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Critiques de Javier Cercas (526)
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Le château de Barbe Bleue

Accrochée au souvenir plaisant du premier opus, cette lecture s’imposait , comme souvent les romans aux personnages récurrents par l’attachement créé par leur intimité. Ce troisième livre s’inscrit dans la continuité des précédents, par une disparition bouleversant Melchior, le policier bibliothécaire.



Il fallait au moins cela pour me garder attachée car je ressors très mitigée de cette lecture. Une impression déjà légèrement ressentie dans Indépendance, le second roman de la série.

Ici, les raisons en sont limpides: une banalité d’écriture, un narratif lourd, où s’alignent des faits et gestes et des descriptions sans intérêt, comme s’il convenait de délayer. (Un vrai storyboard de série B, on a même droit à la voix du GPS et un passage à l’urinoir !)

J’ai cru souvent lire un travail d’atelier d’écriture qui incite à une lecture en diagonale. Au final un livre qui ronronne, verbeux et laborieux.



Abandonner la thématique policière sera peut être judicieux, l’auteur est beaucoup plus impérial dans ses livres historiques.

Juste mon avis…

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Indépendance

Ce récit lambine un peu dans ses bavardages.

Cercas s'amuse aussi mettre en scène

son roman précédent "Terra Alta"

Il y revient lourdement.

Petite crise narcissique, cabotinage ?

Melchior est toujours aussi attachant.

Un flic qui rêve d'être bibliothécaire !

Sa façon de regler les féminicides

est toujours aussi inventive.

Son amour de la littérature

"qui ne sert à rien mais qui sauve" est contagieux.

Un récit trop dilué dans les détails.

On pourrait devenir chauffeur de taxi

à force de sillonner les rues de Barcelone .



Une lecture agréable mais, qui s'éternise

queque peu dans les detours du quotidien.



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Les soldats de Salamine

La guerre d'espagne, opposa pendant près de 3 ans entre 1936 et 1939 des combattants républicains et des miliciens phalangistes qui se vouaient une haine farouche et féroce, légitimant toutes les exactions, emprisonnements, meurtres, viols, exécutions sommaires individuelles ou collectives... Nombreux sont les romans, les livres d'histoire qui prirent cette guerre comme fil conducteur.

Javier Cercas, écrivain peu connu auparavant se met en scène dans "Les soldats de Salamine" pour nous faire partager une histoire allant à contre-courant de cette violence.

En 1994, alors que sa carrière d'écrivain n'a connu aucun succès et que ses problèmes personnels s'accumulent, il entend parler pour la première fois d'un fait troublant : Rafael Sánchez Mazas, écrivain phalangiste, ami personnel de Primo de la Rivera, allait être fusillé le 30 janvier 1939, avec une cinquantaine d'autres personnes, quelques jours avant la fin de la guerre à proximité du sanctuaire du Cordell, en Catalogne espagnole. Il réussit à s'échapper. Recherché immédiatement par les combattants républicains, il fut sauvé par l'un d'eux qui le vit, et mentit à ses amis en ne les prévenant pas, lui laissant ainsi la vie sauve. Rafael Sánchez Mazas n'était pas un anonyme : "Il n'est pas exagéré d'affirmer que Sánchez Mazas fut le premier fasciste d'Espagne, et il n'est pas moins exact de dire qu'il fut le théoricien le plus influent de cette idéologie"...il deviendra par la suite ministre sans portefeuille de Franco

Alerté par ce fait troublant, Javier Cercas décidera quelques années plus tard d'écrire "Les soldats de Salamine", longue quête de la vérité. Qui était ce soldat au grand cœur qui avait ce dirigeant phalangiste au bout de son fusil et qui n'a rien fait : ce "milicien était resté à le regarder quelques secondes et ensuite, sans le quitter des yeux, il avait crié : «Par ici il n'y a personne !», puis il avait fait demi tour et il était parti." ?

Récit réel, roman, enquête historique...Journalisme ou création littéraire...Le livre difficilement classable mélange les genres et le lecteur ne sait plus trop où se trouve le réel et où se trouve la fiction. Qu'importe le plaisir est là!

Javier Cercas journaliste, personnage principal du livre se confond avec Javier Cercas écrivain...Tous deux vont partir à la recherche des témoins...le fils de Rafael Sánchez Mazas, des soldats et des familles qui l'ont hébergé et recueilli après son "exécution"..retour sur cette période encore plus troublée de la fin de la guerre d'Espagne alors que les combattants républicains cherchaient à fuir en France. Une rencontre avec Roberto Bolaño écrivain chilien lui donnera des indices.

