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Critiques de Françoise Henry (71)
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Loin du soleil

Beaucoup d’émotions à la lecture de ce petit roman. Françoise Henry. Retenez ce nom car voici une auteure de très grand talent.



Greta est atteinte de photodermatose, elle doit fuir le soleil. Elle passe donc tout son temps chez elle où elle pourra raconter l’histoire de Loïc, son voisin d’en face.



Né d’un père simplet et d’une mère oisive mais belle comme le soleil, Loïc voit le jour dans cet étrange couple mal assorti. Sa mère, Nadine adore le soleil. Dans ses shorts flashi, elle se baigne au soleil tous les jours jusqu’à en mourir, laissant Loïc âgé de quatre ans seul avec son étrange père. À Loïc dans cette famille nigaude, on dira que Nadine est partie au ciel. En avion. Qu’elle en a pour longtemps avant de revenir. Alors Loïc l’attend, se pose des questions, court après les avions, le chien aussi l’attend Nadine. Il pleure, il gémit. Et ça fait enrager le père Augustin qui voudrait que son chagrin soit plus braillard que celui du chien. Alors il frappe, il boit boit boit jusqu’à tomber là. Lui qui aimait tant sa Nadine.

Dans cette famille, on ne parle pas, on n’aime pas, on n’embrasse pas, on ne câline pas. Les émotions et démonstrations n’ont aucune place. Quel frisson quand Loïc est invité avec son père chez un couple parisien et que doucement à demi voix, Loïc demande à la dame « vous voulez bien me serrer dans vos bras s’il vous plaît madame ». Cette phrase m’a bouleversée car on y ressent toute la détresse de l’enfant abandonné, délaissé, privé d’amour.



On va suivre l’évolution de Loïc au fil des années. Découvrir ce que devient un enfant privé de sa mère et d’amour. La fatalité, la condamnation, le jugement.



L’écriture ! Ah l’écriture est un pur délice, d’une onctuosité poétique et existentielle digne des plus grands. J’ai savouré chaque ligne, chaque mot comme un entrelacs rempli de justesse et de profondeur.

Il y aurait tant à dire sur ce petit livre. Cette obsession du soleil. Le soleil qui tue, qui rend malade ou orphelin. Le soleil qui embellit ou éclaire les pas des voleurs. Le soleil qui projette aussi l’ombre de l’absence, du vide, du manque.



Ce livre est un gros coup de cœur.

Loin du soleil dans un grand éclat de lune.
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Le rêve de Martin

Martin est l’enfant de trop, celui qui est né d’un amour extra conjugal, celui qu’une mère aime plus que les autres. Cet amour ne plait pas à l’homme de la maison. Qui ne dit rien mais devine. Alors à douze ans, cinq enfants à nourrir c’est trop. Le 9 mai 1939, un jour marqué au fer rouge, Martin sera abandonné, laissé à des fermiers sans scrupules. Au plus grand désespoir de sa mère qui se terre dans un silence et une abnégation que je n'ai pas toujours bien comprises. Le contexte y est pour beaucoup. L'avant guerre, un monde paysan où les sentiments sont tus, où les femmes n'ont pas grand chose à dire.



Le rêve de Martin était sûrement d’avoir été aimé, de grandir auprès des siens. De son ciel là-haut, la mère confie post mortem ses regrets, ses hontes, son immense chagrin. Son impuissance enragée de ne plus revoir son fils. D’entendre seulement des autres ce qu’on lui rapporte sur son fils. Les coups, la famine, les questions « pourquoi maman ne vient jamais me voir? ».



Françoise Henry je l’ai découverte avec Loin du soleil et j’avais été complètement subjuguée par cette plume à fleur de peau.

Le rêve de Martin, récompensé du prix Marguerite Audoux en 2006 est d’une grande qualité à nouveau. Le cœur d’une mère tiraillée par le manque et le vide loin de son enfant qui aurait pu être heureux si on ne l’avait pas laissé dans les bras déplumés de la misère humaine.



J'ai un peu moins été convaincue par ce roman que par son tout dernier, Loin du soleil simplement parce que le personnage de la mère m'a souvent révoltée. La narration d'une mère post mortem est aussi particulier. Tout le livre est une histoire de regret, de regard externe, d'un enfant qu'on découvre jusqu'au jour final à travers les yeux d'une mère absente mais terriblement présente dans sa capacité à penser et ressentir son fils même loin d'elle.



