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EAN : 9782355220869
160 pages
Zones (15/01/2015)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Le XXe siècle aurait inscrit une seule innovation au répertoire des pratiques sexuelles : le fist fucking. Fallait-il en rester à cette doxa popularisée par nombre d'intellectuels et de chercheurs ? Combinant érudition historique, réflexions théoriques, récits à la première personne, quasi-poèmes en prose, Fist peut se lire au choix comme une apostille à Histoire de la sexualité de Michel Foucault ou comme un roman queer.
La singulière généalogie érotique qu'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Certains taxeront ce livre de sordide ou de scabreux, probablement sans en avoir lu une ligne. D'autres l'aborderont comme ils iraient au cirque ou dans un cabinet de curiosité frissonner devant les monstres. Ayant déjà lu des traités datant de la fin du 19e ou du début 20e sur les pratiques considérées comme déviantes, j'ai abordé le texte de façon assez neutre, curieuse de voir comment un auteur contemporain pouvait traiter un tel sujet sans se vautrer dans la fange pour le plus grand plaisir de lecteurs-voyeurs. Oui, cette pratique peut répugner et me répugne certainement. L'auteur en parle crûment, sans rien cacher, poétiquement parfois, s'effaçant de temps à autre derrière toute une batterie de termes médicaux. le texte n'a rien d'excessif, il ne multiplie pas hyperboles et exagérations. le ton est sérieux, lettré, les récits parfois pathétiques, et le tout émaillé d'une pointe d'humour.

Enquête, fiction, essai poétique mêlé de passages fantasmés, narration et réflexion hautement digressives, le genre du texte de Marco Vidal se dérobe à son lecteur. Sur la page de garde, la mention « fiction d'essai » ne parvient pas à faire office de classement ou de définition, mais insiste plutôt sur sa singularité. La digression sert le propos et, à mon sens, aide le lecteur à se détacher de l'acte pour s'intéresser au seul raisonnement, l'obligeant à chercher sans cesse le fil dans ce texte avare de transitions. le cheminement intellectuel de l'auteur est parfois déroutant, notamment son analyse de certains textes littéraires, mais jamais dénué d'intérêt.

Marco Vidal réfléchit et s'intéresse à la pratique en dehors, quasiment, de tout contexte sentimental. le sentiment flotte à l'arrière-plan mais n'est pas le sujet. Son enquête porte sur la naissance de cette pratique et commence par poser une distinction nette entre le sadomasochisme, chargé de codes, de décorums, et la simplicité du fist fucking. En mentionnant dès les premiers chapitres le jusqu'au-boutisme pornographique d'Internet, il dédramatise une pratique sexuelle qui, comparée au head fucking notamment, semble bien inoffensive. La réflexion se déploie autour de l'acte, de sa violence apparente, du rapport de la main au corps. Les approches sont multiples et s'entremêlent : récits d'expériences d'abord, analyses littéraires, exploration de traités médicaux anciens ; l'auteur cherche ce qui a pu conduire à cette union insolite de la main et du corps. le texte fonctionne comme une spirale se déployant autour d'un acte simple. Il ne s'agit pas d'un ouvrage prosélyte. Si l'auteur dit le plaisir que l'acte engendre, s'il cherche à dépouiller le lecteur de tous ses a priori, il ne lui épargne pas les conséquences physiques graves qu'il peut engendrer, la prise de drogues à laquelle il est associé ou même la naissance du besoin physique dévorant qu'il peut entraîner.

Mes quelques reproches, à l'exception de certains passages poétiques qui me semblent superflus (je ne suis pas vraiment adepte de la poésie), vont à l'éditeur. Si la photo de Muybridge en couverture est très bien choisie, elle est gâchée par une trame granuleuse. le choix du vert presque fluo pour le titre et la quatrième de couverture n'est pas des plus heureux. Quant au texte de présentation (un peu trop confus) qui s'étire de la couverture à la quatrième de couverture et au positionnement du prix et du code-barres en couverture, ils sont laids et alourdissent inutilement la maquette. Enfin, dans le texte lui-même, l'utilisation abusive de l'italique tantôt pour les citations, tantôt pour « faire genre » (je ne vois pas d'autre explication), est assez désagréable.

Merci à Babelio et aux éditions La Découverte. Fist est un ouvrage décalé, assez étonnant, qui a le grand mérite de secouer intelligemment les préjugés.

Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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« Fist » est un ouvrage… poignant ! Sans faire de mauvais jeux de mots…
Tout d'abord, un grand merci à Babelio et aux éditions La Découverte (label Zones) de m'avoir fait découvrir cet ouvrage, dont il ne me serait jamais venu à l'esprit de lire. D'ailleurs, esprit sensible, s'abstenir ! Cet ouvrage n'est pas réservé aux esprits restreints, il faut avoir une bonne ouverture d'esprit !

L'image de couverture est très bien choisie et résume simplement la signification du fist.

Étrangère à cette pratique sexuelle, on s'en prend à toutes les sauces : parfois langage direct, cru, parfois langage « détourné », poétique voire philosophique.

