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Critiques de Herbjørg Wassmo (461)
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Cent ans

Une vie de labeur et de dévouement, tel est le lot des femmes qui peuplent ce livre., Mères, grand-mères, arrière-grand-mères, sœurs, tantes et cousines, toutes de la lignée de Herbjørg Wassmo.

Cent ans la sépare de Sara-Suzanne épouse de Johannes, mère de Elida épouse de Fredrik, mère de Hjørdis épouse de Hans, mère de Herbjørg tombeau d’un lourd secret lié à la honte que lui fait subir Hans, «il» dans les carnets jaunes que la petite Herbjørg cache sous un rocher ou sous une poutre de l’étable.

Elles ont toute eu soif de liberté et ont toutes abandonné ce rêve pour donner naissance à des tribus d’enfants et s’occuper de leurs hommes, qu’elles les aient choisis ou qu’ils leur aient été imposés par les circonstances, les uns comme les autres.

Elles sont tourmentées et résignées. Amoureuses, emportées, ou silencieuses, craintives et soumises. Elles doivent taire leurs sentiments. Et leurs enfants en souffrent et s’en sortent tant bien que mal. Même lorsqu’ils sont confiés à des parents adoptifs le temps que leurs parents s’en sortent.

La mer est omniprésente dans cette histoire qui se passe à l’extrême nord de la Norvège, dans le Nordland, terre désolée et rude dont les habitants sont méprisés par les Norvégiens du Sud. Une histoire de renoncement à l’image de Sara Suzanne qui embarquant à bord de la barque qui doit l’emmener dans la famille de sa future belle-famille se dit que « sa vie se termine là et que cela ne lui fait ni chaud, ni froid ». Ou bien à l’image d’Elida, qui devant emmener son mari Fredrik se faire soigner dans le Sud, doit choisir qui de ses enfants viendra avec elle et qui elle laissera en nourrice :"Elle avait Hjørdis dans les bras et Agda agrippée à son genou. La chambre était saturée de respirations et de pleurs réprimés. De gravité. L'impuissance avait tout envahi, jusqu'au couvre-lit et aux papiers de Fredrik qui n'étaient pas encore emballés. Jusqu'aux paumes de ceux qui étaient présents. Jusqu'à leurs glandes lacrymales. Les parents nourriciers étaient venus chercher les enfants."

Il y a des moments de grâce cependant comme les veillées de lecture qu’organise Sara Suzanne pour tout le monde y compris les domestiques, la pêche aux harengs, ou les séjours de Herbjørg chez sa grand-mère Elida.

Et tout cela nous est raconté de cette écriture au rythme aussi étrange que les noms des personnages qui peuplent ce livre.

Une belle histoire.

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Cent ans

100 ans séparent l'auteur de son arrière-grand-mère Sara Suzanne. Dans un roman à la chronologie heurtée, elle rapporte tous les évènements marquants de la saga familiale. Car c'est bien d'une petite saga dont il s'agit au vu des multiples rebondissements, tristes ou joyeux, que vit cette très grande famille du nord de la Norvège.

La chronologie éclatée rend parfois la lecture un peu ardue : chaque carnet commence par un épisode de l'enfance de l'auteur puis se poursuit brusquement par la vie d'une de ses aïeules, pas toujours la même. Mais avec un peu de temps, on parvient à tout remettre dans l'ordre. Et à s'attacher à ses femmes à la vie rude, fortes par nécessité et caractère, qui semblent venir en droite ligne des Vikings.
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Ciel cruel

La littérature scandinave est à la fiction ce que le piment d’Espelette est à la cuisine française. Une petite dose d’originalité et de piquant qui possède l’indéniable faculté de contraster la perception de nos sens élémentaires.



La trilogie de Tora nous transporte vers un monde différent, magique, au bord du cercle polaire, celui des Vikings et d’une terre hostile et sauvage ou l’on survit au sein de traditions millénaires. Mais ici point de grands guerriers (et de guerrières…) dans cette fiction contemporaine qui aborde le sujet délicat des enfants – 12 000, paraît-il – nés des amours entre soldats allemands et femmes norvégiennes durant l’occupation allemande. La très jeune Tora en fait partie, comme l’auteure, qui nous le révélera ensuite dans son roman « Cent ans », et devra vivre avec cette croix dans le petit village de Vaeret. Il n’y aura malheureusement pas que cela. Elle sera victime d’abus sexuels pendant son enfance – comme l’auteure, encore une fois, ce qui en fait une trilogie fortement autobiographique – et l’horreur de la situation la transformera mentalement à jamais.



Le résultat est très sombre, malgré l’apparente légèreté de ton, et l’ambiance fortement oppressante. La lecture s’effectue le souffle court et le malaise s’installe longtemps après la dernière page tournée.



Au-delà de cette horrible tragédie, qui nous montre à quel point les hommes peuvent être nocifs quand leurs pulsions écartent toute logique et toute humanité, en guise de triste rappel de nos faiblesses, l’œuvre de Herbjorg Wassmo est magnifique. Elle transpire d’une naïveté aussi simple que forte, aussi profonde qu’intelligente (les choses les plus simples ne sont-elles pas les plus perceptibles ?), ce qui lui permet de nous transmettre une culture à mille lieues de notre influence latine. Le chemin qu’elle s’emploie à suivre est tortueux, dérangeant, heurte notre puérile logique, mais reste conforme au contexte et à sa perception personnelle de l’épreuve. La violence des mots contrebalance la sublime beauté des paysages, et le résultat est époustouflant, la recette subtilement dosée. Le piment d’Espelette est raccord…



C’est sur ce point qu’elle fait mouche, à l’instar de l’immense Selma Lagerlöf ou le non moins excellent Pär Lagerkvist (« Le nain » me fait encore frémir…).

