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Critiques de André Brink (255)
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Une saison blanche et sèche

C’est l’histoire d’un homme ordinaire qui ne voit pas l’injustice de sa société. Jusqu’à ce qu’elle frappe près de lui. Obligé de modifier son regard sur le monde, il ne peut plus faire machine arrière. Il devient alors – non pas un héros, mais un homme agissant. Parce qu’il ne peut faire autrement.

C’est la force de ce récit. De montrer une résistance issue d’une personne normale, sans grands idéaux politiques ou haute idée de lui-même. On peut tous s’identifier à Ben Du Toit. Il est le Résistant, comme d’autres ont été le Soldat Inconnu.

L’écriture est particulière : elle mêle partie romancée et extrait de journal, nous plongeant toujours au plus près de « l’action » et des sentiments du personnage principal.

Quand on lit ce roman, il faut avoir le moral bien accroché, car dès le début, on sait que ça ne finit pas bien. Par l’incipit, d’une part, et par l’histoire de l’Afrique du Sud, d’autre part. Du Toit est comme un rat perdu dans un labyrinthe sans sortie. Et à la fin, la boucle est bouclée et une autre commence, celle du narrateur – romancier, nous laissant avec cette question : combien d’innocents assassinés, combien de résistants ordinaires avant qu’enfin tout le monde ouvre les yeux et que le système s’effondre ? Malheureusement, l’Histoire y répond.

Je suis heureuse d’avoir découvert ce roman grâce à une liste Babelio, il montre comment un système injuste perdure et immobilise les gens.
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Au plus noir de la nuit

Quelle claque !



Joseph Malan, un noir sud-africain, est emprisonné pour avoir tué Jessica la femme, blanche, qu’il aimait. Il écrit alors son journal pour raconter comment cela a pu arriver. Mais pour comprendre, il raconte depuis le commencement, à savoir l’histoire de son plus ancien ancêtre connu, des esclaves. Joseph déroule alors son arbre généalogique, une histoire de l’humiliation des noirs, avec en filigrane l’histoire de l’Afrique du Sud, l’esclavage, la guerre des Boers, etc.



Joseph grandit dans une ferme avec sa ferme, réveillé tous les matins par le Baas, le maitre, avec l’ancienne cloche aux esclaves. Il raconte comment il a eu accès à une éducation et comment sa passion pour le théâtre lui est venu. Le théâtre va devenir sa manière de lutter, en adaptant les textes classiques pour les adapter à la situation de son pays.



La question de l’engagement est aussi posée, comment s’engager pour une cause ? Quelle est la place de la culture dans les révolutions ?



Ce roman est incroyablement fort, surtout lorsqu’on repense au contexte. Ce livre a été écrit au début des années 70 par André Brink, un Afrikaner, banc donc. Censuré pour pornographie car il y a des scènes de sexe (entre un noir et une blanche qui plus est), Au plus noir de la nuit est surtout un vibrant plaidoyer contre l’apartheid, pour la considération de l’autre en tant qu’humain. Humiliations quotidiennes, harcèlement, torture, tout est là dans ce livre et tout va me marquer pendant longtemps. Ce ne fut pas une lecture facile, j’ai eu la nausée, j’ai été choquée (ce n’est pas si vieux !) mais ça vaut vraiment le coup.

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Au plus noir de la nuit

On reconnaît les livres importants dès les premières lignes.

Et aussitôt le livre refermé, la sensation qu’il procure, particulière, devient consciente.

Au plus noir de la nuit (Kennis van die aand) prenait la poussière depuis de longues années dans ma bibliothèque. Un volume un peu pâli et jauni par le temps. Il témoignait, parmi d’autres livres, d’une passion de quelques années, à l’âge où la révolte est nécessaire, pour le destin de l’Afrique du Sud. Je ne crois pas l’avoir lu d’ailleurs.

Et puis, une série d’entretiens à la radio avec André Brink diffusée au moment de sa mort (« A voix nue » sur France Culture, car il faut la citer) m’a ramené à ce moment, d’une façon très différente. D’abord en lisant récemment son recueil de mémoires « Mes bifurcations », que je conseille chaleureusement. UN livre très éclairant sur le parcours d’André Brink et ce qui l’a fait romancier. Et surtout explique le cœur de l’histoire contemporaine de l’Afrique du Sud. Il y revient longuement sur ce qui l’a conduit à devenir romancier, et comment Kennis van die aand est né. Ce roman cristallise un moment, une rupture, une transgression : un afrikaner qui franchit la ligne – politique et religieuse - de sa propre communauté. Au plus noir de la nuit fut interdit par la censure pour avoir décrit des relations entre une femme blanche et un homme noir, et pour avoir offensé Dieu. A partir de ce moment, la littérature de langue afrikaans se transforme, et Brink en est l’un des leaders. La censure le pousse aussi à traduire lui-même ses romans en anglais, et ainsi franchir les frontières.