"Les soldats de Salamine" est aussi un livre donnant une âme et un cœur à Rafael Sánchez Mazas, écrivain idéologue de la phalange, qui n'avait pas de sang sur les mains, écrivain qu'il défend et que le lecteur ne peut haïr : "Dans des articles anonymes ou signés par lui-même [....], il diffusa des idées et un mode de vie qui, avec le temps et sans que nul pût en douter [....] seraient adoptés comme idéologie révolutionnaire de choc face aux urgences de la guerre, puis réduits au rang d’ornements idéologiques par le grassouillet militaire de pacotille efféminé, incompétent, roué et conservateur qui les usurpa pour les transformer en apparat de plus en plus putride et vidé de sens, puis les livrer à une poignée de rustres pour qu'ils puissent pendant quarante années de pesanteur justifier son régime de merde." ...un idéologue qui voulait sans doute comme les combattants grecs de Salamine au 4ème siècle avant JC, sauver son peuple de la barbarie...les combattants républicains se battaient aussi pour ce même idéal...On se bat toujours contre ses barbares.

Et c'est enfin le livre nous permettant d'assister à la construction de l'ouvrage, aux hésitations de l'auteur, aux relectures et corrections de son travail.

Petit livre (230 pages) complexe, déroutant parfois. Découvertes d'un fait inconnu de l'Histoire, d'un auteur.. et au bout de tout ça...des heures d'une belle lecture .


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Anatomie d'un instant

Dans un de mes ( nombreux) petits carnets, j'avais copié des mots de Javier Cercas lors d'un entretien :

"Ecrire ne sert à rien, le langage ne sert à rien, mais il me faut continuer. Ecrire, c'est peut être la seule façon de trouver une illusion aux choses de la vie. Vous avez lu l'éloge funèbre de David Grossman à son fils de 20 ans mort au Liban? Il a écrit un chef d'oeuvre. Je ne veux pas avoir à écrire ce genre de chef d'oeuvre. Plus je vieillis, plus je ne crois qu'en l'honnêteté personnelle. C'est peu."

Et bien, c'est déjà beaucoup?



J'avais beaucoup aimé Les soldats de Salamine, et surtout A la vitesse de la lumière, une réflexion très intelligente et sensible sur l’écriture .

Là, je dois bien dire que j'ai eu plus de mal pour cette description du coup d'état manqué du 23 février 1981, dont à dire vrai, je n'avais jamais entendu parler.. il fallait que ce soit Cercas, parce que sinon.. j'ai failli lâcher prise!

En fait, l’histoire de l’Espagne m’est presque tout à fait étrangère et cela me semble une évidence que cette lecture doit être plus facile pour ceux qui en savent un peu plus...

Mais j’aime Javier Cercas, son écriture, son honnêteté intellectuelle qui le pousse à s’interroger constamment sur les motivations des personnages qu’il étudie. Et les siennes propres. Son art de passer du général au particulier. Et inversement.



Le titre est particulièrement bien choisi. Tel un anatomiste minutieux, obsédé par une image, Cercas va disséquer , observer, noter, parcourir des centaines de documents, établir des relations, comparer , réfléchir , revenir en arrière, expliquer, recommencer.Pour tenter de rester au plus près de la vérité des faits. De leur contexte et de leurs conséquences historiques. Et de pouvoir se glisser dans la peau des personnages qu’il décrit, à partir de l’instant où il les décrit, un instant plein de violence dont on voit quelques images dans une vidéo que j'ai retrouvée.



Trois hommes ne se sont pas couchés pour éviter les balles donc une mort probable, ce sont eux bien sûr qui vont intéresser Cercas. Et en particulier Adolfo Suarez, le chef du gouvernement sortant , pour lequel Cercas n’éprouvait aucune sympathie .

Dans son prologue, il écrit:

"Je l'avais toujours pris pour un arriviste du franquisme qui avait prospéré en courbant l'échine à force de révérences, un homme politique opportuniste, réactionnaire, bigot, superficiel et roué, qui incarnait tout ce que je détestais le plus dans mon pays et que j'identifiais, je le crains, avec mon père, suariste obstiné."



Première allusion à sa propre histoire , que l’on retrouvera très brièvement aussi mais de très émouvante façon, à la toute fin du livre, dévoilant la logique de cet ouvrage.



Si c’est bien sûr possible d’étudier la genèse d’un coup d’état, de le décrire, d’en suivre les conséquences dans le temps, est-il vraiment possible de comprendre pourquoi certains n’ont pas le même instinct, la même logique de survie que les autres? C’est là peut être qu’intervient le romancier,et ces pages à la fois complexes et désarmantes, mais aussi magnifiques de sincérité( en spoiler, je trouve cet extrait très beau, mais c'est long..)







C’est long? Oui.. Le livre est très long à lire, très dense, touffu, il y a de nombreux moments où je me suis sentie dépassée et perdue. Mais j'aime les écrivains qui s'interrogent encore et encore..Et , de ce fouillis de points de vue, de faits réels, de suppositions , finit par émerger un récit que l’on lit comme un roman, brillant, et finalement assez passionnant et qui parle de bien d'autres choses que cet évènement historique.








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Terra Alta

L'auteur nous avait habitué à des romans de non-fiction, tous fondés sur des faits réels. Ici il change de genre : voilà un polar de haute lignée.

