AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anton Tchekhov (652)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les méfaits du tabac et autres pièces en un acte

Me voilà à la découverte d'Anton Tchékhov l'auteur de théâtre. Ce petit livre nous en donne un échantillon à travers quatre courtes pièces en un acte de style et de ton variées.



La première – le chant du cygne – est estampillée « étude dramatique » et met en scène un vieil acteur en train de dessouler (ok, gros cliché : le Russe est un poivrot, bravo !) qui s'est endormi après la fermeture du théâtre et qui, sous l'effet de l'alcool et de la dépression, va vider son âme seule et triste dans l'oreille du souffleur qui s'est installé là. Oscillant entre deux tons gai et triste, la pièce laisse bien passer l'humeur intermittente du pauvre vieux qui m'a fait de la peine, peuchère !



La farce « La demande en mariage » est ma préférée. Ivan Vassiliévitch Lomov, un propriétaire terrien, vient demander la main de Nathalia Stépanovna, la fille de son voisin Stépan Stépanovitch Tchouboukov (rien que les noms à rallonge russes sont comme de la musique). Grand timide, Lomov n'arrête pas de tourner autour du pot auprès de Nathalia et ils tombent plusieurs fois sur des écueils de conflit de voisinage et autres chicaneries qui leur font oublier l'essentiel. Bref, ce sont de sacrés têtes de lard. C'est tuant de drôlerie.



La pièce suivante est encore une farce. « le jubilé » raconte les péripéties d'un vingt-cinquième anniversaire d'une banque où rien ne se passe comme prévu et où le comptable a un mal de chien à terminer le discours de son président. Traduit dans un style moderne (on lit des trucs comme « Je peux pas le blairer ») ça part dans tous les sens. C'est complètement barré, peut-être un poil trop.



« Les méfaits du tabac » est un court monologue qui termine le recueil. Un homme doit faire un discours sur – vous l'aurez deviné – les méfaits du tabac et digresse systématiquement vers ses déboires avec sa femme si autoritaire. Ça se rapproche assez d'un sketch de one-man-show genre « L'eau ferrugineuse » de Bourvil hormis que ça déboule plus sur le l'auto-apitoiement. Cela doit être plus sympa à voir qu'à lire.



Une bonne manière de découvrir cet auteur mort trop jeune. J'irai bien en reprendre.

J'attends tes conseils, ô public !
Commenter  J’apprécie          398
Un royaume de femmes - De l'amour

Le recueil contient deux nouvelles magnifiques.

1.Un Royaume de femmes (1894)

On suit la jeune Anna Akimovna pendant vingt quatre heures, la veille de Noël, en quatre chapitres.

Anna, vingt-six ans, a été élevée dans la pauvreté mais elle a récemment reçu en héritage une usine sidérurgique créée par son oncle Ivan Ivanytch, puis gérée par son père Akim Ivanytch qui avait commencé comme simple ouvrier. Anna est complètement écrasée par la charge. Au début de la nouvelle, elle vient de gagner mille cinq cents roubles lors d'un procès mais ne sait pas comment les dépenser. Elle a alors l'idée de tirer au sort une lettre de doléance parmi toutes celles qu'on lui a envoyées. Pendant qu'elle se dirige dans sa belle robe vers la maison délabrée où habite Tchalikhov, elle se remémore sa jeunesse pauvre mais insouciante. Il s'avère que Tchalikhov dépense l'argent du ménage en beuverie. Anna s'empresse de lui donner soixante roubles et repart. Elle croise alors le sourire doux du visage couvert de suie du jeune Pimenov aux larges épaules. C'est un ouvrier amateur d'horlogerie qui loue une chambre chez Tchalikhov. Et si elle se mariait ? Elle pourrait reprendre sa vie insouciante. Mais avec qui ? le lendemain après la distribution charitable, Anna reçoit les cadres de l'usine et les notables. Son avocat, grand amateur De Maupassant essaye de la dissuader de se marier, qu'elle garde sa liberté et en profite pour se cultiver et s'amuser...

Tchekhov qui ne juge personne nous montre la psychologie d'une jeune femme ignorante et généreuse dans une société russe en pleine mutation. Anna n'a pas été préparée à diriger une usine, véritable enfer à ses yeux. Elle a peur des hauts plafonds à charpente de fer, des roues à courroie gigantesque tournant à toute allure dans un vacarme épouvantable. En même temps elle connaît la pauvreté des ouvriers et culpabilise de gagner autant d'argent. Alors elle joue à la dame charitable mais elle va de déception en déception. La seule solution qui lui apparaît c'est le mariage et elle se met à rêver d'amour. Mais les hommes autour d'elle ne sont guère intéressants à l'exception de Pimenov l'ouvrier aux épaules rassurantes dont les traits évoluent au gré du regard changeant d'Anna. Doit-elle écouter son désir ? Elle a peur du jugement des notables, de celui des domestiques, alors elle hésite et hésite encore...



2. De l'amour (1898) a été initialement publiée dans la revue La Pensée russe et c'est la dernière nouvelle de la trilogie qui comprend aussi L'Homme à l'étui et Les Groseilliers.

Aliokhine devise au sujet de l'amour et de ses mystères avec ses amis en dégustant d'excellents pirojki, des écrevisses et des croquettes de mouton. Il leur raconte comment il est revenu dans le domaine familial pour redresser l'exploitation en quasi faillite. Il s'est mis à travailler très dur la terre comme un paysan. Il ne sortait en ville que pour siéger au tribunal comme juge de paix. Il a sympathisé avec le vice-président du tribunal, Dmitri Louganovitch et s'est senti immédiatement attiré par son épouse , la jeune et belle Anna…

Encore une Anna ? Oui et ce n'est pas la même. C'est une très belle histoire d'amour pudique et émouvante toutes en variations subtiles qui rappelle un peu La Dame au petit chien..

j'ai lu qu'en mars 1899, la fille de Tolstoï, Tatiana, écrivit à Tchekhov : «Votre nouvelle ''De l'amour'' est ravissante ! Père l'a lue quatre soirs de suite, et a dit que cette oeuvre l'avait rendu plus prude ». Hum... Hum...
Commenter  J’apprécie          389
La steppe

Un merveilleux récit d’un Tchekhov jeune et débutant en littérature, lui dont j’admire tant les nouvelles et plus encore que ses œuvre théâtrales.



