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Critiques de Benoît Duteurtre (286)
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Dénoncez-vous les uns les autres

Un nouveau commandement ou bien une devise helvète ?

Et ben non, si Jean nous incite dans la Bible à nous aimer les uns les autres, ce que la plupart d’entre nous ont traduit par aimez-vous les uns sur les autres (et vice versa), Benoît Duteurtre est lui un apôtre au rictus qui se moque de ceux qui ont le don de muer des causes justes en radicalités absurdes. C’est un voyant, d’Etampes ou d’ailleurs, qui voit, lit et écrit l’avenir, non pas dans une boule de cristal ou les lignes de la main, mais dans un marc d’ironie. Humour noir et bien serré.

Nous sommes demain, après-demain au plus tard avec des relents d’hier quand on songe à certaines affaires. Mao est dans l’ennui. Pas seulement à cause de son prénom, fruit d’une idolâtrie parentale, mais parce qu’une mystérieuse et anonyme @Barbarella l’accuse sur les réseaux de harcèlement sexuel sans préciser de dates, de lieux ou de faits précis. L’homme, qui a la conscience tranquille, n’en est pas moins présumé coupable dans cette société des lendemains qui déchantent. La « brigade rétroactive » chargée de fouiner dans les historiques de monsieur tout le monde en remontant jusqu’aux vies antérieures pour détecter toute formule déplacée et étayer l’accusation, va exhumer de vieux dossiers. Pas de prescription quand il s’agit de « progressisme ».

Mao n’a pourtant pas le profil du vieux lourdaud mysogine et réac. C’est un universaliste dans l’âme. Il a appelé son fils Barack et il tente de respecter à la lettre tout un tas de nouvelles lois assez radicales et ridicules : il est ainsi possible de manger encore un peu de viande à condition d’aller tuer soi-même la volaille ou une vache dans un abattoir dédié (difficile d’envisager un tartare qui bouge), les règles de tri des déchets font les poubelles de Kafka et ont presque nécessité l’invention de nouvelles couleurs pour différencier la multitude de bacs imposés, les pièces de Molière sont réécrites pour effacer toutes les traces de domination patriarcale. La détestation du genre devient telle que la petite amie de Barack a été baptisée Robert par ses parents. Terminado les couleurs « girly » dans la chambre de bébé pour ne pas l’influencer dans sa future identité. J’en passe et des pires.

Il faut dire aussi que les peines sont dissuasives. Pas de prison mais des séances d’humiliations publiques dans des centres de réhabilitation.

L’époque est folle mais quelques récalcitrants dont Giusseppe, vieil artiste et mécène qui a transformé sa maison en paradis perdu des derniers jouisseurs, tentent de se préserver un espace de liberté avec quelques amis et beaucoup de mauvais esprits.

Rajoutez à ce récit d’anticipation à court terme un léger soupçon de théâtre de boulevard avec des portes qui claquent sur le passé et des secrets de famille qui passent par les fenêtres.

Une telle lecture, par ces temps bien lugubres, m'a dopé le sourire.

J’ai retrouvé avec plaisir l’humour et la verve de « La petite Fille à la cigarette » et de « La cité heureuse », moins présents dans les derniers romans de cet auteur, qui étaient un peu trop nostalgiques à mon goût.

J’ai bien ri mais, chut, ne me dénoncez pas.

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Le voyage en France

Inspiré par Montesquieu et ses Lettres Persanes, Benoit Duteurtre suit David, un jeune américain, dans sa découverte de la France et ses rencontres avec des personnages déjantés, Arnaud, Cerise, Estelle, Ophélie, qui mettent ainsi en scène une artiste, un séminariste, une divorcée, une cinéaste, et autres bourgeois bohèmes (Bobos).



Dans le triangle Le Havre, Paris, Dieppe, David s’attarde à Sainte Adresse, Montmartre et Varengeville et suit les pas des impressionnistes pour découvrir les paysages et les atmosphères de la Belle Epoque dont l’auteur est amoureux.



Le contraste est saisissant entre les réalisations Haussmanniennes et les constructions contemporaines et révèle la décadence d’un continent qui abandonne le « soft power » à l’Amérique… qui est incapable de l’assumer car asservie au pouvoir du fric.



Un roman décousu, avec des héros caricaturaux, dont j’aime les pages normandes et l’humour subtil.
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En marche !

Un vrai candide, ce Thomas ! il faut le voir visiter avec des yeux de Chimène la Rugénie, cet ex-pays imaginaire du bloc de l'Est réputé pour ses réformes progressistes préconisées par Stepan Gloss, star mondiale incontestée de l'économie. Il m'a tout de suite fait penser à ces communistes de l'ancien temps qui revenaient d'un voyage organisé dans les pays de l'Est envoutés, émerveillés, subjugués, groggys, comme s'ils avaient touché le paradis du bout des doigts. On connait la suite.

Benoit Duteurtre nous sert "une belle fable contre-utopique et s'amuse à brocarder le monde moderne". Car la Rugénie, c'est chez nous. C'est la description ironique et désabusée des fondements de notre société poussés à l'extrême : une société qui déréglemente son économie et règlemente, voire enrégimente la vie des citoyens. En Rugénie, l'économie, au nom de l'efficacité, agit sans contraintes, sans entraves, tandis que l'Homme, au nom de l'écologie et des minorités triomphantes, voit sa vie contrôlée, codifiée, endoctrinée. Dans ce drôle de monde, l'avenir du mâle blanc, hétérosexuel et carnivore, qui n'a jamais rien demandé à personne, qui n'est ni pire ni meilleure que les autres, n'est pas franchement radieux. Si encore le pays marchait bien ? Mais derrière les belles vitrines, les discours grandiloquents, les déclarations de principe, les grandes envolées lyriques, on voit un pays en pleine panade, totalement désorganisé, déboussolé. Pire que tout, on assiste à l'installation insidieuse d'une douce dictature de la pensée. Des forces conservatrices entravent pourtant la marche du pays vers son avenir glorieux. Mais comment s'étonner que beaucoup, rebutés par ces nouvelles normes imposées, se tournent vers le passé comme unique viatique ?

Une question s'impose et ce livre a le mérite de nous la faire poser : sommes-nous si éloignés de ce schéma ?

Un livre intéressant qui nous oblige à nous positionner de manière amusante sur des questions essentielles de société, car notre pauvre Thomas, durant ses pérégrinations cocasses, ira d'étonnements en désillusions. Dommage que l'histoire s'achève en queue de poisson.

Merci, merci, trois fois mercis à Babélio et aux éditions Gallimard pour m'avoir offert ce livre dans le cadre de l'opération masse critique.





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Chemins de fer

Evoquer les trajets gâchés par la SNCF remplirait une encyclopédie d’anecdotes variées « attente contrôleur, droits de retrait, grèves, hausse tarifaire, insécurité, pannes, retards, salon Grand Voyageur saturé, train annulé, travaux ».



