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EAN : 9782749177960
Le Cherche midi (11/01/2024)
3.84/5   31 notes
Résumé :
Premier roman.

La destinée d'une jeune fille dans une famille kabyle où règnent le culte du fils et une façon bien particulière de garder les secrets.

Enfant, Esther passe ses vacances chez sa grand-mère Jida, regard intimidant et canines en or, dont le pavillon modeste, une fois la porte fermée, transporte en Kabylie. Les chants, les odeurs, la cuisine, les danses, les traditions... Tout rappelle le pays d'où la famille a émigré, aprè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Chez Jida, c'est,le temps des vacances,le lieu de retrouvailles entre cousins,les rires et les jeux dans le jardin,mais c'est surtout l'endroit de la perte de l'innocence,des choses tues qui gangrènent cette famille de harkis.
Jida,la grand-mère, la matriarche,en impose et on la craint.Mi-mamie mi- sorcière,elle règne sur les siens .Dans l'organigramme familial,les bonnes places sont prises par les hommes et personne ne conteste ces traditions tenaces et délétères. Comment se construire et affronter l'omerta quand on est petite fille,qu'on a subi l'indicible et que l'on n'est pas écoutée ?
Ce premier roman raconte à travers trois générations de femmes,la place qu'on ne peut pas prendre,la violence contenue et subie,une espèce d'héritage maudit qui va peut-être se déliter et permettre une porte de sortie vers la liberté.

Merci à Babelio masse critique et aux éditions le Cherche Midi pour cet envoi.
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Nous voici, en France, dans une famille kabyle de harkis en 1998; Esther, 9 ans, passe ses vacances chez Jida qui veut dire grand-mère en arabe, au milieu de ses cousins et cousines; au vu et au su de sa grand-mère, dans sa propre maison, son oncle Ziri, le fils chéri de Jida, la viole chaque jour. Ce n'est que lorsqu'une cousine, soutenue par sa mère, fera éclater la vérité, que l'oncle ira en prison dont il sortira quatre ans plus tard et retrouvera sa place dans la famille.
Ce roman, c'est le combat de l'enfant, de la jeune fille puis de la femme dont on n'a pas écouté la douleur, dont la parole n'a pas été prise au sérieux, dont la vie a été pourrie par le poison de la honte, de la peur, de la colère jusqu'à ce qu'enfin la justice lui reconnaisse le statut de victime, alors qu'elle a 33 ans et beaucoup de souffrances derrière elle.
Ce roman, c'est aussi le poids de la tradition et du patriarcat dans une famille algérienne où on ne conçoit de liberté que pour l'homme, la femme devant se soumettre à la volonté de son père puis de son mari qui lui a, la plupart du temps, été choisi par sa famille. C'est aussi la figure de la mère qui reproduit ce qu'elle a vécu, considérant que la violence, le viol sont des comportements qu'elle doit accepter pour elle et pour ses filles. C'est ce processus qui est également à l'oeuvre avec l'excision où ce sont souvent les mères qui exigent que leurs filles soient mutilées par peur du rejet par leur famille, leur clan. Très souvent dans la littérature, les séjours chez la grand-mère sont synonyme de tendresse, de douceur, de souvenirs heureux. Pas là. La grand-mère offre sa petite-fille à son fils adoré et on a envie de crier, de hurler.
Ce roman, c'est le portrait de plusieurs femmes de la famille, celles qui ont accepté le rôle qui leur était assigné de mère et d'épouse soumise et celles qui se sont rebellées au prix de coups, de tortures, d'enfermement pour Jasmina, une des tantes d'Esther ou au prix d'une exclusion de la famille pour la mère d'Esther.
Ce roman, c'est aussi la terrible histoire des harkis qui ont dû fuir l'Algérie en 1962, considérés comme des traîtres devant être exécutés pour avoir combattu auprès des Français et qui ont été rejetés en France, parqués dans des camps de transit, encerclés de barbelés, abandonnés à leur sort.
Un premier roman qui touche au coeur, qui révolte et qui laisse sa trace.
#UnétéchezJida #NetGalleyFrance
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Voici mon retour de lecture sur Un été chez Jida de Lolita Sene.
Enfant, Esther passe ses vacances chez sa grand-mère Jida, regard intimidant et canines en or, dont le pavillon modeste, une fois la porte fermée, transporte en Kabylie.
Les chants, les odeurs, la cuisine, les danses, les traditions.. Tout rappelle le pays d'où la famille a émigré, après la guerre d'Algérie, en passant par des camps de réfugiés.
Esther évolue au milieu d'une agitation permanente et parmi toute sa famille.. il y a Ziri. le fils chéri de Jida, qui aime trop les enfants, notamment la jeune Esther..
Comme elle se demande, plus grande, pourquoi sa grand-mère et une partie de la famille s'évertuent à protéger cet homme qui lui a fait tant de mal.
Un été chez Jida est un premier roman percutant, dont la lecture ne laisse pas du tout indifférent.
Esther est une fillette charmante, mais elle n'aime pas toujours aller chez sa grand-mère Jida ni dormir avec elle comme les enfants le font à tour de rôle. Evidemment, elle ne dit pas à sa famille son manque d'enthousiasme à l'idée d'y aller. La vieille dame est intimidante et quand on ferme la porte de chez elle on se retrouve au Pays, en Kabylie.
Un pays où le culte du premier fils est important visiblement car à ce fils chéri, Ziri, on lui pardonne tout.. même de trop aimer les enfants !
Ziri qui va faire des dégâts autour de lui, mais chut.. il ne faut pas en parler..
Il est impossible de rester indifférent face à l'histoire d'Esther. Elle est touchante cette enfant qui va s'effacer, ne pas faire de vagues.
Tout montre qu'elle est victime d'abus sexuels.. à condition de savoir ouvrir les yeux !
On suit Esther, enfant comme adulte. D'autres voix s'élèvent également au fur et à mesure que les pages se tournent.
Un été chez Jida est un premier roman poignant et révoltant qui est nécessaire pour faire entendre la voix des victimes d'abus sexuels. C'est un roman, certes, mais cela pourrait être une histoire vraie.
Je vous recommande cet ouvrage, que je note quatre étoiles et demie.
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Premier roman de Lolita Sene, Un été chez Jida raconte l'évolution difficile d'une jeune fille pour trouver sa liberté et son autonomie à partir du silence opposé à sa souffrance.

