AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Chaoying Durand-Sun (Traducteur)
EAN : 9782070319961
144 pages
Gallimard (05/01/2006)
2.96/5   12 notes
Résumé :

Difficile pour Manqian de respecter la traditionnelle " pensée fidèle " chinoise que toute honnête épouse se doit d'appliquer à la lettre. Surtout lorsqu'un jeune et bel aviateur vient réveiller des émotions qu'une vie fade et ennuyeuse avait depuis si longtemps étouffées... " L'écrivain le plus célèbre " de Chine, à l'ego démesuré, ne se remet pas de l'affront qui lui est fait : &... >Voir plus
Que lire après Pensée fidèle : Suivi de InspirationVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
“L'amour étant, paraît-il, aveugle, ses yeux ne se dessillent peut-être qu'après le mariage”. Manqian, femme du monde exilée dans la Chine intérieure en pleine guerre sino-japonaise, vraisemblablement atteinte du très contagieux bovarysme, s'entiche du jeune cousin, aviateur et séducteur, de son mari un peu gauche. C'était couru ! (quand je pense au mot de Werther : « quel prix on attache à un regard ! que l'on est enfant ! »)

« le mariage est une forteresse assiégée, ceux qui sont dehors veulent y entrer, ceux qui sont dedans veulent en sortir. » Un thème de prédilection pour Qian Zhongshu qui tirera de cet adage français son plus grand roman de moeurs, « La Forteresse Assiégée » (1947).

“Heureusement Tianjian était beau parleur ; chaque fois que Manqian ne trouvait plus ses mots, il posait quelques questions anodines, comme pour construire un pont flottant sur la fissure de silence qui s'élargissait sans cesse de nouveau, afin que le fils de la conversation pût se renouer.”

Il s'en suit un cas d'école assez classique du sentiment amoureux, dans un récit brisant opportunément la linéarité narrative et, sans toutefois céder aux sirènes du romantisme européen, que l'auteur étudia pourtant assidument.
Il règne au contraire, dans cette courte nouvelle, une forme de distance comme une légère nonchalance qui est peut-être cette fadeur propre à l'esthétique asiatique dont le sinologue François Jullien a fait l'éloge. L'écueil de la mièvrerie est aussi évité grâce aux touches éparses d'ironie que sème l'auteur chinois au gré du récit.

Zhongshu parvient subtilement à faire éprouver au lecteur les pensées qui s'attardent, les joues qui s'enflamment, les regards qui s'attrapent, les silences qui trahissent.

Plus que le désir charnel, c'est l'état psychologique des personnages, l'instinct de conquête chez l'un et la flatterie qui réchauffe l'ennui chez l'autre qui agissent sur l'attraction des amants l'un vers l'autre. L'auteur décrit l'afflux comme le reflux d'une passion… dépassionnée.

Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          715
2 nouvelles dans ce petit recueil qui font en fait partie d'un plus gros volume intitulé Hommes, bêtes et démons.
La première nouvelle, Pensée fidèle, décrit le désoeuvrement de Manqian, femme mariée dans son village de montagnes. Jusqu'au jour où un bel aviateur le cousin de son mari vient leur rendre visite. Il est jeune, drôle, séduisant. D'abord réticente, Manqian se laisse séduire. Jusqu'au point de non retour.
Dans la seconde, Qian Zhongshu s'amuse à nous parler d'un écrivain, effondré de ne pas avoir eu le prix Nobel.

Deux courtes histoires qui nous parlent des illusions et désillusions de l'âme humaine.

