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Critiques de Laurence Tardieu (357)
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D'une aube à l'autre

J'aime l'écriture de Laurence Tardieu. Cette femme irradie de mille feux. Même dans ce récit de l'épreuve devant son enfant gravement malade, elle parvient à capturer la beauté au coeur des ténèbres.



C'est le 17 mars 2020 qu'Emmanuel Macron a décrété l'état de crise pour des millions de français. C'est aussi et surtout ce même jour que le fils de Laurence Tardieu, quatre ans a été emmené aux urgences pour une leucémie foudroyante.



Je ne sais pas vous, mais moi j'ai l'impression que depuis deux ans on nous bassine les oreilles avec le covid, des chiffres, des mesures, encore des chiffres. Qu'en est-il pour tous ces gens qui souffrent loin du covid ? Ces gens oubliés de tous ?

Pour une fois n'est pas coutume, je pousse un coup de gueule car il n'y a pas que le covid qui tue, il y a ceux qui ont le covid, s'en sont sortis mais isolés, confinés, on les empêche de voir ceux qu'ils aiment, de loin l'amour, la tendresse, 1M50 de distance, bulle sociale, puis on se laisse mourir. Pas le covid monsieur non, la solitude, l'humain au placard.



Cent cinquante-huit jours, c'est le temps que ce petit Adam est resté dans l'unité de soins d'hématologie. Emmenant avec lui sa mère dans une bulle fermée de tout et de tous.



L'auteure a ressenti le besoin de poser des mots sur cette bulle dans ce pays sans nom. Elle est restée au chevet de son fils quasiment à plein temps, montant sur son vélo salvateur pour une douche à la maison, saisie alors par la beauté du soleil et les flagrances s'échappant du printemps.

Sans larme, sans atermoiement, Laurence Tardieu signe un témoignage vibrant par sa pudeur, son courage à toute épreuve. Personne n'est préparé à vivre une telle horreur, quel autre choix que celui de se battre, de prier l'espoir et d'aimer deux fois plus fort encore.



L'occasion est aussi pour elle ici de remercier l'équipe médicale trop souvent oubliée et qui pourtant ne compte pas ses heures, fait preuve de professionnalisme et de patience.



C'est un récit qui comptera plus que jamais pour Laurence Tardieu et véhicule un message d'amour fort en ces temps où il manque de la place pour tous ces êtres qui souffrent en silence dans cette situation de crise interminable.

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Nous aurons été vivants

Encore fébrile de cette lecture puissante, vais-je trouver les mots pour laisser passer ce flot d'émotions qui m'assaillent...



C'est l'histoire d'une mère, Hannah, esseulée, perdue, souffrante car sa fille Lorette, dix-neuf ans est partie pour ne plus revenir. Sept ans que Hannah traîne sa douleur, elle erre dans les couloirs de la souffrance. Lorette... « si présente et si inconcevablement absente depuis des années. Plus elle ressent sa présence, plus elle ressent son absence, c'est ça, au fond, qui la tue lentement, jour après jour, nuit après nuit. »



Découpé en trois parties, on suit le présent de cette mère abandonnée, on retrouve ensuite sa vie auprès de Lorette et de son mari. On découvre les failles d'une famille, ses secrets, ses faiblesses, ses ombres. On retrouve enfin le présent précurseur de réponses, d'un peu de lumière.



C'est l'histoire d'un voyage dans les abysses de la Mélancolie.

Le temps qui passe et ne reviendra plus,

Le train qui ne passe qu'une fois,

La violence de la société, les lumières éteintes si ce n'est des bombes terroristes qui s'abattent au quatre coins de l'Europe,

L'amour qui ne suffit parfois plus,

Un plongeon en eaux troubles d'une famille piégée...



La mélancolie grince sa mélopée plaintive, les lumières dehors ferment les paupières, l'absence et le silence jouent sur des airs douloureux.



Un roman qui sonne juste malgré sa noirceur, comme un roman miroir sur les plaies. Étouffant, splendide, asphyxiant mais troublant et percutant.

Il pourrait sembler pessimiste mais est-ce pessimiste d'exprimer les choses telles qu'elles sont sans édulcorant. Parfois, c'est vrai, les lumières sont éteintes et tout s'habille de noir. C'est le propre de la souffrance. le soleil, lui, continuera sa danse jaune quoi qu'on en pense...



#Merci a NetGalley France pour l'envoi gracieux de ce très beau roman#
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Rêve d'amour

Alice, jeune trentenaire cherche à savoir qui elle est et à remplir son vide intérieur en ouvrant le livre de son passé. Alice a grandi sans sa mère, son père semble ne pas se souvenir d’elle non plus ou ne souhaite pas s’en souvenir. Alice partira à la recherche du deuxième homme que sa mère a aimé. Et elle doutera, hésitera, se questionnera sans fin...



J’aime beaucoup l’écriture de Laurence Tardieu pour le peu que j’ai lu d’elle mais ici, ce roman ne m’a pas parlé et a même fini par m’agacer. Je n’ai pas lu une histoire ou même une quête personnelle d’une femme à la recherche de sa mère, j’ai plutôt lu une ribambelle de questions tout le long du livre. Un peu, ça passe encore mais quand c’est une ligne sur deux, c’est trop pour moi et cela n’apporte rien au fond.



Un rendez vous manqué.





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D'une aube à l'autre

Magistral !

Pourquoi je lis ?