Un enfant de 9 ans, Ieogorouchka, est envoyé par sa mère, veuve d’un « secrétaire de collège », dans une grande ville éloignée pour y faire des études. Il est accompagné par son oncle, frère de sa mère, Ivan Ivanytch Kouzmitchov, négociant et par un religieux orthodoxe, le père Khristofor Sirisky. Tous deux font le voyage pour rencontrer un Cosaque, un certain Varlamov, auquel ils veulent vendre de la laine

Au cours du voyage, l’oncle Kouzmitchov qui a appris où se trouve Varlamov et doit faire un détour, confie son neveu à un petit convoi de négociants en route aussi pour la grande ville, dont les chariots sont chargés de grands sacs de laine.

A la fin du voyage, l’oncle et le neveu se retrouvent dans la grande ville. L’oncle l’amène chez une amie de sa mère où il va être hébergé durant sa scolarité.



On le voit, une histoire toute simple découpées en 8 chapitres



Mais ce voyage est fait de toutes sortes de rencontres, tantôt agréables,tantôt pas. Et l’occasion pour l’enfant de voir une extraordinaire variété de personnages dont Tchekhov fait le portrait avec la très grande finesse psychologique qui le caractérise.

L’oncle Kouzmitchov un homme toujours inquiet, un peu rude, mais qui est attentif à son neveu, le père Khristofor, toujours souriant, toujours content de son sort, la belle comtesse Dranitsky qui embrasse affectueusement Iegorouchka, Panteleï, le vieil homme un peu radoteur mais plein de bonté, Dymov le jeune insolent qui harcèle Iegorouchka, Varlamov, le cosaque orgueil et cruel, et tant d’autres.

Et le lecteur se sent plongé dans cette vie frustre, si marquée par la religion, et la magie de la Russie rurale du 19ème siècle.



Et surtout, il y a la steppe avec ses merveilleux paysages, de jour comme de nuit, sous le soleil, la pluie, l’orage, la tempête. La steppe avec ses humeurs, décrite comme un des personnages à part entière de ce récit inoubliable. Et l’être humain face à la puissance de la nature.



J’ai mis sur le site quelques citations pour essayer de vous faire ressentir la beauté de ce récit



Et enfin, cette longue nouvelle a aussi le charme d’une sorte de parcours initiatique d’un jeune garçon dont l’avenir en forme de point d’interrogation clôt le texte, comme c’est souvent le cas des nouvelles et du théâtre de Tchekhov.

Commenter  J’apprécie          386
Le professeur de lettres

Le Professeur de lettres est une courte nouvelle en deux chapitres. le premier faisait déjà partie d'un récit intitulé Des gens ordinaires paru en 1889 dans la revue Temps Nouveaux, que Tchekhov avait été contraint de remanier devant les protestations de son entourage. Il avait en effet prévu de zigouiller tous les personnages. Cette première variante a disparu (c'est bien dommage). Toujours est-il qu' en 1894, il reprend la deuxième partie qui paraît en feuilleton dans Les Nouvelles russes.



Nikitine, le professeur de lettres a vingt-six ans, il aimerait en avoir dix de plus pour qu'on le prenne davantage au sérieux. Il fréquente assidûment Les Chelestov, des petits bourgeois de province. le vieux Chelestov a deux belles filles. Nikitine tombe amoureux de la plus jeune Macha, surnommée Marie Godefroy comme la petite écuyère de cirque célèbre qu'elle a admirée. Nikitine est mal à l'aise à cheval mais il aime le petit corps svelte de la cavalière, il la regarde tout attendri papillonner autour de lui, jouer à la laitière et lui tirer la langue, il fait le serment de se déclarer le jour même. Cela sent l'acacia et le lilas, les jeunes pousses de blé et de seigle verdoient, les spermophiles sifflent, les freux croassent.... Nikitine nage dans le bonheur. Bon La grande soeur l'agace, elle fait sa raisonneuse, elle a critiqué le sujet d'examen qu'il a donné sur Pouchkine. Il y a aussi les chiens qui le détestent et bavent sur son pantalon. C'est dommage aussi qu'il ne puisse partager son bonheur avec son collègue, le terne et impayable Hippolyte Hippolytytch ( celui-ci est le roi des lapalissades).



Voilà ça c'était le résumé de la première partie, l'idylle paysanne. Dans la deuxième partie, changement de ton. Nikitine qui sommeille dans son bonheur bourgeois béat se réveille. Il écrit son journal et commence à émettre quelques doutes sur le cirque autour de lui, sur son métier qu'il exerce sans enthousiasme et puis sur son mariage. L'humour toujours présent devient acide, cruel. La nouvelle prend de la profondeur avec la désillusion.

Une nouvelle à lire et à relire.

Commenter  J’apprécie          3813
La Dame au petit chien

La nouvelle est parue en 1899 dans une revue moscovite:" la pensée russe".

A Yalta, station balnéaire, Gourov s'ennuie. C'est un banquier moscovite, à peine quarante ans marié à une femme rigide, austère qui lui fait peur et qu'il méprise. Il méprise d'ailleurs toutes les femmes, "cette race inférieure", mais ne peut se passer d'elles. Il observe la Dame au Petit chien. Une jeune femme mariée et désoeuvrée qui appartient à la bonne société. Il a tôt fait de la séduire. Ils passent une première nuit ensemble. Elle a honte. Elle regrette. Pourtant elle n'aime pas son mari, "ce valet" qu'on l'a forcé à épouser à vingt ans. Peu après, le mari tombe malade. Elle part le rejoindre à S. Gourov ne parvient pas à oublier Anna...



