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Critiques de François Cheng (460)
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L'éternité n'est pas de trop

Rien à dire, il faut juste le lire

Rien à prétendre, juste l'entreprendre

Rien à défendre, juste le comprendre

Rien à rajouter, juste le prolonger

Juste voir et surtout recevoir



"Contempler, ici, c'est communier,

c'est faire advenir la beauté"
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L'éternité n'est pas de trop

Dès les premières lignes de lecture, j’ai été saisie par un sentiment d’apaisement, la sensation de basculer dans une autre dimension, au XVIIème siècle, à la fin de la Dynastie Ming.



L’histoire en elle-même n’a rien d’exceptionnel, elle a été racontée par de nombreux auteurs à travers des couples célèbres à l’image de Tristan et Iseult mais écrite par François Cheng, la narration atteint des sommets d’une grande poésie où se reconstitue sous nos yeux tout un paysage qui se modifie au gré des saisons et où évoluent des moines, des paysans, des seigneurs. L’écriture est d’un esthétisme à couper le souffle.



Cet amour éternel va naître d’un simple regard entre Lan-Ying et Dao-Sheng et c’est à partir de cet instant que cet amour, entravé par leur environnement, va grandir au fil des séparations et des retrouvailles jusqu’à être sublimé.



Il y a des instants de grâce, d’une grande sensualité, lorsque Dao-Sheng, médecin itinérant et devin, est au chevet de dame Lan-Ying, étendue sur son lit, derrière un rideau (page 86) :

« Lan-Ying ne voit pas ; Dao-Sheng lui voit. Il voit sa propre main jadis fine et rendue rude par les labeurs, superposée à celle de Lan-Ying, blanche et lisse et qui, à cause de sa maigreur, laisse transparaître les os. Indéniablement, il y là contraste et pourtant quelle harmonie provenant sans doute du fait que chacune est dans l’élan de consoler l’autre. Lan-Ying ne se lasse pas de caresser la peau passablement rugueuse de l’homme. Dao-sheng, de son côté, se dit que la main si tendre, offerte là, redeviendra pleine et charnue. Car la voie du devin, plus que celle du médecin, lui chuchote à l’oreille « Maintenant que les deux prédestinés se sont véritablement retrouvées, aucun obstacle, aucune maladie, ne pourra plus entraver leur route ». De fait, durant le mois qui suit, ce seront bien les médicaments et la force de l’amour conjugués qui vont agir sur la malade et la tirer de l’abîme. A chaque rencontre, à travers le rideau, la main de Lan-Ying rejoint sans retenue celle de Dao-Sheng. C’est tout ce qu’ils peuvent faire. Ce qu’ils peuvent faire est d’une terrible audace, ils le savent. »



François Cheng abolit les limites matérielles qui pèsent sur l’amour de Lan-Ying et de Dao-Sheng pour mieux créer en eux la vacuité intérieure qui permet de recevoir l’intemporalité de l’amour. Mais c’est un long chemin de souffrance qui les attend avant de parvenir aux épousailles de leur âme respective.



L’écriture est très belle, elle est envoûtante, il en émane une lumière pareille à celle que j’ai ressentie à la lecture de certains passages de la « Nature Exposée d’ Erri de Luca ». J’en déduis que cette clarté provient de leur quête spirituelle, d’un questionnement intérieur, de la recherche de l’élévation des sentiments humains.



Je remercie « Kawane » qui m’a conseillée de lire ce livre sublime. Son conseil est arrivé au moment où je venais de visiter le Musée Guimet de Paris où est particulièrement bien expliquée et retracée l’évolution des périodes bouddhistes à travers l’Asie et une exposition de porcelaine qui s’est développée particulièrement sous la dynastie Ming.

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L'éternité n'est pas de trop

Magnifique histoire d'amour contrarié sur fond de philosophie taoïste, qui se déroule dans la Chine du XVIIème siècle. L'écriture de François Cheng est toute en subtilités et en finesse. L'auteur nous immerge dans ce monde où le trivial côtoie la spiritualité et il en émane une grande poésie. Parfois, le temps s'arrête et reste en suspend, moment propice à une réflexion. De plus, à travers la vie de ce moine et la sublimation de son amour, la philosophie taoïste nous est présentée au quotidien. A ce sujet, la rencontre avec les pères jésuites nous permet également de faire le parallèle entre cette philosophie et la religion catholique. On découvre alors qu'elles ont beaucoup de points communs.

De la grande littérature. Un très grand roman à lire immédiatement.

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De l'âme

Un formidable ouvrage de François Cheng vient de sortir récemment, intitulé sobrement « De l’âme ». Tous les thèmes chers à l’auteur s’y trouvent évoqués : la beauté, l’amour, le dialogue, et bien sûr l’âme, essence même de l’humain.

« À la fin, il reste l’âme. En chaque être, le corps peut connaître la déchéance et l’esprit la déficience. Demeure cette entité irréductible, palpitante là depuis toujours, qui est la marque de son unicité. »



Le propos du recueil ( prétexte ? ) est simple en apparence, il s’agit de répondre à la question d’une amie : « Acceptez-vous de me parler de l’âme ? ».



