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sur 3425 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Les catastrophes et les ruines viendront ; le désordre triomphera, mais de temps en temps l'ordre aussi. La paix s'installera de nouveau entre deux périodes de guerre; les mots de liberté, d'humanité, de justice retrouveront cà et là le sens que nous avons tenté de leur donner. Nos livres ne périront pas tous; on réparera nos statues brisées; d'autres coupoles et d'autres frontons naîtront de nos frontons et de nos coupoles; quelques hommes penseront, travailleront et sentiront comme nous: j'ose compter sur ces continuateurs placés à intervalles irréguliers le long des siècles, sur cette intermittente immortalité. »

Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar @editionsfolio #classique #paldevoyage

J'ai terminé cette oeuvre majestueuse dans un cadre magnifique (étant en voyage au Costa Rica) et, enchantée par mon environnement tout comme par cette lecture achevée, je me suis prise à songer à Hadrien, celui qu'il fut, l'homme, l'empereur, le lettré, le pacificateur, un homme dans l'Histoire de l'humanité…

J'ai songé à la manière dont l'autrice nous le rend humain, mais aussi semblable à nous: les siècles défilent, les hommes aussi, mais au fond tous se ressemblent! L'Histoire se réécrit sans cesse, guerres et paix… le monde ne change pas.

Et ce roman d'une belle érudition ne fait que mettre en lumière ce constat: «  Natura deficit, fortuna mutatur, deus omnia cernit. La nature nous trahit, la fortune change, un dieu regarde d'en haut toutes ces choses. »

Nous sommes tous un peu Hadrien, plusieurs entités à la fois et un seul être pourtant, face à son destin… soucieux de ce qu'il laissera après lui… si tant est qu'on laisse encore quelque chose…

J'ai aimé la raison pour laquelle Marguerite Yourcenar s'est penchée sur ce destin. Comme elle le dit elle-même dans ses notes: « Ce IIe siècle m'intéresse parce qu'il fut, pour un temps fort long, celui des derniers hommes libres. En ce qui nous concerne, nous sommes peut-être déjà fort loin de ce temps-là. »

Mille réflexions me sont venues après avoir lu ces quelques mots qui mettent en lumière bien des aspects de cette lecture fascinante!

Hadrien, tout comme Achille, eut également son Patrocle et l'histoire de ce dernier
sampereurace de laeire de vire aimé
n'est rien d'autre qu'un homme et le récit prend, à partir de cet épisode, un accent, une tournure differente... les evenements s'éclairent, L Histoire s'écrit et s'inscrit dans le temps... un jalon dans l'éternité!

Patientia, c'est le titre du dernier chapitre, pour moi le plus beau! Il vient clôturer le récit et offre cette mise en lumière sur les siècles à venir... ce parallèle, cette réflexion plus profonde sur l'Humain, L Histoire et ce qui fait l'Humanité.

« quelques hommes penseront, travailleront et sentiront comme nous »

Il n'appartient qu'à nous de poursuivre son oeuvre, ô combien nécessaire!

Un classique à lire ou relire!