L’histoire de Joseph Malan embraque une partie de l’histoire du pays, même s’il dit qu’il n’est pas façonné par l’histoire, mais par ses propres choix. Elle est aussi celle de Brink, sa relation au théâtre, ses tentatives pour faire un théâtre utile au débat de la société sud-africaine, et ses désillusions. Brink est aussi dans Richard, l’écrivain désabusé, confronté à ses contradictions sociales. La livre aura aussi marqué par ses descriptions des méthodes policières, mais l’essentiel n’est pas là.

Je le lis aujourd’hui, non plus seulement comme un témoignage vivant de l’Afrique du Sud sous l’apartheid, mais comme le parcours d’un artiste qui lutte, entre ses convictions d’artiste, ses engagements, les difficultés à porter son message d’artiste. A quoi sert le théâtre ? A quoi sert la culture ? Quel est le rôle des artistes ?

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Une saison blanche et sèche

A l'annonce de la mort d'André Brink, je me suis rendu compte que "Une saison blanche et sèche" était l'un des nombreux livres "de référence" que je n'avais pas lu. Et donc, il y avait là quelque chose à rattraper.

J'ai toujours une certaine appréhension à attaquer ce genre de livre unanimement encensé : serais-je à la hauteur d'un tel monument, est-ce que je ne vais pas le trouver nul sans jamais oser l'avouer ?

Or donc, ce ne fut pas le cas.

"Une saison blanche et sèche", outre le remarquable témoignage qu'il représente sur la façon dont un blanc peut vivre l'apartheid de l'intérieur et, après l'avoir parfaitement accepté, progressivement ouvrir les yeux jusqu'à ne plus pouvoir supporter de vivre au sein de la société qui a été la sienne.

Ce que ce livre a de particulièrement réussi, outre d'avoir parfaitement rendu ce lent glissement qui accompagne la prise de conscience du héros, c'est qu'il parvient à nous tenir en haleine alors que dès le début on sait comment ça va se terminer (en l'occurence, mal...). On se retrouve un peu comme des gamins, à se dire "non, ça ne va pas se passer comme ça, quelque chose va arriver..." tout en sachant très bien que non.

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Au-delà du silence

« Au-delà du silence » est un roman de l’écrivain sud-africain André Brink publié en 2002. Figure de la lutte anti-apartheid, André Brink s’attache dans ce livre à mettre en lumière un pan de l’histoire de la colonisation de l’Afrique australe par l’Allemagne.



« Au-delà du silence » est le récit de la vie d’une jeune Allemande, Hanna X, personnage fictif que le narrateur exhume d’archives incomplètes, qui s’exile dans la colonie du Sud-ouest-Africain. Cette vie est un témoignage permettant à l’auteur de dresser un réquisitoire contre la brutalité coloniale qui a été exercée contre les populations civiles et contre les femmes.



Pour ma part, j’ignorais tout de la colonisation de l’Afrique par l’Allemagne, qui a débuté après la création de l’Empire, en 1871, et qui a pris fin après la Première Guerre mondiale. L'Allemagne s'est établie dans différents zones du continent, notamment en Afrique australe, en 1883, sur le territoire de l’actuelle Namibie. L’armée a réprimé avec la plus grande fermeté les soulèvements des populations locales. Le massacre des Héréros, qui a débuté en 1904, peut être considéré comme le premier génocide XXème siècle.



Ce roman est composé de deux parties. Dans la première, Hanna est installée dans une institution dénommée Frauenstein, perdue au cœur du désert namibien, où sont reléguées les femmes dont personne ne veut. Elle vient d’assassiner un officier de l’armée qui tentait de violer une pensionnaire mineure. Ce geste est capital. Elle se sent libérée. La haine lui redonne la force de vivre ; elle a désormais un objectif : se venger. Elle trouve enfin le courage de regarder son visage mutilé dans un miroir.