Comme Benoit Duteurtre, ma vie est partagée entre Paris et l’est de l’hexagone, et je partage ses constats sur la dégradation du service ferroviaire, à l’instar de la poste et du système de santé. Client, ou plutôt usager, voire sujet de notre compagnie ferroviaire depuis soixante ans, j’ai connu les locomotives à vapeur dans les années soixante, l’électrification de la ligne Paris Le Havre en 1968 (temps de trajet 1H59 à l’époque contre 2H30 en 2023), les Michelines, les trains de nuit, les voitures Corail, le Capitole et sa voiture restaurant, le TGV, le TER, etc …



L’astuce du romancier est de donner un «droit de réponse » à la SNCF, grâce à Florence, charmante responsable d’une agence de com dont l’un des principaux clients est « l’entreprise voyages » qui prétend enchanter nos déplacements. Florence subit chaque weekend les affres ferroviaires, endure en parfaite « partenaire » les séminaires internes à la SNCF, mais, en même temps, s’enrichit grâce à un juteux contrat de prestation de services. Cette ingéniosité littéraire place le lecteur au coeur des réflexions qui guident la stratégie et dictent les investissements (et désinvestissements) de l’opérateur ferroviaire.



Mais le « progrès » ne s’arrête pas au seuil de la gare : Florence observe qu’au fond de notre cambrousse vosgienne les lampadaires, les containers de collecte des ordures, les rond-points pullulent, et apprend que sa route départementale va être élargie pour ouvrir la voie aux camions suppléant l’arrêt programmé du traffic marchandise. Vive le progrès applaudissent les électeurs du maire, par ailleurs garagiste implanté au bord de cette route !



L’histoire s’achève « sur un silence, (…), quelque chose d’impossible à expliquer, sauf à marcher encore, droit devant, vers ce mystère » …



Ce voyage ferroviaire en compagnie de la séduisante Florence est agréable et plutôt amusant et j’avoue regretter qu’il soit si court mais que voulez vous, je ne vais pas me plaindre du respect de l’horaire !
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Les pieds dans l'eau

En rendant hommage à ses aïeux, dont René Coty dernier président de la IV république, Benoit Duteurtre romance un demi siècle d'histoire du Pays de Caux et analyse l'évolution sociologique du triangle Etretat, Paris, Le Havre où vit sa famille.



L'écrivain masque ses cousines, ses oncles et tantes, en modifiant leurs noms et prénoms mais chacun reconnait le Docteur Georges, député du Havre et gendre du président Coty, sous le pseudonyme du « docteur Charles » et les familiers identifient aisément les personnages de ce roman dont on lit l'évolution sociale et religieuse en un demi siècle.



La description d'Etretat, l'évocation de son ancien maire Raymond Lindon (père de l'éditeur Jérome Lindon directeur des Editions de Minuit) rappelle que le chemin de fer, là comme ailleurs, permit la création de cette cité balnéaire appréciée des parisiens qui trouvaient la mer à deux heures de la capitale. Maupassant, Maurice Leblanc, les impressionnistes contribuent à la notoriété de ce paradis qui attire une clientèle aussi aisée que discrète. D'où la fondation d'un casino et d'une digue « Le Perrey » protégeant une vie sociale codifiée par les us et coutumes de la bourgeoisie qui voit se succéder les générations de 1880 à 1980, époque où l'impôt sur la fortune et les taxes foncière contraignent les familles à vendre leurs villas condamnant ainsi à la ruine ces petites stations et leurs artisans et achevant, par exemple, la légendaire pâtisserie Lecoeur.



Benoit Duteurtre observe le saccage de la nature et l'exploitation à grande échelle des galets qui laissent le littoral exposé aux marées et rasent les légendaires cabines de plage. Paru en 2008, cet ouvrage n'évoque pas le parc éolien et ses 71 turbines qui vont polluer polluer ce paysage mondialement connu …



« Les pieds dans l'eau », le romancier s'amuse à peindre avec ironie et nostalgie un monde en voie d'extinction mais il conclut avec espérance « je ne connais rien de plus fascinant que ce mélange de beauté immuable et de transformation du monde ».



Etretat demeurera donc éternellement célèbre, « L'aiguille creuse » et « La véritable identité d'Arsène Lupin ou le Secret des rois de France » n'ont pas fini de nous enchanter et Benoit Duteurtre rejoint Maupassant, Maurice Leblanc et Valère Catogan (alias Raymond Lindon) au panthéon des écrivains normands.
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La Rebelle

Ma critique de Mohican m'a valu plusieurs commentaires et messages et je remercie Ouidad de m'avoir signalé qu'Eric Fottorino avait un précurseur en Benoit Duteurtre qui dès 2004 (18 ans déjà) avait dénoncé les ravages des Eoliennes.



Je me suis donc plongé dans la lecture de « La rebelle » où l'entrepreneur Cyprien de Réal, envisage de bâtir des parcs éoliens, aussi bien en Ile de France qu'à l'ile d'Yeu, puis de vendre sa société au groupe COGECA présidé par le sémillant Marc Menanteau. Celui rêve de modifier l'image de marque de son groupe, de lui donner un coloration « verte » et de communiquer sur les valeurs écologiques.



Ce virage stratégique, pompeusement baptisé « Rimbaud Project » est confié à une « journaliste » Eliane Brun qui est nommée Directrice du Développement Durable de COGECA. Précédée d'une réputation flatteuse de «Rebelle » celle ci est la caricature des poupées Barbie qui monopolisent l'antenne des chaines d'infos en continu en alternant avec une égale suffisance COVID, football, inflation, puis réchauffement climatique … avec un sourire et un aplomb qui détournent l'attention des inepties débitées et masquent, par exemple, une confusion entre un missile russe et un tuyau de poêle.



Benoit Duteurtre écrit une comédie, Eric Fottorino une tragédie. L'un nous plonge chez les paysans du Jura, l'autre nous promène des Tours de la Défense, aux bas fonds du Marais avant de nous exiler à l'Ile d'Yeu où la farce s'achève comme chez Boris Vian par un provocant « j'irai cracher sur vos tombes ».



Eric Fottorino a une vue perçante et un réel talent pour décrire les paysages et les personnages ; Benoit Duteurtre a l'oreille attentive et un humour caustique pour restituer des dialogues savoureux, des professions de foi plus vraies que nature et fissurer le discours « politiquement correct »



Difficile de comparer un drame et une satire, Mohican et La Rebelle ne jouent pas dans la même cour, mais ces deux ouvrages ont leurs charmes et le mérite indéniable de nous alerter sur les risques induits par les éoliennes.
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Livre pour Adultes

Nous traversons la vie comme des somnambules portés par l'illusion que la jeunesse et la santé sont sans fin. Et puis vient le temps de la dégringolade. Ce sont d'abord nos proches parents qui sont touchés. Nous assistons impuissants au spectacle de leur dépérissement et de leur disparition. Ca pique un peu les yeux et ça s'appelle la maturité. Benoît Duteurtre livre plusieurs récits intimes sur ces épreuves. Il raconte la maladie de sa mère. Les premiers petits oublis qui passent pour des étourderies qui se concluent par le stade avancé de la maladie d'Alzheimer où le parent à vos côtés est tout à la fois proche et si lointain, familier et inconnu. Cette mère qui ne reconnaît pas son fils avait jusque là toujours fait preuve d'un optimisme infaillible. Alors ce sourire, cette insouciance, cette volonté , n'étaient-ils que des mensonges face à l'inexorabilité de la souffrance et de la mort ? Et que dire du spectacle de ces familles qui fréquentent la même plage d'Etretat depuis plusieurs générations. L'enfant d'hier qui aujourd'hui se baigne avec sa progéniture sera le vieux de demain, enfermé dans les 12m² sordides d'une résidence médicalisée. Si l'avenir n'est que sénilité, maladie souffrance et mort, pourquoi procréons nous avec tant de légèreté ? Ne devrions nous pas être effrayés par la responsabilité de mettre au monde un individu promis à la souffrance ?