Après une jeunesse tumultueuse et marquée par la violence, Melchor est muté dans la police sur les terres perdues de Terra Alta. Justicier obsessionnel, prêt à bousculer les règles de la justice s'il le faut, le voilà confronté au meurtre terrible d'un notable local et de ses proches. Il s'engagera à fond dans cette enquête, quitte à perdre son âme, et ce en dépit des conséquences pour lui-même.

Il s'avérera que sur cette région perdue plane encore l'ombre de la guerre civile.

Un livre qui passionnera autant les amateurs de polars que ceux de littérature plus classique.
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Terra Alta

Quand le grand Javier Cercas s'essaie au roman policier, ça se transforme en bonheur pour les lecteurs.



Un vrai polar nourri bien sûr de dimensions politiques et historiques.

Le passé se recrache dans l'actualité.

Cette province du fond de la Catalogne a été le théâtre de la bataille de l' Ebre où se sont affrontés pour la liberté des combattants du monde entier.



Le suspens est quasi haletant.

Des personnages que l'on a envie de prendre dans nos bras...d'autres, redoutables, qu'on effacerait bien de l'écran .



Un cacique catalan et son épouse sont assassinés et copieusement torturés au préalable.

Melchor le flic chargé de l'enquête s'obstine à débusquer la vérité contre l'avis de sa hiérarchie..



C'est aussi un hymne très touchant à la littérature qui sauve et libère .

Une lecture qui rend sauvage , vous éloigne du téléphone et vous fait redouter les visites impromptues
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L'Imposteur

J'avais beaucoup aimé "Les Soldats de Salamine" et je souhaitais poursuivre ma découverte de cet auteur. Alors pourquoi pas "L'imposteur"...Et j'avoue que j'ai été bluffé, passionné par l'histoire et le texte.

Une grande partie de la littérature romanesque prend pour cadre le deuxième guerre mondiale...très souvent des fictions ayant un tout petit fond historique, voire des textes sans aucun fondement réel...En littérature « la fiction sauve, la réalité tue »...

L'imposteur est l'histoire véridique d'un homme, Enric Marco manipulateur né, narcissique, qui avait fait de sa vie un roman, arrivant à devenir président de l'Amicale de Mauthausen, association espagnole des anciens déportés. Pendant des années il a donné des conférences et interviews, mais a été démasqué en 2005 par un historien Benito Bermejo. Un homme et une histoire qui ne pouvaient rester dans l'ombre, une vie trop captivante pour que Cercas résiste à écrire ce livre sur ce "héros". Il a pourtant longtemps hésité. "L'imposteur" est le livre sur la rencontre avec cet homme, la découverte son histoire, sur les relations que l'auteur et Marco ont eu, un livre sur la genèse de ce livre.

Pour cela Javier Cercas rencontrera des témoins et des historiens, se documentera en consultant des archives, des articles et découvrira les lieux dans lesquels Enric Marco a vécu ou déclare avoir vécu...il se fera accepter par ce viel homme de 95 ans et parlera longtemps et souvent avec lui. Un homme qui a donné tant de versions de sa vie incroyable. Comment reconnaître le vrai du faux, les faits réels parmi les inventions. Il raconte qu'il a été anarchiste pendant la guerre d'Espagne, qu'il a participé, malgré son jeune âge à l'époque, au débarquement à Majorque, qu'il aurait fuit en France où il aurait été arrêté par la police de Vichy et livré à la Gestapo qui l'aurait fait interner dans le camp de Flossenburg, jusqu'à sa libération en 1945...la réalité est moins reluisante.

Je vous laisse la découvrir.

Il a tout de même après la deuxième Guerre Mondiale réussi, sous le régime franquiste, à prendre la direction du syndicat anarchiste CNT puis à être vice-président d'une association de parents d'élèves et président de l'Amicale de Mauthausen...Dernier titre qui le perdra. Un historien démasquera son imposture quelques jours avant les cérémonies du 60ème anniversaire de la libération du camp, auxquelles il devait participer.

Être au premier plan, être reconnu, aimé...

Enric Marco, avait fini par croire à cette vie, à ses inventions, et surtout à y faire croire une Espagne qui connait peu la Shoah parce qu'elle a été très peu concernée...Il a été démasqué par cet historien et son imposture a été portée au grand jour, dans la presse, par Mario Vargas Llosa que rencontrera Javier Cercas.

Longue et passionnante enquête de Javier Cercas, sur la vie de cet homme qui eut plusieurs familles, sur ce mythomane, ce Don Quichotte, qui utilisait à tout moment le mot "véritablement", menteur qu'il réussira à apprivoiser, à faire parler, tout en démêlant le vrai du faux. Un regard également sur cette longue période de l'Espagne franquiste et les années de sortie de la dictature, comment cette Espagne et de nombreux espagnols se sont créé une virginité, comment ce passé trouble a été regardé

Javier Cercas ne juge pas cet homme, ne veut ni le condamner, ni l'absoudre, il ne cherche qu'à relater des faits, et à comprendre comment Histoire et mémoire peuvent parfois s'opposer. Il s'est longtemps demandé s'il était moral de mener cette enquête. Une enquête qui dans les dernières pages du livre nous en dira encore plus sur le coup de bluff du vieil homme Enric Marco

Une occasion également pour nous réfléchir et nous faire réfléchir sur le pouvoir de la littérature, du romancier, les limites entre fiction et réalité.