La littérature scandinave est à part. Ce monde est différent, il façonne les hommes à son image. La parole est courte, tranchante, percutante, rarement superflue, et les manières comme les regards ont autant d’importance. La nature, omniprésente, règne en maître, elle dirige la vie des personnes qu’elle nourrit, elle véhicule des légendes millénaires et nous fait vivre au rythme des saisons, ce que nous oublions parfois de suivre.

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Cent ans

Cent ans, ce sont quatre générations. Herbjørg Wassmo nous raconte ce que fut la vie de sa mère, de sa grand-mère, de son arrière-grand-mère. L'histoire intime de sa propre famille a aussi un arrière-plan historique, donc : un siècle de l'histoire de la Norvège, vécu de l'intérieur par ces générations de femmes fortes. Les maternités qui se succèdent, les tâches incessantes, les espoirs et les renoncements, d'une mère à l'autre, ont forgé le socle sur lequel la petite Herbjørg s'est construite. Sa narration semble parfois déroutante, mais on s'y fait très vite tant l'écriture est superbe : de magnifiques portraits de femmes.

Traduction de Luce Hinsch.

LC thématique d'octobre 2021 : ''Cap au Nord !''
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Ces instants-là

« Est-ce habituel d'avoir oublié sa vie quand on a quinze ans ? » (p. 14) Il était une fille qui grandit entre une mère silencieuse et un père qu'elle déteste, à juste titre. « Son père fait toujours obstacle au monde. Aux gens qu'elle rencontre. Aux évènements. Son père est une ombre qu'elle essaie toujours de gommer, mais ça ne marche pas. Il a le pouvoir d'envahir ses rêves tant et si bien qu'elle se retrouve tout à coup debout au milieu de la pièce dans la nuit noire. Il diffuse au travers de toute chose une répulsion fétide. » (p. 22) Pour échapper à sa jeunesse douloureuse, la fille écrit et elle s'évanouit. Et puis elle tombe enceinte et laisse son fils chez ses parents pour continuer le lycée. Plus tard encore, elle se marie, devient institutrice près du cercle polaire. Elle écrit toujours et on la publie, on la récompense. « Il existe une infinité d'histoires. Il suffit de les trouver. Ou qu'elles nous trouvent ? » (p. 63)



Cette fille se réinvente sans cesse : institutrice, chasseuse, mère, autrice, amante. Mais elle a le sentiment que la vie passe sans elle et elle souffre de ce décalage avec elle-même, avec les autres. « La vie a des possibilités insoupçonnées. Il faut juste qu'elle effectue d'abord sa journée de travail. » (p. 144) Cependant, à force de volonté et poussée par la conscience que sa féminité est un pouvoir, elle ne renonce jamais et refuse d'être la victime silencieuse des hommes et des convenances. « Tu fais preuve d'une singulière capacité à tomber sur des hommes minables. [...] / Dois-je soupçonner tous les hommes ? M'abstenir de leur parler ? / Non, mais il faut leur montrer qui tu es dès le premier instant. » (p. 305) Sa puissance et sa détermination, elle la tire des conversations qu'elle a avec des absents, voire avec des personnes disparues, comme un auteur célèbre de sa région natale ou encore Simone de Beauvoir.



Aucun personnage n'est nommé. Les pronoms, les fonctions et les adjectifs suffisent à dessiner les caractères et à révéler les âmes. C'est preuve du très grand talent de cette autrice dont j'ai déjà tellement aimé Le livre de Dina.
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Le livre de Dina, tome 1 : Les Limons vides

Cette critique se rapporte aux trois volumes du « Livre de Dina ».



Un livre court (inutilement séparé en trois volumes par les éditions 10/18) et dense, qui suit Dina, depuis son enfance jusqu’à l’âge mûr. D’un caractère bien trempé et faisant fi des conventions sociales, Dina mène sa vie comme bon lui semble, sans pour autant pouvoir s’affranchir des démons de son passé.

Entière, dans l’amour comme dans la haine, Dina est un personnage qui intrigue, et ce dès les premières pages du roman qui s’ouvrent sur la mort de son mari avant de revenir sur l’enfance et la jeunesse de Dina, jusqu’à cette mort tragique (Les limons vides). Les deux tomes suivants se déroulent après cet évènement, et s’attachent à montrer Dina prenant peu à peu et à sa façon toute personnelle les rênes de la grande ferme qui lui revient.

Je ne suis pas certaine d’avoir trouvé le personnage de Dina attachant. Forte femme, certes, mais pas forcément le type de personne avec lequel il fait bon vivre. Mais le livre a ce souffle particulier des romans d’au-delà du cercle arctique, dans ces contrées ou les grosses fermes sont plus des petits villages qui savent vivre en autarcie pendant une bonne partie de l’année, quand ni les bateaux ni le soleil ne pointent leur nez.

Il donne aussi une idée de la force de caractère nécessaire en ces contrées et en ce temps pour vivre sa vie comme on le veut et non comme la petite société autour de soi s’y attend.
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Cent ans

Herbjorb Wassmo fait revivre le temps d'un livre sous la forme de six cahiers, la vie de ses aïeules. cent ans, quatre générations de femmes. Se raccrocher à ses racines, à une lignée de femmes à la personnalité originale, droite et courageuse : est-ce que cela suffit pour comprendre son destin ? Est-ce l'héritage de cette force féminine qui a fait que malgré les graves traumatismes de l'enfance, la petite Herbjorb est devenue une femme épanouie ? C'est peut-être ce que recherche Herbjorg Wasmo quand elle entreprend l'écriture de ce roman. Le besoin de puiser plus loin que l'histoire de ses parents, pour comprendre sa propre histoire. Partir à la rencontre de toutes ces femmes qui lui ont transmises ces étincelles de vie qui ont été plus fortes que l'insoutenable distillé chaque jour par celui que la petite Herbjorb nomme il.



