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Critiques de Herbjørg Wassmo (461)
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Le livre de Dina, tome 1 : Les Limons vides

Littérature norvégienne, je ne me souviens pas avoir lu quoi que ce soit de ce domaine et ayant reçu le Testament de Dina (dernier tome de la saga), je ne concevais pas de le lire sans connaître les précédents romans qui composent cette saga.



Dès les premières lignes, les premières pages, on ressent tout de suite une atmosphère glaciale, un malaise, de par les événements qui sont décrits mais aussi par les personnages et le rythme de l’écriture.



Dina et son cheval Lucifer, rentrent seuls, elle muette et ne pouvant donc donner aucune explication sur l’absence de Jacob, son mari qui aurait dû l’accompagner. On découvre très vite que cette jeune femme est hors norme. C’est une sauvageonne, entière, instinctive, qui n’agit que suivant ses désirs, suivant ses règles.



Dans son enfance, un drame dont elle est peut-être responsable, va avoir des répercussions sur son psychisme, sur sa vie, sur ses actes. Elle va évoluer au milieu des esprits, des fantômes, de la religion (chaque chapitre débute par une citation extraite de textes bibliques) et de ses pensées intérieures.



Je suis Dina, qui regarde le traîneau et sa charge dévaler la pente.



D’abord, il me semble que c’est moi qui y suis attachée. Parce que la douleur que je ressens est plus forte que tout ce que j’ai ressenti jusqu’à présent. A travers une réalité limpide comme le verre, mais hors du temps et de l’espace, je reste en contact avec le visage sur le traîneau. (p11)



Après le prologue qui décrit un épisode tragique mais qui garde des zones de mystère, le roman commence par le Premier Livre, laissant augurer une saga à venir et nous plongeons dans le passé de Dina pour découvrir qui elle est, en remontant dans son enfance.



Je suis Dina, entraînée à la suite de l’homme dans le tourbillon du torrent écumant. Puis il passe de l’autre côté. Je n’arrive pas à saisir le dernier instant, ce qui m’aurait fait découvrir ce que tout le monde redoute. Le moment où le temps s’arrête.



Qui suis-je ? Quand, où et à quel endroit ? Suis-je à jamais damnée ? (p14)



Qui est Dina, comment devient-elle cette femme, sauvage, rebelle, que tout le monde craint et respecte. Dotée de capacités mathématiques exceptionnelles, douée pour la musique, elle joue du violoncelle de façon sensuelle, comme pour s’envelopper dans les notes et faire taire ceux qui l’entourent.



Une bonne femme mariée qui grimpait aux arbres, qui se promenait en sous-vêtements à son propre mariage, qui n’avait pas su lire avant l’âge de douze ans et encore rien d’autre que la Bible, et qui montait à cheval à califourchon et sans selle, devait nécessairement porter les fautes des générations antérieures. (p113)



Elle n’a aucune pudeur, aime plus le contact avec les domestiques, la nature et les animaux qu’avec ses proches. Elle décide qui elle aime, on ne peut lui dicter sa conduite ni ses choix. C’est elle qui fixe les règles : où, quand, comment et avec qui.



L’auteure a construit un personnage entier, presque « animal » tant par sa façon de vivre, son caractère, ne respectant aucune convention, se moquant des remarques et injonctions mais qui est habitée par une vie intérieure faite de souvenirs qui reviennent la hanter.



Il s’agit également d’une femme moderne (l’action se situe au milieu du 19ème siècle) : Herbjorg Wassmo en fait une sorte de féministe avant l’heure, qui ne veut pas que sa vie soit gouvernée par les hommes, par les règles ancestrales.



– Ben, si j’avais été un cheval ? ou un bateau ? Alors j’aurais eu l’droit d’me montrer ? Alors que la Dina, elle doit rester invisible ? (p124)



Elle revendique son droit à la liberté, à décider de ce qu’elle fait de sa vie, ne s’embarrasse pas des lois, elle a sa propre loi. Si elle aime c’est totalement mais si on la blesse, si on lui fait du mal, tel un animal elle se venge



La vengeance de Dina pouvait être terrible. Il commençait à la connaître maintenant. Ce qu’elle voulait, c’était posséder les autres sans être elle-même possédée. (p139)



J’ai rarement lu de récit où le personnage central est une femme d’une telle force, d’une telle détermination, si imprévisible. Rien ne lui résiste : mariage, famille, amitié, elle décide qui elle aime, qui l’entoure, qui devra partir. Comme je vous l’ai dit c’est une instinctive : elle « sent » les gens et quand elle les aime, elle comprend, elle ne juge pas, elle les respecte même. On a parfois le sentiment d’être face à une femme-enfant, une enfant sauvage dont le plus grand plaisir est de chevaucher son cheval, sans selle, d’affronter les éléments, de se nicher au sommet d’un arbre et d’embrasser le monde qui l’entoure.



Elle peut être provocante mais en a-t-elle conscience ? Tout ne semble que jeu, expérience, association de sensations mais elle peut taire certaines choses, être également manipulatrice, dangereuse pour qui n’est pas honnête.



C’est une sorte d’animal doué de sens basiques, d’une logique bien à elle et je pense que dans les livres suivants (dont j’ai déjà commencé le deuxième) je vais découvrir bien d’autres facettes de cette walkyrie, intelligente à sa façon, brutale mais aussi voluptueuse quand elle aime, voire sensuelle.



L’écriture est aussi froide, directe,à l’image du climat qui règne dans ce pays au-delà du cercle polaire, mais aussi à l’image du personnage central. Tout n’est pas révélé, chaque lecteur peut interpréter les événements à sa manière, à moins que l’auteure ne révèle dans les tomes suivants certaines vérités.



On est un peu dérouté au début de la lecture par le style à la fois poétique, mêlant religion, monde intérieur de Dina et réalité. On ne comprend pas tout car tout ne nous est pas donné, volontairement, mais la découverte, au fil des pages, permet de reprendre l’histoire parfois sous un autre jour.



Pour une fois l’héroïne n’est pas idéale, parfaite, ne répond pas aux normes habituelles de la féminité, elle est complexe, mystérieuse, ambiguë, oscillant entre folie, rudesse et bon sens, mais, pour ma part, je l’ai trouvé attachante, déroutante malgré tout justement par ce côté décalé, moderne, hors norme…… Et finalement qui est Dina ?



