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Critiques de Bernard Clavel (617)
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La Grande patience, tome 1 : La Maison des ..

Une relecture idéale pour moi en cette période de l’année. J’ai reçu La Maison des autres en cadeau de Noël 1992 pour mes presque treize ans. Ce très beau présent m’a fait découvrir un écrivain contemporain, Bernard Clavel, auteur de La Grande Patience dont le quatrième et dernier tome, Les Fruits de l’hiver, a obtenu le prix Goncourt en 1968.



Je me suis très vite passionnée pour ces quatre ouvrages car Bernard Clavel avait le talent d’écrire pour petits et grands, de sept à soixante-dix-sept ans, comme il est coutume de dire. Il avait d’ailleurs confié à une journaliste dans Bernard Clavel, qui êtes-vous ? qu’il trouvait que la langue est belle quand elle s’adresse à tout le monde. Je partage pleinement cet avis. Henri Troyat avait un talent similaire, je pense entre autres à des textes comme Youri, Aliocha et La Gouvernante française qui m’ont fait découvrir la révolution russe. Ce n’est pas donné à tout le monde de savoir captiver à la fois les enfants et leurs parents, d’écrire aussi pour la jeunesse sans que ce soit pour autant catégorisé « young adult », anglicisme oblige.



Ce n’est pas la révolution russe que m’a fait découvrir Bernard Clavel avec La Maison des autres et La Grande Patience mais la Seconde Guerre mondiale. Bernard Clavel est, dans cette fresque historique, le peintre d’une époque, celle de sa jeunesse et de la vie de ses parents. Cette époque était celle de mes grands-parents (leur jeunesse) et de mes arrière-grands-parents. Ainsi se fait la transmission en famille, grâce à l’art du conte oral ou écrit.



Plusieurs chroniques de mes amis m’ont donné envie de redécouvrir son œuvre. La Maison des autres évoque les conditions de vie difficiles des apprentis en 1936 à travers l’histoire de Julien Dubois âgé de quatorze ans qui deviendra le jeune homme du Cœur des vivants plongé au cœur de la Seconde Guerre mondiale et l’homme accompli des Fruits de l’hiver que ses parents ont hâte de revoir. Celui qui voulait voir la mer et Les Fruits de l’hiver sont davantage axés sur la vie des parents de Julien pendant l’Occupation. Le personnage de Julien est grandement inspiré de la vie de Bernard Clavel.



Bernard Clavel est un écrivain qui n’a jamais renié ses origines modestes et qui a eu le courage de refuser la légion d’honneur car son père, qui avait fait la Première Guerre mondiale, ne l’avait pas eue. Un père et une mère qui ont inspiré Les Fruits de l’hiver et qui, comme beaucoup d’hommes et de femmes de cette génération, auraient bien mérité cette décoration.



Un écrivain à lire, relire et pourquoi pas offrir un de ses livres en ces périodes de cadeaux.



« L’homme qui n’a point été apprenti est un grand enfant » Alain.



« Dans une société sage, chaque humain devrait faire un temps de service parmi les pauvres. Ainsi saurait-il demeurer leur frère dans la fortune. » Thyde Monnier.



(Épigraphes de La Maison des autres.)
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L'homme du Labrador

Les bistrots de Lyon, Bernard Clavel les connaît bien. C’est sa ville, sa terre, aux abords du Rhône qu’il a tant de fois célébré. Et ce n’est donc pas un hasard s’il choisit le café des Trois Maries pour faire débarquer son Homme du Labrador, grand conteur d’aventures qui va trouver un public rapidement acquis à ses récits.



Ces gens simples dont Clavel sait parler avec tant de réalisme, en utilisant la simplicité de leur vocabulaire, en se mettant vraiment à leur place -- n’est-il pas en fait l’un des leurs? -- vont frémir aux histoires qui arrivent avec cet homme du grand nord canadien. Faut-il croire tout ce qu’il raconte, quelle est la part de la vérité et de l’imaginaire?



Clavel entretient un suspense oppressant pour un final dont il a l’habitude, lui qui donne très rarement dans les " happy end", mais le lecteur finit par y croire avec tous ceux qui voient des changements possibles de leurs existences en suivant vers là-bas l’homme du Labrador.



L’écriture de Clavel est alerte, simple, directe, elle ne s’encombre pas de fioritures inutiles. Il peint la vie des gens tels qu’ils sont, les observent dans leurs rêves, imagine leurs désillusions, quelquefois donne l’impression de jouer avec eux comme s’ils étaient des poupées.