Une auteure où je persiste et signe : il faut la découvrir. C'est une écrivaine sensible, humaine qui marie avec talent une écriture immersive et empathique à des histoires qui ne laissent jamais indifférent. A découvrir pour les amateurs de plume sensible qui aiment les livres qui serrent le cœur avec grâce.

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Loin du soleil

Loïc, l’illettré, le débile, c’est à toi que s’adresse ta voisine, celle que blesse les rayons du soleil, pour retracer ton histoire et évoquer les drames qui l’ont marquée.





Dans la lumière d’un été, ils se sont aimés, Augustin et Nadine, la belle et légère Nadine, dont l’ambition dans la vie se limitait à trouver la meilleure exposition pour faire dorer sa peau au soleil. Tant qu’elle a pu être présente, la vie fut plutôt douce pour toi. Mais le destin en a décidé autrement. Et tu leur en as voulu, à tous, de t’avoir caché la vérité et une fois de plus de t’avoir considéré comme un idiot qui n’y comprend rien.



Et les années sombres ont suivi, près d’un père en perdition, une marginalité induite par tes lacunes, et une famille peu aimante, voire hostile.



Cette narratrice bienveillante qui s’attache à retracer l’histoire de Loïc, se fait la porte-parole d’une vie précaire. Chaque page contient en filigrane les prémisses d’un drame annoncé, suggérant la violence contenue et prête à exploser. Personne ne’st coupable, tout le monde est responsable. Le destin vient juste y saupoudrer le grain de sable qui peut faire vaciller tout l’édifice.





Par le biais du tutoiement, l’autrice accentue l’empathie du lecteur, à la fois pour le personnage visé, mais aussi pour cette voisine bienveillante, cachée sous sa voilette, et qui elle aussi se reproche son manque de vigilance lorsque la vie s’est chargée d’alourdir son propre fardeau.



Histoire d’un rejet, pour les raisons si ordinaires, la peur de la différence, le besoin d’exclure pour se sentir inclus, la bêtise qui s’envisage pas un instant de se remettre en cause. Les remèdes au désarroi profond, sont aussi toujours les mêmes, on s’échappe, rarement en sublimant, beaucoup plus souvent en se détruisant. Les paradis artificiels ont le goût de l’enfer.





C’est un beau récit, empreint d’humanité , sans être mièvre.



Merci à Netgalley et aux éditions du Rocher.


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Loin du soleil

Loin du soleil, c'est là qu'est contrainte de vivre Greta, qui souffre de photodermatose, une maladie qui rend sa peau bien trop sensible au soleil.

Loin du soleil, c'est là que va grandir Loïc, là qu'il va apprendre à vivre (ou survivre), puisque la nuit est tombée sur sa famille au décès de Nadine, sa mère, lorsqu'il avait quatre ans.

Nadine, belle et lumineuse comme un soleil, insouciante, oisive, un brin écervelée, et Augustin, travailleur, gentil mais taiseux, incapable d'exprimer ses sentiments, ces deux-là forment un couple improbable mais pourtant heureux, avant le drame et la mort de Nadine. Augustin sombre, on fait croire au petit Loïc que sa mère est partie en avion et qu'elle ne reviendra pas avant longtemps. Mais dans la tête du gamin, "longtemps" ne veut pas dire "jamais", alors il attend, attend... Il attend en silence et sans amour, son père n'est pas capable de lui en donner, ses grands-parents maternels non plus, plus doués pour pourvoir à la logistique qu'à la tendresse.

Il n'y a que Greta, la voisine, qui observe la famille depuis sa fenêtre. de loin en loin, elle suit ta vie, Loïc, et s'adresse à toi, reconstituant ton histoire, ton parcours, ta vie sans amour, sans amitié, sans attention ni affection, sans instruction mais avec en prime l'alcoolisme de ton père, qui n'en finit pas de s'y enfoncer. L'alcool dans lequel tu pourrais bien couler toi aussi, à trente ans à peine. A moins que Greta, qui veille et s'en veut de n'avoir jamais rien tenté pour t'aider, ose te tendre la main...

Malgré la lueur d'espoir finale, cette histoire est un crève-coeur, un roman de "désapprentissage" dans lequel un enfant grandit dans un désert affectif et sans que l'école, cet instrument de l'ascenseur social, joue son rôle, puisque malgré toutes ses années de scolarité, Loïc est illettré. Il y a des vies qui se construisent sous de meilleurs auspices.

Isolement géographique, solitude morale, rejet, tristesse, gâchis, tout cela est raconté avec une très jolie plume, à la fois sobre et poétique, sans larmes et avec beaucoup d'humanité. Un ton très juste pour un roman entre beaucoup d'ombres et un peu de lumière.



