile en or, mais je sais que l'écrivain, lui, est le véritable alchimiste qui change toute matière linguistique anodine en oeuvre d'art (quelle que soit sa couleur!). Et ce livre figurera longtemps en moi comme un trésor sur lequel on veille jalousement.
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Marguerite Yourcenar écrit dans ses "carnets de notes" sur "L'Oeuvre au noir" ces mots précieux qui servent à éclairer le lecteur sur le but qu'elle s'est fixé à travers la rédaction de son roman : "Le corps, l'âme, et l'esprit, imbriqués ; bien plus, formes différentes prises par une seule substance vivante [...]". C'est via la biographie fictive du dénommé Zénon, bâtard d'une riche héritière flamande et d'un aventurier italien dont la carrière oscille entre clergé, armée et diplomatie, que l'auteur va livrer au lecteur sa propre fascination pour l'Homme, dans son universalité.

Nous sommes au XVIème siècle, en Europe. Période charnière entre deux ères, nommées par les historiens Moyen-Âge et Temps Modernes. Zénon, en rejet des Ordres auxquels on le destinait, est attiré par la mécanique, les sciences, la médecine, la chirurgie, l'alchimie, la philosophie et tout autre domaine offrant la perspective de découvertes et d'étapes nouvelles sur le chemin de la connaissance que la frileuse Humanité se doit de franchir. Période charnière également dans le domaine des technologies depuis que certain génie italien s'est mis à dessiner des machines volantes, et dans celui de la spiritualité où la Réforme s'amorce et crée les premiers troubles dans les âmes. L'obscurantisme médiéval a certes reculé mais les idées nouvelles ne sont pas toujours claires pour le quidam. Sur l'échiquier politique, la suprématie des empereurs Habsbourg sur l'Europe assujettit les peuples au nord comme au sud...

Marguerite Yourcenar, dont la plume est, de mon point de vue, tout à la fois d'une complexité et d'une beauté effrayantes, entraîne ainsi le lecteur dans l'existence de cet être atypique qu'elle a choisi pour cobaye afin de disséquer cette trinité qui se réalise en chaque homme : l'âme, l'esprit, le corps. Pour rétablir un équilibre, il aurait fallu y adjoindre le coeur mais là n'est pas son propos, elle semble s'en désintéresser, isolant à l'envi ses personnages dans un monde sans affection, sans tendresse, dur et froid comme le métal, inflexible aussi comme en témoigne le dernier tiers du roman où Zénon comparaît devant un tribunal ecclésiastique pour avoir publié des "Prothéories" propres à dresser un bûcher sous ses pas. Une vision si peu édulcorée et si réaliste qu'elle fait irrésistiblement songer aux toiles de Bosch et de Brueghel.

Les développements érudits et verbeux de l'auteur sur la foi, la politique et les sens ont plus d'une fois eu raison de ma concentration et de mon intérêt. L'auteur mêle avec équité spiritualité et philosophie pour éveiller du fond des âges les éternelles questions restées sans réponses sur la nature humaine et qui offrent un terreau fertile à l'Humanisme en mouvement.

Un tel roman me ramène en toute humilité à ma crasse intellectuelle. J'ai dû lire le roman à voix haute de la première à la dernière page tant j'ai immédiatement eu besoin du secours combiné de mes mémoires visuelle et auditive pour comprendre le sens des mots qui défilaient sous mes yeux et encore ne les ai-je pas tous saisis dans la profondeur de leur portée. C'était la première fois que je me frottais à l'auteur, mal m'en a pris. "L'Oeuvre au noir" est un essai philosophique qui se dissimule sous les traits d'un roman et auquel il faudrait consacrer une attention d'universitaire, ce que je ne suis plus depuis dix ans. D'ailleurs, ma maîtrise d'histoire me semble vaine et lointaine, inutile et superficielle, devant un tel texte qui a mis à mal ma vanité de lectrice qui croyait pouvoir aborder en toute confiance toute littérature mais qui est encore très loin de pouvoir en apprécier la substantifique moelle.


Challenge ABC 2012 - 2013
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L'oeuvre au noir ! que ce titre m'a interpellée !
Bien sûr, ce terme fait référence à l'alchimie et selon la 4ème de couverture, ce roman conte l'histoire d'un …alchimiste !

