AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Rick Bass (246)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Sur la route et en cuisine avec mes héros

A 55 ans Rick Bass, écrivain et enseignant, se retrouve seul, isolé dans sa maison du Montana. Sa femme l'a quitté, il est en plein divorce et perd le goût de tout. Pour remettre de l'allégresse dans sa vie, il décide d'entamer un pèlerinage de «gratitude et de générosité» en rendant visite à ses auteurs préférés, ceux qui ont compté dans sa formation d'autodidacte, l'ont encadré au fil des ans. Il a conscience que vu leur grand âge, ses héros et mentors risquent de disparaitre chacun leur tour. Alors accompagné de Lowry et/ou d'Erin, ses étudiantes favorites, il va leur exprimer sa reconnaissance en se rendant chez eux pour leur concocter un bon repas.

En une quinzaine de courts chapitres, Bass relate sa tournée des "grands-ducs" de la littérature américaine, les quelques heures passées autour d'un repas en compagnie de ses écrivains préférés.

Leurs conversations informelles, à bâtons rompus, nous fait entrer dans leur intimité en dévoilant un pan de leur façon d'envisager la vie, l'amour, la nature et bien sûr, l'écriture.

On a l'impression de vivre un moment privilégié en partageant avec eux ces moments de convivialité. Ce carnet de voyage est un régal, même si on ne connait pas tous les auteurs rencontrés car Bass écrit avec beaucoup de vivacité. J'ai tout particulièrement apprécié de pouvoir découvrir ces rencontres en ne suivant pas l'ordre des chapitres. Incapable de contenir ma curiosité, j'ai commencé par l'un des derniers, celui concernant Joyce Carol Oates, et j'ai continué ma lecture en piochant au gré de mes envies. Que du bonheur !
Commenter  J’apprécie          210
Winter

Très beau récit de Rick Bass au travers du journal qu'il a tenu durant un hiver passé avec sa compagne dans l'ouest du Montana, tout près de la frontière canadienne, au coeur des Rocheuses, là où les hivers sont bien rudes, où le bois de mélèze à brûler et les chutes de neige sont le quotidien des habitants de cette belle vallée du Yaak.



Des descriptions de la nature, parfois très brèves mais non moins denses, des découvertes techniques comme le maniement et l'entretien de la tronçonneuse, outil indispensable, pour la préparation de l'hiver, des rencontres enrichissantes parmi les quelques habitants de la vallée. A ce propos, j'ai un peu regretté que l'isolement du couple ne soit pas plus total, pour le transformer en un véritable huis clos hivernal. Mais tel était le choix de l'auteur, presque même son absence de choix car il lui fut très difficile de trouver ce site qui corresponde à ses principales attentes.



J'avais aimé suivre Rick Bass à la rencontre des grizzlies, j'ai également savouré son hiver parmi les orignaux, les lièvres variables, la glace et l'immensité du ciel et de la montagne.



Une grande aventure humaine d'action physique et de réflexion intérieure qui ne peut que séduire tous les amateurs du genre.
Commenter  J’apprécie          210
Winter

Je fends, tu fends, nous fendons... du bois

*

C'est la deuxieme fois que j'essaie de lire Winter.

J'aime les romans contemplatifs, d'espaces encore sauvages, la nature sous toutes ses formes, l'abandon...

Ici il est question de tout ça. J'ai pourtant un avis mitigé.

Je m'attendais peut-être à un peu plus d'introspection de la part de l'auteur.

*

Dans la première partie il est surtout question d'installation dans le chalet, de prendre ses marques avec les habitants de la vallée, comment fonctionne une tronçonneuse, comment fendre du bois....(c'est l'automne)

Puis l'hiver arrive ....et surtout la première neige tant attendue. Pour l'auteur la neige est en quelque sorte son cadeau. La manne tombée du ciel, celle qui les isole de la société et qui les emmitoufle bien au chaud grâce au ...bois fendu!

C'est un journal raconté d'une manière assez linéaire. On suit tant bien que mal les aventures du couple qui finalement s'en sort plutôt bien. Je m'imaginais un mode "survie" .Mais non, malgré l'absence d'électricité, ils arrivent à vivre tranquillement, même socialement (dîners, jeux, gouters, voyage).

Souvent, je comparais ce récit avec les aventures hivernales de @Pete Fromm d' Indian Creek où je sentais vraiment que le jeune homme vivait son expérience "à fond", qu'il était vraiment coupé du monde.

*

Je n'ai pas eu d'émotions vis à vis des personnages. Je n'ai pas eu froid, pas eu peur pour eux....