En partenariat avec les Editions du Rocher via Netgalley.

#Loindusoleil #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Loin du soleil

Loin du soleil est cette triste histoire de Loïc, pauvre petit bonhomme, et de son père Augustin. Une histoire à sens unique où la fin apparaît comme une évidence, tant c'est un enchainement logique et pourtant l'on ne peut s'empêcher de souhaiter un miracle.

Greta, allergique au soleil observe ses voisins de chez elle, ce père et son fils ont perdu leur rayon de soleil car la maman est morte d'une rupture d'anévrisme. Détruit le père va sombrer dans l'alcool et négliger Loïc. le pauvre enfant va se retrouver livré à lui-même, personne ne soucie de lui, entre manque d'affection, solitude, il grandira sans apprendre à lire et se retrouvera en situation précaire devenu adulte.

Françoise Henry, de sa jolie plume, nous raconte une histoire bien sombre, sans indignation, sans parti pris, une banalisation du malheur. Les gens regardent, en parlent mais ne s'en mêlent pas. Une histoire qui prête à réflexion car en fait il y a malheureusement trop de Loïc et il suffirait de si peu, d'une main tendue pour éviter de tels désastres.

Merci aux éditions du Rocher.

#Loin du soleil #NetGalleyFrance

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N'oubliez pas Marcelle

Comme écrit par l’autrice elle-même, Françoise Henry, ce livre est « un biopic de quelqu’un de pas célèbre du tout d’anti-célèbre ». En effet, l’héroïne principale, Marcelle Jallard, n’a jamais été connue dans sa vie, bien du contraire.



Françoise Henry nous décrit la vie de cette femme, depuis sa naissance en 1922, jusqu’aux ultimes jours de sa vie. Cette personne, Marcelle, il en existe des milliers autour de nous; ces effacées qui mènent des existences banales où elles s’oublient dans leur quotidien et parcourent leur vie sans artifice mais sans jamais se plaindre.



Écrire un livre sur ces gens est quelque chose d’audacieux car il n’y a pas d’« action », de « suspens » à proprement parler. Les jours défilent comme les pages, dans une certaine relativité.



Très contemplatif, ce roman tient lieu d’une espèce d’hommage à ces hommes et femmes, que nous croisons tous les jours, dans la rue, dans les magasins, dans les transports publics, sans nous retourner, sans leur adresser un regard.



Pour cette protagoniste, Marcelle, un seul petit détail aurait pu tout changer dans sa vie, mais elle a préféré s’effacer, mettre son bonheur personnel de côté, à son propre détriment qu’elle devra supporter jusqu’à son décès.



Dotée d’une plume sensible et délicate, Françoise Henry apporte un peu de lumière à ces individus blessés par la vie et les décortique dans leur complexité. La grande originalité est de raconter cette vie sans y mettre de point à la ligne. L’unique sera le final car « dans une vie, il n’y a jamais de point si ce n’est le final quand il n’y a plus rien à dire ».



Dorénavant, nous n’oublierons plus ces Marcelle, toutes les Marcelle.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Loin du soleil

L'histoire de "loin du soleil" est aussi l'histoire de Greta, cette voisine qui observe ses voisins et tout particulièrement ceux de la ferme d'à côté Augustin, Nadine et leur fils le petit Loïc puis Patricia la seconde femme d'Augustin.



C'est principalement le petit Loïc qui va retenir son attention ainsi que la nôtre. Il faut dire que la vie n'est pas simple pour ce petit bout d'homme qui va être orphelin de mère à 4 ans. Augustin sera lui aussi complètement anéanti et Greta lui sera d'une aide inestimable, ne serait-ce que pour un instant.« Des fois il suffit de tendre la main pour qu'on vous la saisisse avec tant de reconnaissance qu'on en est presque gêné.»

C'est Greta qui nous raconte l'histoire en employant le "tu" comme si elle s'adressait au petit Loïc qui n'aura pas toujours 4 ans mais que l'on va suivre jusqu'à sa trentaine.

L'alcool, la difficulté de trouver sa place dans une famille recomposée va être l'environnement de Loïc qui sera pour un temps accueilli chez ses grands-parents qu'il connaît très peu et qui ne sont guère accueillants.

