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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Stefan Zweig a eu un gros coup de coeur pour Montaigne, et ça se sent, à la façon dont il explore leurs points communs (la judéité, la confrontation à la guerre…)

Et surtout, il nous retrace ici à la fois les étapes de sa vie et celles de l'évolution de sa pensée.

Montaigne est, a été, un être exceptionnel à plus d'un titre : petit-fils d'un marchand de poisson qui a réussi à s'anoblir au fil des générations du côté de son père, et de courtiers juifs convertis qui ont fait de même du côté de sa mère, fruit d'une expérience pédagogique innovante voire même anachronique, il aura finalement eu ce qu'il attendait de la vie, mais à contretemps.

Le reproche que je ferai -encore ! - à Stefan Zweig, c'est qu'il met en avant ce qui l'intéresse, et passe sous silence, total ou partiel, des pans entiers de la vie de son héros : de son traumatisme crânien et de son coma, il ne parle à aucun moment. de son amitié pourtant célèbre avec La Boétie, "parce que c'était lui, parce que c'était moi" et du deuil affreux dans lequel sa mort précoce l'a plongé, il ne dit rien, à peine si quelques échanges entre les amis sont cités, mais sans rien laisser paraître de leur profond attachement.

Alors j'ai bien aimé, mais je trouve que c'est un récit assez partial. Et quand on sait que c'est la lecture d'un des passages de Montaigne qui a convaincu Zweig de passer à l'acte et de se suicider, ça fait même un peu froid dans le dos.
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J'aime la plume de Stefan Zweig donc j'ai choisi cette courte biographie de 139 pages sur Montaigne pour continuer la découverte de ses oeuvres.

Cela m'a permis de connaitre cet homme de lettre du XVIème siècle dont l'oeuvre et la vie me sont inconnues.
Zweig relate ici toute la vie de l'écrivain, de sa jeunesse jusqu'à sa mort.
La partie sur sa jeunesse est intéressante notamment son éducation très particulière en matière linguistique.

Cependant je ne garderais pas un souvenir impérissable de ce texte.
L'écriture de Zweig est toujours aussi agréable.

J'ai également dans ma PaL sa biographie de Marie-Antoinette j'espère qu'elle sera encore plus intéressante !


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Qu'est-ce qu'y dirait Montaigne ? Montaigne, y dirait qu'on est dans la m*** !*
Stefan Zweig, lui, dit que c'est quand on est dans la m*** qu'on comprend le mieux Montaigne, mais dans une m*** catégorie XXL du genre dictature nazie qui extermine les gens par paquets de mille parce que leur arbre généalogique ou leurs opinions politiques ne lui reviennent pas. C'est ce qu'il a vécu, lui, intellectuel juif autrichien contraint à l'exil dans les années 1940. C'est à cette époque qu'il redécouvre Montaigne, homme ayant su préserver son humanité dans une époque aussi troublée que la sienne. Zweig explique dans le premier chapitre de cette biographie consacrée à l'écrivain français comment les écrits de Montaigne font écho à son propre désarroi face à un monde où il est difficile de rester simplement humain.
Dans les chapitres suivants, il raconte de manière assez classique la vie de Montaigne de ses origines à sa mort mais en se focalisant sur le rapport de Montaigne à la liberté individuelle.

Le premier chapitre m'avait intéressée. Je trouvais à mon tour un écho entre notre époque troublée, celle de Zweig et celle de Montaigne. Je trouvais les réflexions de Zweig également pertinentes pour notre époque. J'étais donc a priori bien disposée pour ce livre. Cependant, la suite a perdu progressivement de son intérêt pour moi. Je n'ai pas du tout adhéré à la personnalité de Montaigne telle que décrite par Zweig. Sa soif de liberté s'apparentait davantage, pour moi, à l'égoïsme forcené d'un homme qui se renferme dans sa bulle. Je ne pouvais m'empêcher de penser à sa femme, à ses enfants, à toute sa maisonnée laissée à elle-même parce que Monsieur préfère passer les journées enfermé dans sa tour. Je trouve un peu lâche ce retrait dans son jardin intérieur alors que le monde flambe. Il y a sans doute une forme de sagesse à ne pas prendre parti dans un monde "binaire" mais heureusement que certains, dans l'histoire, ont pris parti, ont mis leurs vies, leurs familles, leur confort dans la balance pour défendre le droit pour tous d'être traités comme des humains et non leur seule petite humanité individuelle...