J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur. Les dialogues, abrupts et directs, reflètent les pensées des personnages.
L'écriture est vraiment teintée d'ironie et de dérision. Une jolie découverte.
Commenter  J’apprécie          150
La lecture d'écrits de Qian Zhongshu est toujours très agréable, et ces deux nouvelles ne font pas exception à la règle. Toutes les deux, très différentes, sont un réel plaisir pour les yeux et l'esprit.
Dans la première, l'auteur met en scène un couple prit dans sa routine et dont la jeune femme est un peu désabusée. Mais tout va changer et son quotidien va être bouleversé quand va apparaitre le beau Tianjian... Qian Zhongshu nous fait découvrir la vie dans les années 40, avec le repli des nationalistes de plus en plus loin dans les terres face à l'envahisseur japonais, les bombardements réguliers, mais aussi les changements que connait la société, notamment avec des mariages où les conjoints se sont enfin choisis, et ne sont plus des unions issues de mariages arrangés par les familles.
Dans la deuxième, petite pépite qui nous montre toute l'ampleur de l'ironie de Qian Zhongshu et dans laquelle la verve de son pinceau est très vivace, nous suivons dans les tréfonds des enfers les péripéties d'un auteur mort de ne pas avoir reçu le prix Nobel. Quelle délice que cette nouvelle nommée "Inspiration" ! Je l'ai adorée ! Elle rend très bien hommage à l'humour et la dérision dont fait preuve l'auteur.
Je vous conseille vivement de lire ce recueil de deux nouvelles qui est assez représentatif des talents de Qian Zhongshu. J'avais également adoré son roman "La forteresse assiégée", mais il n'est malheureusement plus disponible en français. Lisez donc ce recueil qui vous donnera tout de même un bon aperçu de l'univers de cet auteur !
Commenter  J’apprécie          40
Sarcasmes, dérision, humour et... douceur, voici, dans le désordre et pas forcément dans les mêmes proportions pour chacune de ces deux nouvelles, les quatre ingrédients qui les composent. Tout cela emballé dans un style impeccable, clair et précis ! Que demander de plus ? Que les nouvelles soient des romans afin de prolonger le plaisir de lecture... car je suis tout de même restée un peu sur ma faim ! Néanmoins, ce fut une belle découverte et cette lecture me donne envie de lire d'autres oeuvres de cet auteur chinois qui m'était encore inconnu jusqu'ici.
La suite ici :
Lien : http://loumanolit.canalblog...
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
“Heureusement Tianjian était beau parleur ; chaque fois que Manqian ne trouvait plus ses mots, il posait quelques questions anodines, comme pour construire un pont flottant sur la fissure de silence qui s'élargissait sans cesse de nouveau, afin que le fils de la conversation pût se renouer.”
Commenter  J’apprécie          290
A l’étranger, l’importance du succès d’un livre dépend du goût des classes aisées. Toutefois chez nous, en Chine, pays digne du nom de « vénérable patrie du livre et de la poésie », ce n’est pas la richesse qui décide : on prend pour critère d’évaluation d’une œuvre le niveau culturel et le goût des écoliers. Car seuls ceux-ci acceptent de faire une dépense pour acheter des livres nouveaux et pour s’abonner à de nouvelles revues, ces grands gamins ayant une tête pensante, mais vide toute pensée. Ils sont avides de conférences ; ils se laissent aller facilement à idolâtrer les grands hommes ; ils sont emplis d’une mélancolie digne du jeune Werther, quoique cette « souffrance » soit chez eux bien édulcorée.

Quant aux grands étudiants, ils écrivent déjà depuis longtemps leurs propres livres, en caressant l’espoir de les vendre un jour. Les professeurs d’université, eux, n’écrivent plus de livres et ne rédigent que des préfaces pour les œuvres d’autrui, attendant qu’on leur offre celles-ci en récompense. Ceux d’un rang encore plus élevé dédaignent même de rédiger des préfaces et ne font que calligraphier le titre ou l’épigraphe des ouvrages d’autrui. Bien entendu, on ne manque pas de leur faire respectueusement hommage de ceux-ci ! (pp. 82-83)
Commenter  J’apprécie          20
"[...] Vous qui avez consommé beaucoup d'encre dans votre vie, je devrais en principe vous réincarner en seiche cracheuse d'encre... Mais comme vous avez gaspillé pas mal de papier, il faudrait vous réincarner en mouton afin que vous serviez de matière première aux parchemins. En tant qu'écrivain, vous avez dû aussi user d'innombrables poils de pinceaux, alors je dois vous changer en lapin, en rat ou encore en mouton. Dommage que vous ayez été un écrivain moderne, le pinceau dans vos doigts ressemblant aux baguettes chinoises dans les doigts d'un étranger! Vous utilisez plutôt des becs de plume en acier ou des pointes de stylo en platine. Mais je ne sais pas de quels animaux proviennent ces deux métaux." (Folio - p.109-110).
Commenter  J’apprécie          20
Chez nous, lors d'un deuil, on porte des habits blancs, tandis que chez eux on s'habille en noir. Donc, si leurs fonctionnaires intègres portent une perruque blanche, les nôtres, en signe d'équité, doivent laisser pousser sous leur mâchoire inférieure une barbe noire. Ainsi seront satisfaits, sans préjudice pour les catégories qu'ils ont établies, ceux qui aiment à opposer les civilisations orientales et occidentales.
Commenter  J’apprécie          20
En cet instant, il se rendit compte avec émotion de la force et du poids de ses œuvres, et regretta de n'avoir pas eu assez de retenue auparavant, en écrivant moins de pages, économisant ainsi des dizaines de milliers de caractères. C'est avec douleur qu'il vit défiler son œuvre qui lui meurtrissait le corps de toutes parts. Couverts de contusions, il était ballotté dans ce gouffre obscur et sans fond, entraîné par le tourbillon de cette tempête de livres. De plus en plus affolé, il se dit : "Si ça continue, ne vais-je pas tomber jusqu'au fond, traverser le noyau de la terre et arriver aux antipodes ? ..."
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : littérature chinoiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (49) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
128 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}