Je n'aurais jamais pensé que l'on pouvait détourner cette pratique sous une forme littéraire. J'ai apprécié cet ouvrage car il n'est pas vulgaire. Au contraire, il permet de retracer l'historique de cette pratique sexuelle, les fondements, les tenants et les aboutissants.

Ce qui m'a plu, c'est justement cet historique ! le fist qui vient du XXe siècle, impressionnant, mais pas si surprenant. Pourquoi n'aurait-il pas existé avant ?
J'ai aussi apprécié les discours, les témoignages, comme dans la partie « premiers pas » ("Ma main prisonnière de son cul, il convulse. Je le renverse sur le dos, enfile à la suite les mots que nous n'avons pas échangés, lui caresse le torse, le cou, les joues, le poignet gauche étranglé, essayant de desserrer en douceur l'étau qui tord son corps. Je me retire et il revient à lui."), ou encore « autres deals » ("Une fois que vous avez mis vos deux mains dans le cul de quelqu'un, vous n'êtes plus jaloux d'une bite. Aucune bite n'est aussi grosse. Et donc, même si j'aimerais en avoir une et que j'y pense, je voudrais certainement aussi pouvoir l'enlever quand je veux et la laisser sur une étagère."). Ils permettent de connaître plus en profondeur (rires) cette pratique, l'excitation qui peut s'y cacher, les limites (ou pas).
J'ai justement été impressionnée, parfois, par cette ‘no-limit'. Comment un rectum, cette partie qui semble de l'extérieur si étroite de notre corps, peut en fin de compte être un cratère géant ? Un volcan de désir à lui tout seul ? Passer des doigts, oui. Passer un poing, pourquoi pas. Mais le fist-fucking, ce n'est pas seulement la pénétration du vagin ou du rectum par le poing, malgré sa traduction littérale. Ça va bien au-delà ! Passer un bras, deux bras, une tête ?! Il faut le lire dans cet ouvrage pour y croire ! Et oui, la découverte de notre corps se fait par le rectum !

Toutefois, cet ouvrage m'a aussi déplu sur certains points. Comme dit précédemment, le langage est parfois soutenu, tourné d'une manière littéraire ("Les circonvolutions de cette grenade nervurée, gorgée de sucs, attire irrésistiblement la langue et les lèvres des jardiniers cannibales qui l'ont amoureusement cultivée, et qui n'abandonneraient à personne la dégustation finale de ce fruit exotique"). Cet aspect m'a ennuyé, préférant de loin un langage direct, sans détournement. L'adoption de cette forme d'écriture m'a alors parfois lassé, voire perdu. Je ne comprenais pas toujours le sens des phrases, je pense donc ne pas avoir saisi tout le contenu.

Globalement, mon sentiment est tout de même partagé.
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Un ouvrage étrange, doté d'une belle couverture plus ou moins ambigu, que j'ai hésité à sortir dans le métro !

Sans être adepte de la pratique, je me demandais "mais de quoi peut-on parler ?"
Et quel étonnement de découvrir un ouvrage atypique mais jamais scabreux sur une discipline sexuelle plutôt hors-norme, mais décrite avec une certaine poésie et une âme de passionné.
Ici, on ne parle pas de cul. Enfin, si, mais pas dans le sens crade. On parle d'amour, d'Histoire, de proctologie, de féminisme, de San Francisco...

Même si le livre a tendance à tirer sur les longueurs, il faut reconnaitre que "Marco Vidal" défend son sujet et tente d'abaisser les barrières de la différence. Rien d'anormal, rien de sadique ici, juste du plaisir...

Un ouvrage qui n'est certes pas fondamental, mais très intéressant.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
06 février 2017
Les sexualités minoritaires font l’objet de nombreux discours, pas nécessairement proportionnels à leur diffusion : autant que les manières de les pratiquer, ce sont les manières d’en parler qui posent question. À mi-chemin de l’essai à la fiction, Marco Vidal propose des voies à explorer.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tu parles du fist en termes d'appétit, et c'est vrai que tes fesses ont un sacré coup de fourchette : leur anneau enserre le poignet et, une fois détaché, mastique au rythme des lombaires, torse oblique, tendu dans un mouvement de prédateur, roucoulant un soubresaut de déglutition avant de s'affaisser.
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Rien à faire pour effacer le stigmate de ma visite, mes mains glissent l'une sur l'autre comme deux reptiles dans l'accouplement. L'eau coule. Je frotte. Les molécules se multiplient. Mon partenaire saisit alors une boîte blanche et bleue de sel fin et me saupoudre poignets et avant-bras : aussitôt, la dépouille invisible de mon coupable plaisir se fragmente et disparaît au fond du lavabo.
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"On dit c'est sale, c'est sale. C'est pas parce que c'est du caca que c'est sale. La main c'est sale."

(Chez la proctologue)
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Les masses animées de tes fesses s'appropriaient mes doigts, absorbaient mon poing, en jouaient comme un jongleur la balle.
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