Sa vie passée va lui revenir par une succession de flashbacks : son enfance et sa jeunesse à Brême, en Allemagne, dans un orphelinat, puis en qualité de domestique dans des familles bourgeoises ; la traversée en bateau pour atteindre l’Afrique, l’horreur vécue depuis son arrivée sur ce continent. Depuis sa naissance, elle est victime de la méchanceté de ses tuteurs et employeurs ; l’autorité toujours injuste s’impose à elle par des punitions cruelles. Elle est aussi victime du vice des hommes qui profitent de leur position pour abuser d’elle. Une professeure va lui transmettre sa passions pour la lecture et un désir de voyager pour voir d’autres horizons, seuls moyens pour elle de transfigurer son quotidien. Elle va saisir l’opportunité d’un départ pour la colonie africaine. Ces territoires nouvellement conquis sont peuplés de pionniers et de soldats, mais les femmes y sont trop peu nombreuses. Certaines choisissent de s’y installer. Mais le Reich y déporte aussi des indésirables, des femmes en marge, pauvres, déclassées et autres bannies. Sur place, elles sont réduites à l’état d’objet sexuel, livrées à la concupiscence et à la violence des colons. Hanna X refuse cette violence : elle décline le mari qui lui est imposé et tente de résister aux tentatives de viol lors d’un trajet en train. Par vengeance, des soldats la torturent affreusement, notamment en lui mutilant le visage et la langue. Trop faible lors du trajet en chariot qui suit, elle est laissée pour morte dans le désert. Elle est recueillie par une tribu qui la soigne et lui apprend des rudiments de survie. Les membres de la tribu conduisent Hanna à Frauenstein et se font massacrer par des soldats, la responsable de l’institut leur imputant la responsabilité des mutilations de la jeune femme. Les pensionnaires de Frauenstein ne sont que des rebuts de la colonie, trop vieilles, laides, difformes ; elles sont malgré tout violées par les garnisons de passage. C’est un officier d’une de ces unités qu’Hanna a assassiné.



Au début de la seconde partie, Hanna part dans le désert accompagnée de Katja, la jeune femme dont elle a pris la défense. Son objectif un peu flou est d’aller au-delà du silence, au-delà du désert et de revenir au port où elle a débarquée. Elles trouvent un jeune noir supplicié qu’elles sauvent d’une mort certaine, Kahapa, qui les rejoint dans leur périple. D’autres membres s’agrégeront à leur groupe qui sème la mort dans le désert, pour assurer sa propre survie. Ils s’attaquent avec succès à une unité de soldats puis à des fortins de l’armée allemande. Hanna ressemble à l’héroïne qui a tant marqué son enfance : Jeanne d’Arc ; elle est à la tête de sa petite armée, courageuse, victorieuse, en guerre contre la violence d’une armée qui s’en prend aux noirs et aux femmes, qui les chosifient et les maltraitent. De nombreux membres du groupe perdent la vie. Seules Hanna et Katja arrivent à Windhoek. Hanna parvient à obtenir un rendez-vous avec l’officier qui a ordonné son supplice. Elle l’humilie devant la foule mais, croisant le regard d’une petite fille, elle décide de ne pas l’exécuter. Elle a obtenu sa vengeance, sa haine n’a plus lieu d’être.



Orpheline, officiellement inexistante (toutes les archives allemandes la concernant ont disparu pendant la seconde guerre mondiale), déclarée morte par erreur lors de la traversée, bannie par l’Empire, Hanna X est une anonyme, une inconnue qui représente toutes les victimes de la colonisation de cette période. Le silence, c’est celui du désert, celui de cette femme muette, de cette existence tout à la fois tragique et commune qui aurait dû être oubliée de tous. Par son épopée, grâce à sa vindicte, Hanna rend visible sa condition de femme, expose aux yeux de tous l’outrage accompli sur son corps et sur celui de toutes femmes envoyées dans le Sud-ouest-Africain. Les desseins d’Hanna et d’André Brink se confondent. L’auteur parvient à mettre en lumière cette période tragique de l’Histoire, ignorée par la plupart d’entre nous.

Hanna et son groupe mènent aussi une lutte d’émancipation contre le patriarcat et le colonialisme. Ils répondent à la violence de l’Empire par la violence. Leur résistance à cette oppression organisée leur permet d’exister, d'être visibles et audibles.