En conclusion, je me suis ennuyée malgré l'écriture fluide de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          214
Le livre de Yaak : Chronique du Montana

L'auteur vient avec une infinie poésie nous raconter sous forme de ballades et nous expliquer son installation dans la vallée de Yaak dans le Montana. Pour lire ce livre, il faut vouloir partir un peu dans la montagne et les forêts. Ou, comment un lieu peut à la fois vous séduire, pour décider d'y passer sa vie, et à la fois vous adopter, en faire l'un de ses enfants. Loin de lui le tumulte du béton, et face à lui les industries de déforestation. Ou, comment un lieu peut avoir de la valeur, sentimental pour certains, vénales pour d'autres : ces gens-là traquent "les derniers espaces pour leur faire injure (...) comme si nous avions oublié que nous ne pouvons vivre ou survivre sans la grâce et la magie". Le pire à souhaiter après ce texte, est que chacun(e) trouve cet endroit où l'on décide de poser ses valises, et de s'y élever. De devenir partie prenante, intime, d'un tout, et de le rendre bien portant, vivant. Qu'est-ce qui fait qu'un jour on décide de quitter le monde des hommes, de la compétition et de l'urgence pour rejoindre celui des chênes, de la communion et du hasard ; qu'on arrête de mesurer pour rentrer dans la dé-mesure. D'accepter d'être tout petit, auxiliaire d'un tout, l'inexplicable magie du vivant. Je m'arrête là parce que déjà impliqué. Superbe cri d'alarme pour tenter de défendre encore (et encore) un coin sauvage.

Commenter  J’apprécie          203
La rivière en hiver

Les nouvelles de ce recueil présentent des hommes en prise avec la nature lors d'activités de plein air dans les grands espaces américains. Toutes capturent des instants à la fois banals et magiques mettant l'homme face à une nature tantôt accueillante, tantôt dangereuse mais toujours fascinante pour qui sait voir, sentir et entendre.

En la décrivant avec précision et sensibilité, Rick Bass souligne la séduction de lieux que seul un véritable amoureux de la nature peut sublimer avec une telle puissance évocatrice. Sans chercher les effets spectaculaires, ses mots font surgir toute une palette de couleurs, de senteurs et de sons qui immergent au coeur de paysages que l'on peut imaginer facilement, comme si on y était en vrai.

J'ai nettement entendu la neige craquer sous le sabot d'un chevreuil, senti la présence du cougar tapi dans l'ombre, respiré l'odeur estivale de la menthe écrasée. Et vu et entendu bien d'autres choses encore...

J'ai découvert Rick Bass l'an passé avec son excellent Sur la route et en cuisine avec mes héros. Je l'apprécie tellement que je vais continuer l'exploration de son univers en compagnie de Colter, son chien, déjà dans ma pal même si j'ai horreur de la chasse.
Commenter  J’apprécie          201
Winter

Rick Bass nous raconte dans ce journal son installation avec sa femme (artiste peintre) dans un coin perdu du Montana et leur premier hiver 1987. Plus qu'une description de sa vie sans électricité où l'enjeu principal est de se préparer correctement afin d'affronter l'hiver, ce témoignage est une ode à la forêt et à la nature sauvage. Sublime.
Commenter  J’apprécie          200
Les derniers grizzlys

Rick Bass est un magicien, magicien des mots, magicien dans la relation de ses tribulations dans les montagnes, en compagnie d'amis, de scientifiques, tout aussi passionnés que lui. Passionné : c'est là le maître-mot, celui qui fait le lien entre leur quête de traces de grizzlys dans les San Juan et nous... car quoi d'autre que la passion pour nous tenir en haleine en nous relatant leurs espoirs, déçus, l'impalpable certitude de la présence de grizzlys malgré l'absence de traces, page après page, nous marchons avec Bass, campons dans les bois, embourbons nos voitures, voyons des hardes de chevreuils nous dévaler dessus, et... finalement... bingo, entassons des crottes de grizzlys dans nos sacs à dos.

Ne vous privez pas du plaisir de cette lecture, c'est un grand et beau voyage qui vous attend!
Commenter  J’apprécie          201
Les derniers grizzlys

Quand on conseille un livre de Rick Bass, c'est souvent The Book of Yaak ou The Lost Grizzlies. On se pose la question, compte tenu du nombre d'écrits de Bass, de l'ordre de lecture. J'ai commencé par deux fictions puis poursuivi par The Book of Yaak, puis décidé de tenter une lecture plus ou moins chronologique. Je ne sais pas si finalement c'est bien nécessaire...

Lire Bass, pour moi, c'est une question d'humeur et d'attentes. J'ai de loin préféré Winter & the Book of Yaak à The Lost Grizzlies. Attention, les grizzlis sont tout aussi agréables. Mais je préfère Bass sur son propre terrain. Même Oil Notes m'a été plus agréable dans un sens. Je dirais entrez dans Bass par Winter, découvrez sa vallée avec lui, puis installez-vous avec The Book of Yaak.

Sur son terrain, Bass sait parler de magie et de mystère plus poétiquement, avec un œil presque naïf et émerveillé qui contre-balance sa conscience du constat terrifiant de la nature écrasée par anthropocentrisme, l'existence du tout au service de l'homme...

Loin d'être absents de ce tome, magie et mystère viennent s'y tisser progressivement pour apparaître plus clairement dans la troisième et dernière partie.

J'ai pu lire quelques critiques de lecteurs mécontents ou déçus indiquant leur ennui face aux facéties des principaux protagonistes des deux premières parties. Je peux le comprendre.

Pas du tout cet effet pour moi. Là aussi, Bass se montre fantastique.

Dans ma découverte de ce genre qui à chaque nouveau livre me semble plus riche, je construit petit à petit ma liste de livre et d'auteurs à découvrir ou approfondir. Bass sait citer un auteur ou un autre, ajoutant à ma curiosité, et ma liste.