Un livre dense, précis, fouillé, que les amateurs d'Histoire apprécieront


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A la vitesse de la lumière

Rien à dire de négatif (même en cherchant) : l’écriture est belle et souvent profonde, l’histoire est bien menée et forte. Quel écrivain ! Il m’a souvent fait penser à Sorj Chalendon. Le narrateur espagnol part deux ans aux USA (tout comme l’auteur !?) et deviendra l’ami de son collègue, qui a fait la guerre du Vietnam. Puis, il y aura un chassé-croisé où l’on attend, comme lui, des nouvelles et des réponses. C’est aussi des réflexions sur l’écrivain et ses doutes. Sur l’amitié, sur la vie de couple, sur la culpabilité. J’ai adoré la fin toute simple en évidence et en même temps… Un grand roman inoubliable ! Merci à Bookycooky

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Indépendance

« Indépendance » de Javier CERCAS (éditions Actes Sud) est le deuxième tome de la trilogie « Terra Alta » qu’il convient préférablement de lire dans l’ordre d’écriture pour une complète compréhension et appréciation de l’ensemble de l’œuvre.





Celle-ci s’inscrit dans une Espagne encore marquée par les séquelles du « Procès » (1), le processus indépendantiste catalan qui a dominé en 2017 en même temps que la tenue d’un référendum illégal sur l’autodétermination de la Catalogne et la proclamation unilatérale d’indépendance par le gouvernement régional. Ce mouvement a provoqué une crise institutionnelle, politique et sociale sans précédent dans le pays et la division profonde de la société catalane entre partisans et opposants à l’indépendance.





Le roman met en scène les conséquences de ce conflit sur la ville de Barcelone, qui est dirigée par une maire ultraconservatrice - après avoir opportunément œuvré dans un univers opposé. Madame le maire est confrontée à un chantage à la vidéo porno (sextape), qui menace de ruiner sa carrière politique. Derrière cette tentative d’extorsion se cache en réalité un complot réalisé par un groupe de privilégiés issus de la haute bourgeoisie catalane, qui ont profité de la situation politique pour accroître son pouvoir et ses biens, et qui cherchent à éliminer le maire pour la remplacer par son premier adjoint, plus favorable à leurs intérêts





Le roman présente une vision critique du séparatisme catalan et dénonce également l’hypocrisie et la violence d’une certaine classe dominante, qui se livre à des crimes impunis, comme le viol collectif de jeunes filles droguées, filmé à leur insu.





Comme dans le premier tome, l’on retrouve, le personnage principal du roman, Melchor Marin, l’inspecteur de police chargé d’enquêter sur le chantage dont est la victime le maire de Barcelone. Toujours aussi complexe, mais néanmoins fascinant et très attachant – il convient de rappeler que celui-ci a connu une enfance difficile et une trajectoire singulière (fils d’une prostituée assassinée, ayant passé plusieurs années en prison pour trafic de drogue), il a ensuite intégré la police pour assouvir son désir de justice : retrouver les assassins de sa mère.





Il finira par s’illustrer par son courage lors d’un attentat islamiste à Cambrils en 2017, où il a abattu quatre terroristes. Aussi, et afin de préserver son identité et sa sécurité, il a été affecté au commissariat en Terra Alta, une région rurale et paisible du sud de la Catalogne, où il a refait sa vie avec sa femme Olga et sa fille Cosette. Mais après la mort accidentelle d’Olga, il a sombré dans le désespoir, il a finalement été muté provisoirement à Barcelone pour prêter main-forte à l’enquête du chantage contre madame le maire.





Melchor Marin est un personnage épris de justice, réputé pour sa discrétion et sa perspicacité. Il est déterminé à résoudre l’affaire qui lui est confiée et à faire triompher la vérité. Il est guidé par ses principes moraux et par son admiration pour les livres, notamment « Les Misérables » de Victor Hugo, qui ont bouleversé son existence. Il se sent proche du personnage de Jean Valjean, qui a su se racheter après avoir commis un crime. Il se considère comme un “misérable” qui a eu une seconde chance. Il est aussi attiré par le personnage de Cosette, la fille adoptive de Valjean, qu’il a donné comme prénom à sa fille. Alors, ainsi, il voit en lui l’espoir d’un meilleur avenir.





Melchor est un personnage attachant, complexe, mais qu’il est impossible de ne pas aimer. Il est pétri de contradictions, de dilemmes, de forces et de faiblesses en même temps. Il est à la fois catalan et espagnol, il aime sa terre natale, mais il se sent aussi chez lui en Terra Alta, il est loyal envers la loi, mais il n’hésite pas à la transgresser pour faire justice, il est solitaire, mais il a besoin d’amour et d’amitié. Il est le témoin lucide et désabusé des événements qui secouent la Catalogne, mais il garde aussi une part de rêve et d’idéalisme.





Bref, Melchor, c’est un peu nous, lecteurs !