Dès le début, Lolita Sene raconte la raison de la révolte de sa narratrice. La famille, et sa grand-mère en premier, ferme les yeux sur le crime de Ziri. Lui, c'est le fils cadet de la famille de Jiha, la grand-mère d'Esther, le frère de sa mère, son oncle, donc.

Violence familiale,
Un jour, son oncle l'a convoqué dans une des chambres de la maison et a bafoué plusieurs fois l'innocence de cette petite fille. À partir de là, Esther ose parler et ainsi, s'expose à ne pas être protégée puisque toute la famille choisit de se taire pour que chacun garde le silence.

Esther raconte son enfance face à cette chape de plomb qu'elle subit seule. Pourtant, dans cette famille que l'écrivaine qualifie d'armée, il y a de la vie, des chants et même des danses avec tous les cousins et cousines. Presque quarante personnes sont convoquées lors des fêtes, qui envahissent la maison de Jida. La vie et la joie cachent en fait la souffrance de l'enfant qu'on contraint à se taire. de cette violence, Lolita Sene en raconte tous les retentissements sur la construction de la personnalité de sa narratrice.

Car, petit à petit, Esther détaille le poids de la famille en tant que système préservant un membre, coûte que coûte, même si un autre, d'autant plus une fille, doit en subir les conséquences.

C'est la place du silence, avec en contrepartie, la violence subie par une jeune fille, que Lolita Sene dissèque. Ainsi, les prises de paroles diverses des membres de la famille, dans la seconde partie, éclairent leurs cheminements. Car, Un été chez Jida raconte aussi la relation toxique d'une mère avec sa fille, absente et lointaine, qui n'a pas su la protéger et d'un père, centré sur sa vie personnelle.

Lolita Sene décrit aussi son pays, auréolé de sons et d'odeurs, sa mère Leïla, dépressive, le retour des Harkis avec son déclassement social, sa difficulté à se construire, le camp de Saint-Maurice-l'Ardoise pour nationalistes algériens et tant d'autres choses.

En conclusion,
Il y a sept ans, Lolita Sene fait paraître La face noire de la blanche, roman s'inspirant des articles qu'elle publiait de façon anonyme sur son blog. Un été chez Jida est né une première fois comme le récit d'une adolescente découvrant la sexualité au sein de sa famille Kabyle. Puis, sur la demande de son éditrice, le roman a pris cette teneur plus ample.

Vigneronne, Lolita Sene a profité de la naissance, à la fois de sa cuvée et celle de son premier enfant, pour reprendre ses premières pages romanesques en y incluant des pans de son histoire familiale.