L'alchimie : mélange de soi-disant science et de mysticisme pour arriver à la pierre philosophale capable de transformer n'importe quel métal en or, ou, pour le dire moins trivialement, prolonger la vie humaine en guérissant tous les maux de l'humanité pour prolonger la vie. Et Zénon est un médecin, à la pointe du progrès et des innovations. Mais c'est aussi un penseur, un philosophe, auteur dont les oeuvres sont bonnes pour le bûcher.
Si elle « colle » à Zénon ce qualificatif d'alchimiste, n'est-ce pas plutôt pour mieux le vêtir d'invisibilité auprès de ses concitoyens ? L' alchimiste analyse les métaux, recherche des solutions (tant en terme de liquide que de résolution de problèmes) c'est un scientifique mais c'est aussi et surtout un mystique , un religieux. Et en ces temps mieux valait ne pas être athée : c'est l'empoignade entre catholiques, réformés, musulmans ; un soupçon et le bûcher flambe.

Le temps de Zénon est celui du 16ème siècle et quel siècle ! Celui de la Renaissance : le Moyen Age se termine et l'époque classique sera son futur. Siècle des Grandes Découvertes , de la Réforme et des guerres de religion. Tout bouge et tout évolue dans la violence, le sang et la foi. Et si c'était cette époque le fondement de notre civilisation ?

Zénon n'est pas un croyant. Il est un homme libre de la plus belle espèce. Il est intemporel. C'est un homme de science qui assumera tous ses choix.

Le premier chapitre nous montre deux jeunes hommes, deux cousins à la croisée des chemins : si l'un fait le choix des armes et prend la grande route, pour rejoindre une armée et s'y fondre dans sa discipline, l'autre choisit les chemins de traverse et l'étude. Tout est dit, ou presque : Zénon sera un voyageur, un écumeur d'horizons uniquement mené par son intelligence, son esprit critique.

Marguerite Yourcenar nous raconte ce philosophe médecin depuis sa conception ; rencontre improbable d'un beau manipulateur formé à l'école florentine qui avait discuté machines de guerre avec un certain Léonard de Vinci, partagé l'amitié de Michel Ange et d'une riche et belle illettrée de Bruges. Quel héritage pour Zenon !

Elle le fait voyager depuis le coeur des Flandres jusqu'en Orient et en Suède. Pour Marguerite Yourcenar le voyage c'est la découverte d'autres façons de vivre, de penser, c'est donc oublier ses « pré-jugés ». Et c'est ce que fait Zenon. Si je devais imaginer une image, ce serait celle de l'épée. Pour quelle soit belle et efficace, il faut la fabriquer dans un beau métal, la forger à grands coups, la plonger dans l'eau glacée et le feu. Et quand, enfin elle est achevée, il ne lui reste plus qu'à affronter ce pour quoi elle a été réalisée : la mort. Et là, je ne suis pas d'accord avec cette fameuse quatrième de couverture : Zénon n'est pas broyé, il choisit SA mort.

Comment ne pas admirer ce livre ?
L'écriture est belle et si riche. Ce siècle, nous est dépeint dans toute sa fureur mais surtout dans toute son énergie et sa créativité. Plus dangereux mais aussi tellement plus exaltant que le 19ème siècle.
Un beau portrait de ce que pourrait être l'humanité traversant la vie en assumant pleinement ses choix.
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Comment approcher un tel sommet de la littérature autrement qu'avec modestie et, dans mon cas particulier, j'avoue, avec une certaine dévotion aussi, que je ne saurais cacher?

L'oeuvre au noir, dans la tradition hermétique, est le premier échelon à gravir avant toute mutation alchimique. L'«opus nigrum», oeuvre de «dissolution et de calcination des formes» («solve et coagula», selon la formule du célèbre Nicolas Flamel) serait l'étape la plus difficile à réaliser et, en même temps, celle qui dépendrait le plus étroitement de la volonté propre de l'alchimiste.

Outre, bien évidemment, les expériences qui peuvent être conduites sur la matière elle-même, il s'agirait en l'occurrence, pour ce dernier, sur un plan plus symbolique, de s'affranchir de ses passions et de ses instincts primitifs, de ses croyances personnelles les plus enracinées, ainsi que «des routines et des préjugés» provenant en grande partie du formatage extérieur exercé par son époque, dans le but de dissoudre son moi profond dans l'universel et, le cas échéant, de pouvoir accéder à une forme de connaissance nouvelle et supérieure. L'image du Phénix s'impose ici : renaître à partir de la «calcination» de sa condition humaine...trop humaine!

