AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de François Nourissier (78)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Crève

Encore un titre de livre, qui m'a attiré dans les pages d'un auteur que je ne connaissais pas.

La lecture a duré longtemps, pour moi, dans cette écriture d'une précision qui m'évoquait, parfois, le Pérec des Choses ou de la vie mode d'emploi.

Chaleurs de juin et dégoût vont de pair, dans ce portrait-avant fuite d'un homme arrivant au mitant de sa vie.

Nourissier parvient à rendre une histoire d'une rare banalité, passionnante, captivante. Nourissier semble aussi régler quelques comptes, à travers ce Benoît Magellant qui va rejoindre sa jeune maîtresse en Suisse... comme une illusion de recommencement à laquelle l'accule sa dépression.

Magellant est arrivé au point de rupture: celui où il ne peut plus faire semblant. Celui ou il va falloir assurer le rôle du "méchant" qui va quitter femme fidèle et grands enfants.

Magellant se sent à l'étroit, enfermé dans une existence réglée entre une famille qui lui échappe et un travail qui finit de le décevoir.

L'histoire est tristement ordinaire de ce démon de midi, pour lequel l'herbe sera plus verte en Suisse.

Mais n'est-il pas déjà trop tard pour ficher le camp, Magellant?

Un livre, La crève, qui me donne envie de continuer de suivre le chemin littéraire de François Nourissier.
Commenter  J’apprécie          475
Bratislava

Comme il m’est déjà arrivé de le signaler ici, j’ai découvert sur le tard François Nourissier alors qu’il publie « A défaut de génie ». Et depuis, c’est toujours un ravissement pour moi quand au hasard d’un vide grenier d’été, d’un bouquiniste, je tombe sur un de ses nombreux ouvrages ; cette prose, précise, maîtrisée, ciselée, parfois… élégante, souvent…



« Bratislava », Grasset 1990, est un texte très largement autobiographique, de l’écrivain vieillissant, qui se voit vieillir et qui l’assume sans complaisance, « Je vais, accompagné de mes petites misères, comme une jument suitée de ses poulains : je les regarde gambader. »

Un petit opus composé de petits chapitres thématiques, très largement axés sur le vieillir et la vieillesse ; quelques textes sur le la ville, le pays auquel on appartient , « N'est-elle pas importante, la ville où l'on a eu vingt ans ? » , quelques piques aux politiques ; et puis cet éloge à la femme enceinte, « J’ai toujours trouvé belles, désirables, émouvantes les femmes enceintes… »



Une découverte tardive, disais-je… Quel bonheur ! Il me reste de nombreux ouvrages à découvrir.

Commenter  J’apprécie          441
La fête des pères

Ainsi, le père serait admonesté au principe d’exprimer sa vérité ! Il est d’usage de porter la détestation sur ce qui ne corrobore pas à l’usage universel, soit qu’un père doit être bon. Mais, doit-il porter aux nues une fonction assimilée de fait, quand il se sait parfaitement en défaut ? Où, pour le dire autrement, doit-on occulter les nombreux manquements qui nous incombent puisque nous ne sommes ni parfaits, ni infaillibles. J’aime assez cette phrase en première de couverture : « Un cri d’amour à bouche fermée » je trouve qu’elle résume le sujet de ce livre La Fête des pères avec beaucoup de saveur et de lucidité. La saveur à mon goût tient au style servi avec un français parfaitement exprimé et un jeu des signifiés irréprochables. Ce qui me pousse à m’étonner que ce livre qui apporte plus de réponses que de questionnements ne remporte une meilleure approbation que celle qu’il requiert jusqu’à présent.
Commenter  J’apprécie          430
La fête des pères

François Nourissier n’écrit pas en français, il écrit LE Français. Celui que j’aime à retrouver de temps en temps ; celui qui use du mot juste, précis ; celui qui fait glisser le subjonctif imparfait dans le corps du texte comme une évidence. Bref, ce Français qu’on ne pratique plus, mais dont l’élégance me transporte.

Certes, le thème ici, est quelque peu récurrent dans l’œuvre de François Nourissier : un écrivain un peu blasé, dégoûté de lui-même jusqu’à dans son apparence corporelle ; un environnement bourgeois jusqu’à la caricature… Un fils, Lucas, en sortie d’adolescence en proie aux problèmes liés à son âge et à une communication difficile avec le père, N.