La nouvelle raconte une histoire banale d'adultère mais son traitement est magnifique. le ton oscille entre la légèreté et le tragique. Les descriptions sont baignées de couleurs : or et lilas à Yalta, brume matinale nimbée de nuanges blancs sous l'étendue azur à Oréanda. Assis à côté de la jeune femme, qui paraît si belle, dans ce décor féérique, Gourov pense que bientôt ils auront disparu. Plus tard à S, il fera les cent pas le long de la palissade grise de la maison d'Anna en ruminant sur sa vie ennuyeuse. Gourov avec tous ses défauts , son machisme, son cynisme est terriblement touchant. Il ne se fait guère d'illusions, il sait qu'Anna voit en lui, l'homme fort qu'il n'est pas. Elle est un peu bêtasse, en tout cas très naïve. Mais elle est franche, sincère. Nous partageons sa colère et sa tristesse. Quelle stupidité ces mariages arrangés, qui poussent les gens à l'ennui, au mensonge alors que la vie est si courte ! Alors la passion, oui jusqu'au bout...
Commenter  J’apprécie          3810
Récit d'un inconnu et autres nouvelles

D'abord traduit sous le titre "Valet de chambre", puis "Récit d'un terroriste", "Récit d'un inconnu" est un court roman (ou longue nouvelle) à travers lequel Anton Tchekhov met en scène Orlov, fonctionnaire poltron et veule, Stépane, son domestique, et Mme Krasnovskaïa, maîtresse d'Orlov.



Le roman débute par les descriptions de l'intérieur bourgeois d'Orlov qui vit en garçon. Noceur et retors à l'engagement affectif, il a pour maîtresse une femme mariée qui est follement éprise de lui. A telle enseigne qu'elle quitte bientôt son mari pour vivre chez Orlov en "union libre". Orlov, trop homme du monde pour jeter à la rue la jeune femme, mais n'ayant aucune envie de vivre en ménage avec elle ou n'importe quelle autre femme, se voit contraint de changer ses habitudes - ou plutôt de ne pas les changer et pour cela, d'apprendre à ruser.



Dans la maison évoluent les domestiques, Pauline la servante et Stépane, le valet, personnage principal du roman. Socialiste engagé, il n'a intégré le service d'Orlov que dans l'espoir de pouvoir atteindre et tuer son père, grand homme d'Etat. Mais les charmes de Mme Krasnovskaïa et la compassion que lui inspire sa situation fausse vis-à-vis d'Orlov lui font revoir ses plans...



J'ai beaucoup apprécié ce roman de Tchekhov qui bien que n'excédant pas 200 pages est d'une intensité savoureuse. Le récit est dense et permet à l'auteur de développer différentes personnalités à travers des personnages attachants ou repoussants. La dimension dramatique est amenée subtilement, avec talent.





Challenge XIXème siècle 2020

Challenge SOLIDAIRE 2020

Challenge RIQUIQUI 2020

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
Commenter  J’apprécie          373
Sorcière - Jour de fête

"La sorcière" est, d'après son mari, Raïsa Nocolaïevna. Il est toujours de mauvaise humeur, et l'accuse d'attirer le mauvais temps. Puis, quand le postillon, perdu dans la neige le soir, vient se réfugier chez eux, il accuse sa femme de le "charmer", et devient vraiment haineux.

C'est un roman d'atmosphère ( une nouvelle, plutôt ), très bien écrite, un huis-clos qui provoque de la tension chez le lecteur.

.

La deuxième nouvelle est " Jour de fête".

Olga Mikhaïlovna est agacée : enceinte de 7 mois, elle doit cacher sa grossesse, et en plus elle doit recevoir des invités pour la journée : croquet, canotage, promenade.

Olga est riche et instruite, tandis que son mari, président du tribunal, est un parvenu condescendant.Elle le surprend avec une jeune invitée.

Le soir, elle fait une scène à son mari, se jette sur le lit et pique une crise. Elle se tord de douleur et comprend qu'elle est en train d'accoucher.

.

C'est dommage, cela finit en queue de poisson : )

En fait, j'aime moyennement les "nouvelles", car j'ai souvent l'impression d'un roman inachevé, et j'ai peu de ressenti, sinon que pour la première, ici, l'atmosphère lourde est bien rendue, et pour la deuxième, le scénario est sympathique, mais on aimerait un livre plus important : )
Commenter  J’apprécie          370
La Mouette

Tchekhov nous entraîne dans l'univers des artistes, ces hommes qui deviennent presque des dieux lorsqu'ils exercent leur art, ils charment, ils fascinent, ils embarquent leurs fans dans des rêves dans lesquels ils s'imprègnent d'eux, de là, ils sortent émerveillés, et parfois perdus qu'on ne sauraient croire que les artistes ne sont que des hommes, capables de toutes les folies, assurément de manière outrée. Dans la plupart des pièces de Tchekov, le mouvement entre les personnages est quasi inexistant, par contre la force de sa dramaturgie se trouve dans chaque personnage qui constitue en lui-même le mouvement, représentant bien souvent chaque revers de la société. Parfois on croit qu'il ne se passe rien alors qu'il s'est passé beaucoup de choses, et qu'on retrouve des phrases du genre: "Je porte le deuil de ma vie" dans l'une des tirades de Macha, une jeune fille de 22 ans. Cette phrase dénote à elle seule le déséquilibre d'une vie familiale et les chagrins d'une vie amoureuse...

Tchekov nous parle de lui, de ses nuits hantées par des inspirations envahissantes, des remords de son défi personnel à chaque nouvelle création, de cette prison dans laquelle il a peur de mourir chaque jour...une belle pièce! J'ai savouré chacune de ses phrases!

Commenter  J’apprécie          370
Nouvelles

Je n'est lu qu une trentaine de nouvelles et j'aperçois déjà le talent de Tcheckov, un écrivain qui a l'art de manier la nouvelle et ça c'est déjà un exploit en soi, je ne sais pas si il était chirurgien, il était médecin, mais il manie la plume comme le chirurgien le scalpel, ses histoires sont universelles à tel point que l'on a le sentiment de les avoir déjà lu, mais sa touche est exceptionnelle, on y trouve de l'humour, de la psychologie, et il dénonce des moeurs archaïques. Un vrai délice. J'ai hâte de lire d'autre livres de lui. Son style est proche de Maupassant. J'aime beaucoup sa citation " la médecine est ma femme et la littérature ma maîtresse". Ne passez pas à côté d'un aussi grand écrivain.
Commenter  J’apprécie          372
L'Ours

Cette pièce en un acte de 1888 n'a absolument pas vieilli et n'a rien perdu de sa verve. Cette farce met en scène une veuve au caractère bien trempé, Madame Popova, ennuyée par Smirna, un propriétaire venu lui réclamer l'argent que lui devait l'époux décédé. Les deux personnages sont aussi explosifs l'un que l'autre, ce qui provoque un comique de situation. Aucun des deux ne veut céder. Smirna ne partira pas tant qu'il n'aura pas réussi à avoir son argent. Quant à Élena Popova, elle est prête, telle Calamity Jane, à sortir les armes et à se battre en duel ! Ici encore, on rit face à la situation incongrue. La fin va révéler une surprise de taille...