Séparation et dissolution qui, mutatis mutandis, auront demandé plus de trente ans à Marguerite Yourcenar avant de parachever son oeuvre à elle, entamée en 1923-24, écrite et réécrite de nombreuses fois pendant plus de trente ans, depuis la toute première apparition de son personnage central, Zénon, dans ses fictions de jeunesse. Personnage en or parmi ceux que l'auteure abritait en elle et avait réussi à rendre autonomes et à vivre en dehors d'elle-même («chaque écrivain ne porte en soi qu'un certain nombre d'êtres»), ce médecin et alchimiste, né au début du XVI siècle, semble avoir été, plus qu'aucun autre (y compris que son cher Hadrien !) proche de l'auteure. Pour preuve, ce qu'on peut lire dans ses «Carnets de notes de l'Oeuvre au Noir» incorporés, selon sa volonté, aux éditions de son roman:
« Que des fois, la nuit, ne pouvant dormir, j'ai eu l'impression de tendre la main à Zénon (...) Je connais bien cette main d'un brun gris, très forte, longue, aux doigts en spatules, peu charnus, aux ongles assez pâles et grands, coupés ras. le poignet osseux, la paume assez creuse et sillonnée de nombreuses lignes. J'en connais la pression, de cette main, son degré exact de chaleur. (Je n'ai jamais pris la main d'Hadrien.) »

Et comment ne pas vous comprendre ? Parfaitement, chère Dame Yourcenar ! Votre sublime homoncule est un personnage inoubliable, et il se transformera aussi en un être proche à ceux qui, grâce à votre art, auront eu la chance de le croiser et de s'arrêter sur sa route.

Partant avec lui de Bruges dans sa prime jeunesse, «in media res», l'on cheminera dans l'Europe de son temps, et bien au-delà, jusqu'au aux portes de l'Orient, jusqu'aux limites des savoirs consacrés par son époque, notamment la scolastique, avant de le retrouver à nouveau à Bruges, à l'âge mûr, obligé désormais à cacher sa vraie identité dans sa ville d'origine, toutes les conditions étant réunies pour qu'il se sente enfin prêt à délaisser «les douteux produits de sa pensée » lui ayant valu entre autres de figurer à l'Index , pour s'intéresser davantage à «l'acte de penser lui-même».

Zénon exerce cette même fascination éveillée par certaines de ces figures emblématiques qui semblent avoir ouvertement inspiré sa créatrice, un Érasme, un Leonardo ou un Giordano Bruno, dont le génie, l'humanisme, l'éthique personnelle et la liberté de pensée continuent à personnifier pour la plupart d'entre nous les plus nobles aspirations et les plus hautes cimes atteintes par l'esprit humain. Maîtres à penser intemporels que, à l'image des mots qui seraient adressés par Pessoa des siècles plus tard à son guide spirituel, dans ce bas monde des apparences, purement «sensationniste », rien n'a semblé avoir «touché, ni blessé, ni troublé», « sûrs comme un soleil faisant son jour involontairement».

C'est n'est que dans ce bref et magnifique intervalle ouvert dans l'histoire des idées, à l'orée du XVIe siècle, que l'on peut situer la démarche intellectuelle d'un Zénon, lorsque celui-ci tente de faire converger et d'embrasser, sans faire s'entrechoquer, connaissance de la matière et quête spirituelle. Une pensée absolument suspecte et passible d'hérésie à cette époque - dont par ailleurs notre médecin et alchimiste, comme nombre de ses contemporains de génie, finirait lui-aussi par faire les frais - , et que le triomphe progressif d'un empirisme et d'un scientisme de plus en plus conquérants vouera, au cours des siècles à venir, aux gémonies de l'irrationalité, du mysticisme, voire du pur charlatanisme. Une démarche intellectuelle dans un juste équilibre, encore possible à ce moment-là, entre ce que l'auteure définit, dans ses notes consacrées à la genèse de son personnage, comme «le dynamisme subversif des alchimistes et la philosophie mécanistique (...) l'hermétisme qui place un Dieu latent à l'intérieur des choses et un athéisme qui ose à peine dire son nom, entre l'empirisme matérialiste du praticien et l'imagination quasi visionnaire de l'élève des cabbalistes».

L'oeuvre au noir ne s'opère cependant pas aisément ici, et le roman risque de rebuter fortement les amateurs invétérés de page-turners. On n'y trouve en effet aucune concession à l'assimilation facilitée, ni à la grande vitesse de lecture : on est aux antipodes de toute préparation littéraire lyophilisée à consommation instantanée...
Il est donc tout à fait recommandé à ses potentiels lecteurs de prendre le temps et faire preuve d'une certaine constance. Nous n'avançons et ne pénétrons que peu à peu les arcanes d'un roman dont, d'une part, la recherche de fidélité à un cadre historique particulier, assez peu connu et par ailleurs très complexe lui servant de toile de fond (celui de la Flandre espagnole au XVIe siècle, prise en étau entre divers conflits d'intérêt locaux, politiques et religieux, à géométrie variable et ayant abouti à la révolte d'une grande partie des provinces des Pays-Bas contre la monarchie espagnole, jusqu'à conduire enfin, en 1568, à la guerre des Quatre-Vingts Ans), d'autre part le perfectionnisme manifesté dans la recherche d'adéquation à la mentalité et au champ lexical d'une époque déterminée, la subtilité du propos et l'étendue de l'érudition qui les sous-tend, ne se laisseront guère apprivoiser, et pour cause, sans une participation active du lecteur pour combler peu ou prou ses lacunes plus ou moins conséquentes en la matière.