L’Homme du Labrador, ce sont les grands espaces amenés dans l’obscurité du bistrot lyonnais, des ruelles de la vieille ville où les traboules proposent aussi une forme d’aventure. C’est le rêve éveillé, dirigé par un écrivain en maîtrise totale de son sujet.

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Le Royaume du Nord, tome 3 : Miséréré

Ce troisième tome de la série sur Le royaume du Nord est un vraiment roman de conquête mis en scène par Bernard Clavel à partir de faits historiques dans lesquels il a inséré ses propres personnages.



La crise de 1929 pousse les familles de colons à s'aventurer plus avant dans ce dangereux royaume du nord pour y rechercher une vie meilleure malgré tous les dangers de la nature, le froid dont Clavel est un peu spécialiste. Lassitude, fatigue, douleurs diverses, rien ne saurait arrêter ces conquérants d'un monde nouveau, meilleur peut-être.



On retrouve des personnages déjà rencontrés dans les opus précédents. Chaque lecteur peut donc ressentir à sa manière attachement aux différents protagonistes, compassion devant les injustices et, toujours, émerveillement devant le savoir-faire de Bernard Clavel pour camper ses acteurs en leur conférant à chacun une dimension unique.



C'est un beau roman d'aventure épique, de nature sauvage, de forêts, où les éléments sont bien souvent des adversaires des hommes peu équipés pour les affronter. Le texte de Bernard Clavel est toujours saisissant et conquiert superbement des lecteurs avides de ces grands espaces du nord canadien.
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Le Royaume du Nord, tome 2 : L'or de la terre

Au royaume du nord, il était logique que Clavel consacre au moins un tome aux chercheurs d'or; c'est fait avec ce deuxième tome qui met en scène un homme qui va creuser pour la conquête du métal jaune.



Alors, la conquête n’est jamais simple et les tragédies vont s’enchaîner, Bernard Clavel jouant avec la vie de ses héros, ne les épargnant en aucune façon, les mettant même devant des situations plus que dramatiques, la mort étant souvent le terme de ces épopées personnelles inabouties.



Clavel joue aussi avec les nerfs de ses lecteurs qui n’ont guère le temps de s’attacher à l’un ou l’autre des protagonistes car peu échappent à la roue du destin, de leur destin que Clavel façonne admirablement avec toujours ce suspense qui laisse espoir et puis, tout d’un coup, anéantit définitivement.



Le style de Clavel porte ces destinées avec le talent qui est le sien, cette série me paraissant quand même moins prenante que ses oeuvres situées en Franche-Comté ou sur Rhône.

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Le voyage du père

Mon unique lecture de Bernard Clavel, avant le voyage du père, remonte à 1975 et Malataverne. Une sorte d'éternité pendant laquelle je n'ai plus gouté aux pages de l'auteur.

Et puis il y a peu, dans un Emmaüs ou une autre librairie solidaire, j'ai rencontré le voyage du père et sa couverture illustrée et réaliste comme la collection J'ai lu avait coutume de les réaliser dans ces années 60 et 70.

Et puis, je me suis dit que Bernard Clavel méritait une nouvelle visite sans trop tarder.

Une belle redécouverte, que ce récit d'un court voyage au bout de la tristesse et de la désillusion.

Pauvre Quantin, pauvre père et pauvre mari!

La colère de sa femme, les pleurs de celle-ci et de sa fille cadette le décident, sur le champ, à partir quérir Marie-Louise partie à la ville et qui ne revient pas pour la Noël.

Sa mission dans la grande ville, pour tenter de ramener sa fille aînée, ressemble à une offensive désespérée dans une bataille perdue d'avance.

La ville est hostile, comme tout terrain que l'on ne connaît pas. le froid et l'obscurité y sont différents de la campagne de Quantin. le temps y bat plus vite, et le paysan ne suit pas. Son pas n'y est pas assuré. Il se sent anachronique, on dirait "has been", maintenant! Quantin sent son impuissance et sa colère croître à chaque nouvelle étape de sa randonnée urbaine.

Les rencontres de Quantin avec ceux qui connaissent Marie-Louise, sont ambigües et soufflent le chaud et le froid. Les portes se referment sur le vieil homme seul... Et il va falloir rentrer à la ferme! Que dire, que faire?... Et il faudra continuer de vivre.

Ah, ces retrouvailles d' Horusfonck avec Bernard Clavel!

J'ai eu tellement froid, avec Quantin, dans cette ville de Lyon. J'ai ressenti tant de désarrois et de tristesse dans ces pages superbement composées, de cette précision d' horloger du bien écrit.