N. comme Nourissier, sans doute, malgré la mention « roman » sur la couverture. Autobiographique ? Qu’importe. Même si comme tant d’autres écrivains, François Nourissier n’est jamais aussi bon que quand il parle de lui-même.

Et puis, il y a Nicole, et Bérénice …

Nicole, une aventure de jeunesse, Bérénice, dont on imagine facilement la paternité…

La confrontation aura lieu au repas d’après conférence que N. sera amené à prononcer à B. entouré d’un aréopage de dignitaires de province ; un milieu que l’auteur n’en finit pas de décliner…

Bref ! Rien de nouveau sous le soleil de F. Nourissier. Un livre pour amateur de l’auteur (dont je suis) qui vaut surtout pour la qualité de sa prose.

Commenter  J’apprécie          404
Paris des poètes

Lundi 25 décembre 2023....dans la bibliothèque d'un ami !



Quel incroyable bonheur et heureux hasard ! Ce matin, pour envoyer des gentils mots à mes amis sur F.B , pour ce Noël, je mets en avant des clichés de cet artiste- photographe, IZIS, je me rends ensuite chez un vieil ami , octogénaire fringant et toujours curieux , ayant habité toute sa vie dans le quartier de la Butte aux Cailles, et OUPS...il était le voisin de l'artiste, alors qu'il avait environ 20 ans, et Izis la cinquantaine !.



Mon ami, très gentiment, me sort un exemplaire dédicacé de son artiste- voisin...J'ai goulûment savouré les clichés, ..en noir et blanc, accompagnés de textes d'écrivains et de poètes...Un vrai régal pour les yeux...et aussi pour les mots choisis , en regard de ces instantanés d'hier..!



"Paris est une usine à réduire le temps en miettes. Mais il existe des réparateurs du temps d'avant, qui faisait tic- tac et était plus consistant. Il existe aussi les fabricants de temps entier; les amoureux, les philosophes, les poètes, les enfants, les vieillards et les chats. " (Louis Pauwels)



IZIS, contemporain de Doisneau et de Ronis, fut curieusement moins connu....Toutefois son oeuvre est d'une magnifique élégance et naturel...l'artiste travailla et collabora à plusieurs reprises avec son ami, Jacques Prévert....

Commenter  J’apprécie          342
Lettre à mon chien

C’est marrant, ça : j’ai déjà eu l’occasion ici de signaler que j’ai découvert François Nourissier tardivement ; le personnage m’indisposait, une sorte de délit de sale gueule… Eh bien imaginez que j’avais également ce même reflexe, étant amateur de chiens, à l’égard des teckels …



Dans cette longue lettre à son chien, l’amour de l’auteur pour sa chienne teckel est communicatif ; et tellement commun à tous les amoureux de leur chien… Une lettre qui montre l’étrange relation entre deux êtres tellement différents et tellement indispensables l’un à l’autre. François Nourissier analyse finement cette relation en plaidant souvent coupable face aux facéties ( pour le moins ) de Polka, sa chienne : n’est-il pas coupable d’avoir raté quelques étapes importantes de sa « socialisation »… ?



Reste que ce petit opuscule est bien plus qu’une simple lettre à son chien : François Nourissier en profite pour nous donner ses sentiments sur ses contemporains, l’époque dans laquelle il vit … un mélange de douce misanthropie accompagnée d’un statut assumé de « baderne réactionnaire », comme le qualifient ses détracteurs.



Bref, je continue ma découverte de l’œuvre de François Nourissier… certes, cette « Lettre à mon chien » est loin de la « puissance » d’ « A défaut de génie », mais les deux ont en commun cette plume admirable de l’auteur.

Commenter  J’apprécie          322
Prince des berlingots

Comme je l’ai déjà dit ici, j’ai découvert François Nourissier tardivement : son apparence me rebutait… Autant qu’elle le rebutait lui même, si j’en crois ses propres écrits… Grave erreur !

