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Critiques de André Brink (255)
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L'amour et l'oubli

André Brink, est la figure la plus connue en France de la lutte blanche anti-apartheid en Afrique du Sud ; Il fut l'ami de Nelson Mandela et mourut en 2015.



"L'amour et l'oubli" est un roman très agréable, en forme d'hommage tendre et touchant, rendu par un auteur vieillissant, aux femmes de sa vie. Un roman violent aussi quand il aborde les méthodes éducatives de son enfance, faites d'extrême pruderie et de châtiments corporels systématisés, la condition effroyable des noirs, le fanatisme religieux, la misère, son engagement politique et social non exempt de dangers, la politique étrangère de Bush, la guerre d'Irak, la traque de Saddam Hussein, le vieillissement et ses stigmates, la maladie, la mort.



Les figures féminines ont eu une importance telle dans sa vie qu'on a le sentiment, au fil de la lecture, qu'elles constituent le motif essentiel de son être, sa toile de fond, son référent omniprésent : sa mère à la foi adoucie de tolérance et d'humour ; sa tante dont l'hystérie religieuse n'atténua pas, bien au contraire, la cruauté et le racisme et qui voulait convaincre ses filles de faire croire aux garçons que leurs jambes étaient soudées jusqu'au mariage ( des genoux aux hanches ) ; ses cousines dont certaines furent ses premières initiatrices sexuelles ; et bien sûr ses innombrables aventures, amours, amantes... avec lesquelles il partagea presque toujours des relations empruntes de douceur ; l'une d'elle pourtant le trahit horriblement dans ses engagements militants.



Il y a aussi beaucoup d'évocations érotiques, un peu trop, elles "banalisent" l'ensemble et je dirais que c'est dommage, la gamme érotique semblant plus étroite et répétitive que la gamme sentimentale.



Mais "l'amour et l'oubli" reste un roman agréable : il n'est cependant pas comparable à "une saison blanche et sèche".

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Une saison blanche et sèche

Ben du Toit est un Afrikaner comme un autre si j'ose dire.

Il enseigne dans une école de Johannesburg, marié, père de trois enfants, grand-père, un parcours de vie typique, et il ne s'est jamais réellement posé la question du système dans son pays : l'Apartheid.

Mais lorsque Jonathan le fils de Gordon le jardinier de l'école est arrêté, il commence à essayer de contacter la police pour savoir ce qu'il en est.

Puis Jonathan est déclaré mort, victime d'une énième émeute qui a eu lieu selon les autorités à l'instigation des communistes qui veulent renverser le pouvoir en place, alors qu'il est évident que Jonathan était en prison et qu'il est mort à la suite des mauvais traitements infligés.

Gordon veut à la fois que la vérité éclate et que le corps de son fils lui soit rendu pour qu'il puisse l'inhumer, il va donc demander à Ben de l'aider.

Puis c'est au tour de Gordon d'être arrêté, et de mourir en prison après s'être suicidé, selon la version officielle, alors que Ben dispose des preuves indiquant que Gordon comme son fils a été torturé en prison.

Cette fois, Ben ne peut plus se taire et il va mener sa propre enquête pour que la vérité voit le jour.

Mais que peut un homme seul, contre un système autoritaire qui va jeter le discrédit sur lui, aussi bien auprès de sa famille, que de ses collègues, de ses amis, de ses voisins, et peu à peu l'isoler jusqu'au drame final.

Pas étonnant que ce roman, terrible témoignage du régime de l'Apartheid instauré en Afrique du Sud, y ait été interdit de publication lors de sa sortie en 1979.

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Une saison blanche et sèche

Ben Du Toit est un Blanc, professeur d'histoire, qui vit en Afrique du Sud où sévit l'apartheid. Un jour, il cherche à découvrir pourquoi la police peut impunément tuer des Noirs, et il décide d'enquêter sur deux disparitions suspectes. D'abord très naïf, il se rend vite compte de l'impossibilité de vivre libre dans ce pays quand on en porte encore la couleur.

Le roman est à la fois politique, historique, et humaniste. Il dépeint sans tabou les dessous d'un système raciste et nous emporte dans ce pays où il a d'ailleurs été interdit de publication.