Il y a aussi dans ces textes une douce nostalgie d'un monde qui disparaît. Benoît Duteurtre évoque une vallée des Vosges dans laquelle il se rend chaque année depuis son enfance. Il évoque un monde qui a disparu silencieusement. C'est un village plein de personnages charismatiques, le curé, l'aubergiste, qui sont morts et n'ont pas été remplacés. C'est ce monde paysan qui a sombré corps et bien, une civilisation engloutie dans l'indifférence la plus totale. Les fermes sont devenues des résidences secondaires. Les exploitations se sont modernisées pour dégager une marge qui permettra de financer…la prochaine modernisation. C'est une campagne écrasée par les normes et les règles d'hygiène où il n'est même plus possible de chercher son lait chez le voisin. L'auteur a un autre regret. Lors d'une croisière sur le Danube, il constate le déclassement de la langue française. La langue utilisée d'emblée sera systématiquement l'anglais. De plus, le tourisme de masse écrase toute authenticité à la contrée visitée. La culture et le patrimoine sont formatés pour être digérés au plus vite par une foule de touristes désinvoltes.



Pour faire face à cette angoisse de la mort prochaine, pour échapper à cette nostalgie du monde perdu de son enfance, Benoît Duteurtre s'attache à jouir des choses simples de la vie et à conserver une capacité d'émerveillement. L'essentiel est de savoir profiter des beautés de la nature (ici, les Vosges !) et des petits bonheurs de la vie quotidienne.



Ces récits intimes sont entrecoupés par trois fictions qui sont de la même veine que les romans précédents de l'auteur. L'auteur est un expert dans l'art d'égratigner le conformisme et la modernité. Un avocat ouvert et tolérant décide de s'atteler à un ouvrage sur la musique classique. Mais, importuné par un musicien de rue qui joue chaque jour sous sa fenêtre, il va s'emporter et avoir un comportement bien loin de ses principes. Un jeune milliardaire de la Silicon Valley achète une île grecque pour y fonder une colonie idyllique. Mais il craint l'arrivée de migrants et les jeunes de l'île rejettent des règles qui les privent de certaines libertés comme l'accès à internet... Une tribu primitive est miraculeusement découverte au coeur d'une forêt. Les politiques décident de préserver cet état sauvage mais des divergences vont apparaître : la nature, oui, mais que faire d'une tribu qui ne respecte ni l'hygiène alimentaire, ni notre modernité bien-pensante.



« Livres pour adultes » est un recueil de récits intimes et fictionnels. le lecteur passe d'un texte au ton grave à une satire pleine de drôlerie. Son roman précédent « l'ordinateur du paradis » m'avait marqué déjà par sa dérision mordante. J'ai retrouvé dans ce livre la même légèreté de plume. Il sait par son style simple et agréable vous parler de la maladie ou de la mort , vous faire sourire grâce à une histoire cocasse ou vous enchanter en interprétant une symphonie pastorale. A mes yeux, les œuvres de Benoît Duteurtre ont toutes les qualités de l'esprit français : de la finesse, de la pertinence, de la dérision et une plume alerte,



Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette belle lecture.
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Service clientèle

Etre ou ne pas être un OVNI, un Original Vivant Non Identifié, telle est la question.



Es tu encarté ? Carte bleue, carte grise, carte orange, carte verte ? Carte de fidélité (même au club échangiste), carte casto, carte confo, carte « con sot » ? Carte du parti et du parvenu. Carte d'identité, carte vitale, carte jeune, carte étudiant, carte navigo… Elle est où ta carte ?

Même ton écran est encarté. Carte SIM carte mère, carte son, carte graphique. Ta carte, elle est où ta carte ?

Sans carte t'es rien, t'existes pas !!!



Et ta carte ? Il est où son code ?

Code de… carte bleu, de carte blablabla. Code PIN code confidentiel digicode code de l'alarme code wifi code postal et tes identifiants ton numéro de sécu. C'est quoi ton code?

Sans code tes cartes servent à rien, sans codes …t'es rien, t'existes pas !!!

Ne t'inquiètes pas, on s'occupe de tout pour toi mais faut ton code.

Si t'as ta carte tape 1, si t'as ton code tape 2, si t'as perdu ton code tape 3 on va te l'envoyer mais faudra taper… ton code pour … si t'as une autre question tape 4.

Tu vas être mis en relation avec un conseiller et ton temps d'attente est estimé au temps que dure l'été l'automne l'hiver et le printemps chez Vivaldi. Profites en pour taper ton numéro d'abonné ton numéro de téléphone.

Ton numéro dans la file d'attente est ? Question piège puisque là on te le donne.



Etre un numéro à l'ère du numérique quoi de plus normal.

On décode (au siècle dernier certains disaient encore « déconne ») on déchiffre les codes secrets. Et puis on chiffre les profits les dividendes les bénéfices les chiffres d'affaires.

L'ère du numérique et de la communication… Tu parles par clavier interposé à un Tongien qui est ton meilleur pote mais t'as jamais dit bonjour à ton voisin.

Depuis que l'Homme marche sur ses pattes arrière il s'approche de la déshumanisation. On appelle ça le progrès.



Ya pas d'issue car même si tu fais tout pour rester un OVNI, on dit de toi que t'es un sacré… numéro…



Une belle satyre de notre « civilisation» qui se lit à la vitesse des temps modernes.



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Quatre auteurs à la plage

Il est 4h du matin. Je n’arrive plus à dormir. Je suis assise devant la TV éteinte, et ma tête est pleine de ces massacres. Mon cœur est lourd, lourd, lourd.

Et pourtant une petite lumière veille, tout au fond. Une petite lumière qui me vient de Normandie, de ce doux pays de Caux dont je viens de lire 4 nouvelles. Elles sont passées très vite, ces petites histoires, mais elles m’ont replongée dans ces vacances si brèves, dans cet été si calme, où les galets, les falaises et les immenses champs cultivés se reposaient sous un ciel si fort, si présent.





Pourtant, Bussi et Duplessy-Rousée m’ont agacée par leur style trop commun. Le premier raconte les mésaventures d’un couple vieillissant, venu quelques jours dans un gîte tenu par un propriétaire bourru et mystérieux. Une armoire normande trône dans la chambre, et ça sent mauvais...La deuxième place son histoire aux Petites Dalles, au bord de la mer. C’est une espèce d’enquête à partir d’ossements découverts dans une cave. Cela ne m’a pas du tout passionnée.