En fait j’ai découvert cet écrivain majeur à l’occasion, en 2000, de la sortie de « A défaut de génie » et du « Bouillon de culture spécial » que Bernard Pivot lui consacra alors.

A cette époque, il souffrait déjà de la maladie de Parkinson (diagnostiquée en 1995) et n’hésitait pas à aborder le sujet avec fermeté et dignité. Miss P. avait-il décidé de la surnommer…pour mieux la combattre.



Il revient sur sa vie en compagnie de Miss P. dans ce court récit (le terme est de lui), « Prince des berlingots » qui se présente comme une série d’une cinquantaine de chroniques autobiographiques traitant entre autres de sa maladie. Je dis bien entre autres, parce que chez le Nourissier du « Prince des berlingots » autant que chez celui de « A défaut de génie », tout est prétexte à la digression-promenade hors des sentiers battus.



Il nous livre un ouvrage lucide et digne où le larmoiement et l’apitoiement sur son sort n’ont pas leur place ; bien conscient malgré tout (ce sont ses mots) qu’il « fait tapisserie au bal de sa vie », alors que les doses de médicaments augmentent et que les choses ne s’arrangent guère…hallucinations olfactives auditives et visuelles, akinésie, salive abondante le transformant en vieillard baveux.

Beaucoup d’autodérision, au contraire… Et puis cette prose au vocabulaire si précis (voire précieux), ponctuée d’envolées lyriques ! Merci, monsieur Nourissier ! et Adieu l’artiste.

Commenter  J’apprécie          292
À défaut de génie

Voilà le livre qui m’a fait découvrir François Nourissier, un auteur que j'ai dédaigné pendant de longues années, ne le croisant qu'à la télévision lors des remises de Goncourt. Pourquoi cet homme m'a-t-il si longtemps rebuté ? Ses lunettes ? C'est vrai que je n'aimais pas ses lunettes…

Il aura fallu une émission de Bernard Pivot, en 2000, pour que je découvre cet homme lucide et sensible décrivant sa haine et son dégoût de lui même dans ce monument d’introspection qu’est « A défaut de génie ». D’abord, le titre m’attire, somptueux, court, mais tellement révélateur de l’état d’esprit de l’homme. Je me précipite chez le libraire et dévore les 660 pages du bouquin… C'est un choc !

Et cette façon de parler de Miss P, alias Miss Parkingson, la maladie qui finira par l'emporter…

Une découverte bien tardive. Son premier ouvrage date de 1951…

Mea culpa… Mais quel plaisir de penser qu’il ne me reste pas moins de vingt-cinq livres à découvrir du même auteur : « La crève » et « En avant, calme et droit », lus depuis cette découverte, ne m’ont en effet pas déçu.

Commenter  J’apprécie          290
La Crève

François Nourissier, un auteur que j’ai dédaigné pendant de longues années, ne le croisant qu’à la télévision lors des remises de Goncourt. Pourquoi cet homme m’a-t-il si longtemps rebuté ? Ses lunettes ? C’est vrai que je n’aimais pas ses lunettes…

Il aura fallu une émission de Bernard Pivot, en 2000, pour que je découvre cet homme lucide et sensible décrivant sa haine et son dégout de lui-même dans « A défaut de génie », son dernier ouvrage paru. Je me précipite chez le libraire et dévore les 660 pages du bouquin… C’est un choc !

Et cette façon de parler de Miss P, alias Miss Parkingson, la maladie qui finira par l’emporter…



Mais revenons à « La crève », prix Fémina 1970…

Benoît a la cinquantaine ; marié à Hélène, deux fils et un bel appartement à deux pas de son bureau ; une aisance matérielle qui ferait des envieux La belle vie !

Quoique…Bien qu’épanoui dans son travail d’éditeur et jouissant de la compagnie d’une épouse qualifiée de discrète et raffinée, ils ne font que se croiser et Benoît ne trouve le sommeil qu’à l’aide de comprimés… quand il ne sombre pas tout bonnement dans l’alcool. On le sent mûr pour la chute…

Il rencontre Marie, vingt ans…et part la rejoindre en Suisse. Pour quoi faire ? S'agit-il d'un aller simple ?