Le besoin d'amour, de tendresse, d'un regard, d'une attention est omniprésente et ce petit Loïc ne cesse de nous émouvoir. Lors d'une soirée, il se dirigera vers une amie de ses parents qu'il connaît très peu : « s'il te plaît, lui as-tu demandé, est-ce que tu peux me prendre dans tes bras ? (...) tu t'es retrouvé assis sur ses genoux tandis qu'elle te serrait contre elle qui ne pouvait que répéter : - mon petit, mon petit... »



Ce livre est un petit bijou qu'il convient de lire avec chaleur et sans jugement puisqu'il est écrit sans jugement, il faut entrer en osmose avec Françoise Henry. Il ne faut pas trahir sa plume si délicate si douce.

La couverture est-elle aussi un plaisir à regarder je n'ai eu de cesse de l'admirer.
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Loin du soleil

C'est un roman assez court que j'ai lu tout doucement, savourant chacune des pages où l'émotion affleure à chaque mot. Et pourtant, le sujet est triste : Loïc est élevé sans amour, après la mort de sa mère, la belle Nadine. Il devient un handicapé social : il ne sait pas lire, ne peut donc pas avoir le permis de conduire, exercer légalement un métier. Alors il vit d'expédients et finit par retourner chez son père d'où il avait été banni quand celui-ci s'était remarié. Ils vont alors partager quelques moments heureux, mais surtout l'alcoolisme.

L'histoire est racontée par Greta, la voisine, entièrement à la seconde personne : elle est le témoin souvent impuissant de la « mobilité sociale descendante » de Loïc. Cependant, le roman se termine sur une lueur d'espoir.

Loin du soleil, parce que Greta ne peut s'y exposer, atteinte de photodermatose. Loin du soleil, parce que le soleil c'était Nadine disparue si jeune. Loin du soleil parce qu'il n'y en a pas pour Loïc, et pas beaucoup plus pour son père.

Ce roman nous parle de la vie à la campagne, où tout le monde se connaît, mais où chacun reste chez soi. Il nous parle des mains qu'on ne tend pas, parce que ça ne se fait pas, parce qu'on n'ose pas, parce qu'on a autre chose à faire. Il nous parle aussi de l'importance du contact humain (hélas réduit pour nous tous en ces temps de virus). La phrase la plus émouvante du livre pour moi est celle où Loïc, invité avec son père chez une voisine va lui demander : « S'il te plaît, est-ce que tu pourrais me prendre dans tes bras ? »

Une très belle plume pour un texte qui incite à réfléchir. Merci aux éditions Elidia pour ce partage #Loindusoleil #NetGalleyFrance

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Loin du soleil

Un petit hameau, près d’un petit village, Greta la voisine nous raconte l’histoire de la belle Nadine et du tendre Augustin heureux parents du petit Loïc.



Un bonheur tout neuf, un peu marginale, la belle Nadine, qui a décroché un CAP de coiffeuse, préfère, et c’est plutôt mal vu dans le bourg, ne rien faire, une situation qui ne semble pas déranger Augustin qui vient de se mettre à son compte comme artisan plombier.



Mais souvent chez les « mal partis » le destin s’acharne.



Triste enfance, triste adolescence, triste début dans la vie, le fatum atavique du petit Loïc semble tout tracé.



Une belle et tendre douceur empathique enveloppe le roman de Françoise Henry.



Terrible constat d’un déterminisme social, entre Edouard Louis et Marie-Hélène Lafon, l’écrivaine trouve les mots justes pour nous faire ressentir les frustrations, les hontes et les craintes des gens de peu.



L’histoire d’un abandon et d’un espoir dans un petit coin de France triste, un très beau roman débordant d’humanité.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Loin du soleil

#Loindusoleil #NetGalleyFrance



Loin du soleil est l’histoire triste, d’un enfant triste, livré à lui-même à la mort de sa mère et à l’indifférence de son père qui était fou amoureux de sa femme, l’éphémère et solaire Nadine.



Greta, sa voisine du hameau où ils vivent, s’adresse à lui pour nous raconter sa vie d’enfant avec son père qui a sombré dans l’alcoolisme ; avec ses grands-parents et sa grand-mère qui n’a jamais pris le temps de s’interroger sur ses désirs et ses besoins ; son absence d’éducation scolaire ; ses manquent de repères à l’adolescence et ses égarements à l’âge adulte.



Quand elle parle de ses interventions pour l’aider, elle semble emplie de culpabilité pour n’avoir pas su deviner ou aider mieux et plus cet enfant différent.



Ni colère, ni reproches dans ce livre, seulement une constatation des dégâts dus à l’indifférence et à la négligence ! Pas d’espoir non plus, juste la solitude et la tristesse qu’on se prend en plein visage à chaque page et la question qui se pose : n’ai-je pas fait la même chose sans y prêter attention ?