Une oeuvre d'une beauté et d'une érudition peu communes!
Un flambeau à transmettre...
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Un ouvrage magnifique.
Je craignais une lecture ardue, le récit est au contraire délié et très agréable.
On y évoque les rapports humains, le beau, l'art, l'amour, la philosophie, ce livre est d'une rare richesse.
J'ai découvert Marguerite Yourcenar avec ce livre, je recommande vivement
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Marguerite Yourcenar a écrit une oeuvre monumentale : "Mémoires d'Hadrien".
Ce texte est absolument prodigieux.
Outre l'histoire de cet empereur, dans la peau duquel elle s'est mise pour raconter sa vie, elle a tourné ses récits comme on regarde un magnifique documentaire cinématographique, coloré, plein d'images d'une beauté théâtrale, ou bien comme si l'on suivait une saga autour d'un empereur romain... Les mises en scènes sont soit palpitantes, soit poétiques et touchantes, soit dramatiques, notamment quand Hadrien, à la fin de sa vie, applique des sentences fatales que nous jugerions, aujourd'hui, plutôt barbares.
On découvre chez cet homme une âme sensible, cultivée, infatigable, qui a parcouru la plus grande partie de l'Europe et jusqu'à la Perse et l'Égypte, construisant inlassablement les plus belles cités antiques, épris de culture grecque, respecté et fin; il n'en était pas moins d'une autorité implacable.
Ce monument de la littérature de Marguerite Yourcenar fait partie des livres incontournables à emporter sur une île déserte, pour le relire et le re-relire !
"Mémoires d'Hadrien" a été écrit sur une très longue période, d'abord de 1924 à 1926, puis repris inlassablement jusqu'à sa publication en 1951. Il est le fruit d'un esprit au-dessus du commun des mortels qui n'a cessé de parcourir d'innombrables bibliothèques à la recherche d'informations sur cette époque romaine.
Des notes à la fin de cette édition de 2023 expliquent intelligemment ce qui est, dans ce récit, le fruit de l'imagination de Marguerite Yourcenar, personnages ou faits qu'elle a inventés, mais toujours sur des probabilités plausibles correspondant à la réalité de l'époque.
Un chef-d'oeuvre.

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L'entrée dans « les Mémoires d'Hadrien » est difficile tant la culture de Yourcenar est immense et son écriture riche, travaillée, sans concessions aux clichés littéraires. J'ai lu, dans les carnets de notes adjoints (édition Gallimard) que Yourcenar avait passé beaucoup d'années à écrire ce livre, recherchant tout ce qui avait été écrit sur Hadrien, visitant tous les lieux importants dans la vie de l'empereur et trouvant l'inspiration dans la contemplation des oeuvres d'art liées à son histoire. le livre est le résultat d'un travail énorme. Il est donc naturel que le lecteur ait des difficultés à pénétrer dans cet univers aussi riche.

J'ai aimé le roman d'amour, le roman historique, le roman philosophique et psychologique. Mais ce qui m'a le plus touchée, c'est que j'ai réalisé, grâce au livre, quelle richesse culturelle représentait l'empire pour les Romains. Il est tout à fait extraordinaire qu'Hadrien ait passé si peu de temps à Rome, choisissant de visiter tous les pays conquis et de découvrir la singularité de chacun, tout en y apportant les rénovations et embellissements nécessaires.
Finalement, le roman offre au lecteur un véritable voyage dans l'Antiquité et la pensée antique.
En revanche, j'ai été assez surprise de constater que le narrateur de Yourcenar jetait un regard plutôt négatif sur sa vie passée... alors qu'il me semble avoir eu une existence magnifique et passionnante !

Un roman exceptionnel qui réconcilie l'histoire et la littérature.

