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EAN : 9782348057915
800 pages
La Découverte (25/08/2022)
4.81/5   13 notes
Résumé :
Dans tous les pays du monde, à toutes les époques, des femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes.
L’historienne Christelle Taraud réunit dans ce livre les meilleures spécialistes mondiales de la question, des œuvres d’artistes et d’écrivaines, des témoignages et des archives… pour comprendre le continuum de violences qui s’exerce contre les femmes depuis la préhistoire.
Un ouvrage essentiel et inédit, autant scientifique que politique.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Déjà, c'est un livre extrêmement bien pensé, intelligent et didactique. Articles scientifiques et universitaires se renvoient la balle avec des oeuvres d'art commentées et des documents d'archives. D'une rigueur incroyable, le livre se déroule comme on lirait un roman. Les chapitres et articles s'enchaînent, courts, efficaces, exhaustifs, faciles à lire, avec un travail graphique très agréable pour l'oeil et qui rend la lecture très facile et soutien merveilleusement le cheminement de pensée.
Le contenu ? Eh bien, il n'a rien de gai. Mais à nouveau, comme beaucoup de livres si lourds et si rudes, il est essentiel de retracer l'histoire des violences faites aux femmes et de voir leurs déclinaisons aujourd'hui à travers le monde. Ce sont de grandes chercheuses, universitaires, mais aussi des femmes de terrain, issues de tous les continents, qui ont construit ce livre toutes ensemble. Ce livre c'est une force, un travail de longue haleine. Difficile mais essentiel, les pages sentent l'odeur ferreuse du sang. de la préhistoire avec l'interprétation erronée que nous en avons longtemps eu, aux chasses aux sorcières de l'antiquité à nos jours, en passant par la colonisation ou les violences faites aux femmes queers…
Le livre tend tout de même à ménager des respirations : on trouve des oeuvres d'art visuelles ou cinématographiques accompagnées d'une légère analyse, ou des extraits de monuments littéraires, qui illustrent les propos abordés au fil des chapitres.

Pêle-mêle (mais merveilleusement orchestré) on trouve : des biographies époustouflantes de femmes mauvaises, qui continuent à avoir mauvaises presses ou autour desquelles évoluent de sombres légendes. Comme certaines histoires de sorcières auxquelles les historiennes offrent une nouvelles voix. Je le disais également, on trouve aussi des oeuvres d'art et leur courte analyse, tout comme des extraits littéraires, des articles de recherche bien sûr, mais aussi des décryptages de films, des chansons, des présentations d'actions et d'ONG à suivre. C'est un ouvrage plus que complet, plus que foisonnant qui n'a rien de gai mais hyper exhaustif. C'est ce genre de bouquin dont on aurait besoin sur tous les thèmes importants : il possède un traitement pluriel, laissant la voix aux universitaires, aux artistes, aux militants et personnes directement concernées, les voix s'unissent, et on a une vision globale et historique de ce grave sujet.
C'est également un livre qui est pensé pour le grand public malgré sa densité. On voit de nombreux articles, qui s'ils sont pointus, sont extrêmement bien adaptés et pas du tout embêtants. Par exemple, pour des féminicides dans la cour des rois de France : sujet nécessitant un gros retour historique et une solide culture, la forme de l'article est celle de questions-réponses, succinctes et efficaces et tout à fait accessible sans s'ennuyer !

J'ai été tout à fait heurtée par un article pittoresque nommée « une émancipation contrariée : la répression des femmes sous la révolution française » par Martial Poirson :
Qui s'intéresse un minimum au féminisme (et donc à l'égalité des genres) sait bien que les femmes n'ont pas attendu 68 pour ouvrir leur bouche et qu'il y avait déjà des écrits féministes au XVIIIe siècle même si le mot n'était pas tombé. Et donc que montre cet article ? C'est que lorsque les hommes ont besoin des femmes dans leur lutte (comme une révolution par exemple) bon, elles en sont. Mais qu'une fois que c'est fait, les feminicides se perpétuent pour procéder à une éviction des femmes dans l'espace public. Et le plus beau dans tout ça, c'est que 3 siècles plus tard, le procédé est toujours le même ! Bref, à chaque article j'avais un cheveux blanc supplémentaire je crois bien.
Comme beaucoup d'articles et récits relatés dans ce livre il est extrêmement dur à lire (la listes des viols, des meurtres violents et des tortures sordides ne faisant que s'allonger au grès de ces plus de 900 pages…) Entre la révolte et le dégoût, car comme le montre l'auteur qu'elles soient républicaines ou monarchistes ce sont les femmes qui ont été les grandes perdantes de l'Histoire quelques aient été leurs actes.

Sur une note (à peine) plus joyeuse, on peut aussi voir que ce livre est l'occasion de découvrir d'autres livres, des films et des artistes engagées grâce aux extraits et articles bien choisis : accessibles et agréables à lire. Tous s'enchaînent et s'emmêlent dans ce bel ouvrage, dans toute la pluralité des supports, à travers le monde et l'histoire. Par le biais de la littérature, de l'art, de la science, de la sociologie… Ça montre en effet à quel point on est entouré par cette violence, à quel point les Feminicides possèdent différents visages changeants mais toujours omniprésents, insaisissables dans leurs diversités. Trop nombreux et denses.
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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Féminicide : meurtre d'une femme, d'une fille en raison de son sexe.

Ici, ce gros recueil de plus de 900 pages nous propose d'explorer ce thème avec plusieurs articles assez courts mais tous très intéressants. Nous remontons le fil de l'Histoire, de la préhistoire jusqu'à nos jours afin de comprendre comment et pourquoi les femmes ont souvent été la proie et le sujet de haine de nombreux hommes.

Ce sujet m'intéressait beaucoup car je trouve qu'aujourd'hui il est vraiment nécessaire d'ouvrir les yeux sur ce fléau qui dure depuis des milliers d'années. de plus, étant une femme moi-même, je trouve important d'en savoir plus sur la condition de la Femme au fil des siècles et aujourd'hui encore.

Agrémenté d'images, de graphiques, d'extraits de romans, d'articles, ce livre nous permet de saisir une vision d'ensemble du phénomène.
Étant très intéressée par le sujet mais totalement novice, j'ai appris énormément de choses. Vous connaissez tous la chasse aux sorcières, mais saviez-vous qu'aujourd'hui encore on tue des femmes en leur reprochant d'être des sorcières ?
Plusieurs portraits de femmes sont dressés comme la célèbre Jeanne d'Arc (d'ailleurs vous devriez lire son acte d'accusation, c'est juste irréel), la Malinche, et d'autres femmes anonymes qui ont vécu l'enfer.
L'esclavage, la prostitution, les féminicides de masse, les mariages forcés, les kidnappings, le viol, la violence conjugale... de nombreux sujets sont abordés ici.
J'ai été terriblement secouée de lire le sort réservé à certaines femmes, la cruauté dont elles ont été les victimes.
Ma lecture a été longue mais terriblement enrichissante et m'a encore plus persuadée qu'il ne faut pas fermer les yeux. Qu'il est important d'en parler et de ne pas se satisfaire de nos conditions.
Si seulement on pouvait nous apprendre tout cela dès l'école !
Un livre nécessaire, et tellement important.
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« Les hommes ont peur que les femmes se moquent d'eux. Les femmes ont peur que les hommes les tuent. » Margaret Atwood

A toute époque, de toute part en ce monde, en toutes cultures se retrouve la réduction du corps des femmes à la fonction d'exutoire dont la pression patriarcale au virilisme ne peut se passer. Ce livre, cet énorme recueil des faits, en déroule le constat, méthodiquement, implacablement.

Un tour du monde et des siècles en sept étapes et avec la contribution de 138 auteurs et autrices:
I -- Chasse aux « sorcières »
II – Esclavage et colonisation comme féminicide
III – Meurtres de femmes et féminicides de masse
IV – Masculinismes et féminicides
V – Féminicides et génocides
VI – Normes de beauté, mutilations corporelles et annihilations identitaires
VII – Tuer les filles, les domestiquer, les marchandiser.

Un livre indispensable pour qui veut considérer et penser ce que l'homme fait à l'être humain qui, le plus souvent, est une femme.




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Un ouvrage incontournable, sensible, majeur, intelligent. L'histoire des femmes à travers les violences protéiformes et systémiques qui leur sont faites depuis la nuit des temps. Sans raison valable, si ce n'est leur qualité de femme. Un récit à plusieurs mains qui éclaire les zones d'ombres et met des mots là où le langage échoue d'habitude. Un trousseau de clés précieux pour ouvrir les portes de l'impensé. Repenser le monde. Constuire des ponts, réparer ce qui peut l'être encore. Comprendre que nous ne pouvons pas nous en sortir seules. Surtout lorsque la violence institutionnelle et sociale vient amplifier la violence intime, familiale, conjugale. Qu'elle est l'origine du mal.
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critiques presse (1)
Bibliobs
29 août 2022
L’ouvrage « Féminicides », à paraître ce 8 septembre aux éditions La Découverte, constitue la plus vaste étude désormais disponible sur les violences faites aux femmes à travers le monde, depuis la préhistoire jusqu’à nos jours et sur les cinq continents.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
« Il ne fait aucun doute que la chasse aux « sorcières » a servi à redéfinir la position sociale des femmes. En effet, dans les crimes imputés à la « sorcière », on décèle déjà, de manière anticipée, toutes les formes de comportement féminin et social qui allaient être proscrites, après avoir été diabolisées, dans la société capitaliste en développement. Comme je l’ai soutenu dans Caliban et la sorcière, le capitalisme, plus que n’importe quel autre système, s’est appuyé sur l’accumulation d’une force de travail massive et la régulation des désirs et des comportements sexuels afin d’imposer une forme plus intensive de labeur et d’exploitation. Ainsi a-t-il eu besoin de contrôler, de s’approprier la source principale de la force de travail, le corps féminin, et de « dompter » les femmes, en dépeignant leur « fascinum » (que l’on pourrait traduire par « charme ») comme un danger mortel. » P62 Silvia Federici
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[À] l'opposé d'une lecture réductionniste du crime cantonnant celui-ci à la seule sphère du privé et de l'intime, le continuum féminicidaire qui est éclairé dans ce livre et qui en constitue le coeur devait nécessairement être pensé, analysé et compris dans la très longue durée chronologique, en saisissant les racines du phénomène dès les temps préhistoriques, tout en lui donnant une densité et une épaisseur géographique inédite à ce jour dans le monde académique - à l'aune des cinq continents qui fondent notre monde commun. (14)
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« Si les chasses aux « sorcières » trouvent leur origine dans les temps médiévaux, c’est au XVIe siècle, à une époque où les relations capitalistes se développent – définie par Marx comme celle de « l’accumulation primitive » -, qu’elles sont véritablement devenues une persécution de masse, principalement organisée par les autorités séculières bien que toujours en collaboration avec l’Église, même après la Réforme. C’est à cette période que, sous tous ses aspects – depuis les tortures infligées pour prouver la culpabilité ou obtenir des aveux jusqu’aux crimes imputés aux accusées -, la chasse s’est presque exclusivement concentrée sur les femmes, à tel point que, comme le dit Christina Larner, « femme » et « sorcière » sont devenus deux mots quasiment interchangeables. » P61 Silvia Federici
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Au fond, l'identité d'une femme n'est à aucun moment quelque chose qui lui appartient en propre ; elle est toujours subordonnée à ses "relations sexuelles" avec les hommes, que celles-ci soient contraintes ou consenties. Ces conceptions doivent, cependant, exister préalablement à la mise en œuvre d'une politique de viols de masse. Si tel n'est pas le cas, cette dernière perd son pouvoir coercitif et peut même échouer à séparer les familles ou à assurer un véritable "nettoyage ethnique".
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Ce que les victimes des tueurs en série ont en commun, c'est d'avoir vécu dans des systèmes patriarcaux, leur vie y ayant été dévalorisée par de puissantes forces systémiques et institutionnelles.
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Videos de Christelle Taraud (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christelle Taraud
A l'occasion des 6 ans du mouvement #MeToo et pour la sortie du livre #MeToo l le combat continue aux éditions du Seuil, Mediapart a organisé une soirée spéciale le 19 octobre 2023 à la salle Olympe de Gouges dans le 11ème arrondissement de Paris.
#MeToo : Six ans après, les féministes ont elles gagné ?
- Christelle Taraud, historienne - Hélène Devynck, journaliste et autrice du livre « impunité » - Axelle Jah Njiké, autrice et réalisatrice de podcast - Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV)
00:00:00 - 00:01:00 : Présentation des invitées et introduction par Sarah Brethes journaliste au pôle Enquêtes chez Mediapart
00:01:00 - 00:15:08 : Quelles sont vos sources de joies et d'optimisme dans le combat féministe ?
00:15:08 - 00:31:23 : Sur MeToo, avez-vous le sentiment de vivre une révolution ?
00:31:23 - 00:48:35 : Les institutions (Police, justice, éducation nationale) sont-elles à la hauteur du moment ?
00:48:35 - 00:56:04 : Les féminicides ne diminuent pas d'années en années, les politiques publiques y peuvent-elles quelque chose contre ça ? Avec Christelle Taraud.
00:56:04 - 01:00:55 : Les violences sur mineurs et incestes, avec Emmanuelle Piet.
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01:06:55 - 01:11:00 : Les violences sexuelles et sexistes touchent davantage les femmes racisées, avec Axelle Jah Njiké.
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