Un livre simple et marquant parce qu’il n’a pas de fin !
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Loin du soleil

" "Il retient rien dans ses mains !" disait-on, et il y avait une sorte de fatalisme dans le regard et les paroles des gens lorsqu'ils parlaient de toi, comme s'ils t'avaient condamné, en fait, à être le fils d'une morte et d'un alcoolique."



Greta se rend compte que le gamin du voisin est revenu, maintenant que son père se retrouve seul après le départ de sa compagne.

Trente ans, le gamin, maintenant.

Greta habite la maison d'à côté dans ce petit hameau, elle est aux premières loges depuis toujours pour ce qui se passe chez Augustin, pour décrypter la signification réelle des allées et venues de son fils Loïc au fil du temps, tournant et virant à proximité sans pour autant entrer ou passant à distance, disparaissant pendant des mois, balloté selon les évènements.



Ce petit Loïc qu'elle a vu naître, Greta lui raconte en lui parlant directement, tout ce qu'elle sait de sa vie depuis avant même sa venue au monde.



De l'autre côté de la haie, raconte-t-elle, il y avait une maison au bonheur fragile, avec Nadine, une jeune femme vive et lumineuse, Augustin, un "gentil garçon" qui avait évité jusque là les gadins de l'existence, et Loïc, leur bébé au visage rond avec des fossettes comme sa maman.

Greta les regardait vivre en voisine distraite, préoccupée par son travail et son propre quotidien perturbé par une violente allergie au soleil qui ne lui permet de sortir que dans un harnachement impossible en plein jour, ou plus tranquillement le soir.



La sortie de route était arrivée vite avec un premier séjour à l'hôpital pour Nadine, puis un second dont elle n'était pas revenue.



La petite étoile qui vibrait dans la maison voisine avait été soufflée.

"Maman est partie.

- Où ?

- Au ciel.

Tu ne le laisses pas s'en tirer comme ça, tu ripostes immédiatement :

-Et elle nous a pas emmenés ?

Là il accuse le coup, il secoue la tête :

- Ben non… Ben non…

Il se racle la gorge :

- Elle est partie en avion."



Premier des exils successifs qui ponctueront sa vie, le petit Loïc est envoyé chez ses grands-parents maternels.



Il va grandir entre le manque d'amour et l'alcoolisme, la maladresse et l'indifférence, pas mal de brutalité aussi, de sa famille et des gens du voisinage, sous le regard parfois très attentif, parfois très distancié de Greta.



J'ai cru que j'allais assister au flingage en règle d'une vie, marquée au coin du malheur, du rejet, de la misère saupoudrée d'atavisme, que Françoise Henry décrit avec une sorte de douceur et de tendresse pour ce destin fracassé dont on n'attendrait que la chute.



Mais ça n'est pas vraiment ça.

Ce petit gars s'accroche, qui semble pousser comme un pissenlit dans le bitume.

Il cherche la main secourable à même de l'aider à sortir de la voie toute tracée illettrisme-petits-boulots-chômage-et-bibine-du-lundi-matin-au-dimanche-soir que tous croient pouvoir lui prédire en se référant au parcours de ses ascendants.



Il y en a peu, de ces mains secourables, "les gens" qui ont tant de loisirs qu'ils peuvent passer des heures à parler de Loïc, de sa vie et de sa famille, sont toujours trop pris pour même penser qu'ils pourraient peut-être l'aider…



Il suffit pourtant d'une fois, d'un seul mouvement, pour nourrir l'espoir, amener un gamin à croire en lui, chaque geste étant comme un petit caillou pouvant l'aider à trouver son propre chemin.



J'ai compté les petits cailloux pour Loïc, y en aura-t-il assez pour sortir du tunnel ?

Y aura-t-il enfin la main tendue quand il poussera la porte après avoir dit "Je m'en vais" ?

J'espère…



Merci à #netgalleyFrance et aux éditions Du Rocher pour cette découverte.
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Loin du soleil

Loin du soleil Françoise Henry éditions du Rocher.

La campagne profonde, quelque part en France, un hameau, une poignée de maisons. Le village est à 3 km...

Greta habite ce hameau. Elle connait tous ses habitants et a suivi de loin en loin Loïc, l'enfant de Nadine et Augustin.

Elle qui ne peut sortir qu'à la tombée du jour, Loin du soleil, observe, regarde, note telle une"chouette-effraie qui sait tourner la tête à cent quatre-vingts degrés. Sans bouger de sa branche elle épie tout, de ses grands yeux fixes."