Certains ont ergoté sur la nature du roman : c’est est un thriller politique, qui mêle suspense, intrigue et réflexion. Il suit le déroulement de l’enquête policière menée par Melchor Marin, qui doit faire face à de nombreux obstacles, rebondissements et fausses pistes. Il tient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final, j’insiste jusqu’au dénouement final nonobstant les apparences, qui révèle les secrets et les motivations des différents protagonistes.





Le roman utilise parfaitement les codes du genre policier, tout en s’en éloignant par moments, mais l’auteur le fait avec brio. C’est délectable et très jouissif.





Mais, c’est aussi incontestablement un roman politique, qui propose une analyse critique et sans concessions du séparatisme catalan et du pouvoir, en s’appuyant sur des faits réels et des personnages inspirés de la réalité, comme le maire de Barcelone ou le président de la Generalitat de Catalogne.





Il faut reconnaitre que le roman expose les différents points de vue sur la question de l’indépendance, en mettant en scène des personnages aux opinions divergentes et nuancées, sans prendre parti pour ou contre l’indépendance, mais en dénonçant les manipulations, les mensonges, les intérêts cachés et les dérives du pouvoir en posant les questions essentielles sur la démocratie, la justice et la morale.





Tout comme le premier tome, je me suis régalé, j’ai adoré le personnage de Melchor, je recommande vivement cette lecture.



Michel.



1) Le procès des indépendantistes catalans devant le Tribunal suprême d’Espagne. Nom de dossier : Causa Especial 20907/2017, a débuté le 12 février 2019, à la suite d'une instruction qui s'est déroulée du mois d’octobre 2017 au mois de juillet 2018. L'audience s'est terminée le 12 juillet 2019 ; le verdict a été rendu le 14 octobre 2019 à l’unanimité des juges du « pouvoir » central.



Neuf des douze inculpés a été condamnés à des peines de prison de 9 à 13 années, pour crime de sédition, cinq d'entre ont également été condamnés pour détournement de fonds publics. Les trois autres ont reçu une amende pour désobéissance. Le crime de rébellion n’a été retenu pour aucun des accusés.


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Indépendance

J'Y AI PASSE LA NUIT

C'est rare. Moi qui tombe rapidement. C'est dire.

Sans doute la fin de ce qui ne semblerait plus une serie ni un triptyque. Dommage.

Moi qui me suis retraité en Espagne depuis pas mal d'années, quelle verite ce tableau de la Catalunya. Et encore il est loin de la realité, le Cercas, de cette mafia politico-socio-autonomico-surtout economico, qui de Pujol a Puigdemont en passant par Mas fit et defit tant de gouvernements. Les socialistes Iberes acceptant leurs Fourches caudines par interets.

Autant dire comme ils sont appreciés, les Catalans, dans le reste de la peninsule.

Ça Cercas ne peut le dire. Ce n'est qu'un roman. Et un bon polar. Comme je les aime. Credible, construit, ecrit, denouement audible.



Plus prenant que le premier, meme si le premier avait le gout de terre rouge et chaude de Tarragonie.

Plus definitif, au sens ou beaucoup se termine.

Pour un Troisieme, qui a tous nos voeux, il faudrait qu'il replante tant dans le tableau que se serait peut etre autre chose.



Mais comme Cercas c'est un malin ...

Lee, adoptarás.



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Le monarque des ombres

Comme dans L'imposteur, son précédent livre, le romancier Javier Cercas délaisse la fiction pour mener l'enquête sur un personnage qui a gardé ses mystères derrière la légende. Mais dans Le monarque des ombres il s'attaque à quelqu'un qui le touche de près, son grand-oncle Manuel Mena, mort à 19 ans, en 1938, dans des habits de phalangiste. Qui était-il vraiment ? Un naïf qui croyait que la cause du franquisme était bonne, un exalté ou simplement un garçon à peine sorti de l'adolescence qui n'avait pas d'autre choix eu égard à son environnement familial ? Javier Cercas raconte ce qu'il a pu reconstituer des derniers mois de vie de Manuel, sur le front, et parallèlement explique les tenants et aboutissants de sa quête sur des traces en grande partie effacées même s'il reste quelques archives et une poignée de témoins de l'époque y compris la mère de l'auteur qui l'a connu. On pourrait arguer que le livre de Cercas est surtout l'oeuvre d'un journaliste ou d'un historien mais ce serait mal connaître la force littéraire d'un écrivain qui interroge le passé et son legs avec le plus d'acuité possible, sans jugement a priori ni a posteriori, avec une sensibilité et une humanité qui sont celles d'un des plus grands prosateurs espagnols du XXIe siècle. Son enquête est passionnante, à la recherche de la vérité sur ce personnage statufié à peine mort, mais le sont aussi les à-côtés, les digressions (souvent drôles), les références littéraires (Homère, Buzzati, Kis) et finalement ce qui est le véritable thème du livre : qu'est-ce que les choix et le sort de Manuel Mena représentent comme héritage aujourd'hui dans la vie de Javier Cercas ? A l'opposé de tout ce qui s'écrit dans le registre de l'autofiction, Le monarque des ombres possède une profondeur et une densité qui l'excluent de cette catégorie. Car cette fibre romanesque, elle est bel et bien omniprésente dans ce livre digne et sans concession à la recherche de ce qui constitue la part d'humanité en chacun de nous.
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Les soldats de Salamine