« La crève », une évocation du « démon de midi », amère et sensuelle. Un roman dans le milieu de l’édition que l’auteur fréquentait assidûment. Comment ne pas penser qu’il pourrait bien y avoir un peu de François Nourissier dans ce Benoît Magellant ?



Et puis mea culpa pour avoir aussi longtemps volontairement ignoré cet écrivain majeur pour « délit de sale gueule »…

Commenter  J’apprécie          290
Le Cycliste du lundi

Il n’est pas dans mes habitudes de publier un commentaire au sujet d’un livre que je n’ai pas terminé ; surtout, et c’est le cas ici, quand il s’agit d’un ouvrage offert dans le cas de « Masse critique ». J’en profite d’ailleurs pour remercier encore l’équipe de Babélio et l’éditeur « La Grande Ourse ».



« Le cycliste du lundi » de François Nourissier.

J’ai déjà eu l’occasion de dire ici que j’ai découvert cet auteur tardivement au moment de la sortie de « A défaut de génie », et quelle admiration je lui porte. Aussi, a la réception par la poste de ce recueil de chroniques littéraires parues dans la presse entre 1962 et 1978… Impatience : une centaine de chroniques sur quatre-vingt auteurs…Un vrai livre de chevet…



Dès réception, je me précipite sur la préface d’Elisabetta Bonomo, une spécialiste de l’auteur, puis sur l’avant propos de l’auteur lui-même. Tout s’annonce bien pour un grand moment de littérature. J’enchaîne les chroniques : Anselme (connais pas), Aragon, Banier (ça me dit quelque chose…et ça me rappelle Huguenin de « la côte sauvage ». Gagné, Nourissier évoque cette étrange ressemblance avec « Le passé composé ». Horreur, il s’agit du Banier de l’affaire Bettancourt)…

Roland Barthes, Hervé Bazin : « Le matrimoine »…Je ne l’ai pas lu, un des rares Bazin qui me restent à lire. Ca m’ennuie, ça…

Je cours vers mes favoris. Sont-ils présents ?

Tournier : « Le roi des aulnes », un chef d’œuvre… Je découvre une analyse commune avec Nourissier, mais par lui si bellement argumentée, documentée…rédigée...

Vite Déon… Il y est : « Les poneys sauvages », remarquable…

Giono, Chabrol, Bodard, Chardonne, remarquable également.



Un vrai livre de chevet, disais-je… Il a pris en effet position sur ma table de chevet et je poursuis journellement ma lecture. La prose de Nourissier est un émerveillement toujours recommencé : qu’il parle de Romain Gary ou de Drieu La Rochelle, c’est toujours en expert de la langue…



Si l’on en croit la revue « L’express », « Le cycliste du Lundi » est une « déclaration d’amour à la littérature ».

On ne peut bien sûr que souscrire à pareille déclaration et souhaiter longue vie à cette toute jeune maison d’édition « La grande Ourse », créée par la propre fille de François Nourissier qui se propose d’exploiter les archives léguées par son père à la BNF dans de prochaines parutions. Impatience…



Commenter  J’apprécie          270
Le Cycliste du lundi

Quel que soit le livre qu’il chronique qu’il soit enthousiaste ou pas il donne envie d’y aller voir et c’est cela qui est vraiment extraordinaire. Donner envie au lecteur de lire même les auteurs pour lesquels il émet des réserves. Et puis surtout, contrairement à certains critiques littéraires actuels, il a lu les livres qu’il chronique dont il s’est imprégné au point qu’on le sente comme possédé par sa découverte. Il dit ce qu’il pense mais toujours avec élégance et dans un style qui laisse baba... Il y a parmi ces cents livres magistralement chroniqués ceux dont je n’avais jamais entendu parler, ceux dont les noms ne me sont pas inconnus, ceux que j’ai lu et dont je me souvenais vaguement et ceux que j’aime et redécouvre par les yeux et le coeur de François Nourissier. Le résultat est un bonheur, une balade passionnante au coeur de la littérature du XXe siècle dont il nous offre un paysage varié et coloré. Et c'est sans réserve que l'on se laisse entraîner avec joie sur des sentiers parfois inconnus.