Mon coeur s'est serré comme celui de la cadette Denise que sa sœur aimait tant.

J'ai ressenti l'égarement désespéré de l'instituteur amoureux transi et définitif de Marie-Louise.

Comme ce livre est beau et cruel, profond et tendu comme ce temps qui passe et s'échappe.

Juste ce qu'il faut pour un livre.

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Les larmes de la forêt

LA GUERRE.

Partout..., toujours..., invariablement..., comme inhérente à l'homme. Comment faire ? Comment dire aux enfants ? Aux nôtres, aux leurs, d'ici, d'ailleurs, d'aujourd'hui, de demain, ce que ceux d'hier ont connu, ont vécu, ont souffert. C'est ce qu'a entrepris Bernard Clavel et avec un certain brio au travers de ce conte philosophique et métaphorique.

Depuis des temps immémoriaux, les loups de Mahigan et les renards aux ordres de Wagoc se font la guerre à tour de rôle. Rien n'y fait, ni les souffrances endurées, ni les pertes subies, ni les supplications des femelles de chaque clan.

Après une bonne série de meurtres, les deux clans signent une paix de polichinelle et reprennent de plus belle quelque temps plus tard. (Au passage, ça ne vous rappellerait pas un certain scénario où les loups et les renards sont des Isarëliens et des Palestiniens ?)

Mishéwog, le frêle chevreuil de la croix rouge internationale ne peut que faire le bilan des dégâts à chaque fois. Il hurle, il clame, il exhorte chacun à arrêter la guerre, mais tout ce qu'il récolte c'est une volée de coups de dents ou de griffes au passage.

C'est l'impasse, et il s'en entretient avec Wabémakwa, le vieil ours solitaire. Lui n'a plus d'illusion de rien. Il pense que la situation est sans issue et qu'il faut l'accepter comme ça et ne pas fourrer son nez dans les histoires de loups ou de renards.

Mais c'est sans compter avec l'énergie de Mishéwog, l'énergie du désespoir si vous voulez, mais l'énergie tout de même. Si bien que le fragile chevreuil convainc le gros ours d'aller donner de la voix entre Mahigan et Wagoc...

Qu'en sortira-t-il ? C'est ce que je m'autorise à ne vous pas dévoiler.

Un mot encore de l'illustration. On aime ou pas ce style, mais c'est suffisamment rare pour être signalé, il s'agit de xylogravure, donc une technique qu'il peut être intéressant de faire découvrir aux enfants.

Un album donc très riche et fertile, pas spécialement facile, à réserver aux enfants de cycle 3 (CE2-CM1-CM2) mais qui vaut vraiment le coup, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le voyage du père

Bernard Clavel devrait refaire surface dans nos lectures. Relecture de ce bouquin qui m'avait fortement émue à l'époque. Une ferme isolée dans le Jura. Quantin y vit avec sa femme qui sait le sermonner et sa fille petite dans sa tête. Noël et son blanc manteau approche. Ne manque que Marie-Louise la fille aînée partie vivre et travailler à Lyon. Quantin, poussé par les reproches de sa femme, prend le train espérant y ramener sa fille pour le réveillon. Une triste errance démarre pour lui dans les rues de la ville. Où se trouve Marie-Louise ? Pourquoi chez ses anciens employeurs rit-on de lui ? Il ne comprend pas qu'une coiffeuse travaille la nuit. Au fur et à mesure de ses découvertes, les émotions du père vont se transformer et aussi celles du lecteur. Avec la neige en toile de fond et l'éloge de la vie rurale. Poignant et réaliste !
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Le voyage du père

La neige a recouvert mon cœur. Je me suis toujours senti un peu seul par moment, même en famille. Une façon de m'isoler pour regarder les terres, sentir les saveurs du feu dans la cheminée, surtout quand il fait blanc dehors, que les sons s'amenuisent, s'étouffent. Même ceux de mon épouse. C'est une femme forte dans un monde de rigueur, elle ne nuance rien et hurle jusqu'à vous étourdir. C'est pourtant quand elle ne dit rien qu'elle crie le plus fort. Car elle vous pénètre du regard et lit en vous. Elle a une manière si particulière de montrer ses sentiments, je ne lui en veux pas, la vie est dure chez nous dans cette ferme isolée. Et puis on a notre petite Denise qui me réchauffe le cœur si souvent. Quand nos yeux se croisent, nous parlons par la vue de peur de relancer la mère, qui préfère ne pas nous voir nous appesantir sur des bricoles inutiles. Elle a ma solitude et les yeux de sa mère, toutes deux ont l'espoir en commun. Cet espoir c'est Marie-Louise, notre grande partie à la ville, que j'ai laissé partir à la ville. Elle doit revenir pour passer Noël avec nous. La crèche est prête et l'attend. Cet espoir, je suis parti le chercher à la grande ville, Lyon. Je suis revenu comme un honnête homme. La bise a transpercé mon cœur.