Par contre, j’ai découvert avec plaisir Benoit Duteurtre dans ses « scènes maritimes », où il se raconte, adolescent, le long des plages du Havre à Etretat, et surtout sa plongée dans l’atmosphère d’un autre âge de l’abbaye bénédictine de Saint-Wandrille, accompagné des ombres de Flaubert, Hugo, Maupassant et Maeterlinck.

Et enfin Philippe Huet, lui aussi natif du Havre, m’a transportée dans l’été 36, lors des fameux premiers congés payés, et où un adolescent de 15 ans éprouve ses premiers émois qui s’avèreront dangereux...





Lire ces 4 nouvelles m’a replongée en France, particulièrement sur la côte normande pas si éloignée de mon pays. Je salue l’opération « Lire à la plage » qui, en demandant à ces auteurs originaires de Seine-Maritime d’écrire une nouvelle avec cette thématique, renouvelle mon amour pour ce pays si beau, à la lumière changeante et aux gens – râleurs, oui – mais si proches de moi dans mon cœur.

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Dénoncez-vous les uns les autres

Avec verve, ironie, légèreté, Benoit Dutreurtre nous invite dans le monde d’après : comment vivrons –nous dans 20 ans ?

Abel Quentin et Patrice Jean qui avaient souligné les travers de notre société ont été, je suppose, réeduqués. Leurs supposés « travers » sont, depuis, devenus la norme.

« Dénoncez vous les uns les autres » commence par les prénoms :

Les parents de Mao, en lui donnant ce prénom, avaient voulu célébrer la Révolution culturelle et honorer « le prophète qui éclairait l’humanité ». Vingt ans après, Mao est honteux de porter le prénom d’un des pires tyrans du XX· siècle, siècle pourtant assez prolifique en la matière. Il donne à son fils le prénom de Barack, sauf que cela, pour le fils, peut être compris comme une sorte d’ « appropriation culturelle », des blancs moyens prenant l’identité du premier Président noir des USA. C’est mauvais, ça.



Robert, la fiancée de Barack, sauve pour l’instant la mise : elle doit son prénom à sa mère, soucieuse de lutter contre les clichés. Le genre c’est vieux jeu, non ?



Il va de soi, la pêche et la chasse sont depuis longtemps aussi moyenâgeux que le luth, les anciennes poissonneries sont maintenant des clubs de rencontres pour gays poilus. Les fontaines stoppées, pour économiser l’eau. La raison des victimes, supposées ou réelles, pas le moindre doute, elles sont victimes, même si elles n’existent pas ; le racisme systémique, indubitable, l’homophobie et le sexisme , des péchés capitaux. Végétarisme obligatoire, ou presque. Domination masculine ancestrale, à la poubelle (en portant bien entendu une extrême attention au tri)

Les bibliothèques, tellement rétrogrades et véhiculant des thèmes éculés, sont transformées en plateforme écoresponsable.

Faire l’amour à l’amour de sa vie avant ses 18 ans, ce pourrait être taxé d’ emprise sur une mineure désemparée, or il faut interroger le sexisme, renverser les stéréotypes, libérer la parole, ne pas faire le jeu des vieux préjugés niant la « toxicité fondamentale du genre masculin ».



Et la dénonciation devient une obligation morale, pour le bien de l’humanité.

Une anticipation, avec mots d’ordre indiscutables rectifiant de plus les errements du passé.

Car, plus avancée que la bonne conscience suisse, ou les mots d’ordre chinois, c’est rétroactivement que la stigmatisation s’instaure, à l’aune de l’idéologie présente.



Des Brigades rétroactives se chargent de revisiter l’horrible passé, d’organiser des tribunaux publics, afin de demander pénitence et rédemption, appelée « réintégration. » Par exemple, avoir préféré la culture à la défense écologique, comme l’a fait il y a 20 ans cet indécrottable, inconscientisé Mao, pervers polymorphe ( il est tout de même accusé d’avoir « brisé la vie » d’une inconnue , serait-ce une secrétaire à qui il a demandé un café, acte qui frise le harcèlement ?) écocide, et j’en passe, puisque, pire encore, il n’y a pas de preuves, bref Mao nécessite des séances et des mois de réeducation.



Malgré toute cette fiction, le livre est très drôle, un futur de notre monde puritain et sûr de son idéologie avec , entre autres, une revisitation de Molière, ce grand machiste.

Une farce d’un futur possible, découvert grâce à ODP31, à lire pour sa saveur, son ironie, les dernières lignes.

Et j’ai ri, beaucoup ri.

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Chemins de fer

Quelques lignes et déjà, l'embrasement... allez savoir ! j'aime beaucoup....à suivre...

Suite...

Oui, nous jouons des rôles ; nous sommes tantôt l'un tantôt l'autre et inspirons seulement à être nous-mêmes ; pétris, façonnés de notre enfance puis enfermés dans nos êtres.

Puisse-t-elle s'isoler dans un monde de rêves, elle y sera seule, désormais.

La fin du récit, justement, ou bien devrais-je dire injustement, m'évoque l'effacement ; en tout cas celui de notre passage sur terre.

Puisse-t-il être le plus agréable possible, car en 'fin', et l'amour dans tout ça...
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L'été 76

Benoit Duteurtre a volé mon « je » !

Il a traduit son adolescence comme si c’était la mienne, avec les mêmes filles qui absorbaient notre horizon dans les cours de récréation, avec les mêmes cours de physique-chimie où nous étudiions les paramécies.

Mais non !

Promenade dans ses quinze ans. Le Havre, été 76.

Promenade musicale, de Debussy à Led Zeppelin en passant par Zenakis, Stockhausen et Pink Floyd époque « Meddle ». « Je » s’en prends plein la gueule.

Promenade picturale aussi, de Monet à Paul Klee et de Juan Gris à Vasarely.

Vaste défi, « je » est transi.

« Je » s’intéresse à tout quand il s’agit d’art. Je voulais être peintre, musicien, écrivain, je dévalisais les bibliothèques, arpentais les musées. Mes petites ressources ne me permettaient pas les concerts ou l’opéra, tant pis, j’avais la musique dans la peau. Merci Misyé bobo !

Pour la littérature, tout y passe, « je » s’occupe de tout. Il créé son journal de collège, il prend des cours de théâtre, il va chez Salacrou un ami de son oncle, chercher conseil sur ses talents d’écrivain. Autant être bien armé pour attaquer Mallarmé.



Prêt, « j’étais fier de mon Zarathoustra sympathique et doux descendant des montagnes pour éclairer les humains ». Réparer le monde, sonder la mumène* en grignotant des méloko* dans les bistrots où les amoureux s’embrassaient sans tabous aux tables où, s’échangeait en pot, du tabac blond de Virginie que son pote Jean-Paul aimait aussi. Surréalisme cocasse.



Sérieusement, « je » tombe en amour platénuque d’Hélène extirpée avec difficulté d’une cour de récréation. Elle va le fasciner, ils vont être amis longtemps. Ils iront se promener à Paris se sentant libres et heureux comme on peut l’être dans l’insouciance des 17 ans.