Avec érudition, élégance, clarté et sans aucun doute poésie et amour, la richesse de l’âme de François Cheng se déploie en sept lettres. Après avoir parcouru les grandes visions spirituelles, il s’appuie sur son expérience personnelle, en particulier celle de son exil chinois, pour nous livrer ses propres méditations sur l’âme. C’est rare, profondément humain et totalement bienfaisant.



Ainsi, poésie et philosophie se rencontrent à l’automne d’une vie de quête, et c’est un chant universel et vital, emprunt de spiritualité, mais détaché de toute religiosité, qui se dégage de ses lignes. L’occasion, qui sait, de se découvrir une âme...et de l'écouter chanter.

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De l'âme

Je me suis laissé embarquer dans un livre-vaisseau « spécial ».

Je m’apprête à presser le bouton « essai philosophique ».

Je suis immédiatement projeté dans un monde inconnu.

Fini les paysages de romans, les horizons d’histoires tragiques, les étendues de folles aventures.

Je quitte ma zone de confort, je risque de rendre l’âme…

C’est ballot, c’est justement ce que me propose l’univers épistolaire de ce livre de François Cheng !

D’abord, je flotte en apesanteur à la recherche de repères, d’équilibre entre mon corps, mon esprit et mon âme. Qui fait marcher qui ? Qui gère quoi ? Que reste-t-il de mon unicité dans la grande entité de l’univers ? Dans le Grand Tout.

Fichtre, moi qui galopais sur terre bien enraciné, me voila propulsé dans le « souffle primordial » : L’âme.

Je voyage maintenant dans mon paysage intérieur.

Avec quels délices M. Cheng nous projette dans « cette traversée à la fois tâtonnante et résolue, du souterrain secret de notre être. »

Attention, ne t’embrouille pas la tête, fixe les bases de la triade « corps-âme esprit » : Le corps est la cage de l’âme. L’esprit en serait l’instrument de connaissance et l’âme est ce qui me permet de désirer, de ressentir, de m’émouvoir, de conserver la mémoire même enfouie.

M. Cheng, avec une facilité fulgurante m’éclaire, m’illumine. « L’esprit raisonne, l’âme résonne », « L’esprit se meut, l’âme s’émeut », « L’esprit communique, l’âme communie ».



Parlez-moi de l’âme ! Ses réponses sont claires et concises. Elles sont étayées par Platon, Pascal, par la religion et le Divin. « L’âme voyage de stations en stations, de monde en monde, de plus en plus proche du Divin. »

Un long passage sur Mme Simone Weil nous instruit sur l’affection qu’il éprouve pour cette philosophe « Mon but est atteint si je réussi à vous rendre sensible à cette figure pour qui l’amitié est la vertu suprême. »



M. Cheng m’envahit de ses évidences, je découvre des sentiments fondamentaux, élémentaires, sûrement enfouis en moi, jamais évacués. « Savoir qu’on a une âme, c’est porter une attention éveillée aux trésors qui peuvent s’offrir dans la grisaille des jours, laquelle s’exerce à tout ensevelir. »

Transparent. Pourquoi l’âme voit mais ne peut être vue ?

« Il est pourtant possible de voir l’âme d’un autre dans son visage, à travers un regard, un sourire, des mots de confidence. »

Limpide. Une immense sérénité s’empare de moi.

« Or en voyant l’âme d’un autre, chacun est à même de voir la sienne propre dans le reflet que lui renvoie le regard de l’autre. »

Je déguste ces phrases sublimes comme un nectar de sagesse.



Je vais maintenant rendre l’âme à la manière hindouiste, pour la donner à quelqu’un d’autre, celle ou celui qui la récupérera n’aura pas à rougir, j’ai essayé de la rendre sans tâche et non corrompue par ses contacts avec le mal. Quoique…



Vous m’avez fait m’envoler M. Cheng. Merci infiniment pour ce beau voyage immobile, j’espère que je me retrouverai en votre compagnie sur d’autres lignes que j’espère tout aussi aériennes.

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L'éternité n'est pas de trop

Merveilleux ! François Cheng arrête la course du temps et nous fait toucher du doigt l'éternité.



En Chine, au XVIIème siècle, Dao-sheng a connu mille vies. Joueur de violon vendu enfant à une troupe de comédiens itinérants, il a été envoyé au bagne pour avoir osé sourire à la jeune Lang-ying, promise au seigneur Zhao. Ayant réussi à s'échapper après bien des souffrances, il trouve refuge dans un monastère taoïste où il apprend l'art de la médecine et de la divination. Parvenu à l'âge mûr, il part à la rencontre de celle qui n'a jamais cessé d'habiter son coeur....



Présentée comme le "Tristan et Iseult" chinois, L'éternité n'est pas de trop est bien plus que cela. L'histoire d'amour interdite entre Dao-sheng et Dame Ying transcende l'humain et montre la puissance de l'esprit, qu'il soit appelé Souffle par les taoïstes ou âme par les chrétiens. Citons pour exemple le passage où les deux amants joignent la paume de leur main : de ce simple contact naît une communion des âmes qui irradie de sensualité comme l'acte d'amour ultime.



