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Critiques de Milan Kundera (965)
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L'Identité

Livre lu il y a un petit moment déjà, mon premier Kundera. J'en attendais beaucoup plus. J'ai été un peu déçue, mais je lirai quand même "L'insoutenable légèreté de l'être" dont j'ai parcouru d'excellentes critiques.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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L'Identité

Quelle belle surprise, que ce livre!



Pioché un peu au hasard dans ma bibliothèque, un jour où je n'avais plus réellement de lecture en vue et où je me sentais l'âme à me cultiver.

J'ai donc choisi Kundera. L'identité. Un thème que j'aime, que je pratique, que j'enseigne.



Tout d'abord: ce que le français est beau, manié par un auteur d'origine étrangère. On oublie, parfois, sa beauté simple.



Jean-Marc et Chantal, mari et femme, doivent se retrouver en bord de mer. Mais ils se ratent. Il devait la rejoindre mais ne la retrouve pas, parmi les passants. Pire, il croit la reconnaître, court vers elle, s'imagine un instant la perdre et, au comble d'une angoisse fugitive, se rend compte, à quelques mètres d'elle, que ce n'est pas elle. Hésitation. Que se passerait-il si il ne La reconnaissait plus? Si Elle devenait une autre, au propre comme au figuré?

Plus tard, en voulant la rassurer sur le fait qu'elle plaît encore aux hommes, il va finir malgré lui par la tester. Tel sera pris qui croyait prendre.



A force de s'aimer et de penser se connaître, ils vont aller de malentendus en quiproquos. Et le surréalisme va se mêler au réel.





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L'insoutenable légèreté de l'être

Il existe, quelque part dans ce monde, des textes dont la sensibilité, la réflexion, le langage et l'histoire, ensemble, vous percutent et révèlent ce qui est ancré au plus profond de vous-même et ne peut s'exprimer qu'à travers une révélation. Parmi ces textes, dans mon cas, "L'insoutenable légèreté de l'être" fut sans doute l'une des plus grandes découvertes. Non seulement la découverte d'un auteur, non seulement la découverte d'un chef-d'oeuvre, mais aussi et surtout, la découverte de soi-même.



Je ne peux pas résumer l'oeuvre de Kundera. Car c'est plus qu'une histoire, plus qu'un récit, plus qu'une aventure philosophique. Il s'agit de tout cela à la fois. "L'insoutenable légèreté de l'être" narre avant tout une terrible, destructrice et follement romantique histoire d'amour entre Tomas, amoureux passionné et en même temps mu par le désir d'autres femmes et du pouvoir de séduction, et Tereza, figure archétypale de l'Amour dans ce qu'il a de plus mélancolique, douloureux : captive de Tomas, elle doit se résoudre à l'aimer et à accepter ses actes, car elle n'a que lui, et Karénine, ce chien qui embrase le roman de sa fougue et son aura. Deux opposés, deux aimants qui s'attirent car de pôle contraire, deux visions de la vie, de l'amour, du sens à donner à l'existence, de l'autre. Tereza m'a bouleversé, j'ai vu en elle ce rêve que chacun de nous a, celui de l'Amour, et l'échec, la nécessité de cet échec. Qui ne la décourage pas, cependant. Comme s'il était possible d'y croire jusqu'au bout.