Mais toute cette antipathie cachait une corde qui vibrait. Une curiosité. Celle de découvrir ce qui poussait les gens, comme Jacob, à de telles folies. Celle de découvrir comment une gamine pouvait prendre le contrôle de toute une propriété. Sans même avoir à lever un doigt. (p161)

Mais toute cette antipathie cachait une corde qui vibrait. Une curiosité. Celle de découvrir ce qui poussait les gens, comme Jacob, à de telles folies. Celle de découvrir comment une gamine pouvait prendre le contrôle de toute une propriété. Sans même avoir à lever un doigt. (p161)
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Cent ans

Extrêmement déçue par ce roman que j'ai trouvé d'une platitude extrême, je me suis donc arrêtée à 46 % de ma lecture (sur liseuse), soit un peu moins de 300 pages.



C'est l'histoire d'une famille du Nord de la Norvège et notamment de ses femmes, entre le 19ème et le 20ème siècles.



Il y a quelques aspects intéressants notamment pour qui aime ce beau pays, ou encore sur les évocations des conditions de vie des femmes il n'y a pas si longtemps.



Mais c'est à mes yeux long, fastidieux, inutilement descriptif, décousu dans la narration, les personnages sont difficiles à suivre tellement ils sont nombreux.



Un gros flop pour moi, à regret.
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Le Livre de Dina

C'est dans les années 1830, à Reinsnes, ville du cercle polaire norvégien, que vit Dina. Sans le vouloir, quand elle n'avait que cinq ans, elle a tué sa mère. Depuis, enfermée dans le silence, elle porte en elle ce fantôme. Elle grandit presque comme une enfant sauvage, dure et têtue envers tout ceux qui voudraient l'approcher. « Aucune limite n'existait pour Dina. [...] Elle ne craignait le jugement de personne. [...] En un éclair, elle saisissait une situation et agissait en conséquence ! Et [...] elle avait un talent inné pour retourner sur les autres ce qui la frappait elle-même. » Quand elle épouse Jacob Gronelv, tout le monde pense que Dina va enfin s'assagir et devenir plus fréquentable. Mais Dina n'en fait jamais qu'à sa tête. « Il était inconvenant qu'une si jeune femme ne fasse pas ce que l'on attendait d'elle. » Quand elle devient veuve, meurtrière, mère et de nouveau muette, tout ça en presque une seule nuit, il est désormais évident que Dina restera indomptable et indépendante. Avec son cortège de fantômes et son violoncelle dont la musique fait presque trembler les murs de Reisnes, elle est maîtresse de son destin et ne se cache pas d'aimer qui elle veut. Son aura immense fait oublier ses excentricités. « Ce qu'on avait à faire, on le faisait. Sans demander de conseil à personne, tant qu'on pouvait se débrouiller seule. » Partout, on s'étonne que Dina Gronelv vive avec le fils de son mari décédé et ses enfants adoptifs. On ne comprend pas qu'elle ait embauché une Lapone comme nourrice pour son fils. Pourtant, on respecte son sens des affaires, son intelligence des chiffres et sa rigueur. Dina n'est pas une mère conventionnelle pour Benjamin, petit garçon qui grandit dans la soif constante d'un geste de tendresse. L'arrivée de Léo Zjukovskij, beau Russe aux activités obscures, contrebandier autant que poète, ébranle la puissante Dina : peut-elle accepter de laisser son cœur la guider ?



J'ai relu cette trilogie pour découvrir ses suites (Fils de la providence et L'héritage de Karna) et je n'ai pas boudé mon plaisir. J'avais le souvenir d'une héroïne aussi attachante que terrifiante et c'est bien elle que j'ai retrouvée. Dina est un personnage remarquablement construit. Pour parler rapidement, je pourrais dire qu'elle est une femme forte, mais elle est plus complexe que cela. Son sens aigu de la justice n'appartient qu'à elle, mais ses règles font loi dans son univers. « C'était toujours comme ça avec Dina. Elle fonçait comme un requin et frappait par tous les moyens là où l'on s'y attendait le moins. » Dina est capable de l'érotisme le plus sauvage et le plus bouleversant : c'est la preuve de sa sensualité affirmée et sans honte, mais aussi sa façon de lutter contre sa terreur d'être abandonnée. Dina, ceux qu'elle aime, elle les veut auprès d'elle pour toujours.



Je me lance sans attendre dans la duologie consacrée à Benjamin !
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La fugitive

Abandonné au bout de 100 pages.

On ne décolle pas

L’écriture est fatigante.

L’héroïne (l’auteure?) est indécise, pénible.

Il me semble déjà avoir eu du mal avec « Le livre de Dina » d’Herbjprg Wassmo..

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Ciel cruel

Cette dernière partie de la trilogie m'a définitivement séduite ! Après avoir vécu une véritable déflagration intérieure,Tora s'enfonce dans la file. Rakel, s tante,tel Orphée va l'y rechercher pour la ramener avec tendresse et délicatesse à la lumière. On assiste alors à la métamorphose de la jeune fille, à son affirmation très singulière qui ne laisse guère espérer une issue sereine. C'est avec une plume et une sensibilité magnifique que L'auteure nous traduit les méandres de l'âme humaine. Je recommande vivement cette lecture à tous les adeptes des romans psychologiques. Cette trilogie allie poésie,psychologie et plaisir de la belle écriture. Tora et son univers restent gravés en moi...
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Le Livre de Dina, tome 2 : Les Vivants aussi

