J'ai calé. Et, franchement, si je n'avais pas reçu ce livre dans le cadre de Masse Critique, mon avis s'arrêterait là. Mais ce ne serait pas correct. Je vais donc essayer de développer un peu plus.
Commençons par l'histoire.
Vers l'an 33 de notre ère, en Judée, Eliezer se réveille dans un tombeau. Son tombeau. Près de lui, sa famille et ses voisins, éplorés, et, surtout son vieil ami Yeshua. Eliezer est sorti du tombeau, ramené chez lui, réuni à ses enfants, à ses soeurs, Marta et Maryam, et commence à comprendre ce qui lui est arrivé : il est mort et est revenu à la vie. Un miracle auquel Yeshua, rabbin itinérant, ne semble pas étranger…
À partir de là, l'histoire doit vous sembler familière.
Richard Zimler part en effet de la résurrection de
Lazare (Eliezer en hébreu) pour raconter, du point de vue du dit
Lazare, la dernière semaine de la vie de Jésus (Yeshua). À l'image du choix de redonner leurs prénoms hébreux aux personnages, l'auteur propose une reconstitution minutieuse de la Palestine de l'époque : l'occupation romaine brutale, le brassage interculturel, le mélange entre religion juive et superstitions de toutes sortes… C'est une reconstitution vraiment bien présentée et qui m'a plu, au début. Cependant, arrivée à la moitié, cette lecture devenait de plus en plus une obligation et de moins en moins un plaisir et, vraisemblablement, je n'arriverai pas au bout dans le temps qui m'est imparti. Il est de toute façon peu probable que la suite fasse changer mon opinion sur ce livre.
Dans une rencontre avec un livre, comme dans une rencontre avec une personne, quand la première impression est défavorable, il est rare que cela s'arrange par la suite.
L'entrée dans le roman avait déjà éveillé mon scepticisme : entre deux citations d'Eliezer
Ben Natan (
Lazare lui-même…) en guise d'épigraphe, une honnête mise en garde en forme d'imprécation mystique et, enfin, un premier chapitre qui raconte un rêve lui aussi particulièrement mystique. Un peu indigeste, comme entrée en matière.
Ensuite, commence le récit de la résurrection de
Lazare qui m'a tout de suite fait tiquer par ses inexactitudes par rapport au récit biblique : dans le roman de
Richard Zimler, c'est Yeshua (Jésus) qui entre dans le tombeau et
Lazare en est sorti sur un brancard alors que, dans l'Évangile de Jean,
Lazare sort tout seul de son tombeau, encore émailloté de bandelettes. Bon, pourquoi pas. Autre inexactitude : la mention de Loukas (Luc), présent dans le récit et signalé dans l'index des personnages comme apôtre. Je vais pinailler encore mais Luc, collaborateur de Paul, n'est pas un apôtre, et n'a très vraisemblablement pas connu Jésus avant sa mort. Il avoue lui-même avoir écrit son Évangile en interrogeant des témoins. Ce ne sont pas des écarts très graves et je ne les pointe pas pour critiquer la qualité de l'oeuvre mais pour expliquer que ça a participé à mon manque d'enthousiasme à l'égard de ce roman. Je suis très attachée à l'exactitude en ce qui concerne la Bible et je n'ai pas compris pourquoi de telles libertés, pas forcément utiles, ont été prises.
En ce qui concerne la première (le récit de la résurrection lui-même), je me doute que l'auteur a dû vouloir rendre le récit plus vraisemblable. Il est clair, pour autant que j'en puisse juger sur la première moitié du livre, que l'auteur ne considère Jésus que comme un "Juif mystique, charismatique, guérisseur et prêcheur" et non, à l'instar des chrétiens, comme le Fils de Dieu.
J'étais prête à essayer de passer par-dessus cette divergence d'opinion mais cela n'a pas suffi à me permettre d'adhérer à cette histoire. Et, bien sûr, cela m'a quand même clairement empêché d'adhérer au personnage de Jésus tel qu'il est ici représenté. Pour être mystique, il est mystique. Tout le récit est imprégné de cette mystique juive qui pourrait être intéressante mais que j'ai surtout trouvée indigeste, à la longue.
Sur le site officiel de
Richard Zimler,
Lazare est présenté par certaines critiques comme un "thriller". En ce qui me concerne, je trouve cet avis très exagéré pour une histoire dont le dénouement tout comme le déroulement sont grosso modo connus de tous et dont le rythme n'est pas aussi trépidant que dans un thriller.
Donc, désolée, M. Zimler. J'ai vu que vous étiez sur Babelio (où vous vous auto-citez d'ailleurs) mais je ne vais pas pouvoir vous fournir une autre critique dithyrambique à mettre sur votre site officiel.