Conviendrait parfaitement à la lecture de ces textes ce que Nourissier écrit à propos du roman de Pierre Gascar "Les Chimères"p 189

"Oui, le style me donne du bonheur. Je veux dire : le vrai langage de notre temps qui emprunte davantage à la précision qu’à l’élégie, qui tire force et beauté d’une adéquation parfaite à ses thèmes, qui fait rêver plutôt que chanter, et rêver dans un décor arraché aux flous artistiques et aux langueurs glycérinées."



Commenter  J’apprécie          262
En avant, calme et droit

« En avant calme, et droit », une reprise – si l’on peut dire, quand il s’agit d’équitation – du général Alexis L'Hotte, « le cheval calme, en avant et droit », devenue la devise du Cadre Noir de Saumur.



Publié en 1987, il s’agit pour François Nourissier de décrire l’évolution de la société française depuis les années 30 au travers de la vie d’Hector Vachaud, dit Vachaud d'Arcole, écuyer.

Un ouvrage sans concession d’un auteur qui prétendait que ses personnages correspondaient à ce qu’il était, ce qu’il avait été, voir ce qu’il serait.

Jamais avare dans la détestation de soi, François Nourissier nous sert ici un texte, comme toujours d’une grande beauté, tant dans la syntaxe que dans le vocabulaire dont il maîtrise jusqu’aux mots oubliés… parfois désuets… Mais c’est tellement beau !



Toujours, pour ma part, le même mea culpa pour avoir « découvert » tardivement cet écrivain majeur du XXème siècle...

A quelque chose malheur est bon, dit-on : j’ai encore à lire un bon nombre d’ouvrages que j’imagine sans peine excellents.



Commenter  J’apprécie          250
Lettre ouverte à Jacques Chirac

Cette lettre à Jacques Chirac est datée du 20 janvier 1977… et Jacques Chirac a démissionné de son poste de Premier Ministre le 26 juillet 1976… Alors pourquoi François Nourissier décide-t-il de lui écrire ? Ne se pose-t-il pas lui même la question en quatrième de couverture de cette longue « Lettre à Jacques Chirac » ? pour y répondre immédiatement que d’abord, Jacques Chirac l’amuse et qu’ensuite, il est toujours plus pratique d’écrire soi même sa pensée plutôt que de signer des manifestes que l’on a pas écrits…Et puis, si « les écrivains et artistes » pullulent à gauche, leurs rangs sont clairsemés dans la Majorité. » Il veut en être…



Fort de cette ambition et convaincu qu’un Président de la République se construit dans le terroir, il s’adresse au député de la Corrèze. Le verbe est clair, sans acrimonie ; même pas à l’évocation de Georges Marchais alors Secrétaire Général du Parti Communiste Français, et encore moins à l’adresse de François Mitterrand à qui il prédit une brillante ascension tout en mettant Jacques Chirac en garde contre la tentation de le faire élire, pour récupérer les fruits de son échec… Dans quel état retrouverait-il la France après une pareille expérience de socialisme, se demande-t-il ?



L’Histoire apportera réponse à cette question…



On assiste donc au long de cette longue lettre à la présentation d’une galerie de portraits des hommes et femmes politiques influents de l’époque ; une galerie de portraits qui ne manque pas de saveur sous la plume acérée d’un François Nourissier en verve : Marchais, Mitterrand, Giscard d’Estaing, bien sûr mais d’autres également : Beuve Mery, de Gaulle, Rocard…

Mieux, une série de digressions comme François Nourissier en a le secret, sur les grands événements de l’histoire de son siècle : la résistance, la guerre 39/45, la décolonisation…

Enfin, la politique et ses bassesses…



Un régal, qui, certes ne dira pas grand chose aux plus jeunes, mais qui apportera aux plus anciens l’éclairage tout particulier de la pensée de Nourissier sur une période où l’inflation culminait à 16, voire 18 %, où le Président serrait la main aux détenus dans les prisons et ou il invitait les éboueurs au petit déjeuner. Démagogie ? Non VGE…

Commenter  J’apprécie          230
L'empire des nuages

Il m'aura fallu un peu plus d'une vingtaine de jours pour venir à bout de " L'empire des nuages" de François Nourissier, vaste fresque de 500 pages.