Dans The Lost Grizzlies, il fait mieux: Doug Peacock. Découverte d'un personnage, de l'alter-ego du grizzli. Peacock qui donne envie de le découvrir, sa vie, son œuvre, son amitié avec Edward Abbey. À travers la première partie surtout, on se joint à l'équipée sauvage et rocambolesque de trois hommes dans les San Juan Mountains du Colorado, à la recherche des mythiques grizzlis. On sent bien la fascination et l'admiration de Bass pour Peacock, à travers quelques jours décrits comme une équipée de scouts maladroits et soûls du manque d'oxygénation en grande altitude. La deuxième partie est un peu moins drôle mais annonce la troisième, où la magie prend une place plus importante.



"Et les grizzlis?!" criez-vous tous. Ah, les grizzlis. Bass oscille entre doute et rêve, on voit encore une fois la dualité de sa réflexion (comme cette histoire de plein de bois pour l'hiver dans Winter), sa certitude que la magie de la montagne existe bel et bien et à travers elle, les insaisissables grizzlis, au cœur du mystère, et son esprit plus scientifique qui lui refuse presque de croire entièrement à ce qu'il entrevoit.



Bass revient toujours à son idée d'interconnexion, partant du haut de la pyramide, du prédateur qui régule les écosystèmes et leur permet de fonctionner et perdurer dans leur ensemble. Et le pas suivant qui fait trembler, celui que l'esprit moderne rationnel (à quel point?) écarte d'un revers trop rapide de la main, la disparition des grands prédateurs annonce celle de l'homme, lui-même grand prédateur. Et on apprécie sa réflexion sur le changement des mentalités, l'importance non pas de trouver une ligne complètement nouvelle mais de ne rien oublier, de reconstruire sur le savoir qui est déjà là, sur l'interconnexion, cette fois de l'homme et son environnement naturel, pas de décontextualisation, réciprocité.



En gros, j'ai lu avec un plaisir non moindre ce tome de Bass, mais différent. Et au lieu de reprendre illico ma lecture gourmande de Bass, je vais me tourner vers Peacock, ou pourquoi pas Barry Lopez? Non, Abbey. Non! Ehrlich... Aaaah, tant à lire!
Commenter  J’apprécie          202
Les derniers grizzlys

Récit d’hommes de la nature qui veulent prouver qu’il existe encore des grizzlys dans le Colorado. Le noyau principal est composé de l’auteur, Doug Peacock et Dennis Sizemone. Ces passionnés marcheront des jours à la recherche de poils, crottes, traces. Enfin tout ce qui pourrait apporter la preuve de la présence des Grizzlys et seront sensibles (le lecteur aussi) à la faune et la flore qu’ils croiseront. Mais il y a surtout, en toile de fond, le grand Edward Abbey, dont on ressent fortement la présence. Peacock qui a inspiré Abbey pour son héros dans ‘Le gang de la clé à molette’. Je reste au USA et avec Peacock en poursuivant sur son livre ‘Une guerre dans la tête’. Je pense qu’il va être amusant de découvrir ce que rédige un écrivain qui a été, par deux fois, le héros de romans. Comme il écrit dans ‘Une guerre dans la tête’ : La seule chose pire que de lire ses propres écrits est de devenir le personnage de fiction d’un autre.
Commenter  J’apprécie          190
Le livre de Yaak : Chronique du Montana

Rick Bass est allé s’installer dans le Montana à la fin des années 1980, plus précisément dans la vallée de Yaak, où il voulait se consacrer à l’écriture. Au milieu de la forêt, loin des grandes métropoles. Une vie tournée vers la nature et pour la nature. Au fil du temps il a vu évoluer cette terre, sous l’impulsion de l’homme.



Dans ce livre, chant d’amour à une vallée en mutation, il nous présente cette terre qu’il aime et qu’il voit évoluer. Il nous emmène à la rencontre des habitants : les êtres humains peu nombreux mais solidaires, les animaux de moins en moins en paix tant l’univers des hommes réduit leur territoire.



Ce livre est une succession de scènes de la vie dans les forêts du Montana. On passe de l’approvisionnement par livraisons express ou à la boutique de la petite ville la plus proche à la rencontre avec un grizzli, des incendies de forêts aux coupes blanches faites dans ces mêmes forêts par l’exploitation par l’homme.



Au fil des pages c’est l’évolution d’un écosystème qui, au lieu de s’auto-régénérer a commencé à s’autodétruire sous l’impulsion de l’activité humaine. Et les milliers de lettres adressées par Rick Bass à ses représentants politiques pour défendre cette vallée et en faire une zone protégée n’y font rien.



Malgré la passion que l’on sent chez l’auteur, je n’ai pas réussi à ressentir ce qui fait que cette vallée est si différente des autres, pourquoi plus que d’autres elle méritait d’être sauvée.



Un chant d’amour certes, mais qui laisse un goût un peu amer tant on sent que la nature a perdu la bataille contre la spéculation et le profit.

Commenter  J’apprécie          180
Les derniers grizzlys

" Un des écrivains les plus sensibles et intelligents de ce pays "

. Signé : The New York Times Book Review .



Et, ce livre , une fois de plus en est la preuve.



Rick Bass nous conte cette fois ses expéditions dans les San Juan Mountains (Colorado ).

Avec d'autres naturalistes et biologistes, il a pour mission de faire la preuve de l'existence de grizzlys dans cette région et ce dans le but d'obtenir leur protection. Chasse, braconnage, omniprésence humaine, écosystème martyrisé ont d'abord contribué à réduire leur territoire. Leur nombre n'a fait que diminuer jusqu'à faire craindre leur totale disparition.