Enfant, l'écriture la sauve du néant. La petite Herbjorb écrit, se livre, libère sa honte, ses angoisses de petite fille et cache ses petits carnets pour qu'il ne les trouve pas. Il est présent tout le long du roman, il rôde. On l'oublie pendant quelques pages, le temps de découvrir la vie de ces femmes. Et surtout celle qui fut pour l'auteur le pilier de sa famille. La belle et surprenante Sara Suzanne.



"Cela réconforte de considérer la famille dans son ensemble. De voir autre chose que la dissimulation, la honte, et la haine. Cela réconforte aussi de voir chacun des membres en instantané, tels qu'ils étaient alors. Non tels qu'ils sont devenus plus tard. Lui aussi, à un moment, était un enfant. C'est à la fois une délivrance et un mal incurable."(extrait de la page 13)



Cette épopée familiale commence en 1842 avec la naissance de Sara Susanne et se termine avec la naissance de l'auteur en 1942.



Le destin de ces quatre femmes est bouleversant. A ces époques, la vie était rude en Norvège pour les familles. La mer et les travaux des champs étaient les principales sources de travail. Les femmes avaient en plus à charge des familles nombreuses, c'est à dire une dizaine d'enfants....



"Elle se dit que c'était ainsi que les vingt-trois dernières années avaient passé. Avec un enfant sur une hanche et un autre dans le ventre." (extrait de la page 13)

Sara Suzanne et sa fille Elida ont eu la « chance » d'avoir à leur coté des époux intelligents, compréhensifs. Des hommes sur qui elles ont pu compter, qui ont chercher à les comprendre, à réfléchir à leur condition de femmes.

Pour Hjordis, la mère d'Herbjorg, ce n'est pas tout à fait pareil. Son enfance a été fragilisée par la mort de son père, puis il y a eu la guerre.... Mais je n'en dirais pas plus pour ne pas dévoiler la fin de ce magnifique roman.

Un roman fascinant écrit avec une sobriété remarquablement maîtrisée. Herbjorb Wassmo nous prouve une nouvelle fois ses talents d'écrivain
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Le Livre de Dina

Dans le prologue, le livre s'ouvre sur la mort, apparemment accidentelle, de Jacob Gronlev sur une route d'hiver verglacée. Le traineau conduit par sa jeune épouse est tombé dans un ravin alors qu'ils étaient en route pour consulter un médecin. L'action se déroule au milieu du XIXème siècle dans le Nord de la Norvège. D'emblée, le lecteur est plongé au coeur d'un environnement rude et d'une atmosphère étrange qui se confirme bientôt par le comportement de la jeune femme lors des obsèques de son mari.

Dans l'épilogue, la même femme, Dina Gronlev, désormais veuve, est à nouveau seule dans une nature austère avec son amant, un homme venu de Russie qui passe par là de temps en temps. Elle est armée car ils partent chasser un ours repéré dans la région. Ils sont suivis par un jeune garçon, le fils de Dina, qui les observe furtivement et qui soudain pousse un cri aigu. Le lecteur comprend alors qu'il s'est passé quelque chose d'anormal.

Le roman proprement-dit se déroule entre ces deux moments séparés entre eux par une dizaine d'années. La talentueuse Herbjorg Wassmo dresse ici le portrait contrasté de Dina, la propriétaire du domaine de Reinsnes, un comptoir commercial florissant situé sur les côtes septentrionales de la Norvège. Une femme marquée dès l'enfance par la mort accidentelle de sa mère et habitée par son fantôme. Une femme fantasque, effrontée, obstinée, provoquante, sensuelle, imprévisible, redoutable en affaires, mais qui sait aussi accueillir l'étranger dans son foyer cossu, et qui sait jouer merveilleusement bien du violoncelle. Une femme qui maintient difficilement un équilibre intérieur instable entre les forces du bien et celles du mal. C'est peut-être pour cela qu'elle est attachante, malgré tout.

Autour de cette héroïne, gravite un panel foisonnant de personnages que l'écriture charnue de l'auteure restitue avec un sens aigu du détail. Elle captive aussi le lecteur par la précision du connaisseur lorsqu'elle décrit les paysages maritimes tourmentés du Nord de la Scandinavie, un environnement qui résonne étrangement avec l'histoire elle-même racontée dans ce roman.

Un beau livre, qui donne envie de lire la suite du "cycle de Dina".

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Un verre de lait, s'il vous plaît

Si l'envie vous prend de lire ce livre, accrochez-vous bien parce qu'Herbjørg Wassmo ne fait pas dans la dentelle...

Elle évoque un sujet difficile : la traite des blanches et l'esclavage sexuel des pays de l'est. Et elle le fait dans le détail, même les plus sordides. Elle nous plonge la tête là-dedans et la lecture n'en est que plus ardu. J'ai eu besoin de faire des pauses pour prendre un peu d'air et sortir de tout cette cruauté humaine. Je ne vous cache pas qu'il n'y a pas beaucoup d'issues à la situation de Dorte. D'ailleurs, la fin est très ouverte, ce qui est assez déstabilisant et frustrant tellement l'envie qu'elle sorte de tout ça est forte.



L'auteur évoque une réalité sordide, et elle le fait peut-être avec un peu trop de zèle, me laissant l'impression de faire du voyeurisme malsain. De plus, les passages où Dorte s'enferme dans sa tête avec son père sont assez longs et déstabilisants. Le personnage oscille entre échappatoire et folie. C'est particulier.