Parallèlement, il y a ces quelques autres personnages, comme Franz, jeune innocent qui a, selon moi, compris ce qu'était la musique et pourquoi Beethoven est un génie (les digressions de Kundera sur la musique sont prodigieuses), pourquoi la beauté existe et comment le moderne a créé une nouvelle beauté, pourquoi la lumière joue un rôle dans l'existence. Bref, là où je veux en venir, c'est que les personnages donnent l'opportunité à Kundera d'entamer des réflexions philosophiques prenantes et qui nous poussent à l'introspection : le roman débute par une deux paragraphes sur l'idée de l'éternel recommencement de Nietzsche et ses possibles conséquences sur l'humanité (sur l'historiographie également, chose a priori sans lien mais pourtant, Kundera en trouve un) ; le livre est émaillé d'études des morceaux de Beethoven ; et un long, long, long et mémorable chapitre traite avec une incroyable maëstria du kitsch, "station de correspondance entre l'être et l'oubli", "négation absolue de la merde". Ce kitsch, à la base du totalitarisme et du communisme selon Kundera, fonde la fin de son roman, et pose à nouveau les questions de la liberté, de la démarcation, de la standardisation. Le kitsch politique est sans doute la réflexion la plus passionnante de Kundera dans "L'insoutenable légèreté de l'être".



Toutefois, s'il ne fallait retenir qu'une chose de ce chef-doeuvre, je dirais que c'est l'histoire d'amour et la définition qu'on en retire. L'opposition entre la pesanteur et la légèreté, qui traverse tous les paragraphes, et le questionnement pour savoir laquelle est moralement bonne et laquelle est moralement mauvaise, nous rappelle à tous que nous avons choisi de vivre avec légèreté ou avec pesanteur, que notre conception de la vie est rythmée par ce choix, et que, bon ou mauvais, il nous appartient maintenant d'agir en conséquence.



L'Amour léger ou l'Amour pesant, c'est à chacun de savoir où il se situe. Tereza, Tomas, Franz savent. Je sais . Et je crois que quand vous aurez lu "L'insoutenable légèreté de l'être", vous le saurez aussi.
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L'insoutenable légèreté de l'être

L’écriture est brillante, le style magnifique, L’auteur alterne histoire et pensées. L’histoire d’amour est belle ou …. Pathétique ? Je crois que j’ai un problème avec les histoires d’amour et de fuites… Tomas est amoureux de Tereza mais volage. Sabina, sa maîtresse attitrée fuit, mais quoi ? Tereza accepte la situation de son couple mais pas celle de son pays qui connait l’invasion russe de 1968, fuit puis revient. Tomas reste inexorablement volage mais bizarrement rejoint toujours Tereza. Sabina collectionne les amants et Kundera nous propose ses réflexions sur cette histoire. Ah, j’ai oublié Franz, un amant de Sabina qui va détruire son mariage et se retrouver seul car Sabina a fui, encore. Alors si j’ai accepté le kitsch, j’ai eu plus de mal avec la merde, excusez-moi mais il y a tout un chapitre sur l’amour et la merde, la vie et la merde, le sexe et la merde….. Et je ne suis pas trop d’accord pour son affirmation sur la souffrance. Peut-t-on on se réfugier dans l’avenir en cas de souffrance ? C’est justement ce qu’on n’arrive pas à faire au fin fond de son chagrin qu’il s’agisse d’une rupture amoureuse ou de la perte d’un être cher. Bien au contraire on reste englué dans sa douleur sans jamais parvenir à se dire qu’avec le temps ça ira mieux. A lire pour le style de Kundera.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Ce doux sentiment quand on caresse la page d’un livre dont le passage vous bouleverse.

Rarement, mais il arrive qu'à travers les mots lus je retrouve ce que j'ai vécu, ressenti. J'avoue, cet homme de grand talent a su traduire ce que je n'ai jamais réussi à exprimer !



Vous raconter les bribes d'histoires enchevêtrées serait trop long, voir compliqué, je me contenterai de dire qu'il s'agit de l'amour sous toutes ses coutures !

L'amour joie & l'amour peine.

L'amour adolescent qui fait battre la chamade & vous fait faire des plans sur la comète.

L'amour éternel & la passion passagère.

L'amour incandescent.

L'amour qui dure & celui qu'on ne fait que perdurer.

L'amour à sens unique que l'on soit donneur ou receveur.

L'amour physique, sentimental ou intellectuel.

L'amour impossible.

L'amour fruit du hasard & celui d'un effort résolu de séduction

L'amour à oublier & l'amour a se remémorer.

