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EAN : 9782348058639
624 pages
La Découverte (02/04/2020)
3.87/5   15 notes
Résumé :
Depuis l'Iliade (VIIIe siècle av. J.-C.) jusqu'à Pompée et ses expéditions militaires en Orient (Ier siècle av. J.-C.), en passant par Alexandre le Grand, les mythiques Amazones ont toujours fasciné les Grecs, puis les Romains : des guerrières qui rivalisaient avec les héros grecs par leur courage et leurs prouesses militaires, mais qui ressemblaient aussi aux Barbares - la légende disait qu'elles se coupaient le sein gauche pour tirer à l'arc et qu'elles se débarra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Plus souvent que la bienséance ne le permet, (j'ai cassé les oreilles de) j'ai doctement exposé à mes amis ma théorie selon laquelle le mythe des Amazones constitue l'archétype psychanalytique sur lequel se fonde, depuis la plus haute antiquité et jusqu'à aujourd'hui-même, fortement réactualisé, l'ensemble du sexisme en Occident. Quel a été mon enthousiasme à découvrir cet ouvrage qui, sous un angle parfaitement féministe, s'attelle à analyser la réalité historique des Amazones, et ce qui, dans leur mode de vie égalitaire entre hommes et femmes, était tellement inaudible pour les Grecs (et pour les autres peuples sédentaires de l'Antiquité), qu'ils ont transmis leur histoire sous forme de mythe ! Indirectement, et par un argumentaire complètement différent du mien, ma propre théorie est ainsi démontrée par ce travail d'une envergure quasi encyclopédique qui reprend un à un tous les éléments mythologiques sur les Amazones et les croise avec les réalités historiques connues désormais en se valant des dernières découvertes archéologiques, ethnologiques, linguistiques, et ce depuis le néolithique et sur une étendue recouvrant l'ensemble du continent euro-asiatique.
Il s'agit donc de distinguer entre d'une part ce que l'on peut connaître aujourd'hui du mode de vie des peuples nomades des steppes d'Eurasie, y compris des événements historiques qui les ont mis en contact (souvent belliqueux) avec les sédentaires qui ont laissé de documents écrits les concernant et relatifs à ces rencontres, et d'autre part les représentations artistiques afférentes (plus de 1300 vases grecs représentant des Amazones, des scènes d'amazonomachies comme bas-reliefs et décorations de sarcophages gréco-romains, des mosaïques, etc.) ainsi que les éléments mythologiques grecs issus des tragédies et des poèmes épiques qui nous sont les plus connus jusqu'à nos jours : les Amazones formant des sociétés de guerrières uniquement féminines, ne rencontrant des hommes que pour procréer, puis tuant ou estropiant leurs enfants mâles, se mutilant un sein, représentées par une héroïne-reine qui rencontre le héros face auquel elle s'oppose et finit par périr... Se profilent donc plusieurs distinguos entre sources littéraires et historiques même antiques, entre l'hypothèse d'une antériorité des mythes sur L Histoire et celle de certains invariants dans le temps et dans les différents espaces géographiques, mais aussi entre les représentations picturales et littéraires (nues ou habillées ? un ou deux seins ? érotisées ou rabaissées ? quels habits, quelles armes et quels tatouages ?, etc.), et naturellement les différences qui apparaissent dès lors que l'on sort du corpus grec, qui lui-même s'étend depuis l'épos homérique jusqu'aux historiens de l'Antiquité tardive tels Orose et Jordanès (cf. cit. 1), pour y intégrer notamment les sources perses antiques, les sagas caucasiennes (qui ne sont pas encore entièrement transcrites, étudiées et traduites dans les langues occidentales), les chroniques chinoises et jusqu'aux écrivains-voyageurs occidentaux modernes... Mais ce traité ne se limite pas à répertorier et analyser de telles distinctions : il s'attelle, dans un plan qui sépare L Histoire des récits, l'ici de l'ailleurs, à expliquer les possibles raisons de ces différences. Dans le croisement entre les diverses sources, en d'autres termes, il n'est pas question d'établir des hiérarchies de valeur ni de vraisemblance, mais de dégager des hypothèses sur la création de tel ou tel autre élément mythologique à partir des éléments de connaissance dont nous disposons : une méthodologie interdisciplinaire que j'ai moi-même défendue et utilisée jadis...
Et d'abord, qu'entendons-nous par Amazones ?
« […] Les femmes que nous appelons Amazones appartiennent aux groupes suivants :
1. Des archères nomades des steppes à cheval. La réalité historique de femmes de type Amazones contemporaines des anciens Grecs est désormais bien documentée par les découvertes archéologiques. La vie de ces femmes bien vivantes, contreparties des Amazones légendaires, nous est connue grâce aux fouilles des tombes, à l'analyse scientifique des restes humains et des objets retrouvés et aux études ethnologiques, linguistiques ainsi qu'aux sources historiques anciennes et modernes.
2. Les reines Amazones Hippolytè, Antiope, Penthésilée et d'autres Amazones de la mythologie classique. Les aventures et les biographies de guerrières qui combattaient les Grecs ont pris forme dans un imaginaire propre aux narrations entremêlé avec des morceaux de réalité venus de la vie des nomades des steppes. […]
3. Les guerrières des traditions non grecques de la mer Noire à la Chine. Des héroïnes de type Amazones apparaissent dans les histoires d'amour égyptiennes, les légendes perses, les traditions épiques du Caucase et d'Asie centrale et dans les chroniques chinoises. Ces histoires non grecques sont très différentes du lugubre scénario mythique grec qui condamne les Amazones à la défaite et à la mort. […] Quand les sociétés non grecques avaient comme ennemis des combattantes, de nombreux récits rapportent combien les guerriers auraient souhaité avoir ces Amazones comme amoureuses, compagnes et alliées plutôt que de devoir les tuer. » (pp. 56-58)