A contre-courant de notre société matérialiste et impatiente, François Cheng fait un délicat éloge de la patience et de la spiritualité. Il n'a pas son pareil pour disséquer les comportements humains dans ce qu'ils ont de plus vil comme de plus noble. J'ai savouré son style imagé, atypique et envoûtant, qui sonne comme des extraits de poèmes mis bout à bout.



Je recommande à tous cette parenthèse enchantée, véritable quête de sens qui nous élève.
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Cinq méditations sur la beauté

Le libraire qui m'a vendu ce petit livre m'a dit simplement "il y a, comme ça, des êtres de lumière.." Cela résume bien l'impression que m'en a laissé la lecture, pas si différente d'ailleurs des autres ouvrages de François Cheng même si, là, ses pensées sont directement adressées à notre compréhension, sans être distillées dans l'ambiance d'un roman. Et c'est un vrai bonheur de s'imprégner de ces réflexions... Qui ne s'est pas un jour interrogé sur le sens profond et intrinsèque de la perception du Beau ? Sujet de tant de controverses argumentées par les notions des différentes civilisations, qui s'achèvent inévitablement par un apaisant "chacun ses goûts !". Eh bien non ! Merci à vos précieuses méditations Monsieur Cheng, enrichies des concepts de l'Occident autant que de l'Orient, de nous délivrer de cette commode (mais rageante) tempérance : la beauté n'est pas qu'une affaire de goût des hommes, mais se situe à un "niveau plus élevé, plus en amont, plus proche de la source même de la Création". Et la Beauté a sans nul doute éclairé le chemin de votre âme pour guider votre plume.
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Qui dira notre nuit

J’aime la profondeur, l’intériorité des textes de François Cheng. Elu à l’Académie Française en 2002, il n’a appris le français qu’à l’âge de vingt ans. Quel parcours !

Né en Chine d’une famille de lettrés, François Cheng arrive en France à l’âge de vingt ans. Son œuvre reflète ses influences, chinoises et occidentales.

A la faveur de l’obscurité de la nuit, François Cheng nous parle et se raconte, car qui mieux que lui-même pour sonder son âme ?



« Qui dire notre nuit

Sinon nous-mêmes ?

Nous qui touchons hors nous le non-voir

Nous portons le non-dire »



Les souvenirs affluent ainsi que les voix des absents, les saisons et les chants de l’enfance. On y trouve une nostalgie où s’engouffre par moment une certaine fureur.



Ce chemin constellé

Tu le prolongeras

Malgré vents et rosées

Enfant de ma mémoire

De ce côté l’automne

A enfoui son secret

En toi le temps s’envole

Fou d’appels d’oies sauvages. »



Faut-il penser à notre fin, lorsque l’oubli sera là ?



« Ceux qui viennent de la nuit

A la nuit retourneront

Vaste est l’obscur

Pur l’oubli. »



Les phrases de François Cheng sont empreintes de spiritualité. Tour à tour, il dit « nous » ou bien invoque une présence supérieure. Ce mysticisme s’exprime dans l’abandon et la franchise.



« Parle nous

Pour que notre voix

Jaillie d’un été trop bref

Fonde enfin le royaume. »



En tournant la dernière page de ce recueil, je suis sortie de cette nuit intérieure sans inquiétude et apaisée.

Une belle écriture qui sait atteindre l’intime.

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L'éternité n'est pas de trop

Quelle belle lecture !

Un amour impossible sublimé .

J'ai beaucoup aimé la rencontre deux mondes qui semblent incompatibles , deux civilisations différentes mais qui peuvent tant s'enrichir dans l'échange , sous la personne de ce missionnaire jésuite , épris d'absolu qui vient prêcher si loin de ceux qu'il aime et de Dao - sheng , qui n'a jamais oublié la femme aimée , la seule femme qu'il a réellement aimée .

Cet amour qui est partagé mais qui est impossible va néanmoins être vécu par la communion des âmes .

Sublime .
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La joie, en écho à une oeuvre de Kim En Joong

Quand on ne lit que quelques pages de François Cheng ,-- il y en a à peine sept dans ce petit fascicule qui présente un article qu'il avait écrit dans Le Figaro en 2009 -- on ne peut ressentir que du bonheur et, donc, de la joie, tellement, en peu de mots, il la définit, la ressent et la transmet.



Il commence par la prononciation du mot avec cette "syllabe en deux temps", puis la distingue du contentement, de la satisfaction, de la jubilation, voyant en elle une "transfiguration de l'être".



Il établit un parallèle très porteur de sens entre la joie et la vie, la vraie vie, la "vie ouverte", en évoquant la richesse du partage de cette joie qui la fait grandir encore.



Il voit la joie dans la simplicité, le printemps, la naissance des fleurs, mais aussi dans "l'élévation spirituelle" qu'elle donne à l'esprit.



Sept pages, une pour chaque jour de la semaine, à lire et relire jusqu'à les connaître par coeur pour laisser la joie nous habiter, nous sortir d'une éventuelle morosité, nous aider à quitter les tristesses de la vie pour continuer de la savourer dans chacun des moments de joie qu'elle nous offre.