En peu de pages et peu de personnages sur scène (trois en ajoutant le domestique, Louka), Tchekhov a réussi la prouesse de condenser tous les éléments humoristiques faisant de cette petite pièce une farce à la fois amusante et fine où la grossièreté n'a pas lieu d'être.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          370
La steppe

Ce qu'on attend d'un texte d'Anton TCHEKHOV (1860-1904) ? Oh, tellement, tellement de (belles) choses... Et pas seulement son fameux "nitchevo" – cette version russe du "Faire quelque chose de rien" (selon l'idéal esthétique du tragédien Jean Racine ou les "travaux pratiques" de Guy de Maupassant) comme nous l'indique le traducteur et préfacier Vladimir Volkoff...



Prenons donc exemple de cette longue et célèbre nouvelle (sur les 649 "courts récits et nouvelles" que l'on connait), publiée pour la première fois dans la revue "Severnyj vestnik" ("Le Messager du Nord") en 1888 : "La Steppe. Histoire d'un voyage" / "Степь. Исто́рия одно́й пое́здки", dont l'auteur – comme nous le rappelle Aela dans sa critique de l'année 2012 – , annonçait à l'âge de 28 ans "qu'il était son chef d'oeuvre"...



Ne partageant pas forcément l'enthousiasme d'un "encore jeune" auteur ou plutôt "artisan en formation" (dans un processus de mutation essentialiste, allant donc jusqu'à la réduction au strict essentiel de son art), voici un texte dense à soubassements autobiographiques , très habilement segmenté en huit chapitres, dans le joli déroulé de son Continuum spatio-temporel imprévisible et "aventuresque" – un néologisme évoquant à jamais pour nous le côté picaresque de l'inclassable roman-à-tiroirs ou "roman-feuilleton" de génie intitulé "Manuscrit trouvé à Saragosse" ["Rękopis znaleziony w Saragossie", 1805] du Comte grand voyageur-littérateur Jean POTOCKI...



La notice d'un recueil (dont je puis vous conseiller également l'achat) comprenant une sélection de 111 nouvelles du Maître de Taganrog (sur le rivage nord de la Mer d'Azov, face à la péninsule de Crimée) indique succinctement : "Le récit s'inspire d'un souvenir d'enfance de l'auteur, ravivé par un voyage effectué en 1887". le préfacier Yves Avril dans sa Présentation de la publication en collection "Libretti" ("Le Livre de Poche"-LGF, 1995) est plus prolixe : "L'art de décrire la steppe semble être venue à Tchekhov au cours de l'année 1887. Cette année-là, en effet, il avait décidé de revoir sa ville natale. Parti de Moscou, il était arrivé à Taganrog. Dans le long voyage qui l'y avait conduit, il avait avec émerveillement retrouvé des paysages de son enfance. " Cette édition nous gratifie d'une carte intitulée "Le voyage de Tchekhov à Taganrog (1887)" et, avec son échelle, nous montre le trajet en chemin de fer d'un parcours Taganrog-Moscou de plus de 1.000 kilomètres. Trois extraits de lettre à sa famille et à une amie, datés des 7, 20 et 25 avril... C'est le printemps : la nature exulte. Tout l'enchante : les petits kourganes, le miroitement des rivières, les milans, les alouettes, la lune, les chaumières, les odeurs de ruisseau frais et de sève, "le temps scandaleusement beau"...



Les souvenirs d'enfance bâtissent entièrement cet univers : on est donc proche des purs "noyaux" d'enfance des morceaux du poète prosateur Bruno SCHULZ (1892-1942) tels "Les Boutiques de cannelle", "Le Printemps", "La Rue des Crocodiles", "Août", "La nuit de la Grande Saison", "La dernière fuite de mon père", "Le Sanatorium au Croquemort", la verve de la fantasmagorie schulzienne en moins...



Puisque Tchekhov est un "pur" naturaliste, un homme de la trempe de Guy de MAUPASSANT (Cf. son roman "Bel-Ami", 1885) et de Georges SIMENON (On pourra, pour mémoire, se réabreuver aux sources du dépouillement d'un roman tel son très cruel "Il pleut bergère..." de 1941). Non pas journaliste mais "docteur", Anton Tchekhov a la science ou plutôt l'expérience des corps et des âmes. Les rêveries hallucinées ne sont point de son domaine. Sauf que les "lointains bleus" et les montagnes violettes s'effaçant à l'horizon "l'intéressent" tout de même... Par leur inévitable pouvoir de fascination.



Iégor Momonosov dit "Iégorouchka" sera notre héros : un gamin non pas "Candide" mais simple candidat involontaire au (grand) Voyage... Celui de l'âme et de son jeune corps bientôt exténué par les épreuves et le manque de sommeil (l dort habituellement au sommet de sacs de laine entassés sur un charriot). le chapitre I nous rappelle à la fois les ambiances mélancoliques du (fameux et très riche) "BildungsRoman" de Johann Wolfgang von GOETHE, "Les années d'apprentissage de Wilhelm Meister" ["Wilhelm Meisters Lehrjahre", 1795-1796], mais aussi le tout premier chapitre de mise en mouvement (très "On the Road" et précurseur...) du court roman initiatique "Scènes de la vie d'un propre à rien" ["Aus dem Leben eines Taugenichts", 1826] de Joseph von EICHENDORFF, les premiers accords mélancoliques des bandes-son (dues à Can et à Jürgen Knieper...) des trois envoûtants "road movies" de Wim WENDERS (né en 1945) : "Alice dans les Villes" ["Alice in den Städten", 1974], "Faux Mouvement" ["Falsche Bewegung", 1975] ou "Au fil du temps" ["Im Lauf der Zeit", 1976]...