Une belle lecture, à mettre entre toutes les mains dès l'adolescence.
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Un instant dans le vent

Nous sommes au Cap, en Afrique du sud, l'apartheid règne encore. Erik Larsson est empailleur. Il conduit une expédition à l'intérieur du pays. Celle-ci se termine par un désastre: le guide se suicide, les porteurs s'enfuient attaqués par une bande de Hottentots, les deux Blancs de l'équipe meurent. De tous, seule Elisabeth Larsson survit. La voici, seule, au milieu de l'innocent veld. Apparaît alors Adam, un Noir. Peut-elle faire confiance à cet esclave en fuite? Malgré son sentiment de répulsion, son habitude de ségrégation raciale, il y a cet instinct de conservation, il y a la nécessité de survivre. Elisabeth choisit de survivre et par ce fait, accepte de cheminer pendant des mois avec Adam.

Un Instant dans le vent est le roman d'une époque mais aussi de toutes les époques. Au-delà de la question raciale, l'auteur soulève l'épineux problème des valeurs, de la civilisation. Peut-on faire confiance à un système autant aveugle que désespérément inapte à se contrôler? Dans un tel univers, une nécessaire redéfinition de l'homme et partant de l'humanité s'impose à tous. C'est la raison pour laquelle le roman est surtout la mise en lumière d'un cheminement s'accomplissant entre ces deux êtres que tout sépare. Un cheminement qui leur permet de faire l'expérience de la joie mais aussi et surtout de la douleur; une tentation de fusion avec le monde végétal. La nature serait alors le lieu de référence idéal pour une vie simple et réfléchie.
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Une saison blanche et sèche

« Putain d’bordel de merde, tu veux savoir? Vous, vous persistez à croire que l’histoire se fait là où vous êtes et nulle part ailleurs. Pourquoi ne viens-tu pas un jour avec moi? Je te montrerai à quoi ressemble l’histoire. Celle qui pue la vie »



En juin 76, dans les rues de Soweto, Afrique du Sud, Jonathan et 20 000 autres enfants et étudiants noirs venaient de prendre part à la protestation - se voulant pacifique - des lycéens contre l’enseignement donné exclusivement en Afrikaans. Un fait historiquement connu sous le nom d’« émeute des jeunes de Soweto » et qui, dans une escalade de violence, fera au moins 23 morts. Moins d’un an plus tard, accusé du meurtre de deux passants, Jonathan sera condamné à mort par pendaison. De partout, les gens se seront rassemblés pour entendre le verdict. Résonance d’un coup de glas qui sera marqué dans tout le continent africain, tous les 16 juin, en souvenir du massacre.



Peu de temps après, Gordon Ngubene, son père, mourra en prison dans des circonstances douteuses. Interrogés de manière illégale, des témoins affirmeront l’avoir vu dans un état lamentable, incapable de marcher ou parler, le visage tuméfié, les côtes cassées, le blanc des yeux jaunâtre et strié de veinules rouges… Les faits seront niés et les vêtements brûlés. C’est donc à travers ce personnage que Ben du Toit, prof d’histoire afrikaner de Johannesburg, découvrira l’apartheid et les conditions de vie atroces des Noirs. Et il sera prêt à tout pour venger la mort de Gordon. Mais à quel prix?



Ce roman se veut une introspection sur la solitude. Jusqu’où peut-on aller dans son implication envers l’autre tout en préservant son intimité? Quand tout partira en éclats, il sera trop tard. Quand les enfants feront l’objet de menaces et que le téléphone sera mis sur écoute, alors il ne sera plus temps de revenir en arrière. L’angoisse nous tenaillera déjà les tripes, nous serons rejetés et victimes d’un vide que nous aurons nous-mêmes créé. Ce sera le prix à payer pour s’être accroché à la vie d’un autre afin d’exorciser la sienne…



« Je voulais aider. J’étais tout à fait sincère. Mais je voulais le faire à ma façon. Et je suis blanc ; ils sont noirs. Je croyais qu’il était encore possible de transcender notre « blancheur » et notre « noirceur ». Je croyais que tendre la main et toucher l’autre par-dessus l’abîme suffirait. Mais j’ai saisi si peu de chose, comme si les bonnes intentions pouvaient tout résoudre. C’était présomptueux de ma part. Dans un monde ordinaire, dans un monde naturel, j’aurais pu réussir. Pas dans cette époque dérangée et divisée. Je peux faire tout ce que je peux pour Gordon ou pour ceux qui sont venus me voir. Je peux me mettre à leur place; je peux éprouver leurs souffrances. Mais je ne peux pas vivre leur vie à leur place. Que pouvait-il sortir de tout ça, sinon l’échec? »



Si le roman est avant tout inspiré d’un fait historique, Brink a aussi voulu démontrer les clivages sociaux et raciaux de l’apartheid dans son pays. Il a mis en relief le puritanisme des Boers, en plus d’exposer la situation d’un gouvernement dont l’expression de l’emprise vise à camoufler les délits. Il ne manque pas de rappeler les conditions de détention atroces des prisonniers, nus au fond de leur cellule, bastonnés et fouettés, une brique attachée à leurs organes génitaux jusqu’à perdre conscience. On ne s’étonnera pas que son œuvre fut interdite de publication durant des années. Mais il était prêt à en payer le prix, alors pourquoi s’en priver?