Quoi qu'il en soit, on ne sort pas indemne de ce livre.
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Le testament de Dina

Tout simplement merveilleux ! Je vais développer ;-) mais je suis tout bonnement émerveillée par ce roman qui m'a bouleversée comme m'avaient bouleversée les huit livres précédents de l'histoire de Dina, Benjamin et Karna. Des années après avoir écrit Les femmes si belles, Herbjørg Wassmo retrouve ses personnges avec une parfaite continuité dans l'histoire, dans l'ambiance, dans les couleurs qu'inspire son récit. J'ai été tenté de relire ces huit fantastiques romans avant d'aborder cette suite car le temps estompe les souvenirs de lecture, même les meilleurs, mais finalement tout m'est revenu très vite, intact. Les mêmes sentiments, ce même plaisir masochiste d'être avec les membres de cette famille au destin tragique. Pour celles et ceux qui ont aimé les livres précédents, lisez-le, vraiment ce n'est pas le livre de trop, ce n'est pas du réchauffé ; et je ne suis pas moi-même une amatrice de sagas à rallonge pourtant. Pour ceux, qui découvre Herbjørg Wassmo avec Ce testament de Dina, le roman peut certainement se suffire à lui-même mais il vaut mieux prendre votre courage à deux mains et reprendre à partir de Les limons vides, vous ne le regretterez pas !

Ce neuvième tome pourrait peut-être s'appelait le livre d'Anna. Contre toute attente, la sage Anna va porter l'étendard de la sensualité qui participait à la magie du personnage de Dina. Dans un genre bien différent, moins sauvage mais plus moderne que sa belle-mère, Anna va tenter de conquérir sa liberté professionnelle, sentimentale, sexuelle et corporelle. Une véritable ode au féminisme alors que l'histoire se déroule entre 1890 et 1892 et ce sans néanmoins être anachronique.

L'autre aspect de l'histoire c'est le traumatisme de Karna qui se réfugie dans un rôle de témoin du malheur, obligée de cohabiter avec les morts, surtout ceux qui entoure sa défunte grand-mère, en particulier l'amant de celle-ci, le Russe Leo, tué par amour. Pour ceux qui l'aime, son comportement relève de la psychiatrie et elle se retrouve dans un hôpital de Copenhague où son état évolue lentement. Comme souvent, ce sera l'amour sincère qui la fera sortir de l'hôpital pour aller vers son destin.

Le troisième personnage est bien sûr Benjamin, mari d'Anna et père de Karna, fidèle à lui même avec sa grande humanité qui le fait apprécier de tous, avec ses faiblesses qui vont l'éloigner de son épouse, avec sa solidité et son intelligence face aux épreuves que la vie lui impose. Mon seul regret est que le roman ne se termine pas avec lui ... à moins qu'Herbjørg Wassmo ait prévu un dixième volet !

Vraiment j'ai dû lire autre chose juste après pour me sortir de l'empathie qui me retenait dans ce roman. Comme c'est émouvant de redécouvrir à chaque livre apprécié ce que la littérature nous apporte !
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Cent ans

1842-1942, chronique d’une lignée de femmes norvégiennes sur plus de 100 ans. Herbjog Wassmo raconte, par un jeu de souvenirs croisés, la vie rude et forte de ses aïeules, Sara Susanne, Elida et Hjordis. A travers elles, on devine la beauté sauvage d’une nature qui modèle la psyché de ses habitants, leurs mœurs et modes de vie. Ainsi se déroule le quotidien d’une communauté unie autour de la pêche dont l’horizon se fracasse sur une mer souvent hostile et une géographie qui ne facilite pas les échanges. L’envie d’ailleurs, se transcender et vivre pleinement ses aspirations personnelles couvent dans le crâne des héroïnes et se transmettent de façon subtile de génération en génération.

L’écriture limpide et la solide construction du récit emportent le lecteur dans un lointain voyage dans l’espace et le temps, en compagnie de personnages complexes mais attachants.

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Ces instants-là

Elle, c'est la narratrice, sans nom, sans visage mais pas sans personnalité.

Elle se raconte : sa famille, sa mère insaisissable, son père qu'elle hait et qu'elle voudrait oublier : "Son père est une ombre qu'elle essaie toujours de gommer, mais ça ne marche pas.", son fils, né d'une rencontre éphémère avec un électricien.

"Probablement suis-je ainsi faite que je glisse le bonheur dans ma poche quand je mets la main dessus, mais oublie de le ressortir pour le regarder.", ainsi est-elle faite et va sa vie : la honte, les études à la ville loin de son fils, qui lui manque, la rencontre avec cet homme, qu'elle épouse, leur vie commune avec le fils et la fille qui bientôt naîtra, leur vie quotidienne d'instituteurs, et puis sa passion de la lecture, l'écriture, et enfin le succès avec la publication d'un premier roman qui s'attire les critiques les plus élogieuses, puis un deuxième, un troisième, une nouvelle vie qui se reconstruit autour de l'écriture.

Elle est dure avec elle-même, sans doute trop, s'obstine à ne pas voir ce qui ne va pas chez les autres, à commencer par son mari, mais même si au fond elle le sait et le devine, elle continue d'agir comme si de rien n'était, parce que c'est ainsi qu'elle a été élevée, dans ce Grand Nord si majestueux mais si rude.

Mais elle est aussi lucide avec elle-même et sait que les mots ne pourront pas tout faire, jamais : "Elle sait bien ce qu'il y a de pire. Ce ne sont pas les mots qu'elle écrit ni ceux qu'elle n'arrive pas à apprendre par cœur dans un manuel. Le pire, ce sont les mots qui ne pourront jamais être dits, et donc jamais écrits. C'est la destruction même. Ce qui jamais ne passe.".