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Le Dit de Tianyi

« La vraie vie est une vie vécue et recréée et repensée par l’Ecriture » Marcel Proust



« Avec cette écriture à la manière de Proust, tout d’un coup, je sens que je peux recréer toute cette vie perdue et recommencé à vivre » François Cheng.





Né de l’imaginaire de l’auteur (je suppose), Tianyi, cet ami peintre dont François Cheng nous relate l’histoire, possède une petite part intime de François. De même, François est aussi à l’image de Tianyi bien qu’à un instant de la narration, l’auteur évoque une divergence de chemin, de destinée.Tout en lisant cette fiction, j’avais le sentiment de découvrir la personnalité de François. L’auteur se dévoile dans ce récit au travers des réflexions philosophiques de Tianyi, de ses interrogations face à l’existence, de sa quête spirituelle, hanté par la question du mal. J’ai ressenti l’exilé dans les profondeurs du récit, un amour de la Chine bien qu’il soit à même de raconter son pays sans omettre les atrocités qui s’y sont déroulées. L’écriture enchanteresse, poétique, sensuelle ne peut masquer un chant perceptible au lointain, une mélopée venue du plus profond de l’âme de François. Il tient à cœur de nous faire découvrir son pays. Les mémoires de son ami Tianyi relatent les pérégrinations à travers cette immensité chinoise marquée par les années de guerre civile entrecoupées de huit ans de guerre sino-japonaise pour évoquer en dernier la terrible Révolution Culturelle. Un demi siècle d’histoire défile sous nos yeux où la grande et la petite histoire s’interpénètrent mutuellement, se répondent, et où la terre chinoise imbibée de larmes, de souffrance, s’apparente à un champ de bataille où toute vérité est violée et toute valeur humaine piétinée. Et malgré cela, tout au long de ses cinq mille ans d’histoire, le peuple chinois n’a jamais renoncé à son instinct de survie totalement habité par l’esprit de Confucius ! Le parcours de Tianyi que je qualifierai "d'errance" est un véritable enseignement pour moi, occidentale.



« L’univers tyrannique est plein de fureurs, de frayeurs et de failles. L’humain profite de la moindre brèche laissée par l’inhumain pour germer et croître » page 338.



On y retrouve l’Amante sous les traits de Yuméi, l’amitié sous les traits de Haolang. Cette relation à trois créera des liens inextricables et comme dans « l’Eternité n’est pas de trop », l’Amour est passion, absolu, mystique, renoncement. Et le nombre Trois ici prend tout son sens symbolique : conciliateur des oppositions nécessaires et fécondes, le Nombre 3 ramène à l’Unité.



« Me crois-tu ? Un jour tu me croiras. Tu es celui que j’aime le plus au monde. Tu es mon innocence, tu es mon rêve. Maintes fois dans ma nuit, j’ai rêvé de toi, comme à une éternelle enfance. Je suis ta sœur, je suis ton amante. Mais dans cette vie, nous ne seront pas un couple ». Page 185



Parue en 1998, ce livre a reçu le Prix Femina. Cette œuvre est remarquable, riche de sens cachés, fascinante, je pense la relire. Mais ne vous y trompez pas, si la plume est ensorcelante, poétique, ce récit passionnant est cruel, notamment, dans sa troisième partie où rien n’est épargné au lecteur mais tout doit être DIT.



« En attendant, il suffit au témoin qui n’a plus rien à perdre, toutes larmes ravalées, de ne pas lâcher la plume, de ne pas interrompre le cours du fleuve » - « Le mal se nicherait-il au cœur de la Beauté »

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Enfin le royaume

"Envoi



Ne quémande rien. N'attends pas

D'être un jour payé de retour.

Ce que tu donnes trace une voie

Te menant plus loin que tes pas. (p. 153)"





Une très jolie surprise m'attendait il y a quelques jours dans ma boite aux lettres, de la part d'un ami, pour ma fête : le dernier opuscule de quatrains de François Cheng, qu'il sait que j'apprécie infiniment !!... J'ai dévoré ces poésies minimalistes, sortes de haïkus !.... mais je vais suivre les conseils de cet ami... reprendre sereinement chaque soir , comme un moment de méditation, texte par texte...en prenant le temps de savourer chaque mot...et leur musique...



" Nous rions, nous trinquons. En nous défilent les blessés,

Les meurtris; nous leur devons mémoire et vie. Car vivre,

C'est savoir que tout instant de vie est rayon d'or

Sur une mer de ténèbres, c'est savoir dire merci. (p. 92)"

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Le Dit de Tianyi

Très beau roman, ou se mêlent amour et amitié. Ce texte très fort nous fait faire une incursion dans la civilisation chinoise du 20 ème siècle. On y découvre notamment la vie des camps de rééducation construits au moment de la révolution culturelle. Malgré des descriptions parfois très dures et bouleversantes on retrouve la belle plume poétique de François Cheng. Un livre qui a bien mérité son Prix Femina.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Assise

Ce petit recueil de pensées personnelles m’a profondément touchée. François Cheng offre à son lecteur sa vision de Saint-François d’Assise, sa rencontre spirituelle avec le moine. C’est très émouvant, c’est tellement personnel, il donne à son lecteur, la clef de la porte de son intimité. C’est d’une très belle écriture, douce, fluide qu’il se confie.