Juste la mélancolie. Une mélancolie douce, peu à peu profitable à notre âme... Avec sa sainte amnésie des péripéties et mésaventures précédentes : puisque tout s'efface – comme par magie – dans le mouvement, les cahots de la charrette ou du train qui nous emporte Dieu sait où....



Les descriptions de la Nature dans "La Steppe" sont évidemment moins éloquentes et vibrantes que sous la plume inspirée du conteur Yachar KEMAL (1923-2015 – Cf. "Le Pilier", "Terre de fer, Ciel de cuivre", "L'herbe qui ne meurt pas", "Tu écraseras le serpent", "La légende des Mille Taureaux", "La légende du Mont Ararat", "Meurtre au marché des forgerons", "Tourterelle, ma tourterelle", Salman le Solitaire", "La voix du sang", "La Grotte", ... ) : d'ailleurs, la "Tchoukourova" - ou "Plaine Creuse" de Cilicie chère au prosateur-aède turc, coincée entre "Akdeniz" ("Mer Blanche", autrement dit "Méditerranée"), montagnes du Taurus et Kara Deniz" ("Mer Noire" surmontée de sa Mer d'Azov) - n'est pas si loin ni si différente de la steppe de l'enfance tchékhovienne...



Remarquons une nouvelle fois combien les cent diagnostics incisifs de notre "nature humaine" sont chez notre magicien-conteur russe – comme à l'accoutumée ("Au Royaume des femmes", "La Dame au petit chien", "Une banale histoire"... ) – absolument fiables et tous pertinents.



Ouvrons donc bien plutôt (par son entrée à larges battants) la "Galerie des Personnages"...



Le négociant Ivan Ivanytch Kouzmitchov : pâle "Tonton" cachant sa sensibilité sous sa rudesse desséchée et un sérieux de croquemort (en fait, un rôle de composition)...



Déniska le jeune cocher, immédiatement complice du gamin.



Le vieux père Khristofor, héritier des moines nestoriens de l'église orthodoxe, personnage à la fois profondément bienveillant, épicurien et totalement "parasite" - s'assumant d'ailleurs pleinement dans toutes ses sympathiques contradictions.



Mosseï Moïsséïtch l'aubergiste bien trop servile, matérialiste et démonstratif, sa femme (très soumise, qu'il convoque comme le chien : "Rosa ! Rosa ! le samovar !") Rosa l'épouse, donc, et enfin le frère cadet de l'aubergiste : "Solomone-le-méprisant", assez proche d'un personnage atypique d'un "shtetl" du romancier-nouvelliste Isaac Bashevis SINGER (1902-1991 – Cf. "Le Blasphémateur et autres nouvelles", pour toutes affinités électives). L'auteur fait ici des deux frères "antagonistes" une (pas si aimable) caricature de Juifs ashkénazes, même si les deux personnages s'avèrent sympathiques et pas à prendre au sérieux : on pressent cependant comment Solomone pourra devenir un très virulent Léon Trotski...



Le marchand Varlamov, silhouette galopante entraperçue lors du périple... On en parle beaucoup plus qu'on ne le voit. Il n'est pas sans nous rappeler le fameux Klamm énigmatique du roman "Le Château" ["Das Schloss", 1922/1926] de Franz KAFKA, à la fois médiocre et insaisissable...



Le vieux charretier Pantéléï, alter ego du père Khristofor (se substituant à lui dans son rôle protecteur lorsque ce dernier s'éclipse) : c'est un terrible fabulateur (avec ses trois versions à dénominateur commun imperturbable d'histoires de Brigands-Aubergistes à Longs Couteaux : "L'Auberge Rouge" [1951] de Claude AUTANT-LARA n'est décidément jamais si loin... ). Il deviendra le plus immédiatement sympathique de ces charretiers pas tous très recommandables, bref de ces "gens du peuple" qui seront propulsés sur le devant de la Scène par les événements de 1905-1917...



Enfin, les figures plus "secondaires" des cinq autres charretiers : un jeune Petit-Russien de dix-huit ans (Stiopka), un chantre contrarié et très susceptible (Iéméliane), un naturaliste hypersensible et très colérique (Vassia), une "petite frappe" sans remords (Dymov) et son comparse, un gros abruti qui n'a pas inventé la poudre (Kiroukha) - sur le modèle du "couple" Grand-Coquin et Gédéon du "Pinocchio" [1940] de Walt DISNEY....



Le chapitre VIII conclusif (et ouvert) sera celui des retrouvailles entre le gamin et les deux adultes du début (le tonton et le père orthodoxe) dans une chambre d'auberge : le gamin sera laissé à la garde d'une plantureuse femme du peuple secondée par sa fille... Quelque chose de très émouvant se dégage alors : odeurs, lumières, présences, sentiments mis à nus... Au bout de tant d'épreuves, de peurs et d'éblouissements, le fameux "Catharsis" que l'on ressent d'ailleurs à la fin du somptueux film – très musical – de Wojciech Jerzy HAS "Une histoire banale" ["Nieciekawa historia", 1982] adapté de la nouvelle de Tchekhov, traduite en français alternativement sous les titres "Une histoire ennuyeuse", "Une histoire sans intérêt" ou "Une banale histoire"...



Belle – et jamais banale – nostalgie d'un monde à tout jamais disparu.



Commenter  J’apprécie          362
L'homme des bois

Une fois de plus et comme pour La Cerisaie, impossible de me souvenir si j'ai lu Oncle Vania à mon adolescence. Je pensais que oui, après ma récente lecture je pencherais plutôt pour un non, mais il est aussi possible que la forte impression que m'avait fait La Mouette, ma toute première pièce de Tchekhov (que je n'aime plus trop trop à présent), ait effacé de ma mémoire une autre pièce que j'aurais alors moins aimé. Allez savoir ! Là, je me dis qu'en tout cas, si j'ai bien lu Vania après La Mouette, je n'avais sans doute pas l'âge pour l'apprécier - et inversement pour La Mouette. Mais passons !





