Si vous aimez les ratons-laveurs, si la taxidermie ne vous rebute pas outre-mesure et si le mot « vagin » ne vous effraie pas plus que ça, n'hésitez pas à vous lancer dans cette lecture.
Jenna Lawson souffre de nombreux troubles et notamment de dépression. Dans «
Furiously happy » elle raconte sa façon d'affronter la vie avec les cartes que le destin lui a données : quelques As, mais pas mal de cartes pourries aussi…
Il ne s'agit pas d'un roman, mais de billets (publiés sur son blog) que l'on peut lire indépendamment les uns de autres, ce qui tombe plutôt bien parce que la charge émotionnelle de ces textes est souvent intense.
Sur le fond, elle aborde mille sujets, qui semblent parfois futiles, parfois carrément farfelus, et pourtant, à chaque fois, il y a un sens, une réflexion à mener, une clé à saisir.
Sur la forme, elle maitrise l'art de la digression, le raisonnement à dix bandes, ne se censure jamais, use d'un humour très personnel.
C'est singulier, truculent et inclassable.
Et plus que tout, c'est touchant.
Même si chaque malade est unique, chaque histoire est différente, il me semble que pour qui côtoie la maladie, ce livre peut être un moyen d'appréhender la souffrance de ceux qui en sont victime, un outil pour la comprendre et surtout un facteur d'espoir. J'avais rarement autant éclaté de rire en lisant un livre. Quand on en connaît le sujet, ce n'était pas gagné d'avance…
Un petit mot sur la couverture, ce raton-laveur hilare sous une pluie de paillettes. C'est le genre de couverture « quitte ou double », soit on adhère tout de suite soit, on hausse un sourcil perplexe. Pour moi, l'adhésion a été immédiate (j'ai toujours eu du mal à résister aux ratons-laveurs), à tel point que lorsque je l'ai vue sur les rayons de la librairie, je me suis décidée à l'acheter avant même de lire la quatrième de couverture, ce qui ne m‘était jamais arrivé jusqu'ici.
Je voudrais conclure sur cette citation que je trouve parfaite, un dialogue entre Jenna et son mari :
« le mois dernier, tandis que Victor me ramenait à la maison afin que je puisse me reposer, je lui ai dit que, parfois, je sentais combien tout, dans sa vie, serait plus facile sans moi. Il a réfléchi avant de répondre: "ça pourrait être plus facile. Mais ce ne serait pas mieux". »