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Critiques de Bernard Clavel (620)
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La Grande patience, tome 1 : La Maison des ..

En Octobre 1937, Julien Dubois, 14 ans, commence son apprentissage en pâtisserie dans la maison des autres celle de Petiot, à Dole. Il va alors commencer non seulement l’apprentissage d’un métier mais aussi celui de la vie, avec les premiers émois amoureux, l’amitié. On découvre avec lui la dureté du travail, durant cette période difficile de l’avant guerre, Julien et les autres employés sont exploités par un patron agressif, en faisant des journées interminables ou il y a toujours une course à faire, toujours du travail au laboratoire. Mais il découvre aussi la solidarité entre les ouvriers avec le second, avec Maurice qui lui apprend à resquiller des croissants ou à sortir en cachette le soir pour aller (ou non) faire de la boxe, et surtout avec le chef qui sera toujours là pour le soutenir.

C’est aussi le début des syndicats, et grâce à son oncle, Julien comprend qu’il est exploité mais que se soit avant ou après son adhésion au syndicat, sa vie à la pâtisserie devient pire qu’avant.

Quand on quitte Julien à la fin du roman et de son apprentissage, il est devenu un homme, un bon pâtissier, mais la vie elle ne sera plus pareil, la guerre est déclarée.



C’est un roman qui se lit très vite, la lecture est agréable et très vivante.

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Cargo pour l'enfer

Je reprends mon billet écrit pour une ONG sur le roman de Clavel : ce dernier rappelle à notre bon souvenir l’affaire des paquebots refoulés de port en port, parce qu’ils contiennent des matières dangereuses, et qui échouent le plus souvent dans le tiers-monde. Des fûts toxiques transportés sous pavillon de complaisance, un vieux rafiot et un équipage de braves gars, ni plus filous ni moins honnêtes que vous et moi, et voilà la tragédie qui s’amorce. Car ces fûts, qu’un armateur véreux a décidé de prendre en charge, personne n’en veut. L’opinion publique, les médias s’en mêlent et l’équipage du capitaine Bernier est condamné à errer sur l’océan en attendant qu’un port veuille bien les accueillir pour les débarrasser de la cargaison maudite. Les fûts éventrés qui reposent dans la cale dégagent leurs mortelles vapeurs, et les marins deviennent peu à peu des pestiférés à l’agonie.



Cette douloureuse histoire s’accommode à merveille du style simple et direct de Clavel. Par delà la tragédie écologique et sanitaire qui se profile, l’auteur a une pensée pour les équipages de fortune, souvent composés de marins de toutes nationalités, qui embarquent toutes sortes de matières dangereuses au prix de leur vie, pour qu’au bout de la chaîne un propriétaire dénué de scrupules s’en mette plein les poches. Et par ailleurs, combien de cargaisons n’arrivent jamais au port, ni dans les usines de recyclage, mais finissent au fonds de l’océan, à empoisonner toute vie ? Clavel lance un cri d’alarme pour la mer. Les océans sont nos poubelles, et pas un jour ou presque ne passe sans qu’une dépêche ne nous informe d’une quelconque pollution (pétrole, produits toxiques, carcasses de voitures...) maritime. Le profit, la lâcheté sont les deux piliers sur lesquels reposent ces odieux trafics qui mettent en danger toute la planète, hommes et bêtes. Combien faudra-t-il de livres, d’articles, de scandales et de catastrophes avant que les élus et les citoyens ne s’attaquent au problème des déchets dangereux ?

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Histoires de chiens

Un livre agréable à lire, composé de 6 nouvelles, toutes des nouvelles pour la jeunesse, écrites pour 5 d'entre elles en 2000, une un peu antérieure en 1997, de longueurs variables.



Chaque nouvelle, on s'en doute, est centrée sur l'histoire d'un chien et porte son nom. Le récit, mené de main de maître par Clavel, nous permet d'explorer le monde rude de la guerre de 14-18, ou encore la vie sur un cargo remontant le fleuve Saint-Laurent, le monde cruel des chiens de combat en Irlande, ou encore la vie simple de chiens de garde dévoués à leurs maîtres. La plupart des chiens sont abandonnés, enlevés surtout, et déploient des trésors de courage pour retrouver leur foyer, avec plus ou moins de chance ou de bonheur au retour. Chacun de ces animaux trouve sur son chemin amitié et protection, pour compenser les mauvais traitements qu'il a subis. Parfois même, il réussit à créer des liens entre des hommes rudes et simples, qui s'entraident et se lient d'amitié pour lui venir en aide. Il peut même arriver qu'il force une rédemption chez son bourreau et le transforme par l'exemple d'un cœur pur et dénué d'esprit de vengeance.