J'ai découvert Herbjørg Wassmo avec le splendide "Livre de Dina", voici que je la retrouve ici sous une autre facette, plus personnelle que celle sous laquelle j'ai pu la découvrir, mais le style est là, inchangé, toujours aussi magnifique et percutant.

Mon cœur a longtemps balancé, et balance toujours, pour savoir la nature exacte de ce livre : à quel point est-il autobiographique ? Et romancé ?

Sans doute autant l'un que l'autre mais le fond y est, la beauté aussi.

Je me suis laissée emportée par le style inimitable de l'auteur, l'art de l'ellipse qu'elle manie fort habilement et toujours à propos, son urgence d'écrire ce qu'elle a à dire, ce qu'elle ne sait pas et qu'elle cherche désespérément : "En écrivant, elle cherche à explorer ce qu'elle ne comprend pas dans la vie; dans la vie, elle se laisse décontenancer et oublie toute référence à la réalité.".

Elle mène dans ce roman une réflexion intéressante sur le processus créatif, sur ce qui pousse un auteur à écrire, les raisons pour lesquelles il le fait et les personnages qui viennent le hanter et deviennent comme une deuxième famille pour lui.

Car ici, Herbjørg Wassmo est habitée littéralement par ses personnages, ils finissent par la guider dans ses choix de vie et j'ai assez aimé ce côté fantasmagorique qui donne une autre dimension un peu surréaliste à l'histoire, à l'image des paysages et de la rude nature de la Norvège qu'elle décrit.

J'ai également été frappée par le peu de concessions qu'elle se fait vis-à-vis d'elle-même, ou de son double romancé, elle ne s'épargne pas à tel point que j'en ai ressenti de la douleur pour elle : "Sa vie a toujours été fiasco et douleur. N'est-elle pas ainsi construite ? N'est-elle pas quelqu'un qui démolit toutes les chances qui pourraient se présenter en pensant et en agissant de façon destructive ?".

J'ai eu la sensation tout au long de ma lecture que ce roman était une mise à nu de Herbjørg Wassmo, mais loin d'être impudique il offre au contraire la vision d'une femme qui a vécu, qui s'est forgée de ses propres mains son destin et qui vit aujourd'hui libérée de toute chaîne, de toute entrave, qui n'a eu de cesse de se battre pour sa liberté et pour vivre comme elle l'entendait, une belle ode à la liberté en somme.



"Ces instants-là" de Herbjørg Wassmo fait partie de ces romans difficilement qualifiables d'un point de vue littéraire mais qui habitent autant l'auteur qui l'a rédigé que le lecteur, un instant de lecture rare qui remue au plus profond de l'âme.
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Cent ans

Et encore un coup de cœur pour le mois de juillet!

Cela fait du bien! Une fois de plus la formule "histoire de famille et de femmes" a parfaitement fonctionné! J’ai adoré découvrir la vie sur 4 générations de cette famille.





Jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu l’occasion de m’intéresser à la littérature nordique. Je crois d’ailleurs que c’est la première fois que je lis un roman norvégien. Donc une belle découverte et une bonne manière de commencer!





Autre fait inhabituel, j’ai eu beaucoup de mal à faire cette critique. Ce qui est étrange, c’ est que, même si j’ai adoré ce livre, j’ai énormément de mal à dire pourquoi.





Ce roman est constitué de plusieurs "cahiers", qui racontent principalement l’histoire de ses 3 femmes (l’auteure étant un peu en retrait).

Ces cahiers ne suivent pas un ordre chronologique. Souvent quelques chapitres traitent d’une des femmes, puis on passe à la suivante. On avance ainsi sur la vie de ses trois personnes en même temps. C’est vraiment un roman à propos de personnes sur des personnes. Il n’y a donc pas énormément d’actions, je préviens tout de suite.





Ce roman est un livre de femmes. C’est leurs vies, leurs pensées à elles qui y sont détaillées. Ce sont des portraits très réalistes de cette époque, où les droits de la femme commençaient à peine à exister.







La vie d’une femme du 19ème siècle n’était pas particulièrement réjouissante. Ajoutez en plus un pays rural difficile et pauvre dont la tradition familiale est de vivre de la pêche et de la ferme et de faire beaucoup d’enfants, cela donne ce roman.

Qu’est-ce que représentait la vie d’une femme durant ces années là : le mariage, le foyer et les enfants.





Même si tous les personnages principaux sont féminins, les hommes restent très présents, voir même au cœur de leurs vies, que ce soit les frères, les pères, les époux, les fils…





Le divorce n’existait pas. Quand on se mariait, c’était pour de bon. Les vies de ses trois femmes vont être déterminées par l’époux qu’elles auront choisis.



Sara Susanne fait un mariage de raison, voulu par sa famille. Elle épouse Johannes Krog (qu’elle connait mal) pour partir de chez elle, parce qu’il a l’air d’un homme bon et entreprenant dans son travail et parce qu’il faut bien se marier.

Leur couple sera plutôt un succès, même si Sara Susanne n’aura qu’un destin : enfanter. En effet, elle aura douze enfants.





Sa dernière-née, Elida décide de faire un mariage d’amour, avec Frédérik, contre l’avis de sa famille.

Son époux, loin d’être solide, s’épuisera dans la ferme et finira par tomber gravement malade. Il devient incapable de subvenir aux besoins de sa nombreuse famille. Elida, qui en a assez de ses grossesses (elle aussi aura énormément d’enfants), en profitera pour réaliser un vœux : découvrir un peu le monde.





Elle décide d’accompagner son époux à la capitale, où il sera reçu à l’hôpital et de placer ses enfants afin de pouvoir s’occuper tranquillement de son époux.