L'amour qui n'aura jamais lieu, l'amour qui n'aurait jamais dû avoir lieu & celui qui aura toujours lieu.

L'amour qui s'use, qui use & celui qui rajeunit.

L'amour égoïste & celui partagé.

L'amour qui s'aigrit & déçoit, celui où l'on donne plus que l'on reçoit !

L'amour, ses illusions, ses regrets, ses remords & les évidences auprès desquelles on passe.

L'amour perdu & celui retrouvé.

Une vie d'amours & l'amour d'une vie !



C'est un livre qui accompagne paisiblement le chaos de l'existence, entre modernité littéraire & traditions philosophiques, Il n'y a pas vraiment d'actions significatives dans l'histoire, cependant, les personnages sont assez intéressants pour nous faire tenir jusqu'à la fin, les ellipses temporelles apportent une véritable leçon sur la mesure du temps. De plus le côté très psychologique du livre laisse à réfléchir sur la nature de l'Homme & sur les relations homme/femme, un constant bal dansant !



Pour ceux qui sont plus cinéphiles que livrevores il y a le film avec Daniel D. Lewis & Juliette Binoche.
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La lenteur

Kundera est un écrivain déconcertant.

Il m'a affirmé que la lenteur allait de pair avec l'intensité de la mémoire.

Et comme pour enfoncer le clou, il m'a confirmé que la vitesse faisait un couple parfait avec l'intensité de l'oubli.

Alors, j'ai pris mon temps.

Un livre vite lu est souvent vite oublié.

Et pourtant, quelques semaines après avoir tourné la dernière page, que me reste-t-il vraiment de ces trois histoires superposées ?

Un chateau, des libertins, un colloque d'entomologistes, un personnage qui veut faire rayonner son moi, un autre qui se ridiculise en public et surtout beaucoup de questions.

Car comme pour "l'identité ", qui présente quelques similitudes dans la structure, j'ai eu la sensation que l'intrigue finissait par s'effacer au profit de la réflexion.

Ma propre mémoire, vexée de ne pas se montrer à la hauteur, s'en est trouvée fâchée.

Tant pis pour elle, j'ai préféré prendre le temps de la réflexion.



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L'insoutenable légèreté de l'être

Au moment d'écrire ma critique sur L'insoutenable légèreté de l'être, je ne sais pas par où commencer. Il est toujours difficile de donner un avis personnel sur un roman aussi lu que celui-ci.

Nous sommes en Tchécoslovaquie, à peu près au moment de l'invasion russe. Tomas est un chirurgien pragois renommé, divorcé et menant une joyeuse vie libertine aux principes bien arrêtés : "Il faut observer la règle de trois. On peut voir la même femme à des intervalles très rapprochés, mais alors jamais plus de trois fois. Ou bien on peut la fréquenter pendant de longues années, mais à condition seulement de laisser passer au moins trois semaines entre chaque rendez-vous" et jamais il ne dort dans le même lit qu'une femme.

Un jour, par la conjonction de six hasards consécutifs, à commencer par la sciatique de son chef de service, Tomas rencontre Tereza, qui sert dans un bar pour échapper à sa mère. Il lui laisse sa carte et, quelques temps plus tard, elle débarque chez lui, ne le prévenant qu'en descendant du train en gare de Prague. Elle apporte avec une lourde valise. Et elle dort dans l'appartement de Tomas !

Et le libertin tombe amoureux de cette fragile jeune femme, qui s'est échouée sur les berges de son lit. Il n'aime mais ne peut se passer de ses aventures, et partage pourtant la douleur de celle qu'il finit par épouser.



Qui sommes-nous? Notre vie n'est-elle qu'une succession de hasards? Selon quels principes faisons-nous tel ou tel choix? C'est à ses réflexions que Milan Kundera nous invite dans ce roman.

Ce livre est également l'occasion d'en découvrir plus sur l'invasion russe et l'installation du communisme dans l'ancienne Tchécoslovaquie.

