Je viens de dévorer ce roman.
Le rythme est assez bien mené, et il y a de multiples rebondissements, voire trop, en un sens.
Les personnages sont assez complexes pour qu'on veuille les accuser du crime tour à tour.
Quant à la plume, cela se lit avec beaucoup de facilité et d'aisance, rien d'extraordinaire ici. de mémoire, il est dans la même veine que les précédents. Bien dans son genre.
Mais malgré tout, même si je l'ai lu très rapidement, je pense que 100 à 200 pages de moins n'auraient rien ôté à l'intrigue, bien au contraire !
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— Pour la plupart, les marins sont des gens simples, poursuit-il, ils n’ont pas reçu la même éducation que vous et moi. Je ne doute pas que chez eux, ils se conduisent en bons chrétiens comme la loi l’exige, mais ces hommes nés dans des campagnes profondes, loin de Londres, ne parviennent pas toujours à renoncer aux vieilles croyances. Leurs superstitions sont vivaces. Une fois en mer et loin de tout, nombreux sont ceux qui cherchent du réconfort dans la foi de leurs ancêtres. Quand le navire est ballotté par la tempête, ou qu’un galion espagnol leur tire dessus, comment voulez-vous leur expliquer qu’ils ne doivent pas supplier Notre-Dame de la mer ou saint Brendan le Navigateur ou l’Ancien de les secourir parce que nous sommes anglais et que la reine l’interdit ?
Chapitre 9
Je lui récite un poème que j’ai composé il y a des années de cela. Je ferme les yeux et, tandis que les vers me reviennent en mémoire, ils me ramènent à des sommets neigeux se détachant sur un ciel violet, à des cols étroits, des nuits glacées, à la faim et l’épuisement, à la crainte d’avancer tout en sachant qu’il est impossible de revenir en arrière. Quand j’ai fini, elle pousse un profond soupir. (...)
Cela s’adresse à un moineau solitaire. Je le conjure de s’envoler vers une destinée plus noble et de renaître ailleurs.
Chapitre 18
Les coudes sur la table, les yeux bouffis, je me passe la main dans les cheveux en relisant mon texte. Soixante feuillets qui pourraient détruire l’Église chrétienne, anéantir la doctrine du salut. Seize siècles d’ouvrages religieux succédant aux Évangiles balayés d’un seul coup. J’ai la vision de toutes ces pages d’écriture disparaissant, se défaisant, remontant dans les encriers et ne laissant pour finir que des feuilles vierges, prêtes à recevoir une nouvelle théologie. Je caresse le manuscrit de Judas avec révérence. Ce doit être un apocryphe, me souffle la voix de la sagesse. Mais alors, pourquoi le Vatican l’a-t-il fait mettre sous clé dans sa bibliothèque ? Pourquoi le jeune jésuite l’a-t-il volé et a-t-il tenté de l’emporter à l’autre bout du monde ? La raison en est simple : parce qu’ils le jugeaient dévastateur. Et si le manuscrit est authentique, ils n’avaient pas tort.
Chapitre 18
Quand je repose la plume et me frotte les yeux, l’aube pointe à l’horizon. Judas Iscariote – ou celui qui se prétend tel – clôt son Évangile par un témoignage direct sur les amis et disciples du Christ sortant le corps du sépulcre à la faveur de la nuit. Ils vont l’enterrer dans une tombe anonyme, de crainte qu’elle ne soit profanée par ses ennemis. C’est cette absence de tombe qui aurait donné naissance au mythe du Christ vainqueur de la mort et dont l’enveloppe corporelle aurait quitté le sépulcre. Une légende que ses fidèles n’auraient été que trop heureux d’entretenir, chacun racontant ses rencontres et ses conversations avec le défunt. Et cette légende a persisté au cours des siècles, étayée par des centaines de milliers de fidèles.
Chapitre 18
Quelle merveilleuse invention ce serait de fabriquer une lentille comme celles utilisées par les vieillards pour lire les petits caractères imprimés ! Cela permettrait de voir à distance. Je suis certain que les Arabes ont déjà mis au point ce genre d’instrument. On aurait peut-être des traces d’un tel dispositif si les chrétiens, indifférents à la science, n’avaient détruit tant de connaissances fabuleuses. Dans toute son histoire, l’Église chrétienne a-t-elle apporté autre chose que la guerre et des bains de sang à ses fidèles et à ses détracteurs ? Cette pensée me conduit tout droit au manuscrit renfermé dans la cabine de Drake.
Chapitre 14
Rencontre avec SJ PARRIS : Le prix de l'hérésie