Dès les premières lignes, j’ai eu une vraie rencontre avec ce livre, j’ai plongé en apnée, prise en étau, dans les eaux du lac de Laurence Tardieu. Si comme moi vous lisez pour découvrir d’autres vies, vous remplir d’émotions, être bousculé, bouleversé, touché en plein cœur, alors lisez D’une aube à l’autre.

Coup de semonce dans la vie de Laurence Tardieu le 17 mars 2020. Non, pas cette broutille du premier confinement lié au covid, non, le 17 mars 2020, c’est l’enfermement d’Adam à l’hôpital Robert Debré pour cent cinquante-huit jours.

Alors qu’elle pense venir à l’hôpital pour une banale consultation, ce jour-là, la vie de Laurence vole en éclats, c’est une rupture définitive faite d’un avant et d’un après, à l’annonce de la leucémie aigüe de son petit dernier.

Pourquoi je lis, pourquoi je pleure ?

Le sujet est lourd, mes larmes ont coulé à plusieurs reprises (pourtant je n’ai pas la larme facile), mais, je veux juste dire merci à Laurence Tardieu pour ce livre magnifique, puissant, un livre sur l’amour bien plus que sur la mort.

La mort est là, bien sûr, omniprésente, tapie, ricanante dans un recoin de la chambre n°5, celle du petit Adam, espérant sans relâche kidnapper ce petit bonhomme qui souffle ses 5 bougies quelques semaines après son arrivée à l’hôpital.

Un livre sans pathos, tout en pudeur et en délicatesse, Laurence nous raconte le combat livré par son petit guerrier sans cuirasse, à la merci de la moindre infection. L’armure que va lui confectionner Laurence est la plus robuste qui soit, c’est celle de l’amour, du don de soi le plus absolu à son enfant.

Ce don sera au prix de grands sacrifices, à commencer par celui de son couple avec Gilles, son mari et le père de ses 3 enfants, qui n’y résistera pas.

Attention, passé un cap de l’histoire il m’est devenu impossible de fermer le livre avant la dernière page, je l’ai donc refermé à 2h30 du matin, mais je ne pouvais pas me coucher sans savoir ce qui attendait Adam au bout de ces 158 jours, la lumière ou les ténèbres, tant son combat et celui de sa maman était devenu le mien.

Un livre à découvrir absolument, un coup de cœur, de l’émotion brute, un livre qui résonnera longtemps en moi…

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Puisque rien ne dure

Dés que j'ai compris le thème de ce livre, dont j'ignorais tout, j'ai essayé de le tenir à distance, le tenir en respect :

Pour ne pas qu'il me submerge.

Pour ne pas avoir mal.

Pour ne pas m'identifier.

Pour ne pas pleurer.

Pour ne pas y penser.

Pour ne pas pleurer.

Pour ne plus y penser...



Je suis allée au bout et ai échoué. Ce récit m'a submergé. Laurence Tardieu nous livre cette douleur terrible et inadmissible, sans pathos ni voyeurisme, de la perte d'un enfant : cette hébétude, ce vide, cette distance qui s'infiltre et qui sépare, pour ne plus avoir devant les yeux, la souffrance que l'on a à l'intérieur de soi...

Son écriture est belle. Ce n'est pas juste « bien écrit » ; c'est tout simplement : Juste ! Pas un mot de trop pour engluer la douleur dans un sirop sirupeux qui jetterai l'opprobre sur le dessein de l'auteure : se servir de la souffrance des autres, même fictifs, pour se mettre en valeur. On oublie Laurence Tardieu. Si elle est là, elle est derrière ses mots. Une main posée sur leurs épaules...



« Certains êtres, à mesure que le temps passe, deviennent de plus en plus libres : ils se redressent au lieu de s’affaisser. Il émane d’eux une énergie étonnante. Ils sont lumière pour qui les rencontre. J’aimerais savoir ce qu’ils ont fait des ombres de leur passé. De leurs regrets, de leurs déchirures. Comment ils s’en sont arrangés.

Parce qu’on n’oublie rien, je le sais ce soir. On n’oublie rien. Quand bien même on s’est efforcé du contraire : le passé vit en nous. Masse informe tapie au plus profond de soi, qu’on pourrait croire endormie mais qui veille… Alors, eux, ces êtres de lumière : comment font-ils ? »
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Puisque rien ne dure

Geneviève et Vincent, un couple qui s'aime, un couple qui s'apprécie.

Cela dure 15 ans.

Un immense, douloureux et insoutenable fait arrive dans leur vie et vient briser cet édifice qu'ils croyaient solide et indestructible. La disparition de leur petite Clara.

Geneviève tente de panser ses plaies en se retirant à la campagne dans la solitude et l'écriture. Chaque jour, elle ouvre son carnet bleu pour y écrire ce qu'elle ressent, pour raconter Clara, pour parler à Vincent.

Vincent, lui, fuit à Paris, il a besoin de vie autour de lui, de bruit, de mouvement,

bien qu'une part de sa vie s'en est allée avec Clara.

Lui, espère encore longtemps. Elle, a perdu tout espoir.

Un jour, Vincent reçoit une lettre de Geneviève lui disant qu'elle va mourir et l'appelle auprès d'elle. Il part immédiatement, quatre heures de voiture qui l'amène à revoir comme dans un film les 15 années passées avec Geneviève. La peur l'étreint, mais il avance. Geneviève mourra dans ses bras, et la question qui se pose est : fallait-il vraiment qu'ils se quittent?