L'amour de la terre paysanne, le froid hivernal, les images de la ville sont si bien rendus par Bernard Clavel. Une opposition entre deux mondes. Et les sentiments si profonds, ces tourbillons d'émotions qui vous glacent plus que le vent qui pénètre. Si j'ai aimé ce livre ? Oh oui !
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Tiennot, ou, L'île aux Biard

Tiennot est un pauvre bougre qui a 35 ans lorsque son père, la seule famille qui lui restait, meurt. Certes, il sait faire des choses mais rester seul, ainsi, sur son île, est-ce bien raisonnable ? Les habitants du village lui conseille de chercher une femme. Lorsque Flavien, le cabaretier, lui amène Clémence, cela change la vie de Tiennot. Mais les éléments se déchaînent. La Loue est en crue et la jeune femme a peur…



Quel magnifique texte ! Bernard Clavel met en scène la vie quotidienne des petites gens. L’atmosphère est aussi rude que l’endroit où habite son personnage. On s’attache à Tiennot, bien que rustre, car on sait qu’il est simple d’esprit. On se prend de compassion pour ce pauvre bougre même s’il n’accomplit pas que de bonnes choses. Bref, c’est âpre, c’est prenant, c’est riche en émotions.
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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

Nature writing. Ce livre célèbre la Nature, les Indiens, et les pionniers. Eux seuls en sont les acteurs, autour d'un pont à bâtir sur le fleuve Harricana qui va se jeter dans la baie d'Hudson.

La construction du pont doit faire passer le trans-canadien au dessus du fleuve.

Alban et Catherine Robillard, prévoient la construction d'une petite agglomération à cet endroit ; ils sont venus avec les enfants pour s'implanter devant ce fleuve afin d'ouvrir un magasin général. Mais ils doivent faire face aux rigueurs de la nature. Ils arrivent juste avant l'hiver, et il fait moins 60.

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Les combats sont atroces : deux terribles vents contraires luttent l'un contre l'autre, tels des colosses ;

l'hiver est rude. Des caribous, les pattes ayant percé la glace d'un lac, se débattent, le ventre posé sur la surface gelée ;

le jeune Georges Robillard lutte contre la congestion qu'il a attrapée, pendant que son oncle, trappeur, coureur des bois, lutte contre les congères pour chercher un médecin à Cochrane, et qu'un vieil Algonquin propose ses services de guérisseur ;

au printemps, la fonte des glaces et des neiges fait se déverser, avec une force peu commune, des torrents déviés qui reprennent leurs pente naturelle, emportant tout au passage ;

la forêt, vaincue par les défricheurs, reprend petit à petit ses droits ;

l'été arrive et un incendie géant, avivé par un vent féroce, semble vouloir, telle une âme divine, détruire le village nouveau-né, pour que la Nature reprenne ses droits.

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L'écriture est belle, poétique. Le vent, la forêt, l'eau, le feu sont comparés à des boxeurs ou un tigre qui ruse avec sa proie, les hommes qui le combattent. Bernard Clavel met le lecteur dans la peau des pionniers. On suit Raoul, "le coureur des bois", à grandes enjambées, on s'inquiète comme Alban de la faisabilité du projet, on est ferme comme Catherine pour veiller sur sa progéniture, on rêve à "la trappe" et aux "campes" comme Steph qui idolâtre son oncle Raoul.... mais aussi, on pense aux Algonquins, qui étaient là avant, et qui sont prêts à distribuer leurs onguents pour les Blancs malades....

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J'aime profondément la Nature, la forêt, les arbres, les lacs, les rivières, la neige, les rochers, la mer. J'ai fait deux jours inoubliables de canoë avec une tente, descendant une rivière calme et un lac, au dessus de Montréal. C'était l'été !

Pour moi, la Nature est plus belle que la ville. A quoi sert la civilisation du "vite-vite", du "Toujours plus" , de l'intolérance ?

Pour l'argent, les hommes ont massacré les Indiens d'Amérique du sud comme ceux du nord. Au nom de quel principe a t-on le droit de tuer nos hôtes ?