Un petit retour sur l'aventure qu'a été la composition de cette pièce, qui a connu bien des tours et des détours. Tchekhov avait écrit une pièce qu'on intitule en français le Sylvain (ou L'Homme des bois, ou encore je ne sais plus quoi). Je crois que c'était en 1886 (admirez la précision de mes informations). Bon, en fait, après vérification, c'était plutôt en 1889. Sur ce, il la détruit en septembre 1889. Il réécrit la pièce et il est prévu de la faire jouer en octobre à Saint-Pétersbourg (en voilà un homme qui travaillait vite !), mais elle est finalement refusée avec une lettre d'accompagnement où on conseille tout simplement à Tchekhov d'écrire des nouvelles et de laisser tomber le théâtre (le type qui a écrit la lettre, Lenski, était un visionnaire, convenez-en). Sur ce, Tchekhov prend très au sérieux ce conseil et affirme qu'il n'écrira plus de pièce de théâtre. Et sur ce, il va tout de même un peu plus tard (mais quand, c'est la question qui semble faire débat) réécrire le Sylvain en la transformant pas mal, ainsi que composer deux ou trois petites choses pour le théâtre... Donc, Oncle Vania est l'aboutissement d'un long travail sur le Sylvain, et cependant une pièce autre. Certains exégètes pensent qu'Oncle Vania s'est vue achever en 1890 (c'est-à-dire avant les trois autres "grandes pièces" de Tchekhov), d'autres qu'il s'agit d'une pièce de 1897 (donc composée après La Mouette). Ce n'est sûrement pas moi qui vais trancher.





On retrouve dans Oncle Vania le décor typique de la tétralogie de Tchekhov : le domaine familial, qui réunit à la fois parentèle et amis, dans une Russie fin de siècle, où les personnages s'étiolent. Ici, Vania, un homme d'une bonne quarantaine d'années, gère avec l'aide de sa nièce Sonia les terres qui appartenaient à sa soeur décédée. Vit avec eux un ami, propriétaire terrien ruiné, et vient les voir régulièrement un autre de leurs amis, le médecin Astrov. Les tout derniers arrivés sont le beau-frère de Vania et père de Sonia, le professeur Serebriakov, âgé d'une soixantaine d'années et se plaignant sans cesse de différents problèmes de santé, et la seconde épouse de celui-ci, la belle Elena, qui a au minimum trente ans de moins que lui et fait tourner les têtes masculines. Comme très très souvent chez Tchekhov, les uns et les autres traînent un mal de vivre incurable, et les uns sont amoureux des autres qui sont amoureux d'autres encore (quand il s'agit bien d'amour, ce qui n'est pas toujours le cas), les enfermant tous dans un cercle vicieux.





Je vous pose la question : pourquoi cette pièce, qui ressemble tout de même pas mal à La Cerisaie, mais aussi à La Mouette et aux Trois Soeurs, a-t-elle fonctionné sur moi comme pas une autre de Tchekhov (excepté une ou deux pièces courtes) depuis que j'ai vieilli ? le fait est que j'ai aimé cette pièce, alors que je me plains tout le temps que je n'aime pas tellement Tchekhov. J'y ai trouvé sans doute plus de naturel que dans les autres. Les dialogues m'ont semblé davantage couler de source, et les personnages, également, m'ont semblé plus accessibles. Ca mériterait que je relise Les Trois Soeurs, pour le coup.





Toujours est-il que Tchekhov scrute ici avec finesse et sans en faire trop la vacuité de la vie de ses personnages, qui traînent leur mélancolie, leurs regrets, mais aussi leurs espoirs (même s'ils sont souvent déçus) sans jamais trouver de solution à leur mal-être, ou du moins s'y prenant mal pour s'en sortir (essayer de tuer son beau-frère n'étant pas une solution pour aller mieux, par exemple). Et le sujet des forêts qu'essaie de planter Astrov est assez déconcertant quand on lit la pièce aujourd'hui, car Tchekhov semble avoir déjà compris à la fin du XIXème siècle (même s'il ne fut pas le seul) quel chemin prenaient les êtres humains dans leur rapport à la nature. Cela dit, on notera qu'il s'agit là d'une nature façonnée par l'homme, comme d'habitude chez l'auteur, et que la nature à l'état sauvage reste absente - ce serait peut-être intéressant de mettre Oncle Vania en parallèle avec le Canard sauvage d'Ibsen, d'ailleurs. Il n'en reste pas moins que le propos est saisissant.





Néanmoins... Bon oui, je ne pouvais pas continuer sur ce ton jusqu'au bout ! Donc : néanmoins, me pèse encore la difficulté à appréhender l'ironie de Tchekhov à travers la seule lecture de la pièce. Car Tchekhov voyait cette pièce, comme toute les pièces de sa tétralogie, comme une comédie, ce que nous occultons assez facilement. On voit bien que certains passages sont d'une portée un tantinet comique, mais pour l'ensemble de la pièce, ça me paraît beaucoup moins évident. Je me pose toujours la question : pourquoi ? Est-ce un problème de traduction(s), l'ironie étant très difficile à rendre dans une autre langue que le russe ? Est-ce parce que Tchekhov comptait sur la mise en scène pour mettre en avant cette ironie ? Pour ce qui est de mon expérience, je n'ai jamais vu une mise en scène qui rendait bien le comique de Tchekhov : soit c'était joué limite (ou carrément) à la façon d'une tragédie, soit l'aspect comique était tellement appuyé que ça en devenait pénible.





Je terminerai sur cette citation de l'auteur, qui prouve à quel point il ne voyait pas son théâtre comme horriblement dramatique : "Dans la vie, les hommes ne se tuent pas, ne se pendent pas*, ne se font pas des déclarations d'amour à tout bout de champ. Ils ne disent pas à tout instant des choses pathétiques. Ils mangent, se traînent, et disent des bêtises. Et voilà, c'est cela qu'il faut montrer sur scène. Il faudrait écrire une pièce où les gens arriveraient, partiraient, mangeraient, parleraient de la pluie et du temps, joueraient aux cartes, et tout cela non pas parce que l'auteur en a besoin, mais parce que tout ça se passe ainsi dans la réalité."







* si, quand même, parfois ça arrive...


Lien : https://musardises-en-depit-..
Commenter  J’apprécie          364
La Cerisaie

La Cerisaie d'Anton Tchekhov est une pièce de théâtre en quatre actes, écrite en 1903 et représentée pour la première fois en 1904. Elle est considérée comme l'une des œuvres majeures du dramaturge russe, et l'une des pièces les plus importantes de la littérature mondiale.



