Bien que j’aie lu ce livre depuis un petit moment déjà, ce n’est que maintenant que je poste ma chronique. J’avais besoin de lui laisser un peu de temps, car cela a été une lecture assez particulière, dans laquelle j’ai eu un peu de mal à rentrer au départ. Je suis rentrée dans le texte comme on peut pénétrer dans la campagne un matin de brume. Les contours sont flous, on ne voit pas très bien où on va. Et à mesure qu’on progresse, le brouillard se dissipe et on distingue tout ce qui nous échappait jusqu’alors. Voilà ce que j’ai ressenti.
Le personnage principal est une jeune fille dont nous ne connaîtrons jamais le nom, pas plus que celui de sa mère, ni de son père, de son premier amour… Elle grandit dans un village rural, avec un père violent et une petite soeur qu’elle adore. Elle rencontre un jeune garçon, ils s’aiment et elle tombe enceinte. Afin de se donner une chance dans la vie, elle part pour la ville pour devenir enseignante et laisse sont petit garçon chez ses parents. Et nous suivons ainsi sa vie pendant de nombreuses années.
C’est un destin surprenant que celui de cette jeune fille, qu’on voit s’émanciper à mesure que le temps passe. On la sent tiraillée entre ses envies, son besoin de prendre sa vie en main, et ce qu’on attend d’elle. Mais peu à peu, elle parvient à affronter le regard des autres et à assumer ce qu’elle veut réellement faire de son existence.
Si l’histoire m’a plu d’emblée, c’est le style qui m’a posé quelques difficultés au départ. Ici, les personnages n’ont pas de nom, ce qui créé un effet de distanciation contre lequel j’ai dû lutter pour entrer pleinement dans l’histoire. Des scènes se suivent aussi sans transition. J’ai souvent eu l’impression de lire une succession de haïkus, en raison de phrases courtes et poétiques, ce qui donne lieu à de nombreux passages très beaux mais fait perdre le fil. Puis je me suis habituée à ces phrases courtes et n’y ai presque plus pensé. Le brouillard s’est dissipé.
Et après avoir lu ce roman et avoir gardé au chaud mon ressenti, je peux dire que c’est un coup de coeur. Le style qui m’a rebutée au départ est finalement ce qui sublime le récit de cette femme au destin incroyable, qu’on aurait pu croire enchaînée aux diktats de sa société et qui finalement a dépassé tout cela pour tenir les rênes de sa vie. Il y a de l’espoir, de la poésie, ce style scandinave si particulier qui colle tellement bien au récit. C’est sublime.
J’ai tant aimé que je n’arrive pas à tenir mon engagement de faire voyager ce roman. Je ne m’attendais pas à un tel coup de coeur et n’ai qu’une envie, le garder précieusement dans ma bibliothèque.
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