Je crois, à l'issue de cette lecture, que Clavel a essayé de nous placer dans la peau et les pas d'un chien, bien sûr pour comprendre qu'ils ont leurs propres émotions et ne doivent pas être maltraités, mais aussi pour montrer à un jeune public qu'un chien reste un animal et a des besoins différents des humains. Il doit par exemple tuer, parfois chasser, pour se nourrir lorsqu'il est seul. Chacun a ses défauts, il peut être voleur, aboyer un peu fort, ne pas aimer se battre, mais il convient de le prendre comme il est, comme tout être qu'on aime.



Mais surtout, il sait nous décrire d'une manière magistrale des milieux professionnels, ou encore naturels, des paysages, d'une façon totalement absorbante et dépaysante. Il sait encore comme personne présenter des métiers manuels, des savoir-faire, des habitants de terres rudes, taiseux mais généreux, et une belle diversité de personnalités et de réactions. Chaque chien a une identité bien marquée, et même si les thèmes sont communs, chaque nouvelle forme un tout, un univers à part entière.



Je n'ai pas de reproche à adresser à cette lecture, sinon qu'elle a pu me paraître à certains endroits un peu simpliste dans sa démonstration ; il est vrai qu'elle s'adresse au départ à un jeune public. Mais la lecture m'a bel et bien entraînée et le style simple et percutant m'a enchantée.
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Le Royaume du Nord, tome 4 : Amarok

A vrai dire, j'ai découvert Bernard CLAVEL sur le tard, disons, la soixantaine et par hasard, en lisant l'or de la terre, sans me rendre immédiatement compte qu'il s'agissait d'une saga de 6 volumes! Soit, mon deuxième roman de cet auteur fut donc Harricana...logique. J'ai, je dois le dire, dévoré ces récits de pionniers et aimé ces personnages haut en couleurs et extrêmement attachants de bout en bout, parfois même avec l'esquisse d'une larme, notamment pour Amarok, qui m'a particulièrement ému... On retrouve dans ce 4 ème roman de CLAVEL, toute la force impitoyable et indomptée du grand nord Canadien et précisément de la province de Québec, ou des hommes et des femmes essaient envers et contre tout de s'adapter et d'y prospérer. Le climat est presque une entité à part entière décrite par l'auteur et c'est lui seul qui dicte votre destinée, trace votre chemin, ou vous terrasse; l'hiver par son inhospitalière et tempétueuse froidure et l'été par ses canicules insupportables pour les récoltes...Quand ce n'est pas les interminables pluies automnales qui inondent tout et transforment les chemins en abominables bourbiers! Tel est le nord du canada et l'Abitibi à l'extrême ouest du Québec ou se déroule cette saga pleine de bruit et de fureur de tempêtes. Nous retrouvons dans ce tome l'expérimenté homme des bois, Raoul, chasseur piégeur et trappeur de grand renom, qui fut l'instigateur de la migration et le guide de la famille Robillard, qu'il amena dans ces désertes contrées, pour tenter d'y trouver richesse et prospérité. Ils fondèrent l'une des premières villes de pionniers...Mais ceci est une autre histoire. Cette fois l'homme des bois doit choisir entre sa liberté de chasseur et sa fidélité dans l'amitié qu'il a pour son jeune novice Timax-le fils du défunt Landry- qu'il a formé aux techniques de la trappe et de la survie en milieu très hostile...Comme ce fils qu'il n'a jamais eu,il considère ce jeune homme exceptionnellement costaud comme le sien, d'où le choix péremptoire qu'il va devoir faire après que Timax eut accidentellement tué un agent de la police militaire dans une rixe et qui, bouleversé par les conséquences de son acte, refuse de se livrer à une police violente, abusive et à une justice pas forcément impartiale. Il l'accompagnera donc dans cette fuite en avant, au bout de laquelle rien de positif ne peut ressortir, prélude à une fin de liberté totale si durement acquise. Il vont s'échapper avec un équipage de chiens de traineaux aguerris guidé par le chien de Raoul meneur de meute incontestable; une bête superbe croisée avec un loups et d'une intelligence hors normes, liée à son maitre par une sorte de fusion qui le rend particulièrement attachant au lecteur. C'est Amarok, qui le suivra jusqu'à l'épilogue de cette histoire. Jamais il ne pourra quitter cet indéfectible lien qu'ont les chiens pour leur maitre; en dépit des efforts déployés par Raoul pour l'extraire de cette impasse que lui seul à choisie.
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Les Colonnes du ciel, tome 4 : Marie bon pain