Il semble malgré tout que le Canada, qui a une Histoire compliquée comme tous les pays, ait eu plus d'humanité envers les peuple autochtones. "Les Algonquins poursuivent le gouvernement du Québec, contestant la loi sur les mines. "... Ce qu'il reste de Comanches peuvent t-ils en faire autant contre Donald Trump ?

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Dommage que ces terres n'aient pas eu un Gandhi, avec des millions d'indigènes derrière eux, pour chasser les importuns.

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Le voyage du père

Dans un petit village du Jura, Noël approche. L'hiver avec sa première neige, vient d'y prendre ses quartiers. Chez les Quantins on se prépare à la fête, Marie-Louise coiffeuse à Lyon revient pour l'occasion.

Mais ce matin le facteur toque à la porte, apporte des nouvelles : Marie-Louise ne viendra pas.

La mère, Isabelle, se met en rogne et invective son mari, et sous la pression de sa femme il se sent obligé d'aller à Lyon pour tenter de trouver une explication. Vingt ans qu'il n'y ait pas allé, sûr ça a dû changer.

Alors Quantin se met en route mais que peut faire un pauv' paysan dans une grande ville moderne, dans un endroit ou il n'y a ni ciel ni horizon.

A l'adresse indiquée sa fille n'habite plus. On lui en donne une autre, mais elle n'est pas là. Elle ne rentre pas avant deux heures du mat' la Marie-Louise. Mais quel est ce métier de coiffeuse qui se termine au milieu de la nuit ?

Quantin est du genre taiseux. Taiseux et cogiteur. Son pauvre ciboulot n'en plus de réfléchir et de partir en vaines suppositions.

Un roman où Bernard Clavel donne la part belle au monde rural : dur mais sain. Contrairement à la ville ou pour lui tout est méprisable et malsain ou tout va trop vite ou les gens se croisent sans se regarder, sans se parler. Nous suivons les allées et retours de Quantin, aussi bien dans la ville à chercher sa fille que dans son esprit à remettre en doute son métier de coiffeuse.

La force de ce court roman porté à l'écran, réside dans la description des émotions ou nous sommes sans arrêt, balancés, entre l'espoir et le désespoir. C'est aussi les déscriptions méticuleuses des lieux, tout est clair, net, précis, coloré.

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Le Royaume du Nord, tome 6 : Maudits sauvages

Le style de Bernard Clavel est toujours simple, imagé, équilibré. Il se lit facilement.

Il sent bon la terre, l’eau, la bête, l’arbre, la fumée….le sauvage.

Ce roman, fait de courts chapitres, entrecoupés d’extrait de courriers, d’articles de journaux, de notes de missionnaires, et de décisions de justice est très vivant.



Et que nous conte ce roman ?

La vision lucide de la mort de son peuple par un vieux chef Wabamahigan, indien du grand Nord canadien

Un monde où tout tournait rond a l'image du wigwam et du village

Le cercle universel est tout ce qui constitue son monde: soleil, lune, cycle des saisons, de la vie et de la mort, le corps des morts que l’on sangle pour lui redonner sa forme de fœtus avant de le remettre dans le ventre de sa mère la terre.



Tout tourne, tout se renouvelle, tout est fluide. Alors les angles des maisons des blancs, les tombes creusées au carré, l’esprit anguleux fait de tromperies, la croix de ce Christ qu’on cherche à leur imposer ne sont pas pour eux



J’ai été très sensible à cette vision claire que l’auteur nous donne du choc de ces cultures : Carré versus cercle. Ça paraît simpliste mais c’est bien cela.



Bien sûr, vous l’avez deviné, ceux qui gagneront ce sont….les mauvais, les blancs, nous….



Car comment pouvaient-ils résister à l’appel de cette civilisation, la nourriture facile, le confort de l’électricité, des ski-doos, des moteurs de bateau ?

Aussi lorsque les blancs entreprirent les immenses chantiers de barrages hydro-électriques de la baie James. Pratiquement tous acceptèrent les indemnisations proposées par le gouvernement, en échange de leurs terres de chasse traditionnelles.



Seuls quelques irréductibles « maudits sauvages » tinrent tête à l’homme blanc se replièrent sur eux-mêmes et refusèrent tout en bloc. Leur chef Mestakoshi aura la « chance » de mourir avant de voir son arrière-petit-fils, désœuvré, gratter des billets de loto en buvant son Coca-cola.