Alors que le premier tome posait la mort de Jacob Gronelv en élément liminaire pour reprendre ensuite toute l’existence de Dina jusqu’à ce drame, le deuxième volume s’ouvre immédiatement après le soudain veuvage de l’héroïne. Dina est toujours silencieuse, enfermée dans la chambre conjugale. Elle marche toute la nuit et elle boit plus que de raison. « Chaque maître avait ses lois. Les lois de Dina ne ressemblaient à aucune autre. » (p. 47) Et voilà qu’elle est enceinte ! « On racontait ouvertement que Madame Dina était à la fois enceinte, muette et peu sociable. » (p. 23) Jacob ne disparaîtra donc pas de Reinsnes. Benjamin, le nouvel héritier s’ajoute donc à Johan, le fils du premier mariage de l’armateur et aubergiste, et à Niels et Anders, ses fils adoptifs. Arrive Stine, une nourrice Lapone, qui prend soin de Benjamin et finit par s’installer définitivement à Reinsnes avec l’approbation de Dina. Il y aura finalement une maîtresse pour l’intérieur de la maison, tandis que Dina veut gérer les affaires de son défunt époux, comprendre les chiffres, pourquoi ils ne sont pas justes, suivre les caboteurs et les récoltes. « Finalement, les histoires moins flatteuses sur Dina perdirent de leur impact. On les considéra plutôt comme des traits d’originalité qui distinguaient Dina des maîtresses de maison et autres bourgeoises. Et qui faisaient d’elle quelqu’un de spécial et de fort. » (p. 133) Se remariera-t-elle, la grande et belle veuve de l’armateur ? Pour cela, il faudrait qu’elle trouve un homme digne d’elle, selon ses critères. Ce ne peut pas être Tomas, ni Johan. Peut-être Léo Zjukovkij, ce Russe qui va et vient en laissant des sillons dans le cœur de Dina.



Ici, Dina prend peu à peu sa place dans le domaine laissé par son époux. Elle rend les armes sur certains sujets, s’adoucit, mais brandit toujours son indépendance et sa volonté comme des drapeaux de guerre.

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Cent ans

Que sait-on de ses arrière-grands-mères ? L’une est morte en accouchant de son neuvième enfant, une autre a été placée à la campagne par l’assistance publique, une autre encore vivait dans une région viticole comme en témoigne une photo de fin de vendanges, presque rien finalement… Dans le cas d’Herbjørg Wassmo, la curiosité de l’écrivain s’éveille lorsque sa fille trouve une publication parlant d’un retable dans la cathédrale des îles Lofoten. Le peintre, très doué, était un pasteur, et le modèle une certaine Sara Susanne Krog, qui n’est autre que l’arrière-grand-mère maternelle de Herbjørg Wassmo. Elle se lance dans des recherches sur sa famille, s’inspire librement de ce qu’elle peut en retrouver, poussée par le fait que cent ans exactement la séparent de Sara Susanne, et aussi peut-être parce qu’il est temps pour elle d’évoquer des souvenirs douloureux de sa propre enfance. Elle retrace donc un siècle, de 1860 à 1960 environ, entremêlant différents épisodes de l’histoire familiale, commençant dans le Nord avec Sara Susanne, son arrière-grand-mère, qui épouse Joannes Krog parce que sa famille peine à nourrir de trop nombreuses bouches. Elle-même aura de nombreux enfants, dont Elida, qui quittera les Lofoten pour Kristiania, avant qu’elle ne devienne Oslo, pour faire soigner son mari gravement malade. L’une de ses filles, Hjørdis, reviendra dans le nord et sera la mère de la petite Herbjørg.

Rassurez-vous, on ne se perd pas du tout dans la généalogie, et cette saga familiale vue du côté des femmes, mais également de leurs relations avec les hommes est tellement passionnante que je n’ai pas vu filer les 560 pages !

la suite...
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Le Livre de Dina, tome 3 : Mon bien aimé est ..

Dernier volet du Livre de Dina : tous les personnages sont en place, chacun observe Dina. Elle n’est plus la même, elle attend, elle guette, pour la première fois elle n’est plus celle qui décide mais celle qui attend le bon vouloir de celui qu’elle aime. Mais Dina sait-elle seulement aimer ?



J’ai ouvert le livre avec avidité pour connaître le dénouement de cette saga (même s’il y a le tome 4 : le testament de Dina qui m’attend, mais qui ne fait pas partie apparemment de la trilogie Le livre de Dina mais qui en est la suite…..). Impatiente de découvrir Dina sous un autre jour : celle de la femme amoureuse et dans l’attente, alors qu’habituellement c’est elle qui dirige et ordonne.



Et bien ce troisième volet est à la hauteur des deux autres et même un peu plus je trouve. Peu à peu tout se met en place, la tension monte, certains événements, à l’image de son héroïne donnent du relief au récit, aucun temps mort. Il faut dire qu’avec une femme au caractère si déterminé, violent, dur il ne peut en être autrement.



– J’aurai dû….. commença-t-il

– Chut ! il aurait dû. Chacun doit prendre la responsabilité de sa propre vie.

Certains doivent se pendre, d’autres doivent d’être durs, répondit-elle en se dégageant de son étreinte. (p30)



Certains ne résisteront pas à sa justice. Quand elle avoue détenir les preuves, et elle n’accuse pas sans preuves, elle est implacable et laisse le choix de l’issue. Quand d’autres sont des obstacles elle s’arrange pour les écarter de son chemin. Car rien ne compte que sa détermination, sa propre vie, même son fils Benjamin, s’éloignera et trouvera de l’affection auprès d’autres membres de Reinsnes.



Même avec les clients du commerce, elle a une position ferme mais juste:



Tant qu’elle les verrait venir faire leurs courses à Reinsnes, elle ferait en sorte qu’ils aient de quoi vivre lorsqu’ils seraient démunis. Mais si on les surprenait à proposer leurs fourrures ou leurs poissons ailleurs, elle n’attendrait pas pour recouvrer ses créances.



Il en est de même avec les femmes, les commérages, la religion



Les femmes déchirent quelqu’fois les gens en p’tits morceaux. Et après elles courent à l’église ! fut le commentaire de Dina. (p33)



Pourtant Reinsmes a également son lot de drames : deuils, suicide, conflits d’intérêt, héritage mais rien ne la fait plier.



Anders était en deuil. Les blessures de Dina ne voulaient pas saigner. Le ciel couvert avait de larges ouvertures, mais il n’y avait pas de soleil. Les pensées tombaient comme de la pluie. (p117)



Les rumeurs sur son compte, le désir de certains qu’elle partage puis ignore, elle en fait fit. Ce n’est que son propre désir qu’elle écoute, ses propres envies et elle peut aller contre vents et marées au bout de sa quête. Dure en affaires, dure en sentiments mais aussi dure dans la douleur, la perte.