Choisi pour son titre que j'ai trouvé très beau, il m'est tout d'abord apparu assez difficile d'accès avant d'apprécier cette écriture, de la trouver agréable, belle et même addictive.

François Nourissier est-il un écrivain oublié ? Ce serait dommage étant donné la qualité d'écriture de cet ouvrage, ces phrases anodines pour la plupart mais qui composent un ensemble dont il est difficile de s'extirper.

Comment vous décrire au mieux ce livre et la multitude de thèmes qui le compose ?

Historique tout d'abord depuis les rapatriés pieds-noirs de la guerre d'Algérie jusqu'aux événements de mai 68.

Le marché de l'art des années 70 très bien décrit, les intermédiaires, la surenchère, les trahisons mais surtout les affres de la création pour un artiste, en l'occurrence un peintre, le doute, les peurs, l'incertitude, l'inspiration. Tout cela en la personne du personnage principal, Burgonde, qui apparaît au premier abord assez peu aimable, imbu de sa personne, se désintéressant de ce qui l'entoure, mais qui va progressivement montrer ses failles, craquelures qui le pousseront à tout abandonner, éternelle fuite en avant.

Et c'est avant tout un roman d'amours, où ses personnages, chacun à leur façon, se trouveront, s'aimeront puis se sépareront. Le point d'orgue de ces aventures symbolisé par le couple formé par Victoire et Burgonde, deux êtres à l'abandon qui se serviront chacun de l'autre pour se reconstruire.

Ce roman évoque également les relations entre les parents et leurs enfants, la mort et la difficulté de la regarder en face.

Voilà, je ne peux que vous encourager à découvrir ou redécouvrir François Nourissier avec ce livre ou un autre, il le mérite. Pour ma part, j'en ai déjà un second dans ma bibliothèque, en espérant qu'il soit d'aussi bonne qualité.
Commenter  J’apprécie          212
Eau-de-feu

Dans ce récit autobiographique, François Nourissier témoigne de la maladie de Reine son épouse, alcoolique. Il ne s'épargne pas, mettant en lumière son aveuglement, son propre rapport avec l'alcool, les alcools plûtôt, le cauchemar au quotidien de cette addiction. Et puis bien au delà, il a une réflexion sur le couple, la vieillesse, sur les terribles scènes qui accompagnent cette dépendance.

Une confession sans complaisance, extrémement touchante et humaine qui évite l'indécence et l'impudeur, avec une écriture extrémement joyeuse et érudite pour masquer les douleurs.
Commenter  J’apprécie          200
La fête des pères

Je crois bien qu'avec François Nourissier, la conclusion s'impose : c'est un rendez-vous manqué! Pourtant... Je me souviens de ces émissions de télévision littéraires où il était régulièrement invité. Il m'apparaissait alors comme un homme sympathique et d'un talent indéniable. J'étais admirative devant cet intellectuel que je me sentais indigne de lire : un membre éminent de l'Académie Goncourt! Pensez-donc... Première rencontre, il y a plusieurs années avec la lecture "d'Allemande", première déconvenue... Je renouvelle avec "La Fête des pères" ouvrage dont on avait beaucoup parlé à sa parution, et même sentiment de vide, d'incompréhension. Je n'aime pas ce style d'écriture, je n'apprécie cette platitude, je n'adhère pas à cette introspection. Et j'éprouve un malaise certain à l'idée que ce roman peut être en grande partie autobiographique, car je n'apprécie pas du tout le narrateur et alors toute l'admiration que j'avais pour l'écrivain qui se montrait sous un bon jour sur le plateaux tv de grand renom, tout ceci s'efface et pis encore s'écroule comme un château de cartes. Tout est dit, l'aventure littéraire s'arrête pour moi avec cet auteur.
Commenter  J’apprécie          171
Lettre à mon chien

Dans Lettre à mon chien, il est question de la relation de François Nourissier avec sa chienne Polka, mais aussi du métier d'écrivain, du retirement qui, comme il le dit, n'était (et n'est) pas très à la mode.