Dans la mesure, cependant, où ses bienheureux lecteurs-apprentis accepteront humblement de s'y soumettre, le temps de franchir cette étape «initiatoire» avant de pouvoir rentrer de plain-pied dans l'oeuvre, tout en acceptant les embûches que cela pourrait éventuellement comporter pour chacun, la lecture de cette exaltante quête d'absolu telle qu'elle ait pu être vécue de l'intérieur par un médecin alchimiste du XVIe siècle, dans un mouvement en quelque sorte en sens inverse, subséquent à la réussite de l'oeuvre de séparation et de dissolution mûrie longuement par l'immense talent de Yourcenar, pourrait alors leur permettre d'expérimenter à leur tour cette autre sublime opération alchimique que la littérature seule nous autorise par moment à accomplir: celle d'implanter solidement un personnage, à l'origine parfaitement irréel et imaginaire, dans notre propre paysage psychique, de le réintégrer d'une certaine manière comme une partie de soi-même.

À l'instar de sa créatrice, moi aussi, il suffit maintenant que je ferme parfois les yeux pour que Zénon soit là.


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Comment osez "poster" une "critique" sur un texte porté aux nues , sur une femme écrivain au charisme hors pair, sur une historienne et philosophe de haut rang ?
Bien sûr l'Oeuvre au noir est une oeuvre 'monumentale, bien sûr avoir de très bonnes connaissances de cette période du XVIème siècle, des débats houleux entre croyants qui aboutirent aux mouvements réformistes , des conflits entre le Saint Empire romain germanique et le Roi de France ,de la haine viscérale entre Charles Quint et François Ier,de la géographie politique de l'époque se révèleront fort utiles voir indispensables !
Mises à part ces conditions pour moi nécessaires pour une compréhension a minima d'un texte aussi riche , la vie de Zénon , médecin, philosophe, alchimiste,en perpétuelle interrogation sur le monde qui l'entoure, est source de réflexions, voir même d'introspection ...le monde qui nous entoure est il au fond si différent ?
Un roman récompensé en 1968 par le prix Fémina, un roman austère, une lecture exigeante , une lecture certes enrichissante mais à quel prix ?
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Paru en 1968, ce roman connaît d'emblée la reconnaissance, il obtient la prix Femina et fait actuellement partie des oeuvres les plus lues et citées de l'auteure avec les Mémoires d'Hadrien. Comme ce dernier livre, il s'agit d'un roman historique, l'époque du récit se situe au XVIe siècle, entre moyen-âge et époque moderne, une époque de bouleversements et remises en question.

Nous suivons le personnage principal, Zénon, de sa naissance jusqu'à sa mort une cinquantaine d'années plus tard dans sa ville natale de Bruges. Bâtard d'un prélat italien, et d'une bourgeoise flamande issue d'une famille aisée, il ne connaît pas vraiment son père et sera surtout élevé par son oncle, le frère de sa mère, car cette dernière a refait sa vie, s'est marié et a quitté Bruges. Zénon est destiné à devenir homme d'église, mais il se révolte conte le destin qui lui est assigné. Il va devenir alchimiste, médecin et sans doute philosophe : un intellectuel multiple, épris du savoir sous toutes ses formes, comme l'étaient les hommes de la renaissance. Il va voyager, voyages que nous ne connaîtront que par des bribes, des choses qu'il va raconter, ses livres sont condamnés et brûlés, il doit fuir. Il finit de se fixer sous un faux nom dans sa ville de naissance, dans un dispensaire dépendant d'un monastère et offre ses services surtout à ceux qui en ont le plus besoin. Mais son passé le rattrape, il est emprisonné et condamné.

Nous suivons aussi, en contrepoint, d'une manière plus brève, les destinées de certains de ses proches, dont son cousin Henri-Maximilien, qui lui aussi se révolte contre sa destinée de riche bourgeois et qui choisit la carrière militaire, ainsi que l'errance qui lui est associée. Une vie à l'opposé de celle de son cousin.

