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sur 3369 notes
Long monologue de l'empereur, tentant de redresser les finances de Rome, privilégiant la négociation et la paix, et beaucoup de digressions sur ses états d'âme, son amour pour la culture grecque, pour son jeune amant Antinoüs, digressions et lyrisme sans doute magnifiques mais jugés inutiles par mon côté cartésien et trop souvent inaccessibles à mon petit esprit.

En annexe, le carnet de notes de l'auteure est intéressant.
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"Attention chef d'oeuvre / classique incontournable / monument de la littérature française", lit-on un peu partout au sujet des ces mémoires (fictives) de l'empereur Hadrien.
J'étais prévenu, et par avance impressionné. Aussi avant d'entrer dans l'arène, je l'avoue, j'ai tremblé un peu.
Ave Marguerite, celui qui va te lire te salue !

Comme prévu, le combat fut épique. Il a parfois tourné au corps à corps acharné et forcément déséquilibré entre moi, petit lecteur anonyme aux connaissances historiques lamentablement dérisoires, et ce texte splendide et plein d'érudition, ce vertigineux puits de savoir d'une densité et d'une profondeur qui forcent l'admiration. Au terme d'une lecture pour le moins exigente, je ne saurais dire qui l'a emporté...
Ce qui est sûr, c'est que je me souviendrai longtemps de cet ouvrage, à mi-chemin entre autobiographie et roman historique, fruit de recherches sans doute titanesques et source inépuisable de commentaires passionnés, qui m'aura ébloui (style admirable, évidemment, bien que d'un classicisme parfois un peu aride) autant qu'étourdi (innombrables références culturelles de très haute volée !). Je reconnais volontiers que l'expérience ne fut pas de bout en bout une partie de plaisir, mais l'effort en valait la chandelle !

Même si je ne retiendrai sans doute qu'une infime partie des évènements relatés ici par le grand Hadrien qui, au crépuscule de sa vie, adresse un courrier à son petit-fils adoptif Marc Aurèle, je garderai au moins l'image d'un empereur profondément humain, d'un grand voyageur pacifiste, d'un fin lettré féru d'art et de philosophie. Comment ne pas se laisser séduire, à l'instar de Marguerite Yourcenar, par cet esprit curieux et éclairé qui, à la différence de ces prédécesseurs, a toujours su tempérer ses aspirations expansionnistes, se préoccupant davantage de la stabilité de l'empire et de la paix aux frontières que de la grandeur de Rome ?
Au fil de cette longue lettre (350 pages quand même, je te dis pas le prix du timbre :-)), il revient avec un incroyable discernement sur les faits marquants de son existence, sa carrière de soldat et son accession au pouvoir, sans oublier bien sûr sa passion dévorante pour le bel Antinoüs, qui occupe à n'en pas douter les plus belles pages du livre. Il porte en outre un regard d'une remarquable lucidité sur l'homme qu'il fut, dans ses grandeurs et ses travers ("j'ai utilisé de mon mieux mes vertus, j'ai tiré parti de mes vices"), et dresse finalement un autoportrait d'une rare précision.

Déclarations d'amour enflammées, introspections approfondies, comptes rendus détaillés d'évènements historiques, considérations politiques, manoeuvres et intrigues de cour : dans cette belle "méditation écrite d'un malade qui donne audience à ses souvenirs", tous les lecteurs (fussent-ils des ignares dans mon genre) pourront trouver matière à s'intéresser de près au règne et à la vie bien remplie de ce grand réformateur.
Toutefois, les latinistes les plus accomplis restent je pense les mieux armés pour apprécier à sa juste valeur et pour digérer pleinement ce texte compact, monolithique et pur comme un bloc de marbre romain.
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Voilà mon premier livre de Marguerite Yourcenar... C'est simple : me voilà marquée à jamais !

Marguerite Yourcenar est le pseudonyme de Marguerite Cleenewerck de Crayencour, écrivaine française née en 1903 et décédée en 1983. En 1980, elle est la première femme élue à l'Académie française.

Mémoires d'Hadrien est publié en 1951. Il s'agit d'un roman historique, ou plutôt, une lettre autobiographique imaginaire qu'Hadrien, Empereur romain, adresse au futur Empereur Marc-Aurèle. Hadrien dresse ainsi le bilan de sa vie : sa formation militaire, son goût pour la chasse, son amour pour l'hellénisme, sa succession à Trajan, son mariage malheureux, son amour pour le jeune Antinoüs, etc. le règne d'Hadrien sera placé sous le signe de la PAIX. Il renonce aux guerres et aux conquêtes. Il souhaite avant tout harmoniser l'Empire, le tranquilliser, le pacifier.