En résumé, cette lecture a été très agréable, le style est fluide et les 450 pages se lisent très rapidement. Pour autant, L'insoutenable légèreté de l'être ne me laissera pas un souvenir impérissable.



Challenge ABC 2015/2016
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L'insoutenable légèreté de l'être

L'homme a-t-il déjà eu un poids sur sa société ou n'est-il qu'un modeste pion, soumis à des règles et devant les exécuter pour survivre dans un monde de brutes? Kundera nous aide, à travers toute son oeuvre, mais encore plus à travers ce texte, à situer notre place dans l'univers de notre monde. Et le constat est terrifiant. Nous n'avons aucun impact sur notre société. L'homme n'est qu'un grain de sable dans une plage de bord de mer.

La lecture reste malgré tout très agréable et très poétique. C'est le premier livre de Kundera que j'ai lu, et c'est lui qui m'a mené sur la voie de la philosophie et donc de la sagesse. Cet homme est un artiste. Ses textes sont très poétiques et très bien écrits. Il aura à jamais un impact sur l'homme et sur la littérature.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Quel titre magnifique et plein de promesses !

Traduit du Tchèque par François Kérel.



Dès les premières pages, Milan Kundera nous emporte avec lui dans ses réflexions philosophiques sur la dichotomie entre la légèreté et la pesanteur. Pour étayer son propos, il nous raconte, de différents points de vue, le destin de deux « couples ». Tomas, qui est la première voix de ce roman, est un coureur invétéré, qui multiplie les conquêtes féminines en refusant toute contrainte. Il cède pourtant à Tereza, qui réussit à venir s’installer chez lui et souffre de ses infidélités. Voilà pour la pesanteur. Puis on rencontre Sabina, maîtresse en titre de Tomas, qui incarne la légèreté parce qu’elle vit librement et donc trahit; tout d’abord ses origines, puis son amant Franz, pensant que cette légèreté lui apportera l’épanouissement promis.

Mais cette légèreté ne serait-elle pas finalement un fardeau, et la pesanteur un accomplissement ?



A de nombreux moments de ce roman atypique, qui prend pour toile de fond l’invasion Russe de la Tchécoslovaquie en 1968, l’auteur égrène les chapitres comme autant de pensées philosophiques. Sur le fait que nous ne puissions jamais savoir si nous prenons les bonnes décisions, car nous n’avons qu’une vie et aucun point de comparaison; sur les responsabilités collectives et individuelles lors des guerres, sur la vie, l’amour, la trahison, le sacrifice… et sur le kitch !



L’écriture de Milan Kundera est profonde et cynique, avec un style léger et une prose poétique. La fluidité de la lecture permet d’accéder à toutes les pensées de l’auteur avec simplicité, et ce malgré la complexité des sujets abordés. C’est une belle expérience philosophique.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Le titre est magnifique, intriguant, et met immédiatement en tension les contraires qui s'opposent. Pour illustrer cette tension, un roman en sept parties et quatre personnages principaux, chacun représentant un thème, une illustration de ces oppositions qui fondent l'être, le tout sur fond de printemps de Prague et de début du communisme tchèque.

Une succession de hasards fait se rencontrer Tomas et Tereza. Il la trompe bientôt avec Sabina qui a également une liaison avec Franz. Comme dans une ronde, chaque personnage est relié aux autres et chacun est au centre d'une partie du roman qui interroge sur la légèreté et la pesanteur, sur l'âme et le corps, sur la fidélité et la trahison, mais aussi sur le kitsch, des masses comme des intellectuels, et sur l'idylle, représentée par Karénine, le chien de Tereza.

Une belle lecture finalement, à la fois pour ses personnages, pour le contexte historique, mais aussi pour les incursions de l'auteur, ses jugements sur ce qu'il écrit et ses réflexions esthétiques et philosophiques.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Découverte de Milan Kundera avec cette oeuvre, et quelle oeuvre!



