Tout d’abord, un grand Merci Babelio et sa Masse Critique qui m’ont fait me pencher sur un passé musical lointain mais émouvant….. Celui de mon adolescence. Cela parait de la guimauve maintenant, mais, à l’époque, c’était très moderne. Pour les connaître, j’ai écouté leurs chansons sur You Tube. Quel ensemble vocal parfait, bien qu’un peu trop lisse, je comprends qu’Elvis Presley demandait un « son Brown » et que pour les Beatles, ce fut un exemple.
The Brown ? Non je ne connaissais pas. Ce trio est constitué de Maxine, Bonnie et Jim Ed, 3 frères et sœurs à la voie soyeuse, chaude et complice. Dans les années 50, ils sont plus connus qu’Elvis Presley. Vainqueur de tous les oscars de la country-music : « Chaque chanson sortie par les Brown en 1955 et 1956 faisait partie du Top Ten. Jamais dans l’histoire de la musique un groupe n’avait eu autant de tubes au Top Ten en l’espace de deux ans, ni autant de numéros un ».
Le registre des graves et des notes hautes au son li lisse, si fluide. Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, Pasty Cline, Buddy Holly et les Davis Sisters venaient les écouter. C’était un petit noyau dense ; les graines de ce qui deviendrait l’industrie multimilliardaire de la country de Nashville passaient par là, captivées par les Brown. »
Puis, tout change. « Certains des auditeurs passaient de la country à la pop…. Le public s’éloignait d’eux, il en suivait un autre à présent. Ce qui avait valu aux Brown une pareille adulation –leur capacité à camoufler leurs émotions sous une façade parfaitement lisse - serait en définitive leur faiblesse, mais ils seraient les derniers à le savoir. Il faudra un demi-siècle à Maxine pour le comprendre… »
Maxine Brown, l’ainée du trio ne peut se faire à l’idée qu’elle ne chantera plus jamais devant un public, que personne ne la reconnait, que son frère et sa sœur aient pu faire leurs vies en dehors du groupe. Elle remâche tout ceci à longueur de journée, des journées longues très longues. Elle peine à marcher depuis une vilaine chute, personne ne vient jamais lui rendre une petite visite, hormis Monsieur Buddy, un terrier à pois durs.
« Que faire de ces si longues journées, de cette interminable attente ? Quelquefois –même aujourd’hui, après avoir été oubliée pendant près de cinquante ans – elle envoie des mots rédigés à la main, des gribouillages tremblés de vieille femme, aux adresses de boîtes de nuit dont elle se souvient, ou à des compagnies de disques, pour demander du travail, un concert, un autre chance, un public…. »
Oui, la vie est dure pour Maxine. Elle a tout perdu en perdant la reconnaissance, sinon l’amour du public. L’alcool sera de la partie et la détruira un peu plus. Mais, jamais elle ne renoncera mais…… !!!
Rick Bass le note dans ses remerciements : « Les Brown sont réels, et ce qu’ils ont donné à la musique américaine, et la façon dont ils l’ont fait, sont réels aussi ; Nashville chrome, cependant, est une œuvre d’imagination….. Nashville chrome a pour objectif entre autre choses, de dépeindre le contexte émotionnel de leur parcours et ses défis ». Cette peinture d’une époque où beaucoup de choses étaient possible a vu éclore nombre de stars, idoles et les Brown une référence.
« Nous leur avons ouvert la voie, poursuit-elle, une pointe de l’ancienne amertume perçant déjà dans sa voix. Nous leur avons offert le succès sur un plateau d’argent et maintenant on dirait qu’ils ne respectent rien de tout cela ».
Dans ce livre, chaque chapitre est une petite histoire qui mêle biographie et roman, comme lorsque l’on raconte ses souvenirs, en passant du coq à l’âne.
J’ai eu beaucoup de plaisir à suivre les routes des Brown avec, en fond la musique âpre de la dépression. Pourtant, Maxine nous raconte une enfance heureuse, pleine d’amour, de chants et de musique, sans toutefois occulter leur misère et ses rapports fougueux avec son père alcoolique.
Je remercie à nouveau Babelio et sa masse critique ainsi que les Editions Christian Bourgeois pour cet instant de plaisir.
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