Mais avec Léo elle se trouve face à un mur de silence. Dès l’apparition de cet homme on comprenait qu’il allait prendre une place importante dans son existence peut-être parce qu’il lui résistait, justement parce qu’il avait des zones d’ombre. Va-t-elle se transformer en femme douce, aimante ?



Le dénouement est à la hauteur du personnage : riche en rebondissements, en événements parfois violents, inattendus, et bien sûr nous avons les réponses à certaines questions laissées en suspens depuis le début. Seule Dina peut donner les réponses et on le sait Dina n’est pas une femme à s’épancher facilement.



Je suis très partagée sur ce que je ressens vis-à-vis de Dina : parfois je l’admire pour sa détermination, sa volonté mais à d’autres moments elle me glace pour son manque de sentiments, la manipulation des gens autour d’elle sans tenir compte de leurs propres ressentis, leurs propres besoins. J



Les dernières scènes laissent une porte ouverte sur diverses pistes car Benjamin a été témoin de scènes qui vont laisser des marques indélébiles. Deviendra-t-il le digne successeur de sa mère ? Je sais qu’une saga existe sur le personnage de Benjamin (Fils de la providence).



Le livre de Dina se différencie des autres sagas que j’ai pu lire par la rigueur et le caractère de l’héroïne, les réponses à certains événements, dont nous avons connaissance dès le début, qui n’arrivent qu’en toute fin, dans un souffle, mais aussi par les différents thèmes abordés : lieu géographique dans le nord de la Norvège, religion, commerce, ethnies (lapon), condition de la femme et même dans ce dernier tome, histoire (guerre de Crimée).



L’ensemble se lit avec plaisir, une écriture directe, franche, sans détour, les introductions de chaque chapitre par des extraits de textes saints résumant ce qui suit.



On revient de sa lecture glacée par cette femme d’acier, entière, que l’auteure a maintenue jusqu’au bout dans sa logique, au milieu de cette nature rude, hostile en se demandant finalement si on l’aime ou si on la déteste…… ou alors un peu des deux…..
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Ces instants-là

On ne connaît pas son nom, ni les traits de son visage, on se dit que sûrement, l'auteure se cache derrière ce « Elle » qui raisonne à chaque page. Qu'elle nous livre ses instants à elle, vécus et assimilés. Qu'elle tisse sa propre histoire, son cheminement de fille, de mère, de femme et d'écrivaine. Qu'elle romance forcément quelquefois, par discrétion et pudeur, pour garder une distance et se préserver.

La narratrice déplie sa vie, pas à pas, image par image, à travers des phrases brèves, percutantes et rugueuses, souvent tronquées. Ne nous dit pas tout, laisse entrevoir. Ses mots, tout aussi durs, rapeux mais non dénués de poésie se fondent dans le paysage qui l'entoure, décor froid, rude mais majestueux. La Norvège.

Des morceaux de vie tantôt en noir et blanc, tantôt en couleur, qui se collent les uns aux autres dans un patchwork mêlant chagrin et joie, doute et surprise, réflexions et décisions, songes et quotidien. Des instants entrecoupés de chutes car elle tombe souvent, littéralement. Evanouissements. Le temps est alors suspendu.

D'adolescente à l'aube de ses cinquante ans, on parcourt le chemin qu'elle a pris, on sent les tensions, on comprend ses interrogations, ses efforts, ses difficultés ; un père qu'elle méprise, une petite soeur qu'elle adore, une mère présente mais insondable voire indifférente, sa rencontre avec celui qui sera le père de son fils, un fils qui sera élevé par sa grand-mère, le pensionnat, la distance avec ce fils qu'elle connaît à peine, son métier d'institutrice, son mariage, la naissance de sa fille, l'amour qui se perd, l'envie de prendre son envol, d'étudier à nouveau, et puis surtout le besoin d'écrire, s'évader, se mettre dans une bulle pour mettre en mots des histoires, ses premières publications, le statut de femme écrivain, l'ombre planante et bienveillante de Simone de Beauvoir, ses relations avec les hommes...

Le cheminement d'une femme, ses chemins de traverse, les jalons qu'elle a posés un à un, l'acquisition de sa liberté. Un roman profondément émouvant.


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Cent ans

Très belle saga familiale sur quatre générations de femmes que nous propose ici Herbjørg Wassmo. J'ai beaucoup aimé découvrir le destin de ces femmes fortes mais pas épargnées par la vie, leurs doutes et leurs difficultés, leurs peurs et leurs petits bonheurs.



Nous voyons à travers ces destins les difficultés rencontrées par les femmes : pas toujours la chance de pouvoir avoir une éducation, le poids d'une famille nombreuse à gérer, les grossesses à répétition, le fait de devoir tirer un trait sur certains rêves.



J'ai également apprécié découvrir les moeurs et une petite partie de l'histoire de la Norvège, notamment la vie de pêcheurs ou de marins dans les îles du Nord, la découverte de Kristiania (appelée Oslo par la suite), la vie pendant la deuxième guerre mondiale et sous occupation allemande (rapidement abordée pendant la dernière partie). J'ai été choquée par la discrimination ambiante envers les personnes venant du Nord du pays (notamment dans l'annonce à louer où il est dit que la maison ne sera pas louée à des gens du Nord).



Les personnages féminins sont particulièrement réussis, mais j'avoue avoir eu un faible pour certains hommes aussi, Johannes la bonté incarnée, heureux de bonheurs simples, et Frédéric, cet érudit au coeur tendre, toujours avide de connaissances et de partage.



Je dois avouer avoir eu besoin de quelques secondes parfois pour me repérer dans les personnages et les changements d'époque, mais la narration est très agréable et il est intéressant d'alterner les récits. J'aurais beaucoup aimé pouvoir continuer un peu à suivre l'histoire de ces femmes attachantes.
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Cent ans

Un livre d'une densité peu ordinaire. Et c'est peu de le dire. En cent ans, quatre générations. Des femmes. Des familles. Des luttes.

Et conséquemment, des souffrances, des amnésies, des silences, et encore des douleurs.

Wassmo sait mettre des mots, elle sait trouver les mots pour peindre à la fois les paysages, les âmes. Elle trouve les mots pour raconter les silences.