* Pour ceux qui ne l'aurait pas reconnue, c'est une réplique du film Les trois frères

Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2020
Challenge Monopoly
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Un peu déçue. Stefan Zweig trace un portrait sans complaisance de Montaigne. En filigrane, il parle de lui-même. Les propos désabusés de l'auteur baignent dans une atmosphère triste. Je ne me suis attachée ni au Montaigne dont parle Sweig, ni à Sweig lui-même.
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Inconditionnel des biographies de Zweig, j𠆚i été un peu déçu par celle sur Montaigne. J𠆚i eu l’impression qu’il s𠆚gissait plus de notes de lecture et de commentaires sur Les Essais que d’une biographie proprement dite. En fait, peu de temps avant sa mort, Zweig, se retrouve chez Montaigne : comme lui il est humaniste , libre-penseur et stoïcien ; il pense que la vertu permet de se libérer de toute entrave, des habitudes, des ambitions, du fanatisme. Comme Montaigne, il pense que “la mort volontaire est préférable à la servitude ou à l𠆚sservissement ” (René Dumont). Mais on reste un peu sur sa faim : une biographie plus fouillée était-elle possible avec les documents disponibles ? Ses rapports avec sa femme et ses enfants, puis après la sortie de sa tour d’ivoire les mémoires de ses voyages en Europe, auraient été sans doute passionnants !
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Avec cette biographie de Montaigne, Stefen Zweig nous offre le portrait élogieux « d'un libre penseur », « d'un citoyen du monde » « d'un esprit libre et tolérant ». Alors que l'Europe des années 1940 a sombré sous les coups des totalitarismes et que l'écrivain autrichien voit faillir tous les idéaux pour lesquels il a lutté, la lecture des Essais lui permet de dialoguer, presque 300 ans plus tard, avec le chantre de la liberté et de la tolérance en qui il reconnaît un ami, un miroir de sa propre vie, un modèle d'humanité.

Si le texte offre une introduction instructive et efficace à tout lecteur qui voudrait re-découvrir Montaigne, j'ai aussi eu l'impression de lire le parfait manuel pour enfin « vivre sa propre vie et non se contenter de vivre » : évident et agaçant !

Vivre sa propre vie, c'est d'abord avoir le luxe de bénéficier d'une éducation idéale qui permette à l'individu d'expérimenter, de laisser libre cours à sa créativité, et surtout de ne pas souffrir des contraintes d'un enseignement rigoureux et subi. Près de trois siècles avant Célestin Freinet, Maria Montessori, ou Rudolf Steiner, le père de Montaigne, éclairé par des amis humanistes, avait compris l'inopérance d'une éducation qui se sert du bâton pour inculquer des préceptes figés ». Tout en montrant bien à quel point l'auteur des Essais a été façonné par cet enseignement stimulant et privilégié, Zweig offre aux lecteurs des anecdotes d'enfance amusantes, à l'instar de son apprentissage insolite du latin.

Vivre sa propre vie, c'est ensuite avoir le luxe de bénéficier d'une « chambre à soi », ou mieux, d'une « tour à soi », qui permette durant dix ans de s'extraire de toutes contraintes familiales, sociales et politiques pour « ne plus servir que soi-même » et enfin « vivre, réfléchir et méditer comme il faut » au contact des historiens, des chroniqueurs et des poètes. Zweig montre bien comment la genèse des Essais est inextricablement liée à cette période de formation, solitaire et féconde : dans ce contexte favorable, l'auteur reclus dans sa tour, peut faire la rencontre décisive d'écrivains, avec lesquels il dialogue librement, qu'il interpelle et qu'il questionne.

Vivre sa propre vie, c'est enfin avoir le luxe de ne jamais avoir à renoncer à sa liberté. Ainsi affirme-t-il, comme le fera bien plus tard Daniel Pennac, les « droits imprescriptibles du lecteur » : on comprend avec Zweig à quel point la contrainte, loin d'être créatrice, est exécrée par l'auteur des Essais qui « attend des livres qu'ils le stimulent et ne l'instruisent que par cette stimulation ». C'est aussi au nom de la liberté qu'il choisit de quitter, après dix ans de solitude, sa Gironde natale - ainsi que sa famille et ses responsabilités - pour découvrir le monde hors des sentiers battus. C'est enfin au nom de la liberté qu'il s'émerveille devant des coutumes inconnues, tandis que l'intolérance et les préjugés de ses compatriotes le font rougir de honte.

Il serait toutefois malhonnête de terminer cette chronique avec l'idée qu'en vivant sa propre vie, Montaigne a servi ses seuls intérêts. le travail documenté de Zweig met en lumière l'autre facette du personnage : la soif inextinguible d'émancipation qu'il a eu le luxe d'éprouver à l'extrême, fait aussi de l'auteur des Essais un stratège politique efficace et impartial. Jusqu'à la fin de sa vie, il saura rester fidèle à son credo : « rester en éveil, ne pas s'engager, ne pas devenir esclave, être libre ». En définitive, cette biographie ne peut-elle pas se lire comme une illustration parfaite du célèbre essai de Virginia Woolf ?
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