Dans ce 4ème roman des Colonnes du Ciel, c'est encore du grand Bernard Clavel (peut-être est-ce un pléonasme ?...). Des descriptions perlées de la nature, une peinture des sentiments qui donne la sensation d'entendre chaque personnage, et même de les voir, pour, tout au long de l'histoire, être dans la peau et le cœur de cette bonne Marie. Elle fait un excellent pain, elle est mère autant que femme et ne conçoit plus la vie sans "son" Bisontin-la-Vertu. Est-ce réciproque ? La route l'appellera-t-elle si fort qu'il partira, après avoir construit de ses mains le havre de paix où sont réunis ceux qui ont survécu à la Guerre de dix ans qui a déchiré la Franche-Comté à la fin du règne de Louis XIII ? L'interrogation filigrane tout le roman. Mais, jamais de pathos dans les heures de doute que traverse Marie. Le final est enlevé et les mots projettent le lecteur dans une étourdissante palette d'émotions.
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Les Colonnes du ciel, tome 5 : Compagnons d..

Cinquième et dernier volume de la saga des « Colonnes du Ciel » [qui comprenait, pour ceux et celles qui ont loupé les épisodes précédents : « La saison des loups » (1976) « La lumière du lac » (1977) « La Femme de Guerre » (1978) et « Marie-Bon Pain » (1980)], « Compagnons du Nouveau-Monde » est un livre de transition, en ce sens qu’il termine un cycle, celui des « Colonnes du Ciel » et qu’il en annonce un nouveau qui sera « Les Royaumes du Nord ».

En 1977, Bernard Clavel épouse Josette Pratte, une romancière québécoise de 28 ans sa cadette, et son œuvre va prendre un autre tournant : si son Jura natal occupe toujours l’essentiel de son inspiration, le pays de sa femme, avec ses grandes étendues, ses potentialités d’aventures, ses immenses territoires à défricher lui donne un nouvel élan, et surtout un nouveau cadre à ses romans. Clavel, on le sait, n’aime pas être confiné : il a besoin de grand air et d’espace : les histoires qu’il nous raconte sont souvent en plein air, rarement dans les huis-clos d’un appartement, il étouffe, cet homme, et le fait d’avoir exercé mille métiers, d’avoir été un errant, en a fait un personnage atypique, ennemi du parisianisme. Son œuvre éclectique lui a valu d’être catalogué comme « écrivain de terroir », ce qui est, quand on connait son œuvre, extrêmement restrictif : Clavel est essentiellement un conteur. Un conteur de destinées humaines. Qu’il les place dans son Jura natal, ou la Franche-Comté voisine, ou bien dans des territoires bien plus éloignés, ce qu’il nous proposent ce sont des aventures à taille humaine, souvent tragiques et douloureuses, et souvent traversées aussi par des beaux rayons d’espérance, et parfois même de bonheur.

Le bonheur justement, Bisontin-la-Vertu, le touche du doigt. Avec Marie-Bon-Pain iles ont traversé toutes les horreurs de la guerre et semblent à présent avoir mis le pire derrière eux. Mais Bisontin, Compagnon du devoir, est toujours tenaillé par le démon de la route. A regret il quitte Marie et, avec son ami Dolois-Cœur-en-Joie (un Porthos mâtiné de Raimu), prend le chemin de Saint-Malo où des Jésuites affrètent un bateau pour le lointain Canada. C’est ainsi que nos amis, accompagnés de Séverine, dite Jarnigoigne, une petite Bretonne qui a trouvé le chemin de son cœur, prennent la mer pour la Belle-Province. Une fois arrivés, ils auront maintes fois l’occasion de regretter le bonheur relatif qu’ils ont laissé derrière eux : ici aussi la vie est difficile : le climat est bien rude, les nouveaux venus ne sont pas toujours bien accueillis, l’emprise de la religion est extrêmement pénible (Clavel nous décrit un Jésuite particulièrement antipathique le père Therrien, qui reçoit le surnom agréable de Face d’Ortie, véritable tyran local), enfin la menace constante des autochtones, les féroces Iroquois.

Aventures de toutes sortes, donc, dans des décors somptueux : Clavel se régale – et nous régale – en nous décrivant ces grands espaces qui changent au fil des saisons, ce Saint-Laurent mythique, fleuve national, comme l’est le Nil en Egypte, et ce peuple industrieux, habitué à se battre corps à corps avec les difficultés du climat, du pays, et de ses habitants.

Ce pays a tellement conquis Bernard Clavel qu’il va y placer sa saga suivante : « Le Royaume du Nord » où l’on suivra d’autres aventuriers cherchant à coloniser des terres à la pointe extrême du grand nord, là où un jour doit arriver le chemin de fer… Une autre épopée en perspective.