Lettre à mon chien est un livre dans lequel François Nourissier s'adresse à sa chienne Polka, rebaptisée ainsi par Claude Gallimard car son vrai nom, c'est Pilule. Il nous raconte ses expériences avec les animaux, souvent liées à l'observation, malgré lui, de leurs souffrances. Sa sensibilité en la matière est très grande. Un de ces petits chapitres, à propos, s'appelle "Un grand chien noir". Il nous dit comment il a vu, un jour, dans la circulation parisienne, un grand chien noir éperdu, coincé sur un îlot, près d'un tunnel, prisonnier des voitures. L'auteur s'est affolé, à tout fait pour pouvoir garer sa voiture plus loin,se porter à son secours, mais la peur de le retrouver écrasé a été si grande, si viscérale qu'il a fait demi-tour.



François Nourissier nous raconte la compagnie de Polka dans sa vie quotidienne et sa vie d'écrivain. Tout ce qu'il écrit est tellement vrai, on y retrouve tellement sa vie avec son propre animal que c'en est émouvant. Voilà un auteur qui a tout compris de la présence de l'animal dans une vie.



J'ai cherché des informations sur Polka, l'année de sa disparition, des photos de Nourissier avec elle. Il y en a peu, hormis cette vidéo postée ci-dessus et datant de 1976.



En 1981, on le voit sur une photo pour Paris Match avec un berger allemand : Polka, le teckel, était sans doute morte, elle qui avait déjà plus de dix ans au moins au moment de l'écriture de ce roman en 1974 (il mentionne une paralysie en 1967).



Dans le dernier chapitre, François Nourissier constate qu'il existe deux mondes, deux sortes d'humains. Une belle conclusion à un livre très touchant et sincère.




Lien : http://edencash.forumactif.o..
Commenter  J’apprécie          142
La Crève

Benoit la cinquantaine est directeur de collection dans une grande maison d’édition depuis de longues années avec pour toute fierté celle de faire connaître l’œuvre de celui qu’il estime digne de son estime .Il faut voir comment il materne ses poulains, les secoue à bon escient, les réconforte dans leurs soucis quotidiens, les dynamise quand le doute s’installe et que les mots ne viennent plus. Bref il est l’âme de cette maison, le maître d’œuvre, guetté par les jeunes loups qui convoitent sa place.

Marié avec Hélène depuis fort longtemps ,père de 2 fils qu’il ne fait que croiser dans les couloirs de son grand appartement à 2 pas de son bureau

Il semblerait que tout lui sourie. Que se passe t’il donc, que lui arrive t’il pour que chaque soir il cherche le sommeil dans l’alcool mondain et les cachets ?

Entouré par sa famille, passée de l’attention de sa mère Madame Benoit Magellan dont il dit « son visage s’aiguise et ses hanches percheronnent » à celle de son épouse, discrète, raffinée, « Elle était moqueuse autrefois. Maintenant, elle se contente de se taire dans son coin, en éveil, suivant la conversation des yeux, croirait-on, attentive à ne froisser personne. »



Voilà, il a croisé la route de Marie, jeune femme, de 20 ans, et depuis il ne vit plus ne dort plus, s’échappant de temps en temps au gré d’un congrès pour aller la retrouver .C’est son feu, sa flamme, sa passion, son obsession .Bref il ne vit plus.

Ce matin, il se lève et décide de…..il ne sait pas encore

François Nourrissier, qui nous a quittés en 2011, nous livre là un texte d’une force, d’une violence fabuleuse. Les mots claquent, vous fustigent, vous vous prenez en pleine poire les états d’âme de Benoit et vous assistez impuissants à son mal-être, à ses tergiversations qui l’amèneront à….

Bref, de la grande, très grande ouvrage qui gagne à être connue et reconnue à sa juste valeur

Commenter  J’apprécie          140
L'empire des nuages

Les affres de la création en pas moins de 700 pages (Dans l'édition du Livre de poche). Nourissier a fait fort.

Burgonde (la sonorité du nom déjà augure bien du caractère maussade de l'artiste), est un peintre reconnu, un pape de l'abstraction lyrique , mouvement pictural en vogue dans les années 1950-60. François Nourissier nous le montre à l'orée de la fameuse crise de la cinquantaine. L'inspiration a déserté l'artiste ; il se répète disent de lui les marchands d'art. " L empire des nuages" c'est " L'oeuvre" de Zola , avec Burgonde à la place de Cézanne.