Hjørdis, elle fait partie des enfants placées d’Elida. Elle vivra comme un déchirement le jour où sa mère revient la chercher de sa famille d’adoption et la ramène -à l’âge de 6 ans- chez elle. Comme sa mère, elle fera un mariage d’amour qui lui, tournera mal.

D’Herbjørg, (l’auteure), on n’apprendra pas grand chose, à part une partie de son enfance. Harcelée par son père qu’elle nomme "lui" et obligée de le fuir, elle commence à écrire. Pour elle, écrire est une façon de s’évader, de ne plus souffrir.





Je pense que mon personnage préféré est Sara Susanne. J’ai beaucoup aimé suivre sa vie, son courage, sa bonté, son désir de bien faire. La découverte de son époux, de la vie qu’elle allait mener, son épuisement face à ses enfants et ses grossesses et ce qu’elle pense de tout ça a été extrêmement intéressant à lire. C'est vraiment un personnage attachant.





Elida, elle, est celle qui a le plus de caractère. Dès le début, on voit ce qu’elle veut dans la vie et comment elle va faire pour y parvenir. Très amoureuse de son époux, aimant énormément ces enfants, elle voit bien pourtant que cela ne lui suffit pas. Mais à l’instar de sa mère, elle va essayer de changer sa vie. Son geste de mettre ses enfants en nourrice va être très mal perçu par tous. On ne se sépare pas de ses enfants, à moins d’être une mère indigne. Mais elle résiste. elle veut faire autre chose que juste materner et s’occuper d’un intérieur.





J’ai moins aimé les passages avec Hjørdis, dont je n’ai pas trop aimé le caractère retiré et soumise. Cela m’a agacé.





L’autre fait intéressant dans ce roman, c’est de voir petit à petit la société évoluer : l’arrivée du téléphone, des voitures, les guerres…En 100 ans, on voit vraiment comme l’être humain a évolué et vers quoi.







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Un beau roman, pour qui aime les histoires de famille, passionnant, attachant. C’est une auteure que j’ai découverte (et dont j’ai bien envie de lire d’autres romans immédiatement) et un pays. Je n’avais pas envie de le terminer trop vite. Malgré une critique un peu hasardeuse, je le conseille vivement.
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Le Livre de Dina

"Le livre de Dina" est un voyage unique vers une des plus belles régions septentrionales, une fresque glacée dépeignant la Norvège authentique du XIXe siècle, un véritable tableau de la vie et des mœurs du comté de Nordland où se situent les magnifiques Îles Lofoten.



Dina est une enfant délaissée par son père et livrée à elle-même suite à l'effroyable accident qui a causé la mort de sa mère, ébouillantée dans la buanderie du domaine familiale. Torturée par la vie et par ses fantômes, elle est indomptable, incontrôlable, indépendante et révoltée.



Dina devient une belle jeune fille, désirable, envoûtante, passionnée et animée de fantasmes affolants. Elle épouse un ami de son père, Jacob, de 30 ans son aîné, propriétaire du domaine de Reinsnes, comptoir norvégien qui vit du commerce maritime. Séduit par son charisme et son charme érotique, un violoncelle entre les cuisses, l'homme mûr devra apprendre à dompter cette femme-enfant, cet enfant sauvage, mi-femme, mi-démon, imprévisible et insatiable.



Dina connaît une vie dure de son enfance à l'âge adulte et devient un être diabolique craint de tous, ne réfrénant aucune impulsion. Sa quête désespérée d'un être à aimer l'amène dans des états proches de la folie. Sa vie au quotidien est noire et solitaire.



On est ici dans la grande littérature norvégienne avec Herbjørg Wassmo, qui dépeint le portrait de son héroïne hors du commun à travers les saisons, dans une nature nordique sublime, au milieu des montagnes et des fjords, en passant par Bergen ou Trondheim, le tout très accès sur le coté maritime de la vie de l'époque.



Une fois dans le sillage de Dina il vous sera impossible d'en sortir, vous la suivrez et cela jusqu'au bout!



"Le livre de Dina" est à l'origine une trilogie, dont sont regroupés ici en un seul volume, les trois tomes: "Les Limons vides", "Les vivants aussi" et "Mon bien-aimé est à moi". Il fait également partie d'un triptyque consacré au personnage de Dina : "Le livre de Dina", "Fils de la Providence" et "L'héritage de Karna".



Cette histoire a été adaptée au cinéma en 2003 avec Ole Bornedal, Maria Bonnevie et Gérard Depardieu.
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Le livre de Dina, tome 1 : Les Limons vides

Quel destin que celui de Dina ! A l'image de la rudesse des terres de l'extrême nord de la Norvège. Destin semblable à ceux des personnages mythologiques, marqué au fer rouge dès la plus tendre enfance.

Et Dina va grandir, sauvage, rebelle, animal impossible à domestiquer, qui attire autant qu'il répugne à une époque encore très marquée par la religion.

Dès les premières pages du roman, je me suis laissé envoûter par une écriture mystérieuse et riche en images. Un prologue magnifique qui m'a donné envie d'aller jusque bout de ce livre et de faire connaissance avec ce personnage.

Mais arrive t-on vraiment à connaître Dina ? Je ne pense pas. Est-elle tombée dans la folie ou son expérience de la mort la pousse à vivre pleinement, au delà de toute convention sociale ? Ne se soucie-t-elle vraiment pas de son entourage ou soufre t-elle d'un manque d'amour et de reconnaissance ? Comment peut-elle être à la fois aussi fruste et avoir un tel don pour la musique ? Personnage complexe ; et pour moi le mystère est resté entier.

Court billet, donc, car je n'ai pas envie d'en dire plus au risque de trop en dévoiler. Je lirai certainement les deux prochains livres de cette trilogie mais pas à la suite ; j'ai d'abord besoin de "digérer" celui-ci !
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Cent ans

Cent ans, c’est le temps qui sépare la narratrice de son arrière grand-mère : Sara-Suzanne.