Une histoire choc. Une histoire dont on doit se dire comme pour beaucoup de choses "ça n'arrive pas qu'aux autres".
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Puisque rien ne dure

Comment survivre après la disparition de son enfant ? Comment continuer à vivre ?

L’auteure nous raconte ce couple séparé depuis que Clara, 8 ans a disparu à la sortie de l'école. Les années passent, la petite ne sera jamais retrouvée.

Vincent a refait sa vie mais il n’a jamais pu oublier Geneviève. Sa fille c’est autre chose, comment penser à un fantôme qui n’existe plus... Geneviève, elle, n’a rien oublié et Clara vit en elle plus que jamais.

Geneviève est malade, gravement malade. Elle demande à Vincent de venir la voir.

Sur place, Geneviève et Vincent ne font plus qu’un. Leur amour étincelle dans la nuit étoilée. Les souvenirs prennent place comme autant d’êtres qui ne demandaient qu’à s’asseoir auprès du couple et leur raconter la beauté du passé.

Puisque rien ne dure, tendre son cœur vers ces minutes qui ont enlacé et bercé.

Puisque rien ne dure, raconter l’histoire pour que l’oubli ne l’enlève pas.

Puisque rien ne dure, sans patho ni lourdeur, juste un hymne à l’amour et à la mémoire.
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Nous aurons été vivants

Cela fait sept ans que sa fille est partie sans plus donner de nouvelles, lorsque Hannah croit soudain l’apercevoir en train de monter dans un bus. Aussitôt, c’est comme l’éclatement d’une bulle : tout ce qu’Hannah tentait désespérément de refouler au fond de sa mémoire revient brutalement à la surface. Au travers de prégnants flash-back, les souvenirs, angoisses, espoirs, blessures, affluent en un long tracé plein d’ombres, jusqu’à ce que, peu à peu, la conscience de l'impact d’un grave traumatisme familial se fasse dans son esprit et lui ouvre enfin de nouvelles perspectives : alors, Hannah commence à comprendre et à admettre pourquoi sa fille l’a quittée sans explication et ce qui l’empêche, elle, de vivre pleinement son existence.





Pourquoi n'ai-je pu ressentir de réelle sympathie pour les personnages, pourtant si humains ? Est-ce en raison de la mélancolie d'Hannah, dont la longue introspection a fini par me sembler pesante et déprimante malgré le cheminement de l'héroïne vers la résilience et la lumière ? Ou parce que je n'ai pas affronté de gaieté de coeur les thèmes, abordés avec une si grande justesse, du temps qui passe et du temps qui reste, de l'écoulement de la vie et des différentes chances qu'elle peut offrir et qu'il faut savoir saisir ?





Quoi qu'il en soit, même minant, jamais le récit n'est ennuyeux, et surtout, il est admirablement porté par l'évident talent littéraire de l'auteur. Sous l’apparent désordre des flash-back se cache une construction habile où chaque détail est soigneusement pesé, tandis que les longues phrases fluides et rythmées témoignent d'une très jolie plume, fine et sensible, toute en délicatesse et subtilité.





Laurence Tardieu signe ici un roman de grande facture, qui lui permet indéniablement de figurer dans la cour des grands, en tout cas parmi les écrivains à suivre.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Puisque rien ne dure

Il a suffi d'une simple lettre de Geneviève pour que Vincent saute dans sa voiture et fonce vers le coin de campagne où s'est retirée celle qu'il a aimée et qu'il n'a pas revue depuis leur séparation, il y a quinze ans de cela. Geneviève est mourante et veut revoir Vincent avant de partir. Vincent n'a pas réfléchi avant de la rejoindre, mais, alors que les kilomètres défilent, ses pensées reviennent vers le temps de leur amour. Un amour qui n'a pas résisté à la disparition de leur petite fille, Clara, enlevée sans doute, à la sortie de l'école. Pendant les quinze dernières années, Vincent a enterré ce passé douloureux, a tout fait pour oublier mais il sait qu'il va devoir s'y confronter en retrouvant Geneviève.





Un concentré d'émotions qui nous emmène au cœur d'un couple aimant mais déchiré. Car ils s'aiment Geneviève et Vincent, ils ont été unis dans la passion mais se sont désunis dans la douleur, chacun s'isolant dans sa peine et son chagrin, incapable de se tourner vers l'autre. Sans cesse les taraude la question de savoir si d'autres auraient réussi à surmonter l'épreuve ensemble, en restant soudés. Eux n'ont pas pu. Vincent s'est muré dans le silence et dans l'espoir de plus en plus insensé de retrouver Clara. Geneviève s'est tue elle aussi, même si elle a déversé son trop plein d'émotions dans de petits cahiers, trouvant le salut dans l'écriture. La séparation, inéluctable malgré l'amour toujours intact, a été une fuite. Fuite en avant pour Vincent décidé à vivre au jour le jour, sans passé, sans souvenirs. Fuite en elle-même pour Geneviève qui s'est recentrée sur l'essentiel et a vécu en solitaire dans le calme de la campagne.

Oui on survit à la perte d'un enfant mais pour quelle vie ? On survit mais on garde une blessure éternelle qui est, dans leur cas, avivée par l'incertitude sur le destin tragique de Clara. D'elle, comme eux, on ne saura rien. Sa disparition laisse une page blanche mais elle est la lumière de leur histoire, de leur couple, même si leur amour pour elle n'a pas résisté aux sentiments mêlés d'angoisse, de culpabilité, de colère et d'impuissance.