J'ai appris énormément de choses avec ce bouquin. Je suis des cours d'Histoire de l'Art et je dois dire que j'ai pu faire de nombreux parallèles entre mes cours (et la période de la Rome Antique) et ce livre. Mais ce n'est pas tout ce que ce bouquin m'a apporté ! Il m'a littéralement subjuguée. J'ai eu le coup de foudre pour cette auteure et, depuis, je ne pense qu'à une chose, me procurer d'autres livres de Marguerite Yourcenar. L'écriture est splendide, le vocabulaire est merveilleux, tout est beau dans ce livre. Alors oui, il faut se creuser un peu la tête, oui, il faut parfois reposer le livre et faire quelques recherches, mais bon Dieu, que c'est bon ! Voilà une parfaite définition du plaisir de lire ! Quelle grande dame!
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Voici la vie d'un empereur romain qui m'a beaucoup surprise, celui-là, qui, à la quête de sagesse ou d'une certaine probité, ne sera pas du tout ce que nous savions des empereurs tyrans et sanguinaires mais sa seule lutte serait de ne pas se laisser broyer par le pouvoir...une lutte à laquelle sa personne sera confronter tout le long de son règne...
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Une lecture tout à fait délicieuse ! le style de Marguerite Yourcenar est limpide, esthétique, élaboré. Elle réussit le tour de force de nous rendre proche d'un empereur romain. Entre méditation philosophique et roman historique, ce portrait intérieur d'Hadrien nous transporte au coeur de la complexité humaine.


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Dans la culture populaire on fait surtout référence à Hadrien pour son mur en Grande-Bretagne (ex-Bretagne de l'empire romain). Dans les "Mémoires d'Hadrien" Marguerite Yourcenar nous rappelle et nous raconte que cet empereur romain est bien plus que ça. Homme de lettre, passionné par la philosophie grecque, c'était aussi un homme de paix, qui a toujours cherché, durant son règne, à pacifier les relations aux frontières tout autant que les relations entre les peuples de l'empire romain (en étant plus "juste" notamment).
Les "Mémoires d'Hadrien", sous la forme d'un monologue adressé à son successeur, nous ra-conte la vie de cet homme, ses combats militaires, politiques, sociaux et nous livre, avec une véracité plus ou moins historique, les réflexions d'Hadrien sur la Vie, la religion et sa vision du monde.
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Rarement j'aurais été autant ébloui par un roman. Dans une prose poétique à l'érudition éclatante, Marguerite Yourcenar incarne avec une crédibilité stupéfiante le grand empereur romain Hadrien livrant ses mémoires. Ce qui débute par une lettre de vieil homme, décrivant les affres de sa maladie au jeune Marc Aurèle, devient une voix vibrante et gravement humaine retraçant plus de soixante ans de vie dont deux décennies de règne. Lettré, rhétoricien, esthète, philosophe et poète, Hadrien est aussi amoureux de la culture hellénique en laquelle il voit un idéal de civilisation. Après une carrière militaire et sénatoriale fulgurante, il devient empereur à la mort de Trajan qui l'a adopté. Débute alors un règne où la politique expansionniste laisse place à une vision réorganisatrice et stabilisatrice de l'empire. Hadrien n'ignore pas que la civilisation romaine périra un jour, mais son ambition humaniste le pousse à la servir du mieux qu'il le peut pour en préserver l'éclat le plus longtemps possible, malgré les inéluctables transformations du coeur dans l'assimilation des marges.

Au travers du regard d'un pacifiste convaincu qui sut aussi se faire autoritaire et même despote, on décrypte le destin d'un empire en proie aux querelles intestines et aux menaces étrangères. Les quelques libertés prises par l'autrice servent l'histoire sans rien trahir de la rigueur documentaire et historique de l'ensemble. Malgré un souci d'exactitude vertigineux, le récit coule admirablement en un flot de pensée tantôt philosophe tantôt poétique qui parvient à faire surgir les éblouissements, les doutes, les convictions, les amours et les douleurs d'un homme contesté par certains mais élevé au rang de divinité par d'autres. En filigrane de la vie de l'empereur, nous est narrée la triste histoire d'Antinoüs son favori, jeune et beau Bithynien mort noyé à vingt ans dans le Nil, dans des conditions mystérieuses. Cette mort sera le drame d'Hadrien qui offrira à son préféré une relative immortalité en lui élevant des temples, des statues, une cité, et en frappant des monnaies à son effigie.