Lui qui vivait une période d’instabilité philosophique, ontologique, lui qui s’était perdu entre la Chine et la France, a ressenti, à la vue d’Assise, qu’il venait de trouver son lieu, son « Assise » sans mauvais jeu de mots !

Il va alors s’imprégner des lieux que François a parcouru, il sera en communion avec le saint, l’appréhendera, s’en pénétrera spirituellement et c’est ainsi qu’il prendra, lors de sa naturalisation, le prénom de François.

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Le long d'un amour

Comment expliquer qu'un mince recueil de poésie, un jour, vous interpelle ?

Qu'en l'ouvrant au hasard et en lisant quelques lignes deci delà, vos yeux accrochent des mots, qu'une musique nait doucement dans votre tête, que ces mots rencontrent un souvenir sensible, évoquent un vécu ou un rêve, qu'ils s'insinuent en vous et vous charment, vous entraînent loin, ailleurs.

C'est cela une rencontre poétique et bien plus aussi. Ça ne s'explique pas totalement, comme une rencontre amoureuse finalement.



À la question anodine posée par un proche intrigué par mon regard vague :

" Où es-tu ? ", j'ai répondu rêveusement mais sans hésitation : " Le long d'un amour ! ".

N'est ce pas une fabuleuse aventure ?

Vagabonder au hasard des pages le long d'une méditation poétique sur l'amour éternel, simple, évidente mêlant infini et finitude humaine, dicible et indicible, parsemée de visages, de voix, de mains, d'yeux, de regards.

Saisir le murmure de l'amour, quête tout autant humaine que spirituelle pour François Cheng.

Puis, réaliser en refermant le recueil que son vocabulaire simple, son expression limpide servent ici avantageusement la pensée du poète et favorisent l'émergence d'un ressenti personnel du lecteur.



" Aimer c'est être en avant de soi

Aimer c'est dire " Tu ne mourras pas ! "



J'ajoute juste qu'une note biographique en fin d'ouvrage nous apprend que François Cheng, chinois d'origine, est arrivé en 1949 à Paris à l'âge de 20 ans, ne connaissant personne et pas un mot de français. Quel parcours donc pour obtenir la naturalisation française en 1971 et être élu à l'Académie française en 2002, et quelle richesse manifeste dans cette double culture.
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L'éternité n'est pas de trop

"Le coeur peut être enfoui, scellé , il demeure une pièce de Jade qui reluit même au sein des Ténébres....

"Les ans ont pu modifier le corps, quand donc le trésor du coeur a- t-il changé ? ."..

"Sans ce trésor si pur , si noble, comment à l'origine aurait - il pu avoir ce visage et ce sourire? "

"Et ce regard qui vous remuait les entrailles ? " ....

J'ai découvert cette magnifique histoire d'amour grâce à Sabine que je remercie beaucoup : un Tristan et Yseult à la chinoise au XVIII ° siècle à la fin de la dynastie Ming, tout en finesse et retenue ...Un amour impossible sublimé et une communion des âmes pour Dao- Scheng , qui a connu mille et une vies , joueur de violon dans une troupe de théâtre, envoyé au bagne pour avoir souri à la belle Lan- Ying promise au seigneur Zhao...

Il s'échappe et aprés beaucoup de souffrances, trouve refuge dans un monastère de haute montagne où il apprend l'art de la divination et de la médecine ...lieu de paix et de silence ...

Parvenu à un âge certain il part à la rencontre de celle qui habite toujours son coeur ....

Je ne vais pas en dire plus car tout a été écrit sauf que cet ouvrage pétri de poésie , de sensibilité est une réflexion à propos de l'amour où le désir palpable est constamment contenu !

Une histoire d'amour intense et platonique qui s'affranchit des désirs du corps pour satisfaire ceux de l'âme !

Ouvrage Rare et apaisant doté d'une écriture envoûtante d'où il émane , à mon sens, une lumière intemporelle, un questionnement et une quête intérieure de vérité ouvrant sur les mystères de l'univers ....

L'auteur a l'art de nous faire toucher l'éternité , une manière peut- être d'arrêter le temps....un éloge de la patience et de la spiritualité ....

Récit d'une passion , Chef d'oeuvre subtil et sublime qui coupe le souffle !

Merci à Sabine de m'avoir guidé dans ce choix !
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Cinq méditations sur la mort

Enfin ! Déjà ? Qui peut prédire le moment propice ? Une certitude : immanquable ! Seul le temps...