Quelle tristesse….mais un bien beau roman

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La table du roi

Faites-vous partie du clan royaliste ou bonapartiste ?

Mathias, le batteur d'eau, n'en a que faire de connaitre vos aspirations politiques, il doit maintenir sa lourde embarcation amarrée à la Table du Roi, ce rocher plat posé au beau milieu du Rhône entre Condrieu et Hermitage où le vin coule aussi fort et charpenté que le fleuve.



Dans la nuit noire alors que le vent se déchaine, que la pluie tambourine Rochard son batelier sauve de la noyade Olivier un jeune excité royaliste qui s'est échappé après avoir tiré sur un des bonapartistes qui le poursuivait.



C'est ainsi que débute cet huis-clos qui n'est autre qu'un éloge de la paix durable et une condamnation de l'armée et de ses exactions.

La Table du Roi devient un ilot de neutralité, un abri d'humanité entre la rive royaliste d'un côté et bonapartiste de l'autre.

Napoléon a débarqué à Juan-les-pins, les cent-jours viennent de commencer, les vieilles rivalités ressurgissent avec leurs parfums de revanche lorsque accoste sur la barque de Mathias l'impartial un petit détachement de bonapartistes venu débusquer Olivier.



« Une guerre civile après tant d'autres guerres ? de quoi être écoeuré. Tant et tant de mort pour rien. Pour le seul orgueil d'un dément. »



Malgré cette phrase d'actualité, ce roman à l'écriture fluide ne me laissera pas un grand souvenir, son côté manichéen voire naïf ainsi que les idées répétées m'ont parfois ennuyé.

Mon premier contact avec Bernard Clavel est un peu décevant mais tout de même adouci par la force tranquille, la moralité et la bonté de Mathias qui redoute l'issu du drame qui se joue sur sa barge dans la nuit interminable.



« Une nuit qui se nomme la guerre. Sa vue se brouille et des larmes coulent de ses yeux. Ce n'est pas cet inconnu qu'il pleure, c'est la guerre. Ce sont tous les morts de toutes les guerres comme si ce fleuve qui roule des flots noirs portait le deuil du monde. »







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La bourelle

Comme vous le savez, moi, j'aime bien les livres qui me racontent une histoire. Une vraie histoire. Une histoire qui ne délaye pas la banalité de mon univers quotidien ; cet univers qui n'a rien d'extraordinaire et que je ne connais que trop bien.

J'ai toujours gardé en moi cette part d'enfance qui a besoin d'étonnement, d'ailleurs. Et, en cela, cette nouvelle a fort bien rempli son office. Autre temps, autres lieux, et cette "bourrelle" - qui n'est autre que la femme du bourreau - qui, malgré sa soif de vivre et de vivre libre, a le chic pour s'attirer les pires ennuis.
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Malataverne

Édité en 1960 chez Robert Laffont, réédité en 1992 dans la collection J'ai Lu, « Malataverne » est probablement le roman le plus connu de Bernard Clavel.



L'histoire ? Vous êtes dans un petit village du Jura dans la première moitié du 20ème siècle. Trois adolescents un peu voyous chapardent de nuit des fromages dans une ferme. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'une génisse va profiter de la barrière du pré grande ouverte pour s'échapper, dévorer de la luzerne et en mourir d'indigestion : on la retrouvera le lendemain, et le paysan alertera la gendarmerie pour que cessent les maraudes et que les voleurs soient attrapés. Se sentant l'étoffe de super-héros, nos adolescents passent à la vitesse supérieure et conçoivent un plan pour voler dès la semaine suivante une vieille dame -Mme Vintard - qui cache ses économies au fond d'un bocal, dans sa cuisine : ils devront empoisonner le chien de cette dame et, pour lui faire peur, au cas où, l'un d'entre eux se munira d'une barre de fer. Et le sang sera versé ...