Une oeuvre au scalpel, de brefs chapitres qui s’enchainent sans forcément d’ordre chronologique, c’est la répétition de motifs qui structure ce récit gigogne du destin de deux « couples » dans la Bohème de l’après-guerre, celle de l’occupation Russe.



Révélateur de l’intime enfoui au plus profond fond de nous-même, cet ouvrage nous offre un miroir, un miroir qui questionne, un miroir qui dérange parfois, un miroir qui amène à nous poser des questions essentielles. Qu’avons nous fait de notre vie? avons nous pris les bonnes décisions? qu’aurions nous fait à leur place? et Kundera nous dit, du moins c’est ce que je veux en retenir, que les réponses importent peu finalement parce qu’il n’y a pas de marche arrière à la vie…



Age quod agis!
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L'ignorance

C’est le premier livre de Milan Kundera que je lis…

Je découvre avec surprise que L’Ignorance a d’abord été publié en langue espagnole en 2000, puis en vingt-six autres langues avant d’être publié en français, sa langue originale, en 2003… Pour moi, Milan Kundera est un écrivain d’origine tchèque vivant et écrivant en France. Voilà un paradoxe que je ne m’explique pas.



Sur fond d’exil politique, de retour au pays natal, de recherche du temps perdu en quelque sorte, L’Ignorance démontre en phrases sobres que la nostalgie des exilés politiques se heurte, au moment du retour tant espéré, aux ressentis opposés de ceux qui ont fui le régime et de ceux qui sont restés. Ce livre entre idéal et réalité est, en effet, à la limite du roman et de l’essai philosophique.

Les deux héros principaux, Irena et Josef, sont presque des sujets d’expérience que l’auteur a placés dans deux situations d’émigré similaires à quelques variantes près ; de temps en temps, ce même auteur vient commenter les résultats de ses observations en faisant irruption dans la narration à la première personne.

Irena et Josef, chacun à leur manière, vivent la difficulté de réconcilier le présent du retour avec le passé de l’exil et du pays retrouvé. À tous deux, ce retour est imposé par la famille où les amis dès que les évènements historiques le rendent possible. Je m’étonne que Kundera emploie plutôt le terme d’émigré pour ceux qui ont choisi l’exil : c’est peut-être une formulation plus actuelle, plus moderne.

Irena et Josef doivent faire face à des situations qui mettent en avant un profond décalage entre les souvenirs fantasmés de leur pays, de leur famille ou de leurs amis et la réalité des confrontations du retour. Tout devient source de malaise : la langue toujours comprise mais trop longtemps inusitée, la ville de Prague livrée au tourisme, les maisons des émigrés confisquées puis rendues aux parents qui se les sont appropriés comme une sorte de dédommagement d’avoir du subir la honte de la fuite de leurs proches… Et puis surtout, leur expérience d’émigré n’intéresse personne !



Ce malaise semble inéluctable ; en effet la référence à L’Odyssée d’Homère et au personnage d’Ulysse inscrit L’Ignorance dans une filiation littéraire avec un texte mythique et fondateur. Ulysse, libéré par Calypso, reprend son errance et entame son long voyage de retour vers Ithaque ; il raconte des épisodes de son périple à la cour des Phéaciens, où il est particulièrement bien reçu et où sa personnalité intrigue ; par contre, lors de son retour chez lui, personne ne va véritablement s’intéresser à ce qu’il a vécu durant son voyage. De même, Irena et Josef ont suscité une forme d’intérêt en France et au Danemark en qualité d’émigré fuyant le régime tchèque, mais cet intérêt a décru quand leur pays d’origine a retrouvé un meilleur équilibre politique. Comme Ulysse, ils ont du faire preuve d’adaptation au cours de leur exil : par exemple, Irena déclare avoir exercé au moins sept professions différentes. Enfin, ils ont réussi à recréer une forme de bonheur et d’équilibre tout comme Ulysse avait su profiter de son séjour chez Calypso…

Enfin, tout comme le monde homérique à la fois poétique et littéraire peut être lu comme une histoire des représentations collectives car Homère recrée le passé, sans refléter une période en particulier, les expériences vécues par les personnages d’Irena et de Josef ont valeur générale de preuve par l’exemple.