« Chaque geste que je fais, chaque acte que je commets dans mes efforts pour les aider leur rendent plus difficile la tâche de définir leurs besoins réels, de découvrir par eux-mêmes leur intégrité, d’affirmer leur dignité »



« Mais il y a des époques, comme la nôtre, où l’histoire n’est pas encore installée dans un nouveau courant, ferme. Chacun est seul. Chacun doit trouver ses propres définitions. La liberté de chacun menace celle des autres. Quel est le résultat? Le terrorisme. Et je ne me réfère pas seulement aux actions du terrorisme patenté, mais aussi à celles d’un État organisé dont les institutions mettent en danger notre humanité essentielle »


Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Mes bifurcations : Mémoires

Certes dans une autobiographie, tout auteur cherche à réécrire son histoire en se donnant un meilleur rôle. pourtant dans celle-ci, même si André Brink est très présent, pour se raconter lui-même, il laisse une place très importante à ses contemporains. Il fait un peu oeuvre d'historien et nous fait partager son regard sur le monde et la lutte contre l'Apartheid . il fait en particulier revivre Ingrid Jonker, poète important et torturée de l'Afrique du Sud, dont Nelson Mandela a lu un passage de l'oeuvre, en trois langues, lors de son intronisation à la présidence.

Ingrid s'est suicidée dans des conditions mystérieuses, elle a été sa maîtresse et celle de bien d'autres, aucun d'entre eux n'a pu l'aider à surmonter ses démons. Ingrid, fille d'un notable du régime, illustre parfaitement aussi comment l'apartheid a pu se mettre à dos une bonne partie des enfants des Blancs pourtant privilégiés.

Il nous raconte Breyten Breytenbach qui en épousant une vietnamienne s'est condamné à l'exil car son épouse "colored" ne pouvait pas vivre avec lui dans son pays frappé de lois stupides et violentes sur le développement séparé des races. André raconte ses vies différentes avec ses épouses, la dernière aussi jeune que ses fils, comme un homme qui a su croquer la vie et voyager autant qu'il a pu. Coetzee est parti vivre en Australie, lui est toujours resté vivre en Afrique du sud.

L'Anglais n'est pas sa langue maternelle, contrairement à Nadine Gordimer, il a dû l'apprendre, ses romans témoignent de sa maladresse lorsqu'il commence à l'utiliser pour s'exprimer, mais pour s'adresser au plus grand nombre, dépasser ses frontières il s'est transcendé. Il parle aussi de son séjour en France.

"une saison blanche et sèche" reste incontestablement dans nos mémoires son roman le plus fort. Il nous raconte comment on devient un résistant alors qu'on n'est pas spécialement le plus fort ou le plus courageux, mais parce qu'on le doit tout simplement, parce que c'est une affaire de responsabilité et de dignité, un message moderne qui nous concerne encore. André Brink vient de mourir, il n'a jamais eu de prix littéraire, il nous laisse un message profondément humaniste et c'est le plus important.
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L'insecte missionnaire

Il y a des noms de personnages qui marquent l'imagination du lecteur : Cupido Cancrelas (Cupido Cockroach en anglais et Kupido Kakkerlak en néerlandais) est celui de notre « Insecte missionnaire ». Vous avouerez, quel nom, tout de même ! Et ce personnage a réellement existé, ce qui illustre une fois de plus que la réalité dépasse presque toujours la fiction…



Ecrivain d'Afrique du Sud, né en 1935 et mort en 2015, André Brink revisite dans ce roman l'histoire de son pays, au temps de la colonisation de la province du Cap par les Hollandais au 18e siècle, avant qu'ils ne passent sous tutelle anglaise fin 18e – début 19e siècle. C'est en quelque sorte l'histoire par le petit bout de la lorgnette, à travers le destin d'un des premiers habitants de ce pays, les Khois, peuple semi nomade sans écriture (autrefois dénommés Hottentots) et aujourd'hui disparus.



