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Critiques de Milan Kundera (964)
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L'insoutenable légèreté de l'être

Voilà un exercice bien difficile que de critiquer une oeuvre comme celle-ci.

Milan Kundera nous emmène dans ses réflexions profondes sur les dualités qui se livrent bataille au fond de nos êtres, sur le temps qui s'écoule et tout notre passé à jamais gravé dans le marbre, car nous n'aurons, en aucun cas, de deuxième chance...

Il aborde aussi tout un pan politique de l'invasion russe, du Printemps tchèque, du communisme qui a bâillonné les intellectuels (dont il a fait parti)...

Mais, surtout, n'oublions pas que c'est aussi un grand roman d'amour...
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La lenteur

Entre roman et essai, Milan Kundera nous promène entre le rappel du « point de lendemain » de « Vivant Denon », roman libertin qui se déroule il y a deux siècles et une rencontre contemporaine dans le cadre d’un congrès d’entomologistes, point d’orgue de l’ouvrage. Un éloge de la lenteur accompagné d’une ironie jubilatoire et libertine irriguent ce texte court qui prouve le grand talent de l’auteur et ravi le lecteur.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Ne connaissant par cet auteur, le titre et la couverture de l'édition Folio de 2018 m'ont d'abord interpellé. Ensuite j'ai découvert en le lisant ce que je recherchais : un roman racontant l'histoire amoureuse de plusieurs êtres et l'apport de réflexion psychologique et philosophique sur leur vie.



Lire ‘L'insoutenable légèreté de l'être’ semble être un effort au premier abord, mais je pense que c'est faux. La fluidité de la lecture m'a décontenancé tant j'attendais des complications et une trop grande réflexion. Oui à certains moments il s'agit de s'accrocher, mais j'ai l'impression qu'on retombe sans cesse sur ses pieds en retrouvant ce que l'auteur a voulu nous exprimer.



Je reste agréablement surpris par la forme de ce roman et le choix de l'auteur d'en avoir fait des chapitres s’entremêlant, avec deux histoires différentes, mais connexes. De même, il se permet d'apporter des éléments et de les décrire plus loin dans le roman ; chose qui peut être risquée, mais qu'il réussit avec brio.



Une belle expérience philosophique qui aborde, entre autres, des thèmes en lien avec l'amour de l'autre et de soi, du temps qui passe, de la difficulté de faire des choix, le tout dans le contexte de l'après-guerre et des conséquences de l'occupation Russe en Tchécoslovaquie dès 1968.



Ainsi, l'impossibilité pour l'être humain de savoir si le choix qu'il fait est le plus bénéfique pour lui nous ramène à notre propre condition humaine et à "l'ébauche" de notre (seule) vie, qui ne pourra jamais être comparée à une autre ; d'où l'incapacité pour certains de faire des choix sans avoir répété au préalable.



La vie c'est se lancer et sauter du plongeoir sans avoir la possibilité de remonter. Sinon c'est ne rien faire et s'en vouloir (surement).



Pour conclure sur cette pensée, j'ai tout de suite pensé au rappeur Damso qui l'évoque dans un de ses titres (Baltringue) :



"La vie qu't'as choisie n'est p't-être pas la bonne

[...]

Le monde est fait de gens qui font les choses

Et ceux qui disent qu'ils auraient pu le faire

Auraient dû le faire, vont sûrement le faire

Et ceux qui sont juste en train d'faire les choses".



Que ce soit dans la littérature ou dans la musique, notre seule vie ne nous permet pas de savoir si nos choix sont les bons : ce qui peut bloquer certains. On peut aussi se dire que c'est justement ça la beauté de la vie, de se lancer en sachant qu'il n'y aura pas de rattrapage et que la fin sera vraiment la fin. En effet : 'Tout peut s’arrêter, les deux barres parallèles sont des carrés dans la réalité" (Damso - Humains).



Outre les liens que je viens de faire, c'est en lisant Kundera que j'ai terminé la magnifique série allemande Dark, aussi complexe que bien ficelé. J'ai évidemment perçu le lien avec ces deux œuvres, l'une littéraire et l'autre cinématographique où dans chacune les choix sont l'essence même de nos actes qu'ils soient en lien avec notre destin ou liée à notre libre arbitre.



Dans un autre versant, l'auteur aborde la (certaine) incapacité d'aimer l'autre sans d'abord s'aimer soi-même. La manière de se donner à l'être aimé, de ne se voir qu'en lui, à travers lui, ne 'remplit' pas l'être humain, qui à un moment donné se retrouvera seul avec lui-même et aura du mal à l'accepter. Cela m'a rappelé la dépendance amoureuse que connait la jeune héroïne dans L'Involontaire écrit par Blandine de Caunes.



Mais je n'ai pourtant pas encore parlé de l'histoire en elle-même. L'histoire de quatre personnages qui se rencontrent ou pas et qui vont s'aimer différemment. L'adultère est très présent, comme si l'être humain, en l’occurrence l'homme, avait besoin de retrouver une liberté sexuelle ailleurs pour quelques raisons que ce soit. La guerre aussi est très présente ainsi que la mainmise du régime communiste chassant les anti-régimes. L'auteur nous rappelle ainsi que de nombreux intellectuels ont dû, quitter leur poste et descendre en bas de l'échelle sociale pour se reconstituer une vie, fuir leur pays, ou collaborer.



Enfin, le dernier chapitre intitulé "Le sourire de Karénine" (en rapport avec l'œuvre de Tolstoï) m'a profondément touché et ne pouvait que parfaitement refermer ce livre : humain et animal. Humain comme j'ai pu l'expliquer plus haut, et animal, car on y retrouve la condition animale qui nous rappelle que ces derniers font partie de nos vies, de notre passé et de notre présent(ce) sur Terre. Ils sont un fragment de notre présente dans ce Monde. L'attachement décrit par l'auteur entre Tereza et Karénine est bouleversant.