Ce cinquième tome des « Colonnes du Ciel » est dédié par Clavel à son ami Gilbert Cesbron : hommage d’un grand humaniste à un autre grand humaniste, et d’un grand écrivain à un autre grand écrivain.

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Les colonnes du ciel, tome 3 : La femme de ..

Troisième volume des « Colonnes du Ciel » (après « La Saison des loups » et « La lumière du lac », et avant « Marie-Bon-Pain » et « Compagnons d’un nouveau monde »), cet épisode central est focalisé sur le personnage de Hortense d’Eternoz. Un portrait de femme fort et puissant qui au fur et à mesure de ses confrontations avec les horreurs de la guerre la fait évoluer, endurcir, et devenir une véritable « femme de guerre ».

A la fin du tome précédent, le contrebandier Barberat apprenait à Bisontin et Hortense, que le docteur Blondel, cet ange de bonté, ce fou merveilleux, « avait reçu son compte » en secourant, une fois de plus, des enfants emportés dans le tourbillon de la guerre. Hortense qui se sent « inutile, ici », (et pourtant elle en fait plus que quiconque pour aider les autres) décide de quitter le pays de Vaud, ce havre de paix, pour retourner en Franche-Comté, où l’homme qu’elle aime est peut-être en train d’agoniser. En compagnie de Barberat, elle s’engage dans une nouvelle aventure au cœur du tragique, du douloureux.

Bernard Clavel ne néglige aucun détail pour nous faire toucher du doigt la réalité de la guerre, dans ses horreurs, ses tortures, ses misères sans nom qui touchent tous les éléments de la Création : minéraux, végétaux, animaux et humains. Hortense, d’épreuve en épreuve, va s’endurcir, mais sa foi reste intacte, et son amour des enfants n’a pas diminué. La guerre est un cercle infernal, et elle, douce et frêle, va se transformer en chef d’armée, en « femme de guerre », elle va s’habituer à tuer, à aimer (ou en tout cas apprivoiser) le goût du sang. Mais il y a toujours une voix en elle qui lui dit : « est-ce bien ce que le docteur Blondel aurait voulu ? » ou de façon encore plus précise : « est-ce bien ce que toi, tu veux ? »

Les héros de Clavel sont à l’image de leur auteur : ils sont positifs : de tous les malheurs qui leur tombent dessus (et il y en a de toutes sortes), ils tirent quelque chose de bénéfique qui leur permet d’aller de l’avant. Ce sont des êtres généreux qui n’hésitent pas à se mettre eux-mêmes en danger pour porter secours à plus pauvre, plus mal loti, plus déshérité.

Personnages attachants dans une histoire extrêmement prenante par la puissance émotionnelle qu’engendre le malheur : Bernard Clavel n’en fait pas mystère, il est foncièrement, irrésistiblement pacifiste ; s’il nous décrit la guerre dans toute ses atrocités, c’est pour nous en démontrer l’injustice, l’absurde, l’absolue inanité, pour nous prouver que la guerre c’est la négation de la vie, pour nous engager au « plus jamais ça ». Vœu pieux, bien sûr, la nature humaine étant de loin supérieure à toutes les espèces animales en matière de cruauté, de cynisme, de méchanceté et de malveillance voulue et assumée.

Clavel ne se fait donc pas d’illusion, mais par la voix de ses héros, - ici de son héroïne -, il délivre un vibrant message d’espoir pour l’avenir : si le ciel ne peut pas être bleu, faisons en sorte qu’il soit moins gris. L’amour, l’amitié, la tolérance, la compassion, voilà des choses qui pourraient nous aider à y parvenir…



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Les Colonnes du Ciel, tome 1 : La saison de..

Après « La Grande Patience » (1962-1968), Bernard Clavel entame sa deuxième saga : « Les Colonnes du Ciel ». L’œuvre complète comptera cinq volumes : « La Saison des loups » 1976), « La Lumière du lac » (1977), « La Femme de guerre » (1978), « Marie-Bon-Pain » (1980) et « Les Compagnons du Nouveau-Monde » (1981).

Il s’agit d’une saga historique qui se passe en Franche-Comté, dans le courant du XVIIème siècle. La guerre fait rage : la Guerre de Trente ans qui opposait les Espagnols aux Français, faisait de ce territoire, français d’origine mais espagnol de fait (puisque bourguignon) un terrain de bataille propice à tous les malheurs. Les villageois n’avaient certes pas besoin de ce fléau, eux qui connaissaient quotidiennement la misère, le froid ou les épidémies. Mais, face aux incendies, aux pillages, aux violences de toutes sortes, certains résistent, parce que la vie doit toujours avoir le dernier mot.