On sait peu de choses sur ce Cupido Cancrelas, si ce n'est par l'entremise de quelques lettres écrites par les missionnaires anglais. André Brink cite ses sources, en fin de volume, ce qui est toujours appréciable. Partant de ces maigres éléments, il nous offre une histoire romancée où s'entremêlent le réel et le fabuleux, où le rocambolesque et l'abracadabrantesque habillent une certaine vérité historique, dont les contours nébuleux permettent aux écrivains quelques échappées sur le terrain poétique.



Sous plusieurs angles narratifs, selon les étapes de sa vie, le roman fait resurgir à la surface la vie d'un jeune Khoi à la naissance miraculeuse, qui reprend vie après avoir rendu l'âme et dont le chemin croisera à plusieurs reprises des mantes religieuses, qui sont des insectes mythiques signes de bon ou mauvaise augure selon les circonstances (d'où le titre original anglais « The Praying Mantis »). Né dans une ferme, il suivra un colporteur, épousera une femme San (c'est-à-dire du peuple Bushmen), apprendra à lire et écrire et deviendra missionnaire pour le compte de la Société Missionnaire de Londres (la célèbre London Missionary Society pour laquelle le Dr. David Livingstone a officié ). Mais il ne fera jamais complètement partie du monde des blancs, dont il lui manque les clés pour trouver pleinement sa place et il restera écartelé entre ses anciennes croyances et celles des nouveaux habitants blancs.



La curiosité pour ce destin hors norme et magico-pathétique, ainsi que l'intérêt pour cette Afrique du Sud balbutiante où l'avenir est ouvert mais déjà hypothéqué par les ferments du racisme m'ont porté au terme de cette lecture. Si ce livre est un cran au-dessus, selon moi, de « Tout au contraire », qui traitait aussi de l'histoire de la colonisation du Cap, il n'a pas la force des romans de Brink sur la période plus récente de l'Apartheid. On sent confusément que ce roman n'est pas devenu pleinement ce qu'il aurait dû être. Il y avait matière à un grand roman, mais l'auteur n'a pas trouvé l'inspiration suffisante et a dû s'atteler à son oeuvre par trois fois, en 1984, 1992 pour le terminer en 2004. Dommage…



En définitive, je me suis piqué à cette histoire de Cupido Cancrelas même si ce n'est pas un chef-d'oeuvre littéraire.



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L'ambassadeur

Un triangle amoureux est au cœur de ce roman écrit en 1963 et remanié en 1985. Il s’agit d’un des premiers récits d’André Brink, un écrivain né en Afrique du sud dont l’œuvre tourne souvent autour de l’apartheid. Ici, malgré le titre, il ne sera pas question de politique. L’ambassadeur est strictement un roman psychologique, sur l’ambition et les relations amoureuses.

Trois personnages donc : Stephen Keyter, secrétaire à l’ambassade de l’Afrique du sud en France, l’ambassadeur himself, Paul Van Heerden, et une jeune femme, Nicole Alford. Les deux hommes entament, à tour de rôle, une relation amoureuse, teintée de brutalité chez Stephen et plutôt paternelle pour Paul, avec Nicole, ivre de liberté et de fantaisie. Deux valeurs qui ne font pas partie du quotidien des deux hommes, une manière de vivre qui les bousculent.

Le drame se révèle quand Stephen écrit un rapport aux autorités concernées sur l’attitude de l’ambassadeur, homme marié et garant de la moralité.

En alternance, nous découvrons le point de vue de chacun des protagonistes et les raisons avouées et cachées de leurs actes. Jusqu’où peut-on aller par ambition ? s’interroge Stephen. Cela vaut-il la peine de sacrifier sa liberté pour réussir professionnellement ? se demande Paul. Ils partent à la recherche d’eux-mêmes, Nicole étant le révélateur de leur remise en question.

Je suis une lectrice assidue d’André Brink. Les questions politiques qu’il soulève, ses personnages tourmentés entre facilité et liberté me touchent beaucoup. Ici, j’ai été un peu moins convaincue. La dimension du livre est réduite, elle tourne uniquement autour de la façon dont réagissent des personnages haut placés face à la frivolité. Le personnage de Nicole sert de faire valoir et finalement, on sait peu de chose d’elle.