Je n'ai pas tout aimé ou tout compris, notamment lorsqu'il parle de "kitsch", de la "merde" à proprement parlé ou d'une de ses héroïnes (Tereza) perdues entre ses rêves tordus et la réalité (et je la comprends au vu de sa situation personnelle) suivant tant bien que mal ce que lui ordonne son compagnon malsain (Tomas), perdu lui aussi. Mais vous comprendrez que ce livre a été une expérience intense, intéressante et nécessaire. Je ne peux que vous inviter à le lire et à l'apprécier.





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L'insoutenable légèreté de l'être

Un étrange roman, où Kundera mélange récit, anecdotes et philosophie. L'amour physique est (évidemment) au centre, mais c'est un centre qui bouge pas mal. Entre communisme, diktat, répression, angoisse de l'être, passion et moralisme kitsch ou bcbg... Kundera balade son lecteur.



Faut-il être pesant et lourd ou léger et insouciant. La vie peut-elle mélanger les deux facettes, ou faut-il forcément choisir son camp? Les choses peuvent-elles être classées en deux catégories? Non, bien sûr. Tout se mélange, la vie est une succession de moments qui découlent de nos choix. Qu'il s'agisse du chirurgien qui revient à Prague, qui écrit une lettre incendiaire et ne veut pas se rétracter, qui finit laveur de vitres et conducteur de camions... ou qu'il s'agisse de Sabina, de Tereza... il faut assumer ses choix nous dit Kundera.



Pour mon plus grand plaisir, j'ai souvent perdu le fil du roman... oui, pour mon plus grand plaisir. Car je me suis alors laissé bercer par les ruptures et changements de focus de Kundera. Cette alternance entre les protagonistes, c'est une très belle idée qui fonctionne bien. Les rouages des comportements sont impressionnants. Et la couche de totalitarisme que Kundera met par-dessus le tout vient parfaire le sujet.



Et ce dernier chapitre sur Karénine... le chien. Comment mieux finir un livre sur les angoisses, le poids ou la légèreté de l'existence que de parler d'un chien...? Et du fils de Staline...? Et des camps de concentration, parfait contrepoint aux goulags communistes. L'amour au centre du livre? Pas vraiment, en fait. A moins de chercher l'oubli entre les cuisses d'hommes ou de femmes... face aux angoisses de n'être que d'insignifiantes créatures, à pein plus que des chiens.
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La plaisanterie

La dictature est un régime qui fonde sa légitimité sur la force. Son adversaire c'est l'esprit. Pareil régime perçoit les traits d'humour comme provocation. Ludwik Jahn, le Héros de la plaisanterie, en fera l'amère expérience dans la Tchécoslovaquie des années soixante. Une espièglerie lui vaudra le bannissement du parti et quelques années de travaux dans les mines de charbon. "Toute l'histoire de ma vie a été conçue dans l'erreur, avec la plaisanterie de la carte postale, avec ce hasard, ce non-sens."



Le succès que lui valut ce premier roman auprès de ses compatriotes lors de sa parution en 1967 fit de Milan Kundera en même temps de lui un subversif aux yeux du pouvoir en place. Cet ouvrage connut un regain d'intérêt en occident après que son auteur, alors en exil, eût accédé à la notoriété avec les ouvrages qui suivront, en particulier le cinquième de son oeuvre: L'insoutenable légèreté de l'être.



J'ai fait cette démarche de remonter aux sources du talent d'un auteur en commençant par le fleuron de sa bibliographie pour ensuite lire ce qui a forgé son succès. J'ai lu La plaisanterie par une journée pluvieuse. La grisaille qui émane de ces pages s'est harmonisée avec l'atmosphère ambiante. La plaisanterie est comme le qualifie François Ricard en postface, le roman de la dévastation.



Pourtant, même si ce champ de ruine pourrait se concevoir au premier abord comme celui de la culture d'un pays sous la férule du régime communiste, la véritable dévastation est surtout celle de la vie sentimentale des protagonistes de cet ouvrage. Car La plaisanterie est avant tout un roman de la vie des hommes, avec leurs bonheurs si maigres et si rares, leurs déboires plus prompts à s'entrelacer pour assombrir l'horizon.



Ludwik et Lucie s'aimaient avec sincérité. Leurs élans se sont pourtant heurtés à la barrière d'une sensualité étouffée. Le contact des corps, prolongement naturel d'un amour partagé, fut pour Lucie un supplice qui rendit leur union impossible. Ludwik restera dans l'ignorance de la cause de cet échec. Le lecteur l'apprendra de l'alternance des narrateurs de ce roman à plusieurs voix. Cette déconvenue fera de sa vie affective d'adulte une faillite. Héléna, Jaroslav et Kostka, les autres voix de cet ouvrage, ne seront guère plus heureux dans leur vie amoureuse.



Voilà un roman qui dépeint l'état d'esprit d'êtres sensibles aux prises avec les affres de la nature humaine, dans un contexte politique cultivant la dépersonnalisation. Les esprits malléables en quête d'eux-mêmes sont gagnés par la désillusion et la mélancolie. Ses premiers lecteurs ne s'y sont pas trompés, ils ont perçu chez ce talent contraint un auteur capable de dire le malaise dont ils souffraient eux-mêmes. Ce talent déploiera ses ailes plus tard dans l'exil et clamera son ressentiment de ces années volées à une jeunesse entretenue sous le boisseau, même s'il reste fidèle aux valeurs et à la culture de ses jeunes années. Musique, tradition, enracinement dans le christianisme trouvent faveur dans ses pages. Sans oublier une sexualité assumée même si elle n'est jamais l'aboutissement espéré de la plénitude amoureuse. Un voile grisâtre est la toile de fond de cet univers que chacun espérait légitimement radieux.



Milan Kundera nous livre un roman un peu déprimant. Sans doute révélateur de l'esprit d'un lieu et d'une époque.

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L'insoutenable légèreté de l'être

J'ai trouvé ce livre vraiment fascinant. J'ai adoré sa profondeur et la psychologie des personnages. J'ai aimé voir des scènes selon les différents points de vue des personnages. J'ai aussi aimé voir le contexte politique du pays de l'auteur en arrière plan et qui influence la vie des personnages.



Cependant, j'ai moins aimé les scènes avec Franz et Sabina et la partie sur le Kitsch qui parfois pouvaient rendre le livre pesant. Ces parties ont brisé par moment l'enthousiasme que j'avais.