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La tâche est démesurée : tenter de réécrire les mémoires perdues de l'un des plus grands empereurs romains dont la biographie n'est que parcellaire. Pourtant, Yourcenar donne l'une des plus grandes réflexions sur le pouvoir et son sens. Un récit largement au niveau des plus grands essais de philosophie politique.
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Marguerite Yourcenar a écrit son chef d'oeuvre avec ce récit à la première personne du plus érudit et du plus éclairé des empereurs romains. Ce moment de l'histoire est l'apogée sans doute de Rome et un instant de grâce dans l'histoire de l'Occident.
Le style de Yourcenar est l'un des plus purs qui soient et son érudition limpide est la marque d'un esprit majeur de notre culture nationale.
Il est impossible de lire cet ouvrage sans tressaillir de plaisir à chaque page tant le déploiement des pensées d'Hadrien nous emmène au plus haut, autrement dit au plus près de ce qui fait l'être humain à travers le temps et l'espace.
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Mémoires d'Hadrien/Marguerite Yourcenar/Académie française 1980.
En me plongeant dans ce monument de la littérature du XX e siècle, je m'attendais à trouver parfois le temps long : lire une biographie romancée de l'empereur Hadrien n'excitait pas plus que cela ma curiosité, sauf que l'oeuvre globale de Marguerite Yourcenar m'attirait toujours après avoir lu naguère « L'oeuvre au noir ». Bien m'en a pris de me lancer dans ce récit de plus de 350 pages : il est absolument passionnant. Marguerite Yourcenar a débuté l'écriture de cette oeuvre en 1924 et ce n'est qu'en 1951 qu'elle y a mis la dernière main : il s'agit de l'oeuvre d'une vie. Ne dit-elle pas plus tard que la vie de son propre père lui était plus inconnue que celle d'Hadrien !
Ce roman est une immense fresque reconstituant une période faste de l'Empire Romain, et se présente sous la forme d'une longue lettre d'Hadrien en fin de vie à Marc-Aurèle, fils adoptif d'Antonin par l'entremise d'Hadrien, Antonin lui même fils adoptif et successeur d'Hadrien désigné par Hadrien en personne.
La figure impériale d'Hadrien, né en 76 sous le signe du Verseau, l'Échanson céleste, et mort en 138, successeur de Trajan dont il fut le fils adoptif comme il se devait, brille tout au long du livre par son charisme, son intelligence, sa sagesse – chaque homme a éternellement à choisir, au cours de sa vie brève, entre l'espoir infatigable et la sage absence d'espérance - son intérêt pour la paix autant que pour la guerre lorsque celle-ci est nécessaire, son goût de la statuaire, la poésie et les légendes anciennes. Homme de lettres donc, mais aussi grand voyageur – étranger partout, il ne se sentait particulièrement isolé nulle part - poète et amant, grand amateur de bons vins dont il disait qu'ils initient aux mystères volcaniques du sol et aux richesses minérales cachées, sachant allier un certain ascétisme à un hédonisme très romain, amateur d'astronomie et d'astrologie, Hadrien tout au long de ces mémoires destinées à Marc-Aurèle, examine, juge, et soupèse sa vie passée. Dans le style magnifique de Marguerite Yourcenar, un extrait qui montre bien les différentes facettes du personnage d'Hadrien :
« Il faut même avouer que certains récits indiscrets de mes maîtresses, faits sur l'oreiller, finissaient par éveiller en moi une sympathie pour ces maris si moqués et si peu compris. Ces liaisons, agréables quand ces femmes étaient habiles, devenaient émouvantes quand elles étaient belles. J'étudiais les arts ; je me familiarisais avec les statues ; j'apprenais à mieux connaître la vénus de Cnide ou la Léda tremblant sous le poids du cygne. C'était le monde de Tibulle et de Properce : une mélancolie, une ardeur un peu factice, mais entêtante comme une mélodie sur le mode phrygien, des baisers sur les escaliers dérobés, des écharpes flottant sur des seins, des départs à l'aube, et des couronnes de fleurs laissées sur les seuils. »
Débutant par un bilan de santé établi par son médecin Hermogène, Hadrien alors âgé de 60 ans se sent en fin de vie. Après le récit de sa vie, de ses batailles, de se amours, son amour de la Grèce antique et actuelle, cette nation qui a fécondé le monde – tout ce que les hommes ont dit de mieux a été dit en grec - il évoque son père adoptif Trajan, et surtout Plotine la femme de Trajan, sa meilleure amie, sa confidente fidèle. Hadrien n'aime pas les Jeux qu'il juge un gaspillage féroce, un massacre inutile de fauves ou d'hommes et ne fréquente les bains qu'aux heures populaires. Il est marié à Sabine, une femme dure et à l'humeur difficile ; il ne l'aime pas et confesse que de tous les êtres, c'est probablement celui auquel il a le moins réussi à plaire, en ajoutant qu'il reconnaissait qu'il s'y était très peu employé ! Hadrien aime aussi les jeunes garçons et Lucius âgé de dix-huit ans vient égayer les fêtes par sa grâce rieuse et sa façon de réciter des poésies lascives avec une effronterie charmante. La liaison avec ce jeune faune dura six mois, la mort l'emportant brutalement. Puis il y eut Antinoüs, un jeune grec, le plus grand amour de sa vie :
« Sa présence était extrêmement silencieuse : il m'a suivi comme un animal ou comme un génie familier. Il avait d'un jeune chien les capacités infinies d'enjouement et d'indolence, la sauvagerie, la confiance. Ce beau lévrier avide de caresses et d'ordres se coucha sur ma vie. »
Et puis Hadrien se penche sur son obsession de la mort : malade du coeur il sent venir sa fin. La rigueur de la pensée de cet homme cultivé fait des dernières pages de ce livre un moment particulièrement émouvant, pour conclure un chef d'oeuvre.