Ces femmes des îles Lofoten n’ont pas la vie rose c’est le moins que l’on puisse dire. Travailleuses, dures à l’ouvrage, d’un caractère fort et capable de passion. Herbjǿrg Wassmo, en fait des femmes très attachantes.



Commençons par la doyenne. Sara-Suzanne, pour fuir la misère s’est mariée très jeune à Johannes Krog, jeune commerçant bègue et part vivre dans une des îles du Lofoten. Le commerce prospère. Le mariage de raison se transforme en une union féconde, amoureuse et voluptueuse. Un sacré caractère Sara-Suzanne, elle sait ce qu’elle veut et soutient son mari dans ses entreprises. Le pasteur la peindra sous la forme d’un ange sur un retable qui existe réellement.



Puis, nous avons Elida, fille de Sara. Elle fera un mariage d’amour en épousant, contre l’avis de sa mère, Frederik qui tombera malade. Elida l’emmènera à Kristinia, la capitale, pour essayer de le soigner et, se faisant, abandonnera ses enfants à des familles nourricières.

Ainsi Hjørdis sera laissée à 2 ans et ne rencontrera sa famille que vers l’âge de 6 ou 7 ans.



Elida et Hjørdis connaîtront les bouleversements de la modernité et les guerres.



La dernière, Herbjǿrg Wassmo, fille de Hjørdis naîtra par une nuit de tempête et ne connaîtra pas les joies d’une famille aimante. Herbjǿrg passera sa vie à essayer de Lui échapper, LUI, son géniteur de père. Elle n’aura de cesse d’écrire dans de petits carnets jaunes, toujours aux aguets. « Durant mon enfance et mon adolescence à Vesterålen, je tiens un journal dont le contenu est terrifiant. Si éhonté qu’il n’ doit tomber sous les yeux de personne ».





Cette biographie « arrangée », en effet, Sara-Suzanne n’est pas sa vraie aïeule, lui permet de parler de son enfance, de sortir enfin de la honte, de pouvoir l’affronter LUI.



C’est aussi un roman où soufflent le vent et la tempête omniprésents sur ses îles désolées où les hommes ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pardon, je devrais dire où les femmes ne peuvent compter que sur elles-mêmes, les hommes étant en mer.



Un récit âpre mais attachant, Herbjørg Wassmo aime ses îles et cela se sent. Je l’ai trouvé un peu long par certains moments, alors je refermais le livres, passais à un autre et revenais vers ces femmes avec plaisir.


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Un verre de lait, s'il vous plaît

Herbjorg Wassmö met tout son talent, toute sa violence, toute sa capacité d'indignation pour dénoncer des pratiques innommables où de très jeunes filles se retrouvent à la merci de proxénètes, sans espoir d'échapper un jour au sort monstrueux qui leur est fait. L'héroïne est fraîche, naïve, volontaire aussi - sinon pourquoi quitterait-elle sa vie même si cette vie ne lui apporte pas grand-chose, et son pays, pour partir sans rien en dire à personne au-delà de la mer Baltique, là où on lui fait miroiter un travail sérieux, un revenu honnête, un quotidien meilleur. Naïve, trop naïve et ne connaisant rien du monde.

Alors que le lecteur, lui, comprend dès les premières pages du roman ce qui va se passer et ce qui attend la naïve jeune fille. Alors on a envie de crier à l'héroïne : non, n'y vas pas, n'écoute pas cet homme, reste où tu es, surtout ne pars pas. Mais bien sûr elle part, et ce qui lui arrive est pire que la mort. avec elle le lecteur descend toujours plus bas dans l'horreur et l'abjection, vit la cruauté de journées toutes semblables -tempérées parfois par un éclair d'humanité au fil d'une rencontre, d'un client, d'une autre prostituée par force. C'est peut-être ces éclairs d'humanité qui sont les plus importants, car cette actualité, cette réalité, malheureusement on la connait tous. Quelques regards, quelques paroles qui lui redonneraient presque espoir.

A voir un très beau film sur le même sujet : Lila for ever.
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Le testament de Dina

En voulant lire ce roman de Herbjorg Wassmo, je me suis rendue compte qu’il était la suite d’une saga et comme je voulais me plonger totalement dans cette œuvre nordique et en découvrir les racines, j’ai d’abord lu les tomes 1, 2 et 3 du Livre de Dina dans lesquels j’ai fait la connaissance de cette femme à la volonté de fer, qui ne craint personne et que tout le monde respecte.



Même si je n’ai pas lu les romans qui se situent entre le livre de Dina (tomes 1,2 et 3) et celui-ci (Fils de la providence et l’héritage de Karna) je n’ai eu aucun mal à découvrir celui-ci tellement l’auteure relate habilement le passé et situe chaque personnage. Mais il est préférable, comme je l’ai fait, de connaître le passé et surtout Dina qui marquera définitivement chacun.



Cette saga est axée principalement sur des parcours de femmes. Les deux personnages principaux de celui-ci sont Karna, la petite fille de Dina et Anna, sa belle-mère, deux héroïnes au tempérament fort de manière différente.



En effet, suite à la confession de Dina lue pendant ses obsèques par Karna, celle-ci perd l’usage de la parole, comme sa grand-mère dans le passé, et sombre dans la folie. Comme Dina elle ressent la présence de fantômes et sera internée en hôpital psychiatrique. Ses parents Benjamin et Anna décident de tout abandonner pour rester auprès d’elle. Ce déménagement va entraîner un bouleversement dans le couple, Anna, sa belle-mère se découvrant une soif d’indépendance, de désir et d’interrogations au contact de Joakim Klim, médecin aux méthodes peu orthodoxes pour l’époque à l’asile d’aliénés.