Les thèses démontrées par Mayor sont les suivantes. Les Amazones ne sont pas le fruit d'une légende grecque, mais elles représentent une dynamique narrative entre la description des populations nomades scythes avec lesquelles les peuples sédentaires limitrophes sont entrés en contact et la transformation mythologique de ces rencontres. Les points de contact géographique ont été principalement le pourtour oriental de la mer Noire du Nord et du Sud : entre le Danube, la mer d'Azov, le versant septentrional de la mer Caspienne jusqu'à la mer d'Aral, côté nord, et le Pont-Euxin à l'est de Sinope, la Colchide–Transcaucasie, le versant méridional de la mer Caspienne jusqu'à la Parthie, la Bactriane, la Sogdiane et le Khorezm, côté sud, avec des incursions en Thrace et en Troade, et à travers l'Empire perse, jusqu'en Égypte, et enfin en Asie centrale jusqu'à la Mongolie et au nord de l'Afghanistan. le mode de vie des Scythes des steppes d'Eurasie a été déterminé par la domestication du cheval, qui remonte environ au cinquième millénaire av. J.-C., et est demeuré sensiblement inchangé jusqu'au seuil de la modernité. Cette domestication, ainsi que des conditions climatiques rudes, a provoqué une économie guerrière fondée sur le raid et la razzia. Dans ces conditions :
« Le cheval est le grand égalisateur entre hommes et femmes des steppes. Il est certainement à l'origine de a remarquable égalité entre les genres chez les nomades. Une cavalière sachant tirer à l'arc pouvait être l'égale de l'homme dans une bataille. Monter à cheval a libéré les femmes en leur garantissant une liberté de déplacement et une vie extérieure exaltante, stimulante. Chez les Grecs, seuls les hommes bénéficiaient d'une telle indépendance physique en plein air ; l'idéal grec voulait que les femmes soient confinées à l'intérieur de leur maison. […] Comme les filles pouvaient apprendre à monter, à dompter et à contrôler les chevaux, mais aussi à tirer à l'arc aussi bien que les garçons, la culture des steppes était un environnement idéal pour que les femmes se réalisent en tant que chasseuses et combattantes à cheval. » (p. 226).
Reste la démonstration psychanalytique la plus compliquée, que je me permets de compléter avec mes propres mots, mais très certainement sans trahir l'esprit ni les formidables recherches d'Adrienne Mayor. Une telle égalité entre les genres, qui prévoit la possibilité d'une prise de pouvoir grâce à des capacités particulièrement prononcées de la part d'une femme autant que d'un homme, qui a aussi pour conséquence la plus grande liberté possible dans les moeurs sexuelles, n'impose pas l'élément mythique d'une société composée uniquement de femmes. Elle n'impose pas non plus nécessairement la symétrie entre l'héroïne amazone et le héros grec ni leur opposition. Et certainement pas l'issue fatale pour l'Amazone d'une rencontre-affrontement-amour impossible avec ledit héros. Pourtant dès lors que l'égalité est impensable, la solution de facilité me semble logiquement être celle de l'image inversée, aussi bien individuelle : l'héroïne identique au héros mais « au féminin », que collective : la société invisibilisant ou minorant les hommes par la violence. La mutilation du sein droit semble elle aussi relever de cette inversion de la séduction et de l'érotisation, et il est probable que cela explique également que les représentations picturales, par contre, étaient généralement beaucoup plus érotisées que les récits littéraires. de là à théoriser l'angoisse archétypale de l'hypothèse d'une société puissante, même en termes militaires et organisationnels, dans laquelle les hommes seraient superflus, redondants ou obsolètes, et le surcroît de violence sexiste qu'une telle angoisse provoque(rait), un pas est franchi par moi, réfléchissant sur le présent, qui ne l'est pas par l'autrice qui étudie le passé.