Cent ans est un "gros" livre, un pavé comme on dit. Mais il y a tant de lumière ...

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Le Livre de Dina

L'histoire :

(résumé librement adapté de la quatrième de couverture)



Une région isolée du Nordland, au milieu du dix-neuvième siècle.

Enfant délaissée et mal-aimée, durablement marquée par le décès précoce de sa mère Hjertrud, Dina grandit sur le domaine de Reinsnes, comptoir norvégien qui vit du commerce maritime. Initiée à l'art du violoncelle par son précepteur, M.Lorch, elle devient une jeune femme révoltée et passionnée, nourrie de fantasmes frisant parfois la folie. Mariée toute jeune à Jacob Grønelv, un ami de son père, Dina mène sa vie en toute indépendance et consume son entourage, du personnel de maison aux valets de ferme, des membres de la famille aux voyageurs de passage.





L'opinion de Miss Léo :



J'ai été sélectionnée par Babelio lors de la précédente édition de Masse Critique pour recevoir la nouvelle édition intégrale du roman d'Herbjørg Wassmo, dont les trois parties sont ici regroupés dans un seul et même volume (on se demande d'ailleurs pourquoi celles-ci furent initialement publiées séparément, tant elles forment un ensemble homogène et cohérent). On peut dire que j'ai eu le nez creux en choisissant cet ouvrage, puisque j'ai été totalement enthousiasmée par la lecture de ce pavé envoûtant, que j'ai refermé à regret après quelques heures d'une expérience inoubliable. L'auteur norvégien signe une ample et dépaysante fresque nordique, portée par un personnage principal complexe et attachant.





Dina : un personnage étonnant !



L'originalité de ce roman réside avant tout dans le caractère atypique de la jeune Dina. On est tout de suite ému et intrigué par cette grande femme farouche et indomptable, garçon manqué ébouriffé préférant de loin la compagnie de son violoncelle ou de son Lucifer de cheval noir à celle de ses semblables. La mort accidentelle de sa mère, disparue dans d'atroces souffrances, scelle le destin de la jeune femme, délaissée par son père et mariée très jeune à un ami de ce dernier (le "vieux" Jacob n'est cependant pas un personnage antipathique, et il se montre très respectueux vis à vis de sa jeune épouse). Dina prend son destin en main après la mort salutaire de son conjoint, et mène sa vie comme elle l'entend, au mépris des convenances et des sentiments d'autrui. Elle fume la pipe, s'habille comme un homme, monte à califourchon, délaisse les tâches ménagères, excite le désir des hommes de son entourage, le tout avec un naturel confondant, et sans afficher la moindre trace de regret ou de culpabilité. Son comportement s'apparente dans un premier temps à celui d'un petit animal sauvage, rendu totalement inapte à la vie en société par une éducation trop fragmentaire. L'humanité de Dina transparaît cependant dans son rapport à la musique, que lui a enseignée son ancien précepteur. Violoncelliste et pianiste de talent, la jeune femme trouve refuge dans la pratique de son art, et fait corps avec son instrument, qu'elle considère comme un individu à part entière. C'est selon moi l'un des aspects les plus séduisants de ce personnage plein de contradictions, pouvant tour à tour se montrer attendrissant, ou au contraire franchement repoussant.



"C'est là que les doigts impitoyables de Dina prenaient la relève. La musique était là. Comme une libération. Une fièvre ! Envahissait toute la ferme, jusqu'aux champs. Jusqu'à la grève. Atteignait Tomas sur sa couche dure dans les communs. Apportant joie ou tristesse. Selon l'humeur de l'auditoire." (page 223)



Devenue veuve à dix-huit ans, Dina Grønelv prend en charge les affaires du domaine familial, et gère efficacement la boutique de son défunt mari. A-t-on jamais vu une femme se montrer aussi à l'aise avec les chiffres ?? Son sens du commerce et son obstination, combinés à une intelligence redoutable, ainsi qu'à l'indéniable pouvoir de séduction qu'elle exerce sur la gente masculine, en font une sorte de Scarlett O'Hara norvégienne, les manières sucrées et le côté précieux en moins. Dina mène son petit monde à la baguette, et n'a aucun respect pour les faibles, qu'elle tente toujours de punir à sa manière. Elle se montre cependant capable de sympathie et de bienveillance envers autrui, et parvient même à établir une certaine complicité avec d'autres protagonistes du roman, à condition que ceux-ci fassent preuve d'honnêteté, et (tant qu'à faire) d'une bonne dose de sens pratique. Ses relations avec les hommes sont la plupart du temps teintées de sensualité et d'érotisme exacerbés : Dina joue constamment de son sex-appeal, et provoque désir, jalousie et rancoeur dans le corps coeur des mâles qu'elle côtoie. Autant dire que l'ambiance est parfois explosive dans le domaine de Reinsnes ! La jeune veuve n'est cependant qu'une pauvre fille en manque d'amour, qui masque sa frustration sentimentale par des attitudes parfois volontairement provocatrices. Son mal-être transparaît à chaque page du roman, et l'on ne peut qu'être touché par sa fragilité.



La mort est quant à elle omniprésente dans la vie de la jeune norvégienne, qui doit par ailleurs composer avec quelques fantômes envahissants, reliques d'un passé semé de drames et de tragédies. Dina est un personnage tourmenté, en proie à de nombreux fantasmes et autres hallucinations. Comme disait le mioche dans le film (très surévalué) de M. Night Shyamalan : "I see dead people". On est parfois à la limite du fantastique, Dina ressentant constamment la présence encombrante de sa mère Hjertrud et de son mari Jacob, tout deux décédés, et pourtant prompts à juger le moindre de ses actes. La folie n'est pas loin, et la jeune femme rongée par la culpabilité trouve refuge dans la religion (la Bible est son livre de chevet).



"Il arrivait que Hjertrud apparaisse à l'orée du bois et lui fasse un signe en levant le bras quand elle sortait de l'eau.