En gros, c'est un livre qui nous amène beaucoup à réfléchir sur plusieurs sujets divers.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Que peut-on dire de plus par rapport aux nombreuses critiques sur ce roman ? (surement le plus connu de Kundera).

Pour ma part, je m'attarderai sur l'analyse du titre que je trouve, paradoxalement, beau.

L'auteur étudie dans ce livre le mythe Nietzschéen de l'éternel retour de l'homme : on ne vit qu'une fois et comme la vie ne se répète pas, on ne peut donc pas corriger ses erreurs !

Et puisqu'elle est unique, autant la vivre dans la LEGERETE : entendu comme un manque absolu de responsabilités. D'où cela est INSOUTENABLE !



A bon entendeur !



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L'insoutenable légèreté de l'être

Merci Milan tu as ému une partie de moi avec tes mots et à la fin de ton Insoutenable légèreté de l’être je désirais que cela continue. Ton roman berce tendrement mon âme durant quelques heures.

Ton roman alterne entre réflexions philosophiques et le cheminement de tes personnages sous une forme bordélique.

Je vous propose mes observations ou commentaires du texte sous une forme bordélique.

Ta forme chaotique me trouble, je trouble à mon tour.



Observations :



- Deux amants s’assemblent, les enveloppes de leur âmes se touchent, ils se font jouir. Les objets et les concepts qui les entourent ont des significations différentes pour chacun d’eux. Leurs exigences sont distinctes. Chacun veut à la fois se faire jouir et faire jouir l’autre sans le contraindre à penser comme l’autre. C’est peut-être ce qu’il y a de mieux dans l’acte sensuel, il n’y a pas besoin de beaucoup de mots, il n’y a pas besoin de persuader l’autre. Leurs jouissances parviennent naturellement.

Tout à l’inverse lorsque l’on écoute un discours qui se veut persuasif d’un homme ou d’une femme politique, ils tenteront vainement de vous convaincre que leur projet est le meilleur pour vous. Vous ne jouirez pas, vous éprouverez moins de plaisir que celui ou celle qui tente de vous convaincre et rien ne se passe naturellement, leurs mots ne suffisent pas.



- Les deux amants ferment leurs yeux atteignent la volupté et l’infini grâce à leurs caresses réciproques.



- Les mots ont plusieurs sens. Milan choisit de parler de la coquetterie des femmes. (La coquetterie peut aussi être masculine.) Selon lui nous nous apprêtons ainsi pour créer l’attirance. Nous finissons souvent par retirer tous nos déguisements et nous nous assemblons.

Un jour Tereza risque quelque chose. Elle s’apprête pour d’autres hommes, elle le fait consciemment mais elle n’aime pas ce jeu, elle ne parvient pas à prendre les choses à la légère. Elle veut que son corps n’appartienne qu’à Tomas. Elle y parvient par la suite, son corps lui apparaît alors différemment, elle l’aime plus et mieux.



- Je ne m’attache pas aux personnages au départ mais vers la fin Tereza m’apparaît clairement, je l’apprécie mieux. Elle et ses rêves, elle et son dégout d’elle même, elle et son pardon envers Tomas, elle et son humanité.











- Sabina en sous vêtements blancs devant son miroir et porte un chapeau melon, elle tient la main de son amant, lui est vêtu d’un costume gris. C’est mon fantasme la femme moitié nu, l’homme en possession de l’objet qu’il désir, qu’il touchera peut-être. Sabina ne se laissera peut-être pas faire.

Dans tous les cas ce que je décris dans le rêve de Linda ressemble à cette scène . . .



- Je considère les personnages de cette histoire comme cérébraux, radicaux, cela me plaît. Leurs pensées peuvent se rapprocher de ce que je pense moi-même de la vie qui va trop vite. Ma déception est immense.



- Milan parvient à me faire visualiser un homme proche du trépas, il ne parvient plus à parler, ni à bouger, il ne peut plus agir. Il pense alors à ce qu’il voudrait qu’il se passe autour de lui puis ils arrête de respirer.



- Sabina décide de quitter l’atmosphère excessivement kitsch l’entourant. Elle se débarrasse du passé. Elle découvrira ensuite que ce kitsch la constitue.



- Un élément fondant notre humanité est la considération. Nous méritons tous de la considération, nous aimons tous être estimé, être aimé par les autres, nous attendons tous un regard souriant sur nous même, une parole bienveillante. Quelques uns attendent plus, ils pensent mériter la considération de ceux qui n’existent plus, de ceux qui ont disparut sous Terre, ce sont des rêveurs.



- Une vie de travail exploite notre corps et l’use. Toute la vigueur se retire petit à petit de nous même. Je le sais déjà, je lis ce constat sous cette forme Tchécoslovaque. Depuis mes 13 ans ou j’ai lu Pierre de Ronsard et son poème Mignonne allons voir si la rose, je sais que l’usure est là sur les femmes et les hommes.

La chanson de Françoise Hardy Mon amie la rose nous parle de cette même vérité. Le funeste est plus supportable quand en plus les nuages et la pluie ne trempe pas de gris mes carreaux. Bref Tereza ne se berce pas d’illusion, elle finira comme le lui répète sa mère, elle aussi, vieille et laide.



- Un moment tendre et cet ardent désir qu’éprouve Tereza pour Tomas. Leur rencontre. Elle le voit seul à une table au côté d’un livre, au milieu d’un tas d’ivrognes ignorants ce qu’est la littérature. A ce moment mes ailes repoussent, je me sens léger. Etat de mon âme, magie de la littérature, je suis transporté vous le serez peut-être.



- Milan a bien compris et il explique sa version, les hauts et les bas de nos humeurs sont comme les pistons d’un moteur, c’est ainsi que nous avançons. Il donne sa version proche de la mienne en définitive. Le comportement humain va ainsi avec des hauts et des bas, amoureux parfois et parfois aucunement.







- Ainsi Tereza et Tomas débutent leur vie de couple et un tas de fantasmes les assaillent. Tereza rêve de scènes où Tomas la trompe. Parfois elle assiste aux actes eux mêmes. Tomas en rêve aussi, il pense qu’elle pourrait convenir à n’importe qu’elle autre homme.



