Des guerres et des hommes

Marc de Fritsh et Olivier Hubac sont des connaisseurs de la chose militaire et des règles de la guerre. Tous les deux Saint-Cyriens, ils ont tenu des emplois qui leur assurent une connaissance indéniable du sujet.

L'objectif de leur essai est de battre en brèche vingt-cinq idées reçues sur la guerre en s'appuyant sur des faits et non sur des propos de café du commerce.
Même si le sous-titre annonce que les références sont prises sur l'ensemble de l'histoire de l'humanité, la plupart des justifications sont des évènements du XIXème, XXème et XXIème siècle.

Quelles sont les thématiques
Je retiendrai les suivantes car représentatives des a priori sur la guerre :
- « Ce qu'il faudrait, c'est juste une bonne guerre » ;
- « Il existe des guerres justes » ;
- « La guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires » ;
- « L'arme nucléaire ne sert plus à rien » ;
- « Supprimons les armées et il n'y aura plus de guerre ».

Les sujets sont très bien traités et ne demandent pas de connaissances approfondies pour les aborder. C'est donc un très bon essai, qui vieillira probablement mal car les références sont trop récentes et d'actualité et ne seront pas parlantes pour les prochaines générations. Cependant, c'est extrêmement intéressant.

Une décennie plus tôt, ces deux auteurs surfent sur la vague du conflit afghanisitien.
Pour beaucoup de français, cette guerre a rappelé la rudesse et la complexité des luttes militaires.
Mais la guerre est aussi vieille que l'humanité, et elle traine son lot d'idées reçues.

Au travers d'arguments et d'exemples, un chemin est tracé pour tenter d'éclaircir notre vision.
J'ai particulièrement apprécié la réflexion amenée sur ces deux points :
-"A la guerre tous les coups sont permis."
-"Il suffit de quelques commandos pour gagner."

Ci dans l'ensemble j'ai apprécié le travail fourni.
J'ai parfois eu le sentiment que les auteurs faisaient étalage de leurs connaissances plutôt que de réellement utiliser leurs exemples.

Enfin, je ne suis pas d'accord avec la conclusion sur le chapitre femmes et guerre. D'après eux, les femmes peuvent être d'aussi bon commandants que les hommes, mais il est plus difficile pour elles d'être combattants, car elles préféraient régler les conflits autrement qu'avec l'usage de la violence. J'ai trouvé cette vision old-school. D'autant plus qu'ils concluent avec "Alors il vaudrait peut-être mieux que la guerre reste en partie une affaire d'hommes."

Alors parfois, je ne sais pas comment me positionner face à ce genre de livre. le but est-il de se conforter dans sa propre opinion ? Ou de s'en forger une ?