C’est l’occasion également pour Herbjorg Wassmo d’évoquer les traitements appliqués dans ces asiles, la souffrance mais aussi les conditions de travail du personnel.



Dans le Livre de Dina soufflait déjà un vent de folie avec Dina, cette femme capable du pire quand on lui résistait, mais les générations suivantes, que ce soit Anna, avec sa soif d’émancipation, d’indépendance ou Karna, dans le monde qu’elle imagine et dans lequel elle vit, fait de silence mais aussi de crises d’épilepsie violentes, le rythme ne retombe pas.



On embarque très vite, dès les premières lignes, dans les générations suivantes, avec Anna, qui vivait dans l’ombre de son mari et qui veut dormais s’affranchir et faire ses propres choix (pas toujours évidents même pour elle) : plus d’autonomie, d’indépendance, de décision sur son devenir, sur le choix de travailler, d’assumer ses désirs. La femme moderne, à travers elle, apparaît. Elle fait décide, hésite, tergiverse. Elle s’affirme également face aux hommes dans sa vie professionnelle.



La présence d’un médecin Joakim Klim, aux méthodes révolutionnaires dans l’hôpital où est soignée Karma, va jeter le trouble dans son esprit, mais il va imaginer une autre façon de soigner Karna, d’analyser les causes pour mieux soigner en dehors de tout traitement abrutissant, par l’écoute et la patience.



Herbjorg Wassmo aborde tous ces thèmes avec une écriture puissante, rebondissant sur les événements et la valse des hésitations, les changements qui s’opèrent chez chacun mais aussi dans la société. Il y règne une ambiance qui alterne entre le froid du pays nordique, de sa nature et de sa rudesse et la chaleur des émotions et la violence des sentiments.



En se glissant dans les différents personnages et en adoptant entre autre leur façon de parler (très poétique et fantasmagorique de Karna, ou à la troisième personne dans les dialogues entre confrères du monde médical ….. assez surprenant cet emploi du il ou elle quand on est face à son interlocuteur (trice)), la façon dont Anna « ose », « se libère » : c’est une autre femme qui apparaît que ses parents et son mari auront bien du mal à accepter.



A part une ou deux exceptions, tous les personnages sont attachants, ni tout blanc ni tout noir : Benjamin par sa douceur, son humanité mais faible et manquant d’assurance, Anna par sa volonté farouche de vivre pleinement ses désirs mais indécise, Peder, l’amoureux patient, resté au pays à attendre la guérison de Karna, son unique amour qui oscille entre vie et mort, entre au-delà et réalité et Joakim, énigmatique, troublant et chaleureux.



C’est une fresque romanesque, parfaitement maîtrisée par son auteure, qui nous déconnecte et nous fait voyager dans un paysage fait d’aventures, d’amour, d’amitié (parfois là où on ne l’attend pas), mais aussi un regard sur une société qui change, qui évolue, où la femme tient une place de plus en plus affirmée. Jusqu’aux dernières pages elle nous raconte l’histoire d’une famille nordique marquée par le destin.
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Le Livre de Dina, tome 3 : Mon bien aimé est ..

Trois volets pour raconter l'histoire de l'enfance à la maturité d'une...dévoreuse !

Enfant, elle a été à l'origine de l'accident qui a tué sa mère. Son père l'a laissée grandir sans contrôle, lui apportant assez tardivement un précepteur. Adolescente elle épousera un ami de son père. Vite veuve elle sera la maîtresse d'un grand domaine.

Dina ne reconnait l'autorité que de Dina. Dina consomme, manipule, utilise les savoir-faire des autres. Elle prend ce qui bon lui semble.

Voilà un personnage qui a du être dure à porter par son auteure et je comprends le peu d'empathie dans l'écriture de cette saga.

L'action se situe au 19ème siècle en Norvège mais l'écriture est tellement resserrée autour du domaine et du temps de Dina que l'on apprend peu de chose sur ce pays à cette époque. Encore un récit dans un milieu bourgeois, avec quelques notes de raffinement. Amusant comme le parler trivial de ces nantis sert de contrepoint aux descriptions d'un décor et un art de vivre presque sophistiqués.

Tout au long de la lecture de ces trois livres, j'ai été agacée par les citations du Cantique des cantiques presque au début de chaque chapitre. L'auteure ambitionne-t-elle de nous raconter les amours de Dina comme celles de la reine de Saba ?

Agacée aussi par les fantômes qui entourent Dina, ou plutôt que Dina convoque quand elle en a besoin.

Compte tenu de la période de parution de ces ouvrages, je me suis demandée si ce n'était pas l'envie de l'auteure d'utiliser l'air du temps, vantant la féminité conquérante de la fin du vingtième siècle.

Erreur. C'est l'histoire d'une folie, d'une femme qui cherche a capter la mort dans le regard du mourant, humain ou bête. C'est une femme charnelle , morbide et carnassière, presque une petite Lucrèce Borgia des fjords

Récit très bien construit : au premier chapitre du premier livre répond les dernières pages du dernier livre.

L'écriture est belle, bien cadencée, claire et sans suspens avec de beaux passages non dénués de poésie mais, parfois, à la limite du ridicule.

Ce livre m'intriguait par tout ce que j'avais entendu à son sujet. Je comprends l'engouement qu'il suscite, sans du tout le partager.
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Le livre de Dina, tome 1 : Les Limons vides

Bon, j'ai lu le tome 1 sans plaisir particulier et je me suis arrêtée à la moitié du tome 2 : je ne connaîtrai sans doute jamais la suite des aventures de Dina et ça ne me manquera pas beaucoup...
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