C'est un roman plutôt touffu qui pourra en décourager certains. A son tour peintre des humeurs de l'artiste, Nourissier , en toile de fond, brossera la France du début de la "vraie" modernité. De 1962 , fin de la guerre d'Algérie, aux années 1970 où l'argent suppléera au talent dans tant de domaines, en passant bien sûr par mai 1968 dont je vous laisse deviner ce qu'en pense l'auteur (par la voix de Burgonde évidemment...).

J'ai dit que c'était un roman touffu car peu soutenu par une linéarité visible. On suit Burgonde de pages en pages ; ses états d'âme ( très développés ses états d'âme...trop peut-être) , ses amours, ses déboires avec ses deux enfants, sa passion pour Victoire , une jeune femme de trente ans plus jeune que lui, ses griefs envers les galeristes, les mécènes, tout ce monde de l'Art déconnecté du réel . D'une année l'autre on le voit en Suisse chez un fortuné mécène, en vacances à Uzès dans le Gard, à New-York pour un vernissage, dans son atelier parisien....L'effet produit sur le lecteur est une perte de repères. Tout se mélange et perd sa temporalité. Ne reste qu'une lancinante descente , non pas aux enfers -Nourissier le pathos c'est pas son genre- mais vers une sorte d'aboulie, de résignation et de dépouillement.

Au terme du roman Burgonde a perdu toutes ses illusions et n'aspire plus qu'à la paix de l'âme .

Nul n'a mieux décrit la comédie humaine que François Nourissier , trop lucide et jamais dupe des petits arrangements qui permettent à l'homme de continuer à vivre. Comme Flaubert avec Emma Bovary , je crois que Nourissier aurait pu dire : " Burgonde c'est moi". C'est au moins son double. Car les angoisses de l'écrivain devant la page blanche valent bien celles du peintre devant la toile vierge.

L'empire des nuages est aussi, me semble t-il, un roman à clefs. Trop de noms de peintres (l'auteur mélange les "vrais" peintres et des peintres "fictifs"), trop de références à de généreux et ombrageux mécènes ; Nourissier joue avec les noms , avec les lieux....mais seul un familier du monde de l'art pourra décrypter l'énigme....



Nourissier de son vivant était célèbre et omnipotent dans le monde littéraire . Président du jury Goncourt il avait la réputation d'un faiseur de roi. Je suis donc étonné de découvrir que ma critique est la première pour ce livre. On peut ne pas aimer les prises de positions de l'écrivain , plutôt réac , mais , en plus d'un talent certain ,l' homme avait à mes yeux une qualité : il aimait les chiens et les chevaux (et aussi les belles anglaises-je veux dire les Triumph, Jaguar, Aston Martin....) , et un homme qui aime les chiens et les chevaux (et accessoirement les belles anglaises-mais là j'ai pas les moyens-) , ne peut être totalement mauvais.









Commenter  J’apprécie          121
Mario Prassinos

Toute la lumière tire l'épingle du je.

Gouttelettes squelettiques. Miasmes figuratifs qui exhalent le parfum sombre d'une balade nocturne. C'est un arbre. Il marche, planté dans notre regard. C'est un visage qui arbore la dictée de ses roches sur les entrelacs d'une architecture souveraine. Prassinos, multiple et constant à la fois. Fouineur, brousailleur, jamais brouilleur . Passant, passeur.

Tissage d'encre à travers le négatif primitif du monde. Géologie faciale.

Épineuse réponse minérale à la résonance végétale de l'ombre. La plaine marche devant nous, l'arbre s'étend, et la montagne ouvre profond l'écorce du ciel. Prassinos peint.

Ce n'est plus une question , c'est un point précis qui vagabonde et qui féconde.



Astrid Shriqui Garain

Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de François Nourissier (498)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur l'histoire du Mysterieux cercle de Monsieur Benedict

Qui est vraiment Milligan

Un espion secret
Le pere de Kate
Milligan tout court

3 questions
27 lecteurs ont répondu
Thème : Le mystérieux cercle Benedict de Trenton Lee StewartCréer un quiz sur cet auteur

{* *}