Alors Dina s'arrêtait, à moitié enveloppée de sa chemise ou de sa serviette. Elle restait debout. Jusqu'à ce que Hjertrud lui parle, ou bien disparaisse." (page 211)



Un très beau personnage, donc, complexe et attachant, autour duquel s'organise la vie de cette petite communauté du Nordland. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, bien que moins présents dans le roman. Mention spéciale à ces deux femmes de caractère que sont Stine la Lapone et Mère Karen, toutes deux indispensables au bon fonctionnement du domaine.





Une ambiance nordique comme je les aime !



Les personnages du Livre de Dina évoluent dans un environnement dépaysant à souhait, que l'on prend plaisir à découvrir tout au long des six-cents pages de l'oeuvre. Le roman se déroule dans une zone rurale isolée du nord de la Norvège, sur une terre hostile dont les habitants vivent au gré du défilement des saisons, lesquelles vont et viennent avec une déprimante régularité. J'aime beaucoup cette ambiance "soleil de minuit et grands froids lugubres", parfaitement restituée par une Herbjørg Wassmo accordant une large place à la description des paysages. La nature règne en maître, et l'Homme doit s'adapter pour subsister au coeur de ces vastes étendues peuplées de forêts, de cascades et de plaines arides.



On en apprend beaucoup sur les moeurs et le mode de vie des norvégiens au milieu du XIXème siècle. Il est d'ailleurs particulièrement intéressant de découvrir un roman ne se déroulant ni dans l'Angleterre victorienne, ni en France sous le Second Empire, ni dans le Sud des Etats-Unis esclavagistes. Ce changement de point de vue fut pour moi totalement rafraîchissant, et j'ai apprécié tous ces petits détails savamment distillés par l'auteur chapitre après chapitre, qui nous donnent finalement un assez bon aperçu de ce que pouvait être la vie d'une famille d'armateurs norvégiens en 1850.



Les habitants du Norland survivent grâce à la pêche et au commerce. Ils font le plein de poisson (stockfish, morue) et de ressources locales (duvet d'eider, peaux et viande de renne, mûres jaunes), puis embarquent les marchandises à bord de leurs bateaux pour les vendre dans le sud du pays, où ils s'approvisionnent en denrées de base. Les caboteurs ne peuvent circuler qu'en été, et doivent impérativement être rentrés avant que l'hiver ne glace les fjörds, rendant ainsi impossible toute navigation. Herbjørg Wassmo passe en revue différents aspects de la vie locale : habillement, logement (selon la classe sociale), alimentation, chauffage, lessive, loisirs, occupations et éducation des enfants... Nous visitons également quelques grandes villes norvégiennes, lors d'un voyage de Dina à Bergen et Trondheim. La description de la puanteur et de la cohue qui y règnent tranche avec l'isolement de Reinsnes !





"Des odeurs étranges chatouillaient le nez. Même la mer avait une autre odeur ici. Mêlée à la pestilence des pourritures et des caniveaux, à l'odeur de goudron des bateaux et du poisson. Tout ceci composait cette indéfinissable puanteur de la ville." (page 460)



L'aspect historique n'est pas non plus dénué d'intérêt. Une partie du roman se déroule pendant la guerre de Crimée, qui se propage jusque dans la mer Baltique (ce que j'ignorais totalement). Le conflit provoque une pénurie de certaines marchandises, et les norvégiens se voient contraints de semer davantage de blé, pour ne plus avoir à compter sur la farine russe.





Et un auteur talentueux en prime !



Le récit, d'abord intimiste et feutré, prend donc de l'ampleur avec le voyage de Dina, et s'ouvre à d'autres aspects de la société norvégienne. L'intrigue reste centrée sur le destin de la jeune femme, mais l'arrière-plan très travaillé offre une indéniable plus-value à un roman dont on ne peut nier la grande qualité littéraire. J'ai aimé le style de l'auteur, très agréable, qui propose une alternance de descriptions terre-à-terre et d'envolées lyriques puissamment évocatrices. Les phrases sont plutôt brèves, et le récit à la troisième personne est entrecoupé de courtes et obnubilantes interventions de Dina. Ces dernières se répètent régulièrement, tel un refrain lancinant, évoquant les hallucinations et les obsessions de la jeune femme Le récit est par ailleurs saupoudré de références bibliques, et chaque chapitre s'ouvre sur une citation (j'avoue que je suis un peu larguée dans ce domaine).



J'ai découvert qu'Herbjørg Wassmo avait écrit une suite à son roman (Le Fils de la Providence), centrée sur le personnage de Benjamin, fils unique de Dina. J'espère avoir l'occasion de la lire dans dans un futur proche, et je n'hésiterai pas un instant à me replonger dans cet univers !





Une épopée romanesque flamboyante et dépaysante, portée par un superbe personnage atypique. Coup de coeur !







Merci à Masse critique et aux éditions Gaïa pour l'envoi de cet ouvrage.
Lien : http://leslecturesdeleo.blog..
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Cent ans

Dans ce beau roman où se mêle l'autobiographie, Herbjorg Wassmo retrace la vie de ses ancêtres, sans doute pour mieux comprendre la sienne... on comprend dès le début du livre que la petite Herbjorg, arrière-petite-fille de Sara Susanne a un contentieux avec la vie, un secret que l'on devine douloureux mais qu'elle ne fait qu'effleurer.

En racontant la vie de ces femmes, l'auteure raconte une lignée de femmes courageuses, dures au mal, résignées ou révoltées, à qui la vie n'a pas fait de cadeaux. De 1842, année de naissance de Sara Susanne, à 1942, année de naissance de Herbjorg Wassmo, les femmes se succèdent et avec elles les mariages plus souvent de raison que d'amour, les flopées d'enfants plus ou moins désirés, les existences rudes dans le grand nord de la Norvège : la pêche, les harengs, le froid, le soleil de minuit qui vient réveiller la nature au printemps après 6 mois de nuit boréale. Fortes et résistantes, elles se tuent à la tâche et s'éreintent de maternité en maternité. Elles n'en demeurent pas moins des femmes avec des questions, des envie et des dilemmes de femmes qui nous les rendent très proches malgré ces conditions de vie si éloignées de notre petit confort moderne et tempéré !

Sans faire de psychologie, Herbjorg Wassmo rentre dans la tête et le coeur de ces femmes qui furent ses ancêtres, elle décrypte leurs difficultés et leurs dilemmes et nous livre un magnifique hymne aux femmes.