Table des matières [abrégée] avec appel des cit.

Préface [Par Violaine Sebillotte Cuchet]

Prologue : Atalante, l'Amazone grecque

Première partie : Qui étaient les Amazones ?

1. Anciennes énigmes et mythes modernes
2. Scythie, patrie des Amazones [cit. 1]
3. Les Sarmates, une histoire d'amour

Deuxième partie : Guerrières historiques et traditions classiques

4. Ossements : archéologie des Amazones [cit. 2]
5. Un ou deux seins ?
6. La peau
7. Des Amazones dénudées
8. Sexe et amour
9. Drogues, danse et musique [cit. 3]
10. La manière Amazone [cit. 4]
11. Chevaux, chiens et aigles
12. Qui a inventé le pantalon ?
13. Armées et dangereuses
14. Quels noms portaient les Amazones ? Quelles langues parlaient-elles ? [cit. 5]

Troisième partie : Les Amazones dans le mythe, la légende, L Histoire grecque et romaine

15. Hippolytè et Héraclès
16. Antiope et Thésée
17. La bataille d'Athènes
18. Penthésilée et Achille à Troie
19. Les Amazones et la mer
20. Thalestris et Alexandre le Grand [cit. 6]
21. Hypsicratia, le roi Mithridate et les Amazones de Pompée

Quatrième partie : Au-delà du monde grec

22. le Caucase à la croisée des chemins de l'Eurasie [cit. 7, 8]
23. La Perse, l'Égypte, l'Afrique du Nord, l'Arabie
24. L'Amazonistan d'Asie centrale [cit. 9]
25. En Chine [cit. 10]
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Dans cette étude magistrale, Adrienne Mayor croise différentes sources et disciplines pour établir l'existence des Amazones. Alors que certains historiens les renvoyaient à un pur mythe bâti par les Grecs, l'autrice démontre qu'il y a bien eu des femmes guerrières, notamment sur les rives de la mer Noire. Grâce à des analyses L ADN, les vieux clichés de genre qui parasitaient l'archéologie sont tombés : des tombes de guerriers se sont en effet avérées être des tombes de femme. Adrienne Mayor analyse également quantité d'histoires et de sagas de différentes origines, pour en dégager les éléments pouvant être historiques.

