L'essai de Mayeur expose bien ce siècle tout en avancées et reculs. Il ne faudrait pas croire que tous les mouvements politiques et religieux qui se sont affrontés étaient figés : certains religieux plaidaient pour une formation assez poussée, tandis que des républicains en voulaient le moins possible. Elle tente de rendre accessible ces mouvements, ce qui n'est pas toujours simple, certaines périodes étant assez agitées et les sources rares. Cependant, elle arrive à dresser un portrait de cette époque qui n'accorde pas un grand crédit à l'intelligence féminine ni ne se donne les moyens de la former. Les seuls qui jugent cela nécessaires, ce sont les congrégations religieuses, qui y voit un moyen de reconquête des esprits. Puis le ministre Duruy en 1867 ouvre réellement le débat au niveau de l'Etat sur la formation scolaire des filles, pour aboutir à la loi Camille Sée de 1880 pour la création de collèges et lycées de filles. Tout fut compliqué dans ce siècle : la place de la religion, celles des convenances, les crises économiques et les guerres, le peu de valeurs accordée aux femmes.
Ce qui a permis de changer petit à petit les mentalités, en plus des initiatives de Duruy, c"'est les publics des écoles. Composé pour beaucoup de filles issues de la bourgeoisie moyenne et pauvre, elles venaient pour obtenir le brevet d'institutrice, donc pour travailler. Peu à peu donc, la finalité de l'enseignement a changé sous la pression des parents et des élèves.
Mayeur expose toutes ces luttes et leurs résultats dans cet essai, qui demande quelques connaissances de l'histoire du système éducatif français. Il souffre parfois de transitions un peu étranges, qui m'ont parfois plongée dans la confusion. Mais au final, il se lit assez bien et permet de comprendre un peu mieux les sacrifices que consentent aujourd'hui encore les femmes (choix d'études, de travail...)
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Les bienfaits de la scolarisation n'étaient au reste pas si évidents pour les filles que pour les garçons. Ceux-ci étaient appelés à exercer un métier, à communiquer l'extérieur, tandis que leurs sœurs étaient vouées à la maison et aux travaux domestiques. Il a, d'autre part, fallu attendre la loi de 1867 pour que les institutrices laïques puissent obtenir la garantie d'un traitement minimal. Dans beaucoup de régions rurales, moins payées que les domestiques, ces institutrices étaient isolées dans leur pauvreté et surveillées de telle manière que le sort de la religieuse apparaissait enviable à côté du leur : condamnées par l'opinion au célibat, elles devaient arborer une tenue et un comportement aussi austère qu'irréprochable. La tentation était donc grande pour une part d'entre elles d'aller en ville où, comme institutrices libres ou sous maîtresses pensionnat, elles pouvaient s'échapper à cette pression permanente et connaître une rémunération moins chiche.