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Citations de Roger-Pol Droit (345)


Mal parler l'humain aujourd'hui, c'est avant tout vouloir le plier à un excès de raison, au règne sans limites de la prévision, du contrôle et de la contrainte. (p.302).
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14 - Prendre un repas à l'envers

Tout est déjà sur le plateau, mais vous allez manger en ordre inverse, à contresens, commencer par le dessert, finir par l'entrée.
Cela n'a l'air de rien. C'est presque idiot. Pourtant, c'est très instructif. (...)

Car vous observerez, inévitablement, des sursauts inattendus, des dégoûts étranges, des surprises à méditer. Un café, soit, mais avant le repas ?
Et pour commencer ? Un fruit, passe encore. Mais une mousse au chocolat, une tarte aux pommes ou un flan, c'est déjà plus compliqué. (...)

Ce qu'il faudra creuser, c'est l'impression d'étrangeté, mais aussi de violence, même toute relative, que vous aurez éprouvée.
Elle mesure la puissance de nos habitudes, leur transformation en nature-bis.

Rien ne prescrit nulle part qu'il faille manger du salé avant du sucré.
Ce n'est inscrit dans aucun génome, aucune loi naturelle.
Pure convention, code social, dressage culturel.
Mais si bien ancré en nous, devenu tellement évident à nos palais et estomacs que, aussitôt l'ordre changé, quelque chose semble clocher (...)
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L’ami Schopenhauer : Cet homme a tout pour déplaire. Misanthrope, acariâtre, pessimiste, misogyne, réactionnaire, avare, méprisant, atrabilaire, imbu de lui-même, égoïste, mégalomane, paranoïaque… Ce célibataire endurci, sarcastique et colérique, est aussi fortement antisémite et farouchement nihiliste. Bref, on a toutes les raisons de le haïr. Ce n’est pas le cas. Au contraire. L’affreux bonhomme suscite, en fait, une « furieuse tendresse » comme on dit chez Molière. On voudrait le détester. Dans le fond, il le mérite. Mais en vain : ce grincheux suscite la sympathie, voire l’admiration et presque, en un sens, l’amitié. Pourquoi donc ?
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Kant trace bien une frontière claire et nette entre les disciplines scientifiques et les spéculations métaphysiques. Ce qui est scientifique révèle d’un domaine d’expérience. Ce qui est métaphysique relève de la croyance et non pas du savoir. [ ] C’est ainsi que Kant critique radicalement les preuves rationnelles de l’existence de Dieu.
Le philosophe a donc élaboré, avec la Critique de la raison pure, une nouvelle théorie de la connaissance. [ ] En distinguant savoir et croyance, il a renvoyé les débats métaphysiques du côté des discussions vaines.
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Rousseau parlant de Voltaire:
C'est un immense talent, mais il s'éparpille. Il délaisse ce qui est grand en lui, vraiment grand, pour mieux s'abaisser vers ce qui est petit chez les autres......Il y a deux hommes en lui. L'un parle vrai, chante juste, puise dans son coeur des accents qui parlent à tous les coeurs. Ce Voltaire là est touchant, il sait arracher des larmes, éduquer les âmes. L'autre n'aime que ce qui brille, joue sans croire en rien, persifle, ironise, ricane de tout et tout le temps, d'une manière qui me fait peine et parfois me fait peur.
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Ce qui nous unit est fait de ce qui nous rassemble et de ce qui nous dresse les uns contre les autres, indissociablement.
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16 - Ranger l'existence

Au premier regard, il s'agit seulement, ici, d'assiettes et de placards.
Là, de vêtements et d'armoires, d'outils et de boîtes.
Ailleurs encore, de documents et de dossiers.

Chaque fois, il s'agit de replacer les bons éléments dans la bonne case.
Mais pourquoi ? Ranger, à quoi ça sert au juste ?

Simplement à retrouver plus vite ce qu'on cherche ?
A éviter de se prendre les pieds dans l'amoncellement chaotique des choses mêlées, amoncelées, confusément entrelacées ?
Pas seulement.

Il y a plus : ranger des objets, quels qu'ils soient, c'est aussi mettre sa tête en ordre, organiser à la fois le dedans et le dehors, les choses du monde et les chemins de pensée.