Nous sommes en 1639, dans le village de Salins (aujourd’hui Salins-les-Bains, dans le Jura). Mathieu Guyon, un charretier se voit désigné pour enterrer les victimes de la peste. Mathieu, foncièrement honnête se sent un devoir envers les victimes de l’épidémie. En même temps, l’envie de fuir et de vivre « une vraie vie » le tenaille férocement. C’est le début d’une longue aventure où il va rencontrer des personnages étonnants (qu’on retrouvera pour la plupart dans les volumes suivants) : le Père Boissy, Bisontin-la-Vertu, Marie… Les temps sont durs, les hommes aussi, et les superstitions bien ancrées : on parle encore de sorcellerie. Et puis comme de tous temps, l’exploitation des riches sur les pauvres…

Bernard Clavel a réuni un énorme travail de documentation : non seulement purement historique (faits d’armes, épidémie, tout a vraiment existé à cette période et à cet endroit) mais aussi quasi ethnologique : la vie quotidienne des paysans, soldats, notables, prêtres, tout est d’une rigoureuse exactitude.

Il y a donc la juxtaposition de la Grande Histoire avec la Petite, ou plutôt le destin de petites gens dans le flot de l’aventure humaine. Bernard Clavel est un conteur-né. Il nous plonge dans cet univers terrifiant de guerre, de misère et d’épidémie, et grâce à des personnages d’une haute valeur morale (la plupart, mais pas tous), il nous montre que la vie, cette chienne de vie, vaut le coup d’être vécue, notamment parce qu’il y a l’amour, et aussi l’amitié.

C’est une impression qu’on avait déjà relevée dans d’autres œuvres de l’auteur : ces personnages sont tout sauf des stéréotypes, ou des images dans un livre : Clavel leur donne une vie intense (pas belle la vie !) qui les rende non seulement crédibles, mais attachants et sympathiques. Il sait à merveille, par ailleurs, dépeindre les paysages de ce pays (qui est le sien), avec justesse et émotion.

Avec « La Saison des loups », c’est une belle épopée qui commence. Vivement la suite !

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Le Royaume du Nord, tome 3 : Miséréré

Voila le tomme 3 de la saga "Royaume du nord "de Bernard Clavel

Miséréré est un livre qui monte en crescendo comme seul Clavel peut le faire (on aime ou on déteste ) moi c'est cocorico!!rire

Les 50et plus pages du début c'est l'arrivée des familles venue s'installer près de l'Harricana et pour trouver de l'emploi car la crise du 24 octobre 1929 en Amérique a fait beaucoup de mal aux habitants du Sud ;Perte d'emploi , famine etc...

Les personnages de Harricana et L'or de la terre on les retrouve ici avec en plus d'autres familles , conduites par l'Abbé Gauzon . Avec Clavel on s'étonne parfois devant ses héros qu'il fait vivre à fleur de peau avec parfois des phrases dures , mais on ne peut que les comprendre .Ils n'ont plus rien et avec leurs enfants il quitte tout .

Je pense en 2022 c'est toujours le cas ! 'mais c'est une autre histoire )



Une famille sort du lot car c'est sur elle qu'est battit le livre c'est la famille Labréche , avec le père Cyrille , la mère Elodie et ses trois enfants Jules Paul et Clémence .



Il y a toujours les fameux chapitres de 2 à 3 pages ici, sur la nature ou sur l'environnement historique ou se déroule le livre c'est passionnant !

Dans celui-ci , au travers des phrases des héros il y a de l'amitié ,de la générosité , du rire, de la dureté , de l'espérance , Tout cela mis en page par Clavel avec brio

et envie de partager avec ses lecteurs une histoire réelle pleine d'espoir en l'homme



Pour finir j'aimerai vous citer deux critiques :

Je cite : "Une langue juste pour faire vivre un monde d'hommes vrais " (Gilles Pudlowski) 'moi je rajoute "un monde d'homme et de femmes ...

Et

" Un grand souffle héroïque pour oublier la petitesse de nos vies quotidienne " (Thérèse Hamel )
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Les Roses de Verdun

J’ai aimé ce livre ! Le style de Clavel est brillant : il choisit comme narrateur un vieux domestique et trouve en toute circonstance le ton qui convient au personnage : à la fois simple et distingué.