N’avez-vous jamais eu ce sentiment parfait d’être entre deux vies, plus un enfant, pas encore un adulte, à une ravissante frontière imaginaire sans octroi où tout est possible ?



Hélène sera enceinte de Pierre, elle ira faire une IVG en Angleterre, il restera à la LCR*, parterre. Toute une ère !



« Les atouts physiques, tout comme les origines sociales délimitent souvent les groupes imperméables. » …gris avec des épaulettes et une martingale bien serrée à la taille qui donnait à mon père l’air acerbe, raide et martial. Sur tous les sujets, un gouffre d’incompréhension nous séparait, aussi difficile à combler que d’imaginer un duo vocal entre Tino Rossi et Alice Cooper.

Cet abîme géant, je l’imagine identique et fatidique pour « je » avec des parents petits bourgeois catholiques de province dans les années 70, bien que les parents à cette époque étaient déchirés entre laisser le libre arbitre à leurs descendants qui délaissaient allègrement leurs études de savants pour l’art avec un grand dénouement et la sanction voire le bannissement aberrant après 68 cependant.



« On dit parfois que chaque être humain, durant sa jeunesse parcourt en accéléré l’histoire de l’Humanité ».

Avec M. Duteurtre, on aura bien gambadé dans les méandres de nos adolescences tellement similaires partageant l’intimité d’un tout petit bout d’Humanité.



* (l'âme humaine) (mets locaux)

(ligue communiste révolutionnaire)

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En marche !

« Welcome to Rugenia ! » Cette petite république d'Europe de l'Est s'est affranchie des jougs soviétiques et molduves pour se convertir à l'économie de marché. Les dirigeants rugènes s'inspirent d'un gourou ultra-libéral, Stepan Gloss, auteur du célèbre traité : « la globalisation heureuse ». Admirateur de l'économiste, Thomas décide de partir en voyage d'étude dans la petite république, vitrine des idéologies libérales et progressistes. le jeune homme appartient à la nouvelle génération de députés français élus sous l'étiquette « En avant ». Il se distingue des anciens parlementaires par son air juvénile, son look décontracté, sa barbe de trois jours et ses convictions malléables. Et son voyage va être édifiant car la Rugénie qu'il va parcourir armé de son innocence et de sa valise à roulettes concentre toutes les contradictions de notre époque. Par exemple, son gouvernement privatise à tout crin les transports en commun tout en prônant la fin de la voiture individuelle au nom de la « Transition écologique »… le politiquement correct s'impose comme un nouveau dogme. Si on déréglemente l'économie, on cherche à réguler les esprits, à imposer les bonnes pratiques et à proscrire les mauvaises opinions. La société ouverte enfante une superposition de communautés centrées sur leurs seuls intérêts ; le « vivre ensemble » ne devenant plus qu'un concept marketing vide de sens. Benoît Duteurtre distribue ses coups de pattes à « l'Empire du Bien » et étrille les travers d'une société étouffante de bienveillance. J'apprécie une nouvelle fois son esprit et son style classique qui servent une ironie qui sait se montrer féroce. Un texte salutaire.
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La mort de Fernand Ochsé

Le 31 juillet 1944, un dernier convoi quitte Drancy à destination du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Parmi les 1321 déportés entassés dans les wagons de marchandise, un vieillard retient notre attention. Fernand Ochsé hagard, exténué, se tient aux côtés de son épouse Louise. Peut-être trouve-t-il la force durant ces trois jours de calvaire de se remémorer quelques moments de son existence passée. Jusqu'alors, son destin s'était épanoui dans la frénésie artistique de la vie parisienne. Fernand Ochsé disposait de toute une palette de dons, il était à la fois peintre, compositeur, poète, costumier et décorateur. Il était l'ami des plus grands artistes de son temps : Arthur Honneger, Reynaldo Hahn et Henri de Régnier. La fortune familiale lui a permis de vivre en dandy et de constituer des collections d'oeuvres d'art et d'automates. Cette vie enchantée qui s'achève si brutalement symbolise le basculement d'un monde.



Fernand Ochsé s'est intéressé à l'art d'avant-garde comme à la culture populaire. Il a élaboré des décors et des costumes pour des opérettes et des comédies musicales. Il faut dire qu'à l'époque, il existait mille passerelles entre ces genres musicaux et qui n'étaient pas encore tombés en désuétude et la grande musique. Et justement, Benoît Duteurtre cherche depuis plusieurs années à dépoussiérer un registre considéré comme ringard. Les refrains entonnés par Maurice Chevalier peuvent prêter à sourire (« Valentine, Outre ses petits petons ses petits tétons son petit menton, Elle était frisée comme un mouton »), il n'en reste pas moins que ces airs enjoués et ces paroles comiques étaient l'expression d'une époque où s'alliaient l'esprit, la légèreté et la joie de vivre.



Benoît Duteurtre nous livre l'histoire de Fernand Ochsé parce qu'elle est « un morceau de la grande Histoire qui relie les salons de 1900 et les plumes du music-hall, les créations des Ballets russes et les chansons du café-concert.» le sortir de l'anonymat lui permet de nous rappeler que pendant un siècle, Paris fut la patrie du spectacle, du rire, de la comédie ce qui n'excluait pas un grand raffinement musical. Tout a sombré dans la grande tragédie de notre Histoire. Paris est devenu un musée en plein air exposant une série de clichés fallacieux et la culture pour être noble se doit d'être hermétique et élitiste.



"La mort de Fernand Ochsé" est un hommage subtil et éclairé à un homme rayonnant et à une époque flamboyante, aujourd'hui déconsidérée et méconnue.







Je remercie les éditions Fayard et Netgalley de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Ma vie extraordinaire



Avant de commencer la lecture de ce roman, il faut avoir en mémoire les trois enchantements de Benoît Duteurtre, qui lui sont prodigués par : « l’eau, la forêt, la prairie sur la montagne ». Le chapitre d’ouverture est à la fois une véritable déclaration d’amour à cette montagne vosgienne qu’il vénère depuis l’enfance et un coup de gueule contre les choppers en colère à qui on pourrait interdire la route des crêtes qu’ils envahissent «  dans un monstrueux tintamarre ».



Il égrène donc ses réminiscences juvéniles, ressuscitant le grand-oncle et la tatie, à la source de cette passion indéfectible, chez qui il passait avec sa soeur les grandes vacances estivales. Les séjours au Moulin, c’était la parenthèse enchantée. Et en même temps il embarque le lecteur dans la voiture de Jean-Sébastien, son compagnon, dans un road trip découverte de la vallée des lacs vosgiens. Tous ceux qui connaissent la région des lacs, les randonneurs, n’auront pas à se laisser convaincre, ils savent la contempler la beauté de cette nature et la respectent.

Pas étonnant que l’auteur s’insurge et dévoile sa part animale quand la sérénité de son coin de paradis est polluée par les nuisances sonores des motards ! « Rengaine » connue des lecteurs du conte philosophique En marche qui dans un chapitre oppose ces envahisseurs(« semant le bruit, le danger et confondant les petites routes européennes avec les étendues américaines d’Easy Rider ») et les villageoises leur faisant barrage: « Les murs tremblent quand vous passez comme des sauvages ». Si beaucoup s’indignent du saccage de Paris, le Vosgien d’adoption fulmine devant le saccage de la nature qu’il compare à « un tableau romantique allemand ».