La pièce raconte l'histoire de la famille Ranevskaïa, qui se retrouve ruinée et doit vendre sa propriété, la Cerisaie. Cette vente marque la fin d'un monde, celui de la noblesse terrienne russe, qui est en train de disparaître face à la montée de la bourgeoisie.



La pièce met en scène un large ensemble de personnages, chacun avec ses propres caractéristiques et ses propres motivations. Les personnages principaux sont :

- Lioubov Ranevskaïa : une femme aristocrate qui a vécu une vie de frivolités. Elle revient en Russie après plusieurs années d'exil, et tente de sauver la Cerisaie de la vente.

- Gaev : le frère de Lioubov. C'est un homme rêveur et insouciant, qui vit dans le passé.

- Lopakhine : un riche marchand. Il est le fils d'un serf, et représente la nouvelle classe sociale qui est en train de supplanter la noblesse.





La Cerisaie est une pièce qui explore plusieurs thèmes importants, notamment :

- La fin d'un monde : la vente de la Cerisaie symbolise la fin d'un monde, celui de la noblesse terrienne russe. Cette fin est inexorable, et les personnages de la pièce sont impuissants à l'empêcher.

- Le passage du temps : la pièce est traversée par le thème du passage du temps. Les personnages sont conscients que le monde est en train de changer, et que leur mode de vie est en train de disparaître.

- L'échec : la pièce est également une réflexion sur l'échec. Les personnages de la pièce sont tous des échecs, à leur manière. Lioubov Ranevskaïa est une femme qui a gaspillé sa vie en frivolités. Gaev et Lopakhine sont des hommes qui n'ont pas su s'adapter au monde moderne.





La Cerisaie a été un succès dès sa première représentation. Elle a été jouée dans le monde entier, et a été adaptée au cinéma et à la télévision à plusieurs reprises. La pièce est considérée comme un chef-d'œuvre de la littérature mondiale, et continue d'être jouée et étudiée aujourd'hui.



La Cerisaie est une pièce magnifique et émouvante. Elle est un chef-d'œuvre du théâtre classique, et mérite d'être lue ou vue par tous les amateurs de théâtre.

La pièce est remarquable par sa profondeur et sa complexité. Elle explore des thèmes universels, comme la fin d'un monde, le passage du temps et l'échec. Les personnages sont tous des personnages complexes et attachants, et la pièce est traversée par une émotion palpable.

Le style de Tchekhov est également remarquable. Il utilise un langage simple et direct, mais il parvient à créer des images poétiques et évocatrices. La pièce est un mélange de réalisme et de symbolisme, qui lui donne une profondeur et une richesse uniques.



En conclusion, La Cerisaie est une pièce incontournable de la littérature mondiale. Elle est une œuvre puissante et émouvante, qui continue de toucher les lecteurs et les spectateurs de tous âges.

Commenter  J’apprécie          352
Une Calomnie

Encore une petite nouvelle très drôle du grand Tchekhov datant de 1883. Vous pouvez la lire sur le blog de M. Tessier sous le titre "Une médisance" mais il s'agit bien pourtant d'une calomnie ! Beaucoup d'humour, des descriptions satiriques formidables et un art du dialogue consommé. La nouvelle se termine par une chute en forme d'adresse au lecteur très réussie.

Le professeur de calligraphie Sergueï Kapitonytch Akhineïev marie sa fille au professeur d'histoire géographie. Il a invité à grand frais l'ensemble des professeurs et des notables. Et tout ce beau monde s'amuse bien à des jeux croquignolesques. Mais, sur le coup de minuit, Akhineïev va en cuisine vérifier que tout est prêt pour le festin. Marfa la cuisinière, "une bonne femme rubiconde à qui son tablier fait deux ventres" lui montre l'énorme esturgeon en gelée émaillé de câpres, d'olives et de carottes. Akhineïev est émerveillé, il se penche, clappe des lèvres une fois, claque des doigts et clappe des lèvres encore une fois. Et là Vanikine, le surveillant adjoint du collège qui a entendu un bruit de baiser, apparaît en demandant à la cuisinière qui l'embrasse...

Lu dans la traduction de M. Tessier 29/11/2017.
Commenter  J’apprécie          3511
Nouvelles : Une banale histoire - Le voyage..

J'aime beaucoup les nouvelles de Tchekhov. Ce sont de petits instantanés de la vie quotidienne des gens. de banales histoires en somme… Mais croquées sur le vif avec une telle dextérité qu'elles font jaillir l'essence de la vie humaine.



Toutes les nouvelles de ce recueil, qui en compte neuf, ne sont pas d'égale qualité. Je ne vais pas entrer dans le détail mais je dirais brièvement que la première nouvelle, et la plus longue, Une banale histoire : fragment du journal d'un vieil homme, malgré toute la finesse et la sensibilité de l'écriture, m'a passablement ennuyée par moment. Etonnement, mes préférences sont allées aux plus courtes d'entre elles comme par exemple : La dame au petit chien pour l'imprévisibilité du sentiment amoureux, Anna au cou pour l'inversion des rapports dans le couple, On ne cache pas une aiguille dans un sac pour son ambiguïté, Un désagrément pour les rapports au travail.



Sans être gaies, tant s'en faut, ces nouvelles sont malgré tout plus « douces » que d'autres que j'ai pu lire précédemment, notamment sur les moujiks. Les thèmes sont variés : amour, infidélité, solitude, vanité dans les relations professionnelles ou familiales de personnes plus ou moins instruites. Mais la plupart du temps, il y est question de vies insatisfaites pour une raison ou une autre.



Ce que j'apprécie particulièrement dans l'écriture de Tchekhov, c'est la simplicité, la lucidité et la justesse avec lesquelles il décrit les rapports humains, sans apporter aucun jugement moral. Il parvient à faire ressortir avec d'autant plus de force la complexité des comportements humains, leurs travers et leurs qualités. Si le contexte social a changé, ses nouvelles, en tout cas celles-ci, restent très modernes et universelles.

Commenter  J’apprécie          342
La jeune femme à la datcha

Imaginez la dame au petit chien plus jeune, tout juste mariée et vous aurez une idée de cette jeune femme à la datcha.