- Tomas change de profession, il est médecin à l’origine. Tereza le pardonne d’être infidèle, ils s’en vont à la campagne, elle peut enfin l’avoir pour elle toute seule comme le petit lièvre dont elle rêve souvent la nuit. Tomas s’affranchit de son premier rôle médical avec succès, il se sent désormais libre. En vieillissant il diminue fortement sa course frénétique pour séduire et coucher avec d’autres femmes.



- J’ai ressenti la fin du roman comme soudaine, terrible, subite.

Je la vois à présent comme une invitation, voyez plutôt.

Tomas et Tereza après avoir bus et dansés toute la nuit ils font irruption dans une chambre, comme celle d’un hôtel, ils sont au dessus de la piste de danse d’où monte encore les échos du piano et du violon . . . deux lits jumeaux son collés l’un à l’autre comme une invitation . . .
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L'insoutenable légèreté de l'être

Suite au récent décès de [Milan kundera] j'ai eu envie de me replonger dans [l'insoutenable légèreté de l'être]. C'est ma troisième lecture de cette œuvre que j'aime énormément. Je l'ai lue, écoutée j'ai pris mon temps. Je suis revenue plusieurs fois sur certains passages. Elle m'a accompagnée un bon moment en complément d'autres lectures.

A travers les destins entremêlées de Tomas, Térésa, Sabina et Franz, kundera soulève de nombreuses questions existentielles sur fond d'occupation russe de la république Tchèque. Il définit, il questionne, il analyse.

Si pour mes 2 premières lectures je m'étais surtout attachée au personnage de Tomas, je me suis beaucoup plus plongée cette fois ci dans le psychisme de Térésa, ses rêves... Térésa tombe beaucoup.

"Le vertige c'est autre chose que la peur de tomber : c'est la voix du vide au-dessous de nous qui nous attire et nous envoûte, le désir de chute dont nous nous défendons après avec effroi."

Je me suis aussi attardée sur son lexique dans lequel il définit le kitsch et à travers lui des notions politiques. "Ce qui fait d'un homme de gauche un homme gauche ce n'est pas telle ou telle théorie, mais sa capacité à intégrer n'importe quelle théorie dans le kitsch appelé Grande Marche."

Un livre compagnon rempli d'anotations et de post-it qui ne prend jamais longtemps la poussière.



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L'insoutenable légèreté de l'être

L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera ( Folio N°2077 - 476 Pages)



Ayant écouté les éloges sur l'écrivain tchèque Kundera après son décès le 11 juillet 2023, j'ai voulu lire un de ses livres.

Aux premières pages, je me suis sentie un peu perdue mais quand cela m'arrive dans certains livres, je persiste et me laisse aller sans trop me prendre la tête.

Ensuite je suis rentrée dans les pensées intimes de l'écrivain, tout du moins je l'imagine, parfois j'en fus bien gênée.

Kundera nous fait vivre à l'intérieur de ses personnages.

Nous ressentons leurs désirs, leurs doutes, leurs envies d'une telle manière que cela devient très intime.

Il décortique, il creuse, il explique, il nous touche...

Venez rencontrer Théreza, Thomas, Sabina, Franz et vous connaitrez leurs pensées les plus secrètes.

La mort de Karénine m'a bouleversé car j'ai revécu la disparition de mes animaux que j'aimais si fort.

Kundera devait être sensible et l'avoir vécu pour pouvoir décrire aussi justement cette souffrance.

Dans ce roman il y a aussi l'invasion des russes avec leurs chars, souvenez vous du " Printemps de Prague", le communisme pur et dur avec ses écoutes et sa dictature.

Vous y trouverez beaucoup d'érotisme ou de sexe car Thomas est un coureur de jupons.

Au-dessus de tout, ce roman vous fera réfléchir sur votre vie car vous en avez qu'une.

Il vous parlera du kitsch et vous l'expliquera.

Un roman si riche que je n'ai pu tout ingurgiter, il m'a troublé, perturbé par tous ces sentiments étalés le long de toutes ces pages.

Mireine

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L'ignorance

La disparition de l’écrivain est une occasion saisie pour se replonger dans son œuvre. Ou de relire.

Kundera, dans ce roman- essai, revient sur la nostalgie qu’engendre l’exil, ce qu’il connait.

Le roman aborde le sujet des « émigrés », à partir de son modèle Ulysse dans « l’Odyssée ».

Deux personnages, Irena et Josef, se sont exilés lors du changement de régime, l’un en France et l’autre au Danemark.

Ils retrouvent Prague vingt ans plus tard. Et se retrouvent à l’occasion de ce retour.

L’accueil de chacune des familles et relations est froid.

Les liens se sont étirés, et imprégnés d’indifférence.

« Le pire, c’est qu’elles me parlaient de choses et de gens dont je ne savais rien. Elles ne voulaient pas comprendre que leur monde, après tout ce temps, s’est évaporé dans ma tête. »

Le texte est court, simple qui sait exprimer ce sentiment de déracinement.

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Risibles amours

Risibles amours est un recueil de sept nouvelles de Milan Kundera, écrit entre 1949 et 1968,soit ,avant ,pendant et après la rédaction de son 1er roman : La plaisanterie.

Il a été écrit en Bohème ( source Wikipédia).



Un regard ,pas toujours tendre sur la gente masculine à la lecture de ces nouvelles.

Il dissèque M.Kundera et j'aime la façon de nous interpeller,de nous prendre à témoins dans son style.En effet,il s'adresse directement aux lecteurs : cf ,la dernière nouvelle : Édouard et Dieu.

Je ne vais pas vous décrire chaque nouvelle,mais deux m'ont particulierement " accrochées".

" le jeu de l'auto stop où le jeu va trop loin : Un jeune couple part en vacances et commence à imaginer que le conducteur a pris la femme en stop ; de la s'ensuit un dialogue qui au départ, n'est qu'un jeu ,une comédie, dans la voiture ,mais qui ,en fait va être " meurtrière",car les vrais sentiments vont se révéler et leur première nuit de vacances sera une catastrophe,je pense quant a leur avenir de couple?..il est compromis ....