Un livre sur le deuil impossible, sur l'amour, sur l'écriture aussi. Un livre qui bouscule, émeut et secoue l'âme de ceux qui ont des enfants, et des autres. Un livre petit par la taille mais grand par les émotions qu'il procure. Un livre à lire absolument.
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D'une aube à l'autre

Le 17 mars 2020, la France entrait en confinement pour faire obstacle à une maladie alors peu connue, la Covid. Ce même jour, Adam, quatre ans et demi, le fils de Laurence Tardieu entrait à l'hôpital.

La France était en guerre contre ce virus inconnu, Adam et sa famille entamait la leur contre une maladie au nom barbare : Leucémie aiguë myéloblastique, alias LAM. Un combat qui va se dérouler pendant 158 jours, un combat pendant lequel l'issue est par moments restée incertaine, un combat dont Adam gagnera la première bataille, même si tout n'est pas encore terminé.



Laurence Tardieu va dans ce livre nous livrer les étapes de cette guerre, ses sentiments, sa révolte, la force qu'elle va trouver en elle, et dans les autres parfois, Céline son amie, son père, certains de ses amis, ses filles aussi, combien certains autres vont se révéler éloignés, incapables d'apporter un vrai soutien.

Elle raconte comment la Covid va interférer dans cette épreuve, la rendant encore plus pénible : plus d'enseignement à l'hôpital, plus de clowns pour distraire les enfants, la peur panique pour elle et son mari de l'attraper et de ne plus pouvoir être présents avec leur enfant, l'impossibilité de recevoir des visites, l'impossibilité de côtoyer physiquement et de trouver le réconfort dans les bras de leurs proches.



Il va y avoir différentes étapes, des moments où l'espoir est difficile à conserver, et peut-etre faut-il alors justement s'en débarrasser ainsi qu'elle le dit :

« Il a été capital qu'à ce moment-là j'accepte, totalement, qu'Adam puisse mourir, que nous puissions perdre le combat, pour l'accompagner au mieux, totalement, sans qu'une part de moi résiste, veuille prendre la tangente, se révolte.

Il n'y avait pas de place pour la révolte.

Il n'y avait de place que pour Adam, encore, à chaque instant, vivant.

Vivant encore à chaque instant.

Vivant, encore.

Encore vivant. »



il y aura des moments plus lumineux ou la beauté de la vie viendra la frapper, l'aider à lutter :

« Durant tout le mois d'avril, le cerisier de notre jardin a été en fleur. Les longues branches noueuses, constellées de blanc, se détachaient devant la fenêtre de notre chambre, s'élevant vers le ciel. C'était d'une beauté. Chaque matin, avant de partir à l'hôpital, je prenais quelques secondes pour le regarder. Regarder n'est pas le terme exact : je m'en absorbais, m'en nourrissais. Je me transportais en songe à l'intérieur de l'arbre et m'y répandais, m'y fondais, m'y étalais de tout mon long. Mes bras touchaient le ciel et les racines de la terre, mon ventre se frottait à l'humus. Je buvais la sève, les fleurs, le bois, les odeurs, je me barbouillais de joie.



Puis, à nouveau j'étais dans la chambre, derrière la fenêtre, à nouveau j'étais debout, dans le corps d'une femme de quarante-sept ans qui s'apprêtait à descendre un escalier, à ouvrir une porte de maison, à partir pour une chambre d'hôpital où l'attendait un petit garçon – son petit garçon. J'étais remplie de beauté vibrante. Quelques minutes plus tard, au moment d'entrer dans le bunker, je convoquais la vision du cerisier en fleur. »



Elle explique aussi pourquoi elle a voulu écrire ce témoignage, parce que laisser une trace c'est être vivant, comme ces traces de pas qu'on laisse dans la neige.



Et pourquoi moi ai-je voulu lire ce livre, que je devinais poignant et difficile ? Surement à cause de l'auteure que je lis depuis longtemps et dont j'admire l'écriture, qui a su à chacun de ses livres me charmer et m'émouvoir. Et puis, parce que lire des phrases sur la douleur peut parfois aider à vivre celle éprouvée il y a quelques mois.

Et aussi parce que ce livre se révèle étonnamment lumineux, que j'en ai aimé chaque phrase, et qu'il célèbre finalement la beauté de la vie.
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D'une aube à l'autre

Le 17 mars 2020 est une date dramatique pour beaucoup d'entre nous. La date où la Covid rentrait dans nos vies de tous les jours. Laurence Tardieu, l'autrice, rentrait dans une autre guerre contre une autre maladie : le cancer. Son petit garçon Adam, 4 ans et demi, est admis aux urgences de l'hôpital Robert-Debré à Paris pour une leucémie. Le verdict tombe et la famille avec. C'est un véritable cataclysme dans ce monde apocalyptique. Et ce roman est un journal de bord, pour ne pas oublier la galère, les espoirs et les coups durs. Cent-cinquante huit jours d'hospitalisation pour ce gamin et les parents toujours présents nuits et jours. J'ai versé quelques larmes avec ce livre poignant mais sans misérabilisme. L'autrice nous raconte son histoire, son ressenti, l'aide de son entourage amical et médical. Tout le personnel soignant est à ses côtés sans jamais mentir sur la réalité. C'est un livre que j'ai lu en quelques heures. J'étais comme happée par l'histoire que j'ai vécue de très près. Je me sens complètement solidaire de cette famille aimante et aidante à tout les points de vue.