Nos jeunes gaillards sont copains mais ils ne se ressemblent pas, tant du point de vue physique que du point de vue du caractère : Serge est un blondinet maigrichon, un tantinet suiveur et très fils de famille ; Christophe est solidement charpenté, et pilote le trio ; quant à Robert, le plus jeune, il est apprenti-plombier et son père, alcoolique depuis le décès de son épouse survenu depuis quatre ans, le laisse se débrouiller tout seul, limitant toute communication avec son fils. Bref, nos adolescents essayent de s'intégrer tant bien que mal dans le monde des grands, quitte à commettre de très grosses boulettes. En décidant de cambrioler la maison de la mère Vintard, savent-ils qu'ils s'exposent à de la prison ? Belle entrée dans le monde des adultes ! Mais que ne ferait-on pas pour être considéré comme un caïd ? Boire du vin rouge, fumer et sortir avec une fille, ça ne suffit pas. Dans « Malataverne », Bernard Clavel ne fait que suggérer la violence : il la met en scène à fleuret moucheté plus qu'il ne l'exhibe. Et cette violence est partout : dans la nature, forte et indomptable, dans les sentiments de Robert pour son amie Gilberte -la fille d'un fermier voisin-, dans la colère qui saisit la servante du curé lorsqu'elle constate que Robert -qui ne vient jamais à l'église- insiste pour voir le curé en pleine nuit, dans l'évocation des crimes qui auraient été commis à l'encontre de voyageurs alors que cette ferme isolée n'était encore qu'une auberge, dans la lutte au corps à corps qui oppose Christophe à Robert, dans la révolte intérieure qui conduira Robert à se refuser à commettre l'irréparable. Robert, le héros du livre, agira ainsi en individu responsable, se posant la question de savoir si ça faisait sens de passer à l'acte, pour quel acte et dans quelles conditions. Responsable mais pas encore mature ...



Le livre est d'une taille réduite (157 pages) mais il nous propose une réflexion sur le rejet de toute violence, sur la défense de la nature et sur le passage des adolescents à l'âge adulte. Dans notre société d'aujourd'hui, ce dernier thème reste terriblement actuel. Avec « Malataverne », vous plongez dans un ouvrage plaisant, écrit dans un style simple mais efficace, avec des portraits et des états d'âmes bien brossés. Le livre pourra paraître manichéen et un peu désuet ; certaines longueurs pourront ne pas plaire. Je mets quand même trois étoiles.

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La retraite aux flambeaux

Ouvrir un roman de Bernard Clavel est pour moi l'assurance de retrouver un ami et le plaisir de le laisser me raconter une de ces histoires dont il a le secret. Je pioche donc régulièrement dans sa bibliographie, et pour mon plus grand bonheur, cet auteur nous a laissé une oeuvre immense.

Dans ce livre, je retrouve dès les premières pages ce que j'aime chez lui. Un style simple en apparence, une langue franche et belle, et surtout, des personnages rudes et authentiques auxquels on s'attache.

Ferdinand me plaît d'emblée. Je sais que sa compagnie va être agréable, et je ne serai pas déçue, jusqu'à la fin.

On retrouve dans cette histoire des thèmes chers à l'auteur comme la glorification de la vie rurale avec ces hommes et femmes francs, bons et honnêtes.

Mais avant tout, Bernard Clavel dénonce, une fois de plus, l'absurdité de la guerre. Et il le fait d'une façon magistrale. Pas de grande scène de combats, de batailles grandioses : il nous montre avec force ce que la guerre peut faire faire à des personnes simples. L'absurdité et l'horreur sont là, contenues dans ces quelques lignes.

D'une simplicité apparente, que ce texte est puissant !

Un roman court et percutant.

Plus que jamais, j'aime Bernard Clavel !
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L'arbre qui chante

J'aime de temps à autre lire ou relire un bon livre pour enfants.

Mais attention, pas n'importe quoi. Pas le genre de livres que certains éditeurs pondent au kilomètre en étiquetant ça pompeusement "littérature jeunesse", alors qu'il n'y a absolument rien de littéraire dedans.

Non, non, et non !

Les enfants, comme les adultes, ont droit à de bons livres. Intelligents et bien écrits.

Et ce n'est pas parce qu'on s'adresse à des enfants, aussi jeunes soient-ils, qu'il faut appauvrir le contenu, restreindre le vocabulaire et employer une syntaxe minimaliste.

Le faire est méprisant ; c'est penser que les enfants ne sont pas capables de s'intéresser à autre chose que de l'inconsistant, c'est penser qu'ils ne peuvent apprécier que ce qui est simpliste.

Bernard Clavel fait partie des auteurs qui l'ont bien compris, et les ouvrages qu'il a écrits pour les enfants sont de très grande qualité. Dit clairement : ils ne sont pas de qualité inférieure à ses livres pour adultes.

L'arbre qui chante raconte une belle histoire, douce et poétique.

L'éditeur indique que ce livre s'adresse aux enfants de CE2, et pourtant l'on y trouve du passé simple et des mots tels qu'incrédule ou bûcher.

Tant mieux !