On sent même une certaine tendresse de la part de Clavel pour ce domestique, Augustin Laubier, car il est respectueux et aime faire son travail le mieux possible. Ses patrons sont paternalistes, parfois agaçants à nos yeux aujourd’hui mais c’est de leur époque. En tout cas, ils l’estiment et le traitent lui et sa femme, domestique à leur service aussi, avec beaucoup d’humanité. Personne n’est parfait mais chacun fait de son mieux vis-à-vis des autres : modèle à suivre !



De plus, Laubier évoque avec discrétion et retenue l’horreur extrême de la guerre de 14-18, la vie dans les tranchées, la peur inévitable que même les plus courageux y ont connue et la mort quotidienne à Verdun de la plupart de ses camarades…

Certaines pages sont exceptionnelles. Cet homme tout simple nous touche profondément avec ses réflexions et sa sagesse, il est estimable et même plein de grandeur. En cela, on reconnaît le talent et l’éloquence pudique de Bernard Clavel.

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Le tambour du bief

J'ai une admiration particulière pour l'écriture de Barnard Clavel. Élégante, fluide, toujours au service de l'histoire.

Après des premières pages lumineuses, cependant, on devine une intrigue cousue de fil blanc et trop orientée à mon goût. Le sujet abordé (l'euthanasie) l'est "à charge" tellement la situation imaginée est caricaturale.

Le livre glisse lentement vers un dénouement prévu dès le début, à coups de longues descriptions un peu répétitives et de craquements de conscience de plus en plus profonds du principal personnage qui n'apparaissent hélas que comme une explication un peu laborieuse du geste qui sera finalement le sien.
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L'arbre qui chante et autres histoires

Cette édition, livre de poche cadet, présente 3 histoires : L'arbre qui chante, Le chien des Laurentides, La maison du canard bleu. Dans chacune des enfants de huit/dix ans, confrontés à d'autres êtres vivants : un érable dans la première, des animaux dans les deux autres. Pour les aider et les encourager à respecter la nature, de vieux sages réconfortants. Rien de mièvre dans ces récits agréables à lire et généreux.

Les enfants d'aujourd'hui seront quand même dépaysés : si les jeux d'extérieur sont toujours les mêmes, en ce temps-là pas de portable !
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Les grands malheurs

"Je suis un homme habité par la guerre". Bernard Clavel nous plonge avec cet incipit dans une longue introduction de son roman, soulignant avec faits et dates précis tous les méfaits occasionnés par les combats du XXème sicèle, et leurs répercussions sur les destinées individuelles.



On entre ensuite chez la famille Roissard, viticulteurs dans le Jura, dont on suivra la destinée tout au long du siècle, principalement pendant les deux guerres mondiales qui seront analysées du point de vue de ses témoins ordinaires, soldats mobilisés, femmes au labeur, résistants ou collaborateurs passifs.



Bernard Clavel annonce d'emblée son point de vue: il est un dénonciateur de la guerre, un pacifiste éloigné des "élites" et des enjeux géopolitiques, un proche du peuple et de la terre, un amoureux de sa région aussi.



On va vivre au quotidien avec les Roissard les pertes de la première guerre mondiale, les traces qu'elle laisse dans le corps et l'esprit, les prémices de la seconde, les suites de la "drôle de guerre", les camps qui s'affrontent et les familles qui se déchirent.



Avec en toile de fond le Jura, le travail de la terre, la fabrication de ce fameux vin jaune, le respect pour les chevaux de labeur, la vie âpre et laborieuse, mais aussi l'aigreur. L'aigreur d'Eugène Roissard qui s'amplifie au fil des ans, au point d'en perdre la compréhension de tous.



Le propos est dur. Le style simple, doux, déployé comme la vie se déploie dans ce coin de Jura avec ses difficultés, ses clartés, et ses drames. Des drames engendrés par la guerre.



Un très beau roman.
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La grande patience, tome 4 : Les fruits de ..

Un roman d'hier qui surprend un peu, avec du recul, sur ce choix pour le prix Goncourt 1968, année de contestation et de renouveau !

Quoi qu'il en soit c'est un beau roman de terroir sur la vieillesse, dans une France fracturée à la fin de la guerre et qui montre bien l'incompréhension entre les générations, qui vivent des époques différentes.

Par contre, je n'ai pas lu les trois premiers tomes mais cela ne m'a pas gêné dans la compréhension du dernier.
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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

Harricana est le premier tome de la série « Le Royaume du Nord ». C’est également un fleuve de la région quasi désertique de l’Abitibi dans le Grand Nord Canadien.

C’est l’histoire de la famille Robillard, famille de pionniers qui espère trouver une terre nouvelle pour y construire un magasin général, être les premiers sur place quand l’arrivée du train développera cette région. Ils vont affronter le terrible climat de cette région certes magnifique mais également très rude et sans pitié, territoire des trappeurs et des Indiens Algonquins.



