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Critiques de Milan Kundera (964)
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Le Rideau

"Le rideau" est un essai littéraire sur l'art romanesque.



Le rideau c'est le voile qui recouvre la réalité du monde dans lequel on vit, et des lieux communs, légendes, histoires fondatrices sur lequel il repose.



Le romancier de toutes les époques doit "déchirer" ce rideau pour passer de l'autre côté de ce que la vie et la tradition nous ont inculqué vers un espace de liberté imaginaire qui bientôt viendra s'incorporer à sa façon au réel et le refondre.



C'est pourquoi le roman est inséparable de son histoire. Par des sauts imaginaires successifs, chacun ayant incorporé le précédent, il ouvre l'accès à de nouveaux accès de compréhension du monde, à une esthétique renouvelée.



Et il arrive qu'à son tour, le roman précède une époque, en dessine les contours avec une avance considérable sur les sciences, la philosophie et les mentalités.



Le roman est le laboratoire des possibles.



Bien sûr Kundera ne se contente pas d'affirmer ces principes, il les illustre à travers des exemples pris dans la littérature mondiale : tchèque, allemande, française, sud américaine.



Cervantes fut le créateur de cet art nouveau quand il mit en route son personnage don Quichotte : il déchira le rideau de la "pré-interprétation" du monde pour courir l'aventure des mots et de la prose et créa ainsi un océan de possibles qui à son tour vint fertiliser et agrandir le monde.



Chaque bon romancier est un transgresseur de valeurs anciennes, un pourfendeur de voile, un "chevalier à la triste figure" peut-être ! mais un chevalier éclaireur.



Ou devrait être un éclaireur : Kundera note la disparition de ces livres précurseurs capables de tirer derrière eux le char des représentations nouvelles. Non par manque de génie personnel des auteurs, mais par complexification des données à traiter.



Cet essai possède toutes les qualités que l'on peut attendre d'un essai : clair dans l'expression (pas de jargon hermétique), il n'en est pas moins profond par son angle d'approche original du roman (l'histoire y est vue comme une dynamique et non comme un cumul de connaissances poussiéreuses). Les grandes oeuvres sont abordées sous l'optique de ce qu'elles ont apporté à leur époque, à l'art ; les personnages littéraires sont évoqués sous des éclairages différents de ceux auxquels on se réfère en général : il s'intéresse à Charles Bovary plutôt qu'à Emma ; réfléchit à l'importance de la jeunesse des héros dans la compréhension d'une oeuvre (tous les protagonistes importants de "L'idiot" de Dostoïevski ont moins de 26 ans) ; s'interroge sur la notion de "bêtise" en littérature et la cohabitation fréquente de ce défaut humain avec la sincérité des idéaux politiques (rapports de l'intégrité morale et du fanatisme vus à travers les personnages secondaires de "L'éducation sentimentale" et le parcours de Cioran.



Cette liste n'est pas exhaustive, il faudrait un ouvrage plus volumineux que l'essai lui-même pour en tirer "la substantifique moelle".



On a la merveilleuse impression en cours de lecture de devenir de plus en plus intelligent. Je me fais la promesse de ne pas me priver de cette joie et de relire "Le rideau".



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La plaisanterie

Milan Kundera est un de mes auteurs vivants préférés, avec Modiano et Auster, et sans nul doute celui dont je me sens le plus proche, dont je partage la vision du monde.

C'est aussi le seul dont j'ai lu toute l'œuvre, y compris essais et théâtre; il faut dire que la production de Kundera n'est pas abondante, car si l'on excepte son oeuvre poétique de jeunesse qu'il a renié, il y a tout au plus 11 romans, 4 essais et 1 pièce de théâtre. Mais tout y est d'une très grande qualité, même s'il y a une certaine frange de la critique littéraire de notre pays (ah, les dégâts de la critique parisianiste!) qui déprécie son oeuvre écrite en langue française depuis les années 1990.



La relecture de ses textes est toujours pour moi, redécouverte et émotion, et je suis toujours saisi par "l'humanité" de leur propos.

Ainsi en est-il de La Plaisanterie, son premier roman, que je viens de terminer à nouveau le cœur serré.



Ce qui m'a frappé cette fois, plus que dans la première lecture, c'est son extraordinaire beauté formelle.

Il y a d'abord l'extraordinaire construction de ce roman. Un récit à plusieurs voix, dont celle principale de Ludvik, victime d'un traitement inique au début de l'ère communiste en Tchécoslovaquie, et de trois autres: celles de Jaroslav, Kostka et Helena. Ces voix vont apparaitre dans un ordre qui mêle une narration au présent (Ludvik revient dans sa ville natale pour se venger de Zemanek, celui qui l'a exclu du parti et de sa vie, en le trompant, du moins c'est ce qu'il croit, avec sa femme Helena) et des retours sur le passé, dans un ordre très subtil.

Ces voix deviendront une vraie polyphonie dans le dernier chapitre.

Celui-ci conclura, sur un rythme effréné et dans le temps présent, l'histoire des protagonistes, sous une forme qui fait penser à l'acte final d'une tragi-comédie, avec, comme dans une pièce de théâtre, une série de quiproquos ironiques et désespérés, jusqu'à une fin d'une incroyable douceur et humanité (on retrouve la même douceur finale, belle à pleurer, dans L'Insoutenable Légèreté de l'Etre).

Et l'auteur imprime à tout le récit un rythme changeant, parfois calme, parfois très rapide. Il y a quelque chose de musical dans tout cela, ce qui n'est pas étonnant si l'on sait que Kundera fut musicien et son père un grand musicologue et compositeur.



Et la relecture du texte m'a révélé aussi une infinité de petits détails merveilleux (un exemple, ce porte-manteau assimilé à un personnage esseulé qui apparaît plusieurs fois dans le dernier chapitre).

Oui, un chef d'œuvre d'écriture.



Et puis il y a les thèmes abordés par ce récit, d'une très grande richesse et d'une grande complexité.



D'abord, le thème majeur de la dévastation, qui est bien analysée par François Ricard, le commentateur "attitré" des oeuvres de Kundera.

Un thème que Kundera déclinera de différents façons dans ses oeuvres futures.

Le héros, Ludvik, et, dans un registre différent, d'autres protagonistes, Jaroslav, Kostka, Lucie, sont des êtres déclassés, aux illusions perdues, à la jeunesse perdue. A l'opposé, il y a celles et ceux qui croient toujours aux valeurs du communisme (Helena), ou qui sont suffisamment opportunistes pour toujours maintenir leur pouvoir (Pavel Zemanek).

Mais Ludvik réalise à la fin que sa révolte, son désir de vengeance, ne sont que vanité et n'ont pas de sens. La simple conscience de vivre dans un monde de dévastation personnelle, et avec comme corollaire, la volonté d'oubli, l'acceptation du passé pour tel qu'il est, c'est à dire un monde perdu, en un mot, le détachement, permettent de retrouver le bonheur.

En ce sens, on pourrait dire que Kundera est un auteur qui rejoint les préoccupations et les aspirations actuelles, de celles et ceux qui prônent le retour aux valeurs simples de recentrage sur soi, du refus de l'égoïsme, de l'individualisme forcené. Mais chez lui, c'est plus que cela, je pense, car ce sont toutes les valeurs fortes de nos sociétés modernes qui sont sinon discréditées, au moins mises à distance, relativisées. Cela ne plait pas à tout le monde, et certains, dont je ne suis pas, critiquent ce qu'ils considèrent un côté passéiste et moralisateur.

Il y a d'autres aspects de la désillusion. Pour Jaroslav, l'exaltation dans sa jeunesse pour le retour aux racines profondes de la musique populaire, ainsi qu'aux traditions populaires, soutenus par la révolution communiste, fait place à l'amertume de se voir passé de mode aussi bien par le pouvoir, que par les gens, y compris son fils. Pour Koska, il y a la perte de la foi en une convergence entre christianisme et communisme, le doute sur sa sincérité dans sa relation avec Lucie.



Et puis le roman aborde d'autres thèmes. J'en cite quelques uns. Un thème troublant, qui reviendra dans d'autres livres (dont "La vie est ailleurs"), celui de l'intolérance de la jeunesse, de son fanatisme et de sa cruauté. Un autre, celui de la disproportion entre le caractère anodin pour nous de nos actes et leurs conséquences terribles (par exemple dans La Valse aux Adieux). Celui aussi de l'importance du lien avec la nature qui traverse tout ce roman. Celui de la relativité de la réalité selon les points de vue des êtres et le temps qui passe. Et enfin, bien entendu, celui de l'amour, à la fois de toutes ses méprises et de toute sa magie, un thème omniprésent dans l'œuvre de Kundera.



Mais, pour autant, je ne voudrais pas que mon propos laisse croire qu'il s'agit d'un roman ou d'une oeuvre philosophique. Rien de moins, toute l'histoire racontée et tous les personnages sont d'une incroyable vérité et nous marquent avec force.
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Les Testaments trahis

Cela faisait bien des années que cet essai prenait la poussière sur mes étagères. Lorsque j'ai décidé de passer le CAPES pour aller voir ce que l'on attendait des candidats, j'ai entrepris, non pas de réviser quoi que ce soit mais de relire quelques grands classiques et de lire "les oubliés" de ma bibliothèque. Le jour où je suis allée devant le centre d'examens pour l'épreuve de la composition française, j'en étais à la page 103 dudit essai. En découvrant le sujet, quelle ne fut pas ma surprise! Il s'agissait d'un extrait des Testaments trahis dans lequel Kundera pose la question de la moralité, de l'immoralité et de l'amoralité du roman.

Les considérations et les analyses de Kundera sont particulièrement intéressantes et pertinentes. Il ne se limite pas à la question de la littérature mais il aborde également celle de la musique. Ainsi, Kafka, Rabelais ou encore Janáček jalonnent cet essai, étayant les propos de l'auteur.



J'aimais déjà le romancier, je suis conquise par l'essayiste.



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La fête de l'insignifiance

La fête de l'insignifiance, dans mon cas, aurait également pu s'appeler L'ennui mortel d'une lectrice ! Décidément, le style Kundera n'est pas fait pour moi... Après 4 ou 5 livres, je crois que je peux déjà dire que je ne suis pas son public cible. J'ai trouvé une histoire sans histoire, une écriture soporifique, un sentiment de ne jamais réussir à venir au bout du bout... et pourtant, le livre n'est pas long. Bref, un moment de lecture à oublier !
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L'insoutenable légèreté de l'être

Ce livre me faisait de l'oeil depuis une bonne quinzaine d'années, avec un titre évocateur de tellement de promesses...



Bon, je n'ai pas aimé, et cela tient plus aux personnages relativement exaspérants (l'égoïsme de Tomas, Tereza qui s'accroche), qu'à la narration que j'ai trouvée riche en réflexions, intelligente.



Contrairement à d'autres livres abandonnés, j'envisage de retenter la lecture de ce roman un jour ou l'autre.



Ce n'était peut-être simplement pas le bon moment...
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L'insoutenable légèreté de l'être

Qui n'a pas entendu parler de ce roman..... Roman oui peut-être mais presque un essai, un pamphlet de l'auteur sur l'amour : celui de Tomas et Tereza, sur l'existence, vus sous différents angles : amoureux, politique, sociétal entre autres.



Parce qu'aimer c'est renoncer à la force. (p164)



Milan Kundera examine, on pourrait dire à la loupe, la relation entre Tomas et Tereza, vue par l'un ou l'autre, leur rencontre, leurs déchirements, la jalousie, l'exode etc... mais aussi à travers Sabina, la maîtresse de Tomas et Franz qui va partager sa vie après qu'elle ait quitté Tomas. Il étudie chaque point de vue, de chaque protagoniste, les dissèque dans les moindres détails. On passe d'une époque à l'autre, on revient en arrière pour mieux comprendre.



Le roman se divise en sept parties (la dernière "le sourire de Karénine" (leur chien) est particulièrement touchante). Parfois le passage d'une partie à l'autre est un peu difficile, il faut reprendre la chronologie, se remémorer les faits, les replacer dans le contexte. Certains faits ou personnages (comme le fils de Tomas qu'il a refusé de voir) apparaisse brutalement....



Des profils très différents : Tomas, homme à femmes mais qui ne peut vivre sans Tereza, qui s'accroche à lui comme à une bouée de survie, qui s'endort en ne le lâchant pas, jalouse nocturne des femmes que voit Tomas, qui sent l'odeur du sexe sur lui. Sabina, elle, est la femme libre, qui veut que sa vie soit légère, artiste elle ne s'attache pas. Franz lui a quitté femme et fille pour vivre avec Sabina et partira après leur rupture sur la frontière cambodgienne se confronter aux affres de la guerre et à la manipulation des images par les médias.



Crois-moi un seul livre interdit dans ton ancien pays signifie infiniment plus que les milliards de mots que crachent nos universités. (p151)



Mais bien au-delà de l'amour, Kundera examine l'attachement à son pays, l'invasion par l'étranger, l'exil et les renoncements nécessaires afin de donner à l'humain son équilibre, sa légèreté, son bonheur. Faut-il combattre, faut-il partir, faut-il accepter quand l'envahisseur impose sa dictature. 



L'écriture et le style m'ont plu mais c'est cela relève presque de la philosophie de la vie, des valeurs humaines, de l'attitude de l'humain face à des exactions, 



Est-on innocent parce qu'on ne sait pas ? un imbécile assis sur le trône est-il déchargé de toute responsabilité du seul fait que c'est un imbécile ? (p255)



le rapport à la religion, à la croyance et à ses incohérences.



La merde est un problème théologique plus ardu que le mal. Dieu a donné la liberté à l'homme et on peut donc admettre qu'il n'est pas responsable des crimes de l'humanité. Mais la responsabilité de la merde incombe entièrement à celui qui a créée l'homme, et à lui seul. (p352)



Véritable constat sur l'humanité, sur ses dérives, qui ne peut laisser indifférent, une lecture qui porte à réfléchir sur notre propre vie, sur notre propre attitude, qui m'a permis également de faire une introspection dans ma propre vie, sur les événements qui se répètent, sans que peu de chose change, malheureusement toujours d'actualité. C'est le genre de livre que l'on peut lire à n'importe quelle époque, on trouvera toujours à puiser.


Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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L'insoutenable légèreté de l'être

L'insoutenable légèreté de l'être se déroule principalement en Tchécoslovaquie dans les années 1960 et 1970, plus précisément du Printemps de Prague (1968) à l'occupation soviétique qui en résulta. Milan KUNDERA explore la vie artistique et intellectuelle de la société tchèque à partir du portrait de quatre personnages intimement liés. C'est Tomas, chirurgien de profession et mari volage ; c'est sa femme, Tereza, photographe angoissée par les infidélités de son mari ; c'est Sabina, artiste avant-gardiste et maîtresse de Tomas ; c'est Franz, universitaire amoureux de Sabina.



La mise en scène de ce quatuor est pour KUNDERA le prétexte d'une réflexion philosophique sur le sens de la vie face aux contingences sociétales. Ainsi chacun représente-t-il une figure métaphorique, de la pesanteur de Franz à la légèreté de Sabine, en passant par l'ambiguïté de Tomas et la morale de Tereza. Ce faisant il ouvre un débat avec les présocratiques, notamment Parménide, et la philosophie nietzschéenne. Aux premiers il conteste la vision manichéenne du monde selon laquelle il est constitué de paires d'entités opposées (la lumière et l'obscurité, l'être et le néant, la légèreté et la pesanteur...) ; pour KUNDERA la vie humaine ne peut être classée dans l'un ou l'autre pôle faisant d'elle une équation insolvable. A la seconde il récuse la théorie de l'éternel retour selon laquelle l'univers et les événements qui le constituent sont cycliques ; pour KUNDERA au contraire chaque histoire est unique, chaque être humain construit sa vie en faisant des choix intimement liés aux contextes dans lesquels ils sont faits ; c'est d'ailleurs pourquoi la vie humaine est précaire, mais aussi force de progrès.



Roman philosophique donc, L'insoutenable légèreté de l'être est aussi un roman politique dans la mesure où la toile de fond est l'occupation soviétique d'un pays qui a voulu s'ouvrir au monde extérieur. Ainsi, pour KUNDERA, le communisme est-il synonyme de mort de l'individu et de vide culturel (rappelons qu'il est lui-même d'origine tchèque et qu'il a personnellement vécu ces événements avant de devenir français). C'est aussi une très belle histoire d'amour(s) teintée d'un érotisme délicat. C'est en fait un superbe roman, pas si difficile à lire qu'il n'y paraît de prime abord, grâce à une prose aussi belle que fluide et des images aussi fortes qu'émouvantes. De ces dernières l'excellente adaptation cinématographique de Philip Kaufman (1988) peut d'ailleurs témoigner.
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Les Testaments trahis

Critique éclairé de Kafka et Stravinsky, Kundera propose dans ses Testaments trahis une analyse brillante du roman et par extension de la musique dans leur rapport à l'émotion. Je reste encore étourdi par cet essai vraiment brillant. Un éloge critique de Kafka qui me réjouit, une renaissance de Stravinsky qui fait palpiter sa magnifique musique. Je me retiens de trop d'éloges pour ce livre qui est justement l'anti-panégyrique. Kundera reproche par exemple à Brod d'avoir trahi Kafka par trop d'éloges (la kafkologie!). Je voudrais donc me garder de trop encenser ce bel essai, qui apporte vraiment un éclairage utile à l'histoire du roman et de la musique ; le lien entre Rabelais et Hemingway, Bach et Stravinsky. On pourrait lui opposer une certaine vanité dans l'expression de celui qui a vraiment compris les grandes oeuvres contre tous ceux qui les ont méprisées. Mais au final, il y a bien dans ce livre une vraie délectation des oeuvres. J'allais oublier comment Kundera admire (de façon critique toujours) ses compatriotes. J'ai cité kafka déjà, mais j'oubliais Janacek, et qui connaît La petite renarde rusée comprendra cette admiration. Un livre qui donne envie de lire, et une fois n'est pas coutume, d'écouter de la musique !
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La fête de l'insignifiance

J’ai été étonné de lire que ce dernier roman de Milan Kundera, La fête de l’insignifiance, pouvait être considéré comme la synthèse de l’œuvre de cet écrivain décédé le 11 juillet 2023. Il l’a écrit vers ses quatre-vingt-cinq ans et formerait une sorte de testament... Quel héritage nous lègue-t-il ? Un héritage grandiose si j’en crois l’interview de Kenzaburo Oé par Laure Adler citée dans ma précédente chronique, où le prix Nobel de littérature affirmait, enthousiasmé, que ce livre ultime de Kundera était « stupéfiant, le plus grand, une construction gigantesque » et « renfermait même le monde entier »… L’occasion devenait impérieuse de relire cet auteur réputé incontournable, dont je ne connaissais que "L’insoutenable légèreté de l’être".



Il s’agit d’un court récit en sept parties divisées elles-mêmes en petits paragraphes. Alain est fasciné par le nombril des jeunes femmes. Charles obnubilé par Staline. Caliban et Ramon se retrouvent au cocktail d'anniversaire de D'Ardelo, un ancien collègue de Ramon, qui feint d'être atteint d'un cancer incurable. Autant de personnages masculins, assez peu caractérisés, et des femmes réduites à leur nombrils, évoquées comme conquête, à séduire. J’ai vite compris que les héros ne sont que des marionnettes actionnées par l’auteur pour une vaine recherche de bonheur, illustrant « une époque qui est comique parce qu’elle a perdu tout sens de l’humour ». On y disserte : « Une plumette plane sous le plafond » puis de la « chute des anges » (les héros, les dieux ?). La fête de l’insignifiance est vue à coups de sentences définitives par des compères que j’ai fini par imaginer refaire le monde – le défaire plutôt – autour d’un verre au café de la gare. Des histoires cocasses mises dans la bouche de Staline, Khrouchtchev... mauvaises blagues d’une époque révolue.



« En effet, de quoi cette chute est-elle le signe ? D’une utopie assassinée, après laquelle il n’y en aura plus aucune autre ? D’une époque dont il ne restera plus de traces ? Des livres, des tableaux rejetés dans le vide ? De l’Europe, qui ne sera plus l’Europe ? Des blagues dont plus personne ne rira ? »



Curieux roman qui dérive souvent vers l’essai, une succession d’impressions vagues, des sentiments du moment, sur le ton d’évidences qu’il n’est pas nécessaire d’argumenter – logique puisque rien n’a d’importance...



Pourtant l’autobiographie n’est pas loin et si Milan Kundera est un auteur très secret sur sa vie personnelle, transparaît en quelques passages des fêlures familiales. Il y est question d’une mère trop tôt absente (on trouve facilement des renseignements sur son père mais rien concernant sa mère). J’ai trouvé ces passages là intéressants, dommage qu’ils soient rares et disséminés dans un ensemble décousu.

« Alain se taisait, puis il dit d’une voix paisible : De quoi te sens-tu coupable ? De ne pas avoir eu la force d’empêcher ma naissance ? Ou de ne pas t’être réconciliée avec ma vie qui, par hasard, n’est quand même pas si mauvaise ? »



Un livre que je trouve bien sombre et inquiétant, l’insignifiance peut-elle être philosophique alors qu’elle signe l’impossibilité même d’un sens quelconque ? Comment Kenzaburo Oé dans l’interview citée auparavant, peut-il voir l’insignifiance de Kundera comme l’affirmation d’un monde contenant tous les sens, toutes les possibilités ? Une condition humaine dépourvue de sens ou qui les contient tous, en quoi l’absolu peut-il être compatible avec notre monde ? Pour ma part j’y ai vu une fois de plus mis en avant l’absurdité d’un angélisme passé de mode, de droits de l’homme nuls et non avenus, l’affirmation que tout se vaut et que se moquer de tout est la solution pour conserver sa bonne humeur, seul horizon encore atteignable...



Une lecture qui m’a fortement déconcerté, vous l’avez compris si vous m’avez lu jusqu’ici. La douleur des échecs chez ce vieil homme qu’est alors Milan Kundera transparaît et, il me semble, bien peu de chose autre, ce qui ne fait pas le chef-d’œuvre annoncé. Renfermer le monde entier dans une centaine de pages ? Ou grosse blague d’un vieil homme désabusé qui ne devrait pas être utilisé pour l’édification de nouvelles statues ?



L’avez-vous lu ? Quel est votre avis sur cet auteur et ce livre en particulier ?

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Et toujours, la chronique complète sur Clesbibliofeel, lien direct ci-dessous.
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Risibles amours

Marivaudage à la Pragoise sous l'oeil de Moscou, ces Risibles amours relèvent dignement le défi de celui qui, aux dires de Voltaire, "pesait des œufs de mouches dans des toiles d'araignée".

En sept nouvelles, Kundera sonde les amours humaines, explore les séductions, fouille les cœurs, dissèque les parades nuptiales en opérant un grossissement XXL des multiples manœuvres amoureuses.

Là où Milan diffère de Pierre, c'est dans le cynisme employé. Aucune frivolité dans ces amours de l'est. Les hommes y sont chasseurs, souvent cruels, et les femmes offrent un panel de douloureuses névroses.

Mais qu'espérer du bonheur en Bohème de 1959 à 1968, quand l'appareil d'État s'invite dans votre chambre et scrute sous vos draps afin de s'assurer de leur virginité révolutionnaire?

Fortement marqué par la mise au pas de son pays, Kundera écrira dans Les testaments trahis que Risibles amours est le manuscrit qui a tracé la route de l'immense auteur qu'il fût. Il y a trouvé ce regard de froide lucidité sur les thèmes qui jalonneront toute son œuvre avec constance: l'impossible cloisonnement de la sphère privée, la dualité impossible de l'intime, et bien sûr, ce paradoxe rongé jusqu'à l'os de l'insoutenable légèreté de l'âme.

On a pu dire de ce recueil qu'il relevait "des écrits de jeunesse". C'est pour moi une oeuvre totalement aboutie, construite avec brio et qui compose un réel chef-d'oeuvre.

Il est amusant de constater que, comme Marivaux, Kundera a perdu son prénom dans la célébrité. Un autre géant l'avait aussi perdu, indissociable de Kundera, Kafka. Kafka auquel on ne peut pas ne pas penser au détour d'une virgule ou d'un retour à la ligne.

J'espère que, maintenant réunis, ils marivaudent avec bonheur dans des paysages moins sinistres que ceux qui ont hanté leur œuvre.
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L'insoutenable légèreté de l'être

J’étais jeune adulte quand j’ai lu pour la première fois "L’insoutenable légèreté de l’être". À l’époque, je ne pouvais m’empêcher de penser à la beauté poétique de son titre et j’en avais apprécié la lecture, en particulier la portée philosophique des thèmes traités. Cette nouvelle lecture m’a également plu notamment pour la façon nuancée dont ce roman dépeint l’amour.

L’histoire, qui se déroule principalement à Prague à la fin des années 1960 et au début des années 1970, décrit la vie d’artistes et d’intellectuels tchécoslovaques en partie entre le Printemps de Prague et l’invasion des troupes du Pacte de Varsovie. Elle se concentre sur un quatuor de personnages composé de Tomas, un célèbre chirurgien, de sa compagne photographe Tereza, de Sabina son amante peintre et de l’amant de Sabina, Franz, un professeur d’université. Tomas a deux centres d’intérêt : son travail et les femmes. Il tombe amoureux de Tereza, mais considérant que le sexe et l’amour sont deux notions distinctes, il est incapable de renoncer à ses maîtresses, ce qui rend Tereza extrêmement jalouse. Cependant, en raison de sa faiblesse, cette dernière ne peut se révolter et garde ses tourments pour elle en faisant semblant de ne pas soupçonner les tromperies de Tomas. Sabina est une idéaliste, un esprit libre. Elle a une brève liaison avec Franz, dont elle tombe follement amoureuse, mais n’ayant pas le courage d’établir une relation sérieuse, elle s’enfuit, le laissant seul, sans même un mot d’adieu. Franz poursuit le souvenir de Sabina et c’est ce qui le mènera à une fin tragique. On rencontre aussi Simon, le fils de Tomas qu’il n’a pas reconnu et Karenin, la chienne de Tomas et Teresa, sorte de trait d’union et de réflexion pour le couple.

L’intrigue est constamment accompagnée de réflexions philosophiques. Ainsi, des idées de "L’insoutenable légèreté de l’être" tournent autour du thème de "l’éternel retour" de Friedrich Nietzsche. Peut-on d’ailleurs trouver ouverture de roman plus merveilleusement philosophique que celle-ci ?

« L’éternel retour est une idée mystérieuse, et Nietzsche, avec cette idée, a mis bien des philosophes dans l’embarras : penser qu’un jour tout va se répéter comme on l’a déjà vécu et que cette répétition va encore indéfiniment se répéter ! Que veut dire ce mythe insensé ? »

Un mythe insensé, voilà une réponse succincte à l’un des concepts philosophiques les plus difficiles, tout en ayant la sagesse de l’écrire avec ses propres mots. Cette explication sert d’introduction au personnage de Tomas et il en est ainsi tout au long du récit, un commentaire philosophique précède ou suit les décisions des personnages. Tout en se faufilant dans la vie de ses quatre personnages principaux et dans leurs réflexions individuelles sur divers sujets, le récit parvient à saisir les affres d’une nation prise dans l’étau soviétique, tout en s’égarant régulièrement dans un fil de méditations philosophiques. S’il y a une faiblesse à ce procédé, elle se situe dans le fait que le roman a une structure fragmentaire et prend parfois la forme d’exercices théoriques avec des personnages incarnant de grandes idées philosophiques. Et si Kundera parvient à toucher l’esprit et le corps, le cœur reste souvent froid. Il y a un sentiment d’artificialité si l’on s’attarde sur la construction du livre, comme si l’auteur ne faisait qu’incarner des idées avec des marionnettes à des fins d’illustration. Car le roman traite de nombreux thèmes, une sorte de roman à thèse, mais si ouvert, si souple et si mouvant qu’il peut facilement se plier à la forme que prend l’esprit de chaque lecteur, d’où des interprétations différentes selon la nature de chacun. Certains verront dans ce livre un récit de rencontres amoureuses, d’autres le roman d’un intellectuel exilé et engagé contre le communisme, d’autres encore une méditation sur la liberté individuelle. Pour ma part, j’y vois plutôt un texte sur la tyrannie, usurpée ou légitime, grande ou petite, celle que l’on endure ou celle à laquelle on résiste, celle à laquelle on se soumet par amour ou celle qu’on maintient à distance, la tyrannie du kitsch ou celle des passions. Milan Kundera critique le kitsch, responsable selon lui d’une perte de dimensions dans l’existence humaine qui devient alors d’une insoutenable légèreté. Kundera l’oppose au doute. « Au royaume du kitsch totalitaire, les réponses sont données d’avance et excluent toute question nouvelle. Il en découle que le véritable adversaire du kitsch totalitaire, c’est l’homme qui interroge. » Le livre cherche à explorer d’autres questions qui tournent autour d’idées contraires telles que la vérité et le mensonge, l’amour et la haine, la liberté et l’esclavage, la lourdeur et la légèreté.

J’ai été sensible lors de cette nouvelle lecture à la façon nuancée dont ce roman dépeint l’amour. Le récit reconnaît et représente la beauté de l’amour tout en montrant à quel point il est de nature psychologique et donc manipulable. Milan Kundera peut décrire les relations amoureuses avec des formules originales ou des répliques surprenantes. « Cette danse semblait proclamer que son dévouement, cet ardent désir de faire ce qu’elle lisait dans les yeux de Tomas, n’était pas nécessairement lié à la personne de Tomas, mais qu’elle était prête à répondre à l’appel de n’importe quel homme qu’elle eût rencontré à sa place. » Mais Kundera peut également décrire l’amour de manière ordinaire. Que se passe-t-il lorsque Tereza prend sa valise pour rejoindre Tomas ? Y a-t-il de la musique dans l’air, des papillons qui volent, des oiseaux qui chantent ? Non, « ses entrailles [sont] prises de gargouillements » dès qu’elle voit son amoureux, car « toute à l’idée de son audacieux voyage elle en [avait oublié] de manger. » Au-delà de cette trivialité, trouver l’amour ne résout pas miraculeusement tous les problèmes. L’amour s’accompagne souvent de jalousie, de méfiance, de mensonges, de tromperie, de douleur. Pourtant, les amants y trouvent une certaine force et font tout ce qu’ils peuvent pour s’y accrocher. Marie-Claude réplique ainsi à son mari en souriant : « L’amour est un combat. Je me battrai longtemps. Jusqu’au bout. »

Milan Kundera lie deux histoires d’amour, celle de Tereza/Tomas et celle de Sabina/Franz, en examinant comment l’amour peut soit nous élever, soit nous alourdir. Sans donner de réponses définitives, les personnages s’interrogent sur cette ambiguïté. La légèreté est-elle positive, la lourdeur négative ? Ou bien est-ce le contraire ? Si Sabina semble poursuivre une quête de légèreté, l’attitude de Tomas est bien plus équivoque. Finalement, ni la lourdeur, ni la légèreté ne sont essentiellement positives et, par conséquent ni la compassion ou la trahison, la fidélité ou l’infidélité. L’auteur nous laisse avec beaucoup de questions existentielles troublantes à méditer sans chercher à y répondre une fois pour toutes. Peut-être parce qu’il n’y a pas de réponses claires à ces questions.

La vie est en fin de compte un jeu de hasard. On ne sait pas ce qui va se passer. On peut être indécis, s’efforcer de trouver un sens aux fouillis de notre vie, la mener avec légèreté ou lourdeur, le plus important étant en définitive de la mener en sorte qu’on puisse souhaiter qu’elle se répète éternellement. On peut ainsi s’accrocher à l’amour, qu’il soit platonique, romantique, sexuel, spirituel et alors peut-être en comprendre sa complexité et sa beauté.

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L'insoutenable légèreté de l'être

Je découvre Kundera avec bonheur. « L’insoutenable légèreté de l’être » mêle de façon très habile histoire intime et grande Histoire. Kundera nous parle en effet de l’amour et du couple en même temps qu’il évoque l’histoire tragique de son pays placé sous le joug de l’URSS dans les années 60. Le Printemps de Prague est la toile de fond de ce roman très étonnant que je relirais avec plaisir tant il aborde des questions existentielles très profondes.
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L'insoutenable légèreté de l'être

Difficile de résumer ce roman qui ne se présente pas tellement comme un roman d'ailleurs, mais navigue entre fiction, analyse historique, philosophie... Qu'on en fasse une lecture romanesque sur les rapports amoureux et la quête de liberté et de bonheur, ou une lecture historique sur le communisme et l'invasion et l'occupation russes en Tchéquie, ou une lecture philosophique sur la nature humaine à travers notamment l'amour et la sexualité, l'intérêt réside toujours au-delà du cours des événements, plutôt dans les commentaires du narrateur.

J'avoue que j'avais gardé un souvenir sceptique sur l'écriture de Kundera que je jugeais à la fois trop théorique pour du roman et pas assez acérée pour un essai philosophique, ici, la forme du récit est pleinement justifiée par le propos et on ne lâche que difficilement ces 450 pages environs ! L'analyse philosophique est limpide et le roman vient la servir à merveille comme les commentaires philosophiques, historiques, littéraires... viennent enrichir l'histoire des personnages.

On est ici bien au-delà d'un manifeste libertin ou politique, mais dans une vraie quête de vérité et de liberté de chaque individu.
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La fête de l'insignifiance

Comme toujours, Kundera y alterne l’essai et le récit. De la même façon que dans son roman L’immortalité, il fait naître des personnages par le regard ou par l’art de flâner.

C’est ainsi qu’en se baladant au Jardin du Luxembourg à Paris, Alain découvre que toutes les jeunes femmes ont décidé de montrer leurs nombrils par des tenues appropriées. Ce petit orifice qui occupe le centre du ventre fait converger vers lui tous les regards des hommes. Alain, l’un des personnages principaux du roman, conclut que le nombril a surclassé sur l’échelle du fantasme érotique certaines parties traditionnelles qui faisaient rêver les hommes. Cette nouvelle façon de séduire laisse Kundera perplexe, surtout quand il dit : «Mais comment définir l’érotisme d’un homme (ou d’une époque) qui voit la séduction féminine concentrée au milieu du corps, dans le nombril ?». On est loin des canons de la beauté du XIXe siècle qui s’incarnait dans Boule de suif, personnage emblématique de Guy de Maupassant. Mais Kundera, s’il évoque cette partie, ce n’est pas par hasard, c’est une manière peut être pour lui de fustiger une époque qui se caractérise par plus d’individualisme et d’égotisme. Deux fléaux ayant contaminé la littérature avec cette mode d'«auto-fiction» qui s’éternise au dépend de la fantaisie littéraire et de l’imagination débridée.

D’autres protagonistes viennent donner la réplique à Alain. Ce sont des amis avec qui il entretient des relations très cordiales. Une amitié à quatre qui laisse place aux mensonges. Comme ce Cabestan, nom étrange qu’il tient d’une pièce de théâtre de Shakespeare, mais aussi acteur médiocre qui ne trouvant aucun engagement au théâtre, vit d’expédients. Il hante les soirées mondaines comme serveur, faisant croire à ses employeurs qu’il est d’origine pakistanaise. Á chaque fois qu’il est engagé, il baragouine une langue incompréhensible que les hôtes trouvent très originale et même exotique. Les facéties de ce personnage permettent à Kundera d’évoquer l’art de la blague à travers la figure du dictateur soviétique, Staline. Selon l’auteur, il aimait raconter des blagues lors des réunions du Polit Bureau et attendait de ses vis-à-vis des rires conséquents. Hélas, ses blagues ne faisaient rire personne et suscitaient même l’indignation de ses camarades qui ne comprenaient pas comment on pouvait raconter de telles inepties et croire ensuite que l’on est drôle.

Le troisième personnage à faire son apparition dans le roman est Charles qui organise des cocktails et fait travailler son compère Cabestan. Les cocktails mondains sont un bon poste d’observation de l’évolution des mœurs et des changements de la société. Kundera aborde d’autres thèmes comme ceux concernant la mode qui consiste à courir les expositions, surtout à Paris où les attentes devant certains musées donnent le tournis. Alain le flâneur découvre un de ses amis Ramon qui faisait la queue pour aller voir les tableaux de Chagall. La foule qui attendait n’était pas enthousiaste, selon Kundera, qui écrit à ce propos : «Il voulait les voir, mais il savait d’avance qu’il ne trouverait pas la force de se laisser transformer bénévolement en une partie de cette interminable queue qui lentement se traînait vers la caisse ; il observa les gens, leurs visages paralysés par l’ennui, imagina les salles où leurs corps et leurs papotages couvriraient les tableaux, si bien qu’au bout d’une minute il se détourna et emprunta une allée à travers le parc.»

Kundera donne, à travers le comportement de certains personnages, à voir et à comprendre des phénomènes sociétaux modernes. La filiation, autre thème déjà traité, surtout dans La Vie est ailleurs, est remis au goût du jour à travers la relation qu’entretient Alain et sa défunte mère. Alain donne l’impression qu’il est en dialogue permanent avec elle. Il n’arrête pas d’évoquer les conditions de sa naissance miraculeuse après une grossesse non désirée. Alain entend sans cesse la voix de sa mère, comme s’il n’avait pas coupé le cordon ombilical avec elle, d’où peut être ses différentes réflexions sur la mode du nombril. La Fête de l’insignifiance est un roman très court mais d’une densité poétique et philosophique consistante. Le point de vue que développe l’auteur sur les choses de la vie reste très original et perspicace, donnant à cette œuvre une grande puissance. Une puissance qui parvient à

rendre essentielle toutes les futilités de la vie.

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L'insoutenable légèreté de l'être

Il y a environ trente ans que j’ai regardé le film « L'insoutenable légèreté de l'être » au cinéma. J’étais étudiant, la vie était belle, les perspectives d'avenir étaient attirantes, et patati et patata. Le film était impressionnant ; on pouvait facilement s’identifier avec les beaux protagonistes tchécoslovaques et haïr les armées soviétiques qui envahissaient Prague.

Aujourd’hui, après 30 ans, je me souviens encore de quelques scènes de ce film : les divers visages, la femme blonde avec le chapeau, les gens et les soldats qui se battent dans les rues de Prague... C’était vraiment un film excellent. Le titre est aussi beau, même en néerlandais ça sonne bien : « De ondraaglijke lichtheid van het bestaan ». Pour quelconque raison je n’ai jamais lu le livre, ni en néerlandais, ni en anglais. Le mois dernier, j’ai trouvé la version française de ce livre par hasard et alors, finalement, je pouvais l’ajouter à ma collection française. Évidemment, c’est toujours une confrontation risquée : lire un livre après avoir regardé le film et vice versa, on pourrait facilement être déçu. On dit souvent que « le livre est mieux que le film ».

Bien que je trouve la plupart du livre très intéressant et bien que je pense qu’il présente quelques idées philosophiques vraiment intrigantes, je suis un peu déçu. Je trouve l’organisation de l’histoire un peu confuse, particulièrement la chronologie des événements. Les événements sont décrits par divers personnages. Évidemment, l’auteur a eu ses raisons pour présenter son récit comme il l'a fait, mais je ne comprends pas pourquoi exactement il n’a pas respecté la chronologie.

Bien que le texte soit facile à lire, malgré les digressions philosophiques, j’ai du mal à le terminer. Normalement, il me prend quelques jours pour terminer un livre, mais cette fois, j’ai eu besoin de plus de temps pour finalement atteindre la page finale. Je suis sûr que je ne regarderais pas le film si j’ai lu le livre d’abord. Lire le livre après avoir regardé le film, on prend un risque d’être déçu, même si on le lit seulement après 30 ans.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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L'insoutenable légèreté de l'être

Tomas est un excellent chirurgien praguois ; Téréza une jeune serveuse parisienne qui décide de tout quitter pour le suivre. Que doit-il faire ?

L'auteur-narrateur est omniscient, "Je l'ai vu, debout à une fenêtre de son appartement, les yeux fixés de l'autre côté de la cour sur le mur de l'immeuble d'en face, et il ne savait pas ce qu'il devait faire."

Allait-il quitter sa vie de célibataire collectionneur de femmes en vivant avec Tereza ? La décision est difficile.

L'auteur annonce : c'est la décision fondamentale. Le choix entre légèreté et profondeur. Le roman retracera les trajectoires liées des vies de Tomas, Tereza, Sabina et Franz. La narration est récurrente, selon le point de vue conjoint de l'auteur et des quatre protagonistes.

L'insoutenable légèreté de l'être, ironie cruelle nous rappelant que nous resterons inachevés, la vie ne pouvant être recommencée pour faire mieux. Le destin, le tragique, le Grand, le Beau appartiennent à la pesanteur ; le dernier mouvement du quatuor de Beethoven : "Muss es sein ? Es muss sein ! Es muss sein !"

Les réflexions de Milian Kundera, profondes, parcourent son roman, et donne par moment à l'histoire le rôle de preuve par l'exemple. Divertissant et profond ; léger et lourd à la fois ! Un bon compromis.



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La valse aux adieux

Prenez trois pelotes, trois fils de couleurs, d'épaisseurs et d'origines différentes, trois caractères autrement dit et entrelacez-les, tissez-les ensembles. Un trompettiste (qui a du doigté), sa femme (qui fait son cinéma), son amante (maître chanteur). Acte 1.



Rajoutez ensuite deux nouveaux fils un américain (au coeur fragile mais pas solitaire) et un docteur (qui donne le meilleur de lui-même), ces deux tonalités supplémentaires vont se mélanger avec les trois premières. Acte 2.



Enrichissez votre ouvrage d'un ancien politique (prisonnier de son passé) et d'une curiste (cuite lentement à l'étouffée). Si vous avez pris soin de confiner le tout dans une petite ville d'eau où tout le monde se connaît alors, comme par enchantement, vous constaterez que plusieurs fils étaient déjà liés avant même votre intervention. Acte 3.



Enfin, il est temps de faire apparaître un dernier fil important,le jeune et délaissé amoureux de l'amante du trompettiste (on connaît la musique), plus quelques figurants qui enrichiront la palette de couleurs et donneront un peu plus de relief à votre histoire. Acte 4.



Si vous êtes un grand écrivain alors une préscience peu commune vous fera choisir la couleur bleu ciel pour un comprimé qui n'est pas du viagra et qui, au contraire, mettra fin à certains rapports. Un fil se casse, un fil file. le roman s'achève. Cinq jours, un lieu, le roman est plié. Acte 5.



Chapeau Mr Kundera, il y a bien peu d'écrivains pour tisser aussi finement et avec si peu d'ingrédients un tel roman.



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La valse aux adieux

Une valse à trois temps

Qui s'offre encore le temps

Qui s'offre encore le temps de s'offrir des détours du côté de

l'amour

Comme c'est charmant, une valse à quatre temps

C'est beaucoup moins dansant

C'est beaucoup moins dansant mais tout aussi charmant qu'une

valse à trois temps

Une valse à quatre temps, une valse à vingt ans

C'est beaucoup plus troublant

C'est beaucoup plus troublant mais beaucoup plus charmant

qu'une valse à trois temps

Une valse à vingt ans.



La valse à mille temps – Jacques Brel.



Nous sommes dans une ville d’eaux où les femmes viennent soigner leur infertilité.

Elle est Rozenna, infirmière au centre de cure.

Lui est Klima un grand trompettiste marié.

C’est d’abord une valse à deux temps. Elle attend un enfant de lui, il n’en veut surtout pas.

La valse à trois temps, c’est avec le docteur Skreta où il est question de procéder à un avortement.

Puis Bertlef et Jacub entrent en scène et c’est la valse à cinq temps.

Il nous manque encore Kamilla, la femme jalouse et Frantisek, l’amoureux éconduit pour danser la valse à sept temps.

Et ne pas oublier Olga pour danser la valse à huit temps.



Nous nous trouvons emportés dans une pièce tragi-comique où l’on a du mal à comprendre qui donne le tempo, qui influence qui, qui est le manipulateur, qui est la victime. Les choses ne sont jamais si simples et il y a dans la plupart des personnages un peu de persécuteur, de victime et de sauveur.

Seulement voilà, il y a dans un sac à main, un comprimé bleu pâle à dose létale...



Le rythme s’emballe dans une mécanique de grande précision. Derrière cette histoire se cachent quelques allusions au printemps de Prague que je n’avais pas perçus lors de ma première lecture : vouloir flirter avec la liberté nécessite qu’on en paye le prix.



Une valse à mille temps offre seule aux amants trois cent

trente-trois fois le temps

De bâtir un roman, la-la-la-la-la-la.



Challenge Multi-Défis 2023.

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Quatre-vingt-neuf mots / Prague, poème qui di..

« De l’esquisse à l’œuvre, le chemin se fait à genoux. » (Vladimír Holan)



Milan Kundera nous a quittés en juillet 2023. Exilé en France en 1975 après avoir été censuré et exclu du Parti communiste tchécoslovaque en 1979, il est déchu de sa nationalité tchèque, qui lui sera restituée en 2019.

Il ne voulait pas considérer son séjour en France comme un exil. Il voulait s’intégrer complètement dans la société et le milieu culturel français, où il a d’ailleurs été très honoré dès le début de son exil, et a eu rapidement un succès littéraire.

Il ne voulait pas jouer sur deux plans, tchèque-français, français-tchèque.

Les textes qu’il écrira en français, Kundera refusera de les faire traduire en tchèque, au grand regret de ce lectorat pour lequel ces ouvrages resteront inaccessibles. C’est une décision qui sera très impopulaire en Tchéquie, compliquant les rapports de l’écrivain avec les milieux culturels tchèques !

Milan Jungmann, un de ses amis, qui était lui-même dissident, a dans son texte « Les paradoxes de Milan Kundera » essayé de montrer que MK a changé en France, qu’il a effacé une partie de son existence tchèque pour plaire aux Français, comme il dit, pour se montrer un homme beaucoup plus intègre que comme on le voyait en Tchécoslovaquie à l’époque. Ce texte a beaucoup blessé Kundera, qui a pu prendre connaissance de ces mots traduits en français et publiés en France dans la revue « La Nouvelle alternative ».



Si Milan Kundera a écrit ses premiers livres en tchèque, c’est à partir de 1993, qu’il utilisera exclusivement le français. Les raisons de ce changement radical de choix de langue d’écriture sont largement abordées dans ce livre, qui explique les nombreux déboires que MK a rencontrés avec les traductions qui étaient faites de ses textes, les traducteurs se permettant de réécrire pratiquement ses romans en changeant complètement son style, coupant des passages réflexifs, changeant l’ordre des parties, etc.

Par exemple, pour traduire en anglais, le traducteur, en voulant faire un bon texte anglais, s’efforçait d’oublier que le texte n’était pas le sien, tâchait de penser, de sentir, d’imaginer à sa place ! Pour se détendre, il ajoutait partout au moins un petit mot de son cru ! Il renversait systématiquement sa syntaxe !

Kundera n’était pas seulement un romancier, mais également l’auteur de nombreux textes sur l’Europe centrale et sur l’art du roman, ce qui est d’ailleurs le titre de l’un de ses essais.

La partie essayiste de son oeuvre s’intègre dans ses romans. Dans ses essais, il y a une partie de roman, et dans ses romans, il y a une partie d’essai. Ces essais sont différents articles publiés dans la presse et qu’il a réussi par la suite à rassembler et qui sont aussi des réflexions sur son propre roman.

A travers ses essais, il semble essayer de légitimer son rôle de romancier.

Les Editions Gallimard ont choisi de publier ce nouveau livre en septembre 2023, qui présente deux textes très personnels de Kundera, qui ont initialement paru dans « Le Débat », une revue intellectuelle française fondée en 1980 par l'historien Pierre Nora.

Un jour, Pierre Nora a dit à Kundera : « En relisant toutes tes traductions, il t’a fallu bien réfléchir sur chaque mot. Pourquoi n’écrirais-tu pas ton dictionnaire personnel ? Tes mots clés, tes mots pièges, tes mots d’amour ? » et cette idée l’a passionné !

Ce fut donc l’élément déclencheur qui motiva Kundera à écrire le 1er des deux textes de ce livre, intitulé « Quatre-vingt-neuf mots », publié en 1985.

Il s’agit d’un dictionnaire individuel qui exprime bien la quintessence de la personnalité de Kundera, qui était fortement attaché à l’exactitude du sens des mots, lui qui avait l’horreur de la déformation de sa pensée, de ses propos, des mots qu’il prononçait. Il avait compris que le journalisme, de nos jours, a tendance à embellir, à simplifier, à couper certains propos, et il a donc décidé à partir de ce moment de ne plus accorder d’interviews.

Pour exemple, un jour il avait été interviewé par un journaliste, et lorsqu’il a lu l’interview dans la presse, il s’est rendu compte que le journaliste avait complètement déformé ses propos et qu’il avait écrit ce qu’il pensait pouvoir mieux expliquer aux Français et faire plaire.

Alors Kundera s’est senti complètement trahi parce qu’il tenait toujours énormément à l’exactitude et à la justesse du sens des mots qu’il choisissait dans ses propos.



« Quatre-vingt-neuf mots » a été publié plusieurs fois et réécrit. C’est un texte intéressant dans lequel Kundera explique à partir de chaque notion chaque mot concret, en définissant ce que cela signifie. Il définit de nombreux mots qu’il a choisis en citant des passages de ses nombreux romans, comme par exemple pour « Être » : « La mort a un double aspect : elle est non-être. Mais elle est aussi l’être, l’être affreusement matériel du cadavre ». (Le livre du rire et de l’oubli). Et encore, pour « Trahir » : « Mais qu’est-ce que trahir ? Trahir, c’est sortir du rang. Trahir, c’est sortir du rang et partir dans l’inconnu. Sabina ne connaît rien de plus beau que de partir dans l’inconnu » (L’insoutenable Légèreté de l’être).

Pour définir un mot à sa façon, parfois MK s’attarde sur la beauté que lui évoque la sonorité du dit mot, comme pour « Oisiveté » : « La mère de tous les vices. Tant pis si, en français, la sonorité de ce mot me paraît tellement séduisante. C’est grâce à l’association co-résonnante : l’oiseau d’été de l’oisiveté. »

Et pour le mot « Sempiternel » (une de celles que j’ai aimée entre toutes) :

« Aucune autre langue ne connaît de mot comme celui-ci, si désinvolte à l’égard de l’éternité. Les associations co-résonnantes : s’apitoyer – pitre – piteux – terne – éternel ; le pitre s’apitoyant sur le si terne éternel. » !



Le 2e texte de ce livre est intitulé « Prague, poème qui disparaît ». C’est un texte très émouvant et superbe, paru en 1980. Il suffit de le lire pour comprendre ce qu’il représentait pour lui. C’est le bouillon de culture dont il sort et qui a nourri la spécificité de son œuvre qu’il expose. C’est la richesse d’une culture née dans une « petite nation », mais dont la portée est universelle.

« Il me semble que la culture européenne connue recèle encore une autre culture inconnue, celles des petites nations aux langues bizarres, celle des Polonais, des Tchèques, des Catalans, des Danois. On suppose que les petits sont nécessairement les imitateurs des grands. C’est une illusion. Ils sont même très différents. »

On y trouve avec une nostalgie angoissée, la double condamnation de la

« civilisation soviétique » qui a étouffé et persécuté cette culture, et de l’Europe occidentale qui ne sait pas la reconnaître, ni même la connaître.

« Prague, ce centre dramatique et douloureux du destin occidental, s’éloigne lentement dans les brumes de l’Europe de l’Est à laquelle elle n’a jamais appartenu. »

Kundera ne situe pas la Tchécoslovaquie à l’est. C’est après 1 000 ans d’une histoire qui fut occidentale, que la Tchécoslovaquie est devenue, avec le fameux Coup de Prague, un pays de l’Est.

Prague a été la première ville universitaire à l’est du Rhin, ville capitale du baroque et de ses folies, qui a en 1968 vainement essayé d’occidentaliser le socialisme importé du froid.

Kundera nous peint un riche tableau de la culture tchèque avec ses hommes de lettres et ses musiciens. Il explique comment la culture tchèque a été maintes fois bafouée au cours de l’Histoire, mais que cette culture a su résister envers et contre tout et que des chocs multiples qu’elle a connus, sont nés toute une pléiade d’œuvres, un théâtre, un cinéma, une littérature, toute une pensée, tout un humour, toute une expérience intellectuelle unique.

Quand il écrit « Prague, poème qui disparaît » en 1980, il regrette que l’Occident n’ait pas su comprendre à temps le sens de l’explosion créatrice des années 60.

« Un rideau d’incompréhension occidentale a doublé le rideau de fer soviétique. L’invasion russe de 1968 a balayé la génération des années soixante, et, avec elle, toute la culture moderne qui l’a précédée. Nos livres sont enfermés dans les mêmes caves que ceux de Franz Kafka ou des surréalistes tchèques. Les vivants rendus morts sont côte à côte avec les morts rendus doublement morts. Qu’on le comprenne enfin : ce ne sont pas seulement les droits de l’homme, la démocratie, la justice, etc., qui n’existent plus à Prague. C’est toute une grande culture qui est aujourd’hui

-comme une feuille de papier en flammes

où disparaît le poème – (Vítězslav Nezval, La Femme au pluriel.)



Ce livre est intéressant à plusieurs titres. Il est rempli de riches réflexions de l’auteur et de nombreuses citations de différents écrivains tels que Čapek, Nabokov, Faulkner, Italo Calvino, Musil, Broch, etc. Il apporte un bon éclairage sur la personnalité et le travail de Kundera, sur ses intentions, ses pensées, son caractère. Grâce à cette lecture, on comprend mieux l’homme-écrivain, qui avait besoin de se mettre à l’abri des excès de la médiatisation, pour se concentrer dans le calme sur son travail, lui qui a souvent condamné les excès des mass-médias et ne supportait pas l’irrespect.

Ce livre est certainement la meilleure des introductions à l’univers romanesque de Milan Kundera, avec son ironie ravageuse et sa subtilité de jugement.

Il est certainement un bon complément de son essai « L’art du roman », paru en 1995.

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La plaisanterie

Il y a quelques semaines sur Arte, j’ai entendu, avec stupéfaction, qu’un homme s'est fait licencier de son entreprise pour faute, à cause de son manque d’humour. Il a dû se battre pour obtenir justice et finalement, il a obtenu sa réinsertion, mais c’est pourtant le signe du nouveau consensus qui règne dans les entreprises : maintenant, il faut faire preuve de bonne humeur, plaisanter à propos de tout et de rien, pour faire soi-disant régner la concorde.

J’avais oublié Kundera et la plaisanterie que je me suis décidée à relire quelques jours plus tard quand j’ai appris sa mort. Je suis frappée par l’étrange symétrie des deux évènements. Le deuxième, sous couvert d’une idéologie qui ne dit pas son nom, s’avance masqué, mais le résultat est le même. Dans l’un et l’autre cas, une simple divergence d'opinions, qui n’a pourtant rien d’essentiel et qui résulte juste d’un choix de posture, met en branle l’excommunication ou le bannissement avec toutes les conséquences que cela implique : perte d’emploi ou perte d’identité et de liberté.

C’est certainement très révélateur de la crise que l’on traverse...

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