Elle a vu vivre tour à tour dans la maison d'à côté Nadine, Augustin et Loïc, Augustin et Loïc, Patricia, Augustin et Loïc, Patricia, Augustin et leur nouveau-né....

A pas comptés, lentement Greta raconte Loïc, une enfance marquée à jamais par la mort de sa mère. Un enfant en mal d'amour balloté de droite à gauche comme un objet encombrant, un enfant qui n'a pas réussi à apprendre, un enfant à présent arrivé à l'âge d'homme. Un homme doit avancer même s'il risque de se perdre en chemin.

Une très belle écriture toute en sobriété confère à ce texte pourtant douloureux une lueur d'espoir.

Merci aux éditions du Rocher pour ce partage.

#Loindusoleil #NetGalleyFrance
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N'oubliez pas Marcelle

Marcelle est née en 1922, elle est morte en 2018. Avec son prénom si désuet qu’il n’est pas revenu à la mode comme beaucoup d’autres de ses contemporains, avec sa mort en Ehpad à près de cent ans, Marcelle n’est pas une personne marquante. Elle n’a pas fait de grandes choses, n’est pas rentrée dans l’Histoire, celle avec un grand H. Mais Marcelle a eu une histoire, comme beaucoup de femmes de cette époque, elle a vécu, beaucoup de toutes petites choses, mais qui comptent. Qui lui donnent une envie de se souvenir, et d’écrire ces souvenirs dans deux cahiers qu’on retrouvera dans ses « petites affaires », le peu de choses qu’elle laissera derrière elle.



La narratrice qui se situe comme un membre de la famille raconte l’histoire de cette jolie petite fille, gentille, sage, petite fille modèle en somme, née de parents commerçants : le père fabrique des chapeaux, à l’époque où personne ne se promenait « en cheveux ». Casquettes, chapeaux de paille pour les cultivateurs, chapeaux-cloches et feutres, chapeaux de Catherinettes.. et bientôt la Chapellerie Jallard devient aussi chemiserie, et bonnetterie. Le père adore faire de la menuiserie, et gâte sa fille avec une maison de poupées, une épicerie, toujours dans la famille à l’heure actuelle. Elle reçoit du « Bonhomme Janvier » une poupée de porcelaine, c’est Bleuette, avec un abonnement à la Semaine de Suzette. Toutes les petites filles y apprennent à coudre et tricoter pour réaliser les petits vêtements, il y a la dinette, le fourneau, en somme on lui apprend à devenir une « petite mère ». À six ans un petit frère, Louis, tant qu’il est bébé c’est le grand amour de Marcelle. Dans ce foyer il y a de l’amour. Ce n’est rien mais c’est beaucoup. Ensuite il y aura la guerre, quand Marcelle aura dix-huit ans, qui ne changera pas grand-chose à la vie de famille, à part l’installation chez eux d’un lieutenant Allemand, mais la famille doit faire tourner le magasin.



A la fin de la guerre, Marcelle a un amoureux. Mais le père de celui-ci serait un « collabo ». Mariage impossible, Marcelle suit l’avis de ses parents. Marcelle, qui rêvait de bébés, ne se mariera jamais.





La narratrice décrit cette petite vie minuscule, en s’interdisant de la juger ; mieux : elle semble vouloir pousser Marcelle à s’évader de son chemin tout tracé déjà, mais non, il faut suivre Marcelle, la comprendre, la raconter, ne pas oublier surtout une vie de minuscules choses, qui influe sur les autres, dans sa famille, dans ses activités bénévoles : elle donne, elle donne de son temps et de ses forces.

Dans un style léger, fait de petites touches, sans points à la ligne, car la vie suit son cours sans s’arrêter, on découvre une existence qu’on aurait vite fait d’oublier. Nous avons tous connu une « Marcelle », au moins, dans notre vie. Ne l’oublions pas.



Merci aux éditions du Rocher pour cette lecture si intime.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Loin du soleil

Loïc, petit bonhomme de 5 ans, perd brutalement sa maman. À la maison il n'y a plus que lui, son père et la bibine. Le paternel sombre de plus en plus, Loïc est de plus en plus délaissé, petit garçon fragile et effacé. Arrive quelques années plus tard une belle-mère, la marâtre de conte de fées. La présence de Loïc gêne, dérange cette nouvelle famille, il est donc envoyé chez ses grands parents maternels. Il n'y sera pas vraiment choyé mais il aura toutefois un minimum d'attention, pas suffisamment pour lui apprendre à lire ni l'aider à essayer.