De tous temps les hommes ont voulu conquérir des terres de plus en plus éloignées où la nature ne se laisse pas facilement conquérir. A travers ce roman, Bernard Clavel nous fait vivre toute la rudesse de ces contrées magnifiques et tous les sacrifices à supporter pour tenter d'y trouver sa place. Un livre vibrant qui nous fait vivre chaque instant passé avec cette famille décidée à ne pas renoncer.

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Les Colonnes du ciel, tome 2 : La lumière du ..

Avec ce second tome de la série « Les colonnes du ciel », nous retrouvons les personnages aperçus comme « secondaires » dans le premier tome. Marie et ses enfants, Pierre son frère et Bisontin fuit leur pays, la Comté, toujours ravagé par la guerre, pour essayer de rallier la région du lac Léman.

Que d’émotion que ce roman ! Le style de Clavel est tel que l’on vit cette traversée avec les personnages. On rit avec eux, on souffre et on pleure avec eux. Les descriptions des paysages et des sentiments sont à couper le souffle. J’ai hâte de lire le troisième tome.
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Les petits bonheurs

Une lecture sympathique qui m a permis de retrouver Bernard Clavel que j ai eu apprécié il y a?? annees

Un roman facile à lire qui parle du monde qui entoure l enfance et l adolescence de Bernard.

On y croise même un célèbre aventurier Paul E mile Victor

Un bon moment de lecture
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Le Royaume du Nord, tome 4 : Amarok

Clavel Bernard

Amarok

Je pense avoir déjà mis un mot sur ce livre que je viens de relire avec beaucoup de plaisir.

Comme plusieurs autres livres de l’auteur, l’histoire se passe dans le grand nord.

Lors d’une bagarre dans un petit bistrot de ce village aux confins de la planète, un jeune homme blesse un MP grièvement, il faut qu’il disparaisse, peur des représailles, mais aussi peur d’être conscrit.

Il remonter l’Harricana pour aller vers l’ile aux morts. Pour cela il va se faire aider par un vieux trappeur Raoul et son chien loup Amarok, qui va aller le rejoindre avec vivre et couverture. Mais ils savent que tout le village prendra parti pour le jeune homme car ils sont très soudés étant donné leur vie très rude dans cet endroit.

L’ile aux morts est un endroit où le père du jeune homme est décédé, c’était une mine.

On va vivre comme dit l’auteur « avec l’ardeur des hommes de ces forêts profondes, de ces lacs et de ces plaines infinies ». Mais le héros principal est ce chien, dévoué, plein de générosité, plus qu’intelligent pour protéger son maître et le jeune homme de ces poursuivants impitoyables.

En lisant ce livre, on voit ces étendues, ces forêts, ces grands espaces, on a l’impression de sentir ce froid glacial qui vous coupe en deux, ces pluies diluviennes, vous vous sentez aussi trempé et cela grâce à la force d’écriture de l’auteur.

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Le Seigneur du fleuve

Ce livre de Bernard Clavel est assez notable dans sa bibliographie, puisqu'il s'agit du premier qu'il voulut écrire, mais qu'il retarda sur conseil de Hervé Bazin. Ce n'est qu'après quelques années qu'il se mit à l'ouvrage et produisit "Le seigneur du fleuve", roman ambitieux qui parle aussi bien du Rhône que d'un homme ...



Ce roman est une sorte de condensé des autres livres de Clavel. On y retrouve toutes les thématiques chères à l'auteur : la fin d'un monde et d'une époque ; la solidarité des ouvriers et les temps difficiles ; les paysages majestueux, enchanteurs, mais aussi violent et impitoyable ; une nature qui donne la vie et sait la reprendre ; la force et la hardiesse de ceux qui œuvrent de leurs mains. Bernard Clavel nous raconte ceux qui n'étaient pas du grand monde, mais du petit, de celui qui travaillait chaque jour et vivait aussi dignement que leur argent le permettait. J'aime ses portraits de paysans, ouvriers, manœuvres, marins qui parsèment son œuvre. Ici encore, une figure centrale sera présente, en la personne du patron de tout cet équipage, Merlin. Figure de fort, mais aussi borné et têtu, ce qui le conduira jusqu'à des actes fous. Merlin incarne cette idée, chère à l'auteur, d'une personne accomplie, travaillant de ses mains à son œuvre, gagnant son pain à la sueur de son front et faisant face aux éléments naturels autant que technologique.