Elle dégage également les aspects purement mythiques comme l'existence de tribus exclusivement féminines qui tuaient les nouveaux-nés mâles et qui se brûlaient le sein pour mieux tirer à l'arc. Les preuves scientifiques et historiques établissent en revanche qu'il y a bien eu des tribus où les hommes et les femmes avaient des rapports bien plus égalitaires que dans la Grèce extrêmement patriarcale, ce qui a suscité la curiosité et titillé l'imaginaire des Grecs (et de bien d'autres civilisations qui ont été en contact avec de telles tribus).
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Ouvrage passionnant qui éclaire le mythe des Amazones à la lumière de diverses disciplines dont le matériel archéologique. J'y ai appris plein de chose surprenante sur ces guerrières déployées sur une zone géographique immense qui va de Kotor au Monténégro jusqu'en Chine, en passant par la mer d'Azov, la Caucase, la mer Caspienne, l'Altaï, les steppes au nord de la mongolie, le nord de l'Iran. Et comment les vainqueurs ont écrits l'histoire pour les transmettre à l'époque moderne. ( les Grecs). Une vision sur l'égalité de genre chez les nomades scythes qui fascinait les Grecs, sans y adhérer.
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Selon les traditions et légendes gréco-romaines, les Amazones constituaient une ethnie de femmes, cavalières et guerrières émérites, venues d'une mystérieuse contrée à l'est de l'Europe. Elles se coupaient un sein pour mieux tirer à l'arc, ne fréquentaient les hommes qu'en vue de se reproduire et tuaient leurs fils. Derrière ces fantasmes se cache la réalité d'une mosaïque de clans nomades ou semi-nomades habitant du nord des Balkans aux marges occidentales de la Chine. En dépit de leurs différences ethniques et linguistiques, ces tribus étaient toutes caractérisées par une assez grande égalité entre les sexes. Les fouilles les plus récentes le confirment, le mode de vie itinérant ne permettant pas de confiner épouses et filles au gynécée comme le faisaient les Grecs, les femmes de ces peuplades apprenaient dès l'enfance à monter à cheval, chasser et combattre comme les garçons, et pouvaient accéder à des fonctions de commandements. A partir de ces données archéologiques et de nombreuses autres sources historiques et littéraires, l'autrice rédige une véritable encyclopédie des Amazones, faisant revivre Penthésilée qui assiégea les murailles de Troie, Thalestris l'amante d'Alexandre le Grand, la générale Fu Hao et toutes leurs soeurs illustres ou inconnues. On peut reprocher à l'historienne, séduite par son sujet éminemment romanesque, un certain manque de rigueur, mais cela reste une lecture instructive et très agréable pour tous les amateurs d'histoire de l'antiquité dès le lycée.
Lien : https://leventdanslessteppes..
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critiques presse (1)
LeMonde
13 octobre 2017
La chercheuse Adrienne Mayor reprend l’enquête sur la réalité historique du fameux mythe grec en mobilisant plusieurs disciplines. Passionnant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Aucun des aspects de la culture scythe ne troublait autant les Grecs que le statut des femmes. Les Hellènes étaient habitués à une stricte division des rôles entre femmes et hommes. Chez les peuples nomades, garçons et filles portaient les mêmes vêtements et apprenaient à monter à cheval et à tirer à l'arc ensemble. Pour des groupes chassant et se livrant à des razzias, où chacun était partie prenante et devait contribuer à la survie du groupe dans un environnement difficile, ce mode de vie était de bon sens. Il signifiait qu'une fille pouvait défier un garçon à la course ou dans un concours de tir à l'arc, et qu'une femme pouvait monter à cheval pour chasser ou garder un troupeau, seule, ou avec des compagnons des deux sexes. Les femmes étaient tout autant capables que les hommes d'organiser une escarmouche ou de défendre leur tribu contre des ennemis. Les femmes qui se suffisaient à elles-mêmes étaient valorisées et pouvaient obtenir un statut élevé et une grande renommée. Il est facile de voir comment ce sens commun, ces traits routiniers de la vie nomade pouvaient amener des étrangers comme les Grecs – chez qui les femmes restaient dans la dépendance des hommes – à être séduits par les femmes des steppes sous la forme des mythiques Amazones.