Cercas se défend d'écrire un roman, genre où il n'excelle guère à son estime, et prétend se contenter de nous offrir un récit, le récit de l'exécution de phalangistes par des républicains au moment où Franco prend le dessus, exécution durant laquelle un des chefs de la phalange s'enfuit, est retrouvé par un soldat républicain et, sur un regard qu'ils échangent, le républicain le laisse sauf et libre. Cercas va partir à la recherche des témoins directs ou indirects de cet épisode de la guerre d'Espagne.



Et si ce n'est un roman, c'est de la grande littérature qu'il nous offre là. A ne pas rater pour ceux qui aiment la littérature espagnole. A coup sûr, un très bon livre.



PS : Je devrais changer ma critique puisque dans L'Imposteur, Cercas reconnaît avoir menti lui aussi et que ce qu'il avait présenté comme un récit dans "Les Soldats de Salamine" est pure fiction... Comme je note les livres selon mon plaisir à les avoir lus, je ne vais pas changer ma notation, mais quelque part, quelle déception. Certes, n'est-ce pas le propre de tout roman d'emmener le lecteur par la main, mais le mensonge, le fait de présenter son oeuvre non comme un roman mais comme un récit, reste-t-il du ressort romanesque ?
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Le point aveugle

Recueil des conférences données par Javier Cercas à l'invitation de l'Université d'Oxford en 2014. Il y explore ce qui définit le roman et comment il a évolué avec le temps, de Don Quichotte de Cervantes et Moby Dick de Melville aux romans de Kafka, Vargas Llosa, Borges, et de nombreux autres auteurs contemporains.



Le point aveugle, c'est ce qu'on ne saura jamais, les questions laissées sans réponses, les ambiguïtés qui ne seront jamais levées. J'ai enfin compris ce qui quelque part m'avait déçu dans Le Guépard de Tomasi di Lampedusa. Passionnant.

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L'Imposteur

Javier Cercas s'est emparé d'un fait réel : Enric Marco s'est forgé un passé totalement différent de la vie banale qu'il a menée. Il s'est dit anarchique, antifranquiste, opposant interné dans un camp nazi...celui qui a dit Non à toutes les injustices et on le décore et l'admire comme tel.Jusqu'à ce qu'un historien démontre l'imposture.

Cercas rencontre Marco et, après bien des hésitations, décide de faire un livre pour découvrir la vérité derrière la fiction qu'il a donnée. Son récit est une enquête et une confrontation : ce que dit Marco, ce que l'écrivain découvre.Comment a-t-il pu tromper tant de gens ? Passionnant pour qui aime l'histoire : ce personnage fantoche profite de la difficulté du pays à passer de la tyrannie de Franco à la démocratie. Son message héroïque permettait de réhabiliter un passé douloureux.

Le livre est aussi une réflexion sur le mensonge - le mentir/vrai d'Aragon en quelque sorte - et la fonction de la littérature.

L'écrivain n'est-il pas lui-même un imposteur ?

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Les soldats de Salamine

Javier Cercas, écrivain en manque de succès ou journaliste en manque de reconnaissance ?



C’est la question que l’auteur se pose tout au long de ses « Soldats de Salamine ». Suite à une petite chronique pour son journal, il entend parler d’une anecdote anodine vieille de plus de 60 ans.



Nous sommes à la fin de la guerre civile espagnole. L’écrivain Rafael Sánchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, réchappe du peloton d’exécution. Un soldat le découvre terré derrière des buissons et pointe son fusil sur lui. Il le regarde longuement dans les yeux et crie à ses supérieurs : « Par ici, il n’y a personne ! ».



Frustré après avoir écrit 2 romans passés sous un anonymat quasi absolu, Javier Cercas se pose beaucoup de questions sur son avenir professionnel, ses désirs, ses ambitions. Il se dit qu’il n’est pas fait pour être romancier. Il a d’ailleurs abandonné tout espoir et idée de ré-écrire, un jour. Il a fallu donc beaucoup d’insistance de son entourage, de ses rencontres pour le persuader de faire de cette histoire un roman. Et non pas un roman fictif, basé sur l’imagination d’un auteur, mais un roman de faits réels.



Nous suivons donc le parcours de Javier Cercas dans l’acheminement de son roman, son travail de documentation, la recherche de témoins d’époque, la confrontation de ces témoignages et l’étude de la véracité. Un long travail laborieux, parsemé de joie mais aussi beaucoup de doutes... Javier Cercas va s’appliquer à nous décrire Rafael Sánchez Mazas, autour de cette exécution manquée, le plus objectivement possible, ses qualités littéraires, ses implications dans la Phalange et dans l’Histoire Espagnole...