« Au-delà du silence » est un roman très dur. Certains passages sont magnifiquement écrits. André Brink parvient à condenser en une existence toute la cruauté d'une époque et la sortir ainsi du silence.Il est proche par son thème de deux romans célèbres "mille femmes blanches" de Jim Fergus et "Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka.
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Une saison blanche et sèche

L’Apartheid, « Une saison blanche et sèche » d’André Brink

L’été n’est pas que légèreté, il est aussi l’occasion d’aborder des sujets plus sérieux et c’est le cas aussi avec l’œuvre d’André Brink, Une saison blanche et sèche.

Ce récit ne se résume pas, il se lit et se médite car même si nous sommes en 2013 et que l’apartheid est terminé, l’histoire de Ben du Toit, cet homme qui se bat pendant l’apartheid pour découvrir la vérité sur les morts de son jardinier et du fils de ce dernier, est finalement encore bien proche de nous.

Comment peut-on torturer l’autre qui est à la fois si proche et différent de nous ? Comment une poignée d’hommes peut anéantir une immensité d’hommes et de femmes au nom de la différence ?

Le sujet est grave et nous rappelle à quel point l’égalité est fragile, qu’elle n’est que le résultat d’une lutte. Quant à la vérité…le combat de Ben du Toit montre qu’elle est enfouie au plus profond et qu’elle est bien difficile à mettre au grand jour.

En résumé : un récit à lire pour les amateurs d’Histoire mais aussi pour/par tous.


Lien : http://gourmandisesetplaisir..
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Un turbulent silence

Intéressant. Mais il y a beaucoup de passages...dont on pourrait se passer, parce que ce sont des redites. Résultat : à certains moments, je perdais patience, alors qu'à d'autres, je savourais l'instant. Donc, mitigé. Mais le fait d'adopter le point de vue des esclaves et des maitres est vraiment intéressant.
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Une saison blanche et sèche

Quelques réflexions intéressantes sur la folie, la vie en société, l'incompréhension entre les races, les choix qu'on doit faire, la conscience, etc...

On est tout de suite plongé dans l'histoire : bon sens du rythme.
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Une saison blanche et sèche

Mon ressenti à l’issue de cette lecture n’est pas exactement celui que j’espérais... Je ne connaissais pas ce roman, pas plus que son auteur et j’avoue que sans une critique enthousiaste et motivante de Stoner, je ne l’aurais certainement pas lu. Les thèmes abordés avaient tout pour me plaire : l’apartheid, les injustices et les combats à leur encontre. Le prologue était tout aussi prometteur puisque le narrateur raconte comment Ben Du Toit, un ami perdu de vue, lui avait confié craindre pour sa vie et lui avait transmis les éléments, notes, pensées, coupures de presse, qu’il avait regroupés au cours de son enquête sur la mort de Jonathan et Gordon, un fils et son père, noirs d’Afrique du Sud. Et c’est à partir de ces documents que ce roman va nous entraîner dans les pas de Ben, de l’Université où il enseigne l’Histoire aux sombres quartiers de Soweto, en passant par les prisons de la Police de Sûreté...



Petit résumé : après la mort de son fils Jonathan, arrêté lors d’une manifestation, Gordon, son père va décider de découvrir les véritables raisons de cette disparition. Arrêté sans véritable raison, Gordon va à son tour mourir en prison. Ben, attaché à Gordon, et désireux de faire la lumière sur son arrestation et son décès, persuadé d’une erreur judiciaire, va participer à l’enquête, assister au procès... et prendre conscience de la difficulté, voire l’impossibilité d’obtenir que justice soit faite. Décidé à rétablir la vérité, Ben va alors partir en croisade contre l’avis de ses proches, malgré les menaces et la pression, pour faire la lumière sur la mort de Gordon.



Dans un style agréable à lire, mais qui peut paraître parfois désuet, on découvre donc que Ben, comme certainement la majorité des Afrikaners, n’avait même pas conscience de la situation des noirs dans son pays, situation inférieure et injuste mais qui semblait totalement normale et naturelle pour les blancs tels que Ben. Si la première partie de ce roman est particulièrement intéressante, j’ai trouvé que la seconde partie manquait de souffle, de rythme, et d’intérêt ... Que les répétitions étaient trop présentes, les réflexions de Ben se perdaient un peu et s’éloignaient trop souvent du sujet central de l’histoire, sans que ces réflexions, extérieures à sa quête de justice, ne me semblent véritablement apporter quelque chose au récit. Une lecture un peu laborieuse pour moi sur cette seconde moitié, avec une fin qui n'en finissait pas d’arriver, et qui n’en est même pas vraiment une ! Dommage, car c’est souvent la dernière impression qui reste d’un roman !
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Une saison blanche et sèche