Une attente depuis .... ? Quelle connerie aussi d'avoir voulu le trouver en bibliothèque alors qu'il s'agit d'un petit livre 140 pages à 6,30 Eur en format poche, idéal pour être emmené partout, et être ouvert sur l'instant, en tout endroit inspirant. Bienheureuse bévue qui m'a valu d'approcher François Cheng par les sentiers détournés de L'éternité n'est pas de trop et de découvrir le sens qu'il accorde à l'amitié à travers Quand reviennent les âmes errantes, avant d'enfin aborder ses pensées les plus profondes. Les fruits riches d'une longue vie érudite, cadeau ultime à ses amis.



Bien sûr,

"Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,

Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins"...

Le geste de François Cheng est infiniment plus beau : réunir ses amis pour partager ses méditations.

Un de ces très rares gestes qui force l'admiration et dont Milan Kundera dans l'immortalité, nous révèle ainsi nous faire toucher à l'éternité car sa beauté ne peut rester inaperçue et sera dès lors perpétuée par les êtres qu'elle aura inspiré. Pour la beauté du geste, donc 4 étoiles. Une dernière étoile en suspension car la vie est elle-même d'une beauté fragile, incertaine, suspendue à la mort.



Peut-on résumer une vie ? ... Il n'y aura de résumé.

Peut-on critiquer un poète ? ... Il n'y aura de critique.

Que faire à la rencontre d'un arbre dont la ramure dépasse le dôme des invalides et les racines s'enfoncent jusqu'en Chine ? Sinon ramasser les feuilles qu'il nous a légué, les scruter encore et encore, et par le vent qui les fera tourbillonner en admirer tous les aspects pour à travers leur chute découvrir la lune, les étoiles et l'immensité. Dites. Dites-moi. Vous les lirez ?



Je n'ai à l'instant ni la force morale, ni la grandeur d'âme, ni la pratique, ni l'érudition nécessaires. Et pourtant que ce geste pousse à l'envie de se joindre à cette fraternité.



J'ai toujours admiré les pyramides et la sagesse des Pharaons. La vie est un don. La mort est un mystère. Elles forment un cycle. Toutes deux intimement liées, également précieuses. Notre civilisation occidentale a grand tort aujourd'hui de vouloir l'occulter guidée par de morbides tendances sécuritaires. le risque zéro n'existe pas, dénigrer la mort c'est nier la vie, fuir la première revient à tourner le dos à la seconde. Ainsi ce qui paraît un certain désordre fait partie de la vie, aussi vais-je juste jeter pêle-mêle le résultat de quelques pensées glanées ci et là au fil du temps et de mes errements.



Déjà ? N'attendez pas comme moi. Les méditations de François Cheng sont profondes et bien rangées, présentées en toute amitié. Ni confusion, ni confession. Mais savoir accumulé pour être partagé. Il élargit le cercle de ses intimes par cet essai, je ne fais que transmettre son invitation. Bien que peu aguerri, il me paraît évident que les salles d'attentes à l'hôpital ne sont pas l'endroit idéal à la méditation. Heureusement j'avais déjà lu que la sagesse est pareille à un lac de montagne, peu importe le chemin qui y mène : l'endroit sera calme, profond et sans pareil.



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Ainsi l'annonce d'une nécessaire opération d'un méningiome est un puissant aiguillon à ce partage afin de perpétuer le geste lumineux de François Cheng, mais rien ne vaudra de vous abreuver directement à la source de ses belles méditations. Cependant, qu'il me serait chaud le souffle d'une petite pensée d'amitié en ce très prochain 28 février. Un soutien ténu qui traverserait l'éther. le même que je ne cesse de prôner en faveur d'Asli Erdogan pour ce noir 14 mars à venir, jour de son "jugement".



Si pour médire il faut forcément être plusieurs j'ai longtemps pensé que la méditation pouvait avantageusement se faire dans la solitude. Peut-être..., mais d'évidence elle a plus de force lorsqu' ensemble des êtres vibrent à l'unisson. Alors pourquoi pas vous entraîner le mardi 28 février pour être fin prêts ce 14 mars ? Et par de douces pensées positives, influer la marche du monde.



Comment transmettre une pulsation, résultat d'une belle pensée collective ?

Voici donc en vrac quelques idées dont l'une ou peut-être une autre pourrait vous inspirer.

Idées en liberté ainsi confiées pour qu'elles ne soient pas totalement perdues, qui sait ? La réalité est un Rubik's Cube, il ne faut pas s'étonner si certains le croient tout entier de la même couleur que la seule face qu'ils observent. A plusieurs toutes les chances de percevoir la richesse de la complexité se réunissent sauf à vouloir imposer sa vérité.



J'ai de longtemps été traversé par l'idée d'écrire. le sens de l'urgence et celui de la fragilité m'ont toujours manqués. Une bonne raison de lutter. Toutefois je ne décrirai ni ce limpide lac de la sagesse, ni encore moins un de ses chemins d'accès. Trop grand amour de la liberté pour vouloir vous en priver. Sachez juste qu'il est à l'intérieur de vous, mais que mystérieusement c'est le plus souvent par l'extérieur que l'on fini par y accéder.



Le jour où l'on venait de m'annoncer la nécessité de très rapidement opérer cette tumeur au cerveau, je passai en face du dynamusée, au BAM, soudain les cris des enfants : quelle énergie bienfaisante, quelle source de joie. Ca vous prend là. La voilà, dans la simplicité de son rayonnement : la vie.