Là dernière nouvelle : Édouard et Dieu, m'a beaucoup plu.

Jusqu'où va l'hypocrisie d'un homme pour " mettre sa fiancée dans son lit"?

Et au travers cette nouvelle ,une bonne petite critique sur le régime communiste avec toutes les manipulations que cela engendre.

L'histoire: Édouard instituteur,dans un petit village ,amoureux d'Alice,va, après discussion avec elle ,se convertir à la religion.

La question de l'existence de Dieu ne l'avait jamais tourmenté jusqu'à présent mais voilà Alice est très pieuse et croyante et se refuse à son fiancée sous prétexte de religion.

Et Edouard va se ranger à ses côtés en allant à l'église ,au bras d'Alice ,tous les dimanches.

À cette époque là ,c'est le régime communiste qui gouverne et malheureusement pour Edouard ,un des membres du bureau va le voir aller à l'église,aussitôt il est convoqué au bureau de la directrice.....mais ....chut,je ne vous en dis pas plus.

Sauf que la chute est un véritable retournement de situation..

Milan Kundera ,très psychologue,qui aime l'humanité et, qui ,avec beaucoup de talent ,nous démontre ses faiblesses ,au cours de ces sept nouvelles.

J'ai aimé et je recommande .⭐⭐⭐⭐







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La Vie est ailleurs

Comme promis, j'enchaîne avec un autre Kundera après La Plaisanterie. Adorant la poésie depuis mes années d'agrégation, j'ai choisi le fameux roman de Kundera mettant en scène un poète, me disant que j'allais me régaler... Et je dois bien dire que ce fut à la fois une lecture jouissive, extatique, horrible, cauchemardesque, répugnante, étouffante, iconoclaste, écorchant l'ego... C'est assurément un des romans les plus sombres de Kundera, quand bien même l'humour et l'ironie qu'on lui connaît sont présents.



C'est donc l'histoire d'un certain Jaromil, poète auto-proclamé dès la naissance, et même avant, dans sa conception-même, par sa mère. Son prénom signifie d'ailleurs "qui aime le printemps" ou "qui est aimé par le printemps"... le découpage en parties typique des romans de Kundera nous annonce la couleur avec "Le poète naît" jusqu'à "Le poète meurt". Dès le commencement, on voit cet enfant chéri conçu et fantasmé, typique des personnages de Kundera qui cherchent à fabriquer un sens grandiose, historique, littéraire à leur vie, à recopier des modèles dans leur existence, mais l'on devine simplement que l'on va assister à sa chute d'autant plus spectaculaire et pathétique, sans toutefois se figurer le déroulement du roman et l'ampleur de la chose. Jaromil enfant nous apparaît en effet comme un enfant pourri gâté, mégalomane, qui se croit génie dès le bas âge, ce qui est soigneusement cultivé par sa mère. Au fur et à mesure, la lecture me rappelait le Portrait de Dorian Gray, tant dans l'évolution négative du personnage, que dans la thématique récurrente du miroir, de la beauté juvénile adolescente, du potentiel sous-texte homosexuel, du rapport avec le peintre, que dans le style très agréable retranscrit à merveille par le regretté François Kérel... Les premières parties du roman sont les plus légères et on se dit simplement que Jaromil n'est qu'un sous-Rimbaud cliché couvé par sa mère qui se croit, comme beaucoup de personnages de Kundera, aussi important qu'il n'est en réalité insignifiant.



La deuxième partie nous prend par surprise avec un interlude sur un personnage nommé Xavier. Kundera adore mêler roman et essai, jouer avec ses romans, interrompre ses romans, les commenter, ce qu'il fera d'ailleurs de façon magnifique dans la cinquième partie "Le Quadragénaire", mais ici, il nous laisse dans le flou deviner ce qu'il confirmera par la suite : Xavier est un double fantasmé de Jaromil adolescent, vivant moult aventures extravagantes, passant d'une péripétie à une autre, de fenêtre en fenêtre, de décor en décor, de femme en femme, de rêve en rêve (les fans d'Inception apprécieront !), et m'a tout du long rappelé un personnage de Jean-Paul Belmondo entrant et sortant par les fenêtres, d'aventure en aventure...



Kundera reste Kundera, et la troisième partie sur l'adolescence de Jaromil s'intitule... "Le poète se masturbe" :) L'on découvre les premières amours de Jaromil et l'on se surprend à revivre en détails notre propre adolescence... Kundera m'a notamment bluffé à ce sujet, j'ai revécu mes propres émois adolescents de façon assez inédite, pas tant par le titre de la partie mais bien par les tourments intérieurs de Jaromil. Jusqu'à cette partie, le roman restait innocent, léger, semblait simplement nous narrer la vie pitoyable d'un personnage bouffon se prenant pour Rimbaud et ses déconvenues répétées. Il prend une autre dimension avec la quatrième partie "Le poète court" où, dans un élan de fuite de sa mère, Jaromil entre en collision avec le monstre des romans de Kundera : le communisme. Tout comme celui-ci broyait Tomas dans L'Insoutenable Légèreté de l'être ou Ludvik dans La Plaisanterie, il dévorera Jaromil, mais pas de la même façon. de poétaillon se rêvant Rimbaud étouffé par sa mère, il deviendra un petit inquisiteur fanatique délateur zélé, aveugle et enfiévré, le petit communiste parfait et jusqu'au boutiste. La fin de sa relation avec le peintre, qui était son mentor, est aussi inoubliable qu'inattendue, et l'enfoncement de Jaromil dans une doctrine machinique, dans un suivi ovin de foule, dans un suivi de l'Histoire (toujours moquée par Kundera) sidèrera le lecteur et fera entrer une noirceur dans le roman qui en était jusqu'alors absente et qu'on ne devinait pas venir. Ce qui était seulement un roman sur un raté qui se rêve immense et qui échoue (typique de Kundera) devient un roman de plus où la folie communiste (aussi typique de Kundera) dévore les personnages et nous vaccine contre ce type de régime. Jaromil reniera ses principes passés, ses idoles passées, idolâtrera la doctrine, et connaîtra le succès en devenant le bon petit poète du bon côté de l'Histoire dont il crachera aveuglément les slogans. Ce qui lui est jeté au visage par un personnage vers la fin du roman est aussi cru que véridique. Je me garderai bien de mentionner les détails, mais la descente aux enfers idéologique du personnage et ses conséquences autour de lui n'en finissent pas de sidérer le lecteur. le répit de la cinquième partie, avec les commentaires méta-textuels de Kundera, un renversement de point de vue, est tout aussi bienvenu qu'apaisant et essentiel. J'ai adoré ces jeux de mises en scène de la part de l'auteur qui éteignait provisoirement un décor, comme au théâtre, pour en allumer un autre, et l'on retrouve là aussi un thème qui lui est cher : L'incompréhension éternelle entre les êtres. Lorsque vient enfin le dénouement pathétique de Jaromil, le peu de pitié et de sympathie qu'il avait pu nous inspirer s'est envolé depuis longtemps, et sa fin est aussi pitoyable que celle des personnages habituels de Kundera. Et les analogies avec Dorian Gray perdurent jusqu'à la toute fin...