Encore un roman de mon adolescence, au moment où l'apartheid régnait encore sur l'Afrique du sud et suscitait l'indignation de jeunes occidentaux comme moi. On y découvre l'histoire d'une professeur : Ben du Toit qui cherche à comprendre la disparition mystérieuse du jardinier de son école et de son fils et va dès lors découvrir et s'interroger sur le fonctionnement de la société dans laquelle il vit. Cette quête de la vérité et ce combat vont l'amener à tout perdre et la machine va le broyer, ce n'est donc pas un message d'optimisme démesuré que nous livre André Brink mais bien un appel à ne rien lâcher. Le roman ft interdit en Afrique du Sud durant de nombreuses années. L'auteur quant à lui n'a rien d'un naïf. Il s'est dit lui même déçu du gouvernement mis en place par les populations noires qui a pu lui aussi connaître des excès. C'est un roman parfois dur, sans complaisance qui dresse le portrait d'une époque et d'une société.
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Une saison blanche et sèche

Ce sont des conseils de lecture donnés par ma professeure de français en classe de première, qui m'ont amené à lire ce livre. Nous sommes en 1989 et le monde change, bruisse, bouillonne un peu partout.

Lorsque je lis Une saison blanche et sèche d'André Brink, Nelson Mandela est toujours en prison, mais sera libéré quelques mois plus tard.

Le livre a paru dix ans plus tôt, en 1979, alors que les lois de l'apartheid sévissent à plein en Afrique du Sud. Il y est bien évidemment immédiatement interdit. Ce roman donnera à André Brink une renommée internationale et contribuera à lutter contre cette forme étatisé de ségrégation raciale.

À 17 ans, cet ouvrage m'avait profondément marqué par la violence de qu'il dépeint et tout autant par son humanité.

À 47 ans, il ne sera pas inutile de le relire.
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Une saison blanche et sèche

Ce livre m'a empoignée du début à la fin. Je crois qu'il est impossible de sortir indemne de ce roman.



C'est une lecture presque douloureuse, l'étau se resserre et même la dernière page n'apaise pas le profond sentiment d'injustice et d'horreur qui vous étreint à ce moment là.



J'ai été très touchée par ce combat pour la justice, cet homme qui est prêt à sacrifier sa vie pour sauver sa conscience, faire éclater la vérité quelqu'en soit le prix parce qu'il pense être le seul à pouvoir le faire.



Une magnifique leçon de courage, de justice, d'humanité.



Un roman inoubliable.
Lien : http://www.lelivroblog.fr/ar..
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Une saison blanche et sèche

J'étais adolescente quand je me suis lancée dans la lecture de ce livre. Lecture fortement recommandée par notre professeur d'anglais.

Quel choc !!!!! J'ai découvert ce qu'était l'apartheid. J'entendais bien parlé de Nelson Mandela mais sans savoir qui il était.

Ce livre est "éprouvant" et bouleversant mais mérite d'être lu. Même si c'est un roman c'est tout de même un très fort témoignage de ce que fut l'Apartheid.
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Une saison blanche et sèche

Un professeur de Johannesburg trouve la mort, écrasé par une voiture. Le chauffard a pris la fuite. La victime s'appelait Ben du Toit.



Dans un cours propos liminaire André Brink déclare que rien dans ce roman n'a été inventé; les personnages et les événements ont été placés dans le contexte d'un roman, mais la vérité d'un pays et de son époque demeure : il est le reflet de la réalité d'alors. Le narrateur principal est un écrivain populaire qui connaissait du Toit depuis longtemps, il reprend le flambeau de la lutte pour la vérité, et conte le long chemin périlleux qui a conduit cet homme à trouver la mort, victime d'un assassinat ignominieux.



