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EAN : 9782221198667
198 pages
Robert Laffont (23/02/2017)
3.66/5   16 notes
Résumé :
Ce livre révèle les véritables raisons de la crise de confiance qui éloigne un nombre grandissant de Français de la classe politique actuelle et ébranle notre démocratie. La présidentielle de 2017 est censée opposer trois grandes forces politiques : la gauche, la droite et le Front national. Pour Brice Teinturier, cette tripartition, réelle mais trop ressassée, occulte l'émergence d'une quatrième force qui a progressé au moins autant que le FN en dix ans et qui bous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Brice Teinturier, journaliste, directeur de l'Ipsos a une formation généraliste et en particulier de philosophe, ce qui se sent à la lecture de cet essai. Il analyse avec recul le détachement d'une part de plus en plus grande de l'électorat français peu avant les élections présidentielles de 2017 mais ce constat peut être étendu à l'ensemble des démocraties occidentales. Les causes en sont multiples et s'nscrivent dans le doute radical de Descartes qui donne aux Français le goût de la critique, de l'argumentation, des choses de l'Esprit (dans le meilleur des cas) mais aussi de l'invective, du dogmatisme plutôt que de l'action. Les PRAF, acronyme de plus rien à faire ( détachement passager vis à vis de la politique) ou plus rien à foutre (divorce, rupture) sont une quatrième force politique avec la droite, la gauche et le F.N. Elle peut à terme être un danger pour la démocratie représentative.
De 1958 à 1982, il y avait des croyants de la politique puis de 1982 à 2007 des déçus. Depuis 2007, après deux quinquennats perçus comme ratés alors même que les acteurs avaient tous les tous les pouvoirs sans l'excuse de la cohabitation, le phénomène de divorce avec la politique s'est nettement accentué.
Brice Teinturier analyse cette tendance par une crise du résultat, de la vacuité des discours, de la représentativité, de l'exemplarité, des personnalités politiques et surtout par l'hypertrophie du Moi accélérée par les réseaux sociaux. Le narcissisme, la mise en scène du Moi favorisent l'intérêt particulier qui l'emporte sur l'intérêt général (analyse très intéressante sur l'impôt qui n'a plus qu'une fonction budgétaire et n'est plus perçu comme un acte citoyen de solidarité et redistribution). Ces mêmes réseaux sociaux favorisent l'horizontalité, l'immédiateté, on y converse mais on ne débat plus, l'analyse y fait défaut, ils favorisent le vide ou la violence.
La crise est encore plus importante à gauche car la rentabilité, la consommation et la tradition perçue comme porteuse de valeur dans un monde où tout bouge sont en décalage avec les valeurs sur lesquelles elle s'est construite.
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Je connais Brice Teinturier grâce à ses apparitions sur les plateaux TV lors des élections, où il commente les divers résultats de sondages de l'IFOP qu'il dirige. Autant l'intervenant Mr Teinturier paraît compétent et mesuré dans ses analyses télévisées, autant l'auteur Mr Teinturier m'a paru partial et peu clairvoyant dans son livre.
Il est toujours intéressant de voir la cohérence ou l'écart entre ce qui est présagé dans un livre et la réalité quelques années plus tard.
Dans son livre, l'auteur traite du sujet des 'PRAF-istes' : portion de la population française qui n'a 'plus rien à f...' de la politique, et ne croit plus dans les réponses qu'elle propose pour améliorer leur vie.
Malheureusement, l'auteur se trompe lourdement, précisant que ce groupe se désintéresse complètement de la politique, ce qui sera démenti par le mouvement des Gilets Jaunes. D'ailleurs, l'auteur n'analyse pas la composition des PRAF-istes, se contentant d'accumuler les lieux communs sur la raison de leur existence : perte de souveraineté du pays, manque de conviction des politiques et d'exemplarité, etc... Rien de nouveau.
Mr Teinturier profite de ce livre pour régler ses comptes avec Mr Patrick Buisson (conseiller politique de Mr Sarkozy en 2017), et ne cache pas ses convictions politiques de Gauche, maltraitant plus souvent les personnages de Droite que ceux de son bord.
J'en termine avec la prédiction de Mr Macron comme candidat politique 'populiste' en 2017, car se réclamant anti-système.
Bref, ce livre manque de chiffres pour appuyer des propos qui ne nous apprennent pas grand'chose au final, et de clairvoyance.
Comment un tel livre a-t-il pu être récompensé ? Je ne peux me l'expliquer...? Une proximité de l'IFOP avec le milieu politique....On est très loin des ouvrages de Jérôme Fourquet. qui fait preuve de beaucoup plus de sérieux et d'objectivité. Ces derniers furent primés, mais pas par les mêmes laudateurs...
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Un livre qui, bien qu'écrit au début de la campagne présidentielle 2017, préfigure la crise des gilets jaunes
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le référentiel commun, ou ce qui en tenait lieu, se dissout chaque jour un peu plus : nous ne regardons plus, nous n'écoutons plus, nous ne lisons plus et nous ne partageons donc plus les mêmes données. Bien au contraire, des communautés souvent ponctuelles se forment, qu'il s'agisse de jeunes, d'amateurs de cuisine, de pêche à la ligne, de musique, de sport, d'information, de voyage, de religion. Et à chaque communauté répond un média spécifique, lequel fabrique du contenu pour le public en question. Des publics de plus en plus compartimentés, qui se rencontrent de moins en moins, ont moins d'occasion d'échanger, de se confronter et de se comprendre.
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Le doute radical est une caractéristique française. Nous, Français, nous nous construisons en déconstruisant, en mettant en question, en critiquant. (…)
La radicalité du doute cartésien renvoie à une prétention : accéder à la vérité. Dans peu de pays une telle idée est communément répandue. Car s’il s’agit du vrai, il va falloir batailler. S’il s’agit du vrai, on ne parlera pas de « transactions », mais d’« affrontements ». Le vrai ne se partage pas, ne se négocie pas. Il est ou il n’est pas. On aura donc des combats, non des négociations. Il n’y aura ni « gagnant-gagnant » ni compromis, mais des vainqueurs et des vaincus. Et tous les hommes dits « de bonne volonté » seront en réalité suspects. Suspectés de mollesse, de couardise… Suspectés de rester dans un entre-deux méprisable, voire de trahir, de renoncer. (…)
Beaucoup de singularités françaises découlent de ce doute et de cette conception du vrai : l’ardeur des affrontements, le goût de l’argumentation (dans le meilleur des cas) ou de l’invective (dans le pire) plutôt que de l’action et de l’expérimentation ; le dogmatisme enfin plutôt que les compromis.