Ce roman, qui a un peu vieilli, se lit, malgré tout, avec plaisir - mais peut-être est-ce un avis influencé par mon faible pour l’auteur…

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Une saison blanche et sèche

Un tableau de ce que fut l’apartheid en Afrique du sud. Ben Du Toit est afrikaner. Il ne s’est jamais posé de question sur l’organisation sociale de son pays. Puis il finit par prendre conscience de ce qu’il a jusqu’alors ignoré : dans son pays, on peut impunément massacrer des hommes à cause de la couleur de leur peau. Pour cette même raison, ils ne sont pas traités comme des citoyens voire des êtres humains. Il va alors se muer en pourfendeur de cet ostracisme en se révoltant contre la police, contre les institutions, un système qui discrimine et opprime.
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Une saison blanche et sèche

Dans le pays de l'appartied, l'Afrique du Sud, Ben du Toit est un professeur d'histoire à la vie banale. La mort d'un jeune noir et celle du père de ce dernier, le poussera à tout faire pour comprendre. Ignorant jusque là le système politique dans lequel il vit, il découvrira la réalité désolante de son pays. Un pays où il est souvent mieux de ne pas trop savoir...



Voilà un grand livre! Un témoignage percutant qui touche droit au coeur! C'est le combat d'un homme courageux qui veut savoir à tout prix peu importe les conséquences. Il choisira la vérité plutôt que le confort de sa petite vie. Malgré ce qu'en pense les autres, il ne pourra vivre avec sa conscience sans continuer à chercher. Voilà une leçon à ne pas oublier! Un récit difficile à lâcher tellement on se sent happé par l'histoire. Un livre qui nous apprend bien des choses et qui nous bouleverse, c'est ça la force d'un grand roman!
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Un turbulent silence

André Brink vient de mourir. C'était un grand écrivain sud-africain, qui s'est autrefois illustré par son opposition catégorique à la politique d'apartheid. Ce décès m'incite, aujourd'hui, à souligner la valeur de ses nombreux romans, notamment "Un turbulent silence", que j'ai beaucoup apprécié.

Ce gros livre nous introduit dans la vie chaotique de ce pays, où le principe d'inégalité entre les individus était admis sans discussion. L'action se passe en 1824. L'histoire racontée a un base historique authentique. Galant, un jeune Noir, prend la tête d'une révolte d'esclaves contre leurs maîtres, deux fermiers blancs prénommés Nicolaas et Barend. Il n'est pas indifférent de noter que Galant a été le "frère de lait" de Nicolaas: son vécu personnel lui a sans doute donné le recul nécessaire pour refuser l'inacceptable. Car les Blancs, sûrs de leur bon droit, surexploitent les Noirs et les traitent comme des chiens, sans états d'âme. Comme c'était prévisible, la révolte des esclaves sera durement matée: il est long, le chemin vers la liberté...

Nous, lecteurs contemporains, sommes maintenant scandalisés par ces pratiques d'un autre âge. Mais, plongés dans les mêmes conditions sociales et placés dans un rapport de force qui nous serait favorable, aurions-nous eu la lucidité nécessaire pour condamner l'injustice ? Je doute... C'est pour cela qu'il faut lire et surtout méditer ce livre. Pour finir, j'ajouterai qu'André Brink a su mettre en scène de nombreux personnages hauts en couleurs, pleins de vie et de violence, qu'on n'oublie pas.
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Un instant dans le vent

Ma découverte d'André Brink se solde par une déception. L'auteur sud-africain s'inspire ici d'un fait divers survenu entre 1749 et 1751, fait dont on a retrouvé quelques traces écrites. L'expédition dirigée par un aventurier suédois Érik Alexis Larsson a tourné au désastre. Seule, sa jeune épouse a survécu dans ce qu'il reste du campement, perdue en plein bush sud-africain, quand apparaît Adam, un esclave en fuite. Dans le journal d'Élisabeth qui a été retrouvé, André Brink y a décelé qu'une histoire intime avait lié ces deux êtres que tout opposait, son imagination a fait le reste.

Si j'ai été séduite au début par la narration de leur rencontre, j'ai rapidement déchanté, gênée par le caractère imprévisible et manipulateur de la jeune femme, qui à mes yeux a du mal à faire abstraction de ses origines et de son intérêt. J'ai douté de sa sincérité.

D'autre part, je n'ai pas apprécié ce récit souvent écrit à la première personne où alternativement Adam et Elisabeth prennent la parole. Difficile de savoir qui parle...

Autre regret, rapidement l'histoire s'enlise et l'ennui gagne. Surtout que le prologue dévoile une grosse partie du dénouement.