Pour l’auteur, il reste à faire aimer ce décor à son ami comédien. Il le décrit avec des termes dithyrambiques :magie du lieu, délice d’un bain, lac féerique, éblouissement. Il décline et détaille ses enchantements liés à la nature : «  l’eau, la forêt et la prairie sur la montagne », que l’on appelle ici des ballons.



L’écrivain se fait conteur et tisse en trois chapitres, l’histoire du loup de Belbriette, nous tenant en haleine d’un épisode à l’autre. On suit le rêve utopique de Denis, « rockeur urbain » devenu un musicien à succès éphémère, qui ,depuis ses quinze ans s’imagine construire une maison de verre dans cette clairière, comme Lloyd Wright. Mais ce site ne serait-il pas une zone nature protégée ?



La musique est omniprésente dans ce récit. Dès l’enfance Benoît apprend le piano, le travaille chez Rosemonde qui lui a enseigné les rudiments du solfège ainsi que les gammes ; il retrouve trace au Moulin de partitions illustrées de la Belle Époque. Contrairement aux ambitions des parents qui voyaient des études de médecine, c’est en musicologie qu’il s’inscrit. Rappelons que l’auteur est mélomane, critique musical et anime une émission de radio(1). Ne vous fiez pas à internet qui est pour lui, «  le miroir déformant d’une vie, avec des photos flatteuses ou ratées qui ne lui ressemblent guère ».



Dans la partie 2, un nombre intrigue :14 600 jours, il correspond au bilan de sa vie de 20 à 60 ans.

Sylvain Prudhomme s’est aussi amusé à calculer les jours vécus lors de ses quarante ans. (2)



Dans la troisième partie, Benoît Duteurtre rend hommage aux vieilles dames dont la comédienne et chanteuse Suzy Delair, ce qui n’est pas sans rappeler Les Dames de coeur de Jean Chalon. (3)



Dans ce récit, une série de portraits se tissent, et nous faisons tour à tour plus ample connaissance avec les protagonistes. L’ange, stoïque au volant, à qui l’auteur consacre un chapitre entier, dévoilant les circonstances de leur rencontre. Jean-Sébastien incarne le personnage de Victor dans Livre pour adultes. L’écrivain salue son travail de webmaster pour la création du site de son œuvre.

Quant à lui, la bête, il reconnaît son côté animal, son « instinct primaire » capable de fulminer, de bouillonner, mais se définit comme « un hédoniste, gouverné par la mesure et la raison »…

Le narrateur, hanté par la déliquescence du corps (presbytie), par la mort, confie ses craintes quant à cet amour fusionnel : «  Nous redoutons de nous perdre ». Parmi les obsessions de Benoît Duteurtre, on compte les chaussettes orphelines (un cauchemar), les clés et les lunettes fugueuses! Autre « embarras de sa vie » : ses archives qui s’empilent, remplissent des armoires. Ceux qui gardent tout depuis des lustres comprennent aisément l’encombrement, parfois le capharnaüm que cela crée, toutes ces correspondances, les press-books ! Sa vocation précoce d’écrivain l’a conduit à donner priorité à installer son bureau devant une fenêtre.

Il décline aussi sa géographie sentimentale, son goût des lieux (Étretat, New-York), plus que pour les humains. Il évoque ses jobs alimentaires, ses différents domiciles, son quotidien (courses avec caddie, sans honte), ses addictions, ses fréquentations, ses relations( Houellebecq, Sempé…).

Un portrait sans complaisance avec autodérision et sincérité. Délicatesse, pudeur et tendresse.



Dans le chapitre « littérature », l’écrivain dresse un panorama de ses publications et revient sur ses débuts difficiles pour percer. C’est en marchant que ses idées s’organisent et que ses romans s’élaborent. Le journaliste recense aussi son impressionnante pléthore de contributions.





Il rend un hommage touchant à ses disparus dont sa professeure de musicologie de l’université de Rouen ( qui lui avait offert l’hospitalité dans sa maison de Fécamp), son cousin, le couple sans enfant, Rosemonde et Albert, le grand-oncle dentiste, résistant, fervent gaulliste, ( Kabert qui avait construit une cafourotte, une cabane pour les jeux). 20 ans d’écart. Leur généalogie est déroulée ainsi que leur rencontre, leurs études, leur mariage, se précisent les liens avec le Président Coty et leur installation au Moulin, où une phrase d’Alphonse Daudet avait été inscrite dans le vestibule par Rosemonde. On devine son affection pour ce couple qui le considérait comme un fils, lui offrait des vacances studieuses mais aussi théâtrales d’où le retour au Havre plus difficile, où à la liberté

« allait se substituer l’ordre familial ». L’autorité du père, une mère à cheval sur les principes. Il se remémore ses séjours en compagnie d’un cousin, « biologiste dans l’âme » avec qui il se livrait à de multiples expériences ainsi que leurs sorties, dont celle à La Moineaudière. Quand on a soi-même connu ce lieu, on comprend combien les jeunes pouvaient être impressionnés par la lumière noire et les minéraux exposés. Il se souvient des parties de belote, des galettes de pomme de terre et des pots de confitures. Pour y avoir séjourné depuis longtemps, il a été le témoin « du déclin de l’agriculture montagnarde, de la disparition des bidons de lait au bord des routes », des routes élargies, et de la ruée des touristes ! Mais il a nourri « sa besace affective », de moments doux et réconfortants.

Hélas, il a fallu pour la veuve quitter le Moulin, vendu en viager. Mais le narrateur a pu profiter de la générosité d’amis pour y revenir, «  épisodes à la vertu curative », car il ne cache pas qu’à 20 ans il a mené une « vie parisienne dissolue » qui a viré à la catastrophe. Mais, ses parents avaient acquis une maison, dotée « d’un panorama merveilleux », devenue son home vosgien actuel. C’est avec « une intensité redoublée », qu’il a ainsi retrouvé le paradis de son enfance.



Benoît Duteurtre signe un roman enraciné au coeur des Vosges, bruissant de sons, exhalant de multiples odeurs, aux accents autobiographiques, dans lequel on retrouve la verve du contempteur impitoyable de son époque. En vrai ambassadeur, il réussit à nous donner l’envie de nous évader,de nous oxygéner sur les crêtes, de retrouver son éden. Le roman d’une vie à la fois « extraordinaire » dans des lieux inspirants mais aussi « infernale » qui prend une valeur testamentaire !



1) Étonnez-moi Benoît, sur France musique.

2) Nouvelle : Dans le ventre de la baleine de Sylvain Prudhomme- La nouvelle revue française.

«  Il y a 40 ans que le temps m’érode, m’use, me consume. Je viens de faire le calcul : 14 610 jours et 14 610 nuits que sans y penser je fais l’expérience du temps. »No 638 , septembre 2019.