Si le personnage peut sembler un peu trop lisse dans son côté perfection, il est néanmoins pétri de bonnes intentions et de mauvais côté. Ces mauvais côtés qui mèneront d'ailleurs à un dénouement tragique. Bernard Clavel nous pond une chimère, incarnation de ce qu'il voit et ressent dans ces métiers-là, dans ces personnes maintenant disparues. Il retrace des portraits de ce que fut la vie des gens, avant tout notre progrès et notre technologie. Et sans tomber dans le travers de la complaisance ("c'était mieux avant") ni nier les nombreux risques qu'ils prenaient au quotidien. C'est un portrait de vie, de ce que fut la vie de nombreuses personnes. Bernard Clavel aime se faire porteur de leur mémoire en l'écrivant avant qu'elle ne disparaisse.



Cependant, j'ai un peu de réserve vis-à-vis de ce livre. Par rapport à d'autres livres de l'auteur, je trouve celui-ci plus fade, plus terne. Peut-être par la distance avec le sujet, ou par la géographique qui me parle moins que le Jura qu'il aime tant décrire. Mais aussi, et probablement, parce que j'ai été moins touché par les personnages et leurs histoires. C'est plus terne, plus facile. J'ai moins ressenti ce frisson que certains personnages de l'auteur m'ont déjà donnés. Ma lecture ne fut pas déplaisante, mais je suis resté sur ma faim. C'est dommage, j'apprécie toujours autant l'auteur mais je deviens plus difficile maintenant. Cela ne m'empêchera pas d'en lire d'autres, c'est certain.
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L'arbre qui chante et autres histoires

Bernard CLAVEL. L’arbre qui chante et autres histoires.



Trois nouvelles rafraîchissantes de Bernard CLAVEL, non réservées aux enfants.



L’arbre qui pleure :

Un vieil érable trône dans la cour, il se dresse, complètement décharné, étend ses longues branches dénudées, il est sec : il est très vieux, il est mort. Les enfants, Isabelle et Gérard, en vacances chez leurs grands-parents l’ont toujours connu. Et cette année, cet hiver, plus un oiseau sur ses branches ! Il neige, les enfants donnent des graines aux oiseaux. Un grand lapin mécanique approche, puis frappe à la porte du logis. Qui est là ? Un fantôme, un revenant ? Non, c’est Vincendon, l’ami de grand-père. Devant le chagrin des enfants il promet que l’érable chantera ? Au printemps, l’arbre est abattu. Les enfants sont dépités. Comment cet arbre transformé en vulgaires planches, en bois de chauffage va-t-il pouvoir s’exprimer ? Et un deuxième hiver arrive et l’ami Vincendon revient et là : l’érable chante.



Le chien des Laurentides :

Un chien quitte son méchant maître et se réfugie à la campagne. Il pleut abondement il s’abrite dans une grange. Là, il va faire la connaissance d’une petite fille Céline. Ces deux êtres se comprennent et se parlent. Une belle amitié naît. Mais les parents de Céline ne veulent pas d’animal. Céline et le Chien vont user de subterfuges pour regagner la ville ensemble. Cependant le chien ne veut pas perdre sa liberté. Trouvera-t-il le bonheur de vivre comme il l’entend, tout en demeurant libre ?



La maison du canard bleu :

Christine et Roger sont en vacances, à la campagne. Ils jouent dans les bois, à proximité de la demeure familiale. Il y a des règles de conduite, des limites de propriété à ne pas dépasser. Ils ont six et neuf ans. Ils ont interdiction d’aller sur la jetée de l’étang. Mais Roger ose défier les prescriptions et s’aventure plus loin que prévu. Il voit sur l’étang un canard bleu. C’est une jeune garçon, alerte et fanfaron. Il va se servir de son lance-pierre pour attaquer ce volatile, mais il sera victime de son imprudence. La découverte de la nature sauvage va entraîner ces enfants à dépasser les limites permises jusqu’à la mésaventure. Heureusement, le père Simon, un vieil homme bienveillant épargnera la punition. Encore une belle amitié entre les générations, un amour pour la nature, la faune et la flore à respecter.



Ces trois nouvelles éveillent l’enfant, l’adolescent au respect de la nature. De belles descriptions de la campagne canadienne. Il faut dire que Bernard CLAVEl a vécu dans ce pays une partie de sa vie, fuyant sa province natale, la Bourgogne. A lire dès sept ans mais aussi pour adolescents et adultes. Une manière d’aborder cet auteur qui a beaucoup écrit et je me permets de vous recommander ; »Brutus », « L’espagnol », « Le soleil des morts », etc.… Bon week-end et bonne lecture. (26/03/2021)


Lien : https://lucette.dutour@orang..
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