Un récit sur le combat de deux êtres, celui d'une femme pour échapper aux carcans de son éducation et celui d'un homme pour survivre à sa condition, mais qui, au final tourne court. Si je comprends la révolte d'un écrivain contre la colonisation et l'apartheid dans son pays, je ne pense pas que cette histoire à laquelle j'accorde un 8/20, ne défende correctement cette cause.
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Une saison blanche et sèche

J'ai acheté ce livre en vue de mon prochain voyage en Afrique du Sud, regrettant que l'auteur soit décédé à peine quelques mois avant. Je reste sous le choc des révélations qu'il produit, je comprends qu'il ait été interdit lors de sa parution. C'est un livre qui se lit très bien et qui entre dans ma catégorie de livres historiques devant être lus pour le savoir et la postérité, au même titre que "Balzac et la petite tailleuse chinoise" ou "les Chardons du Baragan" et beaucoup d'autres. Du coup, j'ai eu une petite appréhension à aller dans ce pays ce qui est certain c'est que je ne le visiterai pas avec même oeil innocent qu'avant la découverte de cet auteur qui se définit lui-même comme "populaire"...
Lien : http://www.laurencelabbelivr..
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Une saison blanche et sèche

Très bon livre écrit comme un témoignage à la première personne, sur la dictature sud africaine dont la survie ne tenait qu'à un système digne de Staline. Le héros, Ben du Toit, afrikaner, prend tous les risques face à la sûreté nationale, pour défendre une famille noire face à l'arbitraire. On touche aux sentiments humains d'amour et de haine, autant qu'aux faits de l'époque (les émeutes se Soweto) et aux prémices de la chute du régime de l'apartheid.

Le sentiment de solitude, l'incompréhension de sa famille, de son entourage, l'immense espoir qu'il suscite chez les opprimés sont très bien rendus.

Cette impression diffuse que le système est impossible à attaquer parce qu'insaisissable et que tout ce qui entrave la vérité et menace Ben n'a pas de visage, fait penser à 1984.

Par contre l'idée de commencer le livre par la fin ôte tout suspens à l'intrigue et même si n'était pas le but, enlève de l'intensité au livre. Il manque également au style un peu de souffle, un peu de mystère pour le rendre extraordinaire.
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Une saison blanche et sèche

Ce livre est un coup de coeur gigantesque : c'est le type d'ouvrage qui laisse une trace profonde dans la vie d'un lecteur et qui le pousse à remettre en question plusieurs aspects de l'ordre établi. Je m'excuse par avance si mon commentaire est long mais j'ai plusieurs choses à dire.

Deux incidents, qu'on pourrait même qualifier de faits divers à cette époque, viennent bouleverser la vie bien rangée de Ben du Toit. Il s'y intéresse, tout à fait par hasard, et parce qu'il ressent une certaine sympathie pour Gordon, qui a toujours bien effectué son travail de jardinier. Petit à petit, il est entraîné dans une situation inextricable, qui souvent le dépasse : comment expliquer la disparition subite du fils du jardinier dans les locaux de la police ? Et le décès de Gordon, son père, lorsque ce dernier se met à rechercher les causes de sa mort ? Ben du Toit veut savoir, mais cette recherche va surtout lui ouvrir les yeux sur la réalité du système politique et social dans lequel il vit quotidiennement, c'est à-dire une société où la couleur de la peau est un critère discriminant. Les citoyens noirs d'Afrique du Sud vivaient à cette époque dans des conditions déplorables, où la précarité la violence, l'insécurité et l'injustice étaient monnaie courante. La justice elle-même n'est qu'un simulacre et les méthodes de la police font froids dans le dos.

L'auteur évoque avec subtilité plusieurs autres sujets : la quête d'un homme épris de sens et de justice dans un pays où les lois ne lui permettent pas d'assouvir ce besoin, la liberté d'expression et d'opinion, qui se heurte avec l'ordre établi (et qui semble juste pour les autres), les pressions exercées par l'entourage, l'illusion et le combat pour un idéal.

Deux questions me sont venues à l'esprit lors de cette lecture :

- est-ce que se battre pour un idéal en vaut-il réellement la peine ? Ben du Toit s'y risque mais peut-on dire à la fin du livre qu'il y est arrivé ?

- qu'est-ce que la loi et la justice ? Comment peut-on estimer que les lois qui régissent un pays sont justes ? La plupart des Blancs considéraient cette situation comme normal et acceptaient de fait ce qui existait déjà. Nous, dans notre système politique, économique et social actuel, est-ce qu'il y a des choses que nous prenons pour acquis et pourtant qui sont totalement absurdes ? A quel moment faut-il remettre en question ce qui existe déjà ?

Le style de narration change fréquemment car il y a un mélange entre les fragments de journaux et les points de vue du narrateur. Mais, l'ensemble est parfaitement bien agencé, et il n'y a pas de brusque coupure.

le ton est fluide, agréable, avec une richesse dans les mots, une profondeur dans chaque phrase qui a fait vibrer toutes mes cordes sensibles.