Description de la guerre civile, vision des nationalistes, des phalangistes et des franquistes, pour une sombre histoire de l’Espagne. Une histoire dans l’Histoire où à tous les coups, l’Espagne est perdante...



Et les doutes de l’auteur, ses interrogations sur l’intérêt de renouer avec cette époque, sur les difficultés à terminer son roman, un roman « bancal » à qui il manque une fin... Et s’il tentait de retrouver ce soldat, celui qui a épargné la vie d’un chef de la Phalange ? Un pari fou, une tentative désespérée pour coller au plus près de la réalité ? Mais quelle fin à son roman, cela pourrait provoquer ?...
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Le château de Barbe Bleue

Le bibliothécaire Melchor Marin, attend sa fille à la gare routière de Gandesa (Tarragone). Or celle-ci ne viendra pas, car elle a préféré prolonger de quelques jours son séjour à Majorque.

Les jours passent et son père ne la voyant pas revenir, il commence à s’inquiéter sérieusement. Après avoir tenté une énième fois de la joindre sans succès, il se résout à déclarer sa disparition auprès de ses ex-collègues de la police.

Dans ce troisième tome de la série « Terra Alta », Javier Cercas s’intéresse avant tout à la portée des relations humaines : celle entre un géniteur et sa fille à peine majeure, mais aussi et surtout entre d’anciens compagnons de travail. Et on s’aperçoit que les non-dits sont en l’occurrence beaucoup plus dommageables que les inévitables maladresses verbales.

C’est à dessein que je garde dans l’ombre la trame de ce roman très agréable à lire qui s’attaque aussi à la corruption, un problème endémique en Espagne, a fortiori dans les zones les plus riches...

Mais, si l’expérimenté Javier Cercas ne devait faire passer qu’un seul message à travers cet opus, c’est peut-être « n’accordez qu’une confiance limitée aux institutions aussi prestigieuses soient-elles, fiez-vous plutôt à votre bon sens au moment de jauger vos interlocuteurs ».

Autant je n’avais jamais réussi à entrer dans « Independencia » le tome précédent (cf. ma critique sur ce site), autant ce troisième épisode m’a réconcilié avec le parcours totalement atypique de Melchor Marin et les valeurs cardinales qu’il incarne : sincérité, résilience, engagement.
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Le château de Barbe Bleue

Et voilà... Fin de la trilogie policière de Javier Cercas. Encouragée par les amis babéliotes qui m'avaient assuré que ce 3ème volet était meilleur que le second, je suis entrée dans ce château maudit pleine d'allant.

Je concède, qu'effectivement, ce dernier opus a un peu chassé ma déception. Un peu...

Dans cette intrigue sur thème de pédocriminalité et d'impunité des puissants, Melchor n'est plus flic, mais bibliothécaire, et semble avoir enfin trouvé l'apaisement. Il poursuit sa lecture des romans du XIX ème - Tourgueniev à remplacé Hugo. Mais, quand Cosette, sa fille de 17 ans disparaît, il se voit contraint de reprendre du service.

Le titre ne fait pas ombrage à Perrault. Dans le "château" du milliardaire suédois planqué aux Baléares, une porte est à ne pas ouvrir...

Derrière s'y trouvent les secrets sordides d'une prédation sexuelle, les trophées sanglants d'appétits pervers que la corruption généralisée de la police et de la justice couvrent d'un flegme et d'une indolence abyssale.

Bien sûr, l'allusion à l'affaire Weinstein est assumée. Affaire qui prélude à celle d'Epstein et à la trop longue litanie qui entache les milieux culturels, politiques, judiciaires et financiers. Peu de sphères où l'argent ne coexiste pas avec vice et violence, une forme de corollaire inévitable où, force est de le constater, hors d'un bruit médiatique tonitruant, rien ne se passe réellement du côté de la justice.

Le conte de fées n'a plus valeur d'exorciste mais de chronique du quotidien.

Javier Cercas plonge dans ce cloaque et en profite pour prolonger sa réflexion récurrente autour des notions de héros, de justice et de vengeance.

Il me semble impossible que l'auteur n'ait pas eu en tête l'oeuvre "Dans le château de Barbe Bleue" du philosophe George Steiner, qui, dès les années 70 interrogeait déjà la violence faite aux femmes et la toxicité du pouvoir dans une mise en abyme de la culture et de la société.

Bref, sur le fond, ce roman rempli son office avec brio, et l'on retrouve le grand Cercas scrutateur des forces et faiblesses humaines.

C'est à nouveau sur la forme que j'ai achoppé tant le scénario m'a semblé rocambolesque. Mais là, je risque de spoiler et je vais m'abstenir.

Reste à conclure que cette trilogie brosse un portrait saisissant de notre époque, où, malheureusement, " ceux qui cherchent la vérité méritent la punition de la trouver."...
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A la vitesse de la lumière

C'est un des meilleurs livres de ma vie de lecteur.

Il m'a été conseillé par mon ami libraire. Il m'en a parlé avec feu, dix-quinze ans après l'avoir lu.