La vie est courte ET ne contient que la vie. Inutile de s'inquiéter : rien ne vaut la vie. Et rien ne vaut que de s'y jeter ; entièrement. La vie est plus belle lorsqu'on l'écrit soi-même.



Aucun obstacle sauf soi-même n'est insurmontable pour celui qui a un rêve et l'envie de le réaliser. Souviens-toi, lorsque tu as besoin d'une main secourable tu en trouveras déjà deux au bout de tes bras. Là où il y a une volonté, il y a un chemin. Mon grand-père paternel était représentant de commerce, il disait souvent : on ne pleure pas pour vendre sa marchandise. Ris la grimace est plus belle ! (Et pourtant il n'était pas cantonnais, alors que François Cheng, lui est chinois;-)) La vie est une aventure, la mort en est le sel, elle en relève le goût.



Il n'y a pas de point d'appui dans l'univers pour soulever le monde. Tout prend sa place par la grâce de l'attraction. Ainsi aimer est plus puissant qu'écraser. Tout être est une étoile, issue du cri primal, animé de la même vibration. L'infiniment grand contient l'infiniment petit mais l'inverse est tout aussi vrai. Ainsi donc il suffit d'un simple battement d'aile d'un petit papillon...



Je suis la vague et je suis l'océan. :«En chaque être le brahman proclame «Aham brahmasmi», je suis l'absolu, l'infini, l'immensité». En fin d'un long voyage, la vague s'écroulera alanguie sur le sable ou verra trop vite se dresser devant elle la falaise où elle s'écrasera. Elle n'enlacera plus d'autres vagues, fini le roulement des galets, les caresses du soleil, les rouleaux de printemps, mais l'océan qu'elle a modelé lui survivra... immensément.



De toutes les professions disparues, celle d'allumeur de réverbères est sans doute la plus merveilleuse à avoir existé, que pourrait-il y avoir de plus précieux que maintenir la flamme d'un regard d'enfant. Voilà pourquoi il faut lire les poètes : François-Cheng, Asli Erdogan. Eux qui ont côtoyé la mort pour propager la vie.



Décidément il faudra que je m'y mette, voilà donc une promesse !



Faites que la vie soit belle ...

Bien malin qui pourrait classer la beauté d'une vie du scintillement d'une goutte d'eau à celle d'un papillon, d'un éléphant, d'un arbre, d'une étoile ...

à votre manière qu'elle soit belle

Et qu'en retour, la vie vous soit douce.
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Assise

Belle rencontre que nous fait partager François Cheng dans ce court texte, d’autant plus belle qu’elle surgit sans qu’il s’y attende. Il partait pour l’Italie, en cet été 1961, poussé par des amis, avec simplement l’envie de s’évader, d’oublier un peu exil et solitude qui lui pèsent et le font vivre en plein désarroi.

En découvrant Assise il s’exclame en lui-même : “Ah, c’est là le lieu, mon lieu ! C’est là que mon exil va prendre fin !”



« La vue de ce haut lieu réveilla en moi la réminiscence de la tradition du feng shui, la géomancie chinoise : un site exceptionnel est censé avoir le pouvoir de propulser l’homme vers le règne supérieur de l’esprit. Et je vis combien le site d’Assise qui se déployait devant mes yeux était marqué d’un signe faste. »



Ce haut lieu est aussi celui qui vit naître François d’Assise dont François Cheng choisira le prénom lors de sa naturalisation en 1971, symbole d’une seconde naissance, naissance intérieure survenue lors de cette rencontre avec un lieu et un homme, « le poverello », qu’il choisit d’appeler « le grand vivant » et qu’il rejoint en toute humilité en offrant ce texte lumineux.

« L’humilité ne signifie nullement je ne sais quel abaissement ou servitude. Reliée à l’humus, donc aux racines vitales, elle est la force même. »


François Cheng réunit alors les deux pôles de sa vie en fusionnant tradition taoïste et simplicité et dépouillement franciscains. C’est au coeur de cette union que son exil intérieur prend fin.



« Seul ici à contempler tout l’environnement, je ne puis m’empêcher de repenser à cette tradition chinoise ancienne évoquée plus haut, tradition établie par des lettrés, qui consistait à rendre visite, de temps à autre, à un ermite. »

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Cinq méditations sur la mort

Ce que j’aime beaucoup avec François CHENG c’est qu’il rend accessible la poésie, la philosophie, et qu’il partage avec bienveillance. Comme toujours il y a beaucoup de sympathie et d’humilité qui se dégage de sa plume si érudite. On sent de la générosité. Il n’étale pas sa culture il la fait partager. Et quelle culture ! Il mélange avec brio les références à la culture chinoise et à la culture française, je devrais même dire asiatique et européenne.



Dans cet essai il nous invite à la réflexion sur la mort et donc sur la vie. Les deux sont indissociables bien évidemment là on n’apprend rien de nouveau me direz vous, mais ce qui est intéressant c’est son approche.