Que dire de plus à part à lire de toute urgence !!!
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Une saison blanche et sèche

Ben Du Toit est un Afrikaner bien tranquille — un père de famille sans histoire que rien ne distinguerait de ses quatre millions de frères et sœurs bien tranquilles, sûrs d'eux-mêmes et de leur supériorité. Jusqu'au jour où Ben veut savoir. Savoir pourquoi le jeune fils de Gordon, le jardinier noir de l’école où il enseigne, a disparu sans laisser de trace dans les locaux de la police sud-africaine. Savoir pourquoi Gordon va disparaître à son tour, qui cherchait à connaître la vérité sur la mort de son fils. Savoir ce qui se cache sous les versions officielles. Savoir, par exemple, ce qui s'est vraiment passé à Soweto. Savoir au fond ce qu'est la vie de ces seize millions de Noirs qu’il a côtoyés toute sa vie sans les voir. Mais au pays de l'apartheid, il ne fait pas bon vouloir trop en savoir. Le long de son douloureux chemin de Damas, Ben va peu à peu le découvrir. Et l'amour de Melanie, engagée dans le même combat que lui, ne le protégera pas de la machine infernale qui s'est mise en marche implacablement.

Encore un grand livre par cet écrivain en lutte contre l'apartheid.
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Au-delà du silence

C'est un livre d'une violence inouïe, mais l'Histoire est violente, la vie est violente, les hommes sont violents, cruels et sanguinaires, surtout dans un pays vierge livré à leurs explorations et leurs désirs, surtout envers les femmes, réduites à l'état de servantes, d'objet de plaisir, de bétail, surtout envers les minorités. La violence vient des colons, des conquérants, des guerriers, de ceux qui s'arrogent le droit de disposer de l'espace, de ceux qui y vivent, le droit de disposer des femmes, et de les laisser à terre, dépouillées de tout.

Le ton du récit est âpre comme la terre de ce pays, rauque comme la voix qu'a perdue Hanna, dur comme l'acier des armes. Hanna est une personnalité hors normes, elle subit, elle encaisse, elle souffre, et comme un animal tapi dans l'ombre, un jour elle surgit, les armes à la main, rassemble une armée, avance, tue s'il le faut. Mais il n'y a plus d'espoir et tout ne peut s'achever que dans le sang, les ruines, l'oubli.

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Au plus noir de la nuit

Joseph Malan est en prison pour meurtre.

Il est accusé d’avoir assassiné la femme qu’il aime, Jessica.

Qui plus est, il est noir, Jessica était blanche et nous sommes en Afrique du Sud au temps de l’apartheid.

C’est de sa cellule, après avoir été torturé et attendant sa condamnation à mort, que Joseph nous raconte sa vie et celle de ses ancêtres.



Mon avis :



J’ai d’abord eu du mal à entrer dans ce roman et je me l’explique difficilement car finalement j’ai vraiment adoré cette lecture.

On est vraiment happé par le contexte, André Brink réussit à merveille à nous imprégner de l’atmosphère sud-africaine malgré le peu de descriptions de paysages. Il y en a mais j’aurais souhaité plus. Bon … ceci dit, j’ai compensé avec internet mais difficile de retrouver des photos d’époque.

En dehors de la simple description du décor, la vie quotidienne et la ségrégation vécue par la communauté noire sont extrêmement bien traitées.

Tout d’abord, Joseph retrace pour nous l’histoire de sa famille, une famille d’esclaves au service de maîtres blancs avec toutes les brimades, les humiliations que cette situation sous-entend. C’est peut-être cette accumulation de malheurs et de souffrance qui m’a gênée au début ainsi que les amours entre les ancêtres noirs de Joseph avec des blanches. J’ai ressenti ça comme étant exagéré. Je reconnais que mon avis est complètement subjectif mais l’histoire se répétait tellement que j’avais du mal à y croire.

Mais une fois passé ce passage de la généalogie, Joseph revient ensuite à sa vie propre. Il a grandi comme esclave au service du propriétaire blanc d’une ferme. Ce même propriétaire a fait la seconde guerre mondiale avec le père de Joseph mort dans un camp nazi. Le fermier, se sentant redevable envers le petit Joseph qu’il a privé de son père, lui donne les moyens d’intégrer une école et de profiter d’une solide éducation.

Joseph est très bon élève et se découvre une passion pour le théâtre.

Et c’est à travers sa passion qu’il va mener son combat contre le régime politique sud-africain.