C'est un roman qui violente le lecteur, ce que j'ai dit au début, sensation qui m'est rarement arrivée, du moins ainsi. D'abord, la mère de Jaromil (qui est d'ailleurs seulement appelée "Maman" dans le roman, seul Jaromil - et Xavier - est désigné par son propre nom dans le roman). Ce livre est l'anti-Livre de ma mère d'Albert Cohen. le Livre de ma mère m'a bouleversé il y a plus de dix ans, et ma propre mère joue un rôle fondateur plus qu'essentiel dans ma propre vie. J'ai beau être très friand des histoires à la Oedipe, je crois que je n'avais jamais lu un roman ou même digéré une fiction sous quelque forme que ce soit, où la relation mère-fils est aussi toxique et écoeurante, et en même temps me tendant un reflet déformant que j'avais beaucoup de mal à accepter. La mère de Jaromil est plus proche de la mère de Norman Bates dans Psychose que de Jocaste, Phèdre ou Lucrèce Borgia. Dans les trois dernières parties, on est littéralement étouffé, elle nous rend fou, et pourtant, on se reconnaît, jusqu'à un certain point, dans cette relation en tant que fils, et c'est là le plus terrifiant. La mère de Jaromil est un personnage aussi passionnant, mémorable et effrayant que son propre fils, et vous autres fils très proches de votre mère, cette lecture ne vous laissera pas indemnes. En bon personnage de Kundera, elle aussi calque sa vie sur des modèles, essaie d'y donner plus de sens et de grandiose qu'elle n'en a en réalité, et toute sa vie, c'est son fils, pour le meilleur comme le pire du pire. Nous est rappelée la force de la littérature, qui peut nous émerveiller, nous faire rire, et nous faire profondément souffrir.



Ensuite, Kundera touche une autre corde sensible (et j'ai vu que certains ici en avaient été encore plus chagrinés). On le connaît iconoclaste et provocateur, et il s'amuse ici à ridiculiser les grands poètes en rendant leurs vies et destinées aussi pitoyables et vides de sens que celles de Jaromil. Ils y passent tous : Rimbaud, Lermontov, Jiri Wolker, Frantisek Halas, le jeune Victor Hugo, Baudelaire... On peut être égratigné de voir nos idoles tournées en dérision et rester perplexe par les raisonnements souvent par trop binaires de Kundera (enfance/adulte, imaginaire/réalité, rêverie poétique/monde réel, maturité/immaturité, etc.) qui pourraient paraître aussi manichéens et dogmatiques que la doctrine socialiste qu'il a tant en horreur. Mais tout comme dans L'Insoutenable Légèreté de l'être, passé le petit coup de poing dans l'estomac, Kundera parvient, à la fois grâce à son humour, sa malice, et sa maestria argumentative, soit à nous faire valider son propos, en connivence avec lui, soit à lui rendre son clin d'oeil amusé adressé au lecteur. Les grands poètes restent les grands poètes dans ce roman et conservent leur part de grandiose, quand bien même il s'amuse à les dépeindre comme d'autres éternels fils à maman rêveurs dont la vie est une farce pathétique. Il reste un de mes auteurs favoris malgré tout : D'une part, l'on est pas obligé d'être constamment d'accord avec ce qu'on lit, et d'autre part, il possède quand même le don, parmi tant d'autres, de nous faire approuver (ou reconnaître avec réticence et en ronchonnant !) les sophismes les plus absurdes et provocateurs avec une démonstration aussi drôle qu'implacable...



Voilà ce que je peux dire, un roman qui accomplit plusieurs tours de force : Nous centrer sur un personnage pathétique, pitoyable, misérable, méprisable (même s'il y a aussi des moments où on le trouve touchant, surtout vers le milieu), nous tendre un miroir répugnant jusqu'à nous faire vomir, nous fils, dans notre propre relation avec notre mère, et se moquer avec espièglerie de certaines de nos idoles, et l'on souffre autant que l'on apprécie à la fois l'écriture (et donc la traduction) splendide que le roman en lui-même, et le retour de tous les thèmes de prédilection de l'auteur. Bon, je vais quand même partir vers un ailleurs maintenant, vers d'autres aventures, par la fenêtre, exactement comme Xavier ou Bébel...

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L'ignorance

Milan Kundera, c'est ma récompense.

Que je vous explique.

Après un temps plus ou moins long de découvertes, de services presse, d'auteurs inconnus..., je m'octroie une valeur sûre, une friandise, un opéra, un tour de magie ou de manège... appelez-le comme vous voudrez 🙂



L'ignorance.

Irena est Tchèque, exilée en France.

Josef est Tchèque, exilée au Danemark.

Tous deux reviennent à Prague pour un court séjour, après avoir fui le régime communiste. Un séjour qui va remettre pas mal de choses en perspective pour eux, notamment leur condition d'immigrés.



C'est un livre sur la nostalgie. En espagnol, la racine de nostalgie est souffrance.

La souffrance de ne pas savoir ce que devient l'autre, ou son pays, sa ville natale. Nostalgie de ce qui aurait pu être et ne deviendra jamais.