Ce roman qui n'est pas une fiction est un beau témoignage. Ce livre est une ode à la vie, à l'amour, au combat que l'on doit mené coûte que coûte.

Un roman témoignage qui n'est pas très gai mais qui montre la force et le courage pour voir le beau et le vivant.
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Comme un père

Louise est une jeune femme fragile, mais son intime est tout en volonté. Sa mère est morte brutalement dans un accident et son père - celui qu'elle refuse de nommer ainsi - va être libéré au terme d'une peine de vingt ans de prison.

"Cet homme d'ailleurs", devenu étranger lui demande la possibilité d'être hébergé chez elle quelques jours à sa sortie.

Contrainte davantage que consentante, Louise accepte. Un tout petit "oui", car comment ouvrir les bras à celui qu'elle nie, celui dont elle refuse l'existence, celui qu'elle aurait préféré mort pour s'inventer un père de substitution tout en harmonie de sentiments, de douceur, et surtout de présence.

Sa mère, cependant, même si elle évoquait peu l'homme, puisque Louise ne voulait pas entendre prononcer son nom, avait offert le plus beau signe d'amour, le pardon, à celui qui se résumait à l'absence comme un espoir à cultiver, comme une porte laissée entrebâillée entre un père et sa fille...



Louise vit baignée de musique, elle aurait aimé composer mais l'art ne s'est pas ouvert à elle alors plus tard, elle a trouvé une autre expression : la sculpture.

Un art pour dire ce qu'on tait, un art pour exprimer sa révolte... Un art dans lequel les mots qu'elle refuse à ce père se transforment en coups qui font "jaillir" du bloc de marbre, et qui crient finalement davantage ce besoin de sa présence pourtant refoulé tout au long de ces années.



Louise refuse obstinément cette tendresse à réinventer. Et le père souffre dans cet affrontement, seule attitude que sa fille lui offre, quand ce n'est pas l'indifférence pour ce qu'il est et ce qu'il a vécu.

Louise repousse cet homme loin de sa vie, loin de ses pensées quand celui-ci découvre avec effroi qu'on ne réintègre pas en toute facilité la vie quotidienne au sortir de l'enfermement.







Livre du refus, tissé de souvenirs heureux mais aussi du deuil, de la perte et de l'absence, livre qui dit une relation qui prend forme sous nos yeux comme la sculpture qui naît des mains de Louise, tout doucement, mais en révélant tant, inconsciemment.

Dans ce texte pas de grandiloquence, pas de fioritures, mais une écriture ciselée et aiguë comme un cri ou comme les coups du marteau sur la pierre. Les éclats tombent révélant petit à petit ce qui est tu.

Un très beau petit livre mais dont la lecture laisse malmené, et même brisé devant la violence de cette affection niée et rejetée…





"Rien ne remplace l'épreuve des choses. Les mots demeurent des ombres, à côté de la vie."
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L'écriture et la vie

De " Depuis vingt et un mois je ne peux plus écrire une ligne " à " Oui, par ce texte, grâce à ce texte, je suis passée d'une forme de mort à une vie nouvelle ", que s'est-il passé ?

Quelques mois, un blocage, des doutes, la peur de ne plus parvenir à écrire, mais aussi et surtout le puissant désir de se réapproprier des mots vrais, une authenticité, d'accéder à une précieuse liberté de vie, combinant vie familiale et écriture.



Dompter ses démons, ses faiblesses, questionner pour progresser, s'accomplir et repartir plus forte : voilà succinctement où résident la puissance et l'intérêt de ce court essai qui se lit vite mais marque fort, une véritable plongée sensible au cœur du processus de création littéraire en marche : l'aube d'une renaissance !



Et ça, c'est passionnant. Émaillé de nombreuses références à ses principaux romans et à ses auteurs préférés ( Annie Ernaux, Virginia Woolf, Georges Pérec...) dont les mots l'ont marquée, ce livre-témoignage m'a permis de découvrir une sensibilité et une écriture que je prendrai plaisir à retrouver dans son prochain livre, maintenant que Laurence Tardieu a trouvé un nouveau chemin.
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La confusion des peines

«Lorsque mon père est tombé, ma mère s'est éteinte.»



Laurence Tardieu revient sur un événement qui a bouleversé le cours de sa vie et ses valeurs. le jour où son père, dirigeant de la compagnie Générale des Eaux, est jugé –puis condamné - pour corruption, sa mère découvre qu'elle est atteinte une tumeur au cerveau. Elle succombera quelques mois plus tard. Ces deux événements consécutifs sont comme une bombe implosive lâchée sur cette famille, une bombe qui vient s'écraser avec un son mat, créant un trou béant que l'on colmate, calfeutre, une bombe que l'on enterre le plus profondément possible, une bombe qui mettra plus de 10 ans pour finalement exploser, et déchiqueter les silences et les non-dits.



Dans ce livre, l'auteure rend hommage à sa mère et surtout s'adresse directement à son père, ce père, qu'elle a tant admiré, qu'elle aime, mais qu'elle ne sait plus comment rejoindre. Plus qu'un livre sur sa condamnation, elle cherche à s'arracher aux silences qui l'attache à lui, des silences qui la ronge de l'intérieure, à l'étouffer. Elle tente ainsi de s'extirper du cercle de la honte que les non-dits ont fini par installer, et de se retrouver.