On trouve donc de nombreuses références à des pièces de théâtre. Heureusement pour les incultes en la matière comme moi, leur contenu est légèrement explicité ce qui ne rend pas la compréhension trop difficile mais je l’ai senti comme un handicap quand même. Car Joseph adapte des pièces au contexte de son pays avec pour objectif de faire passer un message. Son intention est de réveiller les consciences.

Bien sûr, les activités théâtrales de Joseph et sa troupe sont vues d’un très mauvais œil et tout est mis en place pour leur mettre des bâtons dans les roues.

Bref, on enrage, on peste et on pleure d’horreur à la lecture des passages où Joseph est torturé.

La quatrième de couverture qualifie ce roman de « terrible roman d’amour », amour interdit entre Joseph et Jessica contraints de s’aimer en cachette. Mais c’est bien plus qu’un simple roman d’amour, c’est un véritable plaidoyer contre la bêtise humaine, la lâcheté et l’intolérance.

Outre la présence de références littéraires, on y trouve également de véritables réflexions philosophiques sur toutes sortes de sujet, sur la liberté, sur l’amour, sur le sens de la vie, sur l’utilité et les modalités de la lutte sociale mais aussi un contexte historique très présent. Les guerres des Boers sont mentionnées, le scandaleux massacre de Sharpeville également. Les amateurs d’Histoire se régaleront, j’encourage les curieux et ceux qui comme moi ont des lacunes sur l’Histoire de l’Afrique du Sud à se documenter en parallèle de leur lecture.

L’idylle avec Jessica sert de fil rouge et ne devient sujet essentiel qu’à la toute fin du roman. L’histoire d’amour ne sert finalement qu’à mettre en valeur, par opposition des sentiments, la dénonciation de thèmes plus durs que sont le rejet de la différence, la répression et la brutalité policières, la couardise et la méchanceté des gens.

En conclusion, une lecture non seulement magnifique mais aussi très enrichissante au style agréable. Au plus noir de la nuit avait été censuré à l’époque de sa parution, André Brink faisant partie de l’intelligentsia afrikaner engagée dans la dénonciation du système d’apartheid.

Je vous conseille donc vraiment ce livre.






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Une saison blanche et sèche

Ben du Toit est professeur d'histoire. Il est marié, a trois enfants. Rien de plus banal hormis le fait qu'il vit et travaille en Afrique du Sud. Il est blanc.

P49: "En ce qui concerne Ben, tout a commencé avec la mort de Gordon Ngubene. Mais, d'après ses notes, d'après les coupures de presse, le problème était plus beaucoup plus ancien. Il remontait à la mort de Jonathan, fils de Gordon, au moment des émeutes de jeunes de Soweto..." "Gordon était le balayeur noir de l'école où Ben enseignait l'histoire et la géographie aux élèves de classe terminale."

Ben, jusqu'à présent vivait plutôt tranquillement puis ces évènements (les morts de Jonathan et Gordon Ngubene) vont bouleverser sa vision du monde, ses principes, sa morale, sa famille. Et jour après jour, il va être en quête de la vérité quant à la disparition de Jonathan et Gordon, il va être en quête de justice. Il ne peut plus vivre autrement qu'en accord avec sa conscience qui refuse ces "assassinats" d'État. Car oui, il semblerait qu'ils soient morts après emprisonnement et torture. Mais en Afrique du Sud, celui qui cherche la vérité, la justice , celui-là réveille la bête noire, une section chargée de veiller au grain et surveiller tout individu susceptible de mettre l'État en danger. Alors commence les intimidations en tout genre, le harcèlement, la destruction d'un homme qui ne recherchait que la vérité. Excellent livre, brillamment écrit, qui peint les rouages de la dictature qui broie ceux qui s'y opposent.
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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Une saison blanche et sèche

Un très beau roman se déroulant à la fin des années 1970 en Afrique du Sud. Ben, un professeur d'histoire-géographie, dans une école prestigieuse, père de trois enfants, bien installé dans la société s'est lié d'amitié depuis plusieurs années avec un employé noir de son école. Lorsque le fils aîné de celui-ci est assassiné par la police, leur vie bascule. Le père démissionne pour se consacrer à la recherche de la vérité sur la mort de son fils. Arrêté lui aussi, il reste plusieurs mois en prison avant que son décès 'par suicide ' soit annoncé à sa famille. Ben, se consacre alors corps et âme à la recherche de la vérité, ce qui l'entraînera dans une quête où il devra affronter la police, les préjugés de ses collègues , connaissances et bouleversera à jamais sa famille.

Un roman magnifique.
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