C'est un livre sur l'exil, et sur les racines bien sûr.



Et comme d'habitude, avec Monsieur Kundera, on se laisse porter par cette écriture si belle, si musicale. Pas un détail qui ne romp le rythme, dénote ou denature.

Même les occasions de digressions philosophiques sont un régal de littérature.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Un vrai coup de cœur pour ce magnifique livre ! Moi qui découvre les écrits de Kundera je suis absolument enchanté ! L'auteur a le talent de décrire nos sensations les plus intimes tout en nous interrogeant sur la dualité entre la légèreté et la pesanteur. Un style unique et des mots magnifiques car ce roman n'est pas juste un livre d'amour malgré la belle et bouleversante histoire romance entre Thomas et Tereza car il est bourré de réflexions philosophiques sur la vie.

Pour résumer, un énorme coup de cœur et un livre à lire absolument !
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L'insoutenable légèreté de l'être

Si nos actes devaient se reproduire à l’infini, cela impliquerait une pesanteur, un fardeau dit Nietzche, une insoutenable responsabilité, nous dit Kundera. Rien ne serait léger, des conséquences infinies se reproduiraient éternellement suivant nos décisions. L’histoire d’amour entre Tereza et Tomas oscille entre ces deux pôles, la légèreté et la pesanteur. Pesanteur de Tereza, par sa jalousie bien compréhensible, puisque Tomas n’arrête pas de la tromper, mais jalousie pesante quand elle écoute le téléphone dans une autre pièce, quand elle lit les lettres et fouille dans ses papiers ; elle souffre, et fait peser sa souffrance sur Tomas, qui, lui, est léger, inconséquent, passant de femme en femme mais uniquement pour le sexe puisqu’il aime Tereza et ne peut supporter la souffrance qu’il lui cause. Elle l’émeut par son côté enfant, et par l’amour inconditionnel qu’elle lui porte. Quand elle part, il savoure sa liberté, la douce légèreté de l’être, mais aussi l’insoutenable douleur s’il la perd. Kundera ne répond pas à la question qu’il pose : légèreté ou pesanteur ? il cite Parménide, pour qui c’est la légèreté la vraie valeur, et Beethoven, qui a l’idée inverse. La nécessité est grave, elle pèse, et Tomas connait cette pesanteur au contact de Tereza. Avec Sabina, son amante amie, il partage la légèreté car pour elle tout doit être léger, jusqu’à ses cendres, puisqu’elle veut être incinérée. Kundera ne répond pas à la question et donne indirectement une explication à son hésitation : les questions sans réponse, dit-il, marquent les limites des possibilités humaines et tracent les limites de notre existence. Une autre notion est évoquée, le hasard : seul le hasard et encore plus la conjugaison de différents hasards, rendent

un amour inoubliable. On est tenté d’y lire comme font les gitanes au fond d’une tasse de café. L’amour de Tereza est basé sur cette croyance, d’oü sa certitude absolue qu’elle vit un grand amour, même quand Tomas revient soir après soir avec des odeurs de sexe dans les cheveux.

Kundera analyse aussi les cartes- différentes, absolument différentes- de chacun de ses personnages. Pour Tereza, la nudité est le signe de l’uniformité du camp de concentration, le signe de l’humiliation. Pour Sabina et Tomas, se dénuder fait partie des jeux érotiques, il est léger de jouer avec son corps et celui de l’autre. Pour Franz, l’amant de Sabina, l’amour physique est un abandon, et Sabina le quitte parce qu’elle a l’impression de faire l’amour avec un nourrisson qui la tête. Sa mort sera à l’image de ce qu’a pensé Sabina : il se croit fort, il croit par son action lutter en faveur du Cambodge, car il pense à Prague et son invasion par les Russes, et donc à Sabina. Mais il est crédule et enfantin. Bref, chacun, avec ses cartes intimes, essaie de se faire comprendre, mais est reçu bien souvent comme s’il parlait une langue inconnue. Tereza et Franz sont émus par la musique, alors que Sabina et Tomas sont des visuels.

Kundera ne croit pas à la valeur des engagements politiques. Un jour pour Israël, ensuite pour les Palestiniens, un jour contre les USA au Vietnam, l’autre contre le Vietnam au Cambodge. A Prague, les communistes- pro russes et ses détracteurs invisibles, vu le danger, ou ses indifférents, la majorité, sont tous surveillés. Ils manquent tous de perdre leur travail, comme Tomas, comme Milan Kundera, pour parfois des broutilles ou des incompréhensions. L’attitude de Kundera comme de Tomas est de fuir : Kundera a été déclaré hostile au communisme, exclu du parti, a perdu son travail, a été accusé de trahison. Et cependant il affirme ne pas avoir écrit une sorte de biographie. Et d’ailleurs il juge et condamne son personnage Tomas « je ne le comprend pas « dit-il avec ironie, puisqu’il l’a créé. Non pas parce que Tomas butine, mais parce qu’il a accepté de quitter Zurich où il aurait pu refaire sa carrière de chirurgien pour laquelle il était fait. Par amour pour Tereza, Tomas descend l’échelle sociale et se prive de son destin de chirurgien. Kundera semble ne pas aux engagements politiques, pas plus qu’à l’amour qui balaie tout. « Le silence se dressait entre eux comme le malheur ». Il ne croit pas aux luttes, aux manifestations, à l’honneur de celui qui refuse de se rétracter, alors que les autres pensent qu’il y a eu rétractation. Il ne croit pas non plus en l’amour pour lequel on abandonne, on souffre, on fait souffrir l’autre en lui racontant ses rêves.

Le mot insoutenable du titre revient à plusieurs reprises : ce qui est insoutenable, c’est la pesanteur trop grande de la responsabilité de l’homme s’il y avait un éternel retour, la douleur de Tomas bien qu’il sente la douce légèreté de l’être quand Tereza part de Zurich pour rentrer à Prague, la légèreté de l’être quand Sabina quitte brusquement Franz sans explication, la contingence quant à l’amour que porte Tomas à Tereza. Oui, ni la politique ni l’amour, surtout quand ils pèsent, ne peuvent combler les désirs légers de l’homme.