Lelia N....est une jolie blonde de vingt ans qui médite tristement le long de la palissade de sa datcha. Et il serait cruel de ne pas partager sa peine nous dit le narrateur. Un an auparavant, elle se souvient qu'au sortir de son institution de jeunes filles, mamzelle Moreau les mettait en garde contre tous les hommes du dehors : poètes, chanteurs, artistes, satiristes, patriotes, millionnaires... Et Lelia riait et s'imaginait qu'elle aurait l'embarras du choix. A présent elle est mariée à un bel homme, riche, jeune, éduqué, respecté certes mais...

Lu gratuitement sur le blog de Michel Tessier.

Commenter  J’apprécie          344
Les trois soeurs

Cette pièce sur le temps qui passe et efface les rêves quand il ne les détruit pas ; sur l'amour vécu ou raté ; sur le travail et l'ennui est d'un ennui... !



Mais ses dialogues absurdes et délirants, les conversations qui se voudraient philosophiques ont fini par me faire rire et derrière tous ces personnages, j'ai ressenti la dérision et l'oeil acéré que Tchekhov portait sur la bonne société russe !



C'est suffisamment court pour n'être pas trop une lecture douloureuse, bien que mon esprit ait eu tendance à s'égarer !



Challenge MULTI DEFIS 2021

Challenge RIQUIQUI 2021

Challenge XIXème SIECLE 2021
Commenter  J’apprécie          340
Il a trop exagéré

Cette petite nouvelle de Tchekhov date de 1885 et s'intitule également "il y est allé trop fort". C'est l'histoire d'un trouillard doublé d'un vantard...

L'arpenteur Gleb Smirnov doit se rendre chez un général pour borner sa propriété. Il y a plus de quarante verstes à parcourir dans une immensité glacée. A la gare, seul Klim un moujik peut le conduire. C'est un colosse avec un visage tout vérolé. Les voilà partis dans une carriole brinquebalante menée par une jument maigrichonne. Smirnov n'est pas rassuré du tout. Il imagine qu'ils peuvent être attaqués facilement par des brigands et puis klimt n'a pas l'air commode non plus. Smirnov prétend alors qu'il a trois pistolets dans sa valise...

A votre avis que va-t-il se passer ?

Existe en audio ( mise en voix R.Depasse)
Commenter  J’apprécie          3417
La maison à mezzanine

La nouvelle est parue dans "La pensée russe" en 1896. Elle n'est pas très connue mais pourtant formidable. Elle mêle avec bonheur un récit d'amour contrarié à un débat bien dans l'air de l'époque sur l'aide à apporter aux moujiks, victimes alors de calamités ( incendies, épidémies, mauvaises récoltes).



Le narrateur est un jeune peintre oisif qui s'ennuie. Il réside chez Bielolokourov, un jeune propriétaire terrien taciturne qui habite un pavillon séparé. Il passe son temps à faire des réussites sur le canapé et contemple des heures entières le ciel et les oiseaux. Un jour, il part en promenade et, revenant chez lui à la nuit tombante s'égare. Il pénètre dans une sombre et silencieuse propriété. Il remonte une longue allée bordée de tilleuls et au bout, tout au bout il passe devant une maison blanche avec une terrasse et une mezzanine. il découvre alors derrière la bâtisse une grande cour de maître, un vaste étang, un village... Il croit rêver complètement sous le charme. Et, près de la porte aux montants de pierre blanche, se tiennent deux jeunes filles...



Je trouve que le début que j'ai tenté maladroitement de résumer ressemble à un paysage impressionniste et le portrait des deux jeunes filles qui suit est très pictural aussi et rempli de symboles. L'aînée Lyda est léonine, flamboyante, autoritaire. Elle est institutrice au village, s'occupe fièrement de ses bonnes oeuvres et est engagée dans la politique locale. Elle voudrait que les deux hommes la rejoignent dans son combat. Mais le peintre n'en a cure et s'oppose à elle. Lui voudrait agir sur les racines de la pauvreté, répartir le travail équitablement. Il l'accuse de faire plus de mal que de bien , de créer de nouveaux besoins inutiles. Mais il n'agit pas lui-même et la fière Lida le renvoie ironiquement à sa condition de paysagiste. Et au milieu, il y a la jeune soeur, la frêle et douce Genia encore innocente. Elle admire beaucoup le jeune peintre qui semble l'aimer mais pourra-t-elle se défaire de l'emprise de sa soeur aînée ?



Lue sur le blog de Michel Tessier.

Commenter  J’apprécie          344
Angoisse



Cette nouvelle pourrait être résumé par cette citation de Cohen : «chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte».

Iôna un cocher, homme à la vie simple, perd son fils brutalement. « À qui confierai-je ma peine ? » gémit Iôna car personne ne prête une oreille attentive. « Seul encore une fois ! Et une fois encore le silence recommence… Sa peine, un instant adoucie, renaît et distend sa poitrine avec une force plus grande. Les yeux de Iôna courent anxieux sur les groupes de gens qui se pressent des deux côtés de la rue. Ne se trouvera-t-il pas dans ce millier de gens quelqu’un pour l’entendre ? Mais les gens passent sans remarquer ni lui ni sa peine… »

Tchekhov fait naitre l’émotion, il plante un décor où Iôna et son cheval sont immobiles, le corps couvert de neige « lourde et molle », autour d’eux la ville s’agite, ce contraste accentue la solitude et la tristesse du cocher. Iöna travaille peu et il est souvent houspillé et brutalisé. Tchekhov éveille notre compassion et interroge sur l’indifférence des hommes. Il entrouve la porte sur le lien de l’homme avec l’animal qui joue le rôle de confident pour soulager la peine et la désespérance de Iôna. Car c’est à lui que le cocher raconte sa peine.

Les thèmes de l’angoisse, de la peur et de la solitude sont des thèmes récurrents chez Tchekhov, et la vie semble bien morne, voire absurde. « Il y a tant de choses dont Iôna aurait à parler maintenant. »

Commenter  J’apprécie          340




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anton Tchekhov Voir plus

Quiz Voir plus

Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
Andreï

10 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : Anton TchekhovCréer un quiz sur cet auteur

{* *}