Milan Kundera va très loin dans son étude ; le récit part dans trois directions à travers les deux personnages étudiés d’abord séparément puis ensemble. Mais même le rapprochement entre eux ne fonctionne pas, se réduit à un moment de sexe, entre obscénités et alcool. La fin, que je ne dévoilerai pas ici, est aussi lourde de sens avec deux personnages féminins un moment fusionnés dans l’imaginaire du lecteur puis opposés dans l’ignorance réciproque de leur vécu.

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La fête de l'insignifiance



Un petit livre curieux, un peu décevant par rapport aux autres textes du brillant Milan Kundera.



On y retrouve certes son ton léger, fantaisiste, associé à des réflexions profondes, philosophiques, métaphysiques.Sa subtile analyse des comportements humains aussi. Les personnages sont intéressants, surtout Alain, en recherche de mère.Leur vécu sur quelques jours alterne avec des histoires étranges, présentées un peu comme des paraboles, mettant en scène Staline et d'autres hommes de pouvoir de son parti.



Mais tout tourne un peu court , comme si l'éloge de l'insignifiance devait symboliquement se retrouver dans le fond et la forme, d'un trait peu appuyé, rester en surface, à l'image de la plumette s'envolant au-dessus des têtes, lors du cocktail , chez D'Ardelo.



" L'insignifiance, mon ami, c'est l'essence de l'existence.Elle est avec nous partout et toujours" .On peut ne pas être d'accord avec lui mais les théories de l'auteur sont toujours, avouons-le, très séduisantes.



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L'insoutenable légèreté de l'être

CULTISSIME!



Que tout lecteur qui ne peut pas vivre une seconde sans lire et qui n'a pas eu le bonheur de se plonger dans "l’insoutenable légèreté de l'être" ne connait pas la saveur de l'excellence littéraire...thème éternel d'un histoire d'amour sans concession qui accède presque aux nuages, parsemé de cette graine qui germe et qui fait des ravages : la jalousie.



Fait partie de "ma garde rapprochée" ! A lire OBLIGATOIRE !lol pour tout lecteur avisé qui se respecte.



A faire découvrir absolument à ceux qui ne connaissent pas cet IMMENSE écrivain !



"Énorme"comme dit Monsieur Fabrice Lucchini

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Risibles amours

Le texte est composé de sept nouvelles. Toutes pour moi n'ont pas la même saveur, j'ai préféré certaines mais toutes posent des questions autour du mensonge (à soi, aux autres), du jeu de dupe (envers soi, envers les autres), etc.... Des questionnements très intéressants car qu'est-ce que la sincérité, l'honnêteté? Qu'est-ce que le mensonge? Quel(s) rôle(s) joue-t-on en société, adapte-t-on ce rôle en fonction des personnes rencontrées?



Parmi les histoires:





Personne ne va rire: Comment un jour, par manque de courage, de franchise, ou par jeu (allez savoir?) un professeur voit sa vie (ses projets, ses amours, ses espoirs) brisée. Un simple refus (ou plutôt un refus qui ne dit pas son nom) face à un homme qui venait vers lui chercher un soutien éditorial transforme jour après jour sa place dans la société, transforme sa relation amoureuse, transforme ce qu'il projetait. On assiste à la chute du narrateur. Il faut ajouter que la situation prend place dans un pays "communiste".



Le jeu de l'auto-stop: Un couple part en vacances. Elle est plutôt timide, rougissante, réservée, il s'en amuse. Mais après une "pause-pipi", alors qu'il est au volant, qu'il l'attend, elle le rejoint, monte dans la voiture... Et s'installe alors un jeu entre eux. Elle joue le rôle de l'auto-stoppeuse. Un autre dialogue se glisse, il ne la connaissait pas ainsi, femme "libérée", femme prête à l'accompagner à l'hôtel, à coucher avec cet homme "inconnu"? Jusqu'où peut-elle jouer ce rôle? Quand le jeu va-t-il s'arrêter? Qui voudra le stopper?
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L'insoutenable légèreté de l'être

Qui n'a pas lu Kundera rate la plus grande expérience de sa vie
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L'insoutenable légèreté de l'être

Commencé peu de temps avant la mort de Milan Kundera, je l'avais laissé de côté à l'annonce de son décès ( c'est ridicule, mais je ne voulais pas avoir l'impression d'être de ceux qui attendent la mort de quelqu'un pour s'intéresser à son oeuvre et crier à son génie), je viens de le terminer et si je ne crie pas au génie, je n'en suis pas loin.

Je n'aime pas les romans qui parlent d'amour ( tout au moins les romans contemporains, parce que j'apprécie ceux qui se déroulent aux siècles précédents), sûrement parce que pour moi, cela n'a jamais été une aspiration de vie, et heureusement parce que je n'ai jamais été très douée dans ce domaine.

J'ai cependant adoré ce roman de Kundera,. On n'y parle pas d'amour absolu ou d'amour fusionnel, on n'y parle pas d'amours contrariés par la famille ou les coups du sort.

On y parle des difficultés d'aimer, des illusions de l'amour ou plutôt des attentes illusoires d'amours fantasmés, de ces couples où l'un aime plus que l'autre ou différemment...

Aime t on celui qui nous aime, car on y trouve une certaine vanité ou que cela nous touche? Est-ce que l'amour est dû au destin ou au hasard ? Aime-t-on celui qui nos ressemble ou celui que l'on souhaite comprendre ?...

De nombreuses questions qui interrogent sur notre vision de l'amour, notre vécu et peut-être même notre couple.

L'Histoire en toile de fond ( le printemps de Prague , puis l'invasion de la Tchécoslovaquie par les soviétiques) est là pour servir la narration, et permet une meilleure compréhension des personnages, de leurs sentiments et réactions.

et pour finir, adorant les animaux, je n'ai plus qu'être émue par Karenine et l'amour que sa maîtresse lui porte.

Je vais peut-être devoir modifier ma liste de livres à emmener sur une île déserte ( 6 ce n'est pas assez).
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L'insoutenable légèreté de l'être

Ce livre m'a été offert à noël. En déballant mon cadeau, la personne qui me l'a offert me dit : je t'offre ce livre car c'est mon livre préféré de tous les temps ! J'adore ça !!! Il ne pouvait pas me faire de plus beau cadeau ... J'ai donc décidé qu'il serait mon premier livre de 2023. Pendant la lecture, j'ai très vite compris pourquoi ce livre lui a tant plu ... Pour Kundera (ainsi que pour cette personne) tout dans la vie doit avoir une explication ! On se décortique les méninges, on cherche et on finit par trouver l'explication même si ça peut paraître farfelu pour les autres ... Je donne un exemple grossier mais concret : ce matin j'ai mis un seul sucre dans mon café alors que les autres jours, j'en mets deux. Mais pourquoi ? ça doit être à cause de mon rêve de la nuit dernière. J'ai rêvé que je courrais dans un champ de betterave !!! Mon subconscient me reproche d'avoir pietiné toute cette matière et inconsciemment je diminue ma consommation de sucre !

Bon ok je n'ai pas le talent de Kundera (on est d'accord ! ) mais le but y est !

Perso, il y a très longtemps que je me fiche de trouver des explications à tout !! ça m'empoisonne la vie et sincèrement c'est une perte de temps inconsidérable !

Je suis très contente d'avoir lu ce livre et j'ai compris le talent qui s'y dégage ainsi que le pourquoi de tant de 5,4 étoiles mais le nombre de fois où j'ai levé les yeux au ciel en me demandant pourquoi faut il trouver un sens à cette chose ou à cet acte ou encore à ce sentiment ne m'a pas permis d'apprécier cette lecture à sa juste valeur. C'est tellement à l'opposé de moi ! Voilà, encore une fois, je ne suis pas d'accord avec la majorité des lecteurs mais je comprends la grandeur qu'ils lui trouvent !
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L'ignorance

Tel Ulysse revenant à Ithaque, 20 ans après l’avoir quittée, Irena et Josef reviennent à Prague après avoir émigré, elle à Paris, lui au Danemark.

Et s’ils se sont connus autrefois, il n’y a de commun entre eux que ce déracinement assumé, qui en fait des « frères et sœurs » d’immigration.

L’ignorance, c’est celle de la vie qu’ils n’ont pas vécue dans leur pays d’origine, avec leurs amis d’enfance et leurs parents.

Mais c’est aussi celle de la vie qu’ils ont vécue pendant 20 ans, dont personne au pays ne se soucie ; comme si en partant, ils disparaissaient aux yeux de ceux qu’ils ont quittés.

C’est à la fois un roman racontant l’histoire des retrouvailles de deux êtres que tout a séparé ; et c’est aussi un essai sur le malaise de l’émigré qui ressent de la nostalgie pour son pays d’origine, mais qui oublie en même temps la plupart des souvenirs de son ancienne vie.

J’ai été très touchée par ces personnages qui se sentent à la fois heureux des choix qu’ils ont faits , mais qui gardent en eux la blessure de l’exil.

Kundera sait nous atteindre par sa façon si profonde de voir les choses simples de la vie et d’y apporter un autre regard, et c’est superbe.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Je me suis très longtemps tenu à l'écart de ce roman si connu, à cause de sa notoriété ainsi que d'une adaptation cinématographique dont ne m'était restée à l'esprit qu'une histoire sentimentale et sexuelle de deux couples, sur fond de Printemps de Prague et d'invasion soviétique, d'une "insoutenable légèreté". Ce film m'aura donc été très nuisible pendant presque vingt ans. Une heureuse proposition amicale m'a fait revenir sur le livre et m'a offert des heures de bonheur. Merci.

En effet, dans cet extraordinaire roman, l'histoire des personnages, le cadre historique voire même l'ensemble des réflexions politiques sont peu de chose par rapport au foisonnement d'idées qu'il renferme. Je remarque d'emblée que les personnages, qui "ne naissent pas d'un corps maternel comme naissent les êtres vivants, mais d'une situation, d'une phrase, d'une métaphore qui contient en germe une possibilité humaine fondamentale" (p. 319 et passim), sont d'abord l'incarnation d'idées platoniciennes. Et cela me charme presque autant que son énoncé qui a pour conséquence de briser la fiction du réalisme narratif.

Et quel genre d'idées platoniciennes? Des idées philosophiques d'abord: le hasard et la nécessité (Es muss sein), la légèreté vs. la pesanteur (Parménide), des idées politiques (l'incompréhension mutuelle fondamentale entre la gauche des pays capitalistes et le communisme des satellites soviétiques), des idées esthétiques (sur le kitsch), des idées psychanalytiques (la succession infinie des trahisons, avec moult narrations des rêves de Tereza), des idées théologiques (le sublime début de la sixième partie, sur la "théodicée de la merde"), et j'en passe.

Et l'auteur? Outre les phrases à la première personne, et son implication dans l'ensemble des personnages - "les personnages de mon roman sont mes propres possibilités qui ne se sont pas réalisées" (ibid.) - l'on peut penser que ce roman est probablement une "oeuvre totale", où l'identité de l'auteur, ses thèmes de longues années, ses anxiétés de son époque et de son vécu sont entièrement présents, bien au-delà d'un plan narratif unique et linéaire.
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