L'histoire de ce petit garçon qui deviendra un homme nous est racontée par Greta, la voisine, qui le voit évoluer de derrière sa fenêtre, se détériorer, se flétrir, se détruire.

Ce court roman est d'une grande force, d'une infinie tristesse, histoire banale d'une violence quotidienne et banalisée.

Roman très émouvant, bouleversant.
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Sans garde-fou

C'est un roman qui traite de la différence. Celle de personne légèrement déficiente mentale, pas assez pour être internée mais suffisamment pour être en en marge de notre société.



Albert est donc notre personnage principal. Les uns diront qu'il est farfelu, les autres qu'il est fou. Toujours est-il qu'il vit seul dans un petit appartement au rez-de-chaussée d'un immeuble social. Seul car rejeté par sa sœur, sa seule famille. Il parle fort, il est bruyant et il cherche le contact avec les autres en leurs parlant quelques soit l'heure de la journée ou de la nuit.



"Même s'ils l'ignoraient car ils étaient pressés, ils n'éprouveraient pas d'agacement envers lui, juste de l'indifférence - et l'indifférence n'est jamais condamnable n'est-ce pas ...?"





Sonia, une magnifique femme dans la quarantaine, prend la responsabilité de s'occuper de lui, le fils d'un couple d'amis de ses parents. Elle est attendrie par cet homme qui pourrait être beau, qui a un regard parfois déroutant, qui cherche à être aimé et ne supporte plus la solitude.



L'histoire commence par un coup de téléphone, il est trois heure du mat'. Personne au bout du fil, Sonia sait que c'est lui. Cela fait un an qu'elle ne sait pas où il est. Elle décide de partir à sa recherche.



En parallèle, les voisines d'André racontent la vie dans cet immeuble, la vie à proximité de cet homme . On sent une tendresse pour cet homme spécial ou au contraire une exaspération ..

..la gardienne, et que cela fasse le tour de l'immeuble, que Mr A pouvait être en proie à des hallucinations visuelles de scènes fantastiques, tel ce sauvage assaut nocturnes. Qu'il vivait pour ainsi dire entre deux mondes, qu'il flottait, égaré, d'un univers à l'autre. Qu'il occupait d'ailleurs le studio réservé, dans quota des logements sociaux, aux "personnes handicapées mentales



Il y a beaucoup de sensibilité dans ce roman, de tendresse pour ce personnage. On se demande ce qui a bien pu tout faire basculer, lui qui était tel un funambule sur sa corde légèrement distendue. On se demande si c'est lui qui vit à côté de notre société tel un monde parallèle ou si au contraire ce n'est pas plutôt le monde dans lequel on vit qui n'est pas fait pour lui.



Sans garde-fou, ce titre prend tout sa dimension maintenant que nous avons les yeux grand ouvert.

Un beau roman.


Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Le rêve de Martin

J'avais déjà été agréablement surprise par Juste avant l'hiver. Rebelote donc avec Le rêve de Martin.



"J'ai décidé de t'écrire cette lettre, Martin. Je sais que tu en entendras les mots un jour ou l'autre. Peut-être nous rencontrerons-nous enfin quand tu mourras, puisque cette lettre est posthume, puisque je suis morte. Tu es mon fils, Martin".





Ça commence mal. On se dit : pas guilleret. Et on a raison, car Le rêve de Martin, c'est l'histoire d'un secret de famille, celui d'une mère contrainte à d'abandonner son enfant au début des années 1940, un enfant devenu vieux, à qui elle adresse cette confession tardive à titre de pardon, comme dans une longue phrase ininterrompue où elle trouverait la réponse de cette incompréhension rétrospective.



"Ces horribles mots que j'écris là, Martin, sur ma lettre de poussière".



C'est là tout le talent de Françoise, qui, partant d'un sujet plutôt tarte à la crème, parvient à construire un récit digne, d'une justesse époustouflante, où le texte simple sonne vrai, sans fioritures et presque sans un mot en trop. On évite utilement les larmoiements habituels de ce genre de littérature ; en bref, c'est un peu à l'eau de rose, mais c'est bien écrit. C'est plus réussi dans la première partie, je trouve, avec des passages desquels se dégagent une incroyable justesse, voire même une certaine grâce (la mémoire, le mensonge, l'amour maternel, la tension et les non-dits), ce qui parvient à faire oublier le caractère interminable de la fin.