Un très beau livre émouvant et souvent poignant, qui par certains cotés, m'a aussi fait penser à Karitas de Kristín Marja Baldursdottir.
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Fils de la providence, tome 2

Après des années à étouffer dans son petit village du cercle polaire, Dina a enfin mis à exécution son projet : quitter Reinsnes avec son violoncelle pour apprendre à vraiment jouer de cet instrument avec lequel elle fait corps. Benjamin a grandi sans cesser d'espérer le retour de sa mère, mais incertain de l'accueil qu'il lui ferait si elle rentrait enfin. À Copenhague, il suit des études de médecine et se lie d'amitié avec Aksel, fils d'un pasteur danois. Quand Bismarck attaque le Danemark, Benjamin s'engage dans les unités de soins et son enfance est désormais loin. « Reinsnes était comme un endroit décrit dans un livre. » (p. 40) Sur les champs de bataille, il rencontre Karna, beauté blonde dont il causera la perte. Dans les choses de l'amour, Benjamin est comme Dina : brûlant et insatiable. « Si seulement j'avais pu la prendre dans mes bras ! On ne devrait pas avoir besoin de parler de tout. » (p. 69) Il a de nombreuses amantes, dont Karna, mais s'éprend aussi d'Anna, la brillante fiancée d'Aksel. Mais toujours torturé par l'absence de sa mère, même après son diplôme de médecine, Benjamin reste finalement un enfant triste et perdu. « Elle n'écrivait pas ! Pourquoi, nom d'un chien, n'écrivait-elle pas ? Qu'est-ce que je lui avais fait ? Mis à part ce qui avait été involontaire : avoir été témoin de son acte ? » (p. 134) Le jeune Norvégien est déterminé à s'accuser du drame qui a emporté le Russe si cela peut lui ramener Dina.



Ce deuxième tome m'a moins plu que le premier. Dans l'égoïsme, contrairement à sa mère, Benjamin est agaçant (mais peut-être sont-ce ma sororité et mon féminisme qui parlent...). L'absence de Dina est écrite de telle sorte que la maîtresse de Reinsnes est omniprésente et comble tous les creux. Il me tarde de revenir dans les latitudes polaires avec la petite Karna, dans la trilogie intitulée L'héritage de Karna.
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Fils de la providence, tome 1

L'histoire de Benjamin commence exactement là où l'on avait laissé Dina dans Mon bien-aimé est à moi. L'enfant est désormais lié à sa mère par le drame dans lequel a péri le Russe Léo. Benjamin grandit, toujours fasciné par Dina et avide de la garder pour lui seul. « À mon avis, c'était quelqu'un qui abandonnait tout ce que l'on ne pouvait pas rendre immortel. » (p. 20) Lui aussi entend la voix des morts qui peuplent Reinsnes, mais contrairement à sa mère, cela ne suscite chez lui que des terreurs incontrôlables. Le garçon est envoyé à Tromso pour ses études : loin de Reinsnes, il commence à percevoir qu'il peut devenir quelqu'un, même sans sa mère.



Dans cette duologie, c'est la voix de Benjamin que l'on entend, et non celle de Dina. Dans le prologue, l'enfant devenu adulte part à Berlin chercher le violoncelle de Dina, toujours introuvable. C'est là que l'on comprend qu'elle a fini par quitter Reisnes. Et, entre les lignes, Benjamin laisse entendre qu'à son tour, il a tué quelqu'un par amour. Entre prétéritions, demi-vérités et doubles sens, Herbjorg Wassmo sait construire un récit haletant qui fascine pour longtemps.
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La Véranda aveugle

Dans ce premier volet de la trilogie nous faisons connaissance avec Tora,son cadre de vie,sa famille. Si j'ai tout d'abord trouvé un peu long la mise en place "du décor" j'ai ensuite pris toute la mesure de la finesse d'écriture d'Herbjorg Wassmo qui nous permet de nous imprégner tout autant du monde intérieur de la jeune Tora que du contexte dans lequel elle vit. Son existence douloureuse est partagée entre la peur " du péril" engendré par son beau-père dont l'infirmité est bien moins son bras paralysé que sa cruauté, sa mère,femme soumise incapable de la protéger, et sa honte d'être l'enfant d'un " boche"...Mais elle a tout de même un peu de lumière et d'espoir de connaître un monde moins dur grâce à la tendresse de sa tante Rakel et son oncle Simon auprès desquels elle trouve un réconfort. Et puis, il y a Frits,jeune garçon muet et qui pourtant lui communique une conivance qui l'a trouble. Tora va aussi trouver une sorte de résilience en s'inventant une grand mère allemande, chaleureuse,aimante. Nous quittons Tora après l'incendie de l'entrepôt de son oncle et un conflit intérieur cornélien : soulagement et sentiment de libération en voyant son beau père emmené par la police et parallèlement souffrance de constater que sa mère semble ne plus la voir , emportée elle même mentalement par cet homme. L'univers de ce petit monde de pêcheurs, la rudesse du climat norvégien, la pauvreté ambiante contribue à alourdir encore le calvaire de cette toute jeune fille. C'est avec plaisir que je vais retrouver Tora dans le deuxième tome de cette histoire.
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Cent ans

Comme Le livre de Dina, ce roman nous emmène dans le Nordland norvégien. Il évoque les femmes de la famille de la narratrice sur quatre générations au travers d’histoires se déroulant principalement du milieu du XIXe au milieu du XXe. Le roman n’est pas linéaire, le mélange des récits ne facilite pas toujours la compréhension, mais nous sommes captivés par ces destins.



Sara Suzanne, l’aïeule née en 1842, épouse Johannes Krog. Ils s’installent à Havnnes où ils gèrent un comptoir qui tient tout autant de la ferme que du port de pêche et du lieu d’échanges. Sara Suzanne sert de modèle à un peintre pasteur, aventure qui donne une incise moyennement convaincante. Elida, sa cadette, est mariée à Fredrik et le couple doit abandonner son domaine de Rosenhaug pour que le mari puisse de faire soigner à Oslo. Enfin, Hjørdis, cadette d’Elida, rencontre Hans avant la 2nde Guerre mondiale ; ils s’installeront à Øksnes après guerre et auront une fille nommée Herbjørg. Le rapport de la narratrice à son père est assez lourd, on suspecte des violences mais elle ne s’attarde pas dessus.