3) Dames de coeur et d’ailleurs de Jean Chalon, éditions La Coopérative.
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Les malentendus

Martin, jeune étudiant foncièrement de gauche, défendant la cause des étrangers auprès du gouvernement et Cécile, une jeune femme d'une trentaine d'année , directrice de la société Handilove, conceptrice en équipements pour les personnes à mobilité réduite n'ont a prioiri, rien en commun car le moins que l'on puisse dire est que leurs idées politiques sont à l'opposé l'une de l'autre. Si Martin semble attachée néanmoins à cette dernière, il est persuadé de pouvoir la faire changer d'avis. Cependant, le cours des événements va leur faire changer, dans un premier temps, leurs points de vue sans que chacun n'ait besoin d'influencer l'autre d'une quelque manière que ce soit. Puis, il y a Rachid, un jeune marocain sans papiers qui se fait plus ou moins entretenir par Jean-Robert, un homosexuel cloué sur un fauteuil roulant qui ne demande qu'une chose : un peu d'affection.

Comment tous ces acteurs, aussi différents les uns des autres vont-ils se croiser ? C'est là la grande intrigue de ce roman qui prône la tolérance, l'acceptation de la différence et l'amour.



Roman qui fut peut-être novateur en son temps avec l'apparition des nouveaux fauteuils roulants électriques et l'aménagements des territoires urbains pour les personnes à mobilité réduite mais que j'ai trouvé rempli de clichés. Une écriture certes fluide et un ouvrage agréable à lire mais encore une fois, en ce qui concerne les convictions politiques de chacun ou bien la différence raciale, là encore, je trouve non seulement que cela est aujourd'hui dépassé (quoique, beaucoup reste à faire, on l'a d'ailleurs vu dans l'actualité récemment) mais je trouve que l'auteur en fait trop, dans le sens où cela va beaucoup trop vite et que les choses sont trop simplifiées et c'est dommage ! Un livre à découvrir car malgré ce que je viens de dire, il reste toujours d'actualité (si un peu plus de personnes aujourd'hui pouvaient penser comme notre idéaliste Martin ou encore accepter de se remettre en question comme Cécile, ce serait vraiment bien !). Enfin, une dernière chose pour expliquer le fait que je n'ai pas spécialement accroché avec cet ouvrage, bien que l'idée de départ soit bonne, c'est le fait que ce dernier emploie sans arrêt le mot "fasciste" à l'excès, sans se simplifie la vie en employant celui de raciste tout simplement, ce qui permettrait au lecteur d'un peu moins se perdre dans cette leçon de morale, pourtant ô combien essentielle et louable.
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L'ordinateur du paradis

Benoit Duteurtre nous mène au Paradis de son imagination à travers ce roman.

Le personnage principal est Simon Laroche, il est rapporteur de la Commission des Libertés publiques. Sa vie se déroule plutôt sans encombre jusqu'au jour où tout bascule. Cela commence par une phrase malheureuse prononcée en privée mais qui a été enregistrée puis diffusée sur Internet. Le personnage doit faire face aux attaques diverses. Puis survient le "grand dérèglement". Des mails supprimés reviennent à leurs destinataires mais se retrouvent distribués aussi à leur entourage... Notre personnage à de quoi avoir quelques sueurs froides.

Benoit Duteurtre prend un malin plaisir à nous décrire toutes les déviances d'internet et de l'impact sur la vie privée. Puis, il nous propose sa vision du paradis où l'informatique à aussi une grande importance.

Un roman écrit avec humour, on a plaisir à suivre le personnage pour découvrir de quelle manière il se retrouve aux portes du Paradis. Un belle écriture sans fioriture inutile.



Quelle sera sa destination finale, à vous de le découvrir...
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Drôle de temps

« Drôle de temps » est un recueil de nouvelles qui s’amuse à brocarder nos comportements, pas les plus nobles évidemment. Avec en toile de fond, ce besoin de reconnaissance (au combien d’actualité). De l’acteur has been, en passant par le jeune auteur découvrant son premier salon littéraire, ou encore la poignée de main obligatoire qu’il faut donner au ministre en visite, mais aussi l’absurde avec ce cadre en butte à des tracasseries du à la modernité etc …

Mais sous l’humour se cache certains maux de notre société, le paraitre, la solitude, la méchanceté. Son cynisme et sa justesse de ton font souvent mouche , l’absurdité de certaines situations amènent à sourire, Duteurtre

réussit un récit cohérent de bout en bout, ce qui n’est forcement pas évident dans ce genre d’exercice qu’est la nouvelle. A découvrir.



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Dénoncez-vous les uns les autres

Benoît Duteurtre renoue avec la veine satirique de précédents ouvrages :En marche et L’ordinateur du paradis.

Il se plaît à imaginer une société qui encourage la délation, comme certains n’ont pas hésité à le faire lors du confinement.



L’écrivain met en scène le couple Fischer, composé de Mao et Annabelle, de leur fils Barack et décrypte leurs mœurs. Des prénoms pas choisis au hasard !

Mao doit son nom à des parents d’extrême gauche désireux de célébrer la Révolution culturelle chinoise !

Ce dernier qui n’aimait que la démocratie américaine, n’a pas hésité à son tour à nommer son jeune fils Barack, un prénom d’homme politique, « en hommage à Obama ».

Quant à la petite amie de Barack, Robert, elle doit ce prénom masculin à « une mère très engagée contre les stéréotypes de genre » ! L’administration a validé.



On plonge au sein de cette famille aux vues divergentes , confrontée aux nouvelles réglementations. Désaccord entre le père et le fils à propos de l’écologie, de la condition féminine, des gays.



Le chapitre d’ouverture, au titre choc « La mort d’un poulet » fera réagir selon que vous êtes « viandard » ou « antispéciste » et devrait plaire au Parti animaliste !

Pour Mao qui aime les agapes, pas question de renoncer au sublime poulet croustillant bien que son fils s’efforce de le dissuader de manger un animal.



Désormais il devra occire le poulet lui-même, depuis l’instauration de la loi de responsabilité alimentaire. Le slogan : «  Tuez votre viande vous-même » circule dans les Ateliers carnivores, le meurtrier est filmé à la sortie, propulsé sur les réseaux, mais Mao, la soixantaine, « ancien responsable des services culturels de la ville » n’est pas pour autant intimidé. Il sait s’affranchir de la tyrannie de la culpabilité !



Autre loi celle du tri, plus contraignante que dans En marche. Les acronymes fleurissent comme S.I.N. ou B.F.C., Bac de Fumier Citoyen que chacun doit posséder.

C’est dans un Centre de recyclage que Robert croise Giuseppe di Meo, 74 ans, un rebelle qui refuse le tri sélectif et préfère vivre reclus. Un être mystérieux, que Robert réussit à approcher, à amadouer. Cette rencontre fortuite conduit la jeune femme à rendre visite à cet ermite, une gloire oubliée, dans le but de l’aider. Une parenthèse hors du temps pour elle dans cette maison, ressemblant plutôt à «  un palais des mille et une Nuits ». Maints décors,ainsi qu’une variation musicale, s’offrent au visiteur au fur à mesure de l’ascension, des décors dignes de ceux de théâtres. Pour pallier à la pénurie d’électricité, on pédale ! On éclaire aux bougies. D’autant que la loi de protection de la nature interdit tout gaspillage d’énergie.