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Un roman historique précurseur et novateur d'une rare puissance tant sur le fond que sur la forme. Yourcenar nous livre le portrait intimiste d'Hadrien, de ses pensées et de ses contradictions. L'écriture fluide amène le lecteur au plus proche de l'empereur romain et de ses tiraillements profonds. La vision de l'homme qu'était Hadrien, fort et puissant se contraste avec sa grande sensibilité et la dévotion envers son amant, ce que retranscrit à la perfection l'autrice.
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Me voici face à un dilemme cornélien: comment ne pas manquer de superlatifs en faisant l'éloge de ce livre extraordinaire sans donner l'impression d'avoir perdu tout sens de la nuance?
Et pourtant difficile ici de tempérer l'admiration!
Admirable ce livre l'est en tout point. Chaque phrase est délicatement ciselée, chaque paragraphe brille comme un diamant. Je le dis à l'envi: pour rendre hommage à cette prose merveilleuse et cristalline, il faudrait la lire à voix haute. C'est d'ailleurs à voix haute que lisaient les Romains qui ne connaissaient pas Marguerite Yourcenar mais qui avaient une écriture qui ne dissociait pas ou très peu les mots!
Dans ces sublimes pages, l'éclat de l'écriture romanesque le dispute à l'excellence de la recherche historique. Car nous sommes bien dans le roman, on ne lit pas "les mémoires d'Hadrien" , on lit "mémoires d'Hadrien". Et pourtant, les faits historiques y sont exhaustivement et rigoureusement rassemblés puisque Marguerite Yourcenar s'est employée à "refaire du dedans ce que les archéologues du XIX° siècle ont fait du dehors". C'est si vrai que le passionné de la Rome antique que je suis n'éprouve nul besoin de chercher quoi que ce soit d'autre à lire sur le personnage. Marguerite Yourcenar a allié avec maestria vaste érudition et beauté poétique de la langue . Elle aura été Clio, Erato et Polymnie tout à la fois!
Son livre est constitué de trois ensembles. Je conseille vivement de ne pas négliger les deux derniers qui ne doivent pas être vus comme des notes de l'auteur, mais comme parties intégrantes d'un tout qui a bien failli ne jamais voir le jour et dont l'aboutissement aura nécessité quelque vingt années. Mais les véritables chefs d'oeuvre ne sont-ils pas comme les hommes de qui l'Hadrien de Marguerite Yourcenar affirme que "rien n'est plus lent que [leur]véritable naissance"?
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Évidemment Mémoires d'Hadrien est un monument d'érudition classique et projette son lecteur dans une reconstitution historique savante enivrante. Évidemment c'est une histoire de grandes figures, dont les passionnés d'Antiquité savoureront les personnages. Ses critiques y voient un récit idéalisé et manquant d'humanité. Ses adorateurs un voyage dans le temps et une incitation à prolonger ses connaissances de ce deuxième siècle débutant, tout en cherchant ce qui, dans le récit, renvoie à des principes universels de philosophie politique et de gestion du pouvoir. Je fais partie des seconds, avec la conviction que l'oeuvre se déguste mieux avec un peu d'âge et d'expérience de la lecture qu'au lycée lorsqu'on découvre encore les richesses infinies de la littérature.
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