Le roman se déroule dans différentes îles et les Lofoten, dans une Norvège qui reste très traditionnelle. Les familles ont une flopée d’enfants, la pêche reste l’activité principale, et la modernité arrive petit à petit. Des portraits de femmes intéressants mais le roman reste un peu confus.
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Un long chemin

Voici un roman court mais intense. Une lecture dure mais utile.

L’histoire se déroule en Norvège durant l’hiver 1945. Une famille comme tant d’autre (un couple et son petit garçon de 5 ans) survit tant bien que mal et résiste à l’occupant allemand du mieux qu’elle le peut. Jusqu’au jour où la situation devient trop dangereuse. Le couple décide de fuir pour rejoindre la Suède, synonyme de paix et de liberté.

Commence alors un véritable chemin de croix pour ces trois protagonistes à travers les montagnes : la neige à perte de vue, le froid glacial, les membres gelés, la soif, la faim, l’épuisement, le désespoir. Rien ne leur sera épargné. Peu de dialogue et beaucoup de descriptions dans cette partie du livre. Les mots simples et essentiels de l’auteure se suffisent à eux-mêmes.

Lorsqu’ils touchent au but, les problèmes se déplacent, les priorités changent et la vie ne devient pas plus facile pour autant. Un séjour à l’hôpital de 3 mois va changer leur vie. Les médecins et infirmiers suédois vont soigner les traumatismes, panser les plaies mais aussi amputer les membres noircis. La rééducation sera longue et douloureuse. Comment ré-apprivoiser son corps et réapprendre à vivre avec ? Comment affronter le regard des autres ?

Le retour au pays aura bien lieu mais plus rien de sera comme avant. La guerre aura terni les esprits à jamais.

Avec une extrême délicatesse et des mots simples, l’auteure réussit à faire de ce roman un document authentique et un condensé d’émotions.

Ce récit est une sorte d’hommage à toutes les personnes anonymes qui traversent les horreurs de la guerre.

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Le testament de Dina

D'abord merci à Babelio et aux Editions Gaïa pour l'envoi du livre d'Herbjorg Wassmo dans le cadre de la masse critique du mois de Septembre.



Avec le livre d'Herbjorg Wassmo , je suis devant une page blanche.

Je n'ai jamais lu ses livres , ni lu des livres de littérature scandinave.

La seule chose que je sais c'est qu'Herbjorg Wassmo a créé le personnage de Dina il y a plus de 20 ans et que huit à neuf livres lui ont été consacrée.

Autant le dire tout de suite , la non connaissance des livres précédents n'altère en rien la lecture de le Testament de Dina.



C'est un grand livre , ardent, douloureux romanesque. La part belle est donnée aux personnages féminins et à leur émancipation. Plus qu'un roman c'est une fresque.

Le roman se situe entre les années 1890 et 1892. Nous sommes tout au nord de la Norvège dans le Nordland et plus précisément à Reinsnes.

Dina vient de mourir dans l'incendie du domaine.

Le jour de son enterrement, sa petite fille Karna, âgée de 17 ans lit au milieu de l'église la confession de sa grand mère. En quelques mots Karna révéle que Dina à tué son mari Jacob et un russe du nom de Leo Zjukasky.

Dina demande que son corps repose en mer.

Stupeur dans l'assemblée et Karna suite à ces révélations se mure dans le silence.

Inquiet de la santé de sa fille Karna , Benjamin accepte qu'Anna, sa femme et belle mère de Karna l'emmène à Copenhaque afin qu'elle soit hospitalisée dans une unité pscychiatrique. Benjamin reste dans le Nordland où il continue d'être médecin et maire .

C'est un roman des émotions , des vibrations de l'âme. C'est un roman poignant et tragique.

C'est le roman de l'émancipation d'Anna , de la conquête de sa liberté de femme.

c'est le roman de l'enfermement de Karna mais aussi de ces médecins qui explore la folie des êtres.

Mais c'est aussi le roman de Benjamin , de ses faiblesses mais surtout de son humanité.

Quelque soit les personnages , principaux ou secondaires , ils insufflent une grandeur d'âme qui est au diapason de ses terres du nord de la Norvège.

Le souffle de l'écriture de Herbjorg Wassmo est magnifique.

Par des phrases courtes , dés fois un mot , des répétitions elles nous emmènent avec elles et surtout avec Anna -Karna et Benjamin.

A ce titre les premières lignes du roman pour décrire l'église et l'enterrement sont admirables.

Et que dire des chapitres où nous sommes dans la peau et le coeur de Karna ,présent dans sa maladie mentale.

Il est difficile de laisser ces personnages au terme de ce roman, car nous avons partagé bien plus qu'un roman. Nous avons partagé avec eux des émotions , des moments poignants et tragiques qui sont universels.

Avec son livre le testament de Dina , Herbjorg Wassmo nous entraîne loin , dans les recoins de l'âme humaine , mais toujours avec grandeur et bienveillance pour ces personnages.

Une grande découverte que ce livre .






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Cent ans

A travers les portraits de Sara, Elida, Hjørdis et Herbjørg (l'auteur elle-même), le livre retrace la vie de 4 générations de femmes de 1860 à 1960 dans les Iles Lofoten au Nord de la Norvège. Le lecteur est plongé dans l'histoire de la Norvège et de la femme sous plusieurs aspects et époques.

Le livre est divisé en six cahiers, chacun évoque une époque, mais pas toujours chronologiquement et c'est Herbjørg la narratrice de chaque premier chapitre de chaque cahier.

Chaque cahier du roman se lit facilement, le lecteur est porté par l'histoire, par l'ambiance des lieux, de l'époque. Mais il manque dans le livre un arbre généalogique pour se retrouver avec tous les personnages rencontrés, en particulier lorsque l'on passe d'une génération à une autre... Surtout que les familles sont très nombreuses !Sinon, j'ai beaucoup aimé ce livre, la Norvège y est décrite magnifiquement, toutes ces femmes sont attachantes et les histoires sont poignantes et captivantes. Je suis vraiment ravie d'avoir découvert cette auteur.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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