Un jeune noir, Jonathan Ngubene, décède en détention alors que les émeutes de Soweto de 1976 font rage; hors du Toit avait pris en charge ses frais de scolarité. Le jeune homme a littéralement disparu. Quant au père Gordon, jardinier de l'école où officie Ben, et qui a mené son enquête dans l'espoir bien mince de récupérer au moins sa dépouille, il est retrouvé "suicidé" en prison. Le lecteur plonge donc au cœur d'un système inégalitaire où les noirs sont victimes des exactions policières des sections spéciales, officines secrètes à la solde du pouvoir raciste. Ils sont humiliés, torturés, battus à mort dans les geôles des postes de police, on fait passer leur assassinat pour des morts naturelles ou des suicides. Les corps ne sont parfois même pas rendus à leur famille. La minorité dirigeante, afrikaner, oscille dans son attitude, entre indifférence, aveuglement égoïste, voire franc soutient au régime de l'apartheid. Très peu se lèvent pour protester, on ne veut pas risquer les ennuis, on a une famille à protéger, on préfère se dire que la police ne saurait se tromper en l'occurrence. Quand à la justice, c'est une chambre d'enregistrement servant d'alibi légaliste à une situation de non droit. Inutile aussi d'attendre de secours du clergé de l'Eglise Réformée, c'est un des piliers d'une société puritaine et inégalitaire, la caution morale d'un système politique sans scrupule.



On ressent l'inextricabilité du combat du Toit, Don Quichotte de la justice aux prises avec un "Big brother" intraitable, implacable et retors. La variation des formes narratives, entre troisième personne du singulier, distanciée et objective, et première personne du singulier, directe, urgente, participe de la tension crescendo ressentit à la lecture du roman. Cette chronique d'une mort annoncé est des plus prenantes : l'angoisse et la révolte sourdent à la lecture d'un tel chemin de croix.

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Le mur de la peste

On connait le pays d'origine d'André BRINK, l'Afrique du Sud. On sait le thème récurrent qui compose la chair de ses ouvrages, l'Afrique du Sud et l'Apartheid. A. BRINK mêle dans celui ci ses thèmes incontournables à la France, la Provence plus précisément. Le mur de la Peste est un véritable mur qui fût édifié, lors de la grande Peste de Marseille dans une tentative dérisoire d'isoler, de protéger, le Comtat Venaisin de ce mal mortel. Se protège-t-on du mal absolu? Et quand on est une métisse sud-africaine, Andréa, exilée en Europe, peut-on faire l'impasse sur ce qui est resté au pays. Ce pays où l'on a connu la mort et le malheur.

Andréa, au moment de prendre une décision engageant le reste de sa vie, part en repérages en Provence, pour préparer le film qu'écrit son amant. Un film sur la Grande Peste, et le mur de la peste. Elle y part cinq jours. Aussi pour s'isoler et être sûre de prendre la bonne décision. Pendant ces cinq jours, qui constituent les cinq chapitres du roman, elle aura l'occasion de revivre des moments déja passés en Provence (moments fondateurs de son existence) et de décrypter des évènements de sa vie d'avant, de sa vie de là-bas, en Afrique du Sud.

André Brink aime la France et il entremêle continuement la vie d'Andréa en Afrique du Sud, et celles qu'elle a connues depuis qu'elle est en Europe. C'est un tournoiement incessant et des parallèles obligés entre le dérisoire d'un mur contre la peste et celui d'un autre entre les races, l'Apartheid.

Pas si facile que cela à lire. Moins peut être qu'Une Saison Blanche et Sèche. Mais sans aucun doute un roman qui laisse sa trace dans la mémoire du lecteur.
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Une saison blanche et sèche

Publié en 1979 à Londres, le livre a été interdit de publication en Afrique du Sud. D’abord traduit en Français en 1980, il l’a ensuite été dans une dizaine de langues et il a obtenu le Prix Médicis Etranger la même année. Il a été adapté au cinéma en 1989, sous le titre de "A dry white season".



L’histoire est celle de Ben Du Toit, Afrikaner, professeur d’histoire dans une école de Johannesburg dans les années 80. Il est marié et père de trois enfants et il est un membre actif de sa communauté religieuse. Mais en dehors de cela, il semble étrangement indifférent à ce qui se passe autour de lui.



A la suite d’une manifestation pacifique d’écoliers et d’étudiants dans le quartier noir de Soweto qui a dégénéré en émeute, le gouvernement déclare l'état d'urgence, des dizaines de personnes sont tuées et des centaines d’autres arrêtées et torturées, toutes de race noire et de tous âges. Jonathan, fils de Gordon Ngubene, jardinier de l’école où professe Ben, fait partie des Noirs faits prisonniers. Il est torturé et assassiné mais son père doute de la version officielle de la mort de son fils et il décide de d’effectuer des recherches pour connaître la vérité. Il demande alors de l’aide à Ben qui s’était pris d’affection pour Jonathan auprès duquel il avait pris l’engagement de financer ses études.