Mais, l'ami Doug veille ! Quelle joie de le retrouver dans l'une des expéditions !

Peacock is back ! égal à lui même...

Et Bass ne se fait pas prier pour en parler! sous prétexte de le présenter à ceux qui ne le connaissent pas encore !

Bien sûr, manque le mentor, Abbey, mais qui voit Peacock voit Abbey, et Bass nous certifie que l'âme d'Abbey les accompagne ! Poignant...



Encore une fois, Rick Bass parvient à rendre son récit vivant en faisant alterner péripéties, anecdotes drôles , infos sérieuses et éléments biographiques.

Pour savoir s'il y a des grizzlys, il faut les suivre !

Mais, pour découvrir Bass peut-être vaut-il mieux commencer par "Le livre de Yaak " et pour apprivoiser Peacock, on a le choix :"Mes années grizzlys ", "Une guerre dans la tête " (de Doug Peacock ) et " le gang de le clef à molette " ( de Edward Abbey )...

Encore un livre que je quitte à regret...
Commenter  J’apprécie          170
Le livre de Yaak : Chronique du Montana

LE LIVRE DE YAAK de RICK BASS

Le YAAK est une vallée dans le Montana d’environ 200000 hectare aux deux tiers défrichés, ce livre a été écrit pour tenter de sauver ce qu’il reste, il s’adresse aux exploitants forestiers et aux hommes d’affaires. YAAK veut dire flèche, c’est là que vivaient les Kootenai.

Rick Bass et sa femme venaient du Mississippi et sont tombés amoureux de l’endroit. Elle était une artiste, il était un géologue qui voulait écrire. Au début ils trouvèrent un travail de gardiens dans un pavillon de chasse de 40 chambres. Dans ce nord ouest du Montana, à la frontière du Canada et en bordure de l’Idaho, il y avait 3 pasteurs et 3 trappeurs qui vivaient de la pêche et de la chasse. Les animaux étaient nombreux et variés, grizzly, ours noir, héron, loutre, castor, aigle, hibou, cerf, etc… plus tard ils habitèrent une petite maison en rondins au bord d’un étang, entourés de nature, enfin, ce qu’il en restait car les coupes à blanc des forestiers avaient laissé des traces monstrueuses. Aidés de quelques locaux ils vont tenter de mobiliser les politiques, les élus du Montana en premier puis tous les visiteurs qui passent des week-ends ou des vacances pour la pêche ou la chasse.

C’est un livre militant sans être partisan, qui n’ignore pas les problèmes économiques de survie de cette vallée reculée mais qui plaide pour une activité raisonnée n’excluant pas l’activité forestière mais l’intégrant intelligemment. C’est un très beau livre qui donne envie de visiter cet endroit déjà bien abîmé, où la vie est rude, les moustiques et les taons abondants, les hivers âpres mais le charme de l’écriture de Bass opère.

Écrit en 2007, Bass mentionnait que le YAAK malgré les efforts n’avait toujours pas fait l’objet d’une protection de la part du Congrès.
Commenter  J’apprécie          160
Les derniers grizzlys

Reste-t-il des grizzlys dans les San Juan ?



Pour les autorités américaines, et plus particulièrement pour le Service de la Pêche et de la Faune, chargé du programme de protection des espèces, le fameux Ursus horribilis n’a pas donné signe de vie depuis le siècle dernier.

Cependant un récent témoignage vient mettre le doute dans les esprits. Il n’en faut pas plus pour que Doug Peacock et Dennis Sizemore, tout deux spécialistes du grizzly, et leurs amis partent à sa recherche.



Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je ne suis pas super réceptive à l’écriture de Rick Bass, qui ne m’avait pas séduite dans d’autres de ses livres. J’ai persévéré pour celui-ci car j’avais beaucoup apprécié les écrits de Doug Peacock et son engagement en faveur des grizzlys. Cette randonnée en sa compagnie me tentait bien.

Et c’est vrai que Rick Bass décrit avec minutie la nature environnante et son envie de la préserver est très bien traduite. Il y a des passages pragmatiques, donnés techniques, compositions des sacs, liste de courses; Et des passages poétiques, descriptions émerveillées de la flore environnante, pensées philosophiques ou spirituelles.

Cependant, et en dehors de cette écriture aux accents parfois lyriques, et à laquelle je reste assez hermétique malheureusement, j’ai eu du mal avec le ton qu’emploi l’auteur pour parler de Doug Peacock.

Il l’admire visiblement, mais par moment j’ai eu l’impression d’être au pied d’une statue à la gloire de cet homme, par ailleurs un peu « bourru ». L’auteur boit ses paroles, imites ses actions, fustige les copains qui n’écoutent pas Doug. Comme un petit frère un peu collant. C’est troublant !

Dans le gang de la clef à molette, Peacock a également le beau rôle (sous les traits de Geoges Hayducke) mais il y a beaucoup plus d’humour, il est caricatural et excessif sous la plume d’un Edward Abbey espiègle et très drôle.