(…)

Ce qui monte dans notre pays, ce n’est plus seulement le doute, c’est la défiance et avec elle, de plus en plus souvent et tout simplement, la haine. (…) Le sentiment de fatigue et d’usure des Français renvoie certes à de nombreux facteurs, mais puissamment à cette défiance permanente, anxiogène et génératrice d’une vigilance exacerbée.
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Dans une société où l’intérêt privé a pris le pas sur l’intérêt général, l’impôt a cessé d’être considéré comme un instrument de solidarité, cédant le pas à une vision marchande de la fiscalité.
74% des Français considèrent qu’entre les impôts et les taxes qu’ils acquittent d’un côté (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, TVA…), et de l’autre les aides et les moyens apportés en contrepartie par l’Etat (écoles, infrastructures, Sécurité Sociale, aides pour les enfants, allocations chômage…) ils contribuent davantage au système qu’ils n’en sont bénéficiaires.
Une telle perception traduit une vision de l’impôt perçu comme une ‘’redevance’’, c’est-à-dire une transaction, un prix payé pour un service rendu par le secteur public, et non comme une ‘’convention d’intérêt général’’.
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(L'auteur parle des médias)

La mode est aux duels. Il faut du choc à tout prix entre intervenants, journalistes politiques, économistes, experts divers et variés, qui se doivent de développer des points de vue absolument antagonistes. (...)
Le monde devient-il de plus en plus complexe ? Nécessite-t-il plus que jamais de la subtilité, de la nuance, de l'expertise, de la coopération ? L'identification de zones de convergence ne pourrait-elle pas servir de point d'appui à une action efficace ? Allons donc, jouons plutôt la simplification voire la caricature, la formule qui fait mouche et qui tue. Pourquoi ? Pour "émerger" ! Sans quoi, c'est un autre média qui captera l'audience à votre détriment.
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Tant qu'il y a controverse, contestation, opposition et débat, il y a de la démocratie. Je ne suis donc pas gêné par le fait que celle-ci soit passée du statut de l'évidence à un sujet de passion. On peut même affirmer que c'est le propre de la démocratie que de se remettre en question, preuve de sa vitalité. Mais je suis davantage gêné et inquiet pour elle quand l'indifférence, la relativisation et le détachement progressent dans l'opinion, comme les indicateurs le montrent aujourd'hui. Pour perdurer, la démocratie a besoin d'ardeur et de confiance chez les concitoyens.
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Videos de Brice Teinturier (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Brice Teinturier
En hausse pendant le premier quinquennat de Macron, le pouvoir d'achat - et sa diminution - sont aujourd'hui au centre de tous les discours politiques.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Eric Heyer, directeur du département Analyse et prévision à l'OFCE, et Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France.
#économie #consommation #inflation
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