Il nous parle du Tao (la voie) qui aborde les choses tout en rondeur autrement dit un cercle qui n’aurait ni début ni fin, comme le dit Lao Zi « Ce qui est provient de ce qui n’est pas et ce qui n’est pas contient ce qui est ». De quoi cogiter et débattre pendant quelques heures !



L’une de ses premières réflexions est qu’il est nécessaire d’accepter la mort pour vivre une vie heureuse et non pas une vie qui ressemblerait « au séjour en prison d’un condamné à mort ». Il est donc essentiel pour lui d’aller de la mort à la vie et non de la vie à la mort. Il cite Etty HILLESUM, laquelle fut gazée à Auschwitz « … regarder la mort en face et l’accepter comme partie intégrante de la vie, c’est élargir cette vie » A l’inverse, sacrifier dès maintenant à la mort un morceau de cette vie, par peur de la mort et refus de l’accepter, c’est le meilleur moyen de ne garder qu’un pauvre petit bout de vie mutilé, méritant à peine le nom de vie. »



Il nous parle aussi du véritable sens selon lui du mot « vivre », il ne s’agit pas juste d’être vivant pour vivre. D’où l’importance de l’expression « donner un sens à sa vie » qui n’a rien à voir avec « gagner sa vie ». L’homme ne peut se résumer à son utilité technique sinon il ne vit pas. Il défini pour donner du relief à son propos, toute une série de notions. Ainsi l’instant n’est pas le présent. L’instant est un moment saillant une vague qui monte plus haut que les autres tandis que le présent est une vague comme les autres. De même, il distingue entre rien, le non être, et le néant qui lui contient tout. Il différencie aussi l’âme, qui est le siège du cœur, qui abrite l’artiste et l’affect, de l’esprit qui est le siège de l’intelligence, de la logique, du raisonnement : « L’esprit se meut, l’âme s’émeut » autrement dit l’esprit raisonne, tandis que l’âme résonne.



Alors que je me retrouvais tout à fait dans ces propos naviguant entre Orient et Occident, que j’étais tout à fait dans mon élément, que j’étais séduite par ce texte mêlant philosophie, réflexion, poésie paf ! le dérapage, la sortie de route ! Comme un cheveux sur la soupe débarque Dieu et son fiston. Bon, là je vous avoue que monsieur CHENG et moi étions en désaccord complet ! Mais le ton reste bienveillant et il ne s’agit pas de prosélytisme, il expose le fruit de sa réflexion, bon, soit, comme je vous aime bien monsieur CHENG ça passe pour cette fois. Mais ne me refaites pas un coup pareil.



Ceci étant ce texte est vraiment très riche et intéressant. Je ne regrette donc pas de l’avoir lu et j’y ai trouvé des références tentantes pour d’autres lectures. Sans oublier des phrases qui vont me faire cogiter pendant une bonne décennie. Et oui n’est pas philosophe qui veut !





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Le Dialogue : Une passion pour la langue fr..

D’un côté le chinois, langue de l’image faite de caractères : idéogrammes (désigne une idée) ou pictogrammes (qui désignent plutôt un objet) dont le point de départ n’est ni plus ni moins qu’un dessin évocateur. Le dessin évolue, se transforme se simplifie, s’épure et devient un caractère. Un dessin pour une idée et plusieurs dessins qui ensemble forment d’autres idées, des phrases une discussion, un échange. Un langage basé sur l’image. Un écrit artistique qui s’exprime dans la calligraphie.



De l’autre le français, langue basée sur des lettres issues de l’alphabet et qui assemblées forment des mots qui eux-mêmes forment des phrases cadrées par l’orthographe, la grammaire, la conjugaison, la ponctuation. Des mots au double sens, des synonymes, des subtilités, des nuances, des champs lexicaux, des registres plus ou moins soutenu,... Des mots qui jouent.

Deux manières d’écrire d’où découlent deux manières de voir le monde et donc deux cultures différentes.



On imagine aisément que pour un Chinois, comme François CHENG qui arrive en en France sans parler un mot de français le choc est grand et multiple (culturel, linguistique,…). Alors peut être est-ce pour comprendre la culture de son pays d’accueil que François CHENG va essayer d’en apprivoiser la langue. Pour autant il ne se détache pas de sa langue maternelle au contraire il apprend à les faire « dialoguer » et de là naîtra ce qu’il appelle « une symbiose ».



Ce sont ces 2 langues dans leurs oppositions et leurs ressemblances qui vont le construire en tant qu’écrivain et poète jusqu’à être élu à l’Académie Française. Une véritable prouesse. Car contre toute attente quand il décide d’écrire de nouveau de la poésie ce n’est pas le Chinois qui s’impose à lui mais le Français. Ce n’est pas un choix, c’est une évidence. Et pourtant si sa poésie est écrite en français elle n’en est pas moins pétrie de culture chinoise. De ce dialogue intérieur entre ces deux langues et ces deux cultures naîtra un écrivain nouveau et une plume magnifique.



Il en résulte un témoignage passionnant et poétique sur l’amour des mots. A lire François CHENG, il devient évident que nos différences nous enrichissent et ne devraient jamais être source de conflit.

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