Une oeuvre empreinte d'un souffle visionnaire et d'une grande poésie.
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C'est la première fois que j'entrecoupe la lecture d'un livre de celles d'autres livres dans l'espoir de pouvoir le savourer plus longtemps. Avant d'être une rencontre avec Hadrien, Mémoires d'Hadrien a été pour moi une rencontre avec Marguerite Yourcenar dont le verbe n'a cessé de m'éblouir de page en page. Les pensées de l'empereur sont exprimées avec une telle profondeur qu'elles nous renvoient souvent aux propres vicissitudes de notre existence. Aucun aspect de l'existence n'est tu et tout est dit avec grâce. Les lignes dédiées à l'amour et à la mort sont de celles qui m'auront le plus durablement marquées.
Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans disait M. Yourcenar à propos de l'écriture de ces Mémoires. le conseil vaudrait-il également pour leur lecture? Rendez-vous dans dix ans Hadrien !
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« Mémoires d'Hadrien » est un roman écrit à la première personne dans lequel l'empereur romain Hadrien (76-138) s'adresse au jeune Marc-Aurèle qu'il a désigné pour être son successeur. Il s'agit d'une longue lettre dans laquelle il raconte sa vie et son règne. Hadrien ne s'érige pas en modèle, pas plus qu'il ne prétend se substituer aux maîtres de Marc-Aurèle, mais il assure au futur empereur qu'il trouvera dans le récit de sa vie toutes les expériences propres à lui servir de réflexion dans ses propres actions.
Le personnage d'Hadrien n'est pas à proprement parler sympathique. Il a dû intriguer pour être désigné empereur par Trajan, il a assassiné, sans plaisir, mais autant que la raison d'État le lui intimait. Il a guerroyé et réprimé dans le sang les révoltes qui menaçaient l'Empire. Il décrit les limites de ses prédécesseurs pour mieux faire ressortir ses qualités, il collectionne les éphèbes au gré de ses voyages, qu'il traite comme des animaux de compagnie, y compris le très jeune Antinoüs à qui il vouera un amour fou.
Mais Hadrien est aussi un philhellène, qui trouve dans la grâce aérienne des Grecs de quoi compenser sa lourdeur italique. Amoureux des lettres, des arts et des philosophes, il s'oppose à Platon : il ne croit pas à la supériorité des idées sur le monde sensible. Hadrien est curieux de tout : il aime, hume, touche, caresse autant qu'il pense. Il désapprouve les monothéismes car ces religions ne souffrent pas d'autre Dieu que le leur, mais s'initie aux Mystères d'Éleusis et s'adonne au culte de Mithra. C'est parce qu'il ne croit pas au paradis et qu'il est résigné à entrer dans le « royaume des ombres » que son visage est prêt à accueillir chaque rayon du soleil.
Vous l'aurez deviné... Dans ce livre, vous ne vous gausserez pas bruyamment en vous tapant sur la cuisse ! le comique troupier n'est pas de mise au royaume de Marguerite Yourcenar. Dans le premier chapitre passablement ardu, vous vous sentirez comme au pied d'une imposante muraille, mais franchissez-la hardiment, vous ne le regretterez pas.

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Que dire de ce livre, un classique connu et aimé de beaucoup ? 

J'avoue qu'il m'a fait un peu peur. Peur de me confronter à cette oeuvre et à cette autrice.

Pourtant, de prime abord, ce livre est simplement une autobiographie fictive de l'empereur romain Hadrien. 

Arrivé à la fin de sa vie, il se confie par lettres au futur Marc Aurèle. Il lui raconte son enfance, son éducation, ses amours. Comment lui, le jeune membre d'une famille sénatoriale, se retrouva adopté par l'empereur Trajan et propulsé empereur. 

Mais se contenter de cela reviendrait à ignorer toute la singularité de cette oeuvre. 

Marguerite Yourcenar tisse un récit dense, exigeant mais d'une incroyable beauté. Lorsqu'on lit ses pages, à aucun moment on ne douterait du fait que c'est l'empereur, lui-même, qui nous parle à travers les siècles. 

Ce roman ne traite pas seulement du destin d'un homme, certes exceptionnel, mais il est aussi l'évocation des thèmes universels de l'humanité : la vie, l'amour, l'exercice du pouvoir, la philosophie ou la beauté. 

Les pages évoquant le grand amour d'Hadrien, Antinoüs, sonnent avec une grande justesse pour évoquer ce souvenir d'un disparu, les réminiscences des moments de joies ainsi que des lâchetés de l'empereur. 

S'il m'a fallu quelques pages d'acclimatation, je n'ai pu me détacher de ce récit à la musique si particulière, intemporelle. On ressent, grâce à ce roman, une meilleure connaissance de l'empereur Hadrien, pas tant du point de vue de ses réalisations que de son âme.

Un roman absolument magnifique, qui donne envie de le feuilleter, au gré des pages, pour se reimprégner de cette beauté et de cette sagesse.
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