Gordon, dont la ténacité et l’obstination à trouver des explications à la mort de son fils dérangent, est arrêté à son tour par la Section Spéciale. Il décède sous la torture mais la police déclare qu’il s’est pendu dans sa cellule. Ben n’a aucune raison de douter de cette explication jusqu’à ce que, à la radio, il entende qualifier Gordon Ngubene de terroriste. Il se met alors à douter, à se poser des questions sur son pays et le sort qui y est réservé aux Noirs commence. Il entreprend une enquête, dans la quasi clandestinité, uniquement aidé par un ami de la famille Ngubene, Stanley, chauffeur de taxi qui sait beaucoup de choses grâce à son métier mais qui se tait pour ne pas nuire à sa propre famille.



A mesure qu’il avance dans son enquête, Ben constate qu’il se passe des choses étranges, disparition de tel témoin, ou rétractation de tel autre... Mais il ne se résout pas à mettre en doute la loyauté de la justice de son pays et il intente un procès à la Section Spéciale, procès qu’il va évidemment perdre car les témoins ne se présentent pas ou, craignant pour leur vie et celle de leurs proches, ne disent pas aux juges ce qu’ils lui ont confié en privé. Il comprend qu’il ne pourra rien faire dans la légalité.



Sa rencontre avec une journaliste, Mélanie, et son père, Phil Bruwer, lui donne la force de continuer à se battre pour défendre la cause Noire. Une relation unit bientôt Ben et Mélanie qui choisit de le soutenir dans sa lutte, alors même que son épouse préfère continuer à vivre selon les règles et les conventions de la communauté Afrikaner.



Le professeur continue sa recherche de la vérité mais dans des conditions de plus en plus difficiles. Outre le fait qu’il est étroitement surveillé par la Section Spéciale qui veut se débarrasser de lui à tout prix, écoutes téléphoniques, fouilles à son domicile, corruption de sa propre fille qui essaie de lui voler les preuves qu’il détient pour les remettre à la police, il commence à douter de la légitimité de son action, car le prix à payer est très élevé. En effet, tout ceux qui ont essayé de l’aider ou qui lui sont proches sont détruits : Emily, la femme de Gordon se suicide, le deuxième fils de Gordon est assassiné, Stanley disparaît à jamais, Mélanie qui est partie à l’étranger se voit refuser son visa de retour et est réduite à l’exil forcé.



L’histoire est racontée par un ami, journaliste, de Ben. Ils se sont rencontrés du temps de la faculté, perdus de vue et Ben reprend contact avec lui pour lui confier ces documents que sa fille a tenté de lui voler et qui constituent autant de preuves de l’atrocité du régime de l’apartheid. A peine quelques jours après avoir remis ce dossier à son ami, Ben est fauché par une voiture et décède. Il a été assassiné, parce qu’il voulait mettre fin à la ségrégation raciale qui régnait dans son pays.
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Une saison blanche et sèche

[ Indispensable ]



Ben Du Toit est un homme ordinaire, père de famille respectable, professeur d’histoire-géographie apprécié de ses élèves… mais il est surtout un Afrikaner dans le pays de l’apartheid.

Pourtant tout va basculer lorsqu’il cherche à savoir ce qui est arrivé à Gordon Ngubene, le balayeur noir de l’école où il enseigne, retrouvé mort dans sa cellule. Gordon Ngubene, emprisonné parce qu’il essayait seulement de connaître la vérité sur la mort de son fils Jonathan, arrêté pendant les émeutes de Soweto.

Cette quête de la vérité, c’est aussi une prise de conscience sur la réalité de la condition des noirs qui vivent à côté de lui sans qu’il les voie.

Rejeté par ses semblables, isolé, menacé, il trouvera la force de poursuivre son combat avec l’appui et l’amour de Mélanie, une journaliste britannico-sud-africaine… jusqu’à ce que le système les rattrape.



Que dire de ce grand roman si ce n’est que je le place directement dans le coin de ma bibliothèque réservé aux indispensables tant par son fond que son écriture riche.