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L'insoutenable légèreté de l'être

Tereza, Tomas, Sabina, Franz. Des personnages, des mots qui défilent. Leurs histoires sont belles, mais pas autant que la nôtre. Celle de l'humanité, de l'Homme, que nous raconte sincèrement, sobrement et simplement Milan Kundera. Dans les détails, vous trouverez l'essentiel. Dans les silences, vos mots. Dans leurs mots, vos silences. Un livre qui dépeint l'histoire historique, psychologique, morale, éthique, en clair, un livre qui balaye les possibilités de l'âme humaine et de sa condition. Un livre à connaitre, et surtout, à partager.
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La fête de l'insignifiance

Il y a des auteurs dont on nous parle, dont on nous en dit le plus grand bien. Des auteurs qui semblent faire partis des classiques. Et pourtant on tourne autour, on se demande si cela va nous plaire, s’ils en valent la peine. Pour cet auteur, la réponse est définitivement oui.



Je ne pense pas avoir commencé mon ascension de Milan Kundera avec son chef d’œuvre absolu. Mais un trajet en train me permettait de lire ce petit roman pour me familiariser avec ce style. Parfait. Et j’ai adoré. Cette écriture m’a complètement transportée. Tout ici est pris en dérision. Dans un monde sans humour tout devient humour. C’est un roman sur l’insignifiance d’être insignifiant. C’est un roman où chacun joue un rôle, son propre rôle où l’on ment, où l’on détourne les vérités.



Ce petit roman qui se lit d’une traite, nous parle de choses qui ne semblent pas avoir un grand sens. Mais on parvient avec des petits rien à nous toucher, à nous parler. J’aime comment ici les personnages s’adaptent et se construisent un univers face à leur interlocuteur. Le parallèle avec Staline accentue cette réflexion. C’est un vrai moment passé sur la façon d’être et de se comporter de chaque personne. Etre vrai en fonction des autres ou créer son personnage peu importe la situation. Dans une société tout en faux semblant. Pourquoi ne pas en rajouter. Pourquoi ne pas devoir créer ce personnage face à des personnes que l’on n’apprécie pas …



J’ai hâte de découvrir un autre roman de cet écrivain. Pour pouvoir me confronter à ses écrits, appréhender ce style. Et me faire un avis plus poussé sur ce roman en comparaison à d’autres de ses livres. En tout cas je suis contente de l’avoir découvert. Très emballée par cet univers qui me fait sourire, me met un peu en colère. C’est un texte qui m’a complètement séduite et qui je l’espère me séduira encore à l’avenir.
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L'Immortalité

D'emblée, je n'ai pas aimé "l'immortalité". Je n'ai pas aimé le ton professoral et en même temps désabusé de cet auteur clairement cultivé ayant certes des choses à dire. Je me demandais d'où venait son urgence à les partager avec des lecteurs sous le couvert d'un roman? Au début donc, j'ai eu l'impression désagréable de lire des chroniques à saveur vaguement philosophique, mises bout à bout sans grand rapport les unes avec les autres ,mettant en scène — roman oblige — des personnages qui me sont apparus presque tous (y compris les femmes et les célébrités de l'Histoire) comme des doubles de Kundera lui-même.

J'avais le souvenir d'avoir déjà lu cet auteur, il y a longtemps, du temps où il émergeait dans le paysage littéraire; ce souvenir était loin d'être impérissable. "L'immortalité" avait donc, en partant, un handicap. Abandonnant rarement mes lectures en cours, j'ai poursuivi et bien m'en a pris car j'ai pris goût, peu à peu, à cette écriture originale qui mélange les temps, le réel et l'imaginaire et tresse ensemble plusieurs brins conducteurs pour en faire une construction avec une certaine cohérence romanesque. Au final, je crois avoir apprivoisé un peu Kundera, mais ce n'est pas une lecture très facile... J'y reviendrai cependant à l'occasion.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Chassé croisé de deux couples faits d'art et de science, Téréza, photographe qui dénude,grande rêveuse freudienne, femme dévoilée et jalouse des nombreuses aventures de Tomas (tour à tour libertin et romantique) son mari chirurgien qui décortique l'autre pour en capter la substantifique moelle.

Sabina, peintre qui crée le vide autour d'elle en se débarrassant des encombrants, Tomas, son amant, tout d'abord, puis Frantz dont la vérité bonne à dire pour lui, pèse pour elle comme une chappe entravant sa liberté.

On nait et on n'est plus.

"Quoi que tu veuilles, fais en sorte d'en vouloir l'éternel retour" affirmait Nietzsche.Mais tout retour est-il bon?

En cette deuxième partie du XX° siècle Milan Kundera (auteur tchèque naturalisé français en 1980, membre de l'académie française et grand prix de la littérature française en 2001), situe l'action de son roman sur fond de régime totalitaire et de révolte contre le goulag à "la fosse septique" débordante, or, il y a des choses à liquider définitivement.

Tel un peintre cubiste, il tourne autour d'un être et le démultiplie, il nous donne à voir toutes les facettes de l'amour et d'une relation, il étudie l'image,l'effet miroir.

Tel un télépathe, il pénètre dans l'esprit de ses personnages, les sonde.

Tel un psychanlyste, il analyse, décortique, remonte dans le passé et incorpore ses explications au récit (on se dirait parfois dans un cours de fac).

J'aime le style original de Kundera et les portes ouvertes de réflexions offertes : L'amour se doit-il d'être romantique comme celui de Tereza et Tomas qui resteront unis dans la mort? Le fantasme?La fidélité,la trahison,le rôle de l'artiste dans un pays communiste, l'identité tchèque,la beauté d'une création intentionnelle ou non,la patrie,les paroles à double sens,la force et la faiblesse,l'indépendance,le moi, la folie,l'emprise,l'idéal, et ...bien d'autres encore.

L'insoutenable légèreté de l'être est un roman passionnant lourd d'implications qui, à l'instar de l'oeuvre de Milan Kundera, évoque la fascination pour l'idylle dont le désir de paix pioche son bonheur dans une fusion sans limite.
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