La densité du texte serré sur les petites pages Babel, succession de phrases compactes, longues, déroutantes, m'a effrayé au début. Je n'y arriverai jamais, me suis-dit. À quoi ? Je ne savais pas. Alors, j'ai avancé, de plus en plus charmé par les détails imagés, me transportant sur place à Barcelone et Urbana, en compagnie de deux amis, qui ne mesurent pas encore la grandeur du lien qui va les unir.

J'ai laissé sinuer en moi les états d'âme d'êtres en perte de quelque chose, en recherche d'un modus vivendi, malgré le passé accablant, les occasions ratées, les lâchetés petites et grandes, les actes innommables.

J'ai adopté le rythme chaloupé d'une écriture déterminée dans son incertitude à rendre le réel, à saisir une réalité ; quoi qu'on dise, ce n'est peut-être pas la seule version possible, ou c'est ça, mais pas tout à fait ça. Vague à l'âme, précis les mots, surprenante l'émotion à voir un geste, à sentir une situation, à décanter une réflexion. Le verbe prolifique tourne parfois à la métaphysique.

Le narrateur écrivain, pourrait être le double de Javier Cercas… ou pas. Écrire ne permet probablement pas de récupérer ce qui a été perdu, mais laisse entrevoir un futur possible, en gardant vivantes nos histoires, en sublimant nos doutes, nos amitiés, nos disparus, nos espoirs. L'auteur confie à l'écriture la mission sacrée d'incarner une partie de nous-mêmes, qui n'en finit pas de nous échapper. Il imprime une marque indélébile.

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Le monarque des ombres

Bien aimé ce roman

Ou comment un très jeune homme de 19 ans intelligent sensible et prometteur,issu d'un minuscule village reculé se retrouve happé par la guerre civile espagnole et meurt assez rapidement au combat ,côté fasciste

Parti fasciste dans lequel il se retrouve par la force des choses un peu à cause des circonstances et de son milieu d origine ,les villageois de l Espagne de 1934 se méfiant de tout ce qui est révolutionnaire ,sachant que cela n apporte que ruine et désolation ,

c est l Espagne enlisée dans la féodalité ,les notables du village et le clergé Règnent en maîtres .

L auteur retrouve une vieille photo du jeune homme ,relégué aux oubliettes de la famille.C est le point de départ de recherches sur la passé de sa famille

Sa famille se voulant progressiste , de gauche et niant ou occultant l’existence ce tout jeune homme

Un roman aux analyses très fines , tout en nuances ,qui souligne que tout n est jamais ni blanc ni noir .

Et qui réhabilite cet adolescent , fauché dansla fleur de l âge qui ne sera jamais plus que le monarque des ombres

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Les soldats de Salamine

Ce livre a pour intention de restituer le plus complètement et le plus objectivement possible la personne que fut Rafaël Sanchez Mazas, initiateur de la Phalange. Partant d'un fait avéré, à savoir l' exécution ratée de Sanchez Mazas à la fin de la guerre civile espagnole, suivie d'une anecdote rapportée par plusieurs personnes qui en ont entendu le récit direct par l'intéressé, Cercas trace un portrait aussi exact que possible de cet homme qui fut politicien, militant et écrivain.



Pourquoi un républicain chargé d'arrêter les nationalistes en fuite, a-t-il affirmé « Par ici il n'y a personne » à ses camarades, tout en pointant son arme sur un Rafaël Sanchez Mazas ? Etrange rencontre, regard intense échangé avec cet homme.



Puis, une nouvelle rencontre avec des républicains déserteurs, étrange pacte de réciprocité en cas de besoin : les adversaires politiques sont jeunes, ardents, courageux. On imagine mal cette considération réciproque, ce sens partagé de l'honneur et du courage. La guerre se termine, les nationalistes vont la gagner, Franco n'est pas encore au pouvoir. Sanchez Mazas pourra-t-il « se souvenir » de sa dette envers les jeunes républicains, ses « Amis de la forêt » qui l'ont aidé alors qu'il était en guenilles, affamé, en fuite ? Il va devenir célèbre, ministre de Franco, vite limogé car peu actif, devenir millionnaire après un héritage, vivre dans un grand confort et écrire quelques bons poèmes et bons textes en prose, sans toutefois atteindre à la gloire littéraire.



Nous découvrons cet homme, « vieja camisa » (vieille chemise, c-à-d un des plus anciens phalangistes par opposition à ceux qui ont rallié la Phalange tardivement pour se refaire une réputation, sous Franco), avec son idéal bourgeois: monarchie, famille, religion, patrie. Mais pas convaincu par le franquisme, encore moins par ce personnage « grassouillet, général d'opérette et efféminé » qu'était le Caudillo.

Il meurt en 1966 d'un emphysème pulmonaire, laissant derrière lui peu d'argent, peu de biens, une œuvre de qualité mais succincte. Il se voulait condotierre, féru de chevalerie, pétri d'honneur et d'orgueil. Il se sera montré versatile, peu assidu au travail d'écriture, confit dans des convictions d'un autre âge, d'un autre monde. Une sorte d'aristocrate décadent.
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