Cela dit, l'histoire reste assez sinistre. A éviter, donc, en période de déprime.
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Juste avant l'hiver

Dans une longue lettre "intérieure", Ivana, patronne d'un café, raconte et se souvient :

Prague 1969, Anna est serveuse.

Sa gaieté radieuse dans un pays en plein régime, a provoqué chez Ivana une haine envieuse, une jalousie amère qui l'ont conduite à épier en secret la jeune serveuse.

Quand Anna rencontre Pavel, un étudiant recherché par la police, Ivana assiste sans état d'âme à la destruction de leur amour.

Un amour qui réveille en elle une douleur enfouie et qu'elle confesse 20 ans plus tard, au moment de la chute du mur.



C'est avec beaucoup de finesse et de pudeur que l'auteur développe cette histoire d'amour broyée par le régime.

Le monologue d'Ivana, poignante confession pleine de violence contenue, révèle à demi-mot la tragédie d'un pays soumis à une dictature subreptice et rampante, où les mots sont proscrits, où les sentiments doivent se refouler.

La jalousie, l'amertume, la déloyauté des protagonistes, loin de provoquer l'antipathie, soulignent ainsi la tristesse d'une Prague morne et grise, oppressée par le linceul de la peur.

Un bref et beau roman.
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Loin du soleil

Une histoire malheureusement banale, de vies cassées par la mort, par le silence aussi, par les addictions surtout. Par l'absence. L'absence de l'être aimé; l'absence de la mère; l'absence de mots qui expliquent et consolent.

On est à la campagne, dans un tout petit hameau où tout le monde se connaît. Greta raconte l'histoire de Loïc, comme dans une longue lettre où elle s'adresse à lui, toute son histoire, depuis la rencontre de ses parents. Son père Augustin, si amoureux, si dépendant de Nadine, cette femme solaire, aux mille couleurs, aux envies de quiétude et aux rêves trop lointains. Et puis c'est la maladie, la mort, l'engrenage, l'escalade.



Greta raconte tout cela sans jamais l'ombre d'un jugement, sans jamais accuser qui que ce soit. Elle raconte fidèlement, elle invente aussi un peu, se créant un roman à partir de cette histoire de vies cabossées. Tellement humaines. Comment faire quand on est simple spectateur? Finalement c'est cela le fil d'Ariane de l'histoire. Comment faire, jusqu'où aller, jusqu'où accepter.



Je remercie tout ceux qui ont critiqué ce livre avant moi, me donnant envie de le lire. Je ne connaissais pas cette autrice, mais j'ai été très touchée par sa jolie plume. Une belle découverte qui donne envie de la suivre.
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Loin du soleil

#Loindusoleil

#NetGalleyFrance



Greta est atteinte d'une maladie orpheline, qui l'empêche de supporter les rayons du soleil, elle sort donc très peu et passe beaucoup de temps à regarder dehors. Vivant dans un tout petit hameau français, elle s'intéresse donc beaucoup à la vie de ses voisins les plus proches, lui, Augustin, plombier à son compte, fou amoureux de sa femme Nadine, mère au foyer de Loïc, très élégante et très attirante. La vie va malheureusement être cruelle, et privée Loïc de sa mère à l'âge de 5 ans et demi. Commence la descente aux enfers de ce petit bout de chou qui n'a rien demandé mais qui va passer sa vie à en baver.

L'histoire est racontée par Greta elle-même, comme si elle s'adressait directement à Loïc et lui apprenait des pans de sa vie qu'il ne connaissait pas lui-même.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteure, les différentes sujets traités ne sont malheureusement que le reflet de la vie de beaucoup de personnes (perte d'un parent, perte d'un enfant, alcoolisme, chômage, délinquance...), le livre ne contient pas de chapitres et est écrit comme si on écoutait une histoire le soir au coin de la cheminée.
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Un amour malheureux

Un hiver très enneigé dans la Bresse

Une femme, Mlle Cazot, 40 ans, aide-soignante, qui vit avec sa mère et aime à parcourir des kilomètres à pied dans la campagne.

La solitude de Mlle Cazot suinte à chaque page, comme cet hiver qui n’en finit pas. Que ne donnerait-elle pas pour vivre un amour, fusse un amour malheureux !

Ce n’est pas une lecture qui amène le sourire aux lèvres. C’est même plutôt déprimant, à la longue, de la voir traîner son mal-être.

Et pourtant, si paradoxal que ça puisse paraître, on tourne les pages avec plaisir.

Et somme toute, ce roman se lit bien.

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