Cela a souvent été explicité, en alchimie l'oeuvre au noir est la première étape de l'opus magnus ou grande oeuvre, qui vise la transformation (ou transmutation) des métaux vils en argent et surtout en or. On peut donc lire ce titre de manière métaphorique : Zénon, qui au départ est un jeune homme quelque peu arrogant, qui se rêve alchimiste, astrologue, mage, chemine au fur et à mesure de son expérience du monde et des hommes, vers la science et encore plus la philosophie, une compréhension du monde mais aussi une vision morale. de l'ambition initiale de dominer le monde grâce à son savoir, à son intelligence, de la recherche d'un savoir objectif et sûr il évolue vers une sorte de quête spirituelle, la recherche d'une vérité morale, d'une attitude juste devant la vie.

Mais au final plus que de vie, j'ai eu le sensation que ce roman parlait plus de la mort. Comme si c'est cette dernière, la manière dont elle se passe qui donne sens à vie, la résume. Et dans le monde de la renaissance, plein de bruit et de fureur, les occasions de mourir sont nombreuses. Les guerres provoquées par les ambitions des puissants croisent celles des religions. Les certitudes vacillent, les nouveaux savoirs mettent en question les vérités anciennes, mais provoquent en retour des persécutions, qui voudraient ralentir les transformations en route. Les riches comme de tout temps se veulent de plus en plus riches, en utilisant à l'occasion les avancées des sciences et techniques, comme ce métier à tisser conçu par Zénon, en appauvrissant encore plus les pauvres qui n'ont plus que la révolte ou une religion dissidente qui laisse l'espoir d'un autre monde. Marguerite Yourcenar met chaque personnage en face de lui-même à l'instant fatidique : chacun meurt comme il a vécu. Henri-Maximilien en soldat, la mère de Zénon y court comme à une évidence qui signe son échec. Sans oublier la vie de ceux dont l'existence est une mort lente, insidieuse, comme pour la demi-soeur de Zénon, qui a renoncé à tout ce qui avait un sens pour elle, et qui remplit ses jours d'activité futiles, en étant persuadée d'être damnée.

La mort de Zénon va être choisie, assumée, et couronner définitivement sa vie. Elle ressemble furieusement à celle d'un philosophe antique. En tant que médecin, il suit ses différentes étapes, en observateur presque détaché. Elle lui permet presque jusqu'à la fin d'essayer de comprendre, d'appréhender. Mais il n'y a pas de réponse définitive à ce qu'est la mort, c'est en quelque sorte la question éternelle et insoluble de l'espèce humaine.

C'est évidemment un roman à lire, devenu dès maintenant une sorte de classique moderne. Mais l'univers, le style, un je ne sais quoi qui caractérise Marguerite Yourcenar me laisse à distance. Cela tient sans doute plus à moi qu'à l'auteure, mais je reste un peu en dehors de cette belle ouvrage.
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Marguerite Yourcenar avait dit dans l'émission "Radioscopie" que lui avait consacré Jacques Chancel en 1979, qu'elle pensait que son livre le plus important était "L'Oeuvre au Noir". La relecture de l'histoire de Zénon, dont l'auteure précisait également qu'il était "son frère", est un bonheur peu comparable à d'autres ; Zénon médecin et chirurgien De La Renaissance, mais aussi philosophe, alchimiste et athée, est un homme au corps et à la pensée libres.
Splendeur de l'écriture, intelligence du propos, grande érudition sous jacente, la première femme académicienne nous offre là un récit extraordinaire ; elle est extrêmement douée pour recréer tout un monde autour de son personnage principal et nous faire ainsi entrer sans effort dans un XVIème siècle intéressant mais très violent.
Il y a des pages (beaucoup !) absolument magnifiques, en particulier lors des discussions entre Zénon et le prieur des Cordeliers de Bruges qu'il soigne, sur le mal que les hommes sont capables de faire aux autres hommes, sur la richesse de l'Eglise à un époque où les luthériens s'organisent, sur Dieu lui-même ; passionnants également les échanges entre Zénon et l'évêque chargé d'instruire son procès ; il est en effet accusé d'avoir embrassé la foi de Mahomet quand il était en Orient, d'être un agent secret, de n'être pas, surtout, un bon catholique et de blasphémer. Ce médecin philosophe a beaucoup voyagé puis est revenu à Bruges, sa ville d'origine ; c'est un révolté, tracassé de nombreuses questions existentielles comme la question de l'infinité des mondes, ou celle de l'éternité de l'âme.
Un livre indispensable, un très grand moment de lecture !
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