Un livre très intimiste, sans être pour autant voyeuriste, mais qui peut déranger. Écrit avec pudeur et sincérité, l'auteure dissèque ses émotions, fouille, se cherche autant sinon plus qu'elle ne recherche le père disparu de son enfance, et essaye d'aller à la rencontre de celui d'après la chute. Elle imagine les réponses de son père, se met à sa place, s'interroge et l'interroge. Il y a certes quelques redondances - procédé narratif? - mais après tout, nous sommes dans la confusion des peines.



"[...] de livre en livre je suis chaque fois un peu plus libre, je brise les chaines qui me retiennent à ce que je n'ai pas choisi, ce qui me fige, je largue les amarres, je me rapproche un peu plus de moi."



Malgré l'amour qu'elle témoigne à son père tout au long du livre, malgré son désir de se rapprocher de lui, c'est d'abord elle qu'elle s'échine à trouver. Une quête intérieure qui passe par la nécessité de comprendre son père et plus encore de se comprendre elle-même. Mais en publiant ce livre, alors qu'il lui a expressément interdit de l'écrire de son vivant, c'est à mon avis un uppercut qu'elle lui adresse, enveloppé dans un gant de velours certes, mais un uppercut quand même. Comme si sa renaissance (naissance?) en passait obligatoirement par le KO de son père. Un texte qui n'en demeure pas moins poignant et sincère, qui ne tombe à aucun moment dans la rancoeur, un texte qui nous livre ses doutes et ses questionnements vers le chemin de la délivrance.



"Ce livre, Laurence, tu l'écriras quand je serais mort. Voila ce que tu m'avais dit. [...] alors celle que tu vois là, devant toi, qui a des larmes dans les yeux mais qui te tiens tête, qui ne te sourit pas, qui pour une fois prend la parole en écrivant ce livre, ce livre que tu lui as interdit, ce livre qui te fait frémir, toi mon père si attaché à la discrétion, au sens de la mesure, à la sauvegarde des apparences, cette fille-là, vois-tu, c'est moi, c'est ton enfant que tu découvres enfin, c'est ton enfant qui sort du silence."



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Le Jugement de Léa

Que sait-on des autres quand on les juge ? Que sait-on des autres quand on les absout ? Rien de plus, rien de moins que ce qu'ils ont accepté de confier d'eux-mêmes. Rien de plus, rien de moins que ce qu'ils ont consenti à donner. Et c'est si peu parfois, ou si faux, ou si confus…

Que sait-on de celui dont on prononce la sentence, que ce soit dans le cadre légal d'un tribunal ou dans le quotidien où tout un chacun est si prompt à juger celui qu'il croise.





Léa attend le verdict d'un tribunal. Elle est accusée d'infanticide.



Elle attend et sombre.



D'elle, elle n'a rien dit, rien confié à ceux qui l'interrogeaient, essayant de la connaître ou de la rencontrer. Elle n'a rien murmuré parce que toute sa vie, elle s'est tue. Tue du manque de regard de sa mère, du manque d'amour, de ce reproche permanent d'être. Tue de la maladresse d'un père qui ne sait dire son affection, qui ne sait oublier le marasme de sa propre vie pour juste dire à sa fille qu'elle existe pour lui. Tue du manque, de cette absence comme une béance du frère qui n'est plus, de cette seule main à serrer fort, cette épaule sur laquelle s'adosser qui n'est désormais plus là.

Elle n'a rien dit de ce mariage raté pour fuir un milieu familial qui l'étouffe, de ce mari tout aussi maladroit que le père, qui n'entend pas sa désespérance et ne peut donc pas l'aider.

Tue de ces hommes rencontrés, comme une quête d'un amour que personne ne lui a consenti sauf ceux qui ont désormais quitté la vie.



De l'acte dont on l'accuse, elle ne se souvient que de l'ultime instant, de l'irrémédiable. Et l'irrémédiable, l'a-t-elle réellement commis ? Malgré elle ?

Cet enfant qu'elle aimait plus que tout, mal peut-être mais comment savoir quand on n'a pas appris, quand on n'a pas été aimé soi-même. Elle est pourtant parvenue à donner cet amour vrai ce qu'elle n'a jamais reçu.



De ces larmes taries ou plutôt qui n'ont jamais coulé, de ce silence comme refuge, Léa s'extrait doucement devant le regard d'un "invisible", d'un homme qui attend avec elle, du gardien qui ne la questionne pas mais l'écoute, qui ne la juge pas mais compatit à sa détresse, à son égarement dans la vie.

Et c'est devant lui qu'elle va sortir de ce cocon étouffant qui l'empêche non pas de justifier ce qui s'est passé, elle ne le peut, ni ne le veut, mais d'en écrire la réalité et les causes, les circonstances.





Laurence Tardieu, encore une fois, m'a bouleversée. Une écriture comme une spirale mêlant présent et passé, mêlant intime et quotidien pour parler de Léa et de Théo. Théo l'enfant et aussi Théo, le frère, de cette femme si infiniment seule, si infiniment désaimée, qui balbutie dans la vie, qui se noie, qui s'affole et à qui personne ne tend la main.

Un plaidoyer pour dire qu'on écoute jamais assez l'autre, qu'on ne sait jamais assez pour décider du regard qu'on pose sur lui, qu'on peut toujours entendre davantage, pas excuser ni condamner seulement comprendre pourquoi...