Giuseppe fait un bras d’honneur à la « cancel culture » qui censure certains films. Lui, veut les visionner dans leur intégralité. Avec la touche cancel/effacer, on est passé à une société de contrôle révisionniste. Au théâtre Molière est dénoncé comme sexiste !



Cet artiste ,à la gloire passée, se considère « un dissident » pour aimer des «  choses révolues comme «  la séduction, la viande rouge, la cigarette... ».

L’amitié tissée entre Robert et Giuseppe déclenche la jalousie de Barack. Toutefois , lors d’un goûter que le vieil homme organise pour des «  happy few », sorte de « réunion citoyenne LGBT », Barack va être à son tour fasciné par l’antre de cet original, «  vieil élégant ».



Quant aux confidences si spontanées et stupéfiantes d’Annabelle révélées à Robert, elles ont renforcé leur complicité. Des secrets les lient. Les deux femmes se comprennent.





Qu’en est-il de l’amour pour le jeune couple ? Il est uni par un « amour chaste », Barack a 18 ans, mais Robert n’est pas encore majeure, bien que quelques mois seulement les séparent. Barack ne veut pas être victime d’accusation à l’ère du #metoo ! Il tient à « éviter tout geste inapproprié, à peine se toucher ». Penserait-il comme Victor Hugo que « L’amour chaste agrandit les âmes » ?



C’est un vrai séisme dans la famille de Mao quand celui-ci se retrouve accusé de harcèlement. Déchaînement sur les réseaux où la foule réagit, châtie ! Enquête de la Brigade rétroactive.

La loi «  Dénoncer et Protéger » s’applique. Une avocate le conseille. Sa femme le soutient.

Un inspecteur de police a fouillé son passé et a déniché des photos compromettantes.

Difficile de nier ! Rebondissement lors du procès, quand l’accusatrice anonyme du Net, sous le pseudo @barbarella prend la parole et révèle sa vraie identité ! Tsunami dans la salle quand la plaignante se dit victime d’un comportement sexiste, blessée d’avoir été reléguée au rôle de femme au foyer. Coup de massue pour Mao qui «  retombe sur son siège groggy » !

Comment s’en sortira Mao? Prison ? Maison de correction ? Centre de réintégration ? Stage vertueux de sauvetage de la planète en participant à un programme d’énergie propre? S’ajoutent des charges d’écocide pour avoir favorisé la création du Musée de la femme.



A noter les propos de Benoît Duteurtre dans une Carte Blanche (1) :

« La révélation d’affaires réellement graves, de crimes sexuels justifie-t-elle que la société tout entière se transforme en entreprise de dénonciation publique, dans laquelle une presse surexcitée porte à la connaissance de chacun les méfaits les plus terribles comme les plus ridicules? Les conséquences, elles, sont toujours désastreuses : à savoir la destruction sociale de l’accusé, totale ou partielle, provisoire ou définitive, même en l’absence de preuve, de plainte ou de jugement ».



Désormais l’épouse accusatrice bénéficie de la mesure «  Protection-femmes » avec le luxe d’avoir à sa disposition un chauffeur et une limousine « polluante » ! Que de paradoxes dans cette société !



Les liens de la famille Fisher avec Robert et Giuseppe seront-ils fissurés ou encore plus soudés ? C’est dans un décor lénifiant de Toscane, sous un olivier, au soleil couchant, traversé par un parfum de glycines et les chants de cigales que le lecteur quitte les protagonistes de cette comédie !



L’écrivain, contempteur de notre société et visionnaire, à la plume satirique, à la verve insolente, aime anticiper. Doit-on y voir un aspect prophétique ?

Il raille cette municipalité qui a mis en place des voitures vertueuses, "des proprettes"vite devenues des" salopettes "!



Benoît Duteurtre signe « une sotie » (2) d’une époque pas si éloignée de la nôtre. Il se glisse dans le rôle d’un lanceur d’alerte et nous fait redouter de connaître une multiplication de telles lois tyranniques dans notre pays. Percutant et drôle. Un pamphlet qui ne manque pas de faire réagir.



(1) Extrait d’une Carte Blanche publiée dans Marianne du 9/02/2022 : Au pilori.



(2) : Sotie : farce de caractère satirique, allégorie de la société du temps.
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Tout doit disparaître

Tout le gotha s'est déplacé pour assister à la première de « Tauriphonie » : le Ministre de la Culture, l'épouse d'un ancien Président de la République, des personnalités du monde culturel, un aéropage de journalistes parisiens… Cette création de musique contemporaine est assez singulière. le compositeur Skotakis a organisé son concert dans une arène au sein de laquelle évoluent quinze taureaux. Des micros doivent saisir les beuglements des bêtes stressées, le musicien se chargeant de tirer de ces sons une musique novatrice. le résultat est atroce. Si les non-initiés quittent rapidement la salle, les « VIP » et les critiques musicaux se gargarisent de cette création et se pressent pour féliciter Skotakis. La création n'est plus qu'une vague supercherie gonflée par les mondanités et les flagorneries.



C'est une des péripéties racontées dans « Tout doit disparaître ». Benoît Duteurtre y fait le récit autofictif de ses expériences de journaliste et de critique musical. Il se dépeint en étudiant brûlant de devenir artiste mais qui se lancera dans le journalisme après avoir raté sa vocation de musicien. Étourdi par la vie parisienne, il se voit en « Bel Ami » des temps modernes. Il déchantera rapidement et devra se contenter de modestes piges dans un journal dédié à la musique classique. Il y fait l'apprentissage des règles qui structurent le milieu de la presse. Il est nécessaire de courtiser les patrons de presse et de se créer un solide réseau professionnel. Il va faire son trou dans le journalisme au prix de nombreux renoncements : il va défendre des principes qui ne sont pas les siens et se dévoyer en acceptant des missions dans les presses féminine, pornographique ou de faits divers. Pour réussir, il faut se renier.



Amené à se déplacer en France pour réaliser des reportages, le narrateur va poser un constat amer sur notre modernité. Il va visiter un centre aquatique, un parc d'attraction construit sur un ancien site industriel, un hôtel de tourisme aux couleurs des Etats-Unis, un village vosgien qui se lance dans le ski d'été… le voilà désemparé devant l'avènement de l'industrie du divertissement.



Duteurtre exprimera le même désenchantement dans les romans qui suivront, notamment dans son dernier opus « Livre pour adultes ». Il goûte peu la modernité clinquante et globalisée qui survient. La musique contemporaine qui brille par son hermétisme et sa disharmonie laisse ce mélomane de marbre. Par contre, il se laisse charmer par l'opérette, les bals populaires ou la musique afro-américaine. Si le narrateur a satisfait son ambition première, il se retrouve désormais tiraillé par des questionnements existentiels. Il ne parvient pas à trouver sa place dans la société. Seuls les bains de mer en Normandie ou la contemplation des sommets vosgiens lui permettent de soigner cette douloureuse amertume et d'être enfin en phase avec le monde. Ces retours épisodiques à la nature sont les meilleurs remèdes pour fuir un monde devenu artificiel et uniforme.



Un roman amer, drôle et lucide.

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