Premier roman réussi, l'écriture qu'elle maîtrise est une manière ici pour Lolita Sene de remonter le fil d'une histoire dont elle dénoue les fils au fur et à mesure de son récit. Passionnant !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Esther passe ses étés chez Jida, sa grand-mère au regard perçant et aux canines en or. Jida est la matriarche de la famille et la dirige d'une main de fer. Tout le monde se réfère à Jida, c'est elle qui décide et son silence en dit bien plus long que toutes les paroles. Pour Jida rien est plus important que la famille. Même quand un terrible secret est mis à jour, la priorité reste ma préservation de la famille.
C'est un livre court mais poignant.
Esther nous raconte son enfance avec force de détails. Tous ces petits riens qui font les souvenirs. Et puis, il y a les souvenirs, ceux qu'on enfoui dans la mémoire, ces souvenirs qui pourrissent une vie d'adulte.
Esther, subit des agressions sexuelles répétées de la part de son oncle, et c'est tabou. Même quand une cousine ose parler, la famille fait bloc pour soutenir l'agresseur, le fils chéri de Jida.
Esther raconte ce silence. le silence qu'on lui impose, le silence auquel elle est contrainte. L'omerta, le secret. La violence de ne pas écouter une victime, et sa vie d'adulte qui vole en éclats.
Un texte relativement court mais dense.
C'est un livre bouleversant, poignant et qui m'a prise aux tripes.
Je le recommande.
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critiques presse (1)
LeMonde
19 février 2024
Chez sa grand-mère kabyle, une jeune fille est la proie du fils-roi. Un premier roman ravageur.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Et si personne ne m'explique la situation, je sais bien de quoi il en retourne. Il est question de lui qui s'est inscrit dans ma chair. Le mal qu'il nous fait du mal, que chacun connaît. Que tout le monde tait. Et protège. Parce qu'il ne faut pas ébranler une famille, qu'en diraient les voisins, qu'en penserait le monde, quelle honte.
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Les enfants sont indisciplinés, on vit en culotte, on se couche tard, on ne se lave jamais les dents. On nous reprend très peu sur notre façon de nous tenir, de parler. Les adultes n’ont pas de temps pour nous. Quand je suis ici, il n’y a plus de limite, plus d’obligation, plus de règles comme à la maison. Une vingtaine de cousins et cousines, une quinzaine d’oncles et tantes, plus d’autres encore issus de germains, on forme une famille de quarante personnes. Un village entier. Une armée.
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Dans le salon, la télévision reste bloquée sur la chaîne Al Jazeera, il suffit des chants et des intonations pour rappeler nos racines. Mais surtout il faut du bruit. On parle fort, on demande en criant, on rit en hurlant, on pleure en se roulant par terre. Excepté Jida qui ne prononce pas un mot, qui parle souvent en chuchotant. Il paraît que c’est à cause de la barrière de la langue. Pour moi, elle comprend tout et ordonne tout depuis son silence. Elle s’exprime avec ses yeux noirs et tranchants qu’elle pose sur nous quand on se dispute ou quand on l’interroge. Elle terrorise en un seul soupir. Au centre de son petit salon, sur un fauteuil beige, elle se tient assise, l’air réticent, les yeux braqués sur son poste télé, et elle tapote ses genoux de ses doigts sertis de pierres semi-précieuses, récite une prière, observe de loin – elle sait, elle voit, elle enregistre.
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Incipit :
Elle n’a pas de nom, pas de date de naissance, pas de nationalité. Je l’appelle Jida, ou mamie, le plus souvent elle. Jida a deux grosses dents en or, canines saillantes qui lui donnent ce sourire si particulier, à la fois mystique et carnassier. Jida a le nez aplati, des yeux noirs profond, en amande. Elle s’habille de robes traditionnelles blanches, aux encolures dorées, aux motifs en zigzag rouge jaune ou bleu vert. Dans ses cheveux, elle nous un foulard multicolore aussi, pour faire semblant d’être docile. Des mèches grises s’échappent sur les côtés quand son foulard glisse et plusieurs fois par jour aussi, elle fait sa prière sur un petit tapis qu’elle déroule de sous son lit. Elle psalmodie face au mur du salon ou près de sa coiffeuse. Je n’entends presque rien, c’est un long murmure de mots avalés dans une autre langue. Dieu doit avoir l’ouïe fine.
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Souvent on se bagarre, on se tire les cheveux. Un cousin me crache au visage, sans raison. Le choc me glace sur place. Lui ricane, personne n’a vu son geste. J’essuie la salive avec mon bras avant de le frotter sur l’herbe. Ma mère m’expliquera que c’est à cause de mes origines à moitié françaises, qu’on est jaloux de moi, de mon père blond, de notre chance de vivre dans une grande maison. Il y a des cousines que j’aime, d’autres que je déteste, des cousins que j’aime, d’autres que je déteste. On ignore pourquoi on ne se supporte pas, pourquoi on a tant besoin de se montrer agressifs, de se faire mal. Mais on sait que les adultes nous montent les uns contre les autres, hypocritement, en se référant à des histoires anciennes dont ils ont gardé de l’amertume.
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Vidéo de Lolita Sene
VLEEL 299 Rencontre littéraire avec Lolita Sene, Un été chez Jida, Éditions du Cherche-Midi
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