Léa, on a envie de la serrer dans les bras, pour remplacer ceux qui l'ont repoussée.
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Une vie à soi

Depuis l'enfance Laurence traine son mal être, son ennui. Issue d'une famille aisée, elle erre dans ce trop grand appartement où la solitude fait parti des meubleset la communication inéxistante.

Laurence à envie de crier son désespoir, seul refuge à la folie, sa chambre.

les années passent, un dimanche d'octobre 2011 les pieds de Laurence vont l'entrainer dans le musée du jeu de paume où une retospectivede la photographe américaine Diane Arbus à lieu.

A partir de ce moment Laurence et Diane ne feront plus qu'une.

La similitude de leurs enfances, le désir de quitter ce cocon familial étouffant, de voler de leurs propres ailes. Même leurs vies amoureuses ont le même reflet.

Comme deux papillons elles quittent leurs chrysalides, l'une deviendra écrivain et l'autre photographe.

Laurence Tardieu décrit avec une maitrise parfaite la solitude, l'ennui, la détresse psychologique, l'analogie entre la vie de Diane et la sienne.

Dans ce récit où la plume et l'appareil photo, prolongement de deux artistes vont être le fil rouge de deux éxistences.

On s'abandonne à l'écriture poétique de Laurence Tardieu, à son univers métaphorique.

Mefiez vous du spleen il est caché en chacun de nous et n'attend qu'une chose un instant de faiblesse.
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Puisque rien ne dure

Vincent file vers Geneviève

Elle se meurt, elle a la fièvre

Et elle voudrait le retrouver

Avant de s'en aller...



Petite Clara, leur enfant

Disparue depuis quinze ans

Son souvenir si tremblant

Le froid de l'absence, glaçant



Ils n'ont pas su rester soudés

Ils ont chacun pris un chemin

La mort les réunit soudain

Pour enfin leur chagrin partager ...



Un texte bouleversant

Une telle délicatesse

Pour évoquer l'indicible douleur.

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Une vie à soi

Samedi 13 mai 2023 - Square des Poètes- livres - voyageurs



Déjà plus de 2 semaines que j'ai trouvé sur mon chemin ce texte, en venant déposer moi- même des ouvrages dans ce charmant kiosque de "livres- voyageurs ", qui m'a réservé ces derniers mois de fort belles surprises, connus ou pas.C'est l' Imprévu total et j'adore !



Là, il s'agissait d'une auteure que j'apprécie tout particulièrement...et cet écrit avait tout pour me séduire, étant passionnée de " Photographie" ...



Toutefois, le sujet ne s'arrête pas à cela...loin de là !...



Je débute par une citation décrivant fort bien le point de départ de la naissance de ce texte, le noyau central de ce livre singulier ...



"À quoi ma rencontre avec Diane Arbus a-t-elle tenu? À rien, à la lumière et à la solitude de ce jour d'automne, au souvenir du Musée du Jeu de Paume avec mes parents. À rien.J'en ai, rétrospectivement, le vertige. Car il y a des rencontres qui sauvent. Elles vous saisissent au corps, elles vous soulèvent du sol auquel vous êtes englué, elles vous font passer de la nuit à la lumière."



c'est l'incroyable rencontre, rencontre - sauvetage" imprévue, " miracle " comme coup de foudre pour le travail de Diane Arbus, lors d'une exposition au Jeu de Paume (où elle se rendait, enfant, avec ses parents ), à un moment de profond mal-être de l'auteure...



Le récit de Laurence Tardieu va nous relater la rencontre de deux sensibilités, de deux histoires qui, de façon très troublante , possèdent de nombreux points d'intersection entre les environnements, la classe sociale, une enfance peu sereine : milieu très riche, lisse, policé, normatif à outrance, la solitude intense d'enfants livrés aux mains de gouvernantes, dans des grandes maisons vides...

(** Cela m'a fait songer en lisant ces ambiances trop bourgeoises, trop parfaites...et mortifères dans un même temps au récit de Fritz Zorn " Mars"...)



Il est tout aussi "troublant" d'observer combien on se construit fréquemment " CONTRE ".Les Excès de normes du milieu de Diane Arbus l'amènent à aller débusquer l'autre face des choses, des êtres, l'envers du décor dans les milieux les plus marginaux qui soient , tout au long de sa carrière..!



"Ce qui l'obsédait : faire tomber les masques, saisir ce que chacun est de l'autre côté du rideau des apparences. Elle cherchait l'autre. Elle disait de son appareil photo qu'il était son passeport. Celui qui lui permettait de franchir les frontières, d'aller vers ceux qu'elle voulait connaître, connaître intimement : ceux dont elle voulait atteindre " la vie intérieure "



En nous décrivant son enthousiasme pour les clichés de Diane Arbus en ajoutant la description de ses émotions au fil de ses recherches sur sa vie personnelle, Laurence Tardieu va découvrir une sorte de " Double", de " miroir", de révélateur , qui va lui permettre de sortir d'une affreuse période de dépression et d'idées très noires !



Diane Arbus va être comme un modèle, un " absolu singulier" dans son art...qui va l'inspirer et lui ré-insuffler l'élan de vivre , de " faire"; ce qui veut dire reprendre goût à son travail d'écrivain...à son art à elle: celui d' ÉCRIRE....



