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Geneviève Pruvost (Autre)
EAN : 9782369355984
352 pages
Le Passager Clandestin (03/03/2023)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Dans cet essai publié en 1978, Françoise d’Eaubonne montre que l’exploitation de la nature et l’oppression des femmes ont un dénominateur commun : le patriarcat. Si les hommes se sont au cours des siècles approprié la fertilité des femmes et de la terre, un autre seuil a été franchi avec l’expansion du capitalisme à l’échelle mondiale : c’est la vie même qui est désormais menacée.
Rejetant l’injonction permanente à la croissance démographique et économique, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'avoue que je craignais un peu de lire un ouvrage sortit 50 ans plus tôt mais en vérité c'est réellement édifiant. Je me sentais attirée par Françoise d'Eaubonne depuis bientôt deux ans, moment où j'ai entendu parler d'elle pour la première fois alors que ce m'apprêtais à me faire ligaturer les trompes. Je suis à la fois fascinée par ses analyses et horrifiée également par sa clairvoyance. de nombreuses choses qu'elle avait anticipé se sont effectivement produites (notamment en terme d'écologie) avec un peu de retard nous arrivons aux saturations quelle avait anticipé. de même, sa lecture en direct des évènements de son époque sont incroyablement pertinentes alors même que je n'ai jamais été capable d'un tel recul durant ma licence d'histoire cinquante ans plus tard... Nous n'apprenons plus à réfléchir. Elle dirait sûrement que c'est là une volonté supplémentaire du capitalisme.
Elle exprimait il y a cinquante ans ce que nous demandons aujourd'hui : la liberté des femmes à disposer de leur corps, la décroissance, la sobriété, la suppression de la valeur travail et du salariat.
Mais "personne ne pouvait prévoir qu'on en arriverait là" pas vrai ?
Je ne suis qu'au tiers de l'ouvrage et je prendrais sûrement d'autres notes mais c'est réellement passionnant et je conseille ses ouvrages à quiconque cherche à penser l'avenir de notre civilisation.
Je vais reprendre un passage complet parce que j'hallucine sur la justesse de ses propos : « les principales motivations de ce désarroi sont la mobilité professionnelle s'accompagneront souvent d'un dépaysement dans l'espace qui peut aller jusqu'au déracinement radical ; le caractère de plus en plus éphémère et provisoire, systématiquement voulu (avec la complicité sans cesse sollicitée du consommateur), des objets les plus courants ; les modifications accélérées et traumatisantes de l'habitat, surtout dans les grands complexes administratifs (trouble psychique et nerveux engendré par l'altitude des immeubles, au point car mon nouveau est apparu pour certaines dépressions
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Lectrice puis épistémologue (l'épistémologie est l'étude critique des sciences) de Engels, Marx et Lénine, Françoise d'Eaubonne (FdE) considère que ces derniers ont loupé, dans leur analyse des rapports de production classe ouvrière contre classe de capital, les rapports sociaux de sexe : la classe des femmes productrices de producteurs contre le patriarcat mâle exploiteur. Les femmes définies par leur classe de sexe subissent une superposition d'oppressions ; FdE aborde ainsi l'intersectionnalité comme on ne disait pas alors : la bourgeoise, "fille au pair" chez son patron de mari ; la prolétaire, fille au pair de son patron de mari est aussi exploitée par son patron d'usine ; et enfin, la femme qui subit l'oppression coloniale, troisième oppression en plus des deux déjà citées.

Deux mythes : la femme (éternelle) et la Terre (inépuisable).

A partir du moment où les hommes ont pris connaissance de leur rôle dans la reproduction humaine, vraisemblablement au Néolithique en observant les animaux (auparavant ils croyaient que les femmes étaient fécondées par des entités divines), ils ont domestiqué, réduit les femmes à leur fonction reproductrice par la contrainte. Filles et femmes réduites à l'abjection du rapt, de la razzia, de l'enlèvement, du mariage forcé, de l'échange contre biens et terres, du viol, de la prostitution, traitées en troupeau de (re)productrices de producteurs et de guerriers, en séparant à la fin de l'enfance le fils de la mère, le fils trahissant la mère en passant dans la caste supérieure des mâles.