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Dans les mythes grecs, quand les grands héros rencontrent une reine des Amazones, ils engagent le combat et s'affrontent comme ennemis égaux et, à la fin, le héros mythique tue la femme. Pourtant, dans tous les récits grecs historiques ou légendaires concernant les relations entretenues par Alexandre avec des femmes identifiées à des Amazones, des conséquences absolument inattendues surviennent. Le grand héros et la guerrière se rencontrent en tant qu'égaux, ils s'engagent dans des échanges pacifiques (et des relations sexuelles en ce qui concerne Thalestris), ils ne se battent pas mais discutent plutôt de mettre leurs forces en commun, et ils se séparent en bons termes. Au lieu de relations de domination et d'asservissement, ils négocient le partage d'un enfant ou le fait de devenir des alliés militaires. L'égalité, l'harmonie et le respect mutuel sont les thèmes qui dominent les histoires d'Alexandre avec des Amazones.
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Les liens étroits de sororité entre Amazones sont parfois aujourd'hui interprétés comme une préférence sexuelle pour les femmes. L'image des Amazones comme des lesbiennes haïssant les hommes est une invention du XXe siècle. Aucun récit de l'Antiquité ne mentionne cette possibilité – et les Grecs comme les Romains n'avaient pourtant aucune honte à parler d'homosexualité masculine ou féminine. Hellanicos, un contemporain d'Hérodote, a décrit les Amazones comme "aimant les hommes". De nombreux autres auteurs grecs et romains expliquent que les Amazones étaient des partenaires sexuelles passionnées des hommes qu'elles avaient choisis et qu'elles entretenaient avec eux des relations de longue durée. Si les relations sexuelles entre les Amazones et les hommes sont sous-estimées, c'est dû au fait que trois d'entre elles – Alcippe, Sinope et Orithye – sont restées solitaires et célèbres pour avoir fait vœu de virginité.
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10. « Le nom de Mulan est généralement traduit par "magnolia" en chinois […]. Mais une étude historique et linguistique faite en 2012 par le chercheur chinois Samping Chen a mis au jour de nouvelles données étonnantes au sujet de l'héroïne chinoise la plus célèbre. […] L'analyse linguistique de Chen montre qu'il signifie "cerf ou élan" dans l'ancienne langue altaïque des peuples turciques d'Asie centrale.
Mulan, "Cerf ou élan" serait un nom convenant parfaitement à une vraie Amazone. […] Comme le personnage historique Fu Hao ou la légendaire Jinding, Mulan semble être une autre guerrière de premier plan d'origine nomade qui a atteint le sommet de l'armée au service de sa patrie d'adoption en combattant les nomades. La famille de Mulan semble avoir des origines xianbei et a combattu les tribus du même nom pour servir les dirigeants de la Chine du Nord, qui étaient également d'origine xianbei. Tandis que Mulan dissimule son genre, son appartenance ethnique est également cachée sous un nom à consonance chinoise.
[…]
Ainsi, avec Mulan, une Amazone héroïque de la légende chinoise, nous avons bouclé notre cercle. Après avoir parcouru la moitié du globe, depuis les anciens Grecs qui dirigeaient leurs regards vers l'est, vers la Scythie au travers des immenses pâturages, des forêts, des montagnes et des déserts, nous sommes maintenant juchés sur la Grande Muraille regardant vers l'ouest dans l'immensité sauvage des Xiongnu. Entre la Grèce et la Chine s'étend le vaste territoire des archères à cheval nomades, les égales des hommes, dont les vies et les exploits héroïques inspiraient la peur, le respect et le désir chez tous ceux qui les croisaient. » (pp. 526-528)
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Pour les Grecs, l'aversion irréductible des Amazones pour le mariage patriarcal traditionnel faisait partie de leurs traits essentiels, un corollaire de leur égalité avec les hommes. Les histoires d'Antiope peuvent être vues comme des variations sur le thème : "Que se passerait-il si un Grec se mariait avec une Amazone ?" De la même manière que les différents récits de la brève rencontre entre Hippolytè et Thésée prennent les choses sous des angles différents, le cas unique d'un héros grec en couple avec une Amazone est à l'origine de nombreux récits différents. La profusion de récits alternatifs au sujet d'Antiope montre la fascination des Grecs pour sa détresse et les choix qu'elle dut faire. Bien plus, l'existence même de multiples théories est le signe de sa stature héroïque. Les récits contradictoires au sujet d'Antiope, Hippolytè, Penthésilée et des Amazones prouvent sans ambiguïté que l'intérêt porté à ces héroïnes était aussi important que celui pour Héraclès, Thésée, Achille, Ulysse et les autres héros dont les aventures mythiques sont à l'origine de multiples histoires.
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