J'ai omis de préciser qu'en parallèle de ce texte très personnel...on apprend d'abondantes " choses" sur le parcours exceptionnel de cette artiste- photographe



"Ton appareil photo en main, tu posais ton regard sur les frontières. La frontière du féminin-masculin, la frontière entre le monde de l'enfance et celui des adultes, la frontière entre la folie et l'équilibre mental, la frontière entre les pauvres et les riches.Tu les sondais, tu les faisais ployer.Tu voulais voir ce qui tenait. Ce qui, à la fin, tenait."



Même si j'ai été enthousiaste de cette lecture et que j'ai été quelque peu tentée de garder ce livre,je me suis décidée à le rapporter afin qu'il puisse être partagé avec de nouveaux lecteurs, car c'est un livre tout à fait captivant et emotionnant...!







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À la fin le silence

Ce livre conte le récit paradoxal et singulier d'une année 2015 absolument singulière pour la narratrice :



En decembre 2014, elle sait qu'elle va devoir vendre la maison de son enfance, janvier 2015, une vague d'attentats frappe la France, enfin : contrepoint insensé, prometteur........tout au long de ces mois, elle a porté un enfant et l'a mis au monde......



Les chapitres alternent : ceux qui évoquent le massacre recèlent en phrases longues aux mots plusieurs fois répétés" le vertige",la perte que l'on ressent, l'empreinte "sanglante" de la dépossession brutale de son mode intime, "dispersion"," déflagration", "trou sans fond dans lequel je tombe", angoisse, sentiment de fissuration face à l'indicible........



Ces attaques font éclater une bulle protectrice dont la narratrice n'avait pas conscience .



Les chapitres qui content sa famille permettent de perpétuer la mémoire de sa chére maison méditerranéenne: "la Cybèle " , les grandes tablées, l'harmonie des jours heureux, les parfums , les couleurs, les discussions très tard dans la nuit douce, en phrases-tableaux, la luminosité, les fragrances du parfum maternel , le magnolia et les bougainvillées, le ciel rouge embrasé et l'immensité bleue , les citronniers et les mandariniers .........



Dans la troisième partie et le paradoxe de donner la vie dans un monde en ruines," l'imprévisible

était entré dans nos vies ", l'auteur tente d'exprimer à quel point les frontières entre dehors et le "monde "et le "dedans" , le refuge de sa maison sont devenues poreuses, la question du refuge intérieur , les lieux d'ancrage où l'on éprouve un sentiment de sécurité.

A l'aide de cette écriture ciselée, sensible, juste, profonde, elle nous oblige à réfléchir intimement à la complexité des réactions face à l'indicible.



Comment anéantir ses douleurs?

Comment les faire taire?

Comment se reconstruire ?

Ce roman pose question, restitue une part de notre histoire récente et résonne en nous sans sensationnel ni pathos.

L'auteur cherche à se retrouver en elle- même , à rassembler son moi, éclaté, dispersé, craquelé, fissuré, dépossédé, un roman - à la fois intime et universel, poignant témoignage qui ne résout rien mais permet de poser le pied sur un nouveau rivage, la Vie à la fin permet d'espérer........

Pas facile du tout de construire une critique à propos de cet ouvrage dont j'ai rencontré l'auteur

qui me l'a dédicacé .

Mais ce n'est que mon avis........donc peu de chose.

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Puisque rien ne dure

Vincent roule à vive allure sur l'autoroute. Le temps presse, il a reçu une lettre de Geneviève qui lui annonce qu'elle est mourante et veut le voir une dernière fois. N'ayant même pas pris le temps de réfléchir et même s'il redoute cette rencontre, Vincent accourt vers elle, il veut absolument la revoir, malgré les années de silence qu'il y a eu entre eux, malgré la perte de leur fille chérie, disparue du jour au lendemain, et malgré la vie qui les a séparé et a tué leur amour. Cela fait quinze ans maintenant qu'il se sont quittés, les souvenirs remontent à la surface, leur premier rendez-vous, l'amour que chacun portait à l'autre, la joie d'avoir cette petite fille, Clara, et d'un coup, tout a basculé le jour où celle-ci a disparu. Leur amour a fondu comme neige au soleil, ils sont devenus des étrangers l'un pour l'autre. Malgré cela, malgré les années de séparation, c'est bien à lui, Vincent, que Geneviève demande la présence à son chevet. Et celui-ci ne peut pas laisser son premier amour sans lui dire au-revoir... Comment réagira-t-il devant cette femme malade et condamnée?



Laurence Tardieu s'attaque à un sujet extrêmement difficile: la perte d'un enfant et les conséquences que celle-ci entraine sur ses parents, sans jamais tomber dans le mélodrame. Vincent et Geneviève, eux, ne survivront pas à cette tragédie. Chacun réagit différemment devant le deuil et leur amour n'aura pas été suffisamment fort ou peut-être leur façon d'entrevoir une nouvelle vie n'était plus compatible.

D'une narration en trois temps, on replonge dans les souvenirs grâce à Vincent et on revient dans le présent, si fort, si haletant. Les personnages sont vraiment attachants et d'une grande sensibilité, dans leurs tristesses,leurs imperfections et dans leurs quêtes d'un bonheur possible. L'écriture d'une grande richesse est familière, limpide et élégante. Tel un poème, ce roman est une véritable déclaration d'amour...



Puisque rien ne dure... pas même le bonheur...
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