J'ai des souvenirs très précis des deux ouvrages qui ont marqué mon parcours de jeune lectrice. Plus précisément, ce sont ces livres qui ont fait de moi une lectrice : Tistou les pouces verts de Maurice Druon, et Le pays des 36 000 volontés d'André Maurois. Je les ai lus et relus un nombre incalculable de fois. Plus tard, je les ai lus à mes enfants, auprès de qui ils ont eu un franc succès. Ils ont en commun d'être merveilleusement bien écrits, dans une langue riche et exigeante, et de proposer une histoire amusante, originale, et pas du tout simpliste. J'y vois là les raisons de leur succès.

Alors, vive l'arbre qui chante, et vive la véritable littérature jeunesse !

Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous recommande également les légendes de Bernard Clavel (Légendes des lacs et rivières, Légendes des montagnes et forêts...), merveilleux recueils de légendes du monde entier.
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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

Fin du XIX ème siècle, la famille Robillard vit sur des terres arides du Canada, leurs conditions de vie est de plus en plus difficile. C'est alors que Raoul, le coureur de bois vient annoncer à sa famille qu'il a trouvé un endroit qu'il estime beaucoup plus intéressant. le seul problème: il se trouve à 20 jours de marche, de canotage, de portage... à travers une nature sauvage, quasi vierge de la présence de l'homme.

Voila la famille qui se trouve le lendemain à déménager tout le bardas avec le père, un éternel pessimiste, la mère à la volonté inébranlable, le fils ainé Stéphane 13 ans qui idolâtre son oncle Raoul, ainsi que son frère et sa soeur de 6 ans.

Le périple de la famille est long mais leur acharnement finit par payer car ils parviennent tant bien que mal à un endroit stratégique sur le tracé de la voie ferrée en construction qui reliera l'atlantique au pacifique.

L'histoire de ces colons Canadien est captivante et nous sort de notre environnement douillet pour nous immerger dans des hivers dont les températures plongent à -60°, dans un monde vierge ou tout est à construire. Seule la capacité à se projeter dans un avenir idéalisé et la connaissance de la nature ont put permettre la survie de ces pionniers des terres du nord qui traversent les épreuves avec tant résignation (mais ont-ils le choix?).

La plume de Bernard Clavel est pleine de poésie pour nous décrire ce climat et la faune grouillante qui l'habite. Je garde à l'esprit cette scène qui décrit un cerf luttant tout une nuit avec la glace dont l'étreinte mordante finira par avoir raison.
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Le voyage du père

Dans le Jura, chez les Quantin, on s’apprête à fêter Noël, dans deux jours. Et pas n’importe quel Noël : l’aînée, Marie-Louise, partie travailler à Lyon depuis deux ans s’est annoncée… C’est par l’entremise du facteur qu’arrivera la désillusion ; une courte lettre qu’on pourrait résumer ainsi : trop de travail, pas possible de venir…

Alors ce sont les reproches, de la mère : qui sont ces employeurs si terribles qu’ils ne donnent pas deux jours à la petite pour passer Noël en famille ? Et de quel bois est-il fait, ce père qui ne se déplace pas pour leur faire entendre raison ?

Si fait ! Le père Quantin descendra à la ville.

Arrivé, il cherchera en vain sa fille, son aimée, la Belle, la Grande : de l’adresse de cet hôtel minable – fausse, mais unique en sa possession –, en salons de coiffure plus où moins spéciaux, jusqu’aux bars louches de la ville…

La ville ! La ville ! Et ces gens qui ricanent au seul nom de Marie-Louise. « Le voyage du père » pourrait bien se révéler quelque chose comme une descente aux enfers pour le père Quantin…



Bien sûr, il y a le Bernard Clavel des grandes sagas du Grand Nord. Bien sûr… Mais il y a aussi ce Clavel plus intimiste, enraciné dans la tradition rurale, celle qui sent les feuilles mortes après la pluie… Et puis cet homme têtu, bourru… N’est-il pas l’exact opposé de cette ville , superficielle, entremetteuse, courtisane… Pommmmmponette …



Un chemin de croix pour une descente aux enfers.



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Le massacre des innocents

Mal au ventre, c'est ce que l'on ressent en lisant ces témoignages de massacres d'enfants, partout où il y a la guerre, la famine, la misère.

Bernard Clavel témoigne ici au fil de son livre, au fil des années, au fil de toutes les guerres, de ce que subissent les enfants.

Témoignages accompagnés de photos toutes plus insupportables les unes que les autres.

Ce livre est paru en 1970, et peu de choses ont changé depuis,

c'est une lamentable, triste et inconcevable constatation!
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Né dans le Jura en ...

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