Prix Médicis étranger 1980, Une saison blanche et sèche est le quatrième roman d’André Brinck. Interdit dès sa parution, 1979, en Afrique du Sud, il est traduit dans une dizaine de pays. Le roman est adapté en 1989 par la réalisatrice Euzhan Palcy dans le film éponyme avec Donald Sutherland et Marlon Brando dans les rôles principaux.

J’ai également très envie de découvrir Au plus noir de la nuit publié en 1973 et également interdit dès sa sortie.

André Brinck (1935-2015) a vécu à Paris, il a traduit Albert Camus.



Lors d’une visite de Soweto incluant le mémorial Hector Pieterson qui porte le nom d’un écolier de douze ans, une des victimes des balles des forces de l’ordre lors du soulèvement étudiant de 1976, contexte dans lequel s’inscrit ce livre, une femme a insisté pour que je la prenne en photo avec son petit-fils. Son regard fier, ses yeux qui ont dû voir tant de choses durant l’apartheid m’ont accompagné pendant cette lecture. Quant je me remémore ce voyage, je repense à elle, j’aurais voulu savoir pourquoi elle tenait tant à ce que je les "emmène" avec moi, j'aurais voulu connaître son histoire.
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Une saison blanche et sèche

Ben du Toit, professeur afrikaner, prend le parti de se rebeller contre les violences policières faites à la famille de son jardinier en pleine politique de l'apartheid. Son combat dérangeant le camp afrikaner et n'étant pas accepté par les noirs, il se retrouve extrêmement isolé. Roman construit sur la difficulté du combat pour l'égalité des races en Afrique du Sud qui m'a passionné malgré les quelques longueurs.
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Une saison blanche et sèche

Ben Du Toit, enseignant blanc de Pretoria ayant une vie tranquille et rangée, prend peu à peu conscience du phénomène de ségrégation et d'oppression connu sous le nom d'apartheid, et qu'il a jusqu'alors cautionné implicitement, par ignorance... Sa naïveté est égale à sa détermination à défendre Gordon, un jardinier noir qu'il connaît et qui est victime d'injustices criantes. Révolté, il se démène et ce faisant, il constate que la société ferme les yeux pour prix de sa soi-disant sécurité, tandis que l'Etat utilise des méthodes expéditives. Enfin décillé sur l'hypocrisie de ce système, acculé par la police de surêté, écoeuré et traqué, il poursuit son combat humaniste pour la liberté, devenu presque contre son gré emblème d'une cause qui le dépasse. Un grand roman, bien construit, haletant.
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Une saison blanche et sèche

"De temps à autre, nous dépassions quelqu'un ou quelque chose. Un moulin à vent cassé, un réservoir en tôle ondulée, rouillé, la carcasse d'une vieille voiture, une gardienne de troupeaux, un homme sur une bicyclette.



Souvenirs de mon enfance. En voiture avec papa - dans son spider ou dans sa petite Ford verte - nous jouions, Helena et moi, au premier qui verrait quelque chose : "Ma maison", "Mes moutons", "Mon réservoir". Et à chaque fois que nous dépassionne Noire, un Noir ou un enfant : "Mon domestique." Que cela nous paraissait alors naturel ! Que nos normes étaient fossilisées ! Imperceptiblement. En nous, autour de nous. Était-ce là que tout avait commencé ? Dans une telle innocence ? Tu es noir, donc tu es mon domestique. Je suis blanc donc je suis ton maître"



Probablement qu'il s'agit là, de l'extrait nous plaçant au mieux dans le contexte et l'esprit du livre. On y voit l'évidence et la définition de l'apartheid, mais principalement son "début" et son intériorisation dès le plus jeune âge. Il s'agit donc d'un extrait qui joue à la fois sur l'innocence et le manque de réflexion de l'enfant, confronté à l'influence de la politique.

Dans ce passage, sont utilisés des extrêmes, effectivement on oppose la naïveté de l'enfance au machiavélisme de la société, mais tout au long du livre ce sont des adultes qui sont "enrôlés" dans ces idéologies.



On retrouve également la notion de réflexion, puisque Ben du Toit prend du recul sur ce passé ; de manière plus positive on voit que cette manipulation est réversible puisque Ben du Toit s'oppose à ces stéréotypes. Il y a également la notion de déshumanisation, notamment dans les dernières phrases, où le Noir serait inférieur et dominé par le Blanc, mais aussi où le Blanc serait déshumanisé, car se sentirait constamment dans le besoin de "dominer" et d'"imposer" ses règles sur son "territoire".
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