Faites donc l'expérience de laisser traîner une assiette, puis deux, puis trois.
Un vêtement, puis deux, puis trois. Un dossier, etc.
Assez vite,
vous vous rendrez compte qu'une certaine forme de tension se crée. (...)
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l'Amitié se noue ailleurs, en dehors,
dans un espace qui ne se soucie
ni des années, ni des mois, ni des jours.
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Y a-t-il une différence entre nos montres et les bracelets électroniques de contrôle imposés aux détenus purgeant leur peine à domicile ? Oui, quand même. J'enlève ma montre pour entrer dans quelques-uns des mondes à pression temporelle faible : celui où l'on fait l'amour, celui où l'on est dans l'eau, celui où l'on dort.
(Réveil)
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Qu'ils soient loin dans l'espace ou loin dans le temps , proches par nature ou rapprochables par culture, les barbares ne cessent de poser aux Grecs des questions de distance et de proximité, d'identité et d'altérité où s'entrecroisent sans cesse le social et le biologique, le linguistique et le politique, le militaire et le juridique, l'éthique et l'anecdotique. (p.92).
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Le barbare n'est pas d'abord un étranger qui parle une autre langue, la sienne, mais l'étranger qui parle ma langue et qui l'écorche. (p.35)
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[Les philosophes] sont, dans la culture occidentale, chargés de veiller aux grands partages (entre vrai et faux, être et néant, juste et injuste, même et autre, ...) (p.19).
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Vous devriez surtout, un jour ou l'autre, vous demander à quoi correspondent tous ces bruits, ces rappels, ces alertes, ces signaux.
Vous devriez vous interroger sur la place du silence, son éventuelle disparition, ses aspects sécurisants ou mortifères.
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Percevoir l’esprit de chacune des diverses religions est plus important que de dresser la liste des fêtes ou des règles alimentaires.
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Mallarmé n’a pas nécessairement raison. On se souvient qu’il affirme : « Les langues imparfaites en cela que plusieurs. » L’idéal serait, à ses yeux, de trouver le vocable unique capable de dire, enfin, le réel en toute pureté. Il faudrait pouvoir en finir avec la disparité des noms, fût-ce de manière temporaire et limitée. Mettre un terme à ce grouillement bancal de formes détraquées, trouver le son qui seul convient. Sortir, somme toute, de la malédiction de Babel.
À ce rêve de parole absolue et raréfiée, on pourrait opposer les bonnes joies de la prolifération, les étonnements exquis face à la multiplicité, le goût baroque des langues étranges, des idiomes rares, des glossaires sans fin. Les mots jamais ne vont parfaitement ? Ils sont tous approximatifs, glissants, suspects, déchus ? Eh bien, multiplions-les !
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On ne dit pas des Allemands, dans leur ensemble, qu’ils sont kantiens ou hégéliens. Nul n’affirme non plus que les Anglais sont shakespeariens, ou les Italiens dantesques. En revanche, on ne cesse de répéter, de génération en génération, que les Français sont cartésiens. Avec fierté ou désolation, pour l’éloge ou le blâme, mais toujours comme une évidence. C’est un fait acquis, un lieu commun : entre Descartes et la France existerait un effet de miroir, une parenté essentielle. Voilà bien un phénomène unique : tout un peuple reconnaîtrait continûment chez un philosophe, et non un dramaturge ou un poète, son caractère national, son génie propre, ce qui spécifie son esprit collectif.
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Méfiez-vous des philosophes faciles à lire. Au premier regard, limpides, agréables à suivre, dépourvus d’aspérités. En fait, ils masquent leur travail sur les concepts sous une prose tantôt chantante, tantôt veloutée. Rousseau ou Bergson, par exemple, si différents qu’ils soient, partagent cet abord trompeur. On croit saisir d’emblée leurs propos, on les voit fuir comme sable aux doigts dès qu’on tente de les agripper. Il faudrait en dire autant, pour d’autres raisons, de Montaigne, de Pascal ou de Nietzsche : leurs fulgurances de style ne rendent pas perceptibles d’emblée la précision philosophique de leur démarche et la complexité de leurs analyses.
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TYRANNISTAN : Les siècles passent, ce pays demeure. Il s’étend en archipel, d’un continent à l’autre, toujours renouvelé, dans le fond immuable. Des électrodes remplacent le fer rouge ; la torture, elle, ne change pas. Les mouchards ne sont plus des mercenaires, mais des caméras ou des puces, le Web se charge de la propagande, mais le contrôle et la manipulation, globalement, restent les mêmes.
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L'unité des religions, et leur diversité... Il est indispensable d'avoir, sur toutes ces questions, des points de repère. Pour la "culture générale" et la compréhension des œuvres d'art. Pour la vie quotidienne dans le monde actuel. Dans tous les pays, à présent, voisinent des gens de croyances différentes, qui doivent apprendre à se connaître. Ce n'est pas tout. Les religions sont un élément essentiel de l'expérience humaine. Si nous n'en parlons pas à nos enfants, des trésors d'humanité risquent de leur échapper totalement.
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Nostalgie


Je me souviens
De la baleine qui se cache à l’eau
De la rivière
Qui suit son cours
Sans sortir de son lit

Du grand-père
Qui n’était pas vitrier
Et de zéro plus zéro
Égale la tête à toto

C’était classe
Élémentaire
Laïc
Républicain
Amusant
Tu veux du Zan ?

C’était il y a très
Très longtemps
Poil aux dents
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