Les hommes en compétition entre eux, ne supportant pas la concurrence pour l'espace et le pouvoir, déclenchent régulièrement des guerres où ils envoient la surproduction, la "ferraille humaine" écrit FdE se faire tuer à la guerre : ça fait de la place, évite le morcellement des héritages (sort des cadets sous l'Ancien Régime), et relance la construction, c'est bon pour les PIB. L'actuelle guerre en Ukraine ne déroge pas à cette règle d'airain. Dans les pays où il n'y a plus de guerres, typiquement nos sociétés européennes, le chômage indemnisé ou non, les emplois-formation, les petits boulots de l'économie informelle jouent ce rôle de voie de garage pour les surplus : on leur fait l'aumône d'un traitement social du chômage pour qu'ils ne se révoltent pas ou pas trop longtemps. On évite ainsi la surchauffe de la masse salariale des entreprises en maintenant les salaires bas et en faisant supporter la culpabilité sur les chômeurs vite déclarés "inemployables". Dès 50 ans, vous êtes bon pour la casse. Anecdote, cri du coeur de François Lenglet, journaliste économique, entendu ces derniers jours, constatant la baisse du chômage : "le chômage baisse parce que la natalité baisse". Il fallait, je vous assure, être au bon endroit au bon moment pour tomber dessus, j'ai eu de la chance, c'est un aveu très rarement fait.
Lien : http://hypathie.blogspot.com..
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Françoise d'Eaubonne évoque ce qu'elle perçoit de l'évolution de la place de la femme et ce qui persiste des différences entre hommes et femmes, d'un point de vue sociétale. Depuis le texte d'origine de 1978, il y a eu des évolutions, dans un mouvement non-linéaire fait d'avancées et de régressions, mais des notions restent très actuelles.
J'ai trouvé la préface de Geneviève Pruvost très intéressante et plutôt simple d'accès. Ensuite, cet écrit de Françoise d'Eaubonne n'est pas facile à lire, j'ai du relire plusieurs fois certains passages pour les comprendre (ou pas). J'avoue ne pas avoir fini le livre. Il est plutôt intéressant mais dense et complexe à lire. Mais j'y reviendrai!
Je ne met pas d'étoile car je ne me sens pas légitime pour l'évaluer.
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J'avoue que je ne connaissais ni Françoise d'Eaubonne, ni cet essai datant de 1978...

Son écriture marque dès le début, car son actualité est toujours au goût du jour.

Je n'ai pas terminé la lecture de cet ouvrage, car celui-ci nécessite de devoir prendre son temps. Analyser chaque chose, les comprendre et les "digérer".

Cette lecture m'a demandé de me sortir de ma zone de confort, car ce n'est pas quelque chose dont j'ai l'habitude. Néanmoins, même si celui ci me demande plus de concentration, je sais qu'il restera dans ma bibliothèque, car malgré tout, et malheureusement, je doute que les moeurs changent tout de suite...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La destruction des sols et l'épuisement des ressources signalés par tous les travaux écologistes correspondent à une surexploitation parallèle à la surfécondation de l'espèce humaine. Cette surexploitation basée sur la structure mentale typique d'illimitisme et de soif d'absolu (qu'il s'agisse de profit matérialiste ou d'idéologie religieuse ou politique), qui est un des piliers du système mâle, s'est d'autant plus facilement et librement exercée en l'absence de la cogestion féminine, toujours considérée comme un frein et un alourdissement à cause de ses aspects conservateurs, antiaventuristes, anticompétitifs et antiviolents. L'appropriation patriarcale de la fertilité terrestre a donc bien abouti, directement, par la destruction des ressources par surexploitation, comme l'appropriation patriarcale de la fécondité à la surpopulation mondiale ; ces deux motifs fondamentaux du patriarcat auront persisté à travers tous les régimes économiques pour déboucher sur le capitalisme industriel meurtrier et sur-polluant, en maintenant à chaque époque l'oppression des femmes et la hiérarchie sexiste. Le profit est le dernier visage du pouvoir, et le Capitalisme le dernier stade du patriarcat.
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De qui se fout-on ? Et qui arrivera à nous faire croire, si bête que nous soyons, que l'on peut à la fois maintenir le chiffre d'affaires de l'industrie qui nous assassine et arrêter l'assassinat ? Continuer à fabriquer des avions et protéger le ciel du kérosène ? Accroître la production de la cellulose et préserver les eaux des effroyables conséquences du blanchiment ? Faire tourner les usines de produits plastiques et débarrasser la terre de l'ordure in-recyclable ?
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Il est significatif que le système patriarcal-universel devienne système macho quand il appartient aux pays développés. Le machisme est au patriarcat ce qu'est la société de castes à la société de classes, ou le fascisme au capitalisme bourgeois.
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La seule solution à l'inflation démographique, c'est la libération totale des femmes, et partout à la fois.
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Une femme sans homme choquait comme un bétail errant sans maître.
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Videos de Françoise d' Eaubonne (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Françoise d' Eaubonne
#françoisedeaubonne #féminisme #cultureprime Militante libertaire féministe, Françoise d'Eaubonne est l'une des premières à opérer un rapprochement entre les luttes féministes et la protection de l'environnement dans les années 1970. Elle est à l'origine de "l'écoféminisme", dont se revendiquent des militantes et militants écologistes aujourd'hui.
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