Ici le ton est presque geignard, et trop souvent mystique; Rick Bass voit de mauvais présages partout et compare sa quête du Grizzly avec la maladie de sa femme sans qu’on comprenne bien où se trouve le rapport…

Le projet en lui-même est intéressant, il s’agit pour Peacock et ses comparses de trouver des preuves de l’existence du grizzly dans les montagnes du Colorado.

Pour ces derniers représentants d’une espèce qu’on pensait jusqu’ici disparue de cette partie du continent américain, ce serait le sésame vers une protection renforcée de leur environnement. Pour les spécialistes qui participent au projet, ce jeu de piste aux accents parfois extatiques prend l’ambition démesurée d’une quête du graal naturaliste.

Et c’est là que le bât blesse, selon moi.

Je me suis parfois demandé si la poêlée de champignons ramassés par nos campeurs n’était pas un peu frelatée…



Au final, c’est la frustration qui parle car j’ai adoré ce périple dans les montagnes du Colorado à la recherche des derniers grizzlys, simplement j’aurais préféré que quelqu’un d’autre me le raconte.





Commenter  J’apprécie          160
Le livre de Yaak : Chronique du Montana

L'auteur décrit la beauté de la vallée de Yaak, la vie de ses habitants humains et animaux, et raconte son combat pour que cet espace soit classé zone protégée contre les grosses industries du bois. Un livre militant, qui n'est pas dénué d'émotion, mais dont l'écriture, trop souvent redondante, n'est pas à la hauteur du talent habituel de Rick Bass pour raconter des histoires.

La traduction de Camille Fort-Cantoni est à la hauteur, elle, par contre.

Challenge USA : un livre, un État (Montana)

LC thématique de novembre 2021 : ''Faites de la place pour Noël”
Commenter  J’apprécie          160
Toute la terre qui nous possède

Toute la terre qui nous possède...

Un titre magnifique.

524 pages.

C'est rarement ce dont j'ai envie de parler lorsque je fais la critique d'un livre, mais là, j'avoue que cela a marqué ma lecture.

J'ai mis 250 pages à estimer que l'histoire avait commencé et à me laisser porter par le style de Rick Bass, par me laisser émerveiller par les images qu'il parvient à créer dans l'esprit du lecteur. Il le fait lentement, minutieusement, et l'image presque magique s'incruste dans notre cerveau. On prend le temps de fermer les yeux (ou pas) et de voir ce qu'il décrit.

Mais il faut s'accrocher, il faut se laisser envahir par les longues descriptions de paysage, prendre le temps de voir les dunes de sable blanc se faire et se défaire, voir apparaître doucement un crâne centenaire et écouter l'histoire détaillée qui le concerne, il faut nettoyer avec lui, avec un petit pinceau imaginaire les fossiles découverts dans les strates de sel, et surtout, il faut accepter que c'est là qu'est l'histoire, dans la terre, dans la rivière, dans le vent qui souffle et siffle en s'infiltrant dans les squelettes empêtrés dans le lac de sel. L'intrigue est là, immobile à attendre d'être perçue.

Alors seulement, on découvre la délicate magie de l'écriture de Rick Bass.

Si vous entamez ce livre, accrochez vous, sans attente, laissez venir..

C'est un beau livre, un peu "inconseillable".
Commenter  J’apprécie          162
Winter

Le premier mot qui me vient à l’esprit pour qualifier ce livre est : apaisement. Oui, Rick Bass et sa compagne Elizabeth ont choisi de passer l’hiver, et plus si affinité, dans l’état du Montana, où les températures peuvent descendre jusqu’à -30. Attention! Ils passent l’hiver dans une vallée perdue, sans électricité, sans téléphone, avec juste une radio pour communiquer avec ses voisins en cas d’urgence, pas vraiment une villégiature.

Apaisement, oui, parce que malgré les difficultés, les aléas, les imprévus, Rick se trouve enfin dans ce lieu isolé, il a besoin d’être seul au milieu de la nature, sans porter de jugements mélioratifs ou péjoratifs. Il est ainsi, et n’éprouve plus le besoin de se conformer à une norme. Nous sommes loin des assommants livres de développement personnel qui fleurissaient déjà à l’époque.

Egoïste ? Non, ce choix est vécu à deux, à quatre en comptant leurs deux chiens. Ils ne perdent pas le contact avec leurs familles, même si celles-ci ne les comprennent pas. Si Rick Bass écrit un roman, Winter est le journal de ce qu’il a vécu, senti, ressenti dans cette cabane. Il observe la nature, les animaux qui vont et viennent, et la neige qu’il attend avec impatience.

Winter est un livre qui m’a donné envie de lire d’autres oeuvres de Rick Bass.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          160
Le journal des cinq saisons

Après un passage par l'étape Walden, qui était une bonne idée de lecture préliminaire à un nouveau tome de Bass, nous y voilà donc.

Ce livre est un peu plus long et à la fois proche et différent des autres contes de Bass sur la vallée de Yaak et son quotidien dans cet environnement rare et sauvage. J'ai beaucoup aimé ce journal de l'année, mois après mois, dans le Yaak, tout comme j'avais aimé ce type de découpage, beaucoup moins linéaire, ressemblant plus à une mosaïque pas vraiment chronologique, par saison, dans les Grizzly Years de Doug Peacock (mon héros !).

Le passage des mois au fil de la prose de Rick Bass offre comme une vision double, d'un temps qui passe et de mois qui se succèdent sans accroc, en une progression douce, et d'un contraste merveilleux des spécificités de chaque mois, de la nature et de l'impact des saisons et de l'environnement sur l'homme.



On retrouve cette poésie qui reflète si bien l'amour de Bass pour sa vallée, mais également sa mélancolie face à la quasi-certitude de sa disparition et son émerveillement inépuisable face à une nature à la fois chaotique et ordonnée.

Et puis il y a de longues réflexions philosophiques sur l'homme et la nature, l'influence et l'impact de l'environnement dans lequel l'humain grandit et évolue (à travers l'observation de ses filles et leur interaction avec le Yaak, ses saisons, sa faune et sa flore... et ses quelques humains) sur la construction du cœur de sa personnalité et sa manière de voir le monde.

Et ces anecdotes, moins nombreuses que dans Winter ou The Book of Yaak..., savoureuses, touchantes, hilarantes, pleines d'auto-dérision, mais toujours liées à l'environnement immédiat de Bass, sa réflexion sur ses interactions avec cet environnement, son questionnement sur ce qu'il veut transmettre à ses filles sans jamais leur imposer ses propres passions et lubies. Je me suis régalée de courtes retrouvailles avec Homer (triste passage), Point & Superman, les chiens de l'auteur, après les avoir rencontrés dans Colter.



Mais ce qui a eu le plus d'effet n'était ni le plus évident ni le plus attachant dans le récit de Bass. Je trouve fascinant la manière dont ce scientifique de formation conte les motifs qu'il semble apercevoir dans divers éléments de la nature, motifs se répétant comme la déclinaison d'une forme à l'infini, par exemple le motif des bois des cerfs et des branches, motif le plus évident. Mais pas seulement. Celui des flammes, entre les flammes réelles des feux du mois d'août et les aiguilles des mélèzes au mois de septembre. Rick Bass se laisse surprendre au beau milieu d'une analyse logique des rythmes naturels de la forêt par la soudaine presque-révélation d'un tel motif.

Et là se trouve ce que j'aime le plus chez lui : cette capacité à communiquer des faits scientifiques complexes de manière claire et presque poétique puis soudain à laisser place à la magie de la nature, considérant l'homme et ses progrès scientifiques comme étant toujours si proche de la compréhension, de la révélation, le bras tendu vers cette étincelle, sans jamais pouvoir la toucher, mais révélant une magie aussi merveilleuse que nécessaire. C'est cette notion de magie, de merveilleux, que je retrouve toujours avec autant de plaisir à chaque nouvelle lecture, qu'il soit question de géologie, de stockage de bois pour l'hiver, de chien de chasse ou de grizzlis. Ah, mais j'oubliais, il y a toujours cet appel à ralentir, à prendre le temps, regarder, respirer, aimer, vivre... autant de choses que l'homme semble avoir quelque peu oubliées.

Contrairement à Thoreau dans Walden, même si Bass chante le même refrain quant au merveilleux et à la logique de la nature, sa qualité d'intégration et d’interconnexion de chacun de ses éléments, il y intègre l'homme, même si celui-ci, dans son culte du nombril et de sa supériorité mettant, dans sa logique, le reste de l'univers à sa disposition, s'en est décroché. Il nous présente un environnement où l'humain est mineur et semble reprendre, malgré tout, une place dans les rythmes de la nature et leur logique, un monde où l'homme doit adapter son point de vue et tourner son œil vers une grande toile de laquelle il ne distingue que quelques coups de pinceau sans pouvoir saisir la magie qui les lie, ou vers un détail qui permet de faire un pas vers la compréhension de cette grande toile dont il n'est lui-même qu'un des détails les plus infimes, ni plus ni moins important que les autres.



(boudu, c'est du lourd pour un lundi matin au petit dèj' ! Du coup, pour conclure :)



Encore un bel opus, un peu plus long, un peu (beaucoup) plus abstrait et contemplatif, mais d'une richesse exceptionnelle. J'ai oublié de parler de la cinquième saison, à laquelle Bass donne une magie certaine, mais je vous laisse la découvrir de vous même.
Commenter  J’apprécie          161
Nashville chrome

Tout d’abord, un grand Merci Babelio et sa Masse Critique qui m’ont fait me pencher sur un passé musical lointain mais émouvant….. Celui de mon adolescence. Cela parait de la guimauve maintenant, mais, à l’époque, c’était très moderne. Pour les connaître, j’ai écouté leurs chansons sur You Tube. Quel ensemble vocal parfait, bien qu’un peu trop lisse, je comprends qu’Elvis Presley demandait un « son Brown » et que pour les Beatles, ce fut un exemple.



The Brown ? Non je ne connaissais pas. Ce trio est constitué de Maxine, Bonnie et Jim Ed, 3 frères et sœurs à la voie soyeuse, chaude et complice. Dans les années 50, ils sont plus connus qu’Elvis Presley. Vainqueur de tous les oscars de la country-music : « Chaque chanson sortie par les Brown en 1955 et 1956 faisait partie du Top Ten. Jamais dans l’histoire de la musique un groupe n’avait eu autant de tubes au Top Ten en l’espace de deux ans, ni autant de numéros un ».

Le registre des graves et des notes hautes au son li lisse, si fluide. Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, Pasty Cline, Buddy Holly et les Davis Sisters venaient les écouter. C’était un petit noyau dense ; les graines de ce qui deviendrait l’industrie multimilliardaire de la country de Nashville passaient par là, captivées par les Brown. »



Puis, tout change. « Certains des auditeurs passaient de la country à la pop…. Le public s’éloignait d’eux, il en suivait un autre à présent. Ce qui avait valu aux Brown une pareille adulation –leur capacité à camoufler leurs émotions sous une façade parfaitement lisse - serait en définitive leur faiblesse, mais ils seraient les derniers à le savoir. Il faudra un demi-siècle à Maxine pour le comprendre… »

Maxine Brown, l’ainée du trio ne peut se faire à l’idée qu’elle ne chantera plus jamais devant un public, que personne ne la reconnait, que son frère et sa sœur aient pu faire leurs vies en dehors du groupe. Elle remâche tout ceci à longueur de journée, des journées longues très longues. Elle peine à marcher depuis une vilaine chute, personne ne vient jamais lui rendre une petite visite, hormis Monsieur Buddy, un terrier à pois durs.

« Que faire de ces si longues journées, de cette interminable attente ? Quelquefois –même aujourd’hui, après avoir été oubliée pendant près de cinquante ans – elle envoie des mots rédigés à la main, des gribouillages tremblés de vieille femme, aux adresses de boîtes de nuit dont elle se souvient, ou à des compagnies de disques, pour demander du travail, un concert, un autre chance, un public…. »

Oui, la vie est dure pour Maxine. Elle a tout perdu en perdant la reconnaissance, sinon l’amour du public. L’alcool sera de la partie et la détruira un peu plus. Mais, jamais elle ne renoncera mais…… !!!



Rick Bass le note dans ses remerciements : « Les Brown sont réels, et ce qu’ils ont donné à la musique américaine, et la façon dont ils l’ont fait, sont réels aussi ; Nashville chrome, cependant, est une œuvre d’imagination….. Nashville chrome a pour objectif entre autre choses, de dépeindre le contexte émotionnel de leur parcours et ses défis ». Cette peinture d’une époque où beaucoup de choses étaient possible a vu éclore nombre de stars, idoles et les Brown une référence.

« Nous leur avons ouvert la voie, poursuit-elle, une pointe de l’ancienne amertume perçant déjà dans sa voix. Nous leur avons offert le succès sur un plateau d’argent et maintenant on dirait qu’ils ne respectent rien de tout cela ».

Dans ce livre, chaque chapitre est une petite histoire qui mêle biographie et roman, comme lorsque l’on raconte ses souvenirs, en passant du coq à l’âne.

J’ai eu beaucoup de plaisir à suivre les routes des Brown avec, en fond la musique âpre de la dépression. Pourtant, Maxine nous raconte une enfance heureuse, pleine d’amour, de chants et de musique, sans toutefois occulter leur misère et ses rapports fougueux avec son père alcoolique.

Je remercie à nouveau Babelio et sa masse critique ainsi que les Editions Christian Bourgeois pour cet instant de plaisir.


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          160
Winter

Si jamais il vous venait l’idée d’écrire ou de peindre, ou encore de lire votre saoul, de vous retirer pour un temps de l’agitation du monde, il y a un endroit qui semble idéal : le nord du Montana, à la frontière de la Colombie Britannique. Le village et la rivière qui descend des Rocheuses s’appellent Yaak. N’y allez pas tous à la fois car vous ne trouverez pas à vous loger, n’y résident qu’un peu plus de trois cents habitants et, à part le dirty shame saloon et l’épicerie, vous aurez vite fait le tour des boutiques, pas sûr qu’il y ait une station service. Ah, et puis, c’est l’hiver qu’il faut y aller, quand il fait moins trente, qu’on n’entend juste que les arbres craquer, dans un silence sous-marin. Les grizzlys seront en hibernation mais vous pourrez voir un orignal et son petit, quelques cerfs et des tétras que vous pourrez chasser.

N’oubliez pas de constituer une réserve suffisante de bois, cela vous prendra une bonne partie de vos journées, privilégiez le mélèze et le cèdre qui se fendent bien. Quel plaisir ensuite de lire, écrire ou peindre au coin du feu en buvant une infusion de votre production.

N’oubliez pas d’avoir l’essentiel en double exemplaire, c’est une histoire de survie : « deux camionnettes, deux haches, deux radios, deux générateurs, une provision de vivres, d’ampoules électriques, des gants de rechange pour les fois où une paire est mouillée, des bottes de rechange, des chaînes de rechange pour les pneus, un surplus de bois, et de la chance à revendre ».

Bon, vous risquez de devenir moins sociable pour vos contemporains, moins au fait de l’actualité, et vous ne serez pas fringué à la dernière mode mais quelle importance ?

Le mythe de la cabane m’a encore frappé, si un jour on me cherche parce que je disparais des radars de Babelio…



Ce qui est amusant, c’est d’abord que j’ai lu ce journal depuis le Canada, dont une partie du séjour dans une cabane au nord de la ville de Québec. C’est aussi que j’avais besoin d’un barbu pour valider un critère du challenge multi-défis, la pilosité du personnage principal n’était pas mentionnée sur la quatrième de couverture mais je me suis dit qu’un mec qui va hiberner dans les rocheuses n’est pas du style à se raser tous les matins. Alors quand j’ai lu d’abord « J’ai une barbe de quinze jours » puis plus loin « Ma barbe a calé, sombré dans l’hirsute ; elle est hideuse », bingo, voilà une lecture que je vais pouvoir valider !!



Challenge Multi-Défis 2024.

Commenter  J’apprécie          150
Winter

Trop vite lu. Bien trop vite. Mais impossible de lâcher le livre que j'ai baladé dans mon sac pendant trois jours, ouvert à chaque minute disponible... dans le tram, accompagnant mes 20 minutes de marche au soleil entre chez moi et la fac, en attendant une amie... Rick Bass m'a offert un mélange de fascination pour ses descriptions de la nature et de la saison (et l'anticipation de son arrivée), de gourmandise pour quelques anecdotes sur et/ou de ses voisins, sur ses mésaventures ou celles de sa femme, et d'admiration pour sa volonté, son désir d'appartenir, de devenir part intégrante de la petite communauté de Yaak mais surtout de la Vallée de Yaak elle-même. Et de l'envie bien sûr, de l'envie de faire ce grand pas, cette transition dans l'adoption de cette Nature à laquelle sa propre nature fait écho, la lenteur, la patience, l'écoute de son environnement et de soi, ce désir d'apprendre sans cesse renouvelé, sans jamais rien considérer comme acquis.



Bass narre avec finesse cette ambivalence constante qu'est la vie dans la Vallée au cœur de l'hiver, en commençant par le commencement, leur premier hiver dans le Pacific North West, dans l'une des régions les plus naturellement primitives de l'Amérique du Nord. Cette ambivalente, il la tisse joliment dans ses récits, jour après jour, au fil de pensées, d'observations et d'anecdotes drôles sous lesquelles on devine une mise en garde, un message de vigilance permanente, ne se laisser tenter et s'endormir sur l'acquisition progressive des rythmes de la nature environnante, encore une fois, ne rien considérer comme acquis.



Et puis il y a les thèmes que l'on retrouve déclinés sous une multitude facettes. Mon préféré? Le bois. Cette obsession au début hilarante, puis inquiétante et finalement apaisante de Bass pour le bois. Les bois en fait: les arbres, les forêts, les géants anciens tombés qui attendent qu'on leur permette de poursuivre leur cycle, soit en chauffage précieux soir en complétant leur cycle naturel, ajoutant à la richesse de la terre. En parlant de chauffage, Bass taille et retaille frénétiquement son bois de chauffage, se fixant des quantités pour les différents tas de bois de l'habitation (la serre pour l'écriture, la cuisine pour la cuisinière, la maison pour les poêles et cheminées), il taille, retaille, empile, transporte, empile presque sans répit, avant et pendant l'hiver... Au-delà de son plaisir on ressent qu'il redoute ce premier hiver, ne pas s'y adapter, en devenir part et part de la communauté.

Ma famille et mes amis se moquent souvent de mon plaisir à trier le bois chez mes parents, à l'empiler, le déplacer. Merci M. Bass, mon expérience et ma vie sont à bien des lieues physiques et spirituelles de la vôtre, mais vous m'avez offert-là un beau cadeau: un sourire et un peu de paix et de compréhension. C'est idiot, mais c'est bon.



Et puis il y tout ce qui touche à la communication, avec les autres habitants de Yaak, à la fois essentielle et silencieuse mais aussi celle effectuée avec quelque peu de réticence mais tout aussi importante. Le rareté des téléphones donne soudain un sens différent à l'éloignement de ce qui est cher et ce qui semble si important dans d'autres conditions et qui finalement devient presque superflu.



Une question de mode de vie. Bass s'attarde finalement sur ce changement volontaire pour Elizabeth et lui, et l'essentiel des habitants de Yaak. Un changement géographique (du sud est au nord ouest), climatique mais aussi intérieur. Un ralentissement obligatoire qui semble redonner sens aux petits détails sur lesquels on ne s'arrêtait plus. Un ralentissement où le changement le plus infime du climat est accompagné par un changement d'humeur, entre irritation occasionnelle (quelques jours de pluie au cœur de l'hiver qui viennent briser la magie de la neige et le cocon qu'elle créée) ou un instant de magie qui rappelle que chaque instant est précieux.

Bass associe sans cesse la magie à son bonheur et son émerveillement dans la Vallée de Yaak, ses animaux, leur adaptation aux saisons, ses impressions de lui-même au cœur de l'hiver s'adapter comme eux, devenant l'un d'eux...



Je crois que je pourrais encore écrire trois fois la quantité que je viens de confier. Je ne sais plus combien de livres de Rick Bass j'ai lu, et je me réjouis, la gorge un peu serrée par la beauté et le sens de ce que je viens de lire, d'en avoir encore bien une vingtaine à découvrir. Chaque livre emprunté à la bibliothèque sera acheté en anglais, pour mon plaisir de les relire, et offert en français aux lecteurs de ma famille et de mes amis, parce que cette impression d'effleurer quelque chose d'aussi magique se partage sans fin.
Commenter  J’apprécie          150




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Rick Bass (991)Voir plus

Quiz Voir plus

Les chats dans la littérature

Qui est l'auteur de la nouvelle intitulée "Le chat noir" ?

H. P. Lovecraft
Eugène Sue
Alphonse Allais
Edgar Allan Poe

10 questions
300 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}