Pendant quatre saisons Christine Sedraine a partagé le quotidien des « Oies sauvages en larmes », cette métaphore désigne les réfugiés tibétains. Wangdak Tashi, le vieux pasteur nomade, Ngawang Chöjor un moine défroqué par amour et Konchok le fermier nous content leur histoire et à travers eux celle du peuple tibétain. Ils nous parlent de leur vie avant l'invasion chinoise de 1949, les fêtes, les rituels, les cérémonies, les légendes. Ils se livrent, elle note. Ces témoignages sont entrecoupés de commentaires et de réflexions de l'auteur qui enrichissent toujours le propos.
Parfois le récit est à la limite de l'épopée fantastique quand Wangdak Tashi rapporte la lutte héroïque contre l'envahisseur chinois. Ngawang Chöjor nous fait partager la vie dans un monastère afin de préserver la religion et la culture tibétaine. Konchok comme tous ses compatriotes est persuadé un jour de rentrer au pays aussi sûr que le soleil se lève chaque matin. Chacun exprime les souffrances de l'exil qui ne sont rien comparées à celles de ceux qui sont restés au pays soumis en permanence à la faim, à l'humiliation et la terreur.
Cet ouvrage d'une grande richesse c'est simplement l'histoire d'un peuple tout entier se retrouvant brutalement nu, déraciné, dépouillé de toute référence culturelle. Des femmes et des hommes qui pratiquent la tradition avec déférence révèrent la connaissance. Une conception du monde et de l'être différent de la nôtre où l'on vit l'instant présent pleinement sans se projeter ou se soucier de l'avenir. Une leçon d'humilité, de simplicité et de courage.
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Le pasteur nomade est riche quand ses bêtes vivent, dans le cas contraire, il ne survit pas lui-même.
Pour les aventuriers et les